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Latin - Littérature

Les mots latins à travers les textes. D'Erasme à Cicéron

Un énième livre de vocabulaire latin ? A quels lecteurs nous adressons-nous ? A des amoureux du latin qui voudraient y revenir d'une façon renouvelée, comme à des latinistes des classes préparatoires et de l'enseignement supérieur. D'abord, en renouvelant le répertoire de la latinité, avec saint Augustin, Erasme, des auteurs de la Renaissance humaniste. Et selon une gamme de textes : à partir de courtes phrases d'Erasme, en passant par la forme brève de l'épigramme, puis des textes plus longs, mais avec très peu de ramifications, jusqu'à la prose un peu plus complexe de Cicéron et de Quintilien sur la rhétorique, pour aboutir enfin aux longues phrases arborescentes d'un historien, Tite-Live, ou de Cicéron philosophe. Cette prose latine ample intimide : notre ambition est d'aider à l'apprivoiser comme une dynamique ! Pour la première fois, on trouvera systématiquement une mise en mode paysage de la phrase : pour donner à voir la progression de la pensée, admirer la beauté de cette construction. On avance aussi dans un texte latin comme dans un roman policier : patience, rigueur, souplesse. Quant à l'acquisition du vocabulaire, au fronton de chaque texte est annoncé un programme lexical (" Se vêtir ", " Topographie : par monts et par vaux ", et, sortant des sentiers battus : " Couleurs : en blanc et noir ", " Export-import "). Ce programme est développé selon des démarches variées. A rebours de la plupart des manuels, ici " le " mot n'est jamais isolé : il entre dans des constellations, étymologiques, formelles, thématiques ; les mots ouvrent, par des arrêts sur image, sur la vie politique, religieuse, philosophique à Rome, mais aussi sur leur "héritage " en Occident. Pour chaque texte, on évite les accumulations stériles de mots traduits au fil de l'eau dans tant de manuels. Ici, le parti pris est d'apprendre intelligemment le vocabulaire : on " s'enracinera " dans les éléments invariants, en valorisant leur reconnaissance par tous les moyens, y compris graphiques ; à la suite de chaque texte, on trouvera une rubrique " Au jardin des racines ". Les textes eux-mêmes sont commentés sous telle ou telle facette dans de brèves notices. Pour en approfondir les enjeux, une courte bibliographie. Julien ALIBERT, agrégé de Lettres classiques, est professeur de classes préparatoires aux Grandes Ecoles au lycée Frédéric Mistral en Avignon. Patrice SOLER, agrégé de Lettres classiques, a été Inspecteur général des Lettres, après avoir été professeur de classes préparatoires aux Grandes Ecoles au lycée Louis-le-Grand.

11/2022

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BD tout public

Jade 606U : Le petit théâtre d'Angoulême

Qui n'a pas, dans notre riante profession un avis bien tranché sur le festival d'Angoulême ? De la sélection d'ouvrages réveillant chaque fin d'année les mêmes vieilles et stériles querelles entre classiques et modernes, aux mouvements de foule et d'humeurs qui ponctuent, quatre jours durant, une véritable messe ayant la particularité curieuse de réunir au même moment et en un même lieu fanatiques et sceptiques, professionnels et amateurs, curieux et intéressés, ouvriers et patrons, faut-il avoir le goût du sang ? Tout semblerait normal, presque cannois, si la bande dessinée brillait de l'aura d'un art reconnu, ou plutôt si toute cette foule aux couleurs complémentaires, avait le sentiment de la reconnaissance de l'objet qui l'anime, là, en plein hiver, au beau milieu de presque nulle part (oui, on n'est pas syndicat d'initiative non plus, on peut dire ça si on veut) dans une sorte de rave d'images aussi proches dans leurs conceptions que lointaines dans leurs sens. Mais voilà, malgré la foule de conquis s'y déplaçant chaque année, tous les professionnels et roadies, du plus connu au plus décalé, ne semblent toujours pas sûrs d'avoir convaincu le monde de la pertinence de leur travail (c'est agaçant). On s'y rend donc animé d'un sentiment étrange, mélangeant fête et travail, retrouvailles immuables et esquives habiles dans un lieu au sol fragile. On pourra compter sur la sensibilité des auteurs participants à ce "Jade" spécial festival d'Angoulême pour savoir saisir des moments et des sensations que cet improbable bouillon suggère, souvenirs ou études, critiques ou énamourés, c'est toujours une photographie du milieu, vue des coulisses, qu'ils donnent à voir dans ces pages et c'est là tout leur sens... même si cela gomme, à n'en pas douter, quelques illusions aux habituels festivaliers". Jade" 606U a obtenu le Fauve de carton au festival de la bande dessinée à plumes d'Angoulême. Décerné par un parterre d'auteurs et de rédacteurs de "Jade", ils se sont remis les uns les autres des fauves de cartons près du local à poubelle jouxtant le théâtre de la ville ou étaient remis les prix officiels. Des photographes amateurs et un nombreux public non-munis d'invitations à la cérémonie entourèrent les lauréats au cours d'un apéritif non-autorisé avec des cahouet'. Dans un souci d'apaisement, la chasse au pingouin a été reportée.

