#Roman jeunesse

Les Soeurs Espérance : Signé Charlotte

Sophie de Mullenheim

Lyon, fin du XIXè siècle. Emilie Décochet, jeune fille de 16 ans découvre un jour dans sa chambre un paquet de lettres datées de la Révolution, celles de Charlotte de l'Espérance à sa soeur Elisabeth. Charlotte vit en 1793, à La Rochelle. Se faisant passer pour l'une d'eux, elle espionne les membres du Comité Révolutionnaire dans l'espoir de sauver la vie de prêtres réfractaires. Dans ses lettres, elle raconte sa vie, sa foi, ses actions, ses doutes, ses rencontres. Aussitôt, Emilie se passionne pour ces lettres et une véritable enquête commence. Elle veut découvrir à tout prix qui était cette Charlotte de l'Espérance.

Par Sophie de Mullenheim
Chez Edifa-Mame

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Editeur

Edifa-Mame

Genre

Lecture 9-12 ans

 

 

 

 

I

 

Lyon, novembre 1886

 

 

– Jamais !

Émilie claque la porte du salon avec rage et se précipite dans l’escalier. Il faut faire vite. Courir se réfugier dans sa chambre. Surtout ne pas montrer les larmes qui lui montent aux yeux. Émilie est fière. On ne doit pas savoir qu’elle pleure encore, à seize ans.

Pourtant, personne ne lui en voudrait de pleurer. Sa mère, surtout, aimerait la voir s’abandonner enfin. Voilà bientôt deux mois que son père est mort, et Émilie n’a pas versé une seule larme. Du moins, jamais en public.

La mort de monsieur Décochet a été un choc pour tout le monde à Lyon. Lui, un homme si vif, si plein de vie… Un matin, il ne s’est pas réveillé. Foudroyé dans son sommeil par on ne sait quel mal.

Depuis, la mère d’Émilie essaie de s’en sortir de son mieux. Les affaires de son mari ne sont pas aussi florissantes qu’il le prétendait. Ses placements ne se révèlent pas aussi profitables qu’il l’avait rêvé. L’argent se fait rare. La semaine dernière, madame Décochet a dû congédier le jardinier qui travaillait pour eux. Si cela continue, elle devra se séparer de la cuisinière, de la domestique et d’Eugénie, qui veille sur Émilie depuis son plus jeune âge.

Aujourd’hui, la jeune veuve a finalement pris une décision, déchirante mais raisonnable : déménager.

– Jamais ! avait hurlé Émilie, à qui elle venait d’apprendre la nouvelle. Jamais je ne quitterai la maison de papa !

– Moi non plus je ne veux pas partir, ma chérie. Mais nous ne pouvons pas rester ici. La maison est trop grande, trop coûteuse. J’ai trouvé quelque chose de plus petit qui sera amplement suffisant pour nous deux.

– Jamais !

Et Émilie était sortie en claquant la porte…

 

 

 

 

 

 

II

 

 

À peine trois jours plus tard, Émilie arpente les pièces de sa nouvelle maison.

– Regarde ! s’exclame sa mère. Nous avons même un bout de jardin. Tu pourras y jardiner comme tu le faisais avec ton père.

Madame Décochet a beau y mettre tout son enthousiasme, sa fille ne quitte pas son air renfrogné. Elle n’a pas dit un seul mot. Elle n’a pas même daigné lui adresser le moindre regard. Sa mère sait parfaitement ce que doit ressentir Émilie : elle éprouve la même chose. Devoir quitter leur ancienne maison est un crève-cœur pour elle. Elle y laisse tant de souvenirs heureux. Elle a l’impression de perdre son mari une seconde fois en quelques semaines.

– Viens voir ta chambre au moins, dit-elle sur un ton qu’elle veut enjoué.

– Je vais y aller toute seule, lâche enfin Émilie avec défi. La maison est si petite que je la trouverai sans difficulté.

Madame Décochet regarde tristement sa fille lui tourner le dos et monter à l’étage. Si seulement elle acceptait de lui parler…

Sur le palier, Émilie hésite un instant. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse y avoir autant de pièces à l’étage.

– Deuxième porte à gauche, lance sa mère depuis le rez-de-chaussée.

Émilie ne peut s’empêcher de sourire en entendant sa mère lui souffler la bonne direction.

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17/09/2010 277 pages 14,90 €
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