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Sciences historiques

La confusion des sexes. Le travestissement de la Renaissance à la Révolution

On a peine à imaginer que tant de femmes se soient habillées en homme entre la Renaissance et la Révolution. Il y a parmi elles de simples femmes qui s'engagent en secret dans les armées du roi pour fuir la misère, des " débauchées ", de nobles amazones qui défendent leurs terres, des mystiques qui prétendent imiter les saintes travesties de La Légende dorée, des révolutionnaires qui revendiquent leurs droits de citoyennes... Bien que la justice du roi assimile le travestissement à un " crime de faux ", les juges font souvent preuve d'indulgence à l'égard des femmes arrêtées en habit d'homme, sauf lorsqu'elles se prostituent ou se livrent à d'infâmes passions. Mais rares sont les hommes qui osent se travestir. L'abbé de Choisy, l'abbé d'Entragues et le chevalier d'Eon sont des exceptions. A moins qu'il ne s'amuse ouvertement, l'homme qui prend l'apparence d'une femme scandalise. C'est qu'il déroge à la perfection du sexe masculin que des générations de médecins ont démontrée en s'appuyant sur l'antique théorie des humeurs. A travers les divers témoignages réunis dans ce livre apparaissent clairement les codes de comportement, les règles et les valeurs d'une société fondée sur la hiérarchie du sang et des sexes. Sous l'Ancien Régime, si la police des mœurs surveille de près ceux qui se travestissent, c'est précisément parce qu'ils vont à l'encontre de la " juste différence des sexes " qu'ont défendue pendant des siècles moralistes et physiognomonistes, jusqu'à ce que les philosophes des Lumières en appellent à la " nature " pour justifier l'inégalité des hommes et des femmes.

03/2001

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Ethnologie

La famille wolof. Tradition et changement

Les Wolof constituent aujourd'hui la majorité de la population du Sénégal. Leur culture et leur langue, cependant, se répandent bien au-delà de leur ethnie qui assimile ainsi d'autres groupes et représente, de ce fait, un facteur important dans la constitution et la consolidation de la nation sénégalaise. Les Wolof sont traditionnellement des paysans céréaliers. Leur organisation familiale s'ordonne sur la base de deux principes : la hiérarchie et le communautarisme. Si la solidarité est la condition de survie du groupe, la hiérarchie — la prééminence des hommes sur les femmes et des aînés sur les cadets — permet de mobiliser les moyens nécessaires à la satisfaction de ses besoins essentiels. Le mode de filiation le plus anciennement connu est bilinéaire. Bien que le contrôle de la reproduction se fasse au sein du patrilignage, le matrilignage est reconnu et constitue un refuge possible pour l'individu en cas de danger pour sa survie. Le mariage préférentiel se fait avec les cousines croisées matri-latérale et patrilatérale, permettant ainsi deux possibilités ; l'adoption de la dota rendu le choix matrimonial plus souple en instituant un système d'échange complexe. L'existence de familles étendues groupant des ménages de frères, la pratique de la polygamie ont permis de réunir de grands effectifs pour une exploitation efficace des terres. Avec l'entrée de la société wolof dans l'économie monétaire et le développement relatif des techniques de production — notamment l'essor de la traction animale dans l'agriculture —, les dimensions des familles se sont sensiblement réduites, ce qui démontre la grande capacité d'adaptation des Wolof, l'un des traits dominants de leur culture.

06/2012

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Sciences politiques

L'exception politique en révolution. Pensées et pratiques (1789-1917)

A l'automne 1793, la Convention nationale décrète que le gouvernement de la République sera "révolutionnaire jusqu'à la paix", c'est-à-dire "extraordinaire". Alors que la République est assiégée de toutes parts, des institutions "révolutionnaires" lui permettent de triompher de ses adversaires. En Thermidor, la coalition qui a éliminé Robespierre invente l'idée d'un "système de terreur" ou d'une "politique de terreur" désormais caducs avec la mort du "tyran". Elle assimile ainsi la notion de "terreur" à un mode de gouvernement, là où les mesures répressives n'étaient qu'un des leviers actionnés par le gouvernement révolutionnaire. L'historiographie devait faire le reste, avec cet usage d'un article défini et d'une majuscule pour évoquer la Terreur. Avec cet exemple, les révolutionnaires des XIXe et XXe siècles ont été amenés à réfléchir sur la notion de "salut public" et sur l'usage de la "dictature". Ils ont dû eux aussi penser l'exception politique, prendre position sur le recours à la violence, inventer des politiques qui leur permettraient de faire triompher leurs idées. Ils ont également été conduits à réfléchir sur l'association entre révolution et guerre. L'exception politique a ensuite nourri de nombreuses réflexions fondées sur ces deux processus historiques, notamment depuis les années 1970, autour par exemple des théories du philosophe italien Giorgio Agamben. Ce volume entend interroger les diverses manières par lesquelles les modèles révolutionnaires ont circulé entre la Révolution française et celle de 1917 en Russie. Il ne s'agit évidemment pas de juxtaposer des récits révolutionnaires, mais d'étudier comment des cas concrets ont donné à penser, mais aussi à mettre en pratique l'exception politique en révolution.

08/2019

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Poches Littérature internation

Au cabaret de l'amour

Kabîr naquit vers 1440 et mourut en 1518 après avoir vécu l'humble vie de tisserand. Ses Paroles sont à l'origine du mouvement religieux des Kabîr-Panthî (4 millions d'adhérents) ; les Sikh eux aussi le tiennent pour un de leurs maîtres. Musulman d'ascendance - car Kebir, en arabe, signifie " grand " -, Kabîr s'était pourtant assimilé à l'hindouisme. Il subit l'influence de Râmânanda et du Hatha-Yoga, puis, à la suite d'une " illumination ", prêcha les petites gens. Pandits, mollahs, yogis, tous ceux qui vivent en parasites des religions, il les condamnait. Il veillait à se garder " du Véda comme du Coran ". Ainsi que Toukârâm, le mystique marathe, il aspirait à l'union directe avec Râm, l'Absolu, qui transcende toutes les sectes. On l'accusa donc de vouloir se diviniser, ainsi qu'à Bagdad un peu plus tôt Mansur Hallâj. Plus chanceux, il échappa de peu au supplice. Aujourd'hui, musulmans et hindous se reprochent mutuellement de l'avoir persécuté. A la différence des prétendus poèmes de Kabîr publiés par Mme Mirabeau-Thorens d'après l'anglais de Tagore, et qui n'offrent guère de garantie d'authenticité, ceux-ci sont directement traduits du dialecte hindi qui fut celui de Kabîr : langue malaisée, de syntaxe toute personnelle, et truffée de mots arabes ou persans. La belle traduction de Mlle Vaudeville colle à ce chant si simple et fulgurant, très modeste et plus ambitieux encore, celui d'un homme qui répudie à la fois le syncrétisme banal et les arcanes de l'ésotérisme, et qui, prophète une fois de plus de l'Unité, à ce titre doit toucher l'agnostique aussi bien que le croyant.