01/2010

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Poésie

Où vont nos nuits et autres poèmes

Le choix d'entrer en poésie découle d'une étreinte conflictuelle ou inapaisée avec le monde. Il prend sa source dans une affliction, un manque ou une inquiétude. Tout poète perçoit la vie comme livrée à l'énigme, exposée à d'imprévisibles assauts ou à d'absurdes turbulences. Sa mission relève du "qui vive ?". Factionnaire inassouvi, incrédule et insoumis, il ne se résout pourtant pas à jouer à la sentinelle immobile, au veilleur d'ombres hébété. L'auteur s'extrait de ses guérites pour explorer les chemins de crête, les venelles sans âge et les sentiers jusque-là esquivés, entre le désir d'épouser les beautés du réel et l'amertume de ne glisser que sur ses éphémères surfaces. D'où un déchirement, celui d'une perplexité anxieuse qui se force à la ferveur, celui d'une chasse à "ce qui reste après l'oubli", quand la mémoire a consumé tous les grimoires et toutes les vieilleries mentales. "Non rien ne naît si fort que du mot qui l'invente et choisit/L'aube ou la nuit tout lui appartient tout est permis l'eau/Rouge l'aveu le sable mauve ou le rêve fou de deux reines". Telle est la dualité que psalmodient les recueils d'Alain Duault. Le coeur blessé est aux aguets, pour résister au vertige ou à la dépression, pour déchiffrer les arcanes d'une incohérence obsédante et pour y capter, vaille que vaille, des lumières d'espérance, trouant les ombres, irradiant semences et promesses. Sa parole est ardente, animée, pleine de sève, car qui chante son mal l'enchante. On a parfois l'impression qu'elle joue un rôle d'autopersuasion, comme si elle voulait, coûte que coûte, entre épicurisme frugal et total enivrement, transcender un désarroi et narguer de stériles récriminations. Elle est cette "folie qui fait écrire comme/Ces papillons qui vibraient dans la tête de Schumann". Elle commence donc par se défier de toute ratiocination et d'un intellectualisme asséchant, pour exalter les sensualités que nous pouvons fugacement posséder. Elle largue les amarres, en bateau ivre. Le tragique affleure partout mais sa componction est ici refoulée : la méditation sur la perte et sur la mort, lancinante comme une basse obstinée, se métamorphose en parole de revanche et de célébration.

