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Le retour de Ça de Stephen King au cinéma avec le succès que l’on connaît (en France aux alentours de 2 millions d’entrées) ; l’incroyable triomphe de la série Stranger Things saison 1 et 2 sur Netflix ; en littérature jeunesse, un roman fait également parler de lui sensiblement sur les mêmes thèmes, un premier roman d’un auteur inconnu, Colorado Train de Thibault Vermot.

ROMAN FRANCOPHONE - Loup, enfant lunaire, adolescent étrange ne sachant plus distinguer le réel de son imaginaire n'a jamais oublié sa sœur Paloma partie depuis si longtemps après une violente dispute avec leur mère. Malgré la promesse de revenir un jour le chercher, les années ont passé et Paloma n'est jamais revenue, ne laissant à Loup qu'un désir, qu'une obsession : rejoindre sa sœur aînée.

BANDE-DESSINÉE - Ils sont apparus dans le sol, quand les eaux se sont retirées. Enfoncés dans la surface comme des bulbes de plantes, ils sont sortis de terre et les humains ont fini par les en extirper. Qui ? Les épihanians qui donnent le titre à cette extraordinaire série, aussi étrange que stimulante. Un projet dont le troisième et dernier volet vient confirmer la fabuleuse vitalité.

Alors qu’il rêve au bord de la mer, un jeune garçon est abordé par un homme étrange qui lui parle de ce don (ou cette calamité) qui s’est abattu sur lui à partir du moment où il fut avéré que ses actes défiaient les lois des probabilités, déformant en quelque sorte la réalité autour de lui. Temps gelé de Thierry Acot-Mirande couvre un large spectre.

Dans ses chassés-croisés, l’auteur dépeint un grand voyage entre la France, la Namibie et le Vietnam pour nous dire que le monde est apparemment un bel endroit. À travers le prisme d’un animal étrange et du sort qui lui est fait, le lecteur vaque de rencontre en rencontre, de scène en scène dans ce monde qui s’annonce, beaucoup plus vil et hostile qu’il n’y paraît.

Il peut à première vue sembler étrange, voire incongru qu’un roman dont le narrateur est enfermé dans une prison canadienne soit une telle ode au libre arbitre. Pourtant, dans Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, lauréat du Goncourt 2019, Jean-Paul Dubois affirme la puissance du choix dans un monde livré à l’absurdité. L'ouvrage s'est déjà vendu à plus de 633.000 exemplaires (données Edistat).

Le récit débute avec le chargement d’une camionnette par quatre amis qui la remplissent d’objets hétéroclites. L’étrange cargaison ne trouve pas véritablement de cohérence tant elle s’avère composite et, de plus, factice selon les dires du propriétaire du camion. L’équipée se met alors en route en vue de braquer une banque. Sur le chemin, de courts récits dépaysants révèlent les origines de ces objets tandis que les cambrioleurs en herbe accumulent les déboires. 

Quand la violence ne déborde pas, il crie après tout. Après la mère. Après l’enfant. Après le chien. À la niche, le chien.

AVANT-CRITIQUE – Ce roman japonais nous raconte l'histoire de Rintarô Natsuki, lycéen venant tout récemment de perdre son grand-père, qui était aussi sa seule famille. Alors que le jeune homme s'apprête à fermer définitivement la librairie dont il a hérité, un étrange chat parlant fait son apparition avec une requête des plus inattendues : il lui demande de l'aider à aller sauver les livres, ceux que leurs propriétaires maltraitent ou négligent.

Isor a treize ans. Et Isor n’est pas comme les autres enfants de son âge, depuis le début. Des diagnostics sont tombés en pagaille : différente, autiste, retardée intellectuellement, stupide… ou bien étrange. Personne n’a jamais su trouver ou définir la condition de la petite, malgré la multitude de docteurs et autres professionnels qui l’ont auscultée. La seule certitude qui finit par émerger : elle pourrait, mais elle ne veut pas. Tout simplement.

Vingt-neuf textes, tous uniques. Et pourtant, une étrange ligne conductrice dans la puissance évocatrice et créatrice des mots de Luvan, autrice de l’imaginaire qui ne cesse d’étonner. Chaque histoire s’inspire d’un lieu, d’une anecdote liée à telle ville ou tel coin du monde. On traverse alors les océans et les continents, pour découvrir Hiroshima ou San Francisco, Göteborg et Munich, Galway ou Prague, mais aussi quelques coins de la France.

Tout commence avec un crime. Le froid, le vent, là haut, au bord d’une falaise. Un étrange début du mois d’avril, loin de la douceur printanière espérée – comme un signe de mauvais augure annoncé par la nature elle-même. Au cœur de la Nouvelle-Angleterre, un jeune homme dégringole, après avoir glissé au bord d'une falaise. L'illusion est parfaite, on croirait facilement à un accident. Pourtant, nous voici bel et bien face à un assassinat. 

