#Roman jeunesse

Si c'est une petite fille

Beatrice Masini

Une mère trop tôt disparue et sa fille de six ans se racontent entre réalité et au-delà. La petite fille confie à sa mère les peines et les joies de sa nouvelle vie dans le collège où l'ont placée ses tantes. Elle lui parle aussi de leur passé commun. Curieusement, d'un monde qui nous est étranger, la mère répond, mais seul le lecteur peut l'entendre. Elle avoue sa tristesse, ses erreurs, ses regrets, ses espoirs. Et d'une histoire triste, on passe à un récit d'espérance.

Par Beatrice Masini
Chez La Joie de Lire

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Genre

Lecture 9-12 ans

 

 

 

 

 

 

 

la tenue que l’on m’a donnée est horrible maman toi qui disais toujours pas de noir pour les petites filles regarde-moi maintenant ou plutôt non ne me regarde pas car je fais peur avec cette jupe noire ces chaussettes noires ces chaussures noires même le manteau est noir ainsi que le tablier seul le chapeau est couleur de la paille mais il a un ruban noir je ne veux pas m’habiller en noir parce que tu n’aimes pas ça et si tu me rencontrais dans la rue que penserais-tu ? ce n’est pas ma petite fille elle ne s’habillerait jamais en noir voilà ce que tu penserais et tu partirais droit devant toi je ne pourrais pas t’arrêter et me mettrais à pleurer comme dans le rêve que je fais toujours maman dans lequel tu marches dans l’allée des sycomores tu t’en vas droit devant toi de dos je t’appelle tu ne te retournes pas je te cours après tu ne te retournes pas et quand j’arrive presque à t’attraper tu disparais puis je me réveille et je suis ici dans le noir au milieu de cette obscurité noire comme ma tenue viens me chercher maman et apporte-moi la robe blanche la robe d’été qui a de la dentelle sur le col tu me la mettras même s’il fait froid et puis tu diras cette petite fille-là est bien la mienne tu me prendras dans tes bras et nous rentrerons ensemble à la maison est-ce que je peux rentrer à la maison maintenant ? excuse-moi d’avoir été un peu méchante mais je suis restée suffisamment au pensionnat maintenant tu verras je suis devenue très gentille même sœur Giustina dit toujours comme elle est gentille alors je peux rentrer ? et si tu venais me chercher tout de suite et m’emmenais manger une glace face aux arènes de Vérone si tu ne veux pas ça ne fait rien puis nous irions rejoindre grand-père qui nous attendrait avec la voiture à la porte Nouvelle nous allons à la maison maintenant n’est-ce pas ? allez maman viens me chercher car je n’aime pas l’obscurité elle a cette odeur de noir et de petites filles maman les petites filles ne sentent pas bon je veux ouvrir ton armoire et mettre mon nez dans tes vêtements est-ce que je peux maman ? je ne mettrai pas le bazar je veux seulement sentir ton odeur de chaud de parfum et m’en mettre une goutte est-ce que je peux maman ? d’accord c’est toi qui m’en mets est-ce que je suis une jolie petite fille ? est-ce que je suis une petite fille sage ? alors si je suis une petite fille sage pourquoi est-ce que tu ne viens pas me chercher s’il te plaît je ferai tout ce que tu veux je resterai assise sur le lit sans bouger ni parler comme la grande poupée brune je ne casserai pas la grande poupée brune dont les yeux ne se ferment plus quelqu’un l’a cassée ce n’est pas moi on l’a cassée le jour de la poussière est-ce que tu te souviens de la poussière ? mais où est-ce que tu étais maman ? tu t’es cachée et je ne t’ai plus vue allez c’est toi qui as gagné à cache-cache maintenant sors s’il te plaît maintenant s’il te plaît

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trad. Sophie Gallo-Selva
01/09/2004 158 pages 8,50 €
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