#Roman francophone

Les saisons de Louveplaine

Cloé Korman

Nour, une jeune femme algérienne, n’a plus de nouvelles de son mari parti travailler en France. Elle prend l’avion, arrive à Louveplaine, banlieue où Hassan lui a promis de la faire venir avec leur petite fille. Mais, au 15e étage de la tour Triolet, l’appartement est vide. Hassan a disparu. Pourquoi ? Désemparée mais déterminée à retrouver son mari, Nour fait connaissance avec les habitants de la cité, découvre leur vie, leurs espoirs, leurs secrets. Sonny, bon élève au lycée mais mêlé à tous les trafics, s’impose à elle, tantôt amical, tantôt menaçant. Apparemment, il sait, pour Hassan. Mais veut-il aider Nour, la protéger ou au contraire "l’embrouiller" ? Nour avance à tâtons, alors que la sombre renommée de son mari se dessine sur fond d’économies parallèles et de démantèlements urbains qui mettent la cité sous tension. Cloé Korman a travaillé un an dans un lycée de Seine-Saint-Denis. Son livre, nourri par cette approche, va bien au-delà du reportage sociologique. La vivacité des scènes et des personnages, l’originalité de l’écriture, la façon dont l’intrigue avance, tantôt brutalement, tantôt subtilement, bref, l’invention littéraire, donnent une ampleur rare au roman et confirment les dons exceptionnels de Cloé Korman.

Par Cloé Korman
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Littérature française

Au bout de dix minutes, le pauvre pitbull était allongé dans son propre sang, sa langue cherchant en tous sens un restant d’air que ses poumons écrasés sous les pattes de Néfi n’arrivaient plus à happer. Dans la chaleur et l’attente, le public aussi avait cessé de respirer. Tout en jappant, Néfi laissait Nike terminer sa vie sous le poids de son corps robuste, de temps en temps lui mordillant la gorge comme pour vider un vieux ballon de foot qu’on va jeter à la poubelle. Sa poitrine tremblait de joie tandis qu’elle élargissait sa bouche au maximum afin de chercher l’air qu’elle avalait pour deux, ses commissures noires rehaussées lui donna l’air de sourire immensément, et sa bonne humeur gagna bientôt les spectateurs. Tout le temps que dura cette agonie, à laquelle plus personne ne s’opposait, Sonny parlait à la chienne, il l’encourageait. Quand le corps de Nike fut jeté dans le couloir avec les autres, il continuait de lui faire des compliments, il lui tapotait le front, la faisait boire et asséchait ses plaies avec du talc, sans entendre Nour qui essaya plusieurs fois de l’interrompre : « Sonny on y va ? Sonny ? »

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22/08/2013 397 pages 21,00 €
Scannez le code barre 9782021120639
9782021120639
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