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Malagar Mauriac

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Critique littéraire

Correspondance. Tome 2, 1961-1963

"Il était ma liaison avec la jeunesse, avec la vie, les éditeurs, les journaux, les films. Nous étions, un peu, son père." Roger Nimier est mort brutalement le soir du 28 septembre 1962, sur l'autoroute de l'Ouest. Après ce "coup de massue", Paul Morand n'a plus que sa correspondance quotidienne avec Jacques Chardonne pour se consoler. Depuis dix ans, les deux épistoliers illustrent au plus haut "un certain esprit français", avec ses travers comme ses traits de génie. Morand et Chardonne dominent toujours le siècle littéraire comme au balcon d'un théâtre : tandis que sur la scène disparaissent les amis Céline, Pierre Benoît et Cocteau, ressurgissent Proust, Claudel et Drieu la Rochelle. A l'orchestre, Mauriac, Jouhandeau ou Sartre reçoivent des boulettes de papier. Privé de son "fils" Nimier, Morand met alors en scène sa propre jeunesse dans des tableaux éblouissants : les riches heures 1900 ou les temps héroïques de la génération 1925. Ni la mort du hussard, son ancien protégé, ni celle de son fils Gérard ne troublent véritablement Jacques Chardonne. Le cour blindé par le style, il est tout à l'éducation de son nouveau favori, Matthieu Galey, et couve Bernard Frank, François Nourissier et Michel Déon d'un regard de velours cachant le venin. En secret, Chardonne prépare une "Histoire de l'édition" qui doit l'occuper jusqu'à sa mort. De l'Ecosse à Madère, Paul Morand, lui, poursuit ses voyages. Il vagabonde dans l'histoire et la politique, jouant aux prophéties avec Chardonne et trouvant dans le présent la confirmation de ses choix passés. Morand s'indigne de la construction du mur de Berlin, observe "Gaulle" devenu "le Guide" se dépêtrer de la guerre d'Algérie et de l'OAS, ou arbitre le duel entre Khrouchtchev et Kennedy avant la mort de ce dernier, qu'il trouve "balzacienne". Chez Morand et Chardonne, la littérature, c'est beaucoup plus que la littérature.

04/2015

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Histoire régionale

Histoire de l'enseignement catholique en Gironde

C'est un tableau presque complet de l'enseignement catholique en Gironde, du XVIe au XXIe siècle, que dresse cet ouvrage, rédigé par des historiens et des géographes, et qui croise histoire, mémoire et patrimoine, avec l'appui de nombreuses cartes et graphiques. Outre un point précis sur les travaux existants, son originalité vient du fait que les auteurs ont tenu à rechercher des sources nouvelles susceptibles de plonger le lecteur dans l'esprit d'une époque et la mentalité d'un milieu. Ainsi, grâce à des photographies, des témoignages, des lettres... , nous nous familiarisons avec un environnement très attaché aux valeurs chrétiennes et pour lequel l'ouverture au monde et aux autres reste essentielle. De la petite école de paroisse née à la fin du XVIIe siècle et aujourd'hui disparue, en passant par la vie quotidienne des enseignants et des élèves des établissements ruraux ou des grandes institutions bordelaises, ce sont des pans entiers d'une histoire oubliée ou largement méconnue qui surgissent sous nos yeux, nous révélant tous les aspects de l'enseignement libre. Au-delà, quelques grands acteurs de sa construction, à l'instar d'Olive de Lestonnac ou du père Chaminade, et quelques grandes figures qui ont laissé la trace indélébile d'un engagement chrétien, comme François Mauriac, sont évoqués dans ce livre. De l'école contrainte dans le temps de se déplacer dans la ville ou de s'installer à la campagne, à celle qui se transforme, pour les besoins d'une guerre, en hôpital militaire ; de celle qui périt sous le feu d'un incendie trop violent ou qui repense sa pédagogie en modernisant des préceptes anciens, c'est toute une fresque de l'histoire locale et du quotidien d'un enseignement général mais aussi technique, que cet ouvrage invite à découvrir. Histoire de l'Enseignement catholique en Gironde s'inscrit enfin comme un hommage à une communauté de religieux, d'enseignants et d'élèves qui, ensemble, ont construit l'identité de ces établissements.

04/2024

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Sciences historiques

Gradignan 1914-2014 (la campagne à la ville). Tome 2, La vie quotidienne à Gradignan

La réalisation de cette étude a été une aventure humaine extraordinaire, à la découverte de destins personnels et familiaux multiples. L'accent a été mis sur la perception des activités communales par un certain nombre de "personnes ressources" (des seniors de toute condition ainsi que des acteurs de la vie communale). Cet exercice de "mémoire" a été effectué de manière réfléchie et organisée. L'écriture de cet ouvrage solide et documenté a nécessité aussi un certain nombre d'enquêtes "quasi policières" passionnantes, pour vérifier des rumeurs plus ou moins exactes (par exemple, le célèbre corsaire Jean Lafitte a-t-il vraiment été à Gradignan le propriétaire du château éponyme ?) ou encore pour montrer en quoi leur vécu à Gradignan a pu marquer la destinée de plusieurs personnages ayant acquis des célébrités diverses (de François Mauriac à Jean Vautrin ou encore de l'inspecteur Pierre Bonny – le "guestapiste français" - au chef communiste Charles Tillon). Gradignan est assurément une ville moyenne attachante. Son évolution et la vie de ses habitants de 1914 à nos jours est un résumé en miniature de l'histoire de la France, avec le choc d'événements dramatiques (comme la guerre 14-18) mais aussi avec un art de vivre à la fois normal et exceptionnel (avec une vie sociale axée sur les fêtes ou encore avec tout un mouvement fondé sur le catholicisme social). Voilà tout (et plus encore) ce que ce livre a voulu traduire et transmettre. Les informations qu'il contient ainsi que les analyses qu'il développe devraient intéresser non seulement le lecteur qui cherche à se documenter sur Gradignan mais aussi le lecteur que s'intéresse à la vie communale en tant qu'elle est la cellule de base de la démocratie. C'est un livre à la fois sérieux et vivant, qui contient de nombreuses anecdotes. L'ouvrage comprend deux tomes, le premier présentant le patrimoine de Gradignan, le second étant consacré à la vie quotidienne de cette commune.

02/2016

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Littérature française

La côte sauvage ; Journal ; Le feu à sa vie. Suivis de romans et textes inédits

Soixante après sa mort tragique à 26 ans, une des figures les plus emblématiques de la littérature des années 60 fait ici un retour en force, après avoir fasciné plusieurs générations de lecteurs depuis sa disparition. Soixante ans après sa fin tragique dans un accident de voiture, à l'âge de vingt-six ans, Jean-René Huguenin n'en finit pas susciter l'admiration de générations de lecteurs qui se sont passionnés pour son seul roman publié, La Côte sauvage, son Journal, tenu de 1955 à l'avant-veille de sa mort, salués par les plus grands, de Julien Gracq à François Mauriac, et auxquels s'est ajouté un recueil de chroniques et correspondances paru à titre posthume et portant un titre qui lui ressemblait : Le Feu à sa vie. Ce volume, riche de nombreux écrits inédits retrouvés dans ses archives, permet de regrouper la presque totalité de son oeuvre dont quatre romans jamais révélés au public, en particulier le dernier sur lequel il travailla jusqu'à sa disparition. Leur lecture montre toute l'étendue de son talent précoce, son éblouissante maîtrise et la force de son exigence littéraire. Huguenin, qui participa à la création de la revue Tel Quel avec Philippe Sollers, Jean-Edern Hallier et Renaud Matignon, écrivit aussi, à partir de 1954, plus d'une centaine d'articles pour des revues littéraires dont la plupart n'avaient jamais été recueillis en volume et qui sont ici rassemblés, certains restés eux-mêmes inédits. Si l'oeuvre de Jean-René Huguenin possède encore tant de puissance et a gardé une telle résonance, c'est, comme le souligne Michka Assayas dans sa préface, parce qu'elle n'a cessé de faire écho à " nos angoisses contemporaines " tout en exprimant une forme de romantisme tourné vers " l'espoir et la lumière ". Cet " extravagant bonheur, disait Huguenin, que nous devons à la fierté d'être mortels ". Son rayonnement n'est pas près de s'éteindre.

