Au bout de dix minutes, le pauvre pitbull était allongé dans son propre sang, sa langue cherchant en tous sens un restant d’air que ses poumons écrasés sous les pattes de Néfi n’arrivaient plus à happer. Dans la chaleur et l’attente, le public aussi avait cessé de respirer. Tout en jappant, Néfi laissait Nike terminer sa vie sous le poids de son corps robuste, de temps en temps lui mordillant la gorge comme pour vider un vieux ballon de foot qu’on va jeter à la poubelle. Sa poitrine tremblait de joie tandis qu’elle élargissait sa bouche au maximum afin de chercher l’air qu’elle avalait pour deux, ses commissures noires rehaussées lui donna l’air de sourire immensément, et sa bonne humeur gagna bientôt les spectateurs. Tout le temps que dura cette agonie, à laquelle plus personne ne s’opposait, Sonny parlait à la chienne, il l’encourageait. Quand le corps de Nike fut jeté dans le couloir avec les autres, il continuait de lui faire des compliments, il lui tapotait le front, la faisait boire et asséchait ses plaies avec du talc, sans entendre Nour qui essaya plusieurs fois de l’interrompre : « Sonny on y va ? Sonny ? »
Extraits
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