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Histoire internationale

Explorations coloniales au Laos. Du Mékong aux Hauts Plateaux, itinéraire au coeur d'une passion française

L'enthousiasme de Jules Harmand est à la hauteur de sa détermination et de sa soif de connaissances. Comment exprimer avec plus de force cette passion française pour ces terres lointaines et somptueuses ? En deux explorations extrêmes, ce " baroudeur-scientifique " nous plonge dans les mystères de ce coin d'Indochine alors inconnu, le Sud Laos, et nous fait vibrer à l'unisson de ses découvertes et des mille périls que cet aventurier colonial surmonte, en 1877, le fusil toujours bien à portée de main ; car ce médecin de marine, ancien compagnon de Francis Garnier dans sa guerre contre les Pavillons Noirs, a le courage chevillé au corps. Quant à la diplomatie propre à ce genre d'expéditions audacieuses, elle s'exprime surtout par son inébranlable foi en la supériorité technique de la civilisation dont il porte haut le drapeau : " il aurait été capable de nie demander un canon rayé et plusieurs' caissons d'obus, car je venais de commettre l'imprudence de lui décrire les effets merveilleux de ces engins civilisateurs ", dit-il en évoquant son rapport tendu avec un potentat peu scrupuleux, représentant du roi de Siam. Aujourd'hui, pour le voyageur qui connaît ou s'apprête à découvrir cette magnifique région entre Paksé, Champassak, Saravane et la cordillère vietnamienne, quel plaisir d'imaginer, de reconnaître les sites, les monuments, les ethnies d'alors. Sur les pas de Jules Harmand, ce bâtisseur d'empire solitaire, découvrez ces bastions encore vierges aux moeurs étranges, les Hauts Plateaux des Boloven.s ou l'extraordinaire beauté des torrents indomptés et des cascades vertigineuses. Regardez le Vat Phou, un des nombreux dessins d'Eugène Burnand qui illustrent le texte : retirez le casque colonial ; vous y êtes, rien n'a changé ! Laissez-vous maintenant entraîner dans l'aventure. L'auteur y délie sa plume comme il manie son fusil !

11/2010

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Histoire de France

Un révolutionnaire professionnel, Auguste Blanqui

"Dans l'imagerie partout imposée jusqu'à présent, le révolutionnaire Blanqui, qui a passé trente-cinq ans de sa vie en prison, luttant sous Charles X comme sous la IIIe République, sous Louis-Philippe comme sous Napoléon III, est le type même du "héros positif". Abnégation, courage, lui sont associés ; prisonnier d'opinion, pensent beaucoup. Procédant à une lecture exhaustive des documents publiés et des manuscrits de Blanqui et à propos de Blanqui, l'auteur détruit ici cette légende. Il montre tout ce qui dans les axiomes simplistes du blanquisme éclaire le phénomène moderne du révolutionnaire professionnel. Intransigeant, extrémiste, totalement coupé de la masse, Blanqui a foi en la toute-puissance d'une petite élite ; il rejette la démocratie, le suffrage universel ; il nie toute capacité révolutionnaire à la masse ouvrière qui lui parait inerte, inculte, voire contre-révolutionnaire, ainsi qu'il l'écrit à propos de l'"Association Internationale des Travailleurs", peut-être le premier mouvement d'auto-émancipation ouvrière de l'Histoire. A partir d'une telle appréhension du monde, Blanqui ne peut penser son groupe révolutionnaire que comme organisation militaire : violence, coups de main, prises d'armes, actions clandestines, tels sont les modes d'action "politiques" qui le mènent dans tant de prisons. Derrière cette vie dramatique, amère, gâchée, la question qui est posée est celle de toute la lignée des révolutionnaires professionnels qui par catastrophisme, fanatisme, ont lancé et lancent, loin des aspirations de ceux qu'ils prétendent "éveiller", des actions violentes, meurtrières. Le sort de Blanqui fait réfléchir sur l'intelligentsia russe qui, de Tchernychevski en passant par Bakounine, Netchaïev, Tkatchev, aboutit à Lénine ; mais aussi sur ses successeurs qui sont, entre autres, la Bande à Baader et les Brigades rouges. Quelques dizaines d'hommes se donnent le droit de se servir des autres comme d'un instrument aveugle ; ces autres, il est permis de les tromper, de les compromettre et même, de les perdre. Ainsi pensaient les premiers révolutionnaires professionnels, ainsi agissent aujourd'hui leurs descendants." Jeannine Verdès-Leroux.

11/1984

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Ecrits sur l'art

Pierrette Bloch. Textes critiques et entretiens

L'oeuvre de Pierrette Bloch a commencé à être connue du grand public au début des années 2000 par des expositions au Centre Pompidou, à Vevey (Suisse) à la galerie Karsten Greve (Paris/Cologne). Sa carrière d'artiste démarre pourtant au début des années 1950 et se poursuivra dans une discrétion choisie, en passant par des techniques diverses - le collage, le textile, les crins, des signes graphiques proches d'une écriture pour trouver dans des séries de ponctuations noires sur fond blanc ou blanches sur fond noir (qu'elle désignait elle-même ironiquement comme des "pois") le "langage" auquel elle a été identifiée. Cet ouvrage prend appui sur une sélection des textes critiques qui ont été consacrés aux oeuvres de Pierrette Bloch tout au long de son parcours. La multiplicité des regards, dans l'instant même où apparaissent ces oeuvres - donc sans le recul et le savoir que donne l'histoire une fois nie - permet de superposer et recomposer tous ces moments d'échange entre une artiste et ses premiers critiques, son premier public. De l'acteur et mime Etienne Decroux à Philippe Dagen en passant par Philippe Piguet, Daniel Abadie, Elisabeth Amblard et beaucoup d'autres, c'est toute une autre histoire qui se dévide, à l'écart des divers courants artistiques qui ont occupé la scène des années 1950 à aujourd'hui. Histoire qui fut celle de nombreuses femmes artistes tenues dans l'ombre mais aussi celle d'un chemin que Pierrette Bloch avait choisi de parcourir à son rythme, et avec la seule exigence de rester au plus près de ce qu'elle pensait nécessaire de faire. En complément des textes critiques viennent quelques entretiens accordés par Pierrette Bloch pour des films, des catalogues d'expositions ou pour des émissions radio avec des producteurs tels Alain Veinstein et Laure Adler. Ce livre forme un ensemble inédit à ce jour rassemblant une soixantaine de textes accompagnés d'un index des noms ainsi que d'une bibliographie générale.

06/2021

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Littérature française

Des vérités boiteuses

De retour en Tunisie en 1995, trente ans après que sa famille a quitté le pays dans un climat de terreur, Emile Brami cherche à recoller les morceaux d'une histoire oubliée : celle des juifs de Tunisie. Quête impossible qui se poursuit dans les méandres de sa mémoire, bien plus tard, sur un lit d'hôpital. Mais faut-il croire aux " vérités boiteuses " de cet affabulateur ? La vérité sort de la bouche des menteurs " Je suis issu d'une communauté qui a disparu, ou, pour être précis et s'il faut en croire les manuels d'histoire, qui n'a jamais existé, puisque ses traces furent méticuleusement effacées. " Emile Brami - mais est-ce bien lui ? - raconte comment, en 1964, Victor Brami, son père, dénoncé comme membre du groupe terroriste de la Main rouge par un concurrent jaloux de sa réussite, fut enlevé en pleine nuit par un mystérieux commando. Après trois semaines d'enfermement et de tortures, c'est un homme brisé, mutique, qui sera rendu aux siens. Contraint par la force de quitter leur terre natale pour la France, lui et les siens prendront la route de l'exil, comme tant d'autres familles juives de Tunisie. C'est l'histoire de ce monde " englouti, oublié puis nié " qu'entreprend d'écrire son fils. Une quête impossible, interrompue après un retour douloureux dans ce pays sans mémoire. Presque cinquante ans plus tard, nous retrouvons le narrateur soumis à un obscur protocole expérimental dans un hôpital parisien. Certain de vivre ses derniers jours, il décide de tenir un journal, chronique lapidaire de sa maladie. Lui reviennent alors des souvenirs précis de son enfance, préludes à sa vocation d'écrivain. Serait-ce le temps retrouvé ? Mais comment croire sur parole ce trafiquant de " vérités boiteuses ", obsédé par le besoin de " rendre crédibles ses affabulations " ? N'y a-t-il que le mensonge pour faire passer la vérité en contrebande ?

