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Histoire ancienne
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Introduction générale
Le père des empires d’Occident
Lorsqu’ils lancèrent l’invasion de l’Irak, les idéologues néoconservateurs de l’entourage de George W. Bush avaient un modèle en tête : l’Empire romain.
Et lorsque le philosophe italien Toni Negri, ancien penseur des Brigades rouges, rédigea un essai, L’Empire (2001, 10/18, 2004) sur les formes de domination impériale actuelles – dont l’Empire américain – il pensait aussi à l’Empire romain. C’est dire si les mutations géopolitiques récentes, liées à la mondialisation, ont redonné toute son actualité au modèle ancestral de l’empire, et spécialement de l’Empire romain. L’originalité de la forme impériale ne se comprend pleinement que par comparaison avec l’État-nation, dont le XXe siècle semblait avoir assuré la victoire totale. On peut définir l’empire comme un État de large étendue rassemblant des peuples divers, gérés de manière différenciée et hiérarchisée, à l’exact opposé de l’État-nation, fondé sur l’idée d’un peuple unique, habitant le même territoire et formant une même communauté politique. Or, en ce début du XXIe siècle, les empires font un retour en force sur la scène de l’histoire et du même coup dans la réflexion politique et historique. Dans leur récente synthèse sur l’histoire des empires, Empires in Global History (Princeton University Press, 2010), Jane Burbank et Frédérick Cooper ouvrent leur récit par la présentation de l’Empire romain en Occident et de l’Empire chinois des Han en Orient. Ils confèrent donc un rôle fondateur à l’Empire romain qui serait à l’origine de toutes les constructions impériales de l’Occident (mais aussi de l’Islam) jusqu’à la période actuelle. Cet atlas s’intègre dans cette histoire des empires en plein renouvellement. Il ne prétend pas être un atlas de plus sur Rome ni donner un panorama d’ensemble de la civilisation romaine. En revanche, il désire réfléchir sur la construction impériale romaine : sa formation, sa gestion et ses processus d’intégration. Sont ainsi proposés en filigrane des raisons de son émergence et de son apogée (première partie).
Si l’ascension, l’ampleur et la durée de l’Empire romain ont marqué les esprits, sa chute n’en a pas moins suscité la réflexion de la postérité. Pendant des siècles, le concept de « décadence », avec sa forte connotation morale, a résumé ce processus de démembrement autant qu’il en livrait la cause. Les historiens actuels ne croient plus à ce modèle explicatif et cet atlas analyse la complexité des facteurs qui ont abouti à sa disparition en Occident (seconde partie). Mais l’Empire romain a subsisté à Byzance et n’a jamais cessé de hanter les consciences européennes.
L’empire en cartes
Problèmes de cartographie antique et moderne
Un long bandeau horizontal : telle est la seule lecture cartographique du monde que les Romains nous ont transmise. La seule carte romaine à notre disposition, la Table de Peutinger, connue par une copie médiévale, présente en effet cette forme. Elle est figurée sur un rouleau de papyrus haut de 30 centimètres et long de 7 mètres. Fabriquée à la fin de l’Antiquité à partir d’éléments remontant au début de l’empire, elle appartient au genre des itinéraires, représentant le réseau routier et ses stations, sans souci de réalisme géographique, déformant l’espace à la manière des plans de métro actuels. Elle est la transcription cartographique de la mise en place de la Poste impériale à partir du règne d’Auguste (elle couvre 200 000 kilomètres de routes). À l’exception de ce document, il est difficile de savoir si les cartes jouèrent un rôle important dans la construction et la gestion de l’Empire romain.
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