#Roman étranger

Les Bonnes Gens

Laird Hunt

Au soir de sa vie, Ginny, une vieille femme blanche, conte les terribles événements qui se produisirent, avant la guerre civile, dans la ferme isolée du Kentucky où, à peine sortie de l'adolescence, elle vécut avec son mari, Linus Lancaster, individu plus enclin à la bienveillance vis-à-vis de ses porcs voraces qu'envers ses esclaves noirs exploités à merci. Dès lors que, prenant prétexte d'une hypothétique stérilité de sa femme, Linus se met à abuser sexuellement de Cleome et Zinnia, les deux domestiques noires qui, à peine plus âgées que Ginny, forment sa seule compagnie, l'épouse délaissée, rongée par la jalousie, entreprend de rivaliser avec sa sinistre moitié en matière d'atrocités racistes. Jusqu'à cette aube glaciale où, quelqu'un ayant enfin osé mettre sauvagement un terme aux jours du tyran, la jeune veuve comprend que ses deux esclaves en mesure, à présent, d'assouvir impunément leur vengeance, vont, à leur tour, imposer à leur maîtresse déchue et haïe une ordalie d'une cauchemardesque cruauté. Dans ce roman d'une intensité rare, narré à plusieurs voix, Laird Hunt convoque sur un mode hallucinatoire l'une des périodes les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis en érigeant, sur la scène même de toutes les amnésies, une stèle où se donne à lire la partition sans fin de la redoutable réversibilité du Mal.

Par Laird Hunt
Chez Actes Sud Editions

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Genre

Littérature étrangère

C'est le soir qu'elle racontait. Dans la lumière crépus­culaire, à la lueur des bougies devant le feu qui couve, s'éclaircissant la voix. Une fois les fenêtres fermées, les rideaux tirés et les enfants bordés, s'installant pour par­ler. Une fois que tous nous étions rapprochés, épaule contre épaule, lui prenant les mains, retenant notre souffle. Une fois nos yeux fermés, bien serré, sur nos jours, sur ces années de souffrance, sur la joie qui était la nôtre au soleil, à cette époque au bord de l'eau, gouttes fraîches sur nos fronts et pain tiède dans nos bouches. Une fois épargnés, tous, une fois nos récoltes rentrées et passée la tempête, et toutes nos prières dites. Une fois la nuit étirée devant nous, là débutait son conte.
 