09/2023

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Philosophie

L'homme incarné

Qu'est-ce que l'homme ? Ce livre est une méditation de l'énigme de l'homme, à l'époque du transhumanisme. Il invite à considérer la différence entre l'homme antique et l'homme moderne selon ses principaux aspects : la vie, la production de biens, la technique et le travail, l'action et l'Etat, et enfin la pensée. Le fil conducteur en est le rapport avec la nature. L'homme antique vivait selon la Nature, selon l'ordre cosmique et la nature des choses, en espérant simplement habiter ce monde. Chaque chose avait une place naturelle déterminée, dans le monde (dieu, homme, animal), dans la famille (masculin et féminin) et dans la Cité. L'homme moderne, au contraire, nie la Nature, en voulant vivre selon le "Faire" et le "construire" , selon la "culture" . Il tend à ne voir dans la Nature qu'un réservoir de "matières premières" livrées à son audace démiurgique, et il tend à mener une existence désincarnée, hors du monde de la vie. Cependant, entre une vie fondée sur la nature et une vie sans nature, demeure une autre possibilité : l'incarnation de la liberté dans la nature, la création d'un monde spirituel, qui est une "seconde nature" . Ni nature, ni anti-nature, ni hors nature, mais un esprit libre dans la nature. Ce qui exige une âme incarnée et demande une philosophie de l'incarnation, en nous demandant : qui sommes-nous ? Tout tient donc à la question du corps charnel, face au corps machine. Bâtir et sauver un monde humain bon, donc habitable, tel est notre défi. Agrégé, docteur et habilité à diriger des recherches en philosophie, Philippe Soual est actuellement professeur de philosophie à l'Institut Catholique de Toulouse. Spécialiste de Hegel et de philosophie morale et politique, il est notamment l'auteur de Le sens de l'Etat (Peeters, 2006) et de Visages de l'individu (PUF, 2008).

11/2019

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Théâtre

Théâtre-bouffe

" Tout le monde sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lire celles-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. " Molière. Résumé de Transit : Un huis clos surréaliste. Un aéroport de province piège des passagers en partance pour une île paradisiaque. Durant cette escale interminable, les voyageurs acculés finissent par craquer... Partiront-ils un jour vers l'avenir meilleur qui leur a été promis ? Résumé de Bambille, le surineur de Romorantin : Le monde carcéral a ses codes, mais la nouvelle Alcatraz est l'emprisonnement de l'individu par l'image, celle de l'assassin. Louis Bambille est accusé d'avoir égorgé toute une famille de Romorantin. La presse s'en empare. Il devient un monstre fascinant. Il est adulé, choyé, aimé, adoré. Tout l'entourage le pousse à avouer ce merveilleux crime. Mais Louis Bambille nie... Résumé de L, Comme, oiseau : C'est l'histoire d'un homme né avec une aile à la place de son bras droit. Il va traverser le siècle le plus noir, celui qui a engendré deux guerres mondiales et deux formes terribles de totalitarisme. Peut-être est-il né pour délivrer un message à l'humanité ? On ne sait pas, mais on constate que tout le monde veut se l'approprier, fasciné par cette anomalie... naturelle. Résumé de Le primerissimo : Le Primerissimo" est un hommage que l'auteur rend au théâtre itinérant italien qu'il a connu au cours de ses études au pays de Pirandello. Une compagnie où, sauf un Belge, tout le monde est membre de la même famille. Le chef (il Capo) est un la grande vedette. Une sorte de soleil. Le Primerissimo" se veut une comédie où l'amour, la haine; la trahison, la fierté forment un melting-pot. Seul sentiment commun: la passion pour le théâtre. ?? ?? ?? ?? 1

06/2011

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Géopolitique

Tchernobyl par la preuve. Vivre avec le désastre et après

En 2011, "quand la centrale de Fukushima a été frappée de plein fouet par un tsunami, les dirigeants japonais ont réagi de manière étrangement similaire à celle des leaders soviétiques en 1986. Ils ont massivement sous-estimé l'ampleur de la catastrophe - la fusion de trois réacteurs -, ils ont envoyé des pompiers sans équipement de protection dans des champs de radioactivité très élevés et n'ont intentionnellement pas informé la population des niveaux de radiation". Puis ils ont dissimulé l'ampleur de la catastrophe, comme les dirigeants soviétiques l'ont fait pendant quelques années. Kate Brown est la première historienne occidentale à avoir travaillé dans les archives du ministère ukrainien de la Santé. Après dix ans de fouilles - elle a obtenu la déclassification de nombreux dossiers -, d'entretiens et d'enquête de terrain en Russie, en Ukraine (jusque dans la Zone d'exclusion) et en Biélorussie, elle nous donne à voir l'étendue du désastre, mais aussi les actions entreprises pour dissimuler la vérité et convaincre la communauté internationale et l'opinion publique de l'innocuité des retombées radioactives. Car les efforts déployés pour dénaturer l'histoire ne s'arrêtent pas aux frontières de l'URSS : plusieurs Etats occidentaux, des agences de l'ONU, des diplomates internationaux et des scientifiques associés à l'industrie nucléaire ont éludé, voire nié l'existence d'une catastrophe sanitaire de grande échelle. Cette enquête révèle ou confirme les mensonges et les collusions, mais relate aussi le quotidien des survivants. Elle met en lumière les conséquences irréversibles de la radioactivité artificielle sur l'ensemble du vivant, la spécificité des faibles doses accumulées, et nous confronte, jusqu'à la sidération, à ce que nous ont légué des décennies d'accidents et d'essais nucléaires en tout genre. Quoi que l'avenir nous réserve, nous ne pouvons plus continuer à faire l'économie d'un honnête et véritable guide de survie - en cas de nouveau désastre.

03/2021

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Philosophie du droit

Cours de philosophie du droit

Le présent ouvrage est un cours de philosophie du droit destiné aux étudiants de deuxième année de master. Formellement, le style oral et l'humour de l'auteur, s'adressant directement à ses étudiants (l'on pourrait presque, parfois, les entendre réfléchir avec leur professeur), en sont le trait caractéristique. Sur le fond, le cours se propose d'expliquer tout à la fois ce que peut être la philosophie du droit et pourquoi il est indispensable, avant de finir ses humanités juridiques, de s'y intéresser. Il réhabilite ainsi l'utilité pratique de la philosophie du droit qu'un excès scientiste et positiviste avait pu masquer. Le cours présente les grands courants de la philosophie du droit, opposant ceux qui postulent que le droit poursuit une fin, et ceux qui récusent ce postulat. En décrivant les courants de pensée fondés sur l'idée que le droit poursuit une finalité, l'auteur emmène son auditoire (ses lecteurs désormais) à travers l'histoire : la finalité du droit a été, selon les époques, la justice, le service de l'individu, et le service de la société. En décrivant, de manière critique, le courant de pensée qui nie que le droit poursuive une fin, l'auteur rappelle que le positivisme, avant d'être un positivisme juridique, a été une théorie de la connaissance, et qu'il repose pour une part sur une véritable légende. Il s'ensuit une brillante réhabilitation du droit naturel classique comme méthode de raisonnement. Mais ne dévoilons pas tous ses mystères : il suffit de constater que ce cours de philosophie est d'une grande richesse. Il dit aussi beaucoup de son auteur. Eclairé d'une culture véritablement impressionnante, il propose une vision du droit et même du monde, vision qui est tout à la fois celle d'un chercheur, d'un praticien et d'un enseignant du droit. Car Damien Grimaud était tout cela à la fois.

04/2024

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Policiers

Spy Tome 6 : Feu nucléaire à Indian Point

- C'est un hasard incroyable, reprit Marc. Avant-hier, il y a eu un banal contrôle douanier au péage autoroutier de Gye, sur l'A31 au niveau de Nancy. L'homme qui conduisait était nerveux, et détournait son regard des douaniers qui l'interrogeait. Ils ont décidé de fouiller son véhicule. Ils ont fini par trouver une cache aménagée dans le coffre. Quelle n'a pas été leur surprise de trouver dedans un drone et deux pains d'explosifs de 500 grammes chacun et de mise à feu à distance. La Douane nous a immédiatement alerté et nous a fait parvenir leur saisie. Le labo est formel : l'explosif est de la tolite en provenance de l'ex-Yougoslavie et il provient du même lot utilisé par Mohamed Jaish pour fabriquer sa bombe sale. Pareil pour les détonateurs. Le gars que l'on a arrêté est un habitant de l'agglomération de Montpellier. Il a vingt-deux ans, sans casier judiciaire, pas fiché S. Ses parents viennent de Tunisie, sans histoire. Lui est né en France. On est en train de l'interroger. Pour l'instant il nie tout. Il dit qu'il n'était pas au courant, qu'on lui avait demandé de conduire la voiture jusqu'au Havre. Mais il refuse de dire qui lui a demandé et l'adresse où il devait la conduire. On est convaincu qu'il ment. Et ce qu'il transportait n'augure rien de bon : des explosifs et un drone ! C'est sûr que Mohamed Jaish prépare un nouvel attentat. Karim enregistrait, silencieux, toutes ces informations. - Tu as raison, il prépare un nouvel attentat. Mais cet étrange, deux pains de tolite comme cela fait, certes, beaucoup de dégâts mais rien à voir en termes d'impact avec l'attentat du Louvre. La présence du drone pourrait indiquer une attaque suicide sur une personnalité. Mais on est maintenant bien préparé à riposter à ce genre d'attaque. Nos équipes de protection des hautes personnalités sont équipés de matériel pour intercepter et neutraliser des drones. Mohamed Jaish doit le savoir. Il n'aurait aucune chance. Non, il doit y avoir autre chose.

