#Roman étranger

Misericordia

Jack Wolf

Dans le Berkshire et à Londres, au XVIIIe siècle. Etudiant prometteur, passionné d'anatomie, Tristan Hart a vingt ans quand il quitte sa campagne du Berkshire pour rejoindre Londres et suivre les enseignements du prestigieux chirurgien William Hunter. Pour Tristan, homme de raison et de logique, le futur de l'humanité passe par les progrès de la médecine. Et ses recherches en anatomie le rapprochent toujours davantage de la question du divin : y a-t-il un Dieu ? L'esprit gouverne-t-il le corps ? Qu'est-ce que l'amour ? Mais dans le secret de son cabinet d'études, il est une chose que Tristan n'ose avouer à personne, pas même à lui-même. C'est le plaisir extrême qu'il prend à infliger la douleur. Doit-il combattre cette pulsion qui lui fait peur autant qu'il la recherche ? Est-il un monstre, une de ces créatures fantastiques qui terrorisent les campagnes ? Comment canaliser ces plaisirs coupables qui l'amènent à des actes terribles ? Le seul à connaître l'autre visage de Tristan est Nathaniel Ravenscroft, son meilleur ami, son double, aussi exubérant qu'il est timide, aussi jouisseur qu'il est coupable. Avec Nathaniel, Tristan se sent libre et donne libre cours à ses pulsions dans les bordels des environs. Mais l'arrivée dans leur vie de la belle Katherine Montague va briser le duo. De double, Nathaniel deviendra Nemesis…

Par Jack Wolf
Chez Belfond

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Editeur

Belfond

Genre

Littérature étrangère

CHAPITRE UN

 

 

 

UMATIN DE LAUTOMNE 1741, Nathaniel Ravenscroft m’emmena me promener sur la Berge de la Coller. Je n’avais que onze Ans à l’époque, le Corps et l’Esprit encore pleins des Rondeurs de l’Enfance, et je pensais que la petite Rivière prenait sa Source quelque part vers le Sud, dans les Collines crayeuses. Lorsque j’avais appris que, contrairement aux autres Cours d’Eau de la Région, elle ne se jetait pas dans l’Isis à Oxford, je m’étais imaginé qu’il devait exister un Endroit dans les Collines où elle s’enfonçait pour couler, silencieuse et invisible, sous le Cheval blanc 1.

Shirelands Hall, la Maison de mon Père, se trouvait à un bon Mille au Nord de la Coller, sur la Grand-Route qui relie Faringdon à Highworth. Ce Manoir de Style palladien, construit principalement en Grès et en Marbre, datait de l’époque du premier Protectorat, celui d’Oliver Cromwell. Il n’y avait pas plus grande Maison à plusieurs Milles à la Ronde, si bien que les Mendiants itinérants et les Commerçants y faisaient toujours Étape avant de repartir sillonner le Comté d’Oxford. Aussi loin que je me rappelle, chaque Dimanche, nous prenions la Voiture pour nous rendre à l’Église du Village. Le Cocher devait emprunter la Grand-Route vers l’Est sur quelques Milles puis tournait dans Collerton Lane, Chemin qu’il devait suivre pendant un Mille et demi, avant de s’arrêter devant le Portail de l’Église de Collerton. Si on continuait tout droit, on atteignait l’Auberge de l’Agneau, où mes Parents avaient célébré mon Baptême et celui de ma Sœur, puis finalement la Rivière, laquelle, bien qu’elle lui eût donné son Nom, tenait le Village à Distance respectueuse.

Toutefois, si, après avoir quitté l’Allée de Shirelands, on guidait les Chevaux vers l’Ouest, en direction de Highworth, on finissait par arriver à un Carrefour indiqué par une Borne milliaire où se dressait l’Auberge du Taureau, et encore plus à l’Ouest se trouvait Highworth. Si l’on prenait vers le Nord, dans la direction, en gros, de Lechlade, un ennuyeux Chemin en Lacets traversait des Hameaux et des Fermes. Si, au contraire, vous preniez à gauche, vers le Sud, la Route continuait jusqu’à Shrivenham et passait devant les grandes Demeures bâties sur les Pentes douces de la Rivière afin de jouir de la Vue de l’antique Figure de Craie découpée sur la Colline.

Le Domaine de mon Père, une succession de vastes Plaines non clôturées et de Champs arables, commençait au Carrefour de l’Auberge et s’étendait jusqu’à la Frontière orientale de la Paroisse de Collerton, incluant ainsi une petite Partie de la Coller où j’avais grand Plaisir à pêcher. Le Bénéfice, qui se trouvait sur ce Domaine, était naturellement à la disposition de ma Famille. À cette époque, le Titulaire de la Cure, que mon Grand-Père avait installé, vingt Ans plus tôt, à la Mort du précédent Desservant, s’appelait Ravenscroft. C’était un gros Homme extrêmement colérique que je n’estimais guère et sur lequel je n’avais rien de bon à dire, à part qu’il était le Père de Nathaniel, ce qui était pour le moins stupéfiant.

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trad. Georges-Michel Sarotte
04/04/2013 450 pages 22,00 €
Scannez le code barre 9782714451903
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