11/2015

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Littérature française

Joli coup

Une écriture enlevée, alerte, colorée d'un humour souvent noir emporte le lecteur dans les dix-sept histoires qui composent " Joli coup ". En surgit un monde loufoque, drôle, voire poétique, parfois légèrement surnaturel, toujours décalé. Les personnages de ce recueil n'en sont pas pour autant étranges. Il s'agit du commun des mortels, de nos contemporains : notre voisin, le postier, le guichetier de la banque du coin, la prostituée, le soldat, l'employé de la SNCF ou la caissière de notre supermarché. Ils évoluent au fil de monologues et d'aventures dans lesquelles l'auteur nous embarque avec dérision et cynisme. Les nouvelles de Patrick Ledent, qu'elles empruntent au genre policier, au récit réaliste ou au conte fantastique, nous font basculer dans un univers singulier. Cette écriture est le fruit de vingt ans de travaux pratiques effectués sous l'oeil attentif d'un connaisseur, André Blavier (1922- 2001) : écrivain, critique et érudit, spécialiste de René Magritte, correspondant étranger de l'Oulipo, marqué par sa rencontre avec Raymond Queneau, fondateur en 1952 de la revue d'avant-garde " Temps Mêlés " puis du Centre de documentation Raymond Queneau de Verviers et Grand Prix de l'Humour Noir en 1977 pour " Occupe-toi d'homélies ". Une école prestigieuse... et une passion des mots partagée. Si Patrick Ledent maîtrise parfaitement l'art de la chute, grâce à une construction très concertée qui tient le lecteur en haleine, il sait aussi faire savourer la langue à travers néologismes, mots-valises et jeux de mots. Sept de ces nouvelles ont été primées (Prix transfrontalier de la nouvelle brève, Prix Vedrarias de la nouvelle, Prix du ligueur, etc). " Joli coup " les rassemble, autour d'autres inédites, par un choix éditorial qui souligne, au-delà de la diversité formelle, l'unité d'une écriture roborative. Une écriture roborative ? Oui. On sort réjoui de cette lecture, on a bien rigolé. Sous la légèreté et la quotidienneté, c'est d'une plume mordante que Joli coup s'attaque à quelques petites angoisses comme le cancer, le chômage, la guerre, l'argent ou son absence, l'économie, l'éducation, la violence ou la difficulté des relations humaines. Dans l'invective ou la jubilation verbale, l'auteur s'inscrit à la suite des humoristes qui, depuis Swift, dénoncent les plaies du monde moderne avec savoir-dire et élégance : " Pour autant, je n'en voulais à personne. J'avais si bien essoré le temps, si bien égoutté chaque seconde que je savais mieux que quiconque combien la vie est riche, imprévisible et fantasque. Émancipée et victorieuse. Combien elle se moque des révolutions solaires et lunaires. De toutes ces planètes qui tournicotent autour du soleil et sur elles-mêmes, cherchant un mouvement qui les rassure, une équation qui les apaise ou une réponse à leur errance stérile. Combien les hommes se trompent en levant les yeux au ciel, quand ils devraient les baisser ; combien ils se fourvoient en s'émerveillant de la trajectoire des astres, quand la leur est tellement plus libre, plus folle et poétique. "