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Beaux arts

Courbet. La vie à tout prix

Deux cents ans après la naissance du peintre, l'oeuvre de Gustave Courbet ne laisse personne indifférent : ses toiles engendrent l'adhésion ou l'aversion. Ou plutôt la personnalité de l'artiste suscite encore des réactions passionnées : pour certain, il est toujours le rebelle des autoportraits de jeunesse et l'artiste scandaleux, relatant l'histoire d'Ornans ou celle de sa vie parisienne avec la grandeur des peintures d'histoire. Courbet a nié les hiérarchies académiques, il a brouillé les genres, transformant son pays natal en une matière, une substance, une odeur, un souvenir, une émotion : un univers entier. Parce qu'il ne sut pas séparer l'art de sa personnalité, Courbet a caché ses souffrances par celles des plus misérables et sa vulnérabilité par des provocations. L'extraordinaire naît du frisson devant la réalité. C'est pourquoi sa sensibilité est mesure de toute grandeur. Car l'artiste a manifesté une insolence tout au long de sa cardère, repoussant avec une apparente spontanéité le convenu, le coutumier, l'habituel, sachant jouer des mécanismes de la peinture officielle pour les détourner à son profit, avec une puissance et une conviction qui s'imposent aujourd'hui à l'égal des plus grands maîtres. Son orgueil fut son triomphe et sa perte. Gustave Courbet : l'un des peintres les plus importants, les plus novateurs les plus originaux du XIXe siècle. Un vrai créateur, inclassable, ni impressionniste, ni naturaliste mais romantique, buveur, dévoreur de femmes, de nourriture, de vie, bourgeois faux pauvre mais vrai révolté, accusé d'avoir ordonné la démolition de la colonne Vendôme, exilé politique en Suisse où il décédera en 1877 dans la commune de La Tour-de Peilz... Après des décennies de silence sur Courbet, l'entrée au musée d'Orsay d'un tableau de petites dimensions a déclenché une avalanche de biographies et d'études. Cette monographie de référence, abondamment illustrée, fait le tour complet du personnage en incluant les dernières découvertes (correspondance) ainsi que les oeuvres récemment restaurées (L'Atelier par exemple). Elle paraîtra à l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'artiste.

09/2019

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 7, L'économie à la mesure de l'univers ; La part maudite ; La limite de l'utile (fragments) ; Théorie de la religion ; Conférences 1947-1948

"Parce que le rayonnement solaire est sans contrepartie, parce que le soleil donne la vie pour rien, à la surface du globe, pour la matière vivante en général, l'énergie est toujours en excès. Si l'univers se dilapide ainsi lui-même, l'homme ne peut être que prodigue, "un rieur, un danseur, un donneur de fête". Seule son avarice d'être séparé le sépare de cette vérité solaire ; qu'il la nie, il ne peut cependant dépenser moins : il faut qu' une quantité déterminée d'énergie soit dépensée en pure perte."Ma volonté décide de la modalité, non de la quantité de la perte." En pure perte, ce peut être l'accroissement du niveau de vie mondial : la multiplication du luxe, ou ce peut être la guerre atomique. Si l'oeuvre entière de Bataille développe cette théorie de l'excès ("part maléfique que nous tentons de dépenser pour le bien commun" Sur Nietzsche), La Part maudite devait en être l'exposé systématique, comme fondement de "l'économie générale", science de l'usage des richesses. Un premier livre, La Consumation, parut en 1949. L'actualité (le plan Marshall, la guerre froide) l'inspire, mais cet ouvrage est d'abord le fruit d 'un long travail, dont ce volume retrace les étapes : La Limite de l'utile (1939-1945), fragments d'une version abandonnée aux marges de "l'expérience intérieure", L'Economie à la mesure de l'univers (1946), "notes préliminaires à la rédaction", enfin Théorie de la religion (1948), qui fait de la religion (fût-elle athéologique) l'ordinatrice de la dépense, en tant qu'elle est "recherche de l'intimité perdue, effort de la conscience claire pour devenir en entier conscience de soi". Les Conférences et les Annexes (Sade et la morale, La Religion surréaliste, Les Problèmes du surréalisme, une Notice autobiographique) qui complètent ce volume annoncent la suite, restée inédite, de La Part maudite : Histoire de l'érotisme (1951) et La Souveraineté(1954), qu'on trouvera dans le tome VIII de ces Ouvres complètes, avec les Conférences sur le non-savoir." Thadée Klossowski.

06/2019

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Littérature arabe

Les 1001 nuits

La Bibliothèque des Classiques publie, dans une superbe édition reliée et illustrée, idéale pour les fêtes de fin d'année, les célèbres contes des Mille et une Nuits, monument du patrimoine culturel mondial, dans la version d'origine d'Antoine Galland (1717), son génial traducteur et adaptateur. Schahriar, roi de Perse, trompé par son épouse, a décrété qu'il passerait désormais chacune de ses nuits avec une compagne différente et qu'elle serait exécutée à l'aube par son grand vizir. La fille de ce dernier, la sultane Scheherazade, se risque pourtant à rejoindre la couche royale. Mais au matin, sa complice Dinarzade lui murmure : " Ma soeur, dites-nous donc un de ces beaux contes que vous connaissez si bien. " Brûlant d'entendre la suite, Schahriar remet la sentence au lendemain, puis au lendemain... pendant mille et une nuits. Grâce à ce stratagème, la sultane aura la vie sauve, ainsi que toutes les jeunes femmes du royaume. Et nous, lecteurs, sommes suspendus aux lèvres de la conteuse... Il est des chefs-d'oeuvre dont chacun connaît le titre, mais pas toujours l'auteur. Les Mille et une nuits appartient à cette glorieuse lignée. Qui sait qu'Antoine Galland fut le traducteur et metteur en scène de cette immense féerie ? Après avoir longuement sillonné l'Empire ottoman, cet orientaliste de génie réunit en un volume ces récits immémoriaux, rédigeant lui-même des contes rapportés par un chrétien d'Alep, à commencer par les aventures fameuses d'Aladin et d'Ali Baba. Ce faisant, il a créé une oeuvre universelle, derrière laquelle il s'est effacé. Le premier volume parut en 1704, après trois ans de labeur. Onze autres suivirent jusqu'en 1717, suscitant l'engouement par-delà les frontières de la France. Pour la première fois en Europe, le monde islamique prenait vie, magique et envoûtant, magnifi é par la voix et le verbe de Scheherazade, clef de voûte de l'édifi ce. Avec Galland, l'Orient avait trouvé un orfèvre à sa mesure, une matière presque infi nie que ces contes - illustrés en 1841 et 1916 par William Harvey et Louis J. Rhead - ont portée au-delà des siècles.

10/2021

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Littérature érotique et sentim

Les cobras de Dartmouth Tome 6 : La crosse d'acier

Trop de penalties peuvent laisser le goal vulnérable sans LA CROSSE D'ACIER. Après avoir surmonté une commotion cérébrale qui aurait pu mettre fin à sa carrière, Tyler Vanek, l'attaquant de première ligne des Cobras de Dartmouth ne pouvait pas être plus heureux dans la vie. Jusqu'à ce que son adoration pour son idole de jeunesse, Raif Zovko, un joueur nouvellement acquis, se développe en quelque chose de plus. Sa maîtresse, "Chicklet" l'encourage à explorer ses sentiments et avec son accord à jouer avec le puissant Dom, Tyler se dit que cela pourrait bien être amusant. Laura Tallent, un agent dévoué de la Police d'Halifax et la première soumise de Chicklet est fatiguée des frasques de Tyler qui perturbent la structure de son monde. Son dévouement à sa maîtresse l'a maintenue silencieuse pendant deux ans, mais un horrible dossier et une preuve supplémentaire que Tyler est le pire soumis au monde lui fait se demander à quel point sa vie serait meilleure si ce dernier devenait le problème de quelqu'un d'autre. Quelqu'un comme Raif. Raif ne nie pas l'attirance qu'il a pour Tyler, mais il refuse de jouer avec un jeune homme s'interrogeant sur sa sexualité - il ne sera pas une phase expérimentale pour un soumis indiscipliné. Mais lorsque Laura l'attire dans un plan afin d'écarter Tyler de sa relation polyamoureuse avec Chicklet, ses instincts protecteurs prennent le dessus. Il s'associe avec Chicklet pour protéger Tyler et creuse afin de connaître les raisons derrière les manipulations de Laura. Chicklet aime visiblement son "boy" et elle ne le laissera pas partir. Et très vite, Raif se rend compte que lui non plus. Prise de court par la discorde dans sa maison, Chicklet lutte pour répondre aux besoins de ses soumis alors que leurs carrières respectives leur lancent des défis. Son contrôle lui file entre les mains, mais avec Raif à ses côtés, elle prie pour que ses relations puissent être sauvées. Sauver l'avenir signifie reconstruire avec de nouvelles fondations. Mais la seule façon de créer une base solide est d'y travailler tous ensemble. Et avec tous ces secrets et mensonges, elle ne sait pas par quoi commencer.

