Editeur
Genre
Littérature étrangère
INTRODUCTION
La littérature chinoise contemporaine est restée jusqu’au début des années 1980 pratiquement absente des librairies et des bibliothèques d’Occident, à la différence des littératures japonaise ou latino-américaine qui ont connu un essor considérable durant la deuxième moitié du siècle qui vient de s’achever. La situation politique de la Chine en est responsable, puisque, de 1966 à 1976, pendant la Révolution culturelle, les écrivains chinois n’ont eu aucune possibilité de s’exprimer, si ce n’est pour chanter les louanges du Parti communiste au pouvoir et de son grand leader. La disparition de Mao Zedong en 1976 a donc été décisive pour la renaissance de la littérature chinoise. Parallèlement, en Occident, le développement des études chinoises a permis la formation de chercheurs et de traducteurs qui se sont attelés à la tâche de faire connaître cette nouvelle littérature, reflet des bouleversements profonds que la Chine a connus à partir de la fin des années 1970. Sous la plume d’écrivains jeunes ou moins jeunes sont nées des œuvres puissantes, originales, inspirées des réalités du pays, mais aussi irriguées par les recherches formelles menées en Occident, au Japon ou en Amérique latine. Nombreux sont les romans ou nouvelles en langue chinoise qui ont été traduits en français depuis deux décennies ; à partir du milieu des années 1990, le rythme s’est accéléré à la mesure de l’engouement du public français pour les arts et la littérature de Chine – tout particulièrement le cinéma, qui a enthousiasmé et conquis un grand nombre d’amateurs, avec les films de Zhang Yimou, Chen Kaige, Jiang Wen, Hou Hsiao-hsien, Wong Kar-wai et bien d’autres. Naturellement, l’attribution du prix Nobel de littérature de l’an 2000 à Gao Xingjian, premier écrivain de langue chinoise à recevoir cette distinction, n’a fait qu’amplifier le phénomène.
Le nombre des traductions reste cependant modeste si on le met en regard avec les centaines d’œuvres qui paraissent chaque année en Chine, mais la sélection déjà effectuée par les traducteurs et les éditeurs peut laisser espérer au lecteur français qu’il dispose d’œuvres de qualité ou qui, au moins, auront été remarquées dans le monde littéraire chinois. L’amateur aborde souvent cette littérature au hasard d’une flânerie en librairie, d’un emprunt dans une bibliothèque ou de la lecture d’ une critique dans la presse. Mais il est quelque peu démuni lorsqu’il cherche des repères pour se retrouver dans le foisonnement de mouvements, courants, écoles, qui ont fleuri depuis la Révolution culturelle, ou tout simplement pour avoir des informations sur les auteurs. Les études restent rares, surtout pour la période la plus récente1. Les articles dans des revues spécialisées sont certes plus nombreux, mais pas toujours faciles à consulter pour tout un chacun.
La production romanesque chinoise est loin d’être issue exclusivement de la Chine continentale. Elle s’est développée selon des voies originales aussi bien à Taiwan et à Hong Kong que dans d’autres régions du monde : Asie du Sud-Est, Etats-Unis d’Amérique et Europe, surtout depuis les événements dramatiques de 1989 qui ont poussé à l’exil nombre d’intellectuels. Cette littérature de la « diaspora » fait figure de parent pauvre en Occident : les études sont quasi inexistantes en français, et seules quelques traductions sont disponibles, même si les éditeurs commencent à s’y intéresser.
Extraits
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