07/2009

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Religion

Le mariage forcé en Islam. Des origines coutumières et ancestrales

Depuis une dizaine d'années, la génération d'immigrés connue sous l'appellation de " de deuxième génération " est entrée dans sa phase adulte. De ce fait, elle fait face aux pires difficultés dues aux contradictions multiples engendrées par un conflit d'intérêts, opposant d'un coté les institutions civiles et, d'un autre côté, un ensemble de comportements quotidiens dont l'identité (religieuse ou coutumière) est encore mal définie. De tous les problèmes que rencontre cette génération - ils sont nombreux - nous nous attacherons ici à répondre sur le plan seulement religieux et éducatif à ceux ayant un rapport, même indirect (telle l'excision), au mariage. Car en âge de fonder une famille, cette même génération se confronte sans y être préparée à des questions épineuses qui engendrent déchirement et cassure familiale. L'objectif de ce travail est d'indiquer aux parents quels sont, islamiquement, les droits de leurs enfants et à ceux-ci quels sont leurs droits et devoirs envers la famille et la société. Nous avons voulu notre travail dans ce mode d'expression pédagogique facile et accessible à tous afin d'en faciliter la circulation et la lecture par beaucoup de jeunes de confession musulmane. Nous adoptons cette attitude pédagogique volontaire, afin de nous adresser de façon directe au lecteur, quitte à sortir assez souvent du mode de l'argumentation juridique musulmane qui aurait consisté à opposer, en mettant en présence, toutes les thèses opposées et à les réfuter pour en déduire celles pour lesquelles nous optons. Nous trancherons les débats juridiques que nous aborderons ici selon les moyens conceptologiques (sciences des fondements du droit), " hadithiques " et exégétiques qui nous sont donnés. Ceci, en nous mettant seulement sous l'autorité de la seule Charia (la voie, la direction, l'orientation générale) de l'Islam. Nous ne croyons pas que ce soit ni le lieu ni le moment de perdre notre temps dans des débats stériles. Quant à la justesse de nos points de vue, c'est à chacun d'en mesurer les termes selon les arguments et non des opinions préconçues et des préjugés écoliers. Notre étude est abordée d'un point de vue strictement religieux. Le but est d'aider le parent et le jeune enfant à établir un dialogue franc et sincère avec la famille, aussi de les aider à ne pas se mettre dans des contradictions aboutissant à la commission d'infractions, voire même de délits graves dont les conséquences sont néfastes aussi bien pour eux que pour toute la famille.

04/2006

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Criminalité

Jure sous influence

Sous la forme d'un récit haletant et emblématique de l'emprise des "PME " de la drogue, Carole Sterlé nous dévoile les dessous de l'affaire qui a fait tremblé l'Institution... Tout commence par un " classique " trafic de drogue. Un chargement de 80 kg d'herbe (600 000 €) en provenance d'Espagne disparaît dans la nature. Le convoyeur, " Petit-père ", un homme de 45 ans, père de famille et toxicomane explique aux commanditaires s'être fait braqué son camion par un commando armé. Personne ne le croit. Enlevé, séquestré et torturé pendant 36 h, il est finalement libéré en échange de son silence. Il se terre apeuré dans un cagibi de jardin avant de se volatiliser loin de chez lui et des siens. Quatre mois plus tard il dénonce le réseau qui sévit entre l'Espagne, l'Ile-de-France et la Bretagne, à l'Octris. Les têtes tombent, parmi lesquels des récidivistes condamnés en France ou en Italie qui prennent jusqu'à sept ans ferme. Petit-Père est dispensé de peine et le procès pour sa séquestration doit se tenir aux assises. Après avoir été renvoyé une première fois, faute de jurés (personne ne veut juger des criminels connus dans le département), le procès se tient quelques mois plus tard. La grande mascarade reprend alors de plus belle : des proches des accusés n'hésitent pas à s'asseoir près de la partie civile pour l'intimider ; à peine arrivé à l'audience, un juré demande à être récusé parce qu'il reconnaît des voisins dans la salle et le verdict aboutissant à seulement deux condamnations et trois acquittements fuite avant même la fin du délibéré, alors que les discussions sont toujours en cours. Il y donc eu un contact entre la cour et l'extérieur... Les jurés ont-ils été forcés à voter ces acquittements ? Les trafiquants étaient-ils si puissants qu'ils pouvaient mettre la justice au pas ? Dans les annales judiciaires, on n'avait vu ça que dans le banditisme corse. Dans un document interne (qui sera dévoilé ici pour la première fois dans son intégralité), le président de la cour d'assises dénonce des acquittements infondés et la difficulté de juger les criminels en Seine Saint-Denis. Un récit aussi fascinant qu'inquiétant sur les dessous de la justice, les zones de non-droits que semblent être devenus les territoires, villes, quartiers gangrenés par le trafic de drogue et une Institution judiciaire à leur merci.