05/2006

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Beaux arts

Antonello de Messine

Célèbre pour les prouesses illusionnistes de sa peinture, uniques au Quattrocento italien, et son art perçu comme un pont entre la manière du Nord et celle de la Renaissance italienne, Antonello de Messine (1435-1479) demeure un artiste mystérieux à bien des égards. Il constitue, comme Giorgione, une de ces grandes énigmes de l’art qui passionnent les spécialistes et les amateurs de peinture. Ayant voué sa carrière à ce peintre, Mauro Lucco, qui a été le commissaire de l’exposition historique de 2006 à Rome, réexamine ici d’une façon critique toute l’activité et l’œuvre d’Antonello : le milieu culturel de sa formation supposée à Naples — celui de la cour angevine du roi René puis du royaume d’Aragon — , l’hypothèse de voyages en Espagne, en Provence, voire dans les Flandres où il aurait assimilé la manière virtuose de la technique de la peinture à l’huile des pays du Nord, les conjonctures sur sa rencontre avec Piero della Francesca, l’inventeur de la modernité dans la péninsule italienne du XVe siècle, et, enfin et surtout, sa brillante carrière vénitienne qui fait de lui un des grands rivaux de Giovanni Bellini. L’ouvrage est abondamment illustré par un appareil confrontant l’œuvre à celle de ses confrères. Mais surtout la technique illusionniste si particulière à Antonello peut être approchée de manière exceptionnelle grâce à 80 macrophotographies. Elles permettent de découvrir au plus près le détail du rendu de l’exceptionnelle expressivité de ses visages : douleur du Christ aux outrages, arrogance ou mélancolie des gentilshommes, ironie ou impétuosité des marchands auxquels l’Italie doit alors son essor.

10/2011

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Critique

Les mondes extraordinaires de Jules Verne. Aux origines de la pop culture et de la science-fiction

Cet ouvrage s'adresse à tous les amoureux de la littérature et de l'univers de Jules Verne mais aussi à ceux qui sont curieux de savoir comment cet écrivain du 19e siècle sous-estimé en son temps est devenu le symbole de la culture populaire et de la science-fiction. Jules Verne est l'écrivain français le plus traduit dans le monde et le deuxième dans le monde après Agatha Christie (et avant Shakespeare). Ses oeuvres ont été adaptées au cinéma ou à la télévision plus de 300 fois. Malgré cette reconnaissance internationale, Jules Verne a été l'objet en France d'amour et de désamour. Souvent présenté comme le père de la science-fiction, il est aussi l'un des premiers représentants de la pop culture, d'où un mépris pour ce "gros vendeur" de livres souvent assimilé à un auteur de littérature enfantine. Cet ouvrage s'attache à mettre en avant son influence dans l'univers de la "culture populaire", celle que l'on connaît aujourd'hui avec les auteurs de best-sellers. L'auteur nous montre l'héritage de ce que Jules Verne a laissé pour la science-fiction et la pop culture en partant du monde contemporain et non du passé, ce qui permet de relier son oeuvre à l'univers que le grand public connaît aujourd'hui, des mangas à la bande dessinée, du cinéma à la télévision. In fine, il s'agit de démontrer que Jules Verne, auteur souvent dédaigné, alors que la France peut être perçue comme la patrie de naissance de cette culture, a toute sa place dans notre patrimoine littéraire et même au-delà.

10/2021

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Histoire internationale

Relégué en page 7. Quand le New York Times fermait les yeux sur la Shoah

Le sait-on ? Le plus grand journal de tous les temps a fermé les yeux sur le plus grand massacre de tous les temps. Laurel Leff enquête sur ce qui a pu mener le Times à minorer systématiquement les informations sur le sort des Juifs d'Europe entre 1939 et 1945. Ainsi, le 27 août 1943, un article annonçant l'anéantissement de trois millions de Juifs " par la famine, le travail forcé, les déportations, les pogroms et les meurtres méthodiques, dans des centres d'extermination régis par les Allemands ", a été publié en bas de la page 7 plutôt qu'en " une ". Les journalistes doutaient-ils de la véracité de l'information ? Souhaitaient-ils dissimuler ces accablantes nouvelles ? Ni l'un ni l'autre. C'est la crainte de manifester un intérêt trop marqué pour les Juifs qui semble avoir dicté cette politique éditoriale. Issu d'une famille patricienne de la côte Est, Arthur Hays Sulzberger, le patron du Times, est un Juif très assimilé. A priori, on pourrait penser que nul ne serait plus motivé que lui pour dénoncer la Shoah aux lecteurs de son journal et - par l'influence profonde du Times sur les autres médias - au public américain en général. Pourtant, lui et ses journalistes hésitent à brandir les faits sous le nez d'un establishment américain dont ils savent qu'il n'est pas immunisé contre l'antisémitisme, et qui sera prompt à les soupçonner de communautarisme - un soupçon qui pourrait être fatal à la crédibilité du New York Times. Et c'est ainsi que les victimes furent trahies par ceux-là même qui étaient le mieux placés pour faire connaître leur martyre.

10/2007

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Sociologie

Le retour du monde magique

Comment un commandant de police, une responsable qualité et un éducateur sportif en viennent-ils à quitter leur emploi pour devenir magnétiseurs ? Pourquoi le magnétisme, assimilé à une " vieille erreur " par les scienti ? ques désignés par Louis XVI pour en faire l'examen à la veille de la Révolution, est-il de mieux en mieux toléré aujourd'hui ? L'ambition de ce livre est de comprendre et d'expliquer sociologiquement ce phénomène. Pour ce faire, il présente les histoires de vie de personnes devenues magnétiseuses. Il décrit concrètement leur pratique qui mobilise de l'énergie et parfois des esprits. Grâce à une plongée dans cinquante ans d'archives, il revient ensuite sur les poursuites qu'ont subies les magnétiseurs jusque dans les années 1980 pour exercice illégal de la médecine, et sur la façon dont ils y ont répondu. En ? n, à travers des entretiens avec des médecins, des membres du ministère de la Santé et des observations en oncologie-radiothérapie, il analyse la place que tient aujourd'hui le magnétisme dans la société française. Revenant sur une autre enquête, réalisée auprès de chamanes de la côte nord péruvienne, la ? n de l'ouvrage montre que s'intéresser à des pratiques magiques suppose d'étudier leur conversion (partielle) au " naturalisme ", cette ontologie des " Modernes " dont l'avènement a donné lieu à l'émergence de l'opposition entre la nature et la culture. Cela oblige à en décrire la métamorphose : la manière dont le naturalisme est en train de devenir plus " ré? exif ", c'est-à-dire conscient de lui-même et ouvert à d'autres ontologies.