08/2022

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Sociologie

Vingt ans et après. Suivi de Letzlove, l'anagramme d'une rencontre

En 1978 paraît aux éditions Grasset, dans la collection " Enjeux " de Claude Mauriac, Vingt ans et après, un livre d'entretiens - enregistrés sur cassettes et retranscrits par Mireille Davidovici - entre un parfait inconnu d'un peu plus de vingt ans, Thierry Voeltzel, et un grand philosophe qui avait alors tenu à garder l'anonymat : Michel Foucault - passer son nom sous silence était alors un geste éditorial audacieux. Le dialogue, organisé de façon thématique, est une conversation informée et vivante. Il révèle la richesse de paroles et de vie des années 70, dix ans après Mai 68, moment intense de mutation de la jeunesse, notamment concernant la sexualité, les drogues, la famille, le travail, la religion, la musique, les lectures... et la révolution. On en apprendra beaucoup sur les débuts du FHAR (Front homosexuel d'action révolutionnaire), puis du groupe Antinorm-Sexpol, ainsi que sur l'investissement des maoïstes dans les entreprises (ici à l'hôpital) et en général sur l'existence de ce Thierry que Foucault appelait volontiers " le Garçon de Vingt ans ". Si nous rééditons ce document à l'identique, c'est qu'il constitue aujourd'hui un témoignage extrêmement original sur cette époque. Mais c'est dans la postface inédite d'une douzaine de pages que nous apprendrons les circonstances de la rencontre de l'auto-stoppeur Thierry Voeltzel avec Michel Foucault l'été 1975. Leur intense amitié les conduira à concevoir ce livre (1978), à faire deux voyages d'études et enquêtes dans l'Iran révolutionnaire (septembre et novembre 1978) et à participer ensemble aux débuts du magazine Gai Pied (avril 1979). Pour célébrer d'une façon originale les quarante ans de la disparition du philosophe, il nous a semblé judicieux de remettre en circulation cette face cachée de l'oeuvre foucaldienne, souvent citée par Mathieu Lindon ou Didier Eribon. L'intérêt de ce livre devenu introuvable réside tout autant dans le vécu hors norme du jeune Thierry Voeltzel que dans le portrait en creux d'un grand penseur en plein exercice de sa passion savante.

10/2014

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ouvrages généraux

L'exil des collabos. 1944-1989

Ministres à Vichy, chefs de police, patrons de presse, speakers de radio, acteurs de cinéma ou simples quidams, ils sont partis au mois d'août 1944 dans les wagons de l'ennemi, puis ils se sont cachés. Leur exil a duré 45 ans pour certains ! Yves Pourcher nous offre ici une galerie de naufragés de l'histoire. Ils partent de France dans les wagons de l'ennemi. Leurs routes les conduisent à Sigmaringen, Baden Baden, Vienne, sur les bords du lac de Constance et dans toute l'Allemagne. Au milieu des ruines, fidèles à leurs idées, ils sauvent leur peau. Certains y parviennent, d'autres sont rattrapés par la justice, condamnés, exécutés. Les plus chanceux continuent encore : en Espagne, en Italie, et de l'autre côté de l'Atlantique, Argentine, Brésil, Canada où ils vivent en ruminant le passé. Ils font le tour du monde des collabos. Hôtels suisses, monastères italiens, auberges espagnoles, cafés de Buenos Aires... Dans ces lieux on croise, entre autres, Raymond Abellio devenu précepteur du fils de Jean Jardin, le nageur Jacques Cartonnet, l'académicien Abel Bonnard qui écrit pour La Vanguardia, le sinistre Darquier de Pellepoix qui finit près de Málaga, l'acteur Robert Le Vigan qui, après avoir suivi Céline, rejoint l'Argentine et vivote à Tandil. Le dernier de ces exilés, Paul Touvier, n'est arrêté qu'en 1989. A côté des grands noms de collabos apparaît toute une série de personnages sur lesquels l'histoire avait, jusqu'à présent, omis de se pencher : le garde du corps de Déat, Jacques Bourin, devenu fou ou feignant de l'être, le SS Robert Blanc, qui écrit des livres sur le protestantisme, le journaliste Axel de Holstein et sa maîtresse Geneviève du Boys, confortablement logés à Madrid, l'énigmatique René Bonnefoy, alias BR Bruss, journaliste de Laval devenu un maître de la science-fiction, etc. L'exil de cette troupe, véritables " gueules cassées " de la Collaboration, finit donc par une errance où, le plus souvent, ne transparaissent que le désordre de l'histoire et la course pathétique des vaincus.

03/2023

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Critique littéraire

C'était Jacques Doucet

Secret, masqué par son extrême élégance, Jacques Doucet reste une énigme au centre de la Belle Epoque dont il est le couturier (il est le seul à rivaliser avec Worth, son presque voisin de la rue de la Paix) et le confident. Grâce à la fortune que lui assure sa clientèle d'actrices et de femmes, venues des deux côtés de l'Atlantique admirer le raffinement de ses collections (il habille Sarah Bernhardt, Réjane, la Belle Otéro...), cet homme constitue de fabuleuses bibliothèques qu'il offre aux savants. Après avoir réuni des objets d'art du XVIIIe siècle, peintures, dessins, sculptures, ou encore des chefs-d'œuvre d'ébénisterie, il vend cette première collection en 1912 afin d'acquérir, entre autres, des toiles de Cézanne, de Van Gogh, de Picasso ou de Matisse. Son mobilier évolue également - il s'assied dans des fauteuils de Jacob, puis d'Iribe, enfin de Legrain, tandis qu'il s'entoure de conseillers littéraires tels qu'André Suarès et André Breton. Il s'intéresse ainsi aux manuscrits de Stendhal, Verlaine, Rimbaud, puis à ceux d'auteurs contemporains (Apollinaire, Proust, Gide, Claudel, Mauriac...). Il pensionne Reverdy, Max Jacob, Aragon, Desnos en échange de lettres, manuscrits et enquêtes. Les bibliothèques d'art et d'archéologie, puis de littérature française, qu'il forme avant de les offrir à l'Université de Paris, sont des ressources documentaires exceptionnelles, constituant un ensemble considérable de livres, de manuscrits, mais aussi d'estampes, de photographies, de dessins. Il crée la première cinémathèque. Il rajeunit ses visées là où les autres, vieillissant, récapitulent. Il se recommence sans cesse. Cette vertu scandalise. On mesure sa singularité dans la réprobation de ses contemporains. Proche de tout ce qui compte dans les années 1880-1930, sa présence se devine, discrète, efficace, déconcertante. On reste confondu de cette sûreté instinctive, chez un homme sans culture, qui a été notamment un des initiateurs du style Art déco, 1925. François Chapon a mené une enquête difficile sur les pas de ce mécène exceptionnel. Il nous introduit, à sa suite, au cœur d'une des périodes les plus brillantes de notre civilisation.

