#Polar

Loi martiale a Kaboul

Gérard de Villiers

Malko balaya la pièce du regard, l'estomac noué. Pas la moindre ouverture ni rien pour se défendre. Soudain, le premier molosse franchit la cloison, babines retroussées sur d'énormes crocs blancs, ses yeux jaunes rivés à Mako. Derrière, les autres se bousculaient, prêts à déchiqueter cet intrus, comme on les avait dressés à le faire.De 1965, année du premier SAS, « SAS à Istanbul », à sa disparition en octobre 2013 Gérard de Villiers, l'auteur de cette collection de livres d'espionnage, a écrit et publié 200 SAS. Le héros, Malko Linge, est un Prince Autrichien et agent de la CIA. Souvent accompagné de son fidèle majordome et garde du corps le redoutable Elko Chrisantem. Propriétaire du château de Liezen et fiancé à Alexandra, une blonde sulfureuse.Ces romans ont la particularité de mêler voyages exotiques et intrigues des services de renseignement.Un article de janvier 2013 paru dans The New York Times revient sur la longue et prolifique carrière de l'auteur et sur l'intérêt que portent les services secrets du monde entier à ses écrits. En effet, certains des événements décrits dans les aventures de Malko se sont étrangement reproduits, parfois presque à l'identique. Une référence en géopolitique.