L’écriture de nouvelles est particulière, car elle entraîne le lecteur dans des petites histoires courtes. Il faut, donc, que l’écriture soit précise comme taillée au scalpel, ciselée. Edgar Allan Poe brillait dans cet exercice littéraire fort compliqué. Fouad Laroui, en écrivant Les noces fabuleuses du Polonais, opte pour ce type d’écriture très particulier où il excelle (il a reçu en 2012 le prix Goncourt de la nouvelle pour son livre : L’étrange Affaire du pantalon de Dassoukine, Julliard).

C’est étrange d’écrire la chronique d’une histoire encore inachevée dans sa traduction, de donner un avis sur un livre dont l’intégralité ne sera proposée au lecteur français qu’au printemps prochain. Ainsi, à un quart de la fin, livraison d’impressions provisoires et incomplètes, néanmoins enthousiastes d’un roman fascinant, énigmatique et unique, vraiment pas ordinaire… En un mot alors : un livre « extraordinaire », insolite ; véritable phénomène de société au Japon, à sa parution.

Cinq sœurs vivent sous le même toit : Beauty, l'aînée qui aimerait bien avoir des aventures avec les garçons ; Mim, qui garde ses secrets bien cachés ; Stevie, qui s'énerve souvent et crie beaucoup ; Fancy, qui est un peu étrange et dans son monde, et Autumn, la petite dernière qui tient toujours ses promesses. Les filles vivent plus ou moins heureuses, elles rient et se disputent, s'amusent et s'énervent... et ne voient pas le danger arriver.

BANDES DESSINEES - La série Capricorne, dessinée et scénarisée par Andreas depuis la fin du millénaire dernier, connaît une longévité exceptionnelle. Portée à ses débuts par une prépublication dans les pages du Journal de Tintin et le succès de la série Rork qui l'a précédée, cette vingtaine d'aventures du plus étrange astrologue de la bande dessinée forme, en toute discrétion, une œuvre d'une cohérence impressionnante. La publication d'une intégrale en 4 volumes, dont les deux premiers sont déjà disponibles, par les éditons du Lombard permet d'en prendre conscience.

Bellflower Village, années 1950. Dans ce petit coin des États-Unis, une comptine a été inventée et continue d’être chantée par les enfants : « Les sœurs Chapel : / D’abord elles sont mariées / Puis elles sont enterrées ». Comment, autrement qu’à travers ces paroles, expliquer l’étrange malédiction qui semble avoir frappé cette sororie ? Ces six jeunes filles aux prénoms de fleurs – Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris et Hazel – auraient pu connaître le bonheur ; mais la réalité a été toute autre.

Gio est un jeune homme rescapé de la guerre. Il a aperçu la mort, survécu de justesse – alors qu’il avait pourtant accepté son sort. Mais voilà, les infirmières ont tout fait pour le réanimer, pour ancrer son âme dans le monde des vivants. Après six mois passés à l’hôpital, il retourne chez lui, avec désormais « une longue cicatrice en creux, à l’arrière de crâne, un sillon, dans la chair meurtrie ». Cet étrange colosse, depuis cet accident, a la tête perdue dans les étoiles…

MANGA SHONEN - Araragi semble être un lycéen normal. Mais une fille étrange le suit ; elle ne pèse rien et le menace avec des dizaines de cutters, ciseaux et équerres s’il s’approche trop. Et lui guérit instantanément de ses blessures. Signifiant littéralement « récit de monstres », adapté du roman japonais à succès éponyme, Bakemonogatari et son ambiance très particulière nous plonge dans une petite ville où les étudiants recèlent des monstres en eux. Attention, le monde est bien plus peuplé de créatures qu’il n’en a l’air.

C'est une étrange aventure qui arrive à Brito et à sa famille. Immigré clandestin sur une île dont on ne connaitra jamais le nom, où les habitants s'appellent cousins et parlent "en des termes mystérieux", il s'égare suite à un incident dans le métro, un certain dimanche. Incapable de retrouver le chemin de sa maison, ignorant la langue de son pays d'exil, soucieux de ne pas se faire repérer par les autorités qui pourraient l'expulser, le voilà bien incapable d'obtenir de l'aide.