10/2006

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Biographies

Toute ma vie. Journal intégral, Tome 3. 1946-1950

Julien Green (1900-1998) a tenu son journal de 1919 à sa mort. Le texte paru en 19 volumes de 1938 à 2006 n'est pas le texte intégral, comme Julien Green l'a indiqué dans les préfaces aux éditions successives, mais un choix opéré parmi des notes journalières prises tout au long d'une vie dont les dates se confondent avec celles du XXe siècle dans sa presque totalité. Ouvre monumentale qui couvre soixante-dix ans de la vie de l'écrivain, le Journal de Julien Green n'avait pourtant jamais été publié dans sa version intégrale et définitive. L'auteur en avait délibérément écarté les pages les plus intimes, jugeant impubliable de son vivant cette " confession qui rétablissait la vérité ". Mais il se déclarait favorable à ce qu'elle fût exhumée le moment venu. C'est chose faite aujourd'hui grâce à cette édition conçue et présentée par Guillaume Fau, Carole Auroy, Alexandre de Vitry et Tristan de Lafond. Ce troisième volume couvre la période 1946-1950, celle de la réinstallation Green à Paris, au retour des années d'exil passées aux Etats-Unis. L'écrivain reprend pied dans la vie intellectuelle, artistique et mondaine, aux côtés de son compagnon de vie, Robert de Saint Jean, et d'Anne Green, sa soeur. Il retrouve les écrivains dont il fut l'ami et le con dent durant l'entre-deux-guerres, André Gide, François Mauriac, Jean Cocteau, Jacques Maritain, surtout. Mais il est aussi confronté à une génération nouvelle d'auteurs qui, de Jean-Paul Sartre et Albert Camus à Jean Genet, bouleverse quelque peu son univers littéraire. Auprès de lui se renforcent dans le même temps le rôle et l'influence de religieux qui vont devenir ses interlocuteurs quasi quotidiens et les témoins de son évolution intérieure. Au début des années 1950, on voit s'ouvrir pour l'auteur de nouveaux horizons : celui du théâtre, d'abord, forme d'expression pour lui inédite ; celui, aussi, d'un infléchissement de sa vie personnelle avec la rencontre d'Eric Jourdan, son futur fils adoptif.

09/2021

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Correspondance

Correspondance. Tome 3, 1964-1968

Commencée en 1949 et achevée presque vingt ans plus tard avec la mort de Jacques Chardonne, en plein Mai 68, cette correspondance est à tout point de vue celle de la fin d'un monde. Et pour Morand, c'est une amitié littéraire qui disparaît, "une boule de laine dans la gorge" . Cette "paire d'anarchistes conservateurs" , comme dit Morand, compte bien être aussi du nouveau monde, en observant avec acuité les bouleversements qui l'inaugurent et en assurant habilement la postérité de leurs oeuvres. Tout à trac, les Beatles, la guerre du Vietnam, la Nouvelle Vague ou Jack Kerouac s'invitent chez L'Homme pressé, qui semble toujours partout, en Espagne, à Londres ou en Allemagne, au Masque et la plume et aux "déjeuners Florence Gould" . Chardonne, qui fête ses quatre-vingts ans entouré de jeunes critiques, prépare quant à lui soigneusement sa sortie. Il publie Demi-Jour ; on pose une plaque pour le célébrer au village de Chardonne, en Suisse. Une lettre aimable du général de Gaulle suffit à le convertir au règne du "Monarque" , sous l'oeil amusé de Morand. Les deux farouches épistoliers jugent sans relâche les grands vivants et les grands morts dans l'arène des lettres : Cocteau et Drieu, Mauriac, Sartre, Malraux, Saint-John Perse et Jouhandeau, tout en scrutant les jeunes premiers, Le Clézio ou d'Ormesson. Chardonne a le regard aiguisé de l'ancien éditeur ; et Morand, celui du lecteur érudit, passionné d'histoire. Avec une brillante nostalgie, ce dernier voyage dans le passé, à la faveur de son Journal d'un attaché d'ambassade, retrouve son paradis d'enfance près de la Tour Eiffel, ou revisite déjà Venise. Le temps les rattrape, la fidèle épouse de Morand, Hélène, s'affaiblit et bientôt Chardonne ne répond plus. Dans ses dernières lettres, le moraliste laconique se fait étrangement chinois, s'effaçant dans le "Cosmos" ... Et le vernis délicat de son admiration commence à craquer, Chardonne reprochant à Morand sa légèreté coupable en politique, ses errements antisémites. Mais grâce à lui et à leurs milliers de lettres, Morand a tout de même réussi ce "self-portrait" éblouissant qu'il n'avait jamais osé écrire. C'est la Correspondance indispensable avant le Journal inutile.

11/2021

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Religion

Bordeaux. Ville d'accueil, de culture, de charité et de liberté

Il était une fois... une ville ouverte du beau nom de Burdigala, fierté de l'Empire Romain, par ses poètes et par son vin. Les barbares l'incendièrent et les fiers Gascons bâtirent trois séries de remparts pour arrêter les envahisseurs. Il était une fois... une ville close que la belle et douce Aliénor, d'Aquitaine par son (re) mariage avec Henri Il Plantagenêt offrit pour trois siècles aux rois d'Angleterre. Le Prince Noir dans son château de l'Ombrière y donna les plus grandes fêtes d'Europe.II était une fois... une ville reconquise par les rois de France qui voulurent lui imposer taxes et soldatesque. De violentes et successives révoltes, en dépit de féroces répressions, imposèrent respect au pouvoir absolu. Il était une fois... une ville de culture qui accueillit aussi bien les ordres mendiants, les grandes congrégations que la Fronde et les idées nouvelles de la Réforme dans ses collèges et universités. Élie Vinet et Michel de Montaigne offrirent à l'Europe les écrits de tolérance et de charité. Il était une fois... un intendant qui rêva de transformer Bordeaux en Versailles. Il fit abattre les murailles, ouvrir des portes, bâtir des hôtels particuliers, ériger la bourse des marchands et le grand Théâtre. Il était une fois... une ville de liberté, bouillonnante d'idées nouvelles avec son parlement, son philosophe Montesquieu, ses députés girondins, qui inventèrent la République et préparèrent avec le concours de son archevêque les droits de l'Homme et du Citoyen. II était une fois... une ville portuaire, première de France, qui lança ses trois-mâts et ses grands paquebots sur les océans et les mers du monde entier alors que sur sa rivière Il était une fois... une ville accueil, qui, par trois fois capitale de la France, servit de refuge aux gouvernements en exil tout en ouvrant ses portes aux peuples opprimés ou affamés d'Espagne, d'Italie et d'Afrique du Nord. Il est une ville... inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco qui se souvient, à travers ce Grand Journal de Bordeaux, de ses âmes charitables, de ses maîtres à penser, de ses partisans de la liberté, de son poète-académicien François Mauriac, porte-parole de la paix et de la fraternité.

11/2012

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Musique, danse

Pierre Schaeffer : de Mac Luhan au fantôme de Gutenberg. Communication et musique en France entre 1936 et 1986

L'effort pédagogique schaefferien, permanent quelles que soient les aventures, et la dénonciation des modes -dont le scientisme- ont toujours permis au Penser de tenter de redresser les écarts ou dérives possibles du Faire. La constante est perçue mais l'auteur termine sa trilogie (Pierre Schaeffer : des Transmissions à Orphée, puis Pierre Schaeffer : d'Orphée à Mac Luhan) en recherchant plus intimement encore le fil conducteur. Serait-ce, comme souvent, dans l'éducation et mieux, dans la rencontre de personnalités ou le vécu d'événements, marquant au fer le raisonnement et le comportement, sinon l'âme ? Un abbé à la fois professeur de physique et directeur-animateur de jeux de sociétés ou d'élans théâtraux ; un ami de l'école polytechnique, également scout, croyant, mais à l'esprit caustique ; une catastrophe de chemin de fer ; un homme venu du Caucase -Gurdjieff- qui tente de nous guérir d'un Moi dictateur de notre Faire puisque les clés de notre Vie sont ailleurs... Il serait temps de se connaître pour devenir vraiment soi-même, bref, se réveiller et être son être. Alors change la vision des choses et du Monde... La musique, l'écriture peuvent jouer un rôle d'exercice dans cette thérapie et cette recherche d'une intériorité qui passe aussi par une " métaphysique concrète ". L'œuvre de Pierre Schaeffer, musicale ou littéraire mais en tout cas poétique, prend alors une autre dimension et se déploie... Le lecteur établit des ponts avec d'autres écrivains : Claude Giraudoux, Mauriac, Bloy, Bernanos... ou bien serait-ce Proust ? Par ailleurs, on pense à cette science-fiction d'un Gérard Klein ou d'un Clifford D Simak annonçant un monde pas si loin que cela... sans oublier les multiples facettes du langage et de l'esprit d'un Paul Valéry qui renvoie à Léonard de Vinci, Descartes ou Goethe... Quels sont finalement les rôles révélés de la musique, de l'audiovisuel, de tout art ? Des interrogations au cœur de l'œuvre et de la vie de Pierre Schaeffer au centre desquelles se trouve l'homme. Pour agir sur les entreprises de l'homo faber et de là tenter de changer l'homo-sapiens, quelle est d'ailleurs la méthode schaefferienne ?