 OUVERTURE
Le puits profond, 1830
Je plaçai un repère à cent pas du ruisseau, ras­semblai mes outils et me mis à creuser. La terre était meuble, au début, aussi travaillai-je vite, et j'étais enfoncé à hauteur de ceinture quand ma femme m'appela, à midi, pour me dire de me laver et de rentrer. Nous fîmes un déjeuner de bœœuf séché et de gâteaux de blé froids arrosé d'eau trouble prise au ruisseau. Après le repas, je restai un moment au-dessus du couffin de notre fille, la pris dans mes bras quand elle se mit à pleurer, puis retournai à mon trou. Je creusai à bonne allure jusqu'à ce que je heurte un amas de rochers contre lequel je me battis presque tout l'après-midi. J'avais creusé pendant la guerre et j'aimais ça, mais ces roches m'épuisèrent et quand je sortis du trou le soir le pic et la pelle avaient entaillé les callosités épaisses de mes mains. De nouveau, nous mangeâmes du bœœuf séché et des gâteaux de blé, mais cette fois trempés dans du miel. Nous parlâmes de l'eau trouble tirée au ruis­seau. Elle était bonne, mais l'eau que nous tirerions du puits serait claire et toujours délicieusement fraîche. Parler de l'eau à venir me donna envie de retourner dans le trou aussitôt après le souper, mais ma femme me dit qu'il fallait que je me repose.
Au lieu de retourner à mes pic et pelle, je passai donc voir le bétail - trois porcs, deux chèvres, une vache -, puis revins dans la maison jouer quelques minutes avec notre fille. Elle apprenait à se tenir debout en s'agrippant aux chaises. La tenant par les mains, je l'aidai à se mettre sur ses pieds. Je la lais­sai se tenir debout seule, vacillante, quelques ins­tants. Elle tomba et roula en arrière sur la tête mais elle ne pleura pas. Quand je lui tendis les mains, de nouveau elle se mit debout. Au bout d'un moment, ma femme entra, la prit dans ses bras, et j'ôtai mes bottes pour m'allonger sur notre lit.
Au matin, tandis que ma femme et notre fille dor­maient encore, je regagnai le trou et pris ma pelle. J'avais fait partie d'un détachement de forage lors des derniers mois de la seconde guerre contre les Anglais et j'avais trouvé le travail facile. Moi et les hommes avec qui je travaillais avions creusé des tran­chées, des fossés et des puits fort semblables à celui-là. J'avais appris de ces hommes à placer un filtre au fond du puits et à en étayer les flancs au moyen de briques pour qu'il résiste. Certains chantaient en travaillant, et j'aimais les écouter. Moi-même n'étais guère doué pour le chant, mais ma femme chantait et, au réveil, après avoir nourri le bébé, elle venait s'asseoir près du trou et chantait tout en réparant une paire de chaussures. J'aimais entendre chan­ter ma femme pendant que je travaillais. Elle s'arrê­tait parfois un moment, puis reprenait. Elle aimait chanter pour notre petite fille quand elle la sortait et l'asseyait à côté d'elle avant de la laisser jouer avec une crécelle que j'avais fabriquée à partir d'une cale­basse ou arracher l'herbe de la cour. Des abeilles bourdonnaient alentour et je me réjouissais à l'idée de me mettre en quête de miel. J'avais observé des amateurs d'abeilles et, tout en creusant, je caressais l'idée de construire des ruches dans ma propre cour. J'avais vu des enfants aider à s'occuper des essaims et il me plaisait de penser que ma propre fille, un jour, quand elle serait plus grande, m'aiderait à m'occu-per des abeilles.
Autour de moi, les murs du puits à venir s'éle­vaient tandis que je m'enfonçais dans la terre. Le soir du troisième jour, je construisis un mécanisme pour éliminer la terre et les rochers. Je n'étais pas aussi bon pour construire des mécanismes que pour creuser, mais le treuil que je bricolai était plutôt solide. Ma femme offrit de hisser les seaux que je remplissais de terre. Je commençai par décliner sa proposition : je remplirais le seau puis sortirais pour le hisser. Mais le seau n'était pas bien gros, et le hisser serait beau­coup moins pénible pour ma femme que pour moi de faire le va-et-vient de bas en haut. Nous en dis­cutâmes