#Essais

La Bataille d'Angleterre. Juin-octobre 1940

Jérôme de Lespinois

"Jamais dans l'histoire des guerres, un si grand nombre d'hommes n'a dû autant à si peu", Winston Churchill, Premier ministre, discours du 20 août 1940, à la Chambre des Communes. Juillet 1940 : l'Allemagne nazie s'apprête à envahir l'Angleterre. Commence alors la bataille aérienne la plus spectaculaire de la seconde Guerre Mondiale. Celle qui va changer à jamais le cours de l'Histoire... La bataille d'Angleterre bénéficie d'un statut doublement privilégié dans l'histoire et dans la mémoire. Dans l'histoire, car en infligeant à Hitler son premier échec, elle a brisé le mythe de l'invincibilité nazie et a ainsi changé le cours de la seconde Guerre Mondiale. Dans la mémoire collective, cette bataille tient aussi une place à part. Triomphe de la volonté sur la fatalité, combat d'une nation pour sa survie et d'un peuple pour sa liberté, drame immense par sa portée mais dont les protagonistes se réduisent à une poignée d'hommes (trois mille combattants de chaque côté), elle apparaît comme un de ces moments où en quelques semaines bascule le destin et se joue le sort du monde. La bataille d'Angleterre fut la première bataille entièrement livrée par les forces aériennes depuis l'essor de l'aviation trente ans plus tôt. Les Spitfire et les Hurricane en furent les rois. A côté du déroulement des événements - le bombardement de Londres par les avions de la Luftwaffe, la bataille dans les airs, le plan d'invasion de l'Angleterre, le blitz - Jérôme de Lespinois met en lumière les composantes techniques et logistiques de la bataille, les données politiques, en particulier le rôle de Churchill et l'abnégation du peuple anglais, la ténacité indomptable des pilotes de la Royale Air Force, ainsi que les erreurs tactiques et stratégiques commises du côté allemand.

Par Jérôme de Lespinois
Chez Editions Tallandier

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Genre

Histoire de France

 

 

 

 

 

PROLOGUE

 

 

15 septembre. Cela fait maintenant plus de deux mois que les bombardiers allemands pilonnent l’Angleterre presque quotidiennement. C’est un dimanche et la journée s’annonce magnifique. Winston Churchill passe la journée aux Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres dans le comté de Buckingham. Avec son épouse Clementine et son secrétaire privé, il se rend vers 10 h 30, à Uxbridge dans le Middlesex, au quartier général du 11e Group du Fighter Command. C’est une visite impromptue, comme Churchill les pratique régulièrement. Alors que l’air vice-marshal Keith Park l’accueille, il lui déclare qu’il passait par là et qu’il ne veut déranger personne. Park le conduit immédiatement dans la salle d’opérations, située 20 mètres sous terre pour résister à un éventuel bombardement aérien. C’est d’ici que les contrôleurs conduisent la bataille aérienne en dirigeant la chasse britannique sur les raids de la Luftwaffe.

Les jours précédents avaient été agités. La veille, Londres avait subi un violent bombardement aérien. Mais, celui-ci succédait à deux jours relativement calmes. Park se montre donc prudent : « Je ne sais pas du tout s’il va se produire quelque chose aujourd’hui. Pour l’instant c’est le calme plat. » Churchill s’installe alors au balcon de la salle d’opérations. Son cigare est éteint car il y est interdit de fumer. C’est alors que les WAAF commencent à recevoir les indications des stations radars qui repèrent le regroupement des premières unités de la 2e Luftflotte au-dessus du pas de Calais. Peu à peu la salle d’opérations s’anime, les contrôleurs mettent en alerte les squadrons sur leur base, ordonnent les premiers décollages. De très nombreuses formations d’avions allemands se matérialisent peu à peu sur la carte. Park commence à réaliser qu’il s’agit d’une attaque sérieuse. Il appelle l’air marshal Hugh Dowding, chef du Fighter Command, pour lui demander des renforts. Le 10e Group envoie un seul squadron, le 609, car on peut craindre aussi une action simultanée de la 3e Luftflotte plus à l’ouest. Mais pour diverses raisons, les manœuvres de diversion prévues par la Luftwaffe sont annulées. Park reçoit en plus des renforts de l’air vice-marshal Leigh-Mallory, qui ordonne à cinq squadrons de son 12e Group, soit 60 chasseurs, de se rassembler au nord de Londres pour former une de ces grandes formations dont il prône l’emploi pour mieux décimer les forces adverses. C’est Douglas Bader, le fameux as britannique, qui est à la tête de l’escadre surnommée « Big Wing ».

Du côté de la Luftwaffe pourtant, l’assemblage des formations de bombardement et de leur protection de chasse prend plus de temps que d’habitude et les avions ennemis ne franchissent la côte sud de l’Angleterre qu’à 11 h 30. Les hommes de l’Observer Corps dénombrent 25 bombardiers moyens Dornier Do-17, escortés par 120 chasseurs monoplace Messerschmitt Bf-109. Deux groupes de Messerschmitt volent en avant des bombardiers pour leur ouvrir le chemin, un autre vole bien au-dessus pour assurer la couverture, enfin le dernier assure la protection rapprochée des Dornier en volant à proximité.

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08/09/2011 194 pages 16,90 €
Scannez le code barre 9782847347302
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