#Essais

Quelle fiscalité pour le XXIe siècle ? Contributions au débat

Rémi Colliat, Yann Echinard

Les auteurs avancent ici que le scénario de «crise fiscale permanente» des années 1970-2013 n’est plus soutenable au vu de l’ampleur de la crise obligataire actuelle. Chômage de masse et exclusion sociale ne permettant plus d’accroître la fiscalité du travail ; détérioration de la redistributivité des modèles nationaux ; croissance des inégalités ; externalités de politiques économiques plus fortes en union monétaire… Seule une réforme d’ensemble des systèmes fiscaux est capable de redonner cohérence, justice sociale, incitations à l’activité économique et in fine à la soutenabilité financière de l’Etat. Dès lors, quatre pistes de réflexion se dégagent : dans quelle mesure l’allégement de la taxation dutravail et l’amélioration de la performance financière des systèmes fiscaux sont-ils possibles ? Les réformes fiscales énoncées traduisent-elles un simple réaménagement ou une remise à plat des systèmes fiscaux ? Quelles sont les marges de manoeuvre des réformes nationales lorsqu’on connaît l’importance des jeux non-coopératifs en union monétaire ? A quel niveau (infra)national ou européen est-il le plus adéquat d’envisager telle ou telle réforme ? Deux parties et dix chapitres structurent le manuscrit. La première partie s’interroge sur l’avenir de la fiscalité face aux enjeux financiers, politiques, redistributifs et environnementaux de la crise, ainsi que sur le nécessaire renforcement du consentement à l’impôt. Si le «grand soir» fiscal ne semble pas souhaitable en raison des effets d’interdépendances entre les structures fiscales et l’efficacité relative de l’interventionnisme public, plusieurs innovations fiscales sont néanmoins discutées. La deuxième partie traite de la concurrence fiscale à différents niveaux de gouvernements, entre collectivités territoriales et entre Etats nations. Elle met en évidence les stratégies d’acteurs entre institutions publiques et l’opposition des vues quant à la recherche d’un design fiscal européen optimal ou des modèles fiscaux européens polymorphes.

Par Rémi Colliat, Yann Echinard
Chez Presses Universitaires de Grenoble

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Genre

Economie

 

 

 

 

 

 

En guise d’introduction

 

 

 

 

RÉMI COLLIAT1 – Université Grenoble-Alpes

YANN ÉCHINARD – Sciences po Grenoble

 

 

Cet ouvrage propose une réflexion scientifique sur les enjeux économiques des systèmes fiscaux européens face aux crises financière et économique que traversent les États membres de l’Union européenne (UE) depuis une quarantaine d’années et plus particulièrement depuis 2008. Dans ce sens, les systèmes fiscaux sont un champ de recherche propice à l’étude des enjeux économiques, sociaux et institutionnels tant au niveau européen, national, social, régional et local.

En effet, depuis les années 1970, les États membres doivent faire face dans leurs besoins et leurs capacités à collecter les impôts aux évolutions sociétales majeures que sont la globalisation et la construction européenne, le progrès technologique, la mobilité croissante des bases imposables, l’augmentation de l’espérance de vie, l’éclatement du modèle familial traditionnel, le creusement des écarts dans la distribution primaire des revenus ou encore le réchauffement climatique.

Paradoxalement à ces exigences structurelles, une fois la qualification pour l’union monétaire obtenue, les États membres de la zone euro profitent d’une « douce négligence » des marchés et des institutions européennes qui leur permet de masquer une absence de réformes dans la réduction des déséquilibres des budgets publics. Autrement dit, l’euro a donné dix ans de répit non utilisé.

Mais, la crise financière de 2007 crée des tensions sur l’économie, répercutées sur les finances publiques par l’intermédiaire des stabilisateurs économiques. Ceux-ci accroissent les déséquilibres par une hausse des dépenses publiques et un ralentissement des rentrées fiscales concomitant à la chute de l’activité économique et sous l’effet du maintien de nombreuses exonérations fiscales et abattements. Par conséquent, la réduction des marges de manœuvres des États se profile quand ils en ont le plus besoin.

Les États gèrent difficilement cette dualité en imposant des critères de gestion plus rigoureux (New Public Management) et en jouant sur la structure des prélèvements tout en assurant un taux de croissance des dépenses publiques supérieur au taux de croissance de l’économie. Si la demande sociale d’interventionnisme public est pérenne voire croissante, les États se heurtent néanmoins à une remise en cause : de l’efficacité des politiques redistributives interrégionales sur la croissance économique ; de l’efficacité et de l’équité des politiques redistributives interpersonnelles entre catégories de revenus ; et finalement, de l’efficacité de la collecte et du partage des recettes fiscales entre niveaux de gouvernements.

En particulier, la concurrence fiscale sur les facteurs de production les plus mobiles (capital financier, travailleurs qualifiés) est accrue par le niveau élevé d’intégration économique et monétaire des États membres de la zone euro et l’hétérogénéité croissante de l’UE face aux élargissements successifs. Si l’harmonisation fiscale européenne n’apparaît pas souhaitable au vu de la diversité des préférences collectives qui s’exprime en termes d’interventionnisme public, la coordination fiscale entre les gouvernements nationaux est particulièrement difficile pour ce domaine régalien qui réclame l’unanimité des États membres.

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06/11/2014 272 pages 27,10 €
Scannez le code barre 9782706118302
9782706118302
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