au souper, devant notre verre de lait frais et nos gâteaux de maïs frits dans de la graisse de porc. Ma femme me dit qu'elle en était capable, et moi que ça ne me plaisait pas qu'elle eût à le faire. Il n'y avait que nous deux et le bébé, dit-elle. Qui d'autre au monde pourrait bien m'aider au fur et à mesure que le trou s'approfondirait ? Un jour nous aurons toute l'aide qu'il nous faut, répondis-je. Mais ce jour-là n'est pas levé, dit-elle. Je me vis grimpant pour sor­tir du trou, puis redescendre chaque fois qu'un seau serait plein. J'allais bientôt atteindre l'eau et serais trempé chaque fois. Notre fille s'était mise à pleu­rer et, le temps qu'elle se calme, j'avais hoché la tête.
Le lendemain matin, ma femme porta le couffin du bébé dans la cour et, chaque fois que j'avais rempli un seau, elle le hissait. Elle chantait tout en accom­plissant cette tâche, et moi, à l'ombre du trou, je me sentais très heureux. Ça me rendait heureux d'en­tendre le bébé rire ou pleurer. Une fois, ma femme tint le bébé à l'embouchure du trou pour qu'elle voie son père. Le bébé riait mais je ne distinguais pas son visage, seulement le contour de la tête aux cheveux bouclés. J'étais debout dans la boue fraîche pendant que ma femme tenait notre fille à l'embouchure du trou ; j'avais des frissons et, au bout d'un moment, je sortis du trou pour revenir au soleil.
Le lendemain, nous ramassâmes des galets dans le lit du ruisseau. Je les retirai de l'eau pour les jeter sur la rive. Ma femme les mettait en piles en fonction de leur couleur. Il y en avait des bleus, des roses, des verts et des blancs. Des bruns et des jaunes. Le bébé aimait plonger la main dans les piles et se mettre un galet dans la bouche. C'est aux bleus qu'avait l'air d'aller sa préférence. Je dis à ma femme que, vu leur destination, peu importait leur couleur, mais elle répondit que ça lui importait à elle. Que ça lui importe était pour moi une raison suffisante, et je me mis à annoncer la couleur des galets que je reti­rais de la boue. C'était agréable d'être dehors au soleil, à la chaleur, dans le ruisseau qui coulait dou­cement, auprès de ma femme et de notre enfant. Nous prîmes notre dîner au bord du ruisseau. Je gar­dai les pieds hors de l'eau tout en mangeant, mais ma femme abandonna les siens au courant. Après avoir pleuré un peu, le bébé rit et se mit debout en s'agrippant à mon dos.
J'avais espéré que l'heure était venue de mettre les galets en place mais découvris qu'il restait encore pas mal à creuser. À deux reprises, je sortis de mon trou pour inhaler la douceur de l'air et réchauffer au soleil mes os transis de froid. Assis à me reposer, je consi­dérai le tas de terre qu'ils avaient formé. Il dépassait ma tête. Par endroits, ma femme avait dû en gravir le flanc. Je voyais les traces de ses pas. Je savais que si notre fille avait été plus grande, elle aurait aimé jouer sur ce tas. Ses tâches domestiques achevées, elle se serait amusée à grimper jusqu'au sommet. Moi aussi, malgré ma fatigue, je songeai à grim­per au sommet. À sauter de là. Enfant, j'avais, bien loin de cette contrée vallonnée qu'est le Kentucky, un jour sauté depuis l'un des côtés de la grange de mon père et m'étais cassé le bras. Aucun des autres garçons n'avait osé le faire. Mon père m'avait fouetté au point de briser le martinet. Je n'avais pas l'inten­tion de faire usage du martinet avec ma fille. Même si, à présent, dans la pénombre humide du trou, le souvenir de mon saut depuis la grange et de mon père me fouettant me faisait sourire.