09/2023

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Sports

Le train. "Grâce auquel l'homme n'a plus rien à envier aux poissons et aux oiseaux"

Le Train "grâce auquel l'homme n'a plus rien à envier aux poissons et aux oiseaux" ! C'est du verbe traîner que vient le mot train... Pour autant, ce moyen de locomotion ne traîne pas pour s'imposer, dans le quotidien comme dans l'extraordinaire. Traîner, c'est étymologiquement tirer, d'où le train assimilé à la "file de choses en mouvement, au XIIe siècle, puis dès le XVe siècle, à la "partie de la voiture à cheval à laquelle sont attachées les roues", avant que naissent, en 1825, la machine locomotive tirant voitures et wagons et, au XXe, le TGV, un sigle stimulant, synonyme de modernisme. Le train sillonnera la terre en "abrégeant le temps et l'espace", s'exclame-t-on en 1870. Ainsi, c'est au chemin de fer que sera consacré le plus gros article du Dictionnaire universel du XIXe siècle de P Larousse, 25 pages ! A J. Verne de son côté d'évoquer dans le Tour du Monde en 80 jours, le train et sa locomotive étincelante, munie de son chasse-vache, qui "mêlait ses mugissements à ceux des torrents et des cascades, et tordait sa fumée à la noire ramure des sapins". On peut désormais aller "d'un pôle à l'autre, plus vite que ces énormes cétacés qui traversent les océans des deux mondes", lit-on dans un dictionnaire du XIXe. Propos étonnant car commuent surnommera-t-on parfois le TGV ? Cachalot... En offrant ici à foison mots et expressions, d'hier à demain, en racontent l'univers rayonnant du chemin de fer et de la SNCF on donne raison à J. Renard : le train "agite" merveilleusement "notre cerveau" !

10/2012

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Esotérisme

La prophétie du Grand Monarque

La vieille de son départ, en 2013, Benoît XVI déclara que "Dieu ne laissera pas couler son église (...) il y a eu aussi des moments pas faciles, dans lesquels les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l'histoire de l'Eglise, et le Seigneur semblait dormir", ajoutant ensuite "Je suis vraiment ému et je vois l'Eglise vivante". En conclusion, il termina par ses mots lourds de significations pour son successeur, "j'ai toujours su que la barque de l'Eglise n'est pas mienne, n'est pas notre mais qu'elle est sa barque et qu'Il ne la laisse pas couler". A l'époque, les propos du pape m'ont fait penser à un texte extraordinaire de l'abbé Augustin Lemann qui relatait la chute de Sennachérib, le roi de Ninive. C'est "le dénouement de la persécution" que l'on peut lire sur le site des Amis du Christ Roi de France. L'abbé analyse le huitième chapitre du livre d'Isaïe et semble y découvrir la stratégie de Satan afin de dominer le monde et surtout "l'intervention divine" pour y mettre fin. Car l'objectif de Satan est de faire croire que tout est perdus pour nous, mais sachez que Dieu intervient toujours pour vaincre le mal. Augustin Lehman assimile Sennachérib à un instrument de "Dieu dans sa colère s'était choisi pour châtier". Ensuite, l'Abbé Lemann explique que l'instrument de Dieu sera "l'oint", c'est-à-dire par un roi de droit divin. Il vise sans doute le Grand Monarque de la fin des temps.

03/2022

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Droit des affaires

L'établissement public marchand. Recherche sur l'avenir de l'entreprise en forme d'établissement public

Figure de l'entreprise en forme d'établissement public, l'établissement public industriel et commercial français déçoit, à tel point que la question de sa pérennité se pose ouvertement. Sous sa bannière, l'entreprise en forme d'établissement public subit deux sortes d'assauts. D'abord, l'utilisation de l'établissement public industriel et commercial à des fins de commodité de gestion d'activités administratives a porté un coup décisif à son identité d'entreprise. De plus, les lourdeurs de son statut juridique questionnent sa légitimité à servir de support à une telle activité économique. Ensuite, si le droit de la concurrence s'est jusqu'à présent contenté de neutraliser ses avantages statutaires, il semble désormais l'exclure plus simplement du marché. Il estime en effet son statut juridique porteur d'une garantie implicite, qu'il assimile à une aide d'Etat prohibée. La thèse tire alors parti de ce dépérissement de l'établissement public industriel et commercial pour proposer un nouveau modèle d'entreprise en forme d'établissement public : l'établissement public marchand. Son existence se justifie par les difficultés du modèle de la société commerciale à se substituer à celui de l'établissement public autant que par les potentialités offertes par ce dernier en matière de concurrence pour le marché. L'avènement de l'établissement public marchand suppose en revanche une révolution culturelle de la manière dont le droit administratif envisage l'intervention économique des personnes publiques. Elle sera nécessaire pour proposer un régime de l'établissement public marchand à la fois digne de sa vocation de marché et conforme au droit de l'Union européenne.

04/2021

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Religion

Femmes et prêtres mariés dans la société d'aujourd'hui

Que sont devenus et que vivent les prêtres qui se sont mariés dans les années 70 ? Le nombre important de prêtres qui, dans ces années-là, ont choisi cet itinéraire, ne peut être assimilé à un incident de parcours, encore moins à une addition de cas individuels que certains auraient voulus pathologiques. On peut parler d'événement qui s'inscrit à un moment de notre histoire individuelle et collective où, à la fois, des influences humaines et religieuses ont permis à des hommes et des femmes de conviction de franchir l'interdit qui était et demeure encore la règle canonique de l'Eglise catholique. Vingt ou trente ans plus tard, une centaine d'entre eux, tous femmes et prêtres mariés, répondent sans tricherie et sans complaisance aux questions qu'on leur a posées. Ils ne plaident pas, ils ne polémiquent pas, ils ne prétendent pas parler au nom des autres, ils témoignent de ce qu'ils sont, de ce qu'ils vivent. Ils ne dissimulent pas que le parcours a été difficile mais ils sont en fin de compte heureux d'avoir fait ce choix. Ils disent pourquoi. Ce n'est pas sans raison que, quelque temps avant sa mort (juillet 1978), l'évêque d'Orléans, Guy Riobé, avait dit à quelques-uns de ces prêtres, demeurés ses amis : "Il faut tenir ! Il faudra bien qu'un jour l'Eglise reconnaisse la richesse de vos vies et que vous sortiez du silence". Voici venu le temps de la sortie du silence. La parole est là, sans apprêt, simplement énoncée. Qui pourrait refuser de l'entendre ?