04/2002

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Critique littéraire

La Guerre des écrivains. 1940-1953

Pourquoi certains écrivains ont-ils collaboré sous l'Occupation quand d'autres choisirent de résister et d'autres encore d'embrasser la cause d'un pétainisme triomphant ? Loin de l'approche classique, qui voit dans chaque prise de position l'aboutissement logique d'une histoire singulière, Gisèle Sapiro montre, au long d'une démonstration implacable et fortement documentée, que les attitudes politiques des uns et des autres furent avant tout fonction de la place qu'ils occupaient dans le champ littéraire, autrement dit que les clivages politiques s'éclairent à la lumière des querelles littéraires, des rivalités entre générations, des divergences entre moralistes et tenants de l'art pur. Autrement dit encore, que rien de ce qui se joue sous l'Occupation n'est étranger aux querelles littéraires d'avant-guerre, que rien de ce qui se jouera ensuite n'est compréhensible sans la guerre. La première partie du livre traite des logiques littéraires de l'engagement des écrivains, à partir d'une enquête statistique et d'une étude des débats sur la " responsabilité de l'écrivain ". La deuxième analyse la façon dont se sont comportées quatre institutions : l'Académie française, l'Académie Goncourt, La NRF, le Comité national des écrivains (CNE). Véritable chronique au jour le jour des querelles littéraires de la France en guerre, elle met en scène petits et grands écrivains, vieilles gloires et jeunes ambitions, passions et sentiments en tous genres. Le tout fondé sur un dépouillement systématique de fonds d'archives peu exploités ou fermés jusque-là. Enfin, la troisième partie se concentre sur la restructuration du champ littéraire après la Libération, marquée par la constitution de la " liste noire ", l'épuration et les polémiques qu'elle a soulevées jusqu'en 1953, date de la seconde loi d'amnistie, qui marque un véritable changement d'époque. Tel est le cadre général de l'essai, une autre façon de peindre la vie littéraire en France, de regarder agir Aragon, Mauriac, Paulhan, Drieu La Rochelle, Maurras, Gide, Massis, Montherlant, Eluard, Henry Bordeaux, Ajalbert, Rebatet, Céline, Sartre, et tant d'autres avec eux - qu'ils soient passés ou non à la postérité.

09/1999

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Histoire de France

La plume et la tribune. Jacques Nantet, homme de lettres parisien

Appartenant, tout au long de la IVe République, au milieu des journalistes anticolonialistes et neutralistes parisiens, secrétaire général du Centre des Gauches Indépendantes, Jacques Nantet est, avec Claude Bourdet, de toutes les réunions, publiques ou privées, qui scandent l'organisation cahotante de la petite gauche dissidente ; il prend sa part aux soubresauts du Monde, de La Jeune République, de Témoignage chrétien. Collaborateur de La Vie intellectuelle, proche du père Maydieu, il fréquente François Mauriac et Louis Massignon et devient, à partir de 1954, un relais de Pierre Mendès France vers l'opinion catholique. Hostile à la politique de puissance, ses inclinations le portent vers la Tunisie, Israël, le Liban, pays dans lesquels il voit des ferments d'une modernisation et d'une transformation des relations entre l'Orient et l'Occident. Attaché au dialogue israélo-arabe, il devient le premier président de la Fraternité d'Abraham tout en agissant aux côtés de Daniel Mayer en faveur des juifs d'Union soviétique. Ses " Notes pour un journal ", qui nourrissent l'ouvrage de Pierre Grémion, offrent une traversée de Paris où l'on croise l'abbaye de Royaumont, les Éditions de Minuit, l'Amitié judéo-chrétienne, les conférences Dauphine, le Club du Faubourg, la Société européenne de culture, la Francophonie, Soljenitsyne ou La Revue des Deux Mondes. Un univers emporté par la révolution manquée de 1968 et son arasement de toutes les institutions, par la guerre israélo-arabe de 1967 suivie quelques années plus tard de la guerre civile au Liban, qui toutes deux ruinent ses perspectives d'un dialogue des cultures. Le faiseur d'opinion est marginalisé, il tombe dans l'oubli, en même temps que s'efface un Paris d'avant le parisianisme. À travers Jacques Nantet, qui lui sert d'exemple, Pierre Grémion, refusant de chausser les lunettes d'aujourd'hui pour faussement percevoir le passé, écrit une histoire intellectuelle enfin sensible à la complexité des trajectoires, à la richesse des parcours : il ne restitue pas seulement la figure historiquement importante de l'homme de lettres, trop souvent oubliée au profit de l'intellectuel pétitionnaire ; il donne à entendre le tempo d'une époque.

05/2001

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Littérature française

Le passé défini. Tome 1, journal 1951-1952

Etre à la fois célèbre et inconnu, voilà le paradoxal destin de Jean Cocteau. Nombre de ses écrits - notamment ses "journaux" de différentes périodes - s'efforcent de rétablir la vérité sur ce qu'il était : "J'aurai eu cet étrange privilège d'être le plus invisible des poètes et le plus visible des hommes. Il en résulte qu'on tire sur l'homme et que le poète n'est jamais atteint. Comme les poètes deviennent visibles à la longue et à la longue les hommes invisibles, peut-être les choses s'arrangeront-elles un jour.
Par chance, je ne serai plus là pour assister au phénomène, s'il se produit". D'abord, ce fut un travailleur acharné. Le "journal" de cette période - premier volume d'une série qui nous conduira jusqu'en 1963, l'année de sa mort - nous le montre composant sa pièce Bacchus, qui lui vaudra une retentissante querelle avec François Mauriac et un triomphe outre-Rhin (cette pièce luthérienne "qui retourne à son idiome") ; publiant La Nappe du Catalan, Le Chiffre sept, Journal d'un inconnu, Appogiatures, son essai sur Apollinaire et ses souvenirs sur Gide ; rééditant Reines de la France, Opéra, Carte blanche ; illustrant Le Bal du comte d'Orgel ; imaginant des tableaux vivants et dessinant des masques pour la reprise d'Odipus Rex avec Stravinski ; filmant La Villa Santo Sospir et sa partie de 8 x 8, bande collective de Hans Richter et Marcel Duchamp ; peignant La tentation du Christ et Ulysse et les Sirènes ; élaborant le carton de la tapisserie Judith et Holopherne, et projetant une Apocalypse pour Hindemith.
Or il trouve encore le temps de participer à des réunions syndicales, de s'intéresser aux soucoupes volantes et de voyager (on l'accueille avec une grande chaleur à Hambourg, à Düsseldorf, à Vienne, à Munich), de naviguer en mer Egée (son journal de Grèce et de Crète est agrémenté de dessins prestes et mordants). Il relit Dumas ; il "rerelit" sans complaisance son ami Proust et lui consacre de longues pages où se pressent les souvenirs : "Cette oeuvre me hantera comme une morte".
Il lit le Saint Genet de Sartre : autres réminiscences, autres impressions...

