#Roman jeunesse

Nos coeurs tordus

Séverine Vidal, Causse Manu, Johan Papin, Manu Causse

Nouveau venu au collège Georges-Brassens, Vladimir, dit Vlad, a les genoux qui se cognent et les mouvements désordonnés d'un pantin désarticulé... Handicapé de naissance, et passionné de cinéma, il est aussi drôle, sensible, généreux et n'a pas la langue dans sa poche. Lou est séduite... et Vlad tombe amoureux. Mais Lou sort avec le beau Morgan...

Par Séverine Vidal, Causse Manu, Johan Papin, Manu Causse

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SEPTEMBRE

 

 

VLAD


Le jour de la rentrée, c’est un truc important. Ça a toujours été un moment que j’aime bien. Petit, je choisissais mes fringues la veille. Je les étalais par terre ou sur mon lit pour voir ce que ça donnait. J’aimais choisir aussi la bonne trousse, la bonne gomme, le bon cahier de textes. Le matin de la rentrée, j’étais lavé, habillé, cartablé à 7 h 30. Debout (ou presque), sur le palier, à attendre qu’on m’emmène.

– Je suis prêt, Maman, on y va ? Faut pas être en retard.

J’y croyais fort, à chaque fois.

À cause du boulot de mon père, on déménageait souvent. L’idée, c’était de se trouver vite de nouveaux potes. Se faire accepter, être drôle, malin. Compenser.

En général, je déchantais dès le premier soir. L’année serait longue, que des cons à se mettre sous la dent (j’avais le jugement facile, apparemment).

Aujourd’hui, à nouveau, j’y crois.

J’ai choisi le bon look, la bonne coupe, la bonne Monique. Parce qu’il faut toujours une Monique pour commencer une année, non ? Surtout dans un nouvel établissement dont on ne sait pas grand-

chose.

Je descends lentement les escaliers. Maman est déjà devant son café.

Elle a encore plus le trac que moi. Je le sais bien.

Alors, j’arrive tout souriant et je me plante là.

Maman me couve de son petit regard approbateur, comme toujours. Ma plus grande fan.

Elle voit mon jean tout propre, mes cheveux en vrac mais pas trop, mon T-shirt le plus classe. Son Vlad à elle, mais équipé pour affronter le regard des autres.

Et comme chaque matin, elle ne voit pas les genoux cagneux, les hanches en vrille, le dos en virage et les doigts crochus. C’est ça, l’amour d’une mère. Ça me tient debout.

– Je suis prêt. On y va ?

 

 

DYLAN


L’école est très grosse. Il y a beaucoup des élèves.

J’ai peur un peu. Ça m’agite. Alors je dis à Claire Elle est grosse l’école.

Comme je lui dis beaucoup, elle me dit que je me calme. Elle me dit que je peux faire un dessin. J’aime pas faire un dessin quand les gens me voient. Mais j’ai envie d’être calme, alors je dis oui. Claire donne une feuille.

J’ai pas de crayon de couleur alors je dis qu’elle me donne. Elle dit que je peux le prendre tout seul, maintenant je suis en sixième.

La sixième, c’est pas quand on est six, comme l’année dernière (je sais compter jusqu’à plein). La sixième c’est quand on est beaucoup – il y a beaucoup des élèves que je connais pas.

Je les dessine. Les élèves et l’école grosse avec toutes les fenêtres et les couloirs. J’ai peur un peu de me perdre, même si Claire est là. C’est compliqué tous ces couloirs.

Souvent c’est compliqué pour moi à cause de mon handicap que je grandis pas comme les autres. Maman elle aime pas qu’on dit trisomie et surtout pas mongolien qui est un gros mot, elle dit que je grandis pas comme les autres. Elle dit aussi que l’ULIS c’est pour être comme les autres et grandir.

J’ai pas très envie de grandir ce matin. Je préférais l’ancienne école. À celle-là il paraît qu’il y a beaucoup de devoirs.

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