Libertés fondamentales

S'il est faux de dire que la France est la patrie des droits de l'homme, elle est bien en revanche celle du mythe des droits de l'homme qui, pour les avoir sacralisés, s'est privée des moyens et des garanties nécessaires pour les appliquer. À l'inverse, au XIXe siècle, la plupart des pays respectueux des droits et des libertés n'ont pas pris la peine de les déclarer. C'est ainsi en les sortant du mythe, en les ramenant du ciel sur la terre, en reconnaissant que « les droits » sont d'abord « du droit », que l'on peut en faire autre chose qu'une construction rhétorique grandiloquente. Dans l'Europe continentale, on ne le réalise pleinement qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et en France, du moins au niveau constitutionnel, qu'au début des années 1970. Ce n'est qu'à partir de là que pourra se construire, en même temps qu'un authentique « État de droit », un véritable « droit des libertés fondamentales ». Il ne sert à rien de se déclarer libre : la liberté n'est pas le résultat d'une proclamation, mais d'un effort, en l'occurrence, un effort d'organisation juridique et institutionnelle. C'est pourquoi l'objet de ce livre n'est pas « la Liberté » avec une majuscule, qui ne pourrait relever que d'un cours de philosophie, mais bien « les libertés », les libertés publiques. Des libertés qui accèdent au rang de norme, énoncées par l'État, lequel se charge du coup de les garantir, et de sanctionner d'éventuelles atteintes. Ce manuel est destiné aux étudiants en troisième année de licence de droit, aux élèves des Instituts d'études politiques, ainsi qu'aux candidats aux concours de la magistrature.