Ce soir-là, je pris mon fusil et partis dans les arbres au-dessus de la colline. Les bois étaient silen­cieux. Je restai longtemps assis sans bouger. J'igno­rais pourquoi les oiseaux ne chantaient pas. Il était trop tôt encore pour qu'ils fussent endormis. Rien ne bougeait, pas un frémissement. Cela me plaisait et me déplaisait tout à la fois. Nous avions choisi cet endroit, loin de tous, mais pas loin de tout. Un jour que j'étais assis, le vent tourna et je sentis l'odeur du feu dans notre cheminée. J'en étais venu à me sentir seul dans le puits. Je n'en comprenais pas la raison. Pendant la guerre, j'avais travaillé seul de longues heures durant dans des endroits sombres et jamais je ne m'étais senti seul. Une fois, j'avais bien failli me retrouver enterré vivant sous les décombres des fortifications ennemies. Je ne respirais plus quand quelqu'un m'avait attrapé par les bottes et tiré de là. J'étais impatient de descendre les galets dans le trou que j'avais creusé. Je le ferais le lendemain. J'étais content que ma femme en eût fait de si jolies piles.
De nouveau, je creusai dans la boue toute une longue journée. Je m'étais inquiété de la solidité des parois du puits mais la terre était riche en argile et tenait bon. Des racines pendaient des parois que j'avais façonnées et, de temps à autre, un ver de terre se détachait en se tortillant et tombait dans l'eau dans laquelle je devais à présent tremper ma pelle. J'avais d'abord essayé de sauver ces vers, comme quand je creusais mes puits pendant la guerre. Je les recueil­lais à la main ou avec ma pelle. Quand j'en voyais, je les récupérais, mais souvent ils disparaissaient dans les remous de l'eau. Je cessai bientôt d'essayer de les sauver. Je savais que je voudrais qu'on me sauve si je tombais par surprise de ma maison de terre dans une mare, dans quelque caverne humide dans la pénombre. La lumière du jour ensoleillé venait d'en haut m'éclairer dans mon labeur. Les seaux que j'envoyais se faisaient de plus en plus lourds, mais le treuil tenait bon et ma femme ne se plaignait pas alors même que le tas de terre grossissait sans cesse.
Il plut le jour suivant, et celui d'après encore. D'abord, je tâchai de poursuivre mon travail, enfoui bien profondément sous terre, mais quand la pluie se fit plus dense et que les parois devinrent glis­santes, je sus que je m'étais inconsciemment enlisé dans une entreprise dont je ne me relèverais peut-être pas. Nous fîmes un feu auprès duquel nous nous assîmes. Le bétail était en sécurité et le toit ne fuyait pas. Notre fille gloussait dans son couffin ou sur nos genoux. Ma femme faisait son raccommodage tandis que nous parlions des travaux à venir. J'avais pour projet suivant de dégager un nouveau champ à côté du ruisseau. De construire une grange. De faire se multiplier notre cheptel. Sous la pluie, nous parlâmes des jours anciens. Dans sa jeunesse, ma femme avait vécu au bord de la mer, et elle aimait à songer aux façons dont le monde autour d'elle res­semblait au monde qui continuait à vivre dans sa tête. Elle aimait aussi les différences entre ce monde et l'autre, ce qui me faisait l'aimer plus encore. Une fois notre fille endormie et le feu retombé, ensemble nous nous allongeâmes sur le lit.
Après que la pluie se fut arrêtée, j'attendis pen­dant deux jours que l'eau se retire pour redescendre au fond du puits. Toute cette journée-là, ma femme fit descendre des seaux de galets colorés. Elle envoya d'abord les bleus, puis les verts, les blancs, puis un mélange de jaunes et de bruns. En dernier, elle envoya les roses. Je plaçai les galets dans l'eau par poi­gnées, faisant de mon mieux pour les étaler comme je pensais qu'elle les avait imaginés. Des couches de couleur dure à travers lesquelles l'eau remonterait.
Cet après-midi-là, un homme et une femme vêtus de daim sortirent des bois. Tous deux portaient des plumes de couleurs vives et des cordelettes colorées dans les cheveux. Ils traversèrent le pré, franchirent la cour et vinrent jusqu'au bord du puits regarder au fond. Puis ils tournèrent les yeux vers la maison, où je me tenais prêt avec mon fusil, mais ils se conten­tèrent de m'adresser un signe de tête, regardèrent au fond de nouveau avant de s'en aller.
En m'endormant cette nuit-là, je songeai aux briques avec lesquelles j'allais renforcer les parois de mon puits, mais une fois endormi je rêvai de pierres colorées. À un moment donné, je crus me réveiller pendant la nuit et crier, mais je ne m'éveillai ni ne criai. Il me sembla, tandis que je m'enfonçais plus profondément dans le sommeil, qu'une fente s'ou­vrait dans le flanc de la maison, laissant s'infiltrer la lueur de la lune. Même si c'était une nuit sans lune et qu'il n'y avait pas non plus de fente pour en lais­ser filtrer la lueur.