07/2018

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Méditation et spiritualité

Vacuité et non-dualité. Méditations pour déconstruire le moi

Une introduction complète au concept clé des traditions orientales : la non-dualité Lorsque nous considérons la contribution que les traditions contemplatives peuvent nous offrir aujourd'hui, aucun concept n'est plus important que celui de "non-dualité", un terme qui peut avoir de nombreuses significations, selon le contexte. En général, la non-dualité nie toute distinction que nous avons tendance à tenir pour acquise : par exemple, entre l'esprit et le corps, la transcendance et l'immanence, et surtout la non-dualité entre le sujet et l'objet, entre le soi et l'autre, qui est au coeur de ce livre. Le livre du professeur García Campayo combine une analyse riche de ce que la psychologie occidentale a découvert sur la nature du moi et de l'ego avec une connaissance approfondie de ce que les religions asiatiques ont à offrir. Il explique clairement les problèmes produits par la compréhension dualiste de nous-même et de notre relation aux autres, et propose des introductions au bouddhisme, au vedanta et au taoïsme qui mettent en lumière ce que ces traditions enseignent en réponse à ces questions. Plus important encore, le professeur García Campayo offre bien plus qu'un résumé de ces traditions : il décrit en détail une grande variété de pratiques contemplatives et de méditations déconstructives qui favorisent réellement une transformation directe, personnelle et expérientielle. Dans la plupart des traditions spirituelles, ces méditations de déconstruction du "moi" et les expériences de non-dualité sont considérées comme le summum de la pratique contemplative. En tant que telles, elles sont restées semi-cachées pendant des siècles. Les pratiques de déconstructions restent inconnues du grand public et commencent à peine à être étudiées par la science et la psychologie. Cet ouvrage est l'un des premiers à passer en revue de manière exhaustive la vision que les traditions orientales comme le bouddhisme, le taoïsme et l'advaita vedanta ont enseigné à ce sujet. Il décrit les principales pratiques méditatives conçues par les êtres humains pour tenter de diluer le sentiment du "moi". De cette façon, les lecteurs peuvent avoir un aperçu de ce que signifient la non-dualité et l'éveil au-delà du moi.

09/2023

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Histoire de France

Autour d'un effort de mémoire. Sur une lettre de Robert Antelme

Robert Antelme est arrêté par la Gestapo et déporté en juin 1944. Il se retrouve à Dachau un an plus tard, presque moribond. Le camp est bloqué par les troupes américaines par peur du typhus mais deux amis, dont Dionys Mascolo, réussissent à le faire sortir. Commence alors un "voyage infernal et merveilleux". Il parle, pendant cinq semaines, et ne pense "mourir que de ce bonheur". Deux ans plus tard il publie aux éphémères Editions de la Pensée Universelle, qu'il a fondées avec Marguerite Duras, ce livre dont Blanchot dit qu'il est "le plus simple, le plus pur et le plus proche de cet absolu dont il nous fait souvenir, L'Espèce humaine".
Entre la parole "sans fin" et le récit nécessaire il y a la Lettre à Dionys Mascolo. Malraux note comme une évidence que si "maints déportés"... ont écrit leurs souvenirs, leur retour à l'humanité n'y figure guère". Mascolo réplique : "La Lettre de Robert dit précisément ce que l'on nous dit qu'il est impossible de dire, qui devrait donc rester inouï". Au-delà du "simple raccordement de mémoire", de la "réconciliation" ou de l'"examen de passage", comme au-delà de la trop claire "dénégation", s'ouvre l'espace d'une innocence, d'une "originelle indétermination", où l'homme nié revient à l'homme et où l'écriture à la fois précise et tremblée de la lettre anticipe sur la rédaction du livre.
Cet état, "jamais... il n'y renoncera, jamais n'en guérira, ou jamais ne le trahira". La "réincarnation" (littéralement : le retour à la chair) d'Antelme est exemplaire. "Le lieu d'où il parle, dit Mascolo, il nous y a précipités et nous n'en sommes jamais revenus". Il donne aux autres, "sans échappatoire" l'occasion de se voir du dehors et de se découvrir une vie et une politique. Autour de Robert Antelme, Dionys Mascolo, Marguerite Duras, Edgar Morin puis Elio et Ginetta Vittorini se regroupent "dans le sentiment d'une délivrance mutuelle".
Ils sont tous au Parti Communiste mais leur communisme, qui appartient aussi bien à Holderlin qu'à Marx, a sur la Révolution une "avance" que ne supporteront pas les staliniens. Il refuse catégoriquement "le non-homme de l'homme, armé de raison, instruit de morale et soucieux de perfection". L'expérience, ici, c'est aussi le "refus du message".

08/1997

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Sciences politiques

L’ARTICLE ANTHROPOPHAGE/ De la dangerosité et des incohérences de l’article 35 de la constitution Iv

Il s'agit sans doute d'une des satires les plus constructives parmi les polémiques redondantes que soulève depuis bientôt seize années, l'article 35 de la constitution de la République de la Côte d'Ivoire. L'argumentaire développé, expose clairement les incohérences et la dangerosité dudit article, de même que son inadéquation avec les réalités et l'évolution progressiste des sociétés, voire de la vie.
Aussi, si les lois sont faites pour garantir les libertés individuelles et collectives des Hommes, de même que la paix entre concitoyens d'un même pays, le constat indubitablement exclusionniste, séparatiste, ségrégationniste, ethno-puriste, "anthropophagique" avéré de certaines d'entre elles - notamment notre constitution dans son article 35, devrait conduire à leur suppression. Surtout quand leur essence létale et fatale pour les états qu'elles régissent, n'est plus à démontrer.
L'auteur y voit à juste titre une oeuvre de "salubrité juridique" ; une oeuvre de salubrité sociopolitique ; une oeuvre de salubrité tout court. Les armes ne tonnent que si les lois sont partiales et mauvaises ! Ali Sy SAVANE invite donc à se débarrasser radicalement dudit article 35 qu'il assimile allégoriquement à un "monstre terrifiant et anthropophage" , car il nie la personnalité juridique de certains Ivoiriens qu'il est sensé défendre, les divise et "dévore" .
Cet article en sa formulation actuelle est une terrible menace et un cauchemar pour la paix, la fraternité et le progrès de la Côte d'Ivoire. Rébellion armée, Coup d'Etat, crimes d'Etat et meurtres de civils, crise postélectorale, guerre fratricide, autisme et cécité intellectuels, de même que fracture sociopolitique virulente, sont les canevas sombres de l'histoire de la Côte d'Ivoire, qui lui sont imputables ! Les cris, les pleurs, les souffrances d'un peuple ne sont audibles ou ne trouvent compassion ou écho à l'extérieure ni en son sein que par la sincérité de ses efforts à en prendre véritablement conscience, avec la ferme volonté d'en circonscrire les causes.
L'auteur s'y attèle intellectuellement, parce que la réconciliation, est certainement à ce prix ! Ecrivain engagé. il interpelle sans aucune ambigüité, le Président de la République, les Députés, les Présidents d'Institutions, les Politiciens, les Intellectuels, et toutes les personnes qui en ont le pouvoir de débarrasser la Côte d'Ivoire de ce "monstre juridique" au matricule 35 !

12/2015

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Poésie

Oeuvres poétiques. Tome 1

LE PAYSAGE, en tout cas, avec son défilé de formes et de couleurs, où se détachent par leur récurrence, le vert et le bleu, se présente toujours à nous dans cette oeuvre comme une clé d'accès, en quelque sorte, à l'amour physique, à l'ivresse rituelle de la passion, mais aussi à la plus subtile spiritualité, à laquelle il peut conduire ("Je voudrais m'approcher du désir pur, presque désincarné, celui qui n'est habité par aucun désir de possession"). Si bien que l'on peut même dire qu'il émane de cette poésie une manière de panthéisme amoureux, telle est l'importance accordée au charnel dans ces poèmes, de façon contenue mais persistante. C'est comme une "mystique de la chair", comme un champ sacré. Sans compter que les choses du monde, les éléments du paysage sont si souvent reliés aux sinuosités du phénomène amoureux qu'il en résulte une poésie douée d'une dimension et d'une force telles que John Stout a pu rapprocher Incarnat désir du Cantique des Cantiques. D'ailleurs, à la poésie de Jeanine Baude semble sous-jacente une conception de la poésie comme refus de toute idée de représentation figée, de ce qui, de quelque manière, nie le pouvoir de captation des mots. Cette poésie apparaît plutôt comme un essai sur les possibles, un pari sur l'ouverture de l'imaginaire que nous offre le monde, sur ce quelque chose qui est toujours tension, mouvement latent, déplacement et jamais immobilité. Dans ce sens, elle est indéfinissable, insaisissable, et c'est ce caractère de permanence et de fractures, ce pouvoir combinatoire des mots qui font la grandeur de cette poésie. C'est ce déplacement des faisceaux de focalisation ou plutôt leur multiplication, cette juxtaposition inouïe de contrastes qui fait resplendir ces poèmes en fulgurations qui diffèrent à chaque lecture comme des palpitations argentées sur la surface mobile d'une mer de sens. Jeanine Baude, originaire du Midi, de cette étendue inclinée de la Méditerranée, mer fermée, utérine, où palpite le bleu intense, plonge ses racines poétiques dans la beauté houleuse, rude, illimitée et convulsive de la Bretagne et de ses îles fouettées par la mer et submergées par l'humidité et la fureur grise. José Manuel de Vasconcelos

