#Roman francophone

La Commanderie. L'héritière du temple

Alain Ade

Retrouver le trésor des Templiers ! Telle est la mission qui échoit à Thomas Cortemain, capitaine des gardes de la commanderie d'Assier, en cette année 1375. L'ordre des Hospitaliers veut en effet s'emparer de cette fortune qu'on dit fabuleuse pour financer une nouvelle croisade. Mais ce qu'ignore le jeune homme, c'est que le trésor est gardé par Constance de Montet, la femme qu'il aime, et que celle-ci est prête à tout pour l'empêcher de s'acquitter de sa tâche. Au-delà de l'aventure romanesque, ce livre nous entraîne au plus près de la vérité crue d'un Moyen Age âpre et noir, où la violence et la misère font partie de la vie quotidienne. Il apporte également un éclairage historique neuf sur la légende des Templiers. Ce récit a inspiré la série télévisée La Commanderie.

Par Alain Ade
Chez Le Tigre Bleu

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Genre

Romans historiques

 

 

1 – LA FILLE DU SEIGNEUR

 

 

Un jour d’automne de l’an 1360 où l’été semblait s’attarder sur les collines du Quercy, alors qu’il avait accompagné son père aux champs pour l’aider aux semailles, Thomas Cortemain eut son attention attirée par un bruit étrange. Cela venait du chemin de terre situé en contrebas de la parcelle sur laquelle père et fils poussaient la charrue. On aurait dit un bruit d’essieux, mais il n’était pas familier et cela suffit à arrêter les Cortemain dans leur tâche. Ce chemin était bordé des deux côtés par des bosquets de hêtres qui cachaient en partie son tracé sinueux. Thomas, qui se trouvait derrière le soc, un sac de graines attaché à son cou, dépassa l’unique bœuf pour se porter à la hauteur de Thibaud, son père. Il attrapa la gourde d’eau fraîche que celui-ci lui tendait. Dans le ciel serein, un faucon pèlerin tourna quelques secondes en un lent mouvement planant, avant de s’éloigner vers le sud, en direction du causse. Son cri aigu parvint amplifié par la réverbération des falaises. Sa soif étanchée, rendu impatient par la curiosité de ses dix ans, Thomas s’assit sur une pierre et fixa l’endroit d’où parvenaient maintenant des bruits de terre écrasée et de cailloux projetés sur le talus par des roues qui devaient être de grande dimension. Il s’attendait à voir surgir une charrette de marchands, mais c’est un curieux char, tiré par deux chevaux, qui s’avança. Il s’étonna de l’allure à laquelle celui-ci se déplaçait, lui qui n’avait jamais vu d’autre véhicule que remorqué par des bœufs. Le grincement des roues, ajouté aux craquements du bois, couvrait presque entièrement le pas des sabots sur la terre craquelée. Un écuyer aux allures de page montait une des bêtes et guidait l’attelage à l’aide d’un fouet. Mais ce qui surprit le plus Thomas, c’est que ce char était surmonté d’un toit fait d’une étoffe qui ressemblait à celles qu’utilisaient les soldats du roi à la guerre, en plus arrondi. On aurait dit une sorte de maison ambulante, faite pour cacher les personnes qui se trouvaient à l’intérieur, même si l’on pouvait deviner leurs silhouettes à travers la toile écrue traversée par les rayons du soleil. Thomas regarda son père et ils eurent ensemble la même mimique d’étonnement. Il se demanda pourquoi on pouvait vouloir voyager sans profiter de la beauté du paysage, sans regarder les animaux ou les paysans au travail, à moins d’être un seigneur ou d’avoir quelque chose à se reprocher. Il trouva néanmoins que l’idée était ingénieuse car elle permettait de ne pas souffrir de la pluie ou de la neige lorsque l’hiver s’installait. Cependant, la complexité de la machine le laissa perplexe.

C’est alors que le char s’arrêta et que l’étoffe qui le recouvrait s’écarta par le haut, comme si elle avait été fixée sur une tige horizontale. L’homme qui regarda les Cortemain avant de descendre était un jeune prêtre, plutôt corpulent. Il les salua de la tête tout en massant ses hanches endolories par les soubresauts de la route.

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08/04/2010 381 pages 20,00 €
Scannez le code barre 9782916289120
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