#Bande dessinée

Les sautes d'humour de Winston Churchill

Winston Churchill, Dominique Enright

Tous les Français connaissent Winston Churchill (1874-1965) comme Premier ministre de Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, mais bien peu savent qu'il le redevint dans les années 1950 et qu'il eut une carrière politique aussi longue qu'agitée. Tout le monde sait qu'il avait un humour à toute épreuve, mais on a oublié qu'il reçut le prix Nobel de littérature en 1953 et qu'il adorait peindre. Pour découvrir ou redécouvrir un personnage aussi colossal, rien de tel que ce petit recueil de réflexions et confidences humoristiques, avec pour thèmes principaux sa passion pour la politique, bien sûr, mais encore son amour des mots et des animaux, son sacré caractère et ses relations avec les femmes, ses verdicts sur les nations étrangères et les soi-disant amis, et puis aussi l'alcool, sans lequel Winston ne serait pas devenu Churchill

Par Winston Churchill, Dominique Enright
Chez Payot

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Editeur

Payot

Genre

Humour

 

 

 

 

 

AVANT-PROPOS

 

 

Le 21 octobre 1940 au micro de la BBC, Winston Churchill parle longuement aux Français dans leur langue. C’est un grand discours comme sait en prononcer cet orateur de génie, une harangue pleine d’ardeur guerrière et d’espoir qui a pour but de ranimer une entente nécessaire entre son peuple, lequel résiste farouchement sous les bombardements allemands, et cet autre, provisoirement vaincu, dont il a dû faire détruire une partie de la flotte à Mers el-Kébir.

« Cette nuit, dit le Premier ministre britannique, je m’adresse à vous dans tous vos foyers, partout où le sort vous a conduits, et je répète la prière qui entourait vos louis d’or : “Dieu protège la France.” »

À propos de monnaie, il ignore – mais peut-être l’espère-t-il déjà – que près de quatre-vingts ans plus tard son portrait figurera enfin sur un billet de banque (celui de cinq livres), avec la plus célèbre de ses phrases chocs : « Je n’ai rien d’autre à vous offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », prononcée à la Chambre des communes le 13 mai 1940.

Dans son discours aux Français, il offre de nouveau du sang, mais aussi la promesse de la victoire ; il offre des larmes, mais aussi du rire, ou presque. Churchill choisit certes des termes particulièrement dramatiques pour prédire que si on laisse agir Hitler, « ce monstrueux avorton de la haine et de la défaite », « toute l’Europe ne sera plus qu’une Bochie uniforme offerte à l’exploitation, au pillage et à la brutalité des gangsters nazis », mais le ton tourne à la plaisanterie lorsqu’il évoque un hypothétique débarquement allemand sur les côtes anglaises : « Nous attendons l’invasion promise souvent et de longue date. Les poissons aussi. » Plus loin, il explique que le Führer et « son petit complice italien » veulent « découper la France et son empire comme une poularde : l’un veut la cuisse, l’autre l’aile ». Et après avoir lancé à travers la Manche : « Français, armez vos cœurs à neuf avant qu’il ne soit trop tard ! », il se radoucit à la fin en prononçant les paroles bienveillantes d’un grand-père (il a déjà soixante-cinq ans) : « Allons, bonne nuit, dormez bien. » Mais c’est pour ajouter aussitôt : « Rassemblez vos forces pour l’aube, car l’aube viendra… »

L’humour a toujours été une arme et un aiguillon pour Churchill, dans la vie publique comme dans la vie privée, dans ses discours au Parlement comme dans ses conversations intimes, dans la lutte contre des adversaires de toute sorte, et aussi contre lui-même. Car on ignore généralement qu’il était sujet à des tendances dépressives, qu’il appelait le « chien noir ». On ignore d’ailleurs bien des choses à son sujet. Tout le monde sur le « continent » connaît le Premier ministre de Grande-Bretagne entre 1940 et 1945, mais on sait moins qu’il le redevint en 1951, que dans sa jeunesse il fut militaire et correspondant de guerre, que sa carrière politique fut très longue et agitée, qu’il connut des traversées du désert durant lesquelles il s’adonnait volontiers à la peinture. On sait encore moins qu’en 1953 il reçut le prix Nobel. De la paix ? Non, de littérature. Il a écrit plus de mots que Charles Dickens et Walter Scott réunis, « plus de livres que Moïse », plaisantait-il, même si ses Mémoires sur la Seconde Guerre mondiale et son Histoire des peuples de langue anglaise sont le fruit d’un monumental travail d’équipe.

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trad. Hélène Hinfray
01/10/2014 160 pages 12,00 €
Scannez le code barre 9782228911641
9782228911641
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