Introduction
Les préadolescents se connectent intensément à la sphère médiatique et leurs consommations se déroulent le plus souvent de façon autonome. Les médias sont devenus pour eux des instances de socialisation à part entière. Les parents et l’école n’ont plus aujourd’hui le monopole de l’éducation, d’autant que les modèles dominants d’autorité parentale accordent une attention particulière au développement personnel et à l’autonomie, qui peuvent faciliter l’influence des discours extérieurs, celle des pairs comme celle des médias, sur les préadolescents. Le rôle « éducatif » des médias dans la transmission de connaissances, ou de savoir-faire, et de valeurs articulées à des normes reste néanmoins encore difficile à évaluer. Rien n’assure notamment que les modèles qu’ils véhiculent soient en accord avec les principes que les parents ou l’école cherchent à transmettre.
Les pédagogues progressistes militent depuis longtemps en faveur d’une place plus grande pour les images et les médias à l’école, de nombreux programmes existent dans ce domaine, encore souvent polarisés sur des œuvres du patrimoine cinématographique et la presse écrite, mais pas seulement [1] . Les médias sont introduits dans les programmes scolaires, mais l’éducation aux médias manque encore de moyens pour que se construise une action d’envergure, notamment hors l’école [2] . Quant aux parents,
conscients de l’importance des médias et de leur propre rôle de médiation à leur égard, ils se sentent cependant souvent inquiets, voire dépassés. Parviennent-ils à éduquer les enfants avec les médias ? Réussissent-ils à leur transmettre des principes de conduite sur ces nouveaux espaces ? Leur autorité est-elle au contraire affaiblie par la fréquentation des médias par leurs enfants ?
Les médias diffusent, parmi d’autres, des contenus considérés comme « susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs », pour reprendre les termes de la réglementation [3] . Aussi les pouvoirs publics et les entreprises médiatiques ont-ils mis en place des dispositifs, comme les classifications de contenu, pour assurer la protection des plus jeunes. Tout en reconnaissant certains risques, ils souhaitent cependant ne pas entraver le développement d’un secteur porteur. Le développement de contenus destinés aux préadolescents et celui de leur équipement personnel (console de jeu, téléphone portable, ordinateur...) font en effet partie des ressorts de la croissance des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et donc de la croissance économique globale. Les classifications, indicateurs chiffrés supposés indiquer au public un âge minimal pour visionner un contenu, sont censées permettre de réguler les contenus tout en autorisant un niveau élevé de liberté d’expression et de communication. Quelle peut être leur efficacité ?
Extraits
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