I
DANS LES PAS DE FRANÇOIS Ier
La glorieuse renommée des Guises est passée sans doute pour toujours à la postérité. Quelques ouvrages ont déjà fait éclater l’héroïsme de cette illustre famille de capitaines et de prélats si influente dans les affaires politiques du royaume de France, surtout sous les règnes d’Henri II et de François II. Il n’est pas inutile de rappeler, dans une nouvelle étude, de quelle manière cette puissante maison s’est rendue célèbre en disposant à la cour de tous les emplois et de toutes les faveurs, en devenant le véritable maître du pays, en allumant les sanglantes guerres de Religion. On semble parfois admettre que son histoire s’achève sur le fameux épisode de l’assassinat du duc de Guise au château de Blois, en 1588. Pourtant, plusieurs générations ont survécu au « Balafré » pendant encore un siècle et, comme nous le verrons, se sont illustrées sous Louis XIII et Louis XIV. Que ce soit à travers leur gloire ou leurs revers de fortune, les Guises ont le don de nous séduire et de ne pas nous laisser indifférents aux événements dont ils ont été les acteurs resplendissants.
Les Guises sont issus de la maison de Lorraine, fondée en 1048 par Gérard d’Alsace, premier duc héréditaire de Lorraine. En 1417, l’un de ses successeurs, René Ier, entre en possession de la terre de Guise, située en Picardie. L’année suivante, elle est érigée en comté par le duc de Berry, futur Charles VII. René Ier est alors à la tête d’un État déchiré par les influences rivales de la France, de la Bourgogne et du Saint Empire. Au terme de longues années de guerre, il se retire en Provence et se désintéresse de la Lorraine. Après la mort de son fils Jean, duc de Calabre, il transmet son duché et le comté de Guise à sa fille Yolande d’Anjou, dont l’héritier, René, devient duc de Lorraine en 1473, sous le nom de René II.
Au lendemain de son avènement, le nouveau duc signe le traité de Neufchâteau par lequel il fait alliance avec le roi
de France Louis XI. Il commet l’erreur de se tourner dans le même temps vers Charles le Téméraire, qui ne songe qu’à s’emparer de la Lorraine, et l’autorise imprudemment à placer des garnisons dans les principales places du duché. Lorsqu’il comprend que le duc de Bourgogne n’a plus qu’à cueillir son État comme un fruit mûr, il cherche de nouveaux appuis et s’assure du concours des cantons suisses, des villes d’Alsace et du Saint Empire. En mai 1475, le Téméraire se dirige vers la Lorraine et se porte à la rencontre des troupes helvétiques. Mais son armée est défaite une première fois à Grandson le 2 mars 1476, puis à Morat le 22 juin suivant. Toute la Lorraine se soulève et la noblesse entreprend le siège de Nancy, où René rejoint ses sujets, contribuant, en octobre, à la capitulation de la ville. En décembre, Charles le Téméraire se présente à Neufchâteau avec une armée reconstituée, puis marche à nouveau vers la capitale lorraine. Le 4 janvier 1477, il affronte les troupes de René devant Nancy. Le 5, trahi par l’un de ses capitaines, le comte de Campobasso, il est contraint à la fuite, dans laquelle il est tué par le châtelain de Saint-Dié.
Extraits
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