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American Booksellers

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Art japonais

Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo ( XVIIIe et XIXe siècles)

Pendant plus de deux cent ans, à partir de l'ordonnance de fermeture du pays de 1639, le Japon de l'époque Edo (1603-1868) restreint drastiquement les échanges avec le monde extérieur. Après la signature de traités commerciaux avec les Etats-Unis et l'Europe en 1858 mais surtout à partir de la restauration de Meiji (1868), le gouvernement adopte une politique d'industrialisation du pays et promeut l'introduction des idées occidentales. Les étrangers qui se rendent alors au Japon ont laissé des descriptions détaillées du pays et de ses habitants. Le naturaliste américain Edward S. Morse note dans Japan Day by Day que les citadins contournent ou enjambent les chiens et chats se prélassant au milieu de la route pour ne pas les déranger, et utilisent pour les appeler le suffixe honorifique "san" (équivalant à "Monsieur" ou "Madame"). Le peintre et dessinateur français Georges Bigot (1860-1927), qui séjourne au Japon à partir de 1882 a laissé un grand nombre d'oeuvres pleines d'humour, d'animaux et de gens. Une longue période de paix et de stabilité donne aux habitants de Tokyo le loisir de profiter de la vie et se divertir. On s'entoure volontiers d'animaux de compagnie : petits chiens et chats, de petits oiseaux tels les rossignols et les cailles, ou encore des insectes dont on apprécie le chant, comme les grillons et les criquets. Les habitants d'Edo, ville à la topographie riche en collines, rivières, et ouverte sur la mer, vivent en lien avec la nature et des rites saisonniers marquent le déroulement de l'année alors que les changements de saison offrent de nombreuses occasions d'admirer de superbes paysages naturels tout proches. D'abord figurines d'argile de sangliers ou autres, sous l'influence de la civilisation chinoise, les animaux sont ensuite représentés sous des formes fantastiques venus du continent comme les phénix et les dragons font leur apparition de même que des animaux que l'on ne trouvait pas au Japon, tels les tigres et les paons. L'épanouissement d'une civilisation raffinée basée sur une esthétique proprement japonaise se démarque de la culture et de l'art chinois : les animaux se mettent alors à représenter l'esprit d'une saison ou à symboliser des récits traditionnels japonais. Avec le développement, en littérature, de jeux de mots basés sur les sons et le sens de la langue japonaise, on apprécie les dessins d'animaux synonymes de bon augure en raison de leurs noms ou de la façon de les écrire. Ainsi, à l'époque Edo, la puissance financière nouvelle de la classe commerçante stimule la naissance d'une véritable culture citadine et le raffinement de divers objets de la vie quotidienne : les motifs décoratifs représentant des animaux évoluent vers une plus grande liberté de conception et des variation plus riches.

11/2022

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Cinéastes, réalisateurs

Go West. Entretiens avec 25 cinéastes américains

J'ai fait la connaissance de Michel Ciment après avoir publié "Qu'elle était verte ma vallée" de Jean-Baptiste Thoret en janvier 2021. Michel avait beaucoup aimé ce livre et voulait le présenter à Positif. Malgré ma cinéphilie, j'avoue que je connaissais peu à cet instant l'histoire et les protagonistes de la revue Positif (grande revue française du cinéma dont Michel était une figure tutélaire, pilier de la cinéphilie internationale, revue soeur, rivale et égale des Cahiers du Cinéma). Pas mieux, j'étais ignorant du travail de Michel Ciment. Le rencontrer m'a alors permis de découvrir la revue Positif, tout son travail et surtout l'oeuvre et les livres de Michel. J'ai été très touché par son approche éclectique et humaniste du cinéma, sa grande finesse, sa curiosité et son intérêt pour tous les arts autour du cinéma... il était très sensible aux livres des éditions Magnani également. Encouragé par Jean-Baptiste Thoret, j'ai proposé à Michel de le suivre en tant qu'éditeur. Partageant ma passion pour le cinéma américain, Michel m'a soumis le projet d'un recueil de ses entretiens avec les différentes générations des cinéastes à Hollywood (parus autrefois dans la revue Positif) : de Fritz Lang à Quentin Tarantino. "Go west" présente ainsi une sélection de toutes ces interviews passionnantes et représente surtout l'itinéraire de Michel Ciment avec les réalisateurs américains sur une cinquantaine d'années. Je souhaiterais en tant qu'éditeur, avec " Go west " de Michel Ciment, partager avec les nouvelles générations de cinéphiles, mais aussi les cinéphiles plus âgés, toute cette histoire de Michel Ciment, de la revue Positif, de ce pan de la cinéphilie, reconnue dans le monde entier -mais aujourd'hui confronté au défi continue de la transmission du Savoir dans une histoire des formes mise à mal par l'ultra industrie culturelle et sa surproduction, l'amnésie qu'elle charie avec elle et sa dictature du présent. Il n'existe pas de vieux films, de vieux livres ou de vieux auteurs ; seulement des oeuvres et des individus que l'on a pas lu. Michel Ciment était avant tout un passeur, qui accordait son temps et son travail à des cinéastes qui n'étaient pas toujours les plus reconnus par la critique ou le box office ; il a souvent contribué à réhabiliter ou faire reconnaitre des oeuvres cinématographiques qui n'avaient pu s'imposer suffisamment ; nous apprenant par là qu'une oeuvre est aussi importante par l'intérêt qu'elle suscite auprès d'une communauté d'individus, de Lumières, si précieuses pour leurs contemporains et les futures générations. Des Lumières qui nous appartient aujourd'hui de maintenir allumées en allant toujours vers l'avant, vers ce que l'on ne connait pas, ne sait pas encore. Vers L'Ouest. Note : En préface de "Go west" , un entretien entre Michel Ciment et Julien Magnani.