10/1997

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Droit européen de la concurren

Le private enforcement en droit européen et américain de la concurrence. La contribution de l'action privée à la mise en oeuvre du droit de l'Union européenne

Intraduisible littéralement, le private enforcement est, par commodité, assimilé au contentieux subjectif et à l'action civile des victimes qui souhaitent obtenir réparation. Pourtant, son appréhension dans le contexte culturel et juridique américain comme dans celui de l'Union nuance cette assimilation traditionnelle. Ce concept se conçoit à l'origine aux Etats-Unis comme un mécanisme de contribution des particuliers à la réalisation du droit fédéral. Par la consécration d'un droit d'action en justice, le Congrès cherche à assurer conjointement l'effectivité de la protection personnelle du requérant et celle des règles fédérales. Si cette logique fonctionnelle a trouvé un écho particulier en droit de l'Union depuis l'arrêt Van Gend en Loos de 1963, elle implique néanmoins des adaptations aussi bien substantielles que procédurales dans les droits nationaux. Loin d'en transposer les mécanismes américains, l'Union tente de développer son propre modèle de private enforcement. Cela étant, à travers l'exemple du droit de la concurrence, cet ouvrage vise, dans une perspective comparative, à démontrer que cette démarche libérale, consistant à instrumentaliser l'intérêt individuel au service de l'intérêt objectif de mise en oeuvre des règles, présente aujourd'hui des limites. Le champ de l'étude est plus précisément le reflet d'un dévoiement du private enforcement au détriment aussi bien de la protection subjective du requérant que de celle de l'ordre concurrentiel. Ce livre propose ainsi, dans un champ plus prospectif, un dépassement de cette instrumentalisation originelle au profit d'un renouvellement du rôle du particulier dans la mise en oeuvre du droit objectif dans le champ de l'Union européenne.

03/2024

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Sciences politiques

Autobiographie 1890-1921. Parcours d'un militant internationaliste allemand : de la social-démocratie au Parti communiste

Le livre de Frölich nous offre un point de vue inhabituel sur les raisons pour lesquelles la révolution internationale, qui commence par une victoire en Russie, a été tragiquement battue en Allemagne. Pour résumer en une phrase la vérité qui filtre de presque toutes ces pages, on peut dire que les causes de la défaite résident dans l'absence du parti révolutionnaire et dans l'impossibilité de remédier à cette carence au moment où la crise révolutionnaire battait son plein. Il n'était pas nécessaire d'attendre ce livre pour le découvrir, mais les mémoires de Frölich apportent un nouvel éclairage aussi bien sur les causes que sur les aspects les plus concrets de cette vérité. La puissante social-démocratie allemande se déclare marxiste, mais en réalité, la pénétration du marxisme dans le mouvement ouvrier allemand est très superficielle. Les avant-gardes révolutionnaires ne l'ont pas assez assimilé pour aboutir à l'acquis fondamental auquel Lénine est parvenu en Russie : seul un parti de science et de stratégie est à la hauteur des guerres et des révolutions de l'époque impérialiste. Ces mémoires sont parsemés d'indices de la diffusion insuffisante du marxisme et du fait qu'il n'a pas été utilisé pour l'élaboration d'une stratégie révolutionnaire. Il faut apprendre la leçon des erreurs de la génération des révolutionnaires allemands dont Paul Frölich s'est fait le porte-parole à travers ses mémoires. C'est la meilleure manière de rendre hommage à l'ampleur du travail, de l'engagement, du sacrifice, de l'enthousiasme et de la passion révolutionnaire qu'ils nous restituent.

01/2012

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Droit

La République et l'islam. Entre crainte et aveuglement

Depuis le milieu du XIXe siècle, la France est une terre d'immigration. On peut estimer que l'apport de celle-ci représente aujourd'hui plus d'un cinquième de la population. Notre pays a assimilé des vagues successives d'immigrés - Italiens, Polonais, Portugais, Africains, Arabes - et continue de le faire. Cependant, depuis quelques années, le " modèle français d'intégration " est entré en crise sous l'effet de plusieurs phénomènes convergents : exaltation des droits de l'individu et des différences, communautarisme à l'anglo-saxonne, tandis que s'affaiblissaient, au moins chez les élites, le sentiment d'appartenance à la nation et le sens de l'intérêt général. Cette crise s'est surtout manifestée dans les rapports de la République avec l'islam. D'abord, de façon spectaculaire, sur le terrain de l'école avec plusieurs " affaires de foulard " ; puis, plus discrètement, avec les subventions versées au culte musulman. Chaque fois ou presque, les pouvoirs publics se sont dérobés à leur mission, partagés entre la crainte et l'aveuglement. Or, si la pratique religieuse de la majorité des musulmans est aujourd'hui des plus paisibles, il n'en va pas toujours ainsi des autorités et des leaders d'opinion islamiques, que ce comportement incite à la surenchère et à l'irresponsabilité. Et de concessions en compromis, nous paraissons revenir sur ce à quoi nous tenons tant, après des siècles de rivalité entre l'Eglise et l'Etat : la laïcité. Le visage que prendra désormais l'islam dépendra d'abord de nos choix. Si nous nous engageons vers le communautarisme, que ce soit le résultat d'un vrai débat politique national, et non à la suite d'arrangements juridiques concoctés par le Conseil d'Etat pour répondre à des " phénomènes de société " montés en épingle par les médias.

09/2002

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Monographies

Gaston Chaissac

Improvisateur de génie, Gaston Chaissac (1910-1964) a créé une des oeuvres les plus singulières de son époque. Fils de cordonnier, il est initié à la peinture par Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss, rencontrés par hasard à Paris, en 1937. Encouragé dans cette voie, il invente très rapidement un alphabet pictural qu'il va faire évoluer tout au long de sa vie. Au cours de ces années cruciales, dans un Paris en pleine mutation, Chaissac assimile l'essentiel du contexte artistique d'alors et se forge une vaste culture. Prolifique, ludique, et polymorphe, sa production visuelle aborde tous les genres. L'étourdissant dessinateur qu'il est dès ses débuts exerce sa verve aussi bien dans le domaine de la peinture et du collage, que celui des objets récupérés, métamorphosés avec autant de faconde que de délicatesse, composant un monde paradoxal, à la fois théâtral et confidentiel. Au plasticien se superpose en même temps l'écrivain, dans une activité en miroir, qui révèle un prodigieux épistolier et un poète hors norme. Des milliers de lettres envoyées pendant plus de vingt ans tous azimuts, vont lui permettre aussi de tisser des liens avec grand nombre de ses contemporains (Albert Gleizes, André Bloc, Raymond Queneau, Jean Paulhan, Anatole Jakovsky, André Lhote, Jean Dubuffet, ...) tout en restant volontairement en marge depuis le bocage vendéen qu'il ne quittera jamais. Ce monument épistolaire unique en son genre fascine par l'aisance des jugements, la pertinence des points de vue et la lucidité avec laquelle celui qui se disait "peintre rustique moderne" , joue de son besoin paradoxal de distance et de proximité. Cette première monographie, en forme de portrait, met volontairement à égalité le peintre et l'écrivain, et dessine l'aventure de Gaston Chaissac comme l'une des mutations les plus représentatives que la modernité a connue au siècle dernier.