Au début, il n’y a rien d’autre que cette question : « Pourquoi ? ». Encore et encore, en boucle dans son esprit. Tandis qu’elle s’éveille et regarde autour d’elle, c’est un sentiment d'incompréhension, de doute, d’inquiétude qui l’enserre. Puis, soudain, cette étrange certitude : il est temps de partir. De se mettre en mouvement. « Maintenant, elle se souvient de ce pour quoi elle doit se lever, c’est comme cela, elle doit se lever, car c’est aujourd’hui qu’elle quitte la maison. »

La déflagration des buissons nous plonge dans un univers qui oscille entre le fantastique et l’onirique. Le personnage principal se réveille, amnésique, dans un monde similaire au nôtre qui s’avère soumis à un étrange phénomène qui soumet la population à un sommeil irrésistible. Parvenant à déjouer le maléfice en plaçant des orties dans ses chaussures, le protagoniste s’enfonce dans la forêt à la recherche de son frère jumeau, et croisera, entre autres, des bucheronnes révolutionnaires qui n’avaient pas vu un homme depuis un bon bout de temps.

Une femme au foyer que son mari fait taire, un lycéen qui voudrait se maquiller, une sexagénaire qui tombe vraiment amoureuse pour la première fois, une jeune personne qui aimerait se départir du genre… Ils sont tant à se sentir terriblement seuls et à avoir l’impression qu’ils devraient disparaître. Jusqu’au jour où Homura leur apparaît. Cette étrange créature va leur montrer le feu qui brûle en eux. Et c’est peut-être tout ce dont ils avaient besoin. Un one shot puissant sur l'importance d'écouter ses désirs.

Parlons d’amour. Et de cul. Et d’amour dans le cul. De sodomie, pourquoi pas : de ceux qui tentent, de celles qui n’aiment pas, mais alors pas du tout. Parlons de tendresse, de calins, de mots parfois tendres. De cet instant de grâce post coït. Ou de pourquoi il arrive qu’il faille quitter un homme à cause d’un chat.

Robert Walser (1878-1956) écrivain et poète suisse, contemporain de Robert Musil et Franz Kafka est transféré, en 1933, contre son gré, dans la clinique psychiatrique d'Herisau ("au début pas voulu pas venir. J'ai résisté. Ma sœur voulait pourtant. Alors je suis resté"). Interné en ce lieu, jusqu'à sa mort il cesse alors d'écrire. Arnaud Rykner s'inspire (avec beaucoup de distance) des derniers mois d'existence de l'auteur pour écrire un roman étrange, assez perturbant dans lequel, Joseph, le narrateur  (Robert Walser) rend compte de ses pensées, de ce qu'il ressent.

Ils sont six à se partager quelques instants de vie, où tous se croisent, sans jamais vraiment se rencontrer. Paul, Monsieur Armand, Lucie, Louis et son papa, et Irina cohabitent, dans la même rue. Monsieur Armand propose des livres, depuis son rez-de-chaussée, où Paul vient chercher des lectures. Louis et son papa vivent dans un étrange silence, depuis la mort de la maman. Quant à Lucie, elle travaille encore, malgré son vieil âge, toujours au black. Et elle est sans le sou. Et Irina... elle irradie les journées de Monsieur Armand, qui tarde à se déclarer...

Étrange et palpitant roman que celui d’Astrid Manfredi. Nous sommes loin du lisse, d’une littérature policée. Dès le commencement de son livre La petite barbare, l’auteure nous fait pénétrer dans un monde où chaque mot retentit quasiment comme un tir de boulets de canon. L’univers de la prison devient le nôtre, l’enfance de la barbare c’est ainsi que la surnomme ses codétenues nous étreint, nous angoisse et nous bouleverse. Sa rage de vivre et sa volonté de résilience nous prennent aux tripes. Nous sommes piégés par les mots remarquablement bien choisis de l’écrivaine décrivant le quotidien d’un univers carcéral dont nous ignorons tout.

De la fenêtre de sa chambre d’hôpital, après s’être enfui de la maison en flamme où a péri sa famille, un enfant aperçoit un étrange personnage assis sur une branche de l’arbre voisin. Le Gull Yettin, créature magique protéiforme, mais arborant majoritairement un corps anthropomorphe et une tête de volatile, vient le chercher pour l’embarquer vers des terres éloignées. Après un terrible naufrage, le jeune garçon trouve un nouveau foyer auprès d’une femme solitaire, tandis que le Gull Yettin continue de veiller sur lui tout en éprouvant de la rancœur, étant exclue de cette nouvelle relation pleine d’affection. 

La vie est jalonnée de concours de circonstances improbables : c'est ainsi que les destinées de Charlène et de Sami vont se croiser. Elle a trente-quatre ans, vit avec légèreté, entre fêtes alcoolisées et refus des questions existentielles. Il en a vingt-neuf, évolue dans une morne mais rassurante solitude, préférant le sport et le travail des étoffes aux relations humaines. En deux fois douze chapitres, le roman nous propose, dans un diptyque à parcourir linéairement ou en va-et-vient, la version de chacun des deux protagonistes de cette étrange idylle. Quand l'un s'enflammera pour « une histoire extraordinaire » (p. 183), l'autre se lamentera sur « l'histoire la plus nulle de /s/a vie » (p. 93)…