Etre humain

Bérénice TOURNAFOND

La compréhension des sentiments, des émotions et des réactions humaines telles que l’amour, la bienveillance et la tolérance où à l’opposé la haine et la violence, a de tout temps constitué un sujet d’étude dans tous les domaines, qu’il s’agisse des sciences de la vie, de la médecine, des sciences humaines, du droit, de la littérature et bien d’autres disciplines encore. Et pourtant, nos émotions et nos comportements qui sont, la plupart du temps, à l’origine du meilleur comme du pire de ce dont nous sommes capables, sont encore très mal connus. Et alors même que nous savons qu’ils influencent et modifient tant notre équilibre biologique et notamment physiologique, que notre vision du monde et de l’autre et les relations que nous entretenons. Effectivement, nous savons qu’il existe une corrélation certaine entre ce que nous ressentons, les émotions que nous éprouvons au contact de la société, et notre équilibre physique et psychique. Prenons par exemple le stress. Nous en avons tous fait l’expérience. Il peut provoquer une multitude de réactions qui peuvent se matérialiser de différentes façons et notamment par une modification du rythme cardiaque, par des difficultés respiratoires ou encore une baisse ou une augmentation excessive de l’appétit. Or ces réactions risquent d’avoir des conséquences directes plus ou moins graves sur le plan physiologique. S’agissant des difficultés respiratoires, elles peuvent entre autres entraîner des lésions diverses liées à une mauvaise oxygénation des cellules de l’organisme. Les dérèglements du rythme cardiaque peuvent également contribuer à l’apparition de sérieux problèmes de santé, tels que les problèmes d’hypertension, les maladies coronariennes. De même, une alimentation déséquilibrée peut faire naître des troubles digestifs, un ulcère à l’estomac par exemple, mais aussi une multitude de carences. Et que dire des effets sur la santé de la conjonction de tous ces dérèglements. À l’inverse, on constate que les personnes qui sont les plus aimées et entourées résistent mieux aux conséquences que peuvent engendrer les situations de stress sur la santé. Et là encore il s’agit d’émotions.

Les sciences humaines comme la théologie, la philosophie, la sociologie, entre autres mais aussi la médecine nous montrent l’influence de la spiritualité, des croyances mais également des structures sociales sur la psychologie, le comportement et les relations sociales. De même que l’art et la littérature influencent également nos émotions et nos comportements. Ainsi cette vision multidisciplinaire avec la science, les sciences humaines mais également d’autres disciplines comme l’art, met donc partiellement en évidence les mécanismes d’interdépendance entre notre équilibre interne, notre état d’esprit et la société dans laquelle nous vivons. Tout cela est fondamental, tant d’un point de vue théorique que pratique, pour mieux comprendre et prévenir ce qui provoque chez l’homme des comportements égocentrés, violents, destructeurs ou au contraire favoriser des comportements positifs et constructifs qui sont à l’origine de la création de lien social. Mais encore faut-il que les gens le désirent vraiment. Souvenons-nous de la célèbre phrase d’Oscar Wilde : « J’aimerais mieux le paradis pour le climat mais l’enfer pour la compagnie ». Tout en sachant que comme l’écrivait Berthold Brecht dans l’opéra de quat’ sous : « La bouffe d’abord, ensuite la morale ».