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Sciences politiques
Introduction / La droite partisane
Un objet délaissé, énigmatique et changeant
« Dimanche au Bourget, le grand parti de l’union des droites, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) est né, placé sous la présidence d’Alain Juppé. Souhaitons longue vie à la nouvelle UMP : elle marque peut-être le premier acte de la refondation de la démocratie politique en France. [...]
L’UMP est d’abord une revanche de la volonté sur la fatalité, un démenti porté contre ceux qui condamnent la politique à commencer par la sociologie. [...]
La naissance de l’UMP marque peut-être aussi la fin de la domination de la vie politique par le monde de la communication. L’UMP est un concept d’organisation politique qui est exactement le symétrique de celui de “majorité plurielle” qui avait servi la gauche de 1997 et dont elle n’a pas su s’affranchir en 2002, concept directement issu des pratiques du marketing publicitaire. [...]
Mais c’est sans doute sur le terrain des idées que l’UMP innove le plus. Le choix même de son nom par l’UMP est important. “Union pour un mouvement populaire”, voilà un intitulé parfaitement décevant. Il tranche eu égard à une génération où une formation politique n’imaginait pas ne pas avoir à porter son identité : communiste, socialiste, vert, radical, libéral, démocrate, républicain. De façon un peu surprenante, le titre UMP ne se revendique d’aucune couleur ; il semble parfaitement vide, en quelque sorte autoréféré. On peut y voir un signe d’impuissance si l’on ne prend garde que c’est volontaire : il s’agit de faire de la politique autrement. Le titre UMP indique que la nouvelle formation a choisi de ne pas être la synthèse des trois principales idéologies qui divisent la droite depuis cinquante ans : gaulliste, démocrate-chrétienne et libérale. L’UMP, selon les termes de sa charte, veut précisément s’affranchir des idéologies. Comment construire un parti politique avec une doctrine et pourtant sans idéologie ?
L’UMP se veut le parti d’une nouvelle génération ; elle refuse de s’enfermer dans ce qui serait “le” discours de la droite, et dont il faudrait retrouver la pureté. De ce point de vue, l’UMP ne répond pas à l’attente de ceux qui réclament que la droite fasse la politique de la droite. C’est plus subtil. L’UMP ne veut pas incarner une droite partisane, en quelque sorte fermée sur elle-même, mais voudrait proposer une vision, des valeurs et surtout des pratiques auxquelles les Français adhéreront en fonction de leur efficacité. ».
François Ewald, Les Échos, 19 novembre 2002
L’article de François Ewald, devenu après cette publication président du conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation de l’innovation politique (Fondapol), think tank proche de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), soulève les principales questions auxquelles va tenter de répondre cet ouvrage. Le débat porte, en effet, sur l’interprétation des transformations de la droite française et sur la qualification de ce « parti d’une nouvelle génération » qu’est supposée incarner l’UMP. Il n’en demeure pas moins que mes analyses se trouvent en contradiction avec l’essentiel des jugements portés dans cet article.
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