03/2015

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Littérature française

Cocaïne. Business model

Né dans une cité de la banlieue parisienne, Tarek, garçon brillant et séduisant, est repéré dès le début de sa scolarité par ses professeurs. A dix-huit ans, grâce à une procédure d'exception, il intègre Sciences-Po sans concours. Constamment renvoyé à son statut de " minorité visible ", il choisit de se tourner vers le trafic de drogue pour sortir d'une mauvaise passe un ami de toujours, le jeune et fougueux Moussa. Mais à la différence de ses camarades d'enfance, Tarek a pour lui le bagage intellectuel acquis durant ses études. C'est ainsi qu'après avoir parfaitement intégré les notions d'offre et de demande, d'approvisionnement, de distribution et de gestion des ressources humaines, il conquiert le marché avec succès, aidé par son fidèle chauffeur-partner, Moussa. Lorsqu'il comprend pourtant, une fois son compte en banque bien rempli, que la pérennité d'une entreprise repose à long terme sur la mépris de la clientèle - en rognant sur la qualité du produit et en gonflant les prix - et plus encore sur la capacité à se débarrasser de la concurrence - y compris par des méthodes les plus expéditives - une certaine lassitude commence à s'immiscer en lui... Saura-t-il se reconvertir à temps ? Après avoir calculé son pouvoir de séduction sur l'échelle des notations financières, après avoir pleuré la perte de la fille qu'il aimait dans un faire-part de mariage, Christophe Mouton poursuit son obsession : subvertir les codes littéraires en y appliquant le langage souvent déshumanisé de la modernité. Cette fois, c'est au vocabulaire du management entrepreneurial qu'il s'est attaqué pour narrer l'ascension d'un jeune dealer de banlieue. En appliquant la terminologie de la gestion et du commerce à son récit, il revisite avec un humour cinglant le roman d'apprentissage. Quant au parcours sans faute de son héros, qu'il décrit comme un modèle d'auto-entreprise - voilà bien un constat provocateur qui semble gommer tout jugement moral. Pourtant le cynisme de certaines industries légales ne nous incite-t-il pas à adhérer à la même logique ? Car sous ses dehors ironiques et légers, Cocaïne est un roman très ambitieux, une véritable fresque sociale qui croque aussi bien, de la façon la plus mordante, le profil des " consommateurs ", que celui du jeune de quartier bénéficiaire d'une discrimination positive qui ne fait que le stigmatiser davantage. A la fois drôle et très bien vue, cette chronique pose la question de la liberté individuelle face aux déterminismes de tout poil, critique sociale qui ne nie pas ses influences balzaciennes.

02/2014

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Droit

Théorie générale des normes

Hans KELSEN, le plus célèbre philosophe du droit issu du rang des juristes, est surtout connu pour avoir fondé une école juridique (l'Ecole de Vienne) qui radicalise la doctrine du positivisme juridique. Il a défendu, sa vie durant, une conception normativiste du droit et la thèse d'une stricte séparation entre le droit et la science du droit. Si l'on connaît bien en France son ouvrage programmatique sur la Théorie pure du droit, dans sa deuxième édition traduite par Charles Eisenmann, on sait au moins que cette seconde édition, publiée en 1960, n'est pas l'expression définitive de sa pensée. La traduction de la Théorie générale des normes, qui est un ouvrage posthume et inachevé, donne au lecteur français l'occasion de découvrir cette pensée dans ses derniers développements qui rompent en partie avec ceux de l'œuvre précédente. Le Maître viennois y poursuit l'analyse de la norme juridique, entamée dans la Théorie pure du droit, mais il l'approfondit sur certains points et l'infléchit sur d'autres. Il introduit ainsi de nouvelles réflexions sur la signification de la norme et sur ses fonctions, sur l'application et l'interprétation de la norme et également sur le rapport entre la norme et le langage, insistant notamment sur la distinction entre la norme et l'énoncé sur la norme. Par ailleurs, il considère la religion et le droit comme deux ordres normatifs similaires, ce qui le conduit à proposer une théorie vraiment " générale " des normes et non pas seulement une théorie juridique des normes. Il avance une nouvelle interprétation de la norme fondamentale en recourant à l'idée de fiction juridique. Enfin, dans la dernière partie du livre, Kelsen donne le dernier état de sa pensée sur le problème majeur de l'application de la logique au droit. Rompant avec son logicisme antérieur, il nie l'existence d'une logique spécifique au droit et conteste l'application de la logique syllogistique au processus d'application du droit, renouant ainsi avec un volontarisme juridique qu'il avait rejeté au début de son œuvre. Dans cet ouvrage, sous couvert de bâtir une théorie générale des normes, Kelsen construit une théorie de l'interprétation des normes. Il propose donc une herméneutique juridique originale qui intéressera tous ceux qui étudient les sciences normatives (juristes, mais aussi théologiens et spécialistes de l'éthique). Il engage un dialogue avec les représentants anglo-américains de la philosophie du droit, de l'éthique ou de la logique, et il renoue le dialogue avec les auteurs influents à Vienne au début du siècle.

08/1996

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Littérature érotique et sentim

L'échange

L'Echange Danie Lambert, quatorze ans vit une adolescence ordinaire avec ses parents. Brutalement, on découvre qu'il y a eu un échange de nourrissons à la maternité. Les analyses le prouvent, les Lambert ne sont pas ses parents. Le juge rétablit l'ordre des choses : Danie doit rejoindre sa famille biologique, les Duguet. Même chose pour le garçon, Dany prend place dans sa vraie famille, les Lambert. Autant Aline, la vraie maman de Danie est satisfaite de remplacer ce garçon qu'elle croyait le sien par une fille, autant son mari refuse cet échange et nie farouchement pouvoir être le géniteur «d'une fille». Une course-poursuite familiale où Danie fait face avec courage au déni de paternité de son père. Heureusement, elle est aidée dans cette lutte sans merci contre l'égoïsme et la misogynie par sa nouvelle mère, ses anciens parents et leur fils Dany. Comment sera l'avenir pour la gentille Danie ? Extrait Assise à mi-hauteur dans l'escalier, la tête calée entre les barreaux, j'écoutais cet échange. Je découvrais en même temps à quel point cet homme, pourtant mon père biologique, me haïssait pour avoir pris la place de son gars. Surtout parce que j'étais de sexe féminin comme il dit, ce qui pour lui est la pire des choses. - Ah ! Alors c'est difficile pour toi ? demande Hélène. - Mettez-vous à ma place, imaginez le bouleversement ! J'y ai pensé l'autre nuit, j'ai appelé les Lambert papa et maman durant toute ma vie, aujourd'hui, ils me fuient me jugeant responsable de la situation. De ce côté-ci, Adrien Duguet me hait et il ne s'en cache même pas. Il est pratiquement impossible d'imaginer sa rancoeur, sa haine, aiguisée par son dégoût avoué pour les enfants de sexe féminin. Il a hurlé à sa femme : «je n'en veux pas, c'est une fille, une fille, tu ne comprends pas ! C'est une fille». - Tout le monde est un peu dépassé par la soudaineté de tous ces événements, tente de modérer la psy. - Je l'admets, toutefois, il ne tolérera jamais cette situation, je le sais parfaitement, il est bien trop borné. Etre père d'une fille, pour lui, c'est contre nature et une chose parfaitement impossible. - Ce n'est pas ta faute, tu étais bébé. Ce n'est pas non plus à cause d'une famille ou de l'autre, souligne la psy. - Je crois comprendre qu'un hasard malheureux a présidé à cette substitution. Pour moi, hasard ou pas le résultat est identique. Je suis assise entre deux chaises !

