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L'avènement du numérique ne fait pas que des heureux : ainsi Indigo, l'Amazon canadien, a annoncé que malgré le lancement de sa plateforme pour mobile, permettant d'acheter des ouvrages numériques ne sera pas suffisante pour compenser ce que la librairie prévoit comme une baisse des ventes de 15 % au cours des cinq prochaines années, en raison de l'arrivée... justement des livres électroniques.

Selon ses chiffres, les ventes de livres numériques ne représentent que 2 % du marché américain pour l'heure et moins de 1 % pour l'année 2008. Pour l'heure, Indigo reste l'un des seuls marchands à ne pas encore avoir lancé son lecteur ebook pour compléter son application sur mobile.

Si les boutiques de brique et de mortier sont en péril et que la librairie tremble, l'invasion progressive du numérique ne justifie cependant pas tout. Et pour Heather Reisman, PDG d'Indigo et bibliophile, les moyens de capter l'attention existent encore. Et les plans de la société pour retenir enfants et parents passeront... par des accessoires qui ne sont pas des livres.

... alors trouver autre chose

Les jeux éducatifs pourraient grossir dans les rayons du marchand, attendu que les parents semblent avoir une demande forte pour cela. Mais les jeux vidéo, voitures télécommandées et autres choses de ce genre pourraient, aux côtés des DVD de Dora l'exploratrice, faire leur apparition.

Et si Heather s'en est émue dans les premiers temps, s'inquiétant de ce que les jouets cannibaliseraient les ventes de livres, finalement, c'est une peu le système inverse : les clients achètent des jouets, mais continuent de flâner dans les rayons de livres. Et pour les adolescents, que faire ? Faire confiance à Twilight, qui a dynamisé les ventes de 200 % en 5 ans...

Bon, avec la mainmise d'Indigo sur le Canada, ce n'est pas non plus demain que la chaîne perdra réellement pied sur le secteur, mais ses idées de poursuites et de développement méritent qu'on s'y attarde pour mieux considérer les opportunités que le secteur français pourrait explorer.

Ou explore déjà...

À peine deux mois se seront passés depuis les derniers résultats des librairies indépendantes du Québec, et voilà que l'on assiste à un renversement de la vapeur ?

Patrimoine canadien vient de publier une étude annonçant que 67 % du marché serait occupé par les chaînes et mégalibrairies, affirmant ainsi que les 2.000 libraires indépendants du Canada francophone perdent du terrain.

Mais leurs confrères de la zone anglaise subissent plus durement encore cette montée. Précisons par ailleurs que les ventes sur le net et par correspondance sont exclues de cette répartition.

André Vanasse éditeur de XYZ, avait ouvert dans la zone anglaise une filiale fin 90, dont il s'est séparé récemment analyse la situation : « Au Québec, l'éditeur doit payer 40 % au libraire, alors qu'ailleurs au Canada, les grandes chaînes exigent maintenant jusqu'à 47 %. Et si une chaîne refuse de vendre un de nos titres, on perd d'emblée l'accès à 60 % du marché. »

Ainsi, le soutien d'une grosse chaîne de distribution est indispensable, selon lui, pour qu'un livre puisse parvenir à toucher le public. Et ce sont les ventes au rabais desdites chaînes que l'étude pointe du doigt, comme menaçante pour l'avenir. Les frais de port offerts par Amazon en France semblent montrer que la France est encore peu touchée par toutes les complications du monde d'outre-Atlantique.

Selon l'étude, 4 % des livres vendus le seraient à travers Internet, notamment Amazoin, justement et d'autres cybermarchands.

Les solutions sont simples : développer une interface internet et « la vente directe au consommateur », précise Jack David, d'ECW Presse. Et de son point de vue, poésie et nouvelles seront les premiers genres littéraires à pâtir de ce nouveau marché. Les chaînes misent avant tout sur la rentabilité des gros titres...