Sciences de l'information et de la communication. Objets, savoirs, disciplines, 2e édition

Présentation

Cette seconde édition de Sciences de l’information et de la communication. Objets, savoirs, discipline se compose comme la précédente d’une série de contributions qui éclairent les principaux domaines de compétences des SIC – Sciences de l’information et de la communication. Si elle ne prétend pas en rendre compte de manière exacte et exhaustive, elle dresse un tableau qui offre une image du territoire actuel de ces sciences, riches d’une histoire de bientôt quatre décennies. Le lecteur se familiarisera ainsi avec leurs principales spécialités en matière d’enseignement et de recherche. Il trouvera des éléments de réflexion pour dépasser les préjugés ordinaires sur la communication, au sens large d’information - communication, afin d’interroger à la fois les pratiques et les savoirs qui s’y rapportent.

À la différence d’un manuel, cet ouvrage ne propose pas une somme de théories passées, sélectionnées et juxtaposées avec plus ou moins d’à-propos. Il s’attache à présenter les principales matières enseignées en SIC sans les couper de la recherche « vivante » et de ses résultats. Les auteurs sollicités pour rédiger les contributions qui composent cet ouvrage assument, sans exception, des missions d’enseignement et de recherche. Ils se risquent à l’exercice de la vulgarisation scientifique qui nécessite à la fois une érudition maîtrisée, une implication dans la production de connaissances et une capacité à synthétiser sans les déformer des contenus de savoirs souvent peu accessibles au grand public. Leur travail repousse les tentations récurrentes auxquelles se heurtent les chercheurs en sciences humaines et sociales, cédant aux facilités de quelques formules enchantées pour promouvoir des points de vue normatifs sur la société qui répondent un peu trop rapidement à des attentes sociales. À l’encontre de ce genre de tentation, toutes les contributions fondent le travail de vulgarisation sur la volonté de ne pas dénaturer la connaissance scientifique en essayant de la rendre accessible. Cet effort se reflète dans la tonalité critique des contributions. Non seulement celles-ci neutralisent les préjugés ordinaires pour mieux déjouer les conceptions utilitaires de la communication, mais elles proposent des questionnements portant à la fois sur les objets des SIC et sur les savoirs qui leur sont propres.

La première partie de l’ouvrage propose ainsi une sélection d’objets sur lesquels travaillent les chercheurs en SIC. La deuxième partie porte, quant à elle, sur des savoirs développés dans cette même discipline, la caractérisant. Enfin, l’ouvrage se termine par une troisième partie, plus courte, composée de deux contributions consacrées aux SIC sous l’angle disciplinaire. Pourquoi avoir sollicité, dans le cadre de cet ouvrage, un travail réflexif sur la discipline, son institutionnalisation et sa configuration actuelle ? Au risque de souscrire à une sorte de mode intellectuelle, l’humeur critique qui consiste à réfléchir sur les conditions pratiques de la connaissance s’est imposée. Faire œuvre de science mais aussi vulgariser la science, c’est d’abord réfléchir sur ses conditions de production, et indissociablement de diffusion, ainsi que sur ses implications sociales. Une véritable compréhension de la science nécessite une connaissance de ses lieux de production ainsi que de ceux qui la produisent. Aussi paraît-il essentiel de donner aux lecteurs peu familiers de cet univers un aperçu sur l’institution elle-même, et de ne pas couper les résultats de la recherche scientifique de leur production. L’univers académique se ment d’abord à lui-même quand il se présente de manière abstraite comme un lieu idéal de production du savoir, détaché de toutes contingences. Il ment surtout quand il se complaît dans la dénégation et se refuse à voir qu’un des principaux moteurs de cette production réside dans les luttes symboliques associant les chercheurs autour d’enjeux communs. Pour rompre avec l’image abstraite de la science que véhiculent habituellement les manuels, ces deux dernières contributions viennent utilement rappeler que les SIC, au même titre que d’autres disciplines, forment avant tout un espace social relativement autonome, doté d’une histoire propre et d’une configuration spécifique, contribuant à la production d’un ensemble déterminé de connaissances.