03/2014

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Faits de société

Entre nos lignes. Lettre à Hank

« Les années et le temps, l'absence et l'attente, les mots et toujours les mots sur le papier pour s'enlacer et pour s'aimer, bien étrange destinée que la nôtre ». Ainsi commence Entre nos lignes, l'histoire d'une relation qui s'est construite malgré la séparation, une distance infinie et un océan de différences entre deux cultures. Dans cette longue Lettre à Hank, Sandrine Ageorges-Skinner s'adresse à son mari Hank Skinner, condamné à mort en 1995 au Texas pour un triple meurtre qu'il a toujours nié avoir commis. Avec toute la force que lui insufflent son amour et son combat pour la vérité, Sandrine revisite pour lui, et avec lui, ce qui les rapproche, ce qui les divise et ce qui les rend inséparables. C'est le vécu d'un amour qui semble avoir toujours été là et ne jamais devoir finir, un amour qui s'est tissé d'une lettre à l'autre et qui n'a cessé de mûrir dans les dédales d'un combat incertain où la vie et la mort se côtoient à chaque instant. Un amour où seuls l'écriture et le regard ont le droit de se croiser. Leurs peaux ne se connaissent pas, ils ne se sont jamais touchés, jamais respirés. Au parloir, leurs yeux se rejoignent à travers une vitre à l'épreuve des balles et la voix est filtrée par un téléphone.Entre nos lignes est un bloc de béton. Peu de retours à la ligne, peu de respirations, il est coulé d'une traite, à l'image de ces centaines de lettres que Sandrine a écrites à Hank. Des lettres rédigées dans l'urgence, comme en apnée. Entre nos lignes est un livre fort, dérangeant, captivant. C'est un texte qu'on ne lâche pas. Et s'il nous arrive de sourire, c'est toujours les larmes aux yeux. Cette histoire est sidérante, cet amour est sidérant, ce pays, les États- Unis, à la fois terre de liberté et terre de barbarie, est sidérant.Les mots de Sandrine sonnent effroyablement juste et cognent fort. Depuis quinze ans, jamais elle n'a baissé les bras, jamais elle ne s'est autorisée le moindre doute, à peine, au détour d'une image de documentaire, une larme vite essuyée. Elle y croit, et elle a raison : au moment où elle met la dernière main à son texte, Hank Skinner vient d'obtenir que soient enfin réalisés les tests ADN qu'elle et lui réclamaient en vain depuis plus de dix ans.

10/2012

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Littérature française

Carnets inédits. Histoire, politique, littérature

Depuis près de quarante ans, Jacques Julliard consigne dans ses carnets réflexions, notes de lecture, portraits et récits de rencontres. Un document intellectuel et politique de premier ordre. Depuis près de quarante ans, Jacques Julliard consigne dans ses carnets réflexions, notes de lecture, portraits et récits de rencontres. Les observations d'un homme qui s'engagea très tôt dans le sillage des valeurs d'un socialisme puisant dans les racines profondes du catholicisme social. Dans ce document intellectuel et politique de premier ordre, il évoque ses échanges avec, entre autres, les présidents Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, sur un registre ni courtisan ni opposant, animé par une liberté d'esprit et d'expression qui lui vaut le respect de tous au-delà de ses options personnelles. Au tournant du siècle, Jacques Julliard voit ses inquiétudes se vérifier quant au devenir du socialisme : le PS perd de plus en plus son âme. Il détecte tous les signes de ce déclin et les analyse avec une lucidité clinique, à la mesure de la déception éprouvée. Il rappelle alors, en puissant écho à Péguy, la nécessité de faire entendre une voix dissidente quand il s'agit de rester fidèle à la vérité et à son idéal. La perte du paramètre religieux dans la société française l'amène à s'interroger, après Benjamin Constant et Tocqueville : une société sans religion, au sens traditionnel du terme, n'est-elle pas guettée par une religion temporelle imposée, c'est-à-dire par le totalitarisme ? Toutes les dérives de la société française, qu'il recense sans indulgence, menacent d'aller dans ce sens : l'éclipse des grands hommes, des écrivains indiscutables, des esprits supérieurs, même si on ne partage pas leurs vues ; l'éclatement d'un pays qui tend à devenir une mosaïque de communautés distinctes, sans que qu'une gauche qui se dit républicaine s'en insurge ; la dépendance des gouvernants envers l'opinion publique ; la destruction de l'Ecole, instrument capital de l'intégration sociale et ethnique, par les " malfaiteurs de la pédagogie ". La crise des gilets jaunes, les soulèvements contre la réforme des retraites, la crise du coronavirus : autant de signes qu'une société n'ayant plus pour but que la conservation individuelle de chacun de ses membres se nie en tant que telle. Jacques Julliard appelle, en homme libre, à une forme de patriotisme de base, une union des citoyens autour des valeurs essentielles de la nation, expression de la volonté commune.

03/2021

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Divers

Le jardin des candidats

Bienvenue au royaume de La Mère. Une femme recherche des hommes sur des sites internet dédiés aux rencontres ardentes. On l'appelle "La Mère". Personnage central du Jardin des candidats, figure mythique de l'adoration, elle est la grande absence. Séparée de son mari, éloignée de sa fille, cette femme cherche l'amour. Sa maison est envahie des amas de livres détrempés, pendant que son grand jardin est marqué pas une piscine inachevée, abandonnée en plein cours de construction. Sa vie, sa maison, elle ne nie pas les problèmes, non... La Mère, déesse du jardin, n'a pas de problème. Elle est l'unique divin problème. Dans son mental, le jardin prend des dimensions illimitées, vaste espace pour le théâtre de ses désirs et de ses frustrations. Mais dans son jardin, elle contrôle tout. Quand il fait soleil ou quand il pleut, c'est parce qu'elle en a besoin. Les candidats, repérés sur internet, sont rassemblés tous ensemble dans le parc, parmi les buissons, les vases, les paons, les livres, les trous et le barbecue. C'est la grande réserve naturelle des prétendants de La Mère. Ils errent dans le jardin, ils besognent, jardinent ou se délassent. Ils attendent. Tous comprennent immédiatement la chance qui leur sera donnée : ils sont mis à genoux, devant la grande suprématie de La Mère. Invités au jardin pour mettre en valeur leurs aptitudes et se montrer digne d'un rendez-vous très spécial avec elle, dans sa maison... Et pour atteindre cela, ils sont prêts à servir et souffrir pour la satisfaction de La Mère, trouver leur bonheur dans l'éternelle frustration. Ils cherchent l'amour absolu, l'amour divin qu'une seule femme au monde est capable de leur donner... La Mère. Soudain, sans prévenir, la voilà au milieu du jardin, exposant ses formes harmonieuses aux rayons de soleil, dirigeant leurs jeux coquins ou contrôlant leurs travaux. Promesse étant faite au plus méritant de la rejoindre dans l'intimité de ses appartements. Mais le temps passe, les saisons se suivent, les apparitions sont comptées et les candidats sont dans le jardin. Personne n'a encore été appelé à pénétrer les murs de la maison de brique. On peut lire la joie sur le visage de candidats. Les larmes coulent sur leurs joues, alors que profondément en eux, chacun, même le plus stupide, sair qu'il ne pourra jamais convaincre La Mère de le choisir pour être son homme. Ils ne pourront pas satisfaire le désir de La Mère. Sachant ça, pourtant, ils ne vont jamais perdre l'espoir. Et c'est cela leur bonheur.

03/2024

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Onfray

Dieu ? Le philosophe & le rabbin

Un échange spirituel et intellectuel de haut niveau entre deux hommes que tout oppose apparemment sur le sujet. Face à un sujet aussi clivant que celui de Dieu, cette conversation sans concessions entre un philosophe et un rabbin ne tenait pas de l'évidence. Leurs controverses démontrent au contraire que deux personnes, précisément lorsqu'elles viennent d'horizons différents, ont beaucoup à se dire. Il suffit pour s'en convaincre de lire leurs premiers échanges portant sur la question universelle du sens à donner aux maux qui nous atteignent et nous interrogent au plus haut point dans notre humanité. Opposer radicalement théologie et philosophie, c'est également éluder le paradoxe d'une philosophie athée qui est " une philosophie toujours habitée par l'objet qu'elle prétend dissoudre ", en l'occurrence Dieu. En outre, les frontières qui séparent les croyants et les athées sont-elles si infranchissables ? Un croyant demeure-t-il étranger aux questions que se pose l'incroyant ? Les épreuves de la vie parfois extrêmes, les maladies, les injustices quotidiennes, ce qu'André Neher appelle " la réalité théologique du Silence de Dieu ", laissent-elles intacte la foi de celui qui s'en réclame, ne l'ébranlent-elle pas ? Un athée ne s'interroge-t-il pas sur le Dieu dont il nie l'existence, ne serait-ce que pour justifier son rejet du divin ? N'est-ce pas le propre de la conscience humaine que d'être en perpétuel mouvement, de croire aujourd'hui pour douter demain ? Michel Onfray est un incroyant convaincu, mais il n'est ni un nihiliste ni un relativiste, la spiritualité et les valeurs morales n'étant pas l'apanage des religions. Et il ne manque pas d'arguments solides pour défendre ses convictions. Il ne s'agissait pas, pour lui comme pour Michaël Azoulay, de chercher à emporter la conviction de l'autre mais de lui donner à percevoir une autre manière de penser, de s'ouvrir à l'altérité. De ces échanges, les deux hommes ont appris, et nous avec eux, qu'un dialogue exigeant contraint à déconstruire les évidences et les tropismes avec lesquels nous vivons. " Car nous sommes engoncés dans des certitudes et dans des idées préconçues que nous n'interrogeons plus, rappelle Michaël Azoulay. Dialoguer en vérité permet de mieux se définir, de mieux saisir ce en quoi on croit ou on ne croit pas. Si la tradition juive privilégie l'étude des textes en groupe, c'est parce que la vérité, ou plus modestement l'opinion juste, jaillit de la contradiction et de la confrontation des idées. "