11/2022

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Santé, diététique, beauté

Les bactéries, des amies qui vous veulent du bien. Le bonheur est dans l'intestin

Nous naissons stériles, mais sommes envahis dès notre toute première seconde de vie par des bactéries qui resteront en nous définitivement. Fort heureusement, nous vivons en parfaite symbiose avec elles. Nos bactéries sont heureuses en nous et elles nous le rendent bien car, malgré leur mauvaise réputation, elles sont bienveillantes et nous protègent de nombre de maladies. L'intestin, surnommé « deuxième cerveau », nous contrôle grâce à elles : nos amies les bactéries nous aident à digérer, à nous protéger des microbes malveillants et à les combattre, mais surtout elles nous défendent contre l'obésité, les allergies, les douleurs du ventre et les maladies digestives. Mieux encore, elles parviennent à nous protéger des maladies cardiaques ainsi que de certains cancers, et peuvent même modifier notre comportement, nous rendre sensibles ou nous protéger vis-à-vis de la consommation d'alcool. L'évolution de l'humanité a entraîné avec elle l'évolution des bactéries, mais c'est surtout ces dernière années que notre société s'est transformée, et très vite : modifications de notre alimentation (régime trop gras et/ou trop sucré, additifs alimentaires, édulcorants), augmentation des voyages et migrations humaines, apparition des antibiotiques. Nous avons perdu certaines bactéries, et cela a entraîné des conséquences, d'abord insoupçonnées, mais maintenant mieux comprises : notre déséquilibre bactérien, appelé dysbiose, participe à l'obésité, au diabète, aux douleurs et aux maladies cardiaques ou du tube digestif, à l'augmentation de certains cancers et même au développement de troubles psychiatriques, comme le stress ou l'autisme. Comment nos bactéries nous contrôlent-elles ? Comment protéger notre capital bactérien dès notre plus jeune âge et retrouver une flore bactérienne normale en cas de déséquilibre, de dysbiose ? Peut-on se soigner en agissant sur nos bactéries bienveillantes ? Que penser des antibiotiques qui détruisent les bactéries ? Cet ouvrage, réalisé par deux spécialistes des bactéries digestives, permet de comprendre que les bactéries doivent être dédiabolisées. Certaines nous rendent malades, mais celles avec qui nous vivons quotidiennement sont un gage majeur de notre bonne santé, et ce dès la naissance. Le Pr Perlemuter et le Dr Anne-Marie Cassard nous invitent à : comprendre en quoi le concept de bactéries a changé et comment, alors que nous les pensions malveillantes, nous nous sommes rendus compte qu'elles étaient bénéfiques. apprendre comment nous vivons en symbiose avec nos bactéries et pourquoi nous devons nous protéger mutuellement. saisir comment, dès la naissance, nos bactéries nous contrôlent et contrôlent notre santé : pourquoi notre intestin est notre « deuxième cerveau » et comment l'intestin, nos bactéries et notre cerveau interagissent. connaître les interrelations entre nos bactéries et le reste de l'organisme, avec pour corollaire les maladies qui peuvent apparaître en cas de déséquilibre, de dysbiose : par exemple, maladies digestives (colites inflammatoires, maux de ventre), maladies cardiaques, surpoids et obésité, diabète, allergie, alcool, stress et même autisme. découvrir qu'améliorer notre santé physique et mentale au quotidien, c'est s'occuper de nos bactéries en adaptant notre alimentation et en utilisant des prébiotiques, des probiotiques.

