#Polar

Le mystère de roccapendente

Marco Malvaldi

Toscane, juin 1895. Pellegrino Artusi est invité au château du Baron de Roccapendente, réputé pour sa bonne table. L'arrivée du célèbre gastronome est loin de réjouir tous les occupants des lieux. Le Baron vit entouré de sa vieille mère et de ses trois enfants : Gaddo, jeune homme paresseux et poète médiocre ; Lapo, un bon à rien ; et Cécilia, la spirituelle cadette qui reve de pouvoir étudier à une époque où les femmes peinent à s'émanciper. Le premier soir, tous les habitants des lieux se réunissent autour d'un succulent dîner à l'issue duquel, épuisé tant par son voyage que par ses agapes, Artusi part directement se coucher. A son réveil, il trouve le château sans dessus dessous : Teodoro, le fidèle majordome, vient d'être retrouvé mort, empoisonné, dans la cave qui était pourtant fermée à clef de l'intérieur... Le lendemain, quelqu'un tire un coup de fusil sur le Baron, le blessant grièvement. Chacune des personnes présentes est alors interrogée par l'auxiliaire de la police locale appelé pour enqueter sur ces crimes. L'irruption de ce policier qui se réjouit un peu trop ouvertement de s'être enfin vu confier une affaire digne d'intérêt dans l'enceinte confinée du château et ses questions dérangeantes irritent profondément la famille du Baron. Les soupçons ne tardent pas à se porter sur Agatina, la fiancée du défunt Teodoro. C'est sans compter l'intervention de Pellegrino Artusi, grand amateur de romans policiers à ses heures perdues, qui va diriger l'enquêteur dans la bonne direction.

Par Marco Malvaldi
Chez Christian Bourgois Editeur

0 Réactions |

Genre

Policiers

Commencement

L’apparence de la colline de San Carlo dépend essentiellement de l’heure de la journée.

Le matin, le soleil se lève de l’autre côté du col ; le château ayant été construit un peu en dessous de la crête, ses rayons ne parviennent pas à pénétrer directement par les fenêtres des chambres où reposent le septième baron de Roccapendente, ses proches et ses hôtes (souvent nombreux), qui peuvent donc dormir tranquillement jusqu’à une heure tardive.

En tout début d’après-midi, les rayons du soleil dardent impitoyablement sur le château, ses jardins et le domaine environnant, contraignant toute personne se trouvant à l’extérieur à supporter une chaleur mortelle, rendue plus cruelle encore par l’humidité des marécages voisins. Mais, à cette heure, le baron et ses hôtes se trouvent habituellement à l’intérieur du château, dans de grandes salles aux plafonds voûtés où l’on peut jouir d’une fraîcheur plaisante et revigorante, qui aide les esprits à se concentrer sur le jeu de cartes, la lecture ou de complexes marqueteries de dentelle.

Dehors, sous le soleil qui tape, il ne reste que les ouvriers agricoles, le régisseur et les domestiques, qui s’occupent des étables et du jardin. Du reste, à la chaleur, ils y sont habitués.

Les messieurs et les dames du château ne sortent en général que vers six heures du soir, quand la Terre s’est lassée de tout ce soleil et a commencé à tourner le dos à l’astre. Ce soir aussi, à six heures exactement, le baron et tous ses commensaux sont sortis dans le jardin pour attendre le deuxième des hôtes invités pour égayer la battue de la fin de semaine. Le premier invité, M. Ciceri, qui, sur sa carte de visite, se présentait comme « daguerréotypiste-photographe d’ambiance », est arrivé dans l’après-midi, accueilli avec une courtoise indifférence.

En revanche, la deuxième personne que l’on attend est célèbre et digne d’une certaine estime, ce qui rend l’attente plutôt fébrile. Au fond, les résidents, bien qu’il s’agisse d’oisifs professionnels qui n’ont pas produit une heure de travail honnête de toute leur vie, ont été contraints par la chaleur inhumaine à une journée entière d’immobilité dans la fraîcheur des grandes pièces, et maintenant plus encore que d’habitude ils éprouvent de l’ennui. C’est pourquoi la venue de cet invité constitue véritablement le « clou » de la journée. Les habitants du château se promènent donc par deux ou par trois, en échangeant des hypothèses sur le personnage, l’oreille tendue vers un éventuel bruit de roues et de chevaux.

Elles sont en effet nombreuses, les choses que l’on ignore sur le compte de la personne qui va arriver. Elles ont été également réparties entre les divers groupes d’enquête qui se promènent sur le gazon. Le caractère. Les vêtements. Mais, plus que toute autre chose : la physionomie. En fin de compte, on se trouve à la fin du dix-neuvième siècle, où les gens célèbres le sont en général pour ce qu’ils font ou ce qu’ils disent, non pour leur aspect physique qui, le plus souvent, demeure inconnu de tous, ou presque. Heureux temps.

Commenter ce livre

 

trad. Lise Chapuis
03/05/2012 218 pages 15,00 €
Scannez le code barre 9782267023596
9782267023596
© Notice établie par ORB
plus d'informations