04/2024

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Critique littéraire

Elizabeth Craig, une vie célinienne

Issue d'une famille de la bourgeoisie californienne, Elizabeth Craig a rêvé très tôt d'une carrière de grande ballerine et projeté sa soif de réussir dans l'art et la danse. La vie de cette femme d'une beauté saisissante sera marquée par l'amour de trois hommes qui eurent chacun des destins exceptionnels. Le premier, son maître de danse, un sulfureux danseur étoile du Bolchoï devenu une vedette du cinéma muet, lui fera connaître l'envers comme l'endroit de l'industrie du cinéma naissant. Déçue par son amant, elle fuit Los Angeles et un amour devenu impossible pour s'installer à New York. Danseuse de revue sur Broadway, elle mène une vie d'aventure qui la conduit, un an plus tard, dans le Paris des Années folles. Les excès festifs des nuits de Montparnasse qui altéreront son état de santé l'amènent à rencontrer un certain docteur Destouches, le futur Céline. Ils vivront ensemble huit années de passion, période qui verra la transformation du docteur en écrivain. La grande dépression qui met fin aux Années folles met aussi un terme à l'épisode parisien de sa vie. Suivant le reflux de la "génération perdue" de ses compatriotes vers les Etats-Unis, Elizabeth Craig quitte Paris en 1932. De retour dans une Amérique en crise, sa carrière de danseuse sur le déclin, elle partage la vie d'un "gangster juif" associé aux capos de la mafia américaine. En entrant dans la vie de Louis Destouches, Elizabeth Craig a participé à la naissance d'un écrivain et pris place elle-même dans la fiction célinienne, un univers qu'elle aura aidé à concevoir et auquel son destin n'échappera plus, même dans la fuite. Elle deviendra le modèle de nombreux personnages féminins de ses oeuvres, sinon le modèle de la féminité célinienne. La danse et les danseuses étaient pour Céline l'objet d'une véritable adoration. "Je suis tout à la danse, la danseuse m'ensorcelle", avoue-t-il à Milton Hindus le 12 juin 1947. Sensuelle et amorale de nature, Elizabeth Craig n'a jamais eu de scrupule à rechercher l'amour au-delà des interdits. Quand elle arrive à Paris à l'âge de vingt-quatre ans, c'est déjà une libertine que Céline rencontre. Cette compatibilité de goût pour le désordre sexuel nourrira leur histoire d'amour, ou du moins la facilité d'Elizabeth à se soumettre aux fantasmes de l'écrivain, à ces "combinaisons" dont il avait un besoin vital. Il n'hésite pas à partager sa maîtresse, à l'offrir à ses amis, et à assister à leurs ébats, pour y trouver un de ses moyens d'inspiration. Elizabeth Craig n'est pas non plus étrangère à l'antisémitisme célinien, même si celui-ci préexistait à leur rencontre. Céline focalisera sa haine des juifs sur le rival américain qui lui a succédé dans le coeur d'Elizabeth. Cette dernière est morte en 1989 sans que les deux amants ne se soient jamais retrouvés.

