#Polar

Inspecteur Van der Valk. L'Amour à Amsterdam ; Frontière belge ; Coup double ; Psychanalyse d'un crime ; Le Roi d'un pays pluvieux

Nicolas Freeling

"Si je ne suis pas un trop mauvais policier, c'est parce qu'en règle générale je sais rapidement établir des contacts avec les gens. Je leur parle librement et je leur donne la tentation de me parler à coeur ouvert. Alors je peux les flairer, les tâter, les goûter, et je sens que je commence à les comprendre". Ainsi se décrit l'inspecteur-chef Piet Van der Valk du service des Recherches criminelles de la police d'Amsterdam. Patient, voire têtu, curieux et obstiné, il s'intéresse plus aux personnes qu'aux faits, montre de la compassion pour les victimes autant que pour les coupables ; pour son approche humaniste de ses enquêtes, pour l'empathie dont il fait preuve, l'inspecteur Van der Valk a souvent été comparé au commissaire Maigret, un Maigret des brumes flamandes, des canaux d'Amsterdam et des marécages du plat pays. Dans L'Amour à Amsterdam, Van der Valk interroge longuement Martin, suspecté de meurtre, dont il doute de la culpabilité ; dans Psychanalyse d'un crime, il enquête sur une affaire de chantage ; dans Coup double, il s'immerge dans le quotidien d'une petite ville qu'un corbeau inonde de lettres anonymes ; il est témoin dans Frontière belge d'un accident de voiture où un musicien célèbre trouve la mort tandis que sa fille, légèrement blessée, va attirer l'attention de l'inspecteur par son comportement ; et enfin, dans Le Roi d'un pays pluvieux, il est à Cologne sur les traces de l'héritier d'un grand trust industriel qui a disparu en enlevant une jeune fille.

Par Nicolas Freeling
Chez Presses de la Cité

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Genre

Policiers

UN « MINUS QUI PORTE

DES VÊTEMENTS DE CONFECTION »

 

 

 

Dans l’histoire de la littérature policière des années 1960-1970-1980, le cycle des dix romans mettant en scène l’inspecteur Van der Valk est assurément un des plus singuliers et forme un corpus qui n’a guère d’équivalent. Car ce sont, d’abord et avant tout, des romans cosmopolites. Ou plutôt des romans européens : le héros Van der Valk est bien hollandais et il appartient bien au service des Recherches criminelles de la police d’Amsterdam, mais sa femme, Arlette, est française, il est lui-même nourri de culture française (y compris la cuisine) et les enquêtes dont il a la charge n’ont pas toutes pour cadre le seul royaume des Pays-Bas.

Comme son titre le laisse deviner, Frontièrebelgese déroule ainsi en grande partie en Belgique et contient par ailleurs des épisodes en Allemagne, alors que Le Roi d’un paypluvieux ressemble à une chasse à l’homme (et à la femme), à une roadstory, qui conduit Van der Valk de nouveau en Allemagne (en particulier au carnaval de Cologne), mais également en Autriche et en France, de la Savoie au pied des Pyrénées, en passant par l’Alsace. Et si L’Amour à Amsterdam raconte effectivement l’histoire d’un meurtre commis dans cette ville, il renvoie à maints endroits à des événements qui ont eu lieu en Grande-Bretagne et en France, en particulier au Quartier latin à Paris où un éditeur « tiré à quatre épingles » porte le nom « ridicule » [sic] de Jouhandeau.

Cette sorte d’européanisme romanesque est sans doute due au fait que Nicolas Freeling, le créateur de Van der Valk, est précisément lui-même un homme sans frontière. Anglais natif de Londres (1927), il a été durant une quinzaine d’années cuisinier dans divers restaurants et hôtels çà et là en Europe, et ce n’est qu’à la suite d’une mystérieuse affaire d’empoisonnement pour laquelle il a été condamné et mis en prison qu’il en est venu, en 1962, à écrire des romans criminels, à la fois par plaisir et par défi. Il a épousé une Hollandaise et, au milieu des années 1970, il s’est installé avec toute sa famille dans les Vosges (où il est décédé en 2003). Qui plus est, ses trois fils se sont respectivement mariés avec une Allemande, une Française et une Italienne ! En 1974, deux ans après avoir eu la drôle d’idée de faire mourir Van der Valk dans Aupde ma blonde, il s’est attaqué à un nouveau cycle de romans criminels, cette fois avec un officier de police à la retraite, français de surcroît, Henri Castang. Et pour couronner le tout, il a été le lauréat de trois prix littéraires prestigieux dans trois pays : l’Edgar Allan Poe Award aux États-Unis, le Gold Dagger en Grande-Bretagne et le Grand Prix de littérature policière en France (en 1965 pour Frontière belge).

Il y aurait du reste à établir l’inventaire détaillé de tout ce qui, dans les dix aventures de Van der Valk, évoque de près ou de loin l’Hexagone. Un chantier naval près de Toulon, une villa sur la Loire, une soupe au vin, un vase de cristal des Vosges, des verres de cognac, du montrachet, des asperges fraîches envoyées chaque semaine par Air France, de la bouillabaisse, des Gauloises bleues, Verdun, la Pompadour, Bernadette Soubirous, les tragédies de Corneille, les Mémoirede Charles de Gaulle, Marcel Cerdan, le commandant Cousteau, Berthe Morisot, La Rochefoucauld, Stendhal, Sarah Bernhardt, Cyrano de Bergerac… les allusions y abondent. Sans compter qu’un des principaux suspects de Coup double, qui n’est pas français et qui habite une bourgade de la Drenthe, s’appelle Besançon et qu’il lit des textes rares du XVIIe siècle français, « le siècle qui proclama que la liberté de pensée était universelle, quelle que soit la servitude dans laquelle on est né ». Et sans compter que le beau titre du roman Le Roi d’un pays pluvieux (traduction de ThKing of thRainy Country) est un emprunt à l’incipit de Spleen, un poème des Fleurs du mal de Baudelaire (en réalité, le troisième des quatre poèmes intitulés Spleen dans le recueil) :

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06/06/2013 901 pages 28,00 €
Scannez le code barre 9782258102644
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