Le lendemain, je mis longtemps à m'éveiller, et plus longtemps encore à me mettre à empiler les briques au bord du puits. N'ayant pas de hotte, j'en portai deux à la fois, une dans chaque main. Je fis une pile bien nette et vérifiai la poulie. J'envisageai à voix haute de les laisser simplement tomber dans le noir et de suivre le même chemin, mais ma femme dit que ça ne lui plairait pas. Il y avait une manière de creuser un puits, et c'était la manière que j'avais observée jusqu'à présent. Pendant la guerre, j'avais vu des hommes lâcher ce dont ils avaient besoin dans le puits et ne trouvais rien à redire à la pratique, mais je respectai le souhait de ma femme. Ayant constaté que le seau pouvait contenir trois briques à la fois, ma femme porta notre fille dehors, l'installa par terre et me dit qu'elle était prête. J'étais prêt aussi et me tournai pour descendre dans le puits.
C'est en me tournant que je vis l'ours. Il se tenait debout à côté d'un jeune chêne, flairant l'air autour de lui, une patte légèrement dressée. Il nous regarda, puis huma dans notre direction. Il fit deux pas vers nous puis se retourna et se dandina lentement vers l'enclos du bétail avant de se camper sur son train arrière et, d'un coup de patte, de défoncer tranquil­lement la clôture. Soudain, sans que je puisse, par la suite, me rappeler comment, j'eus le fusil en main. Je tirai sur l'ours qui avait commencé à s'intéresser aux porcs. La balle ne lui fit rien et l'ours poursui­vit son ouvrage. Il tua deux porcs, renifla soigneu­sement leur carcasse, avant d'emporter le troisième. Le reste du bétail s'était plaqué contre les parois de l'enclos, saisi de panique. J'étais encore en train de recharger quand l'ours rentra dans les bois empor­tant son prix. J'étais encore en train de recharger quand ma femme se mit à hurler.
Le bébé s'était fait mal en tombant et quand je la sortis du puits elle était morte. Je la donnai à ma femme puis allai m'appuyer contre le flanc de la maison. Le bois était tout chaud du soleil de l'après-midi. Au-dessous du niveau de mon torse, tout était dégoulinant. Je savais que notre fille dégou­linait aussi. Elle s'était cogné la tête en tombant et avait une marque en forme de croissant au-dessus du sourcil. En me retournant, je vis que ma femme n'avait pas bougé. J'apercevais la jambe de ma fille, la peau toute tendre au-dessus de la petite bottine mouillée. Nous l'enterrâmes à côté du ruisseau. Nous restâmes longtemps assis ensemble à côté de la petite tombe. Puis nous retournâmes à la maison. J'en ressortis aussi vite que j'y étais entré. Je ne pou­vais pas supporter de voir le couffin, la crécelle que je lui avais fabriquée, le bol que j'avais taillé pour elle dans le bois. Ma femme me demanda de rentrer mais je restai dehors. Au lieu de rentrer, je descendis dans le puits. De nouveaux vers de terre flottaient dans l'eau, mais je ne les sauvai pas. Je me penchai plutôt pour récupérer de pleines poignées de galets que je fourrai dans mes poches. Je restai plutôt là à gémir et à m'arracher la barbe.
Plus tard, bien que ma femme m'eût demandé de ne pas le faire, je remplis le puits. Notre bébé devait être enterré en bonne et due forme, lui dis-je. Être en sécurité. Et il me semblait en effet, durant mes heures de travail et bien longtemps après, que mon enfant était toujours là en bas, pleurant et serrant les poings au-dessus des galets de couleur, et non pas enterrée bien au sec dans la terre fertile à côté du ruisseau.
Des années plus tard, je creusai un autre puits, mais refusai de boire de son eau, comme de m'as­seoir à table à côté de quiconque en boirait.

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trad. Anne-Laure Tissut
05/02/2014 242 pages 21,80 €
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