10/1983

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Littérature française

Le complexe de Diane

" Le sort des révolutions est lié à celui des femmes ! " Réédition du premier texte théorique de Françoise d'Eaubonne, intellectuelle et militante à l'origine du concept d'éco-féminisme, dont la pensée iconoclaste suscite en 2021 un fort regain d'intérêt. A la sortie du Deuxième Sexe, Françoise d'Eaubonne écrit à Simone de Beauvoir : " Vous êtes un génie, vous nous avez toutes vengées ! ". Pourtant l'essai est loin de faire l'unanimité. Ses détracteurs sont nombreux et virulents, comme François Mauriac, qui voit dans ce livre " un danger pour l'individu, la nation et la littérature elle-même ". Françoise d'Eaubonne est alors une romancière de trente et un ans. C'est d'abord pour répliquer à ces critiques masculines et conservatrices qu'elle se lance dans un essai théorique. Bien décidée à défendre Le Deuxième Sexe, elle veut aussi avec Le Complexe de Diane faire la synthèse entre lutte des classes et lutte féministe, et entreprend de contrer les préjugés sexistes encore présents dans la psychanalyse et le communisme. Convaincue que Marx n'est pas allé assez loin dans sa conception de la révolution prolétarienne, elle lui reproche de ne pas avoir remis en cause la structure de la famille, source d'inégalités flagrantes entre hommes et femmes. Chez Freud, elle remet en question la notion d' " envie du pénis ", attribuée aux femmes révoltées, et montre que leur refus de se soumettre à leur destin (le mariage et la maternité), loin d'être pathologique, relève d'une aspiration légitime. Quant à leur supposé masochisme, sur lequel les adeptes de la psychanalyse s'étendent beaucoup pour expliquer leur soumission ou, même, leur infériorité, elle le conteste avec ferveur. S'appuyant sur la figure mythologique de Diane chasseresse, elle affirme que la nature féminine est une construction sociale qui tend à justifier la domination masculine en vertu d'un patriarcat nécessaire et éternel. Elle se penche sur des modèles alternatifs, hérités de sociétés matriarcales archaïques et se montre d'une modernité remarquable lorsqu'elle se penche sur le concept d'éros féminin, absent du livre de Simone de Beauvoir. Les conclusions de son ouvrage mettent l'accent sur une bisexualité originelle de tous les individus, et annoncent ses livres et ses combats futurs, qu'ils soient féministes, écologistes ou libertaires.

10/2021

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Histoire de France

Ecrire et publier la guerre d'Algérie. De l'urgence aux résurgences

Guerre " sans nom ", la guerre d'Algérie ne fut pourtant pas, malgré la surdité ambiante, une guerre sans mots. Depuis plus d'un demi-siècle, l'innommable et la honte ont soulevé des voix, dans la génération des pères comme dans celle des fils et des filles, ce livre se propose d'en révéler l'abondance et la diversité, comme de retracer les multiples chemins par lesquels cette guerre avec insistance nous concerne. Écrire et publier la guerre d'Algérie. De l'urgence aux résurgences. Le titre dit la volonté d'embrasser tout à la fois le temps, du second XXe siècle au XXIe siècle, et les mémoires, celle des appelés comme celle des harkis, celle des combattants de l'indépendance, algériens ou français, celles encore de leurs enfants. Le volume se compose de deux parties, l'une contemporaine de la guerre et l'autre postérieure. La première s'ouvre sur l'engagement des éditeurs - Maspero, Le Seuil, Julliard - et sur l'invention de collections où s'expérimente une écriture de l'histoire immédiate. Rarement les éditeurs auront joué un tel rôle, dans la naissance et la promotion, d'une nouvelle littérature : au Nouveau Roman promu par Jérôme Lindon succède et peut-être s'oppose la nouvelle esthétique, imaginée par Maspero et bientôt incarnée par Perec. Dans l'urgence, durant la guerre elle-même, nombre d'intellectuels et d'écrivains interviennent par la presse et dans le livre. Chacune des études proposées ici examine la manière dont se noue ou se renoue le lien entre poétique et politique : les uns, tel Mauriac, inventent, d'autres, tel Sénac, cherchent à se réapproprier un héritage de la guerre précédente. Bien des questions (celle de la langue de nouveau confrontée à l'horreur, celle de la honte et du silence des pères) lient une guerre et une littérature à l'autre. On les retrouve dans la seconde partie de l'ouvrage, consacrée aux résurgences de la guerre d'Algérie dans la littérature " d'après ", spécialement celle des années 80 à nos jours. Une guerre hante l'autre, sans que cela autorise à parler, au singulier, d'une littérature de la guerre d'Algérie. Chercheurs et écrivains tentent de définir ces littératures d'une guerre qui fut au moins deux fois civile.

01/2011

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Critique littéraire

Demeures de l'esprit. France Tome 5, Ile-de-France

Le dixième volume des Demeures de l'esprit est aussi le cinquième de la série française et, après le Sud-Ouest, le Nord-Ouest, le Nord-Est et le Sud-Est, il est consacré aux maisons d'écrivains, d'artistes, de compositeurs, d'inventeurs ou de grands intellectuels de la région parisienne, plus exactement de l'Ile-de-France, moins Paris. De ces maisons, la plus fidèle à son grand homme, et sans doute la plus séduisante, est celle de Ravel à Montfort-l'Amaury. Parmi les demeures de musiciens, elle n'a pas de mal à l'emporter sur la maison natale de Debussy à Saint-Germain-en-Laye, qui n'est hélas qu'un musée, flanquée d'un office du tourisme. Le Prieuré de Maurice Denis, dans la même ville, est lui aussi un musée plus qu'une habitation mais dans son cas c'est plus légitime, les oeuvres d'art y abondent, de même qu'à Meudon chez Rodin, non loin de là. Et si la muséification a frappé un peu trop fort, sans les dépouiller tout à fait de leur charme et de leur intérêt, la maison de Mallarmé à Valvins ou celle de Cocteau à Milly-la-Forêt, elle a laissé intacte celle de Foujita à Villiers-le-Bâcle ou celle de Pierre Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin. La plus modeste est probablement celle où naquit Louis Braille à Coupvray, près de Meaux ; la plus fastueuse est sans doute la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry, où Chateaubriand mena grand train dix années durant. Celle d'Aragon et d'Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines est un vaste moulin ; celle de François Mauriac à Vémars est devenue la mairie du village. Rosa Bonheur habitait un château nommé By, à Thomery ; Jean-Jacques Rousseau une maison de poupée à Montmorency. Daubigny vivait en bourgeois à Auvers-sur-Oise, Jean-François Millet en rapin à Barbizon. A Bossuet un palais épiscopal, dans Meaux ; à Tourgueniev une datcha à Bougival, avec vue sur Pauline Viardot, dont le manoir est en contrebas. Quant au pauvre Alexandre Dumas, non loin de là, à Port-Marly, il ne profita que quelques mois de son opulente folie, Monte-Cristo. En fin de volume, vous trouverez une table détaillée des sites avec appréciations et renseignements pratiques.