Par Gérard de Villiers
Chez Gérard de Villiers

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Genre

Policiers

CHAPITRE PREMIER
Deux énormes Iliouchine 96 quadriréacteurs d’un blanc éblouissant, la dérive frappée du drapeau rouge soviétique, s’élevaient lentement en spirale au-dessus de Kaboul, se détachant sur le ciel bleu. Les leurres qu’ils lâchaient au fur et à mesure de leur ascension pour détourner les éventuelsstingers des moudjahidin retombaient gracieusement derrière eux en traînées blanchâtres, comme un feu d’artifice silencieux.
Les deux appareils du pont aérien soviétique avaient décollé à quelques minutes d’intervalle, juste avant l’arrivée du Tupolev 154 des lignes afghanes en provenance de Delhi, seul lien aérien commercial avec le monde extérieur. Ses passagers se pressaient à l’entrée du hangar minable et glacial baptisé aérogare, sous le regard bovin de soldats dépenaillés. Leur solde de 3 000 afghanis par mois leur permettait tout juste de ne pas mourir de faim. Quelques Indiens, des Afghans enturbannés et une femme blonde de haute taille aux cheveux frisés, vêtue d’un jeans et d’une longue veste de toile molletonnée, un sac bourré d’appareils photo sur l’épaule, chaussée de courtes bottes fauves. Un soldat lui fit signe de ne pas faire la queue avec les autres passagers et prit son passeport.
Il le tendit au policier installé dans une guérite de bois, qui contrôlait tous les documents de voyage. Ce dernier regarda la première page, nota sur une feuille : Jennifer Stanford, nationalité australienne, profession photographe de presse. Après avoir vérifié le visa, il rendit le passeport à sa propriétaire avec un sourire. Depuis des semaines, à part les Indiens installés à Kaboul, les seuls étrangers à s’aventurer en Afghanistan étaient des journalistes, admis au compte-gouttes.
Jennifer Stanford se mit à la recherche de ses bagages, observée par quelques barbouzes du Khad qui traînaient dans l’aérogare, attentifs à tout ce qui venait de l’extérieur. L’un d’eux, un gros joufflu aux yeux bleus globuleux, portant un manteau de cuir élimé, lui adressa un sourire cauteleux. Elle en profita pour lui demander en anglais :
– Où récupère-t-on les bagages ?
Ravi de lui parler, le policier affirma :
– On va les apporter. D’où venez-vous ?
– D’Australie.
– Votre premier voyage en Afghanistan ?
– Oui.
Elle s’éloigna et il la suivit des yeux. Se disant qu’elle mentait probablement. La plupart des journalistes passaient de Kaboul aux maquis des moudjahidin. Ce qui n’était pas simple. Pour aller chez les moudjahidin, il fallait transiter par le Pakistan. Or, il n’y avait pas de liaison Kaboul-Pakistan. Il fallait donc faire Kaboul-Delhi-Islamabad.
Jennifer Stanford se mit à errer dans le petit bâtiment désespérément vide. Pas de guichet de change, pas de boutiques, pas de bureaux d’hôtels ou de location de voitures. Même pas un comptoir d’information ! En plus, les vitres donnant sur l’extérieur étaient barbouillées de peinture, pour qu’on ne puisse pas voir les appareils militaires stationnés sur l’aéroport.
Un froid glacial régnait dans cet endroit sinistre et les passagers afghans disparaissaient un à un, chargés d’invraisemblables baluchons. Seuls demeuraient ceux qui avaient des bagages enregistrés. L’attention de Jennifer Stanford fut soudain attirée par une discussion animée à l’endroit où se tenaient les douaniers filtrant les arrivants. Un homme de haute taille à la blanche crinière ébouriffée, au nez énorme, emmitouflé dans une canadienne et un cache-nez, invectivait d’une voix de bronze les douaniers pour qu’ils le laissent pénétrer dans l’aérogare. Lassés, ils finirent par accepter et il fit irruption dans le local, visiblement très énervé. Il inspecta du regard les quelques Afghans qui attendaient encore puis fonça en boitillant sur Jennifer Stanford.
– Miss, demanda-t-il. Vous étiez sur le vol de Delhi ?
Son sourire charmeur faisait oublier son menton fuyant et son visage plutôt ingrat de vieux reître.
– Oui, répondit-elle. Pourquoi ?
Il lui tendit la main d’un geste plein de chaleur.
– Elias Mavros, du quotidien Rizopaktis. Mon taxi est tombé en panne d’essence et je venais chercher un ami, un grand type brun qui...
Jennifer l’interrompit.
– J’étais la seule étrangère dans l’avion, il a dû le rater... Il a eu deux jours de retard. On nous a dit à Delhi qu’il neigeait ici...