02/2024

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Récits de voyage

Podróże. Notatnik klimatów

To co zapamietujemy z podrózy to nie geograficzne miejsca pobytu, zabytki czy architektura. Wszystko to sa szczególy, scena, na której odbywa sie podróz. To co zapamietujemy najlepiej to atmosfera ; spotkani ludzie, sytuacje, emocje, które sie pojawily, uczucia, które po nich nastapily. Podróz jest poruszaniem sie w klimatach, w nastrojach. "Niniejsze opowiesci z podrózy po róznych krajach swiata, w przestrzeni, w czasie i w sytuacjach, sa jak mozaika skomponowana ze wspomnien, z refleksji, z odczuc, z zauroczenia. Kazdy wpis prezentuje mozliwosci, które realizuja sie w kontekscie wrazliwosci chwili. Impresja staje sie atmosfera, która sie zakorzenia. Jest to alchemia postrzeganej rzeczywistosci, jej wydzwieku i jej emocjonalnego sladu. Brazylia, Indie, Finlandia, Japonia, Polska, Francja, Anglia, Norwegia i inne kraje sa miejscami scen z zycia i tlem dla wrazen, jakie im towarzysza. Opis wydarzen otwiera przestrzen do spotkania pomiedzy autorem a czytelnikiem, umozliwiajaca zdematerializowany dialog. "Moje teksty zaczely sie pojawiac podczas podrózy do Brazylii na spotkanie z dalsza rodzina mojego meza, odkryta przypadkowo dzieki internetowi. Kontrasty naszego zycia, nasze interakcje, a potem procesu pisania obudzily we mnie wspomnienia z minionych podrózy. Znalazly one swe miejsce na kartkach notatnika i wypelnily obraz zebranych klimatów. " 'Ce dont on se souvient d'un voyage ne sont pas les lieux géographiques, les monuments historiques, les images d'architecture. Tout ceci sont des détails ; la scène sur laquelle le voyage se déroule. Ce dont nous nous souvenons le plus sont les ambiances : les gens rencontrés, les situations, les émotions qui ont surgi, les ressentis qui ont suivis. Le voyage est un voyage à travers les ambiances. ' Ces récits de voyages à travers différents pays, en espace et en situations, sont comme des mosaïques composées par le coup de coeur, la réminiscence, le reflet, l'émotion. Chaque tableau s'ouvre sur des possibles qui se réalisent en fonction de la sensibilité du moment. Le vécu devient une ambiance qui s'enracine. Une alchimie de la réalité perçue, de son rayonnement et de la trace affective qu'elle laisse. Le Brésil, l'Inde, la Finlande, le Japon, la Pologne, l'Angleterre, la Norvège et d'autres pays sont lieux de scènes de vie et de ressentis qui les accompagnent. Les événements relatés, une plage de rencontre s'ouvre entre l'auteur et le lecteur, permettant un échange dématérialisé. "Mes écrits ont commencé à émerger durant un voyage au Brésil à la rencontre de la famille élargie de mon mari, découverte par hasard grâce à internet. Le contraste de nos vies, nos interactions puis le processus d'écriture ont réveillé en moi d'autres voyages passés. Ainsi leurs moments forts ont trouvé une place parmi les ambiances du carnet".

12/2023

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Pléiades

Journaux de guerre. Tome 2, 1939-1948

Tome I : "Un jeu magnifique et sanglant auquel les dieux prenaient plaisir" : on songe à Homère et à la guerre de Troie ; c'est 14-18 vue par Jünger. L'idée que des hommes aient pu consentir librement à une telle épreuve est presque scandaleuse aujourd'hui. On préfère penser que les combattants furent des victimes et souligner ce que leur héroïsme doit à la contrainte. Alors Jünger, évidemment, dérange. En 1920, Orages d'acier décrit une expérience des limites dont il a clairement consenti à payer le prix. Un jeu de vie ou de mort, comme une partie de chasse, mais dotée d'une justification morale : chasseur et gibier échangent constamment leur rôle. Jünger, qui n'est pas un fou, ne nie pas que la guerre soit terrible. Simplement, il montre qu'elle transforme l'homme de l'intérieur autant qu'elle l'agresse de l'extérieur. Sous le feu, il prenait des notes. Entre ces notes et les livres, "il y a toute la distance qui sépare l'action de la littérature". Littérature : il s'agit de cela, plus que d'histoire. C'est l'essence anhistorique de la guerre éternelle que Jünger découvre sur le front et consigne dans son journal. En joignant aux versions définitives un choix de textes et de fragments retranchés, ce volume prend en compte les journaux de Jünger dans toute leur complexité. Tome II : 1939. Mobilisé par un régime qu'il déteste, Jünger est à nouveau sous l'uniforme. Ce n'est plus le même homme, ni la même armée. L'expérience, elle aussi, sera différente. Après une campagne au cours de laquelle il n'est jamais en première ligne, et à part une mission dans le Caucase comme observateur, il est un occupant à Paris, puis le chroniqueur d'un coin d'Allemagne occupée. Les journaux de la Première Guerre s'organisaient en grands chapitres ; ceux de la Seconde sont datés au jour le jour. Dans un décousu apparent et très concerté, ils font place à des notations sur les opérations militaires, à des rencontres avec écrivains et intellectuels, à l'examen de soi, des hommes et de la nature, aux amours, aux rêves, aux lectures. Jünger lit notamment la Bible ; le christianisme devient pour lui un allié contre le nihilisme triomphant. Sans dissimuler son hostilité aux nazis et à l'antisémitisme officiel (il lui arrive de saluer militairement les porteurs de l'étoile jaune), il reste à son poste et n'attaque pas le régime de front. On parle d'émigration intérieure pour qualifier cette position complexe, que les contempteurs habituels de Jünger simplifient à l'envi. Hannah Arendt était plus nuancée. Tout en constatant les limites de cette attitude, elle voyait dans les journaux de l'occupant Jünger "le témoignage le plus probant et le plus honnête de l'extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n'ont plus aucune expression visible".

02/2008

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Pléiades

Journaux de guerre. Tome 1, 1914-1918

Tome I : "Un jeu magnifique et sanglant auquel les dieux prenaient plaisir" : on songe à Homère et à la guerre de Troie ; c'est 14-18 vue par Jünger. L'idée que des hommes aient pu consentir librement à une telle épreuve est presque scandaleuse aujourd'hui. On préfère penser que les combattants furent des victimes et souligner ce que leur héroïsme doit à la contrainte. Alors Jünger, évidemment, dérange. En 1920, Orages d'acier décrit une expérience des limites dont il a clairement consenti à payer le prix. Un jeu de vie ou de mort, comme une partie de chasse, mais dotée d'une justification morale : chasseur et gibier échangent constamment leur rôle. Jünger, qui n'est pas un fou, ne nie pas que la guerre soit terrible. Simplement, il montre qu'elle transforme l'homme de l'intérieur autant qu'elle l'agresse de l'extérieur. Sous le feu, il prenait des notes. Entre ces notes et les livres, "il y a toute la distance qui sépare l'action de la littérature". Littérature : il s'agit de cela, plus que d'histoire. C'est l'essence anhistorique de la guerre éternelle que Jünger découvre sur le front et consigne dans son journal. En joignant aux versions définitives un choix de textes et de fragments retranchés, ce volume prend en compte les journaux de Jünger dans toute leur complexité. Tome II : 1939. Mobilisé par un régime qu'il déteste, Jünger est à nouveau sous l'uniforme. Ce n'est plus le même homme, ni la même armée. L'expérience, elle aussi, sera différente. Après une campagne au cours de laquelle il n'est jamais en première ligne, et à part une mission dans le Caucase comme observateur, il est un occupant à Paris, puis le chroniqueur d'un coin d'Allemagne occupée. Les journaux de la Première Guerre s'organisaient en grands chapitres ; ceux de la Seconde sont datés au jour le jour. Dans un décousu apparent et très concerté, ils font place à des notations sur les opérations militaires, à des rencontres avec écrivains et intellectuels, à l'examen de soi, des hommes et de la nature, aux amours, aux rêves, aux lectures. Jünger lit notamment la Bible ; le christianisme devient pour lui un allié contre le nihilisme triomphant. Sans dissimuler son hostilité aux nazis et à l'antisémitisme officiel (il lui arrive de saluer militairement les porteurs de l'étoile jaune), il reste à son poste et n'attaque pas le régime de front. On parle d'émigration intérieure pour qualifier cette position complexe, que les contempteurs habituels de Jünger simplifient à l'envi. Hannah Arendt était plus nuancée. Tout en constatant les limites de cette attitude, elle voyait dans les journaux de l'occupant Jünger "le témoignage le plus probant et le plus honnête de l'extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n'ont plus aucune expression visible".