11/2022

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Marché de l'art, Argus

Captation et subversion. L'art à l'épreuve du capitalisme tardif

A l'heure où l'industrie culturelle et le système de production entendent capter et détourner à leurs propres fins les stratégies des avant-gardes artistiques, il semble admis que l'art a désormais perdu sa force de résistance. Sous l'espèce d'un design généralisé, le style est en effet devenu un argument de vente, le happening a été récupéré par l'événementiel, et la figure de l'artiste, autrefois marginale, est érigée en modèle d'entreprenariat dans une société qui en appelle à la créativité et à l'autonomie des travailleurs. Pour une frange significative de la sociologie contemporaine, le capitalisme aurait donc entièrement assimilé les formes et les procédés de l'art, ne laissant plus d'autre choix aux artistes que de courtiser des pouvoirs financiers qui monopolisent désormais les leviers de la subversion. Laurent Buffet poursuit un double objectif. Il retrace tout d'abord les étapes de formation de ce "paradigme sociologique de l'art" afin de le soumettre à un examen critique. Il est frappant de constater que la sociologie, empirique en son principe, se montre pour l'occasion aveugle aux propriétés évolutives de son objet, autrement dit aux pratiques artistiques prises dans le développement de leur propre histoire. En mettant en évidence la richesse et la subtilité de ces pratiques, le livre poursuit par conséquent un second objectif : montrer que, face aux divers processus de captation dans lesquelles l'art se trouve désormais entraîné, celui-ci ne cesse de subvertir les conventions artistiques, en grande partie dépassées, au nom desquelles ces phénomènes s'exercent, creusant ainsi des marges nouvelles et insoupçonnées. Refonder aujourd'hui une théorie critique de la culture suppose de faire apparaître les mutations du potentiel de résistance qui continue à opérer dans les formes contemporaines de l'art.

09/2023

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Actualité et médias

La Règle du jeu N° 28, Avril 2005

" Pour être légitime, l'histoire exigerait que la multiplicité des synonymes possibles cesse d'être soumise à la loi de succession, pour Être soumise à la loi de simultanéité. Une fois encore, Foucault se laisse lire en ce sens. " Jean-Claude Milner. " Car le cinéma est l'école du mensonge : scénariste, technicien, metteur en scène, comédien, producteur, nous nous attelons tous à notre spécialité dans l'art de mentir. Et nous nous nourrissons à la leçon des autres. " Patrick Mimouni. " Poutine parla non seulement des victimes juives dAuschwitz, mais alla jusqu'à condamner l'antisémitisme dans son propre pays. L'après-midi, dans son discours à Birkenau, le lieu même où près d'un million de juifs avaient été exterminés, Poutine s'évertua à ne pas prononcer une seule fois le mot " juif ". " Galia Ackerman. " Un jeune homme encore. Un comploteur de l'universel. Un conspirateur de la pensée réunissant, pour le coup, mais seul, son plus magnifique complot politico-métaphysiaque " Bernard-Henri Lévy. " Les chrétiens d'Europe avaient besoin du savoir-faire des juifs et du juif Jésus. En somme, ce que l'on attendait des juifs, c'était la fondation de la culture chrétienne. " György Konrad. " Nous sommes des drogués de la révolution et nous allons propager cette maladie dans tout l'ancien empire. Si nous devons exporter la révolution orange partout ? D'une manière douce, bien sûr. " Raphaël Glucksmann. " Déclarer que Renoir était " antisémite ", paraît un constat réducteur, qui fait de l'antisémitisme une " essence ", l'assimile à un virus dont certains seraient porteurs et d'autres miraculeusement exempts. " Pascal Kané. " La " vogue nègre " représentait l'exotisme ; elle libérait pour ainsi dire les émotions et les instincts, et remettait en cause la rationalité occidentale. " Lita Azam Zanganeh.

05/2005

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Actualité et médias

Vive l'Allemagne !

"Les Français ne connaissent guère l'Allemagne. Ni les lignes de forces d'une histoire très complexe dont le nazisme n'était pas l'inévitable aboutissement. Ni les conditions du miracle de 1945 qui font aujourd'hui de la République Fédérale, le pays le plus démocratique d'Europe. Ni l'incroyable capacité à absorber sans spasme 17 millions d'Allemands de l'Est au moment de la réunification, là où la France a intégré difficilement 1 million de Pieds Noirs. Ni les règles de fonctionnement atypiques d'une économie consensuelle au cours de cette jungle à laquelle s'assimile le capitalisme mondialisé. Ni les conditions du rebond économique à un moment où le navire était sur le point de sombrer. Prisonniers d'un anti-germanisme primaire et de leur propre pessimisme, nos compatriotes croient l'ascendant allemand irréversible et la tentation impériale inévitable. Rien n'est plus faux. La République Fédérale vient de connaître son apogée économique : la montée de nouveaux concurrents et surtout demain une démographie calamiteuse la condamnent à un relatif déclin. De même n'aspire-t-elle à dominer ni le monde, ni même l'Europe mais à être une "grosse Suisse", prospère, paisible et la plus indifférente possible aux soubresauts de la réalité internationale. Pour nous Européens, est-ce une bonne nouvelle de voir la principale économie d'Europe se vouloir un acteur édenté ? Car contrairement à la vulgate ambiante, Berlin exerce sur l'Union européenne l'influence la moins rude possible. François Mitterrand et Helmut Kohl voulaient une Allemagne européenne de préférence à une Europe allemande. Mais aujourd'hui préférons-nous une République Fédérale aux abonnés absents de l'Histoire ou au contraire prête à exercer un magistère tempéré ?".

10/2013

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Beaux arts

August Macke (1887-1914)

August Macke (1887-1914) est parvenu à la notoriété à un âge précoce, avant d'être tué à seulement 27 ans, dès le début de la Première Guerre mondiale. Pourtant, malgré la brièveté de sa carrière, cet artiste remarquable a laissé derrière lui une impressionnante oeuvre picturale dans laquelle son obsession de la couleur a trouvé, par certains aspects, un écho dans l'impressionnisme, le post-impressionnisme, le fauvisme et l'expressionnisme. Par ses liens avec ces différentes écoles artistiques, Macke a assimilé des influences variées, les abordant dans un style bien à lui. Affilié au Blaue Reiter ("Le Cavalier bleu"), mais fuyant le mysticisme qui a souvent envahi les travaux des artistes de ce groupe, Macke n'a cessé de revenir à la couleur pour interpréter la beauté, comme dans la Boutique de chapeaux (1913), aquarelle à la composition kaléidoscopique, ou la Femme à la veste verte (1913), aux tonalités chatoyantes. Ce travail des nuances atteint son apogée en 1914 quand Macke part pour Tunis en compagnie de Klee et Moilliet, et se familiarise avec la luminosité de l'Afrique du Nord. Ces allusions simultanées au cubisme autant qu'à l'impressionnisme tiennent une place centrale dans des oeuvres comme l'Homme lisant dans un parc (1914), où la force de son cadrage resserré sur le sujet donne à la scène une légère tension. A travers des exemples majeurs issus de son univers pictural vibrant, cet ouvrage présente la carrière brève mais décisive de Macke, peintre précurseur de l'expressionnisme. Depuis ses scènes joyeuses de promenades, dans les jardins et les zoos, à son immense oeuvre ultime funestement intitulée Adieu (1914), on découvre sa remarquable maîtrise des effets visuels et sa quête effrénée pour cerner la palette d'émotions offerte par la couleur.