06/2014

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Vie chrétienne

Portraits et entrevues

S. DE BEAUVOIR - G. BLOND - L. BLUM - L. -F. CELINE - W. CHURCHILL - C. DE GAULLE - F. DOSTOÏEVSKI - ELISABETH II - H. FORD - P. GAXOTTE - A. GIDE - HAÏLE SELASSIE - E. HERRIOT - A. HITLER - V. HUGO - J. JAURES - MAO TSE TOUNG - A. MALRAUX - G. MANDEL - F. MAURIAC - C. MAURRAS - P. MENDES FRANCE - Y. MONTAND - NAPOLEON - G. A. NASSER - LE PERE NOËL - GERARD PHILIPE - PIE XII - M. ROBESPIERRE - J. ROCKEFELLER - J. ROMAINS - F. D. ROOSEVELT - F. SAGAN -SAINT LOUIS - J. -P. SARTRE - J. STALINE - A. DE TOCQUEVILLE - J. ZAY... Ce recueil original illustre le talent de satiriste qui avait fait le succès de PAC. Du politicard français au mafieux américain, on y trouve une série de portraits et d'entretiens qui rappellent que, bien avant la naissance du groupe Jalons, Cousteau avait impitoyablement pastiché la presse institutionnelle. Les lecteurs de Paris-Soir s'étaient gondolés en découvrant les parodies de Paris-Sucre. D'autres avaient ri jaune. Soixante-dix ans après restent les archétypes, éternels, et la technique, intacte. Et cette conviction que, au-delà des considérations conjoncturelles sur la Seconde Guerre mondiale, le frère du célèbre Commandant au bonnet rouge reste décidément hors du coup parce qu'il maniait l'humour noir, l'ironie et le second degré avec un naturel qui, de nos jours, n'est plus admis et encore moins compris. On n'ose imaginer les ravages qu'il ferait, s'ébrouant dans le champ de l'antiracisme institutionnel, des délires intersectionnés, des têtes à claques médiatiques et des putes à clic d'Internet. Sur la forme, le style est ferme, clair, fluide, sans fioriture ni effort apparent. L'écrivain parie encore sur l'intelligence du lecteur. Sur le fond, c'est pire. Qui ouvrira un livre de Pierre-Antoine Cousteau y trouvera un fatras de choses parfaitement désuètes comme la rectitude, le courage, le refus du relativisme, la fidélité à la parole donnée, le sens de l'honneur. Il n'y a plus de place pour un homme comme cela dans notre monde. Pierre-Alexandre Bouclay AUTEUR Frère du commandant Jacques-Yves Cousteau, Pierre-Antoine Cousteau (1906-1958) est un journaliste et écrivain dont Jean Galtier-Boissière dit qu'il fut le plus brillant de sa génération. Via Romana a publié en 2013 son Proust digest, préfacé par Lucien Rebatet, ainsi que Hugothérapie en 2015, Intra muros en 2017, et sa biographie Pierre-Antoine, l'Autre Cousteau par son fils Jean-Pierre Cousteau en 2016.

02/2022

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Sociologie

Sociologie des jeux, des sports et de l'éducation physique. L'apport des Classiques français (1890-1939)

Les sociologues classiques français n'ont jamais ignoré les questions relatives aux jeux, aux sports et à l'éducation physique. Au cours des années 1890-1914, un clivage assez net se précise. Dans le prolongement des premières approches d'Alfred Espinas, des sociologues appartenant à l'Institut international de sociologie fondé par René Worms (en particulier Gaston Richard et Guillaume-L Duprat) proposent des analyses qui méritent l'attention. Les sociologues liés à Durkheim et à la publication de L'Année sociologique (Bouglé, Maître, Mauss, Henri Hubert, en particulier) examinent la place des jeux, de type rituel pour l'essentiel, et des techniques du corps telles qu'elles sont traitées par les anthropologues. Durkheim envisage surtout l'éducation physique, replacée au sein de l'éducation de l'enfant (un point souligné par Paul Fauconnet). D'autres auteurs encore (Charles Lalo, Jules Delvaille) présentent des éclairages intéressants, bien oubliés aujourd'hui. Pendant les années 1920-1930, l'enracinement de diverses approches dans une conception philosophique du " jeu ", visiblement inspirée par une lecture quelque peu réductrice du criticisme kantien, a pour effet de contraindre certaines approches alors que très tôt le " sociologue " Jean-Marie Guyau et un peu plus tard Charles Lalo avaient ébauché des méthodes pour étudier les jeux et les sports. Toutefois, des universitaires proposent une analyse des jeux récréatifs, des sports et des loisirs qui s'accorde mieux avec le changement culturel observable durant l'entre-deux-guerres. Tout en assumant l'héritage durkheimien, Maurice Halbwachs ouvre des perspectives novatrices. À la même époque, Richard, Duprat, mais aussi René Maunier, René Hubert et Henri Gouhier, voire Émile Lasbax ou Oscar Auriac abordent les pratiques physiques et sportives sous l'angle de la science sociale. Toutes ces publications méritaient d'être tirées de l'oubli.

02/2011

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Gestion

Tétranormalisation : profusion des normes et développement des entreprises

De nombreux ouvrages ont abordé la question des normes. Parmi les théories existantes, celle de la Tétranormalisation soulève la question de l'intégration constructive des normes au sein de l'entreprise ou de l'organisation, permettant de préserver sa capacité de survie et de développement. L'objectif est de comprendre l'environnement réglementaire et normatif pour le piloter de manière proactive, de mettre en commun les compétences, les expériences innovantes et d'identifier les impacts du management socio-économique innovant. Cet ouvrage permet d'ouvrir de nouvelles réflexions afin de mettre en valeur la gestion des normes en vue de développer la responsabilité sociale durablement supportable des entreprises. La 33e édition du Colloque d'Automne de l'ISEOR rassemble un large éventail d'acteurs concernés par les enjeux de la prospérité, du management comme source de création de valeur socio-économique et de développement humain : Adelphi University (Etats-Unis), CNAM-Paris, CNAMLIRSA Paris, Democracy Reporting International (Liban), EADA - Business School Barcelone (Espagne), ESSEC Business School, IAE de Bordeaux, iaelyon - Université Jean Moulin, Institute "AI and change management" - Shanghaï University of International Business and Economics (Chine), Institut international de l'Audit Social et Académie de l'Ethique, Institut de Management socio-économique Minneapolis (Etats-Unis), Institut SAPIENS, Université Alberta (Canada), Université Autonome de Chihuahua (Mexique), Université de Balamand (Liban), Université de Franche-Comté, Université Gustave Eiffel, Université de Málaga (Espagne), Université de Montpellier, Université Saint-Joseph (Liban), Université Technologique de Aguascalientes (Mexique), St. Scholastica College (Etats-Unis). L'ouvrage met aussi en évidence, par de nombreux témoignages internationaux de dirigeants, cadres d'entreprises industrielles, tertiaires et d'organisations de service public, l'efficacité et l'efficience du management socio-économique, implanté avec succès depuis plus de 44 ans. Les témoins de ces actions innovantes sont représentés par : Adapei Les Nouelles Côtes d'Armor, Adminima, Aguacates Sánchez Hass (Mexique), Akoros Stratégie, AnD HR Solutions LLP (Inde), Arcenciel (Liban), Caisse d'Epargne Région Auvergne-Rhône-Alpes, Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprise – CJD (Maroc), Centre Médical Régional, St. Croix (Etats-Unis), CUB Architecture, CX Machinery Ltd (Chine), Etude Canllo Montoto (Argentine), EY Consulting, E. Leclerc Luçon, E. Leclerc St Gilles-Croix-de-Vie, France Silver Eco, Intersport, Lebanon Reforestation Initiative (Liban), Manpower Belgique & Luxembourg, MR Asesoria (Espagne), MSE France, Néobulle, OPCO EP, Persea Trucking (Mexique), Robert-Louis Meynet, Savoie Volailles, Siléane, SLB Médical, Ville de Lyon. Le concept de management socio-économique, né en Europe, est largement publié aux Etats-Unis, où son originalité a été reconnue par l'Academy of Management.