02/2008

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Musique, danse

Symphonie n°1 (conducteur A3). en sol mineur

Méhul est peut-être, sous la Révolution, le Consulat et l'Empire, le seul compositeur français d'envergure à avoir parfaitement compris et assimilé les dernières perfections de la musique de son temps. Formé par un Allemand, puis par un Alsacien, il s'est donné pour but, lors de la composition de ses symphonies, de montrer "qu'un Français peut suivre de loin Haydn et Mozart" . Haydn reste le grand modèle de Méhul ; franc-maçon, celui-ci était membre du Concert de la Loge olympique qui commanda au maître viennois, si populaire alors en France, ses six Symphonies parisiennes. En 1807, au sommet de son art, Méhul a su assurer, au service de l'opéra comique, la réciproque fertilisation des musiques allemande et française et de son propre génie orchestral. La découverte des deux premières symphonies de Beethoven constitue alors le choc qui le conduira, en l'espace de trois années, à composer ses cinq symphonies. La première symphonie, en sol mineur, frappe d'­emblée par ce double constat : sa maîtrise formelle tout d'abord, et l'économie des moyens mis en oeuvre, remarquable chez un compositeur qu'on disait bruyant (absence des trompettes, des trombones, utilisation rare des timbales), au service d'une force expressive évidente. Le premier mouvement est un allegro de forme sonate bithématique ; le premier thème, qui laisse la part belle aux grands intervalles dramatiques et aux arpèges, contient, dans une formule d'accompagnement des basses, le matériau de base (une levée sur un tétracorde ascendant) du deuxième thème, exposé en si bémol majeur. Après le développement, c'est curieusement ce deuxième thème qui sera réexposé le premier, en sol majeur ? ; procédé d'inversion, fréquent chez Méhul, qui permet au mouvement de se clore avec toute la force dramatique du premier thème. Le deuxième mouvement est un andante dont les variations contrastées montrent tout ce que Méhul doit à Haydn. Schumann, en 1838, dira de cette symphonie : "la ressemblance du dernier mouvement avec le premier de la Symphonie en do mineur de Beethoven et des scher­zos de ces deux symphonies est remarquable" . La cinquième de Beethoven et la première de Méhul ne doivent en fait rien l'une à l'autre, ayant été composées à peu près en même temps ; si le menuet de la sympho­nie de Méhul (dont la première partie est confiée aux seuls pizzicatos des cordes) est un scherzo d'esprit très beethovenien, il n'est guère dans la lettre de la cinquième symphonie. En revanche, on comprend mieux comment le thème principal du quatrième mouvement (allegro agitato), avec sa levée de trois croches répétées, a pu frapper Schumann. Ce thème est un moto perpetuo, avec une broderie de la dominante caractéristique du style de Méhul. Le deuxième thème, plus mélodique, par sa brièveté et sa répétitivité conserve la tension dramatique qui parcourt le mouvement entier jusqu'à sa fin. François Bernard

10/2018

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Sciences politiques

L'Afrique des grands lacs. Annuaire 2011-2012

Après les élections générales au Burundi en 2010 et en Ouganda au début 2011, celles présidentielle et législatives en RDC et sénatoriales au Rwanda fin 2011 ont une nouvelle fois exposé le caractère largement symbolique des scrutins dans la région. Malgré les nombreuses irrégularités observées pendant l'élection présidentielle au Congo, le président Kabila a été réinvesti et un nouveau gouvernement a été formé qui dispose d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale ; mais la légitimité des institutions est contestée tant à l'intérieur qu'au niveau international. Au Rwanda, à l'issue d'une procédure opaque entièrement contrôlée par le FPR, les sénateurs "élus" ont été en réalité désignés par le parti au pouvoir. Les tensions politiques demeurent considérables. Au Burundi, le dialogue entre le CNDD-FDD au pouvoir et l'opposition réunie au sein de la coalition ADC-Ikibiri tarde à se mettre en place, l'insécurité reste un problème, des mouvements rebelles (qui pour l'instant ne menacent pas le pouvoir) se profilent, la justice transitionnelle se fait attendre. Au Rwanda, la répression de l'opposition continue et le pouvoir se rend coupable d'assassinats politiques, à l'intérieur du pays et à l'étranger. Au Congo, le contrôle territorial par l'Etat reste faible, en particulier dans l'Est où l'on assiste à l'émergence de nouvelles rébellions voire de velléités sécessionnistes appuyées en sous-main par le Rwanda. En Ouganda, le pouvoir issu du scrutin de février 2011 est contesté sur fond de déclin économique ; en même temps, les perspectives de l'exploitation prochaine des ressources pétrolières soulèvent des questions sur la capacité et la volonté du gouvernement d'en faire un moteur de l'économie et de la lutte contre la pauvreté. Les dynamiques violentes sont en partie transfrontalières. Des mouvements rebelles ougandais, rwandais et burundais opèrent sur le territoire congolais, les abus commis par la LRA se sont depuis longtemps déplacés en RDC et en République Centrafricaine, et les minerais de sang continuent d'être exportés frauduleusement. La déstabilisation par le Rwanda de son voisin congolais a valu à Kigali, qui nie les faits contre toute évidence, une forte condamnation de la part de ses plus importants appuis internationaux. Même si les problèmes de gouvernance politique et l'insécurité continuent de caractériser la région, certains pays ont pu réaliser de bonnes performances économiques au cours des dernières années. Le Rwanda surtout a impressionné, avec une croissance annuelle d'au moins sept pour cent durant les cinq dernières années, croissance accompagnée d'après une enquête nationale publiée au début 2012 d'une réduction de la pauvreté et des inégalités. Cette performance de l'économie rwandaise alimente le débat plus large sur le lien entre la bonne gouvernance et le développement économique. Ainsi, certains observateurs s'opposent à la vision orthodoxe de la bonne gouvernance et avancent la thèse d'un "Etat de développement néo-patrimonial". Par l'analyse de thèmes d'actualité dans les domaines politique, social et économique, cet Annuaire offre des clés pour une lecture de l'évolution de la région des Grands Lacs en 2011 et au premier trimestre de 2012.

12/2012

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Musique

Spectres n° 03. Fantômes dans la machines

L'expression "fantôme dans la machine" a trouvé naissance dans un contexte particulier, celui de la critique du dualisme cartésien séparant l'âme et le corps, renouant ainsi avec un certain matérialisme mécaniste. Pour le dire simplement, cette approche nie l'existence d'une âme indépendante (le fantôme) qui serait véhiculée par un organisme corporel (la machine). Elle affirme, au contraire, que "l'âme" n'est qu'une manifestation du corps et ne fait qu'un avec lui. Si cette question est encore délicate à trancher, risquant à tout moment de glisser dans le registre des croyances, elle se réactualise à présent autour de l'émergence des intelligences artificielles : est-ce qu'une telle intelligence existe ? Ne se réduit-elle pas à la somme des opérations binaires qui la génère ? Et qu'est-ce au juste que l'artificiel ? L'artificiel porte toujours en lui un fantasme d'émancipation, d'autonomie et de rupture avec un ordre supposé naturel des choses. Il est subversif. L'IA, en tant, justement, qu'artificielle, embrasse une telle subversion, hybridant les mythes prométhéen et faustien, augurant tout autant de promesses que de dangers potentiels, poussant les enjeux aussi haut que la survie ou l'extinction de l'humanité. A ce titre, le domaine de la création musicale fait figure d'avant-poste. Il est à la fois un terrain d'exploration des applications possibles de l'IA et un domaine possédant déjà une histoire assez longue dans l'intégration des machines et leur puissance de calcul dans le processus de création. De la composition algorithmique aux méthodes de resynthèse, de l'approche logique à la création de systèmes cybernétiques, de la naissance de l'informatique musicale aux réseaux de neurones, la musique, depuis plus d'un demi-siècle, a entamé un dialogue ininterrompu avec l'univers binaire des flux d'électrons et des systèmes de plus en plus complexes qui les gouvernent. Les textes réunis ici racontent, chacun à leur manière, une face différente de ce prisme étrange que forme une telle alliance. Ils projettent chacun un spectre particulier, révèlent un fantôme, et évoquent une apparition composite d'idées, d'électricité et d'opérations. Ce livre ne se destine donc pas à essayer de trancher le noeud gordien que constitue la question des possibles devenirs et mutations de la logique binaire, et notamment de son dernier avatar, l'IA. Il propose au contraire d'apporter un éclairage multiple sur les manières possibles de s'en emparer, des rêves, des promesses et des doutes que ces devenirs soulèvent, qu'ils s'actualisent dans la création de codes et de programmes pour chevaucher les sons, qu'ils insufflent tout un projet compositionnel, qu'ils révèlent l'algorithmique chez l'humain ou encore qu'ils s'emparent directement de la rédaction du texte lui-même, se hissant à la hauteur de l'auteur. Mais plus que tout, l'enjeu, ici, est d'établir en quoi ces devenirs peuvent résonner et comment cela se manifeste, au travers de toutes ces démarches, de tou

10/2021