09/2017

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Beaux arts

Les différents publics de Paris

Deux albums satiriques méconnus du jeune Gustave Doré. Dans La Ménagerie parisienne, il croque l'élite de la capitale dans un bestiaire féroce. Les Différents publics de Paris offre un portrait plus attendri, mais implacable, des hauts lieux culturels de la capitale. Un souvenir vif et fringant d'un Paris disparu mais dont les rapports entre classes continuent de s'exprimer. Repéré dès ses 15 ans par l'éditeur parisien Charles Philippon, Gustave Doré commence sa carrière par des contributions hebdomadaires au Journal pour rire. Sa virtuosité, son sens aigu de la caricature lui valent très vite un incroyable succès, qui conduit Philippon à publier des albums de ses illustrations de presse, mais aussi des séries inédites croquant avec vigueur la population de la capitale. Dans Les Différents publics de Paris, Doré passe en revue les théâtres de la capitale, en y ajoutant quelques lieux plutôt réservés à l'étude comme la Bibliothèque ou l'Amphithéâtre de médecine... On y croise une faune variée, certainement plus occupée à se donner en spectacle qu'à s'instruire ou se cultiver. Vigoureuse mise en abîme du théâtre de la condition humaine, on comprend que nul n'est besoin de regarder la scène pour se divertir. Avec La Ménagerie parisienne, Doré continue sa représentation satirique du monde parisien. On peut même parler de " faune ", puisqu'il assimile chaque type social à une race animale, sans pour autant que le dessin perde de son humanité. Pour désigner les aristocrates du Faubourg Saint Germain, il reprend un terme usité en Angleterre depuis le XVIIIe siècle : les lions et les lionnes. Des lions aux rats d'égout, le crayon de Doré n'a ménagé aucune des classes de la société urbaine.

03/2019

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Economie

L'esprit du capitalisme ultime. Démocratie, marché et développement en mode kit Occident/Afrique subsaharienne

Lorsqu'on parle de l'esprit du capitalisme, il s'agit, le plus souvent, d'une pensée analytique ou critique du centre du capitalisme pour le centre du capitalisme. L'esprit du capitalisme ultime dont traite cet ouvrage est issu de la réification de " la fin de l'histoire". A la liberté des "Anciens" et des "Modernes", il propose d'ajouter le fait que la liberté de l'Homme ultime, épilogue de l'Homme moderne d'après "la fin de l'histoire", est de jouir des produits finis en évacuant l'historicité, la mémoire, les identités, les cultures et les subjectivités. L'esprit du capitalisme ultime est donc à la fois un concept et une analyse qui tentent de remédier à la crise de la critique du capitalisme. Il le fait par l'entremise d'une analyse croisée Occident/Afrique subsaharienne afin que le croisement de regard entre ceux qui en pâtissent en premier et ceux qui en profitent en priorité entre en résonance et livre sa vérité. Les démocraties libérales sont dans une situation de quasi-monopole politique depuis la chute du Mur de Berlin. D'où la hausse du prix économique, social et anthropologique à payer pour prétendre vivre en démocratie. N'ayant plus rien à craindre d'un modèle concurrent de type communiste, le capitalisme ultime rationne le monde en démocratie réelle mais le submerge de capitalisme réel assimilé au développement. Se développer, pour l'Afrique subsaharienne, équivaut désormais à devenir un continent capitaliste via une sorte de congruence post-historique entre capitalisme, marché, démocratie libérale postcommuniste et Etat ajusté. Il en résulte une démocratie-monde qui contredit l'idéal démocratique en ce sens qu'elle devient une nouvelle tutelle de l'Occident sur l'Afrique. Cette dernière se voit transformée en pure consommatrice d'une démocratie, d'un marché et d'un développement en mode kit.

12/2018

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Urbanisme

Terrains d’entente. Palmarès des jeunes urbanistes 2020

Avec ses six équipes lauréates choisies parmi soixante et une candidatures, l'édition 2020 du Palmarès des jeunes urbanistes conforte l'effervescence et l'engouement que suscite la démarche de soutien aux jeunes professionnels, portée par le ministère en charge de l'urbanisme. Le sextette retenu frappe par la diversité des profils, embrassant tous les champs d'action de l'urbanisme : architectes (FCML) et paysagistes (Altitude 35) côtoient des collectifs ancrés dans la sphère de l'urbanisme transitoire (Bellastock, Yes We Camp), des stratèges urbains aguerris (Le Sens de la ville) et une conceptrice qui a fait de la permanence architecturale et urbaine son mode d'action privilégié (Sophie Ricard). Tous ont assimilé le caractère peu soutenable de notre modèle de développement et pris acte de la standardisation et de la banalisation des territoires ; tous ont fait leur la posture transdisciplinaire de l'urbaniste et ont compris l'exigence d'être à la fois médiateur, détenteur d'un savoir-faire et embarqué sur un terrain d'action politique. Leurs réponses tendent à bousculer les barrières mentales et les mécanismes "en silo" de la fabrication et de la gestion des villes et passent par des démarches empiriques et expérimentales à la recherche de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de projet. Il s'agit non pas de bâtir à tout prix mais d'accompagner le processus lent de la transformation d'un lieu, d'en dénicher la singularité - fondée sur la puissance de sa géographie, de son paysage ou des liens sociaux qui l'animent -, de se poser la question de sa "mise en usage", du réemploi des matériaux, de l'économie circulaire... bref de mobiliser tout ce qu'il est nécessaire et possible pour changer l'organisation collective de nos quotidiens. Façonner des terrains d'entente pour faire société.