01/2021

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Critique littéraire

La Nouvelle Revue Française Novembre 1951 : Hommage à André Gide

Jean Schlumberger, Tout comme on avait rouvert...Hommages de l'étranger : Thomas Mann, Témoignage Ernst Robert Curtius, Amitié de Gide Hermann Hesse, Souvenirs d'André Gide Ernst Jünger, André Gide Ernst Jirgal, Elégie de Gide Archibald Mac Leish, Dans les grandes générations...John Steinbeck, Un grand romancier de notre temps Justin O'Brien, Deviens qui tu es Irwin Edmon, Entre tant d'écrivains...Raymond Mortimer, Lettre Dorothy Strachey Bussy, Quelques souvenirs Enid Starkie, A Oxford Blaise Allan, André Gide et Neuchâtel Taha Hussein, Ce grand don de conversation et d'amitié...Ennio Francia, Nous, qui étions prêts à le repousser...Giacomo Antonini, André Gide et l'Italie Emilio Cecchi, Contre certains malentendus Gianna Manzini, Sur une photographie des obsèques d'André Gide Giuseppe Ungaretti, A Rome Gide dans les Lettres : Saint-John Perse, Face aux Lettres françaises (1909) Marcel Arland, Gide reste présent Jean Cocteau, On ne peut se permettre...Paul Léautaud, Une certaine grandeur...R M Albérès, Gide considéré comme esthète André Ruyters, Unité de Gide François Mauriac, Les catholiques autour d'André Gide Jean Grenier, Le problème de l'expression Henri Mondor, Premier tournant André Julien, Les Faux Monnayeurs et l'art du roman Marc Beigbeder, La grande force d'André Gide Robert Mallet, L'équilibre dans le doute Henri Thomas, La leçon difficile Jacques Brenner, Reconnaissance Jean Paulhan, La mort de Gide n'a pas été si mal accueillie André Gide tel que je l'ai vu : Maria Van Rysselberghe, Depuis que vous n'êtes plus...Dominique Drouin, 1904-1914 Roger Martin du Gard, Notes (1913-1951) Jean Giono, Lundi André Chamson, En reste avec André Gide Albert Camus, Rencontres avec André Gide Julien Green, Rencontres Pierre Mac Orlan, André Gide et Melun Albert-Marie Schmidt, A Pontigny Louis Guilloux, D'un voyage en U R S S Robert Levesque, Le compagnon de voyage Léon Pierre-Quint, Un entretien avec André Gide Pierre Sichel, Portrait d'un portrait Henri Bosco, Trois rencontres Denis de Rougemont, Un complot de protestants Monique Saint-Hélier, Deux visages d'André Walter Etiemble, Avec Gide en Egypte Claude Mahias, Instants Richard Heyd, Révérence parler Béatrix Beck, La sortie du tunnel Jean Lambert, Il y a un an Yvonne Davet, Le plus irremplaçable des êtres...Jean Delay, Dernières années Textes inédits : André Gide, Pages - A propos de La Symphonie pastorale Dominique Drouin, >«C'est en 1890, dans l'appartement qu'il partageait avec son frère rue Vineuse...»André Gide, Lettres d'Italie à Marcel Drouin - Quelques lettres à Paul Valéry Paul Valéry, Quelques réponses à André Gide André Gide, Deux fragments de Et nunc manet in te

10/1990

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Littérature française

Le temps des bohèmes

Le temps des Bohèmes est le roman vrai des aventuriers de l'art moderne entre les deux guerres, quand Paris était encore la capitale du monde. Première saison : Bohèmes. Sur les trottoirs de Montmartre et de Montparnasse, entre le Bateau-Lavoir et la Closerie des Lilas, allaient les sublimes trublions : Jarry, son hibou et ses revolvers, Picasso sympathisant anarchiste, Apollinaire l'érotomane, Modigliani et ses femmes, Max Jacob et ses hommes, Aragon le flambeur, Soutine le solitaire, Man Ray, Braque, Matisse, Breton et les autres... Ils venaient de tous les pays. Ils étaient peintres, poètes, sculpteurs, musiciens. Fauves, cubistes, surréalistes, fêtards, amoureux - libres. Pendant trois décennies, ils menèrent le bal des plumes et des pinceaux. Ils y convièrent des brocanteurs devenus marchands, des couturiers-mécènes, une poignée de milliardaires, des filles de rues peintes comme des princesses. Leurs vies sont flamboyantes comme leurs ouvres. Et leurs ouvres, belles comme la vie. Ils demeurent à jamais les personnages de leurs propres légendes. Deuxième saison : Libertad ! Une fresque dont les héros s'appellent Malraux, Saint-Exupéry, Dos Passos, Prévert, Hemingway, Orwell, Dali. Un kaléidoscope d'enthousiasmes et d'illusions tendu entre la montée du fascisme et la guerre d'Espagne. Ce sont des temps déraisonnable : là, Aragon vend son âme à Staline ; ici, Gide pontifie aux obsèques de Gorki ; ailleurs, Gala passe des bras d'Eluard à ceux de Dali tandis que Picasso peint et que Robert Capa photographie tout ce qui bouge - ou meurt. Nous sommes entre Paris, Madrid, Berlin et Moscou, dans une époque qui hésite avec désinvolture entre l'espoir et le chaos. Troisième saison : Minuit. De la débâcle de 1940 à la Libération, voici l'épopée des écrivains, des artistes et des intellectuels sous l'Occupation.Char, Paulhan, Vercors, Sartre et Beauvoir, Camus, Picasso, Cocteau, Aragon et Elsa, Matisse, Prévert, Desnos, Saint-Exupéry, Prévost, Drieu La Rochelle, Beckett, Marc Bloch, Mauriac et tant d'autres : le grand bal de la France qui écrit, peint, dessine, filme, joue, publie, collabore, résiste, s'accommode. Tel un metteur en scène, Dan Franck nous entraîne dans sa ronde : de Paris à Marseille dans la débandade de l'exode, de Marseille à New York dans les bateaux de l'espoir, de Paris à Berlin dans les trains de la honte, des gares de la déportation aux camps de la nuit et du brouillard, on partage avec admiration, stupeur ou incrédulité les destins croisés de cette génération dont la tragédie de l'Histoire a transformé la vie en roman.

10/2015

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Critique littéraire

Hommage à Jacques Rivière

Souvenirs : Anonymes, Note biographique André Waltz, Souvenirs d'un ami d'enfance André Lacaze, Souvenirs (1905-1908) Gabriel Frizeau, Souvenirs sur Jacques Rivière A. Lauriol, Septembre 1914 Jacques Copeau, Souvenirs d'un ami A. Mayrisch de Saint-Hubert, Souvenirs Marcel Jouhandeau, Jacques Rivière devant la mort L'homme : Paul Valéry, Hommage Saint-John Perse, Lettre sur Jacques Rivière André Maurois, Comment rattraper... François Mauriac, Anima naturaliter christiana Jacques de Lacretelle, Portrait Henri Ghéon, Souvenirs Jean Cocteau, Lettre Jean Schlumberger, La Sincérité de Jacques Rivière Georges Duhamel, Lettre Henriette Charasson, Les rendez-vous spirituels Benjamin Crémieux, Ce que n'était pas Rivière Le directeur de revue et l'écrivain : André Gide, Jacques Rivière Valery Larbaud, Témoignage Jules Romains, Jacques Rivière parmi nous Paul Morand, Adieu à Jacques Rivière Michel Arnauld, Jacques Rivière et la vocation de sincérité Emma Cabire, Deux rencontres Guy de Pourtalès, Jacques Rivière Henri Deberly, Reconnaissance Henri Pourrat, Jacques Rivière, écrivain pur Jean Prévost, Jacques Rivière et les jeunes Jean Cassou, Péguy et Rivière Jean Paulhan, Les espoirs et les projets Joseph Delteil, L'homme de barre Le romancier : René Boylesve, Hommage Jacques Boulenger, Note sur Aimée Edmond Jaloux, Jacques Rivière et Marcel Proust Robert Honnert, Le Romancier Henri Rambaud, De l'esprit d'analyse dans Aimée François de Roux, La méthode objective et réaliste de Jacques Rivière Gil Robin, Jacques Rivière et la psychiatrie Guy Velleroy, Jacques Rivière et la passion de vérité Ramon Fernandez, In Memoriam L'essayiste, le politique : Charles Du Bos, Jacques Rivière et la "Perfection abstraite" Louis Artus, Jacques Rivière et "La Foi" Marcel Arland, L'évolution de Jacques Rivière Gabriel Marcel, Constantes Bernard Groethuysen, Jacques Rivière interprète de Fénelon André Lhote, Jacques Rivière critique d'art et ami Boris de Schloezer, Jacques Rivière et la musique Paul Desjardins, Le bon sens de Jacques Rivière Albert Thibaudet, L'Européen Alfred Fabre-Luce, Jacques Rivière politique Pierre Drieu la Rochelle, Expériences Félix Bertaux, Jacques Rivière et l'Allemagne Victor Llona, Jacques Rivière et les littératures étrangères Témoignages étrangers : T. S. Eliot, Rencontre D. S. Bussy, Souvenir Harrison, Le Roman d'Aventure S. Hudson, Lettre W. Frank, L'artiste en Jacques Rivière E. Fitzgerald, Hommage H. von Hofmannsthal, Hommage L. Chestov, Dernier salut E. Cecchi, Esprit de finesse G. Ungaretti, Gratitude W. Schuermans, L'esprit clinique de Jacques Rivière F. Hellens, Impressions sur Jacques Rivière P. Fierens, Jacques Rivière et la Belgique O. -J. Périer, Jacques Rivière vivant J. Tielrooy, Témoignage d'un étranger J. Fransen, Hommage R. de Traz, Souvenir R. Grosjean, Hommage du lecteur inconnu C. Simon, Jacques Rivière à Zurich C. Clerc, Rivière et Genève A. François, Souvenir Inédits Alain-Fournier, J. Rivière, Correspondance J. Rivière, Lettres à André Gide - Extraits d'un Journal de captivité - Marcel Proust Divers H. Massis, "Nous tenons à détacher, du témoignage sur Jacques Rivière, qu'Henri Massis. ". . J. Rivière,