– C’est vrai ! C’est vrai ! approuva le journaliste grec. C’est ennuyeux, il devait m’apporter de l’argent... Enfin ! Vous venez pour la première fois à Kaboul ?
– Oui. Vous savez comment on va à l’hôtel Intercontinental ? C’est là que sont tous les journalistes, non ?
Elias Mavros émit un rire joyeux.
– Pas moi ! Je suis au Kabul, parce que mon journal est très pauvre. Là, je paie seulement 15 dollars. Évidemment, il n’y a pas d’eau chaude et ce n’est pas chauffé... Mais je me considère comme un révolutionnaire, pas comme un journaliste...
Elle le fixa, amusée.
– Ah bon, pourquoi ?
– Je suis membre du Parti communiste grec et je suis ici pour encourager nos camarades du Parti démocratique populaire afghan dans leur lutte contre les extrémistes criminels soutenus par le Pakistan, déclama-t-il, ajoutant aussitôt avec malice pour atténuer sa langue de bois : ceux que vous appelez les moudjahidin.
Jennifer Stanford sourit devant ce vieil illuminé sympathique qui, à l’âge de la retraite, se battait encore pour ses idées.
– Je ne fais pas de politique, dit-elle.
Elias Mavros lui adressa un sourire chaleureux.
– De toute façon, puisque mon taxi a trouvé de l’essence, je vous déposerai avec plaisir à l’Intercontinental .
– Merci, accepta l’Australienne. Mais il faut que je récupère d’abord mes bagages.
– Je m’en occupe ! assura le journaliste grec.
Il se mit à virevolter dans tous les coins, interpellant les soldats et les policiers qui ne comprenaient pas un mot de ce qu’il disait, s’expliquant par gestes, jusqu’à ce qu’un Afghan lui désigne un chariot à bagages qui semblait abandonné dehors, en face de la porte ouverte de l’aérogare ! Personne ne se souciait de le décharger.
Jennifer y récupéra un gros sac qu’Elias Mavros insista pour porter. Ensemble ils franchirent la douane sans le moindre problème. Le mot « journaliste » ouvrait toutes les portes. Le régime du président Najibullah, accusé de diverses horreurs dont l’assassinat d’environ 35 000 opposants dans des conditions particulièrement barbares, faisait un gros effort de relations publiques.
Un malheureux Afghan, une couverture sur le dos, ridé, barbu et enturbanné, leur jeta un regard envieux. Le douanier qui s’occupait de lui était en train de compter un à un les douzaines d’œufs qu’il avait ramenés de Delhi, lui en piquant la moitié au passage...
Beaucoup de produits manquaient à Kaboul, de l’essence au sucre, à cause du blocus mou des moudjahidin. Ceux-ci coupaient régulièrement les routes menant à la capitale et prélevaient des taxes exorbitantes sur ce qu’ils laissaient passer.
À peine étaient-ils dehors qu’un Afghan long comme un jour sans pain, au visage chevalin de clown triste, les cheveux plaqués en arrière comme un danseur mondain des années 30, un pardessus élimé sur les épaules, se précipita sur le sac de Jennifer.
– C’est Khaled, mon chauffeur, expliqua Elias Mavros, il travaille au ministère des Affaires étrangères, mais il fait aussi le taxi.
L’autre marchait déjà devant eux, courbé sous le poids du sac, écartant brutalement les gosses qui se ruaient pour porter des bagages plus lourds qu’eux contre quelques afghanis. L’aéroport était entouré d’une sorte de no man’s land de près d’un kilomètre, interdit même aux taxis, où les voyageurs traînaient leurs bagages comme ils le pouvaient.
Ils arrivèrent à la barrière derrière laquelle attendaient les visiteurs et les taxis. Transis. Malgré le ciel bleu, la température était glaciale.
Jennifer et Elias Mavros prirent place dans le taxi jaune, une Volga portant à l’arrière un autocollant « Toyota ». Où allait se nicher le snobisme ?
Le taxi s’engagea dans une immense avenue rectiligne, filant vers le sud-ouest. Peu de véhicules. Un blindé léger était en position devant la grille de l’ambassade américaine désertée par ses occupants. Au départ des Soviétiques, toutes les ambassades occidentales avaient plié bagage, afin d’exprimer leurs réserves envers le gouvernement Najibullah. Il ne restait guère, avec les pays de l’Est, que les Turcs et les Indiens. Partout des Afghans à pied, lepacol ou le turban enfoncé jusqu’aux oreilles, une couverture sur les épaules, par-dessus la chemise descendant jusqu’aux genoux, les entassements de chandails et le charouar, le pantalon bouffant, pas rasés, mal vêtus, résignés.
