#Polar

Le Manuel du serial Killer

Frédéric Mars

Thomas Harris, 21 ans, est étudiant en lettres à Harvard. Grand amateur de littérature policière, il se retrouve momentanément mêlé à une enquête en cours, portant sur une série de meurtres, dont les victimes sont toutes des enfants. C'est aussi à cette période que le jeune homme commence un stage au service des manuscrits d'une maison d'édition spécialisée dans les romans de gare et le thriller. Chargé du tri au service des manuscrits, il y fait la lecture du Manuel du serial killer, soumis de façon totalement anonyme , et qui ne propose rien moins qu'un mode d'emploi détaillé du tueur parfait !\r\nEntre horreur et fascination, Tom choisit de rejeter le texte. Quelle n'est donc pas sa stupéfaction lorsque, quelques semaines plus tard, il découvre ce livre en vitrine de toutes les librairies... et publié sous son propre nom, Thomas Harris ! Commence alors une véritable descente en enfer, à la limite de l'absurde : ce livre dont on lui impute la paternité et dont les réimpressions s'enchainent à un rythme hallucinant, fournit tous les détails des meurtres qui ne cessent d'ensanglanter la région. Et chaque tentative pour prouver à la police, à la justice, mais aussi à ses proches et à lui-même, qu'il est innocent, rapproche Thomas Harris de la cellule où croupit un redoutable prédécesseur, qui avait terrorisé le pays avec des crimes comparables, dix ans plus tôt.\r\nQui est réellement le coupable, qui est l'auteur ? Et qui est Thomas Harris ?

Par Frédéric Mars
Chez Editions Magnus

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Genre

Thrillers

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Dans deux ou trois heures tout au plus, ce garçon sera mort.

Raide comme une batte. Vidé ou presque de son sang, écrasé comme un insecte sur le carrelage immaculé de la cui- sine familiale. Petit cafard renvoyé au paradis des parasites. Sa mère glapira de détresse. Le chien aboiera son effroi. On appellera le médecin, les voisins, et bientôt les flics. Mais tout ce beau monde sera aussi impuissant que vous et moi. Un enfant de dix ans aura quitté ce monde. D’un coup de vent sec. Pfut.

Regardez-le, pourtant, sortir du stade, le sourire aux lèvres, bras dessus bras dessous avec son grand frère. C’est ce dernier qui lui a offert sa boisson multivitaminée, celle qu’on ne boit que les jours de match. Celle qu’ils achètent au petit stand ambulant qui stationne toujours à la porte B, pile en face de la grande statue de bronze qui glorifie les héros de Fenway Park. « Team Mates », dit la plaque. Les copains de l’équipe. Il lui a confié la monnaie nécessaire et l’a laissé s’approcher seul de la buvette, comme un grand.

Aussi loin qu’ils s’en souviennent tous les deux, et leur père et leur grand-père avant eux, cette roulotte a été là. Fidèle au rendez-vous. Déjà le jour du sacre historique de 2004, après quatre-vingt-six ans de disette, quand le petit n’était encore qu’un bébé hissé sur les épaules de son papa. Les jours de triomphe comme ceux, hélas plus nombreux, des cuisantes défaites.

Le gamin aux reflets roux sirote son jus frais et acidulé, ballotté par la foule qui se rue hors de l’arène. Ça lui fait tant de bien. L’automne a pris un peu de retard, cette année. Il faisait si chaud dans l’enceinte bourrée à craquer.

— T’en veux ?
Il tend l’emballage cartonné à son aîné.
— Non,merci...Après,j’auraitropenviedepisserdans

le métro.
De Fenway jusqu’à South Boston, ils en ont pour une

petite heure de transport, compressés entre des brochettes de supporters, dans les vieux wagons surélevés de la ligne D. Pas les plus confortables du réseau, loin de là, mais dont le bringuebalement familier leur est si doux, promesse des joies à venir dans un sens, souvenir des émotions passées dans l’autre.

Quand ils passent les portillons de la station, entièrement habillée aux couleurs des Red Sox, le petit est pris d’une sorte de hoquet. Comme un haut-le-cœur soudain.

— Ça va pas ? s’inquiète le plus grand.

— Si... Je crois juste que j’avale trop vite. Ça me gonfle le ventre.

— Vas-y mollo.
— Oui, mais j’ai tellement soif !
Alors il continue de boire. Il tire sur la paille avec avidité,

jusqu’à produire ce drôle de petit gargouillis au fond de la boîte qui signale qu’il est arrivé à la dernière goutte. À mesure que le métro progresse, ce bruit et les autres – cris- sements sur les rails, claquements des portes automatiques, beuglements des passagers enivrés par la victoire – se fondent dans un même bourdonnement continu. Un grondement qui emplit peu à peu tout l’espace.

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04/05/2023 451 pages 11,00 €
Scannez le code barre 9782384220267
9782384220267
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