03/2021

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Art du XXe siècle

Néo-romantiques. Un album

Connu jusqu'à présent des seuls amateurs, le mouvement néo-romantique fut pourtant soutenu dès son apparition, en 1926, par des auteurs aussi considérables que Gertrude Stein, Jean Cocteau, Julien Green ou René Crevel. Regroupant une poignée de jeunes artistes, il ouvrait une nouvelle voie face aux diktats de l'abstraction et du cubisme qui dominaient alors le monde de l'art. Connu jusqu'à présent des seuls amateurs, le mouvement néo-romantique fut pourtant soutenu dès son apparition, en 1926, par des auteurs aussi considérables que Gertrude Stein, Jean Cocteau, Julien Green ou René Crevel. Regroupant une poignée de jeunes artistes, dont le plus connu est aujourd'hui Christian Bérard, il ouvrait une nouvelle voie face aux diktats de l'abstraction et du cubisme qui dominaient alors le monde de l'art. Assimilé par certains à une variante du surréalisme ou à un secteur de l'art fantastique, il illustrait cependant une vision esthétique totalement singulière : art de l'exil et de la mélancolie, mais aussi du jeu avec les apparences et l'illusion, il répond à des préoccupations qui nous sont désormais proches. C'est à découvrir la cohérence et la richesse de ce mouvement qu'invite le présent ouvrage : publié à l'occasion de la première exposition consacrée aux néo-romantiques par le musée Marmottan Monet à Paris, il rassemble plus d'une centaine d'oeuvres, jamais reproduites pour la plupart, ainsi qu'un choix de textes inédits ou introuvables, constituant un apport considérable à notre connaissance de ces artistes qui, pour n'avoir jamais voulu se plier à une théorie ni aux ordres d'un chef, disparurent dans les marges de l'histoire de l'art moderne.

03/2023

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Histoire des DOM-TOM

Justin Catayée. Guyanais, humaniste et militant (1916-1962)

Justin Catayée est une figure incontournable, quoique largement méconnue, de l'histoire de la Guyane contemporaine. Né en 1916 à Cayenne, dans une famille d'origine martiniquaise, il fut initié très tôt par son père au militantisme socialiste. En 1956, en réaction à la tiédeur et aux atermoiements de la SFIO, il crée le Parti Socialiste Guyanais, un parti qui s'appuie sur un peuple guyanais déçu par la départementalisation et qui attend désormais non pas d'être assimilé, mais d'être considéré, respecté, écouté. Elu député de la Guyane en 1958, Justin Catayée mettra son intelligence, son éloquence exceptionnelle et sa plume acérée au service de ses concitoyens, pour défendre inlassablement le droit des Guyanais à être considérés comme des citoyens à part entière, à prendre en charge leur propre avenir dans le cadre d'un "statut spécial", dont il sera le porte-parole auprès des gouvernements de la IVe puis de la Ve République. Rebelle, passionné, habile stratège ou manipulateur sans scrupule, adulé mais aussi haï et brocardé, Justin Catayée disparaît prématurément en juin 1962 dans le crash de l'avion qui le ramenait en Guyane après une séance houleuse à l'Assemblée et dans un contexte de conflit social à Cayenne. Hasard des circonstances, dans l'avion se trouvaient aussi deux leaders du mouvement autonomiste antillais, le Guadeloupéen Albert Béville et le jeune Martiniquais Roger Tropos. A partir de documents d'archives et de témoignages inédits, en mêlant la rigueur de l'historien et ses propres engagements publics au service de la Guyane, Rodolphe Alexandre propose ici un portrait de l'homme Catayée, du militant, du leader, de l'élu de première ligne, et un récit sans concession de son itinéraire politique. Un homme, des convictions, un Parti, une action politique qui ne cessent de résonner dans la Guyane d'aujourd'hui.

04/2023

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Vie chrétienne

Un chrétien au Cambodge

Ce livre est un témoignage exceptionnel à plusieurs titres. D'abord, il raconte des aspects méconnus de l'Asie, ce continent qui fascine les européens pour ses coutumes, ses spiritualités et ses destinations touristiques mais qui est aussi l'usine du monde. ll est également l'illustration d'une manière d'être chrétien dans le monde, dans l'humilité, la discrétion, le don de sa vie, qui, bien qu'issue de la spiritualité de l'action catholique est aujourd'hui méconnue en France. Comment l'Esprit saint est-il à l'oeuvre parmi les millions de travailleurs qui produisent, au prix de leur santé, les vêtements vendus en Occident ? C'est ce qu'a voulu découvrir Yann Defond en s'installant dès 2009, et de façon définitive, dans la plus grande cité ouvrière du royaume du Cambodge. Issu d'une famille de la banlieue de Lyon en France, il a migré du nord vers le sud. Son témoignage, écrit sur une période de plus de 10 ans, relate les rencontres touchantes qu'il fait en plein coeur du plus grand quartier ouvrier du pays khmer. Par des anecdotes, il nous dévoile les étonnantes particularités culturelles auxquelles il est confronté. Le concret de ses analyses à la lumière des évangiles et de ses convictions interroge le lecteur sur la mentalité collective qui l'entoure. Ce livre laisse apercevoir une manière de vivre faite de partage des choses ordinaires, du souci permanent de l'autre, de gestes et d'attentions aux pauvres qui deviennent des frères. Devenir pauvre à son tour, être assimilé et témoigner de la foi par des actes rendent extraordinaire l'existence la plus simple malgré les obstacles. Défiant le flagrant manque de liberté d'expression dans la péninsule du Sud-Est asiatique, Yann Defond ose aussi une parole risquée sur les injustices dont il est le témoin.

05/2022

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Décoration

L'Art déco. Encyclopédie des arts décoratifs des années vingt et trente

L'histoire de l'Art déco épouse celle de notre modernité. Né dans les grandes villes d'Europe et d'Amérique, contemporain du jazz, de l'automobile et des gratte-ciel, il a traversé deux guerres mondiales ainsi que la crise des années trente, et modelé notre environnement, du Golden Gate Bridge de San Francisco aux modestes lampes de nos bureaux. De tous les styles décoratifs du XXe siècle, l'Art déco est le plus élaboré. Il s'est développé, dans ses formes les plus pures, à partir d'une conception typiquement française du luxe et du raffinement, qui privilégiait souvent dans les années vingt les matériaux exotiques et précieux. En Europe comme en Amérique, le style " paquebot ", que l'on assimile désormais à l'Art déco, utilisa par la suite le métal et le plastique. Si Paris fut sa capitale spirituelle, l'Art déco eut en réalité une portée mondiale puisque les créateurs de tous les pays d'Europe et d'Amérique puisèrent dans les traditions artistiques et artisanales les plus variées, de l'Egypte pharaonique et de la Méditerranée antique aux colonies d'Asie et d'Afrique. Dans l'ouvrage le plus complet jamais publié sur les arts décoratifs de cette période, Alastair Duncan rend hommage à la richesse formelle et à la diversité internationale de l'Art déco, qui n'a cessé de séduire les collectionneurs et d'inspirer les créateurs. L'ouvrage est constitué d'une série d'essais sur les principaux arts décoratifs de la période : mobilier et décoration intérieure ; sculpture ; peinture, illustration, affiche, reliure ; verrerie ; céramique ; luminaire ; textile ; orfèvrerie, art du métal, laque, émail ; joaillerie. Chaque essai est suivi d'une biographie détaillée des plus grands artistes de la discipline. Un répertoire illustré de plus de quatre cents artistes, décorateurs et fabricants parachève cette somme unique consacrée à l'Art déco. Magnifiquement illustré et rédigé par l'un des plus grands experts mondiaux, cet ouvrage s'imposera comme la référence majeure sur l'Art déco pour de nombreuses années.