Les maisons en terre se succédaient, avec de rares immeubles modernes. Kaboul se composait en grande partie de ces avenues immenses, rectilignes, bordées d’une maigre végétation rongée par le froid, sans boutiques et, la plupart du temps, sans nom. Comme si la ville avait grandi trop vite. Des terrains non construits, des murs entourant des propriétés abandonnées, des blocs cubiques, hideux, abritant des administrations.
– C’est calme ? demanda Jennifer.
Elias Mavros hocha la tête avec gravité.
– Très. Le président Najibullah a la situation bien en main. Tout ce que les « moudjs » peuvent faire, c’est balancer quelques roquettes tous les matins qui tuent des enfants au hasard. C’est du terrorisme.
Ils s’approchaient du centre et c’était un peu plus animé, avec des boutiques, plus de piétons et pas mal de voitures. Pratiquement à chaque carrefour, un blindé était embusqué, soutenu par des fantassins. La population semblait ne pas les voir.
Khaled ralentit : un check-point militaire filtrait les véhicules venant de la périphérie, vérifiant les papiers et faisant ouvrir les coffres.
Dès qu’ils virent qu’ils avaient affaire à des étrangers, les soldats leur firent signe de passer.
Elias Mavros regarda soudain sa montre.
– Ça vous ennuierait qu’on s’arrête une seconde au Bazar avant d’aller à votre hôtel ? Je dois rencontrer un type qui m’a promis de me vendre une tenue molletonnée de l’armée soviétique. On n’en trouve plus.
– Pas du tout, assura Jennifer Stanford.
Elle essayait de s’imprégner de cette ville étrange, laide, plate, anachronique, où flottait le fumet de l’aventure.
Le journaliste grec expliqua au chauffeur ce qu’il voulait et ce dernier bifurqua vers le centre.
Ils atteignirent la Kabul River, maigre filet d’eau traversant la ville d’est en ouest, et Kahled stoppa en face de la mosquée Pule Kheshti, à la limite du bazar Char Chatta. Brusquement, l’animation succéda au vide des grandes avenues. Une foule grouillante déambulait sur la chaussée et les trottoirs. Des centaines de boutiques offraient un bric-à-brac inouï, relayées par des éventaires posés à même le trottoir. Que des hommes, à part quelques rares femmes en chadri. Ils traversèrent la large avenue Maiwand pour gagner une des entrées du Bazar, près de la mosquée. Même à côté de ce lieu saint, l’Orient reprenait ses droits.
Des dizaines de chapkas d’astrakan étaient accrochées aux grilles entourant le jardin de la mosquée. Accroupis sur le trottoir, les vendeurs rameutaient le client à grands cris. D’autres offraient sur de petits chariots des brochettes, des pâtisseries, des cigarettes et des morceaux de sucre à l’unité, des vieux vêtements. Cela sentait le pétrole, les épices et la graisse trop cuite.
– Attends-nous là, Khaled ! ordonna le journaliste grec.
Il s’engagea dans une des ruelles contournant la mosquée, Jennifer sur ses talons. Sur un kilomètre carré, c’était un invraisemblable enchevêtrement de voies tortueuses et étroites, un vrai labyrinthe où on vendait de tout. Les échoppes s’alignaient les unes à côté des autres à perte de vue, occupant le rez-de-chaussée de vieilles maisons de bois prêtes à s’écrouler, ornées parfois de balcons sculptés encombrés d’objets divers. Émmitouflés dans plusieurs épaisseurs de loques, les marchands attendaient le client, stoïques dans le froid glacial.
Ils durent zigzaguer entre les sacs de semoule, d’épices, de riz, de safran, entassés un peu partout. C’était le souk de la nourriture. Un peu plus loin, quelques carcasses sanguinolentes étaient pendues à une corde tendue entre des maisons : un boucher.
Une odeur délicieuse filtrait d’une petite boutique carrée assaillie par une foule compacte. Un enfant s’en dégagea et faillit renverser Jennifer, serrant sur son cœur une pile de nan tout chauds. Une boulangerie. Il n’y avait jamais assez de pain à Kaboul et c’était le seul endroit où on faisait la queue.
Jennifer se retourna. Elle avait l’impression un peu angoissante que le Bazar s’était refermé sur elle, qu’il était impossible de retrouver son chemin dans ce labyrinthe de venelles toutes identiques, sans le moindre point de repère. Pourtant, Elias Mavros semblait se diriger sans problème.
Elle dérapa sur le sol verglacé et Mavros la retint de justesse. Un portefaix cassé en deux, hâve, dépenaillé, le regard vide, manqua les projeter dans des sacs de pois chiches, croulant sous une charge plus lourde que lui. Les marchands assis en tailleur au bord de leur échoppe suivaient d’un regard curieux cette femme dévoilée. Toutes les Afghanes disparaissaient sous des chadri verdâtres ou jaunes, les couvrant de la tête aux pieds, avec une grille de tissu à la hauteur des yeux.
