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Psychologie, psychanalyse
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Avant-propos
Ce livre est un « écrit » d'après une conférence faite à Grenoble le 13 octobre 1984 à des psychologues, des médecins et des travailleurs sociaux1.
Je désirais faire saisir à cette partie si importante de la population qui s'occupe d'éducation, d'enseignement, de soins aux enfants et aux jeunes en difficultés physiques, psychiques, affectives, familiales ou en difficultés sociales, l'importance des paroles dites ou non dites sur des événements qui marquent actuellement ou ont marqué la vie d'un enfant, souvent à son insu et parfois à l'insu de son entourage.
Peu d'entre les auditeurs étaient formés à la psychanalyse, y compris Mme Combaz elle-même qui avait organisé la rencontre. Mais tous voulaient comprendre ce que la psychanalyse pouvait éclairer de leurs questionnements quotidiens au cours de leur travail relationnel auprès des enfants dont ils avaient la charge à des titres divers.
Mon propos était d'éveiller ce public d'adultes, vivant au contact d'enfants, au fait que l'être humain est avant tout un être de langage. Ce langage exprime son désir inextinguible de rencontrer un autre, semblable ou différent de lui, et d'établir avec cet autre une communication.
Que ce désir est inconscient plus encore que conscient, c'est ce que je voulais faire saisir. Que le langage parlé est un cas particulier de ce désir et que, bien souvent, ce langage parlé fausse la vérité du message, à dessein ou non. Que les effets de ce jeu de masques de la vérité sont toujours dynamiques – je veux dire vitalisants ou dévitalisants –, pour la personne en cours de développement, l'enfant concerné.
Voilà ce que je voulais éclairer par l'expérience de nombreuses années de pratique psychanalytique avec des enfants, des adolescents, des parents, des adultes tutélaires, douloureusement éprouvés les uns et les autres par des incompréhensions mutuelles, parfois précocissimes, et alors plus traumatisantes pour l'avenir.
Je livre ici la transcription retravaillée de trois ou quatre heures d'échange. Les auditeurs posaient de nombreuses questions touchant leur pratique éducatrice ou sociale quotidienne. J'ai tenté d'éclairer les problèmes qui étaient posés du point de vue de la dynamique du sujet lui-même, l'enfant, à travers le problème existentiel d'objet qui paraît toujours dominer dans le souci des éducateurs et des parents.
Il me paraît qu'un travail comme celui-ci éclaire, mieux que les écrits théoriques, beaucoup de personnes engagées dans le travail social avec des jeunes en situations difficiles.
J'espère faire comprendre ainsi le rôle du « parler vrai », le vrai tel que ces adultes le communiquent à des enfants qui, non seulement le désirent inconsciemment, mais ont besoin de la vérité et y ont droit, même si leur désir conscient lorsqu'ils s'expriment en paroles, à l'invitation des adultes, préfère le silence trompeur qui génère l'angoisse, à la vérité, souvent douloureuse à entendre mais qui, si elle est parlée et dite de part et d'autre, permet au sujet de s'en construire et de s'en humaniser.
Extraits
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