09/2010

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Histoire internationale

Le couteau et le poison. L'assassinat politique en Europe (1400-1800)

"Liberté! , que de crimes on commet en ton nom ! " De Richard II, discrètement assassiné au fond d'un donjon en 1400, à Henri IV, la liste est longue des rois et des princes victimes de complots ou de meurtres isolés. Le poignard sanctionne le souverain qui n'est pas à la hauteur de sa mission, et tous les puissants redoutent le poison, arme invisible et donc plus dangereuse que l'épée. Pour justifier leur geste, les criminels invoquent l'exemple de Brutus, tandis que les théologiens, reprenant la question posée par saint Thomas d'Aquin, n'hésitent pas à légitimer le meurtre du tyran sous certaines conditions. Et c'est avec la bénédiction du pape que Machiavel, témoin des conjurations sans fin auxquelles se livrent les Borgia, se fait le théoricien du meurtre en politique. Le fanatisme des guerres de religion ne peut qu'encourager les tyrannicides. Les supplices horribles promis aux régicides ne les dissuadent pas d'accomplir ce qu'ils croient être la volonté divine. Ce n'est pas seulement en France que les attentats se multiplient, mais dans tous les pays. La mort d'Henri IV provoque cependant un tel choc dans l'opinion que le pape et les jésuites doivent condamner la doctrine du tyrannicide, désormais assimilé à un crime pur et simple. Le Siècle des lumières se donne l'illusion d'avoir éliminé ce vestige des temps barbares, selon la définition de Voltaire, et le geste de Damiens choque toute l'Europe civilisée. L'exécution de Louis XVI marque l'aboutissement extrême de la théorie du tyrannicide traditionnel selon laquelle tout sujet peut briser "le sceptre qui l'opprime". L'explosion de la machine infernale de la rue Saint-Nicaise, premier attentat à grand spectacle, préfigure une autre forme de violence, celle des attentats terroristes modernes. Georges Minois est professeur d'histoire et membre du Centre international de recherches et d'études transdisciplinaires. Il a publié de nombreuses études sur l'histoire des mentalités religieuses.

05/1997

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Critique littéraire

Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionnalisme

Pour avoir suivi un itinéraire qui le mena du dreyfusisme au pétainisme, Daniel Halévy est l'une des figures les plus singulières du XXe siècle littéraire et politique. Né en 1872 dans une famille issue de juifs bavarois installés en France depuis la Révolution, il incarne une certaine tradition du judaïsme laïc et assimilé. Intime de Proust au lycée Condorcet, bénéficiant des relations de son père Ludovic - académicien et librettiste d'Offenbach -, Daniel Halévy fut d'abord un dilettante hésitant entre l'écriture symboliste et des préoccupations sociales. L'Affaire Dreyfus marqua son entrée dans la vie publique : il fut alors parmi les premiers intellectuels à soutenir la cause du capitaine Dreyfus. Cet engagement soudain différa sa carrière littéraire, inaugurée avec la première biographie française de Nietzsche, en 1909. Socialiste hétérodoxe à ses débuts, collaborateur des Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy ensuite, méfiant depuis toujours à l'égard de la démocratie, il relève en fait d'une tradition libérale-conservatrice caractéristique du XIXe siècle. Pendant l'entre-deux-guerres, il devint un critique et un essayiste en vogue, ainsi que l'éditeur des " Cahiers Verts " chez Grasset, où il publia Maurois, Malraux, Montherlant, Mauriac, Drieu La Rochelle, Giono, Benda... C'est aussi au cours de ces années de succès littéraires et éditoriaux que l'auteur des Visites aux paysans du Centre et de La Fin des Notables se rapprocha de la droite maurrassienne. Cette évolution le conduisit à soutenir le gouvernement de Vichy puis, après la guerre, à rejoindre les rangs néo-maurrassiens. Des premiers poèmes baudelairiens aux pétitions de la guerre d'Algérie, de l'Affaire Dreyfus à la mobilisation contre l'arme atomique, cet itinéraire hors normes est évoqué ici pour la première fois, avec rigueur et talent. La condition particulière de l'écrivain, son influence et son rôle y sont mis en lumière. On mesure ainsi, à travers l'existence d'un intellectuel influent, la réelle complexité des engagements littéraires et politiques de cette époque, artificiellement simplifiés par le manichéisme de la nôtre.

02/2001

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Religion

La Suppléance dans l'Eglise, la Suppléance de l'Eglise. A la source d'une ecclésiologie de l'exception

Quel que soit le domaine considéré, l'action du législateur consiste à établir les règles normales de fonctionnement d'une société humaine, lesquelles définissent l'ordre nécessaire à la paix entre les hommes. La législation n'a pas pour vocation de traiter de cas exceptionnels, mais au contraire elle doit régir les situations les plus communes en fixant les normes qui préserveront la justice sociale et assureront la sérénité des relations humaines. Quand un lobby largement minoritaire réussit à imposer sa loi, de profonds désordres sociaux sont rendus possibles, parce que l'exception, surtout quand elle est fondée sur la nature des êtres, devient alors une injure à la loi morale. Car l'exception confirme la règle et ne s'assimile jamais à elle. Cette conception du droit se retrouve dans la législation canonique. Le code prévoit un certain nombre d'exceptions qui dérogent aux normes habituelles de fonctionnement de la structure ecclésiale, parce que l'Eglise catholique a un mandat qui dépasse les limites visibles de son activité propre : elle doit mettre tout en oeuvre pour sauver les hommes. Ses normes propres, qui protègent ses droits en tant que société, cèdent alors face aux exigences de la loi divine. Aucune anarchie n'est pour autant créée. En fait, c'est l'ordonnance de Dieu même qui a finalement le dernier mot. Mais, il faut bien le constater, le nombre des situations exceptionnelles augmente, particulièrement en proportion du manque de prêtres. Aussi était-il important de mettre en lumière leur fonctionnement commun dans ce que l'auteur désigne comme une " ecclésiologie de l'exception " en regard de " l'ecclésiologie de la règle ". Le présent travail met ainsi en place, d'une manière renouvelée, des éléments qui ouvrent à une réflexion approfondie et à des débats ultérieurs sur d'importantes questions comme celle de l'oecuménisme, de la communion hiérarchique ou du statut des divorcés-remariés...

11/2019