Ils croisèrent une patrouille de soldats à la file indienne, sanglés dans des uniformes kaki, coiffés de chapkas russes bleuâtres, la Kalachnikov à l’épaule. Au passage l’un d’eux prit une orange et la mit dans sa poche.
– Elles viennent d’Herat, dans le sud du pays, expliqua Elias Mavros, mais elles sont trop chères pour la plupart des Afghans.
Brutalement, le paysage changea quand ils bifurquèrent dans une autre ruelle. Plus d’épices ou de légumes secs, mais des alignements de cages à oiseaux, avec parfois des volatiles à l’intérieur. Même la guerre n’avait pas ôté aux Afghans leur goût pour les oiseaux. Un petit Hazara6 aux yeux bridés comme un Chinois, boudiné dans une veste molletonnée, décrocha une cage dorée avec un merle noir et poursuivit Jennifer en la brandissant devant elle.
Celle-ci faillit buter sur un homme accroupi dans un coin, le turban jusqu’aux yeux. La couverture jetée sur ses épaules dissimulait mal sa Kalachnikov. Elias Mavros expliqua à l’Australienne :
– Un indic du Khad. Il y en a plein le Bazar.
Beaucoup se font assassiner. Ce sont de pauvres diables qui risquent leur vie pour nourrir leur famille.
Le souk aux oiseaux se terminait, faisant place à des marchands de tissu. Elias Mavros s’arrêta devant un passage étroit zigzaguant entre les maisons à demi écroulées, s’enfonçant au cœur du Bazar.
– C’est ici.
Elle le suivit. Un peu plus loin, un tailleur installé devant une vieille Singer cousait avec application en plein air, malgré le froid, emmitouflé dans des bardes sans couleur. Les maisons étaient collées les unes aux autres, probablement pour les empêcher de s’effondrer, avec des portes de bois peintes en bleu.
Elias Mavros s’arrêta devant l’une d’elles et frappa plusieurs coups sur le battant.
La porte s’ouvrit et le journaliste grec s’effaça pour laisser entrer Jennifer Stanford. La pièce était glaciale, éclairée par une ampoule jaunâtre, sans fenêtre. Cela sentait l’humidité et la graisse rance.
Elias Mavros referma la porte.
– Voici mon ami Gulgulab, annonça-t-il d’un ton jovial.
Un Afghan s’approcha du fond de la pièce.
Jennifer distingua un homme de petite taille, avec des épaules très larges moulées par un gros pull marron strié de bandes blanches par-dessus lequel il portait une poustine7 sans manches. Son visage était étonnant. On aurait dit qu’il portait une cagoule ! Ses épais cheveux noirs descendaient très bas sur son front, presque au niveau de ses sourcils, dans une frange irrégulière qui semblait égalisée à la hache. Une barbe noire et fournie lui mangeait les joues, cachant le bas du visage, Jennifer reçut le choc de deux yeux perçants, fixes, presque hallucinés, et éprouva une sensation de malaise. Elle se força pourtant à lui tendre la main avec un sourire.
– Hello Gulgulab.
Gulgulab, ignorant la main tendue, fit un pas en avant. Jennifer ne voyait plus que les durs yeux au milieu de la masse noire des cheveux et de la barbe. Ses bras se détendirent comme des ressorts et deux mains noueuses se refermèrent autour du cou de la journaliste australienne.
Surprise, Jennifer Stanford recula jusqu’au mur derrière elle. Gênée par son sac d’appareils photos, elle mit quelques secondes à réagir. Affolée, stupéfaite, la respiration déjà coupée, des larmes plein les yeux, elle chercha du regard Elias Mavros. Le journaliste grec avait disparu ! S’esquivant par la porte de la rue, vraisemblablement. Elle se trouvait seule avec ce barbu aux yeux fous, accroché à elle comme un bouledogue.
Le premier moment de panique passé, elle se mit à lutter automatiquement sans chercher à comprendre la raison de cette incompréhensible agression ! Déjà, son cerveau, mal irrigué, fonctionnait au ralenti.
Elle envoya un violent coup de pied à son agresseur qui ne sembla même pas s’en apercevoir. Désespérément, elle tenta, sans y parvenir, de défaire l’étreinte des doigts plantés dans sa gorge. En dépit de sa petite taille, Gulgulab avait une force étonnante. Leurs regards se croisèrent et à la lueur del’ampoule jaunâtre, Jennifer lut dans celui de l’Afghan la volonté farouche, presque joyeuse, de la tuer. La panique la submergea et elle cria :
– Elias ! Elias !
 
 

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13/07/2016 252 pages 7,50 €
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