01/1992

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Revues

La Règle du jeu N° 80, septembre 2023 : Dove vai ? L'Italie sous Meloni

DOSSIER : L'ITALIE FACE A SES OMBRES Les résultats des élections parlementaires du 25 septembre 2022 ont fait entrer l'Italie dans un nouveau chapitre de son histoire. A la tête d'un parti populiste d'extrême-droite, Georgia Meloni a confirmé de manière spectaculaire son ascension au sommet de la politique transalpine avec un programme dont la ligne politique est en phase avec celle des grands mouvements illibéraux européens. Des débats inédits sur la double décennie mussolinienne et sur la nature de la Constitution italienne née de la victoire sur le fascisme sont apparus. Un climat de violence sourde et de rejet populiste de certains intellectuels prédomine. La place cardinale qu'occupent désormais au quotidien les réseaux sociaux avec leurs attaques ad personam amplifie le mépris pour la nuance et l'argumentation. La gestion de la tragédie des réfugiés est toujours plus agressive. Les dangers qui portent sur les médias publics sont incontestables. Ainsi, malgré les gages qu'elle donne au niveau international qui lui permettent de s'assurer une crédibilité à Bruxelles et auprès de ses créanciers, l'Italie a fait le choix d'un projet politique qui pourrait l'amener à tourner le dos à ce que furent ses valeurs depuis 1945. Ce numéro de La Règle du jeu réunit des contributions d'artistes, écrivains, intellectuels, journalistes et politiciens parmi les plus importants de la Péninsule, tels que Roberto Saviano, Ezio Mauro ou Liliana Segre. Cet ensemble de réflexions réunies par Christian Longchamp permet de mieux saisir les enjeux majeurs de l'évolution d'un pays essentiel pour la France et pour l'avenir de l'Union européenne, un pays aujourd'hui dirigé par une femme qui, il y a peu de temps encore, ne cachait pas son admiration pour Viktor Orban et Vladimir Poutine. Mais aussi : - HOMMAGE A PHILIPPE SOLLERSDe son premier roman, l'histoire d'un jeune homme qui explore l'amour, à Graal, récit où se cristallisent les lectures, les méditations et les mystères d'une vie entière, l'oeuvre de Philippe Sollers n'aura cessé de se métamorphoser à la vitesse du siècle qui l'observa s'écrire. C'est que Sollers aura été de toutes les aurores : écrivain classique, adoubé par Mauriac et Aragon, révolutionnaire du langage, commenté par Barthes et Derrida, explorateur des avant-gardes à la tête de Tel Quel, romancier du désir, biographe de Mozart et de Casanova, défenseur de L'Infini dialoguant avec les vrais vivants de la littérature, c'est-à-dire les morts, libertaire engagé mais athée des chapelles sociales, catholique charnel et épris de grand art... Toutes ces identités réunies en un homme ont engendré une oeuvre marquée par l'Imprévu, le Nouveau, où se trame pourtant une profonde cohérence. Mais comment y entrer ? Dans ce dossier, La Règle du jeu réunira ses proches, ses amis, mais aussi des universitaires, des critiques littéraires, des écrivains, des lecteurs - afin de rendre hommage à l'écrivain majeur que fut, et que continue d'incarner Philippe Sollers. - " Le non-né " , une nouvelle inédite de Georges-Olivier Châteaureynaud - Un article inédit de Nathan Devers sur le poète Georg Trakl - Un article de Pierre-Antoine Chardel sur Derrida et la religion

09/2023

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Biographies

Les hypothèses infinies. Journal 1936 - 1962

Né en Tunisie dans une modeste famille juive de langue maternelle arabe, formé dans les écoles de l'Alliance israélite universelle puis au lycée Carnot de Tunis, enfin à l'université d'Alger pendant la guerre et en Sorbonne à la Libération, Albert Memmi (1920-2020) se situe au carrefour de trois cultures et a construit une oeuvre abondante d'essayiste, mais aussi de romancier, sur la difficulté pour un minoritaire né en pays colonisé de trouver son propre équilibre entre Orient et Occident. De l'âge de 16 ans à sa disparition, il a tenu un journal, où il a recueilli ses rêves et ses cauchemars, ses doutes et ses illuminations, ses espoirs et ses désillusions, ses joies et ses frustrations : une somme de réflexions au jour le jour qui éclairent d'une lumière crue un "siècle épouvantable" mais qui constituent aussi les fondations d'une oeuvre universelle. Qui est le jeune homme que nous suivrons pas à pas, de ses 16 ans à la quarantaine, dans ce premier volume du Journal ? Un minoritaire en pays dominé, né pauvre et honteux de ses origines, mais avide de culture et désireux d'en faire son destin ? Un enfant qui ne possède d'autre langue que "le pauvre patois du ghetto", mais rêve de maîtriser celle de Rousseau et de Gide, d'égaler - ; qui sait... - ; son maître Jean Amrouche, ou même le monumental François Mauriac ? Cet adolescent pacifiste, un peu dandy, brutalement confronté à la guerre et à la nécessité de prendre parti, ou ce Juif acculturé qui fait peu à peu l'expérience de sa condition, découvre les ostracismes dont il est de tous bords entouré, et qui apprend à s'en défendre ? Que cherche-t-il ? Vivre à Tunis, en se calfeutrant dans les "valeurs-refuge" et les traditions de sa communauté, ou s'enfuir à Paris pour se mesurer à la modernité occidentale ? Etudier la médecine, la philosophie ou les sciences humaines ? S'étourdir dans les divertissements ou affronter le monde et ses contradictions, au risque de s'y brûler ? Quelles sont ses ambitions, enfin ? Lutter parmi les siens au sein de mouvements de jeunesse ou se tenir à distance de tout militantisme pour mieux analyser les situations ? Défendre ses convictions par la plume ou s'inventer un monde de fiction capable de transcender ses déchirures intimes ? L'âge d'homme arrivé, ce jeune inconnu déchiré, devenu Albert Memmi, s'est clairement défini comme colonisé à travers le Portrait du colonisé et comme Juif par le Portrait d'un Juif. Pendant la guerre, il a fait l'expérience de la souffrance physique et de l'engagement ; plus tard, s'éloignant des siens sans les renier, il a appris - ; sans jamais se compromettre - ; à en découdre avec l'Occident et avec l'altérité. Par l'écriture de deux romans autobiographiques, il s'impose comme écrivain de langue française ; comme enseignant-chercheur en philosophie et sociologie, il collabore avec Aimé Patri, Daniel Lagache et Georges Gurvitch à l'élaboration d'une pensée humaniste aux prises avec les défis de "ce siècle de sciences, de progrès et d'effroyable bêtise". L'extraordinaire itinéraire individuel que révèle ce Journal 1936-1962 possède sa moralité. Il prouve avec une exemplarité éblouissante que rien n'est jamais joué d'avance, que tout se conquiert : en dépit de ses origines, au-delà de sa condition et malgré l'état cataclysmique du monde, le jeune homme parvient à percevoir, loin des "vérités absolues", la promesse effective de tous les possibles, les hypothèses infinies que nous offre l'existence.

02/2021