03/2016

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Littérature étrangère

Vivre, penser, regarder

Dans “Vivre”, la partie la plus directement personnelle du livre, Siri Hustvedt s’interroge sur son enfance, sur les formes que le désir ou l’imaginaire peuvent revêtir pendant cette période de formation. Célébrant la relation de complicité entretenue avec une mère qui lui a enseigné l’importance de l’autonomie et de la liberté, elle retrace sa quête, encore juvénile, et déjà problématique d’une tentative de définition d’elle-même en dépit de son “étrange tête” sujette à des migraines chroniques qui l’accompagneront tout au long de sa vie. S’attardant sur la notion de contexte familial en ce qu’il a pu donner naissance à tel ou tel personnages de fiction, évoquant son rapport au sommeil et/ou à l’insomnie, ou l’impact, sur son existence, de son ascendance norvégienne, elle aborde la question des fonctionnements et dysfonctionnements de la mémoire affective et le rôle joué par la figure paternelle, dont tout lecteur de La Femme qui tremble (Actes Sud, 2010) sait le rôle qu’il a notamment joué dans l’écriture du roman Elégie pour un Américain (Actes Sud, 2008, Babel n°1006). La deuxième partie de l’ouvrage, “Penser”, moins “anecdotique”, moins “narrative”, propose quant à elle une ambitieuse réflexion sur les liens qui existent entre fiction et mensonge, autobiographie et oeuvre d’imagination. Siri Hustvedt s’y interroge sur la “machinerie” de l’écriture comme sur celle de la lecture, sur la notion de vérité et sur l’amnésie en ses tours et détours. S’attachant à rendre compte de son expérience d’acquisition des instruments d’analyse permettant de mieux saisir les fonctionnements cérébraux, mentaux qui président aussi bien à la maladie (dans le pire des cas) qu’à la création artistique (dans le meilleur), l’essayiste, loin de prôner les vertus du seul jargon ésotérique (dont, tout en le maîtrisant, elle récuse l’utilisation abusive et parfois stérile), s’en affranchit pour rendre compte, avec autant de clarté et de “pédagogie ”que possible (et sans toutefois sombrer dans l’écueil d’une hâtive vulgarisation) de ses propres avancées dans le domaine de la psychanalyse ou des neurosciences, tout en mettant à contribution sa longue pratique d’écrivain et de lectrice des grands textes littéraires qu’elle a intimement fréquentés, aussi bien que des ouvrages les plus exigeants dans le domaine de la philosophie (Kant, Kierkegaard, Ricoeur, Merleau-Ponty, Sartre), de la psychiatrie (Freud, Winnicott, William James, Lacan) ou de la neurobiologie (Jaak Panksepp, Antonio Damasio). Cette partie dont un des chapitres a pour titre “L’Analyste et la fiction”, se clôt sur “L’Aire de jeu de Freud”, conférence prononcée par Siri Hustvedt à Vienne lors des rencontres annuelles Sigmund Freud, en juin 2011. La troisième partie, “Regarder” est consacrée à l’univers des arts plastiques (peinture et photographie en particulier) que Siri Hustvedt n’a jamais cessé de fréquenter à titre personnel aussi bien qu’en tant que critique d’art. On y retrouvera quelques-unes des figures tutélaires qui habitent le panthéon visuel de l’écrivain (de Goya à Morandi, en passant par Louise Bourgeois, Gerhard Richter, Annette Messager, Duccio di Buoninsegna, Richard Allen Morris, entre autres). De même que dans Les Mystères du rectangle (Actes Sud , 2006), l’écrivain propose ici une informelle leçon de regard, lequel, s’il peut naturellement convoquer des savoirs (historiques, sémiotiques), doit aussi être capable de s’en émanciper au profit du libre exercice du jugement reposant sur la réappropriation par tout individu confronté à l’oeuvre d’art, de la fonction et de l’activité purement “humaines” sur laquelle repose une expérience qui requiert, de la part de celui qui regarde, la participation du corps et d’une sensibilité subjective au moins aussi cruciales, sinon plus, que le fait de détenir une culture académique. Au terme de la lecture de cette somme architecturée de réflexions, de lectures, d’expérience que Siri Hustvedt cherche à transmettre en toute rigueur mais avec le souci d’apprivoiser, pour elle-même comme pour autrui, la complexité des tenants et aboutissants de l’expérience humaine en tant qu’entité problématique et toujours en devenir, le lecteur aura fait la connaissance d’un écrivain qui a consacré une considérable partie de son existence à explorer sans désemparer les arcanes de l’être au monde qui nous est donné en partage sous ses formes multiples et chez qui la “vocation” d’écrire est inséparable d’une aspiration à la connaissance de soi et de l’autre rendue possible par une fréquentation assidue de la recherche à l’oeuvre, de tous temps, dans les divers domaines de la pensée.

01/2013