02/2018

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Littérature étrangère

Nashville chrome

Au début des années 1930, dans le sud de l'Arkansas, à Poplar Creek près de la frontière du Mississipi, Floyd Brown dirige une scierie. En plus des difficultés économiques qui touchent l'ensemble des États-Unis, les Brown sont confrontés à des problèmes domestiques : Floyd boit avec excès, travaille avec imprudence, et son fils cadet meurt accidentellement. Ses autres enfants, Maxine, Jim Ed et Bonnie, témoignent d'un talent musical exceptionnel. Plutôt que de jouer dans les bois, ils ont pris l'habitude de se produire dans les petits concerts et les " talent shows " du sud des États-Unis. Le frère et les deux soeurs se font bientôt connaître sous le nom de The Browns. Un impresario escroc, Fabor Robinson, leur fait signer un contrat auquel ils vont rester longtemps enchaînés. Ils connaissent un succès rapide. " Ils étaient aussi grands qu'Elvis ", à cause du son particulier de leurs voix, cet éclat soyeux et rauque forgé par la fumée provenant du travail des bucherons à proximité de chez eux, et un son qui prendrait le nom de " Nashville Chrome' ", ou de " son Brown " comme le dit Elvis Presley dans le livre. Les années 1955 et 1956 sont glorieuses : ils commencent à gagner de l'argent mais restent proches de leurs racines et de leurs amis d'enfance, parmi lesquels un certain Elvis Presley qui s'est épris de la jolie Bonnie. Le groupe demeure populaire dans les années 1960, mais leur étoile commence à pâlir. En 1962, ils enregistrent une dernière chanson avec leur célèbre producteur, Chet Atkins. Au début des années 1970, les Browns se séparent. Jim Ed se lance alors dans une brillante carrière en solo. Bonnie quitte le trio et Elvis pour épouser un médecin avec qui elle s'installe dans une ferme. Maxine, se marie quant à elle à un avocat, Tommy Russel, qui ne cesse de la tromper. Au fil des années, Maxine ne peut renoncer à l'idée de renouer avec le succès. Elle s'efforce de continuer, affrontant des hauts et des bas, tout en sombrant progressivement dans l'alcool. Rick Bass alterne le récit du parcours brillant du trio Brown, " le groupe américain préféré des Beatles ", avec " la vie aujourd'hui " de Maxine Brown dans les années 2000. Cette dernière est devenue une vieille dame impotente, ne s'est jamais remise du déclin de sa carrière fulgurante et a fini par renoncer à l'alcool " pour ne rien manquer des derniers mois de sa vie. " Habitée par la fureur plus que par la nostalgie, elle ne supporte pas d'être oubliée de tous. Aussi " l'ancienne reine de la country " dépose-t-elle une annonce dans l'épicerie de son quartier. Elle recherche un cinéaste disposé à filmer " une célèbre artiste ". Jefferson, un enfant surdoué âgé de douze ans, y répond. Il entreprend patiemment de la filmer " pour acquérir une connaissance artistique de sa vie ". Lorsqu'il projette le film dans son lycée, Maxine accède finalement à une nouvelle reconnaissance, applaudie par un public de jeunes élèves.

03/2012

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Cinéma

Ecrans français de l'entre-deux-guerres. Coffret en 2 volumes

Cet ouvrage représente une façon inhabituelle d'envisager l'histoire du cinéma. Comme certains historiens évoquent la chrétienté à travers les cathédrales, l'auteur a mis au premier plan les salles de cinéma, considérées comme un poste d'observation, comme un carrefour où les films rencontrent leur public. Plusieurs avenues mènent à ce carrefour, qui constituent autant de chemins à emprunter pour comprendre l'histoire du cinéma dans sa double identité d'art et d'industrie. L'architecture des cinémas, modeste ou prétentieuse, leur économie, leur situation dans la ville, leurs promoteurs et leurs architectes, leur programmation et leurs publics sont autant d'éléments signifiants. Comme sont également signifiants les changements dans les modes d'exploitation des films avec, notamment, la généralisation du système de l'exclusivité qui amène non seulement une forte hiérarchisation des salles mais témoigne aussi du changement d'attitude par rapport au film qui cesse d'être une marchandise industrielle standard. Ce changement d'attitude s'exprime aussi par le développement des ciné-clubs et des salles "d'avant-garde" dont l'influence est beaucoup plus importante que leur place marginale dans l'économie du cinéma ne le laisserait croire. Les années 1920 sont, en effet, celles de la naissance de la cinéphilie et de la reconnaissance du cinéma en tant qu'art. L'irruption en France du cinéma sonore dans une profession peu préparée, amena un véritable séisme. Léon Gaumont et Charles Pathé disparaissaient de la scène et laissaient la place à des concentrations industrielles et commerciales d'ampleur inconnue auparavant. Après le quasi-échec des mesures de contingentement, industriels et financiers misaient sur la barrière de la langue pour protéger le cinéma français de l'ogre américain et lui permettre une véritable renaissance, malgré les craintes suscitées par le film parlant chez certains intellectuels et artistes. L'exploitation dut faire de gros efforts pour rénover un parc de salles vieilli et surtout inadapté au cinéma sonore. Il fallut reconsidérer l'architecture intérieure des salles, rénover les anciennes et en construire de nouvelles. A Paris, le nombre de cinémas augmenta de près de 81% entre 1929 et la guerre. Des architectes de talent, dont certains influencés par les courants modernistes, profitèrent de ce nouvel élan en se spécialisant dans ce type de construction. Sur fond de crise du capitalisme et de vifs antagonismes politiques, le cinéma devenait le loisir numéro 1 des Français et son pouvoir médiatique, surtout depuis qu'il avait appris à parler, renforça l'intérêt que lui portaient les grandes familles de pensée. Qu'il s'agisse de films de la gauche, de l'Eglise, des Ligues d'extrême droite ou des films de propagande coloniale, le cinéma des années 1930 participa aux débats citoyens. Outre les meetings et les salles improvisées, les cinémas en furent les principaux témoins. Malgré le développement du doublage qui rouvrit largement le marché français aux films étrangers, malgré les fort nombreuses faillites du milieu des années 1930, le cinéma français ne retomba pas dans sa léthargie. Il trouva sa voie dans une certaine forme de réalisme poétique et fut souvent porté davantage vers le destin pittoresque d'êtres marginaux et solitaires que vers la classe ouvrière elle-même.

05/2017

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Economie

La justice et la répartition fiscale dans l'économie politique de John Rawls

L'impôt sous son angle colonial en Afrique était perçu comme un instrument de pression, d'oppression et d'appauvrissement du citoyen contribuable par l'impôt dit, de capitation. Ce lourd passé historique pèse encore sur les systèmes fiscaux d'Afrique et d'ailleurs, systèmes au sein desquels les citoyens se sentent encore victimes parce que spoliés de leurs biens par les puissances publiques. Dans cet ouvrage, Docteur Célestin Amané DAGO propose un changement de paradigme du système de la fiscalité à travers la philosophie politique normative et l'éthique économique appliquée du philosophe américain John Rawls, en introduisant une part de volontariat dans l'accomplissement de l'obligation fiscale, afin de changer le rapport du contribuable à l'Etat. L'ouvrage vu sous cet angle, est un appel aux pouvoirs publics pour inscrire le contribuable au coeur du système fiscal afin que, le paiement de l'impôt soit un acte spontané et volontaire. L'acte volontaire, s'entend comme la réponse à la justice et à l'équité fiscales dans la redistribution sociale des richesses nationales. Au commencement était la philosophie en tant que mère de toutes les sciences et, naturellement M. Amané Célestin DAGO, embrassa cette discipline prestigieuse à l'Université de BOUAKE ; mais, cet eudémoniste toujours souriant et généreux, est un monomane de l'application des savoirs, un citoyen rivé au credo selon lequel le bonheur de la cité ne viendra que d'un gouvernement de philosophes. Voilà le principe d'intelligibilité de toutes ses activités théoriques et pratiques. Etonné par la ruée automatique des politiciens négro-africains vers la démocratie comme régime politique idéal, parce que le maître blanc en domination l'a dit, Monsieur DAGO prépara et soutint un mémoire de maîtrise en philosophie politique et sociale sur le thème suivant : Du procès de la démocratie dans la République de PLATON ; à la suite de quoi, un mémoire de DEA de philosophie intégrale intitulé : La République comme médiation de la justice chez PLATON ; puis, voulant être différent du philosophe THALES de Milet, il prépara son second DEA en philosophie politique normative, qui a eu pour thème : La justice et la répartition fiscale dans la philosophie de JOHN RAWLS. Il est admis au Cycle Supérieur de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) où il obtient le Diplôme option Impôts, promotion 2004-2005. Depuis novembre 2011, Monsieur DAGO a été nommé Receveur des Impôts Divers par Arrêté du Ministre en charge de l'Economie et des Finances. Malgré ses nombreuses charges administratives, Monsieur DAGO a su réaliser sa passion en soutenant une thèse unique de Doctorat de philosophie politique normative, option éthique économique appliquée. Cette thèse a été sanctionnée par la mention très honorable à l'unanimité du jury. Ajoutons que Monsieur DAGO est l'actuel Président de la Mutuelle de Développement de HIRE (MUDH), mission de développement qui l'a contraint à écrire le livre blanc de la sous-préfecture de HIRE intitulé : Besoin de développement et Exploitation minière à HIRE. Aujourd'hui, Dr DAGO est Administrateur Principal des Sces Financiers à la Direction Générale des Impôts de Côte d'ivoire.

11/2017

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Histoire des Etats-Unis (1776

Les grands jours qui ont changé l'Amérique

Le roman vrai des Etats-Unis Il suffit d'une journée pour changer le cours de l'Histoire. Lorsque des femmes, des hommes, par leur courage, leur ambition ou leur vilénie, infléchissent soudain le destin d'une nation. Ce 3 juillet 1863 par exemple, quand l'Amérique déchirée par la guerre civile, hagarde, réalise qu'elle vient d'exterminer 50 000 des siens sur une colline de Pennsylvanie. Ce 20 juillet 1969, quand, grâce au pari fou de John Kennedy mais aussi à la science de l'Allemagne nazie, deux hommes marchent dans la poussière lunaire. Ce 15 octobre 2017, lorsqu'une actrice lance deux petits mots sur les réseaux sociaux, Me Too, et déclenche une révolution mondiale. Ou cette après-midi furieuse du 6 janvier 2021 qui voit des insurgés attaquer le Capitole à l'appel d'un président malveillant... Conjuguant la rigueur de l'historien et la plume du grand reporter, les auteurs révèlent les coulisses de ces journées exceptionnelles qui ont fait l'Amérique depuis ses origines et renversent bien des mythes. En une succession de nouvelles épiques, ils tissent une histoire des Etats-Unis d'un genre inédit, une aventure passionnée et chaotique qui nous plonge dans l'inconscient d'un pays-monde épris de liberté mais tenaillé par la violence. Une histoire où la quête de l'universel se conjugue avec l'obsession de la grandeur. En voici le sommaire : Chapitre 1. 22 novembre 1621 : Le Mayflower Chapitre 2. 4 juillet 1776 : La Déclaration d'Indépendance Chapitre 3. 2 décembre 1823 : La doctrine Monroe Chapitre 4. 6 mars 1836 : Le Texas se choisit un destin américain Chapitre 5. 24 janvier 1848 : Le jour qui donne vie au grand mythe de l'Ouest Chapitre 6. 19 novembre 1863 : Abraham Lincoln refonde la nation Chapitre 7. 29 décembre 1890 : Les Américains enterrent les nations indiennes Chapitre 8. 4 juillet 1917 : Les Etats-Unis endossent le rôle de puissance mondiale Chapitre 9. 29 octobre 1929 : Le jour où s'effondre le capitalisme made in USA Chapitre 10. 7 décembre 1941 : L'Amérique se retrouve entrainée dans la seconde guerre mondiale Chapitre 11. 6 août 1945 : Hiroshima Chapitre 12. 27 août 1963 : Le discours de Martin Luther King Chapitre 13. 22 novembre 1963 : L'assassinat de JFK Chapitre 14. 20 juillet 1969 : Les Etats-Unis décrochent la Lune Chapitre 15. 9 août 1974 : Le Watergate Chapitre 16. 30 avril 1975 : Le jour ou l'Amérique abandonne le Vietnam et ses illusions Chapitre 17. 12 juin 1987 : L'Amérique précipite la fin de la guerre froide et celle de l'URSS Chapitre 18. 20 avril 1999 : Le massacre de Columbine Chapitre 19. 11 septembre 2001 : Le terrorisme islamiste frappe au coeur de la nation Chapitre 20. 19 mars 2003 : La guerre du Golfe Chapitre 21. 4 novembre 2008 : Le jour où les Etats-Unis se donnent un président noir. Chapitre 22. 15 octobre 2017 : Me Too Chapitre 23. 6 janvier 2021 : Donald Trump vaincu appelle à l'insurrection Annexe. L'Histoire des Etats-Unis en Cent jours

09/2021

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Littérature érotique et sentim

Mémoires de Dolly Morton. Roman érotique sur fond de guerre de Sécession

Le courage d'une jeune femme dans la lutte contre l'esclavage.POUR UN PUBLIC AVERTI. Pendant la guerre de Sécession, la jeune Dolly voyage dans le Sud américain pour ouvrer au réseau de chemins de fer clandestins qui aidait les esclaves à s'enfuir. Capturée, réduite en captivité et condamnée sur la place publique, elle est forcée de devenir la maîtresse du propriétaire d'une plantation. Un classique absolu qui dépeint la traite des êtres humains, les coups de fouet et les violences ayant précédé la guerre civile américaine.EXTRAIT: Pendant l'été de 1866, peu après la signature du traité de paix qui termina la guerre de Sécession, j'habitais New-York, de retour d'une expédition de chasse et de pêche en Nouvelle-Ecosse, attendant le paquebot qui devait me ramener à Liverpool.J'avais alors trente ans à peine, j'étais robuste, bien portant ; encore avais-je une taille qui pouvait passer pour avantageuse près de six pieds !Mon esprit aventureux et ma curiosité à l'endroit de ce qui m'était inconnu me poussèrent, durant mon séjour à New-York, à parcourir la cité en tous sens, explorant de préférence les plus vilains quartiers de la capitale du Nouveau Monde. Au cours de mes pérégrinations je fis des études de mours assez curieuses ; j'ai conservé soigneusement des notes qui, peut-être un jour, formeront la relation complète de mes aventures. Cependant, à titre d'essai, je détache cette page du livre de ma vie.Un après-midi, vers cinq heures, j'étais entré à Central Park afin de m'y reposer un peu en fumant un cigare. Nous étions en pleine canicule ; le soleil déclinait vers l'ouest, éclatant encore de toute sa lumineuse splendeur dans un ciel d'un bleu cru. Oisif, je regardais indifféremment les promeneurs, lorsque mon attention fut attirée vers une jeune femme assise sur le banc près duquel je flânais ; elle était absorbée dans la lecture d'un livre qui paraissait l'intéresser vivement. Elle pouvait avoir vingt-cinq ans ; son visage, d'un ovale régulier, était charmant, et de sa physionomie se dégageait un caractère de douceur infinie.A PROPOS DE L'AUTEUR : C'est sous le pseudonyme collectif de Jean de Villiot, qu'Hugues Rebell a signé Mémoires de Dolly Morton. Romancier et poète méconnu, Hugues Rebell (1867-1905) est souvent considéré comme un auteur érotique dont on ne retient généralement qu'un seul titre, Les nuits chaudes du Cap Français (1902), qui lui a valu le prix Nocturne en 1966 à titre posthume.A PROPOS DE LA COLLECTION : Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans " l'Enfer des bibliothèques ", les auteurs de ces ouvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement. Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

03/2018

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Littérature française

Drama Queen

Pour la récente bachelière prénommée Alex - narratrice et personnage central du livre -, son entrée en hypokhâgne à Aix-en-Provence semble tourner définitivement une page de sa vie. En quittant la banlieue marseillaise où elle a grandi dans un petit pavillon en lisière de la Cité Berthe, de mauvaise réputation, elle se surinvestit dans ses études de Lettres Classiques pour couper les ponts avec son passé, sa famille et des amitiés qui avaient semé le trouble en elle. Malgré tous ses efforts, cette rupture franche aura du mal à éviter que certaines plaies mal cicatrisées ne viennent la relancer. Celle surtout que va rouvrir Bess, l'inséparable amie de ses jeunes années qui, de harcèlement téléphonique en visites impromptues dans son petit studio d'étudiante, use de tous les subterfuges pour reprendre son ancienne emprise sur elle. Maintenant que les bonnes résolutions d'Alex se sont fissurées, c'est tout un vécu aventureux et lourd de menaces qui, par flash-back subtilement alternés, commence à dévoiler les zones d'ombres de sa généalogie : une mère fantomatique, un père soi-disant américain, mort dans un accident d'avion et remplacé par l'évanescent oncle Yacob, un danseur surdoué qui n'hésite pas à entraîner sa nièce dans des parties de cache-cache d'épouvante. Dans la Cité avoisinante, Alex s'est dédoublé un autre cercle familial : sa soeur de coeur Bess, un frère cadet, le frêle rappeur Félix, et leur mère, veuve d'un pompier décédé en mission, qui a refait sa vie avec un chef de chantier turc, dit " Le Pop ". Ce dernier est une force de la nature dont la jalousie maladive masque mal une fascination pour les jeunes adolescentes qu'il est censé protéger des convoitises masculines. De régulières remontées dans le temps vont nous livrer, par petites touches, bien des secrets sur les attirances croisées de ces personnages, leurs ambiguïtés naissantes, leurs manoeuvres de séduction et même leur sadisation mutuelle. Autant de révélations successives qui finissent par tisser entre tous ces personnages les liens d'une érotisation sans limites, d'un inceste latent. Mais au présent de la narration, c'est la disparition du Pop qui oblige Alex à revenir sur ses pas, à rouvrir la boîte de Pandore de sa jeunesse. Au centre de cette mêlée confuse des corps et des sentiments, chacun peut tour à tour apparaître comme la victime consentante ou le manipulateur du désir de l'autre, dans une ronde vertigineuse où la narratrice n'est pas la dernière à se brûler les ailes. Au bout du compte, un être sera sacrifié, et il reviendra au lecteur de saisir par quel concours de circonstances ce meurtre a pu avoir lieu, soldant brutalement les comptes de tant d'équivoques amoureuses. Au-delà de cette enquête à la fois intime et criminelle, c'est surtout l'écriture d'Isabel Ascencio qui tient en haleine, une écriture imagée, généreuse, ensorcelante. A travers la richesse visuelle des descriptions, l'auteur parvient à renouveler les situations par panoramique d'ensemble ou gros plans, à leur donner une épaisseur aussi âpre que capiteuse, et à faire léviter les névroses de ses personnages entre fantasme et réalité.

02/2012

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Littérature anglo-saxonne

Romans et récits (1979-1991)

"Tu tires des récits de tes vices, tu rêves des doubles pour tes démons" : c'est ainsi que Nathan Zuckerman, la créature de papier de Philip Roth, décrit son entreprise d'écriture dans La Leçon d'anatomie. Apparu sous la plume de l'écrivain Peter Tarnopol dans Ma vie d'homme (1974), ce double assumé du fictif Tarnopol et de Roth, lequel les invente tous deux en vertu d'un processus de création fait de reflets et de répliques, prend pour ainsi dire vie dans le premier cycle romanesque qui lui est consacré, Zuckerman enchaîné. Cette série de romans - une trilogie et son épilogue - offre à Roth l'occasion d'exposer les métamorphoses de la subjectivité. Elle met en scène quatre moments-clefs de la carrière de Zuckerman : la relation de l'aspirant écrivain avec son mentor (L'Ecrivain fantôme, 1979) ; le romancier devenu une célébrité et la victime de son succès (Zuckerman délivré, 1981) ; l'homme souffrant de douleurs mystérieuses en pleine crise de la quarantaine, rattrapé à la fois par la complexité de sa vie amoureuse et sexuelle et par la mort de ses parents (La Leçon d'anatomie, 1983) ; l'homme de lettres privilégié face aux intellectuels de l'Europe de l'Est communiste (L'Orgie de Prague, 1985). On retrouvera Zuckerman dans La Contrevie (1986), un "labyrinthe de miroirs" (Philippe Jaworski), et un chef-d'oeuvre de virtuosité, qui est en quelque sorte la réponse de Roth au postmodernisme américain incarné notamment par Thomas Pynchon. Un brouillon donne à penser que le roman aurait pu être intitulé Tu dois changer ta vie ; "Tout peut arriver, et c'est précisément ce qui arrive : tout". Pendant la période de création couverte par ce volume, Roth explore la frontière poreuse entre réalité et fiction. S'il occupe le devant de la scène jusqu'en 1986, Zuckerman n'est pas l'unique alter ego de l'auteur. Emerge en effet un nouveau personnage (de fiction ? ) nommé Philip ou Philip Roth. Il dialogue avec Zuckerman dans Les Faits (1988), sous-titré "Autobiographie d'un romancier" ; avec des femmes dans Tromperie (1990), roman tout entier construit en dialogues - "la bande-son d'un roman sans images" , selon Ph. Jaworski -, tandis que Patrimoine (1991), récit de la maladie et de la mort du père (non plus celui de Zuckerman, celui de Roth), est présenté comme "Une histoire vraie" . Les faits seraient-ils enfin débarrassés de leur gangue de fiction ? A la fin de la lettre que le Roth des Faits écrit à son lecteur Zuckerman, il admet que les "faits" sont en réalité des souvenirs déjà retravaillés. Ses expériences personnelles et son passé ne prennent forme et sens qu'une fois racontés. Et c'est à un personnage de fiction, l'inévitable Zuckerman donc, que Roth confie le soin de porter un jugement sur son manuscrit "autobiographique" . L'autobiographie est sans doute "le genre le plus manipulateur dans toute la littérature" , estime Zuckerman. C'est le moins que l'on puisse dire. Toute tentative de figer la frontière entre

02/2022

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Sociologie

Après le Black Power, la libération des femmes et Comment j'ai commencé à écrire

Gloria Steinem raconte dans ces deux textes ce qui l'anime : l'écriture et l'activisme. I- Comment je suis devenue écrivaine - Pour la 1ere fois traduit en français. A 86 ans, Gloria Steinem est désormais une figure incontournable de l'histoire du fémi- nisme, mille fois récompensée pour son travail, elle est aussi le sujet du film, The Glorias, incarnée par Julianne Moore, et un des personnages principaux de la série America. Ce que l'on connait moins est sa conviction que l'écriture est son moyen d'action le plus puissant pour faire changer les mentalités et obtenir l'égalité entre femmes et hommes : "Trouver les mots qui permettront aux gens d'agir ensemble tout en appréciant leurs individualités respectives est sans doute la fonction la plus féministe et la plus profondément révolutionnaire de l'écrivain(e)" écrit-elle dans Actions scandaleuses et rébellions quotidiennes (Texte pour la première fois traduit en fran- çais aux Editions du Portrait - 2018-). Dans Comment je suis devenue écrivaine paru en 1965 dans Glamour, Gloria Steinem remonte le chemin qui l'a mené à comprendre que les mots, lorsqu'ils sont justes, participent à changer le monde pour le rendre plus égalitaire. Elle raconte son enfance passée dans une caravane, avec ses parents et sa soeur où ses seuls amis sont Wonder Woman, Autant en Emporte le Vent et Les 4 filles du docteur March. Sédentarisée, vers l'âge de 11 ans, elle suivra un excellent cursus et décroche le diplôme de sciences politiques à Smith College, l'une des seven sisters. Elle part alors en Inde, devient correspondante pour la presse et fondera plus tard Ms Magazine. L'écriture et l'activisme donnent le sens à sa vie et cela lui permet de signer des textes sensibles qui mettent à jour des constructions sociales à changer lorsqu'on rêve d'un monde plus juste. II- Suivi de Après le Black Power, la libération des femmes. Pour la 1ere fois traduit en français. Pour Gloria Steinem, le "sexisme est un racisme" . Dans ce texte paru dans le New York Magazine en 1971, elle établit des parallèles entre l'histoire du mouvement des femmes et celui des droits civiques. Les Afro-américains et les femmes partagent le fait d'être rabaissés, discriminés, réduits au statut de l'en- fant, ou de soutien à l'homme, de soutien à l'homme blanc. Ils partagent aussi une même dynamique dans leur mouvement d'émancipation : l'obtention de droit est toujours suivi d'un retour de bâton ; l'obtention du droit de vote des Noirs est suivie par l'instauration des lois Jim Crow et de la ségrégation. Les femmes, depuis l'obtention du leur et de nouvelles libertés, sont plus oppressées. Les deux mouvements sont protéi- formés et divisés. Mais ces réalités n'ont pas empêché les concernés de se rassembler, de créer des alliances et de voir leurs luttes monter en puissance. Elle rappelle toutefois (comme James Baldwin et donc Eddie Glaude) qu'il faut impérativement recon- naitre les oppressions pour aller de l'avant.

03/2022

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Littérature française (poches)

La fin de Bartleby

L'écrivain B. va mourir. Le narrateur, ami de l'écrivain B. , se rend à son chevet où l'attend, entre autres, l'étrangeté du personnage inventé en 1853 par l'américain Herman Melville et que tout le monde connaît, Bartleby, scribe de son état. On sait que l'énigmatique formule du copiste, "I would prefer not to" , continue de hanter les esprits longtemps après son invention, sa répétition à l'envi. Au-delà de sa fonction performative et quelle qu'en soit la traduction, elle est devenue pour certains, plus qu'un miroir, comme une raison d'être. Le tour a été réussi à la perfection, qui s'accompagne d'un curieux scotome, ou de l'oubli récurrent d'un détail pourtant hautement significatif : la fin de la nouvelle et le sort funeste de Bartleby qui semblait pourtant, si l'on veut bien l'examiner, inéluctablement arrimé à sa formule. Ce récit-essai qui tisse la lecture de Melville et la fin d'un fictif "écrivain de la disparition" , a pour objet, entre autres, la lecture, ce qu'il en reste, une réflexion sur l'écriture et ce qu'elle implique de renoncement au monde, la publication, l'édition, l'amitié littéraire, les bibliothèques, les écrivains, les rapports qu'ils entretiennent parfois entre eux, les rêves. Ce qui alors prend fin ici - pour renaître aussi de ses cendres ? - c'est une certaine époque de la littérature, idéale, avec ses "lecteurs pénétrants" , ses affinités électives, ses bibliothèques hantées, sa mystérieuse collection de paperolles, mais aussi son autotélisme, ses manies byzantines, ses gloires plus ou moins frelatées, ses calculs, ses impasses. On verra bien où ça nous mène. "J'y racontais comment j'avais appris à lire dans une version pour enfant de Moby Dick aux illustrations colorées d'éloquence. La grande baleine blanche, dans sa douceur monstrueuse, son horrible beauté avait bientôt représenté à mes yeux le processus secret de l'écriture sans que je sache vraiment en expliquer les raisons, en identifier les ressorts. Prisonnier du doute, il fallait pourtant que je parte à sa recherche sur le libre élément et que j'y exerce une patience insensée au milieu de ses sillons invisibles. Puis, au sortir d'une nuit étoilée d'écume, pailletée de doublons équatoriaux, je repérais enfin le souffle fabuleux du cachalot qui aspergeait le ciel de hiéroglyphes. Je devais alors poursuivre le grand corps laiteux à la surface d'un océan de formules dans lesquelles abondait du vertige noyé de vérités encore trop profondément immergées pour être lues. Le plus grand animal m'imposait d'attendre peut-être en pure perte qu'il rapportât aux yeux du monde dans le surgissement grandiose de son corps au-dessus d'une houle hyperbolique des messages compliqués, les énigmes inouïes des profondeurs. Mais je finirais, espérais-je, par faire gicler de sa tête en de longues phrases séminales un spermaceti inépuisable de sens. Je percerais ainsi dans ces vagues d'huile éjaculées les mystères de la création. Et pour ces apothéoses exégétiques, cet engendrement littéraire, je serais couronné de gloire et de goémon". Th. B. Thierry Bouchard : il a fondé et dirigé trente années durant la revue Théodore Balmoral et dirige aujourd'hui une collection éponyme aux éditions Fario. Il a publié : Tous ceux qui passent, Deyrolle, 1996, Où les emportes-tu ? , Deyrolle, 1997, Blue Bird's Corner, Fario, 2014.

02/2020

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Religion

La libération du juif

Avant propos pour Édition Folio 2011. Je m’apprêtais à remettre à l’éditeur une copie corrigée de ce livre en vue d’une édition de poche, lorsque la télévision nous apprend le double attentat contre les Coptes d’Alexandrie : vingt-trois morts, une cinquantaine de blessés. Ce n’est pas la première fois que les Coptes égyptiens sont ainsi frappés, parce que chrétiens, donc minoritaires au sein d’une société musulmane. Le hasard a voulu, il y a quelques semaines, qu’une consoeur , Leïla Sebbar, m’a demandé une contribution pour une anthologie qu’elle composait sur l’enfance des Juifs en pays musulmans. Il m’a semblé justifié de l’intituler l’enfance d’un minoritaire. Je me suis alors avisé que je reprenais brièvement un certain nombre de traits dont j’ai souvent rendu compte ailleurs, et qui auraient pu être groupés sous le titre de destin du minoritaire. Certes il s’agit principalement ici du destin juif mais, chemin faisant, j’ai dû le replacer dans la condition générale des minoritaires. Ce qui arrive aujourd’hui aux Coptes se retrouve chez les Kurdes, écartelés entre plusieurs majorités hostiles, dans les Balkans où il n’est pas aisé d’être Croate parmi les Serbes ou Serbe parmi les Croates ; Noir américain parmi leurs concitoyens blancs ou Roms louvoyant entre plusieurs ethnies soupçonneuses. Bien entendu, il faut toutefois mettre en relief la spécificité de chaque condition. Il m’est d’ailleurs arrivé de regretter d’avoir intitulé ce livre la libération des Juifs., ce qui en a détourné les lecteurs indifférents au problème juif ou ceux qui considèrent que, l’antisémitisme s’étant notablement allégé, il ne convient plus d’en parler. Mais l’historiographie juive a ainsi connu d’autres répits, qui n’ont pas empêché (les réveils souvent paroxystiques. En tout cas, si dans les pages qui suivent il s’agit des traits du destin juif, j’ai dû considérer ces traits dans leurs généralités. J’ai dû examiner par exemple la place du trouble langagier commun dans toutes les revendications, le rôle des mythes et des contre-mythes, les valeurs refuges comme la religion ou l’art ; la dialectique entre le refus de soi et l’affirmation de soi ; le mariage mixte ou la conversion comme solution éventuelle aux difficultés de l’intégration, etc. Les faits ont hélas confirmé que l’existence des Juifs parmi les jeunes nations arabo-musulmanes est devenue impossible. C’est pourquoi une solution nationale spécifiquement juive m’a paru la plus adaptée. Dans l’examen du sionisme, je ne me suis pas étendu sur le sort dramatique qui en est résulté pour les Palestiniens ; j’en ai assez longuement parlé ailleurs. J’ai d’ailleurs prôné la fondation d’un Etat palestinien à une époque où même les Arabo-musulmans s’en méfiaient. C’est pourquoi j’ai tout de même noté en bas de page, au chapitre intitulé