#Polar

L'île de tous les dangers

Natasha Cooper

Sur les landes brumeuses de l'île de Wight, une jeune psychologue se prend de passion pour l'étude d'un dangereux et troublant meurtrier. Un suspense psychologique intense, une plongée saisissante dans l'intimité des âmes les plus sombres. Karen Taylor, Londonienne spécialiste des troubles comportementaux, se penche sur le cas de Spike Falconer, un homme accusé d'avoir abattu toute une famille de sang-froid. Mais, alors qu'elle pense rencontrer un terrifiant psychopathe, Karen se retrouve face à un homme séduisant, calme et sûr de lui. Est-il réellement le monstre que chacun se plaît à lui dépeindre ? Pour comprendre cet homme énigmatique, Karen va commencer à enquêter sur son passé et à sonder les habitants de l'île. Mais les mystères de Wight sont soigneusement gardés... Apparences trompeuses, traumatismes d'enfance, complots... Avec l'aide de l'inspecteur Trench et de Will, son fiancé, Karen se lance dans une dangereuse quête de vérité. Une quête qui l'obligera à affronter ses propres démons.

Par Natasha Cooper
Chez Belfond

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Editeur

Belfond

Genre

Policiers

Prologue


Ils se trouvaient sur Chillerton Down, au bord de la carrière de craie désaffectée. Dan laissait le soleil d'août réchauffer son visage. Allongé sur la couverture, il caressait de sa main libre l'herbe tendre. L'autre main servait d'anneau de dentition à Jake, son fils de deux ans. Sentir les petites quenottes le mordiller et un filet de bave couler le long de son bras ajoutait un charme particulier à une journée déjà parfaite.
— Je t'ai pris en photo, papa, na-na-na-nère !
Dan ouvrit les yeux pour regarder sa fille. Sous cet angle, son visage offrait les rondeurs d'un chérubin sur la voûte d'une église toscane.
— Anna, laisse papa dormir, gronda Izzie, une pointe d'amusement dans la voix. Il est épuisé après avoir mangé tous ces biscuits au chocolat !
Dan tourna la tête vers sa femme et contempla ses traits à la beauté parfaite. Le ton à la fois protecteur et moqueur de sa voix donnait toujours à Dan l'envie irrésistible de l'attirer contre lui.
— Qu'est-ce que je ferais sans toi ?
— Tu serais vissé à ton bureau, accablé par ta conscience professionnelle et ton ambition démesurée !
D'un mouvement gracieux, elle releva une mèche noire tombée sur son front.
— Je t'ai pris en photo, coccinelle, na-na-na¬nère !
Anna mitraillait la pelouse en chantonnant gaiement.
— Izzie, tu remercieras ta sœur pour moi...
Dan suivait du regard sa fille qui s'éloignait vers les arbres à la lisière du champ, sa robe rose ajoutant un point de couleur vive à la verdure du paysage.
— ... de transformer nos vies en un interminable diaporama ! J'ai bien compris qu'elle voulait se débarrasser de son vieil appareil photo mais franchement...
Izzie referma le bocal dans lequel elle avait apporté la vinaigrette, avant de récupérer d'un doigt les quelques gouttes qui s'étaient échappées sur le côté.
— Allez, Anna s'en lassera vite. Tout comme elle a complètement oublié de chercher les fossiles pour lesquels nous sommes venus ici. Et puis, si elle réussit une photo sans mettre son doigt sur l'objectif, on pourra la faire tirer et effacer le reste en douce.
— Pourquoi ne pas imprimer les autres ? proposa Dan, extirpant délicatement ses doigts de la bouche de son fils qui entreprit de sauter de tout son poids sur l'estomac de son père. Ouille ! Ah les charmes de la vie de famille...
Izzie avait fini de ranger les affaires du pique-nique et s'empressa de mettre Jake hors d'état de nuire, le maintenant contre elle d'un bras.
— Tu l'adores cette vie-là, avoue. Ton ventre tient le coup ?
— Pas de problème. Même si je pense que ça ira mieux après une année de rééducation intensive des abdos...
— Petite nature !
Izzie déposa un baiser sur le front de son mari. Il n'en revenait pas de sa capacité à contenir sans effort le trop-plein d'énergie de leur petit garçon tout en poursuivant ses activités. Elle donnait toujours l'impression de mener une existence facile et que son rôle de mère était d'une simplicité déconcertante. Il n'aurait pu imaginer sa vie sans elle.
— Où est Anna ? demanda-t-elle, soudain tendue.
— Elle harcèle les vers et les moucherons, je suppose.
Il se redressa sur un coude pour regarder dans la direction où la fillette était partie.
Un coup de feu résonna à travers les arbres, déchirant l'air chaud.
— Anna !
Izzie reposa brutalement Jake sur la couverture et se précipita vers le long taillis au bout du champ.
— Quelqu'un doit tirer sur des lapins, cria Dan, étonné de la réaction excessive de sa femme.
Un autre tir interrompit le calme de l'après-midi. Il paraissait plus proche. Dan tendit l'oreille. Rien que le chant des oiseaux et le bourdonnement silencieux de la campagne. Aucune voix humaine.
Le calme qui suivit les coups de feu l'alarma. En quelques secondes, il se leva, prenant au passage son fils dans ses bras. Dans le même mouvement il se mit à courir vers le taillis, hurlant les noms de sa femme et de sa fille.
Le martèlement de sa course, les battements de son cœur et les pleurs de Jake étouffèrent le bruit de pas lourds qui venaient vers lui.
Il posa Jake sur l'herbe et fourra sa main dans la poche de son pantalon pour prendre son téléphone portable. Il avait l'impression que ses doigts avaient gonflé, et la transpiration l'empêchait de composer le numéro des secours. Il poussa un juron en effaçant le premier numéro qu'il avait composé et recommença.
— Papa ! Papa ! Monstre !
Jake trépignait, agrippant le pantalon de son père et pointant son doigt devant lui.
Dan regarda dans la direction que lui indiquait son fils et vit une silhouette cauchemardesque recouverte d'un pardessus usé avancer vers eux. Sa tête était camouflée par une cagoule en laine noire. Il tenait dans sa main gantée une carabine à canons sciés, braquée sur lui.
— Qui êtes-vous ? demanda Dan, alors qu'une douleur vive lui transperçait le torse.
Une chaleur incandescente s'empara de tout son corps. Les genoux vacillants, il se tourna pour protéger Jake, mais tomba à terre. La dernière image qu'il vit fut celle de l'arme pointée droit sur les yeux de son fils.

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trad. Anath Riveline
21/04/2011 320 pages 19,50 €
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