7 janvier 1975
Tout ce qui est d’un tout lui fait obstacle en tant qu’il s’y inclut
Le vieil Hegel scindé. – Scission, détermination, limite. – Esplace et horlieu. Déviations de droite et de gauche.
1
Il y a dans Hegel, et c’est ce qui fait de la fameuse histoire de la gangue et du noyau une douteuse énigme, deux matrices dialectiques. C’est le noyau lui-même qui est fendu, comme dans ces pêches, du reste irritantes à manger, dont un coup de dents fêle aussitôt l’objet dur intérieur en deux moitiés pivotantes.
Encore dans la pêche y a-t-il un noyau du noyau, l’amande amère de sa reproduction comme arbre. Mais la division de Hegel, nous n’en tirerons nulle unité seconde, même scellée d’amertume.
Il faut comprendre ce que Lénine répète un peu partout, la bonne nouvelle rétrospective : Hegel est matérialiste ! Car la seule opposition d’un noyau dialectique (acceptable) et d’une enveloppe idéaliste (exécrable) ne vaut rien. La dialectique, pour autant qu’elle est la loi de l’être, est nécessairement matérialiste. Si Hegel y a touché, il faut qu’il soit matérialiste. Son autre versant sera celui d’une dialectique-idéaliste, en un seul mot, qui n’a rien de réel, fût-ce au registre de l’indication symbolique inversée (la tête en bas, comme dit Marx).
Ainsi faut-il démêler au cœur de la dialectique hégélienne deux processus, deux concepts du mouvement, et non pas seulement une Justesse de vue sur le devenir corrompue par un système subjectif du connaître. Soit, par exemple :
a) Une matrice dialectique couverte parle vocable d’aliénation ; idée d’un terme simple qui se déploie dans son devenir-autre, pour revenir en soi-même comme concept achevé.
b) Une matrice dialectique dont l’opérateur est la scission, le thème : il n’est d’unité que scindée. Sans le moindre retour sur soi, ni connexion du final et de l’inaugural. Pas même le « communisme intégral » comme retour, après l’extériorisation dans l’État, au concept dont le « communisme primitif » serait l’immédiateté simple.
Encore n’est-ce pas si simple, loin de là.
2
Partons d’une notion creuse, à la fois limitée et prodigieusement générale. La notion du « quelque chose », forme première, dans la Logique de Hegel, de l’être-là.
L’objectif de Hegel, avec son « quelque chose », n’est rien moins que d’engendrer la dialectique de l’Un et du multiple, de l’infini et du fini, le principe de ce que nous, marxistes orthodoxes, appelons l’accumulation quantitative, laquelle, comme chacun sait, est censée produire un bond qualitatif.
Le mystère est d’ailleurs que tout cela, dans la Logique de Hegel, est à la rubrique « qualité », laquelle, dans l’ordre d’exposition, précède la quantité.
Mais c’est Hegel qui a raison, comme toujours. Car de l’Un on ne peut rien dire sans engager le qualitatif et la force. C’est pourquoi un des objectifs de ce que nous disons ici est d’établir que le fameux « bond » du quantitatif au qualitatif, loin d’être de l’aune dont on fait sauter les thermomètres, inclut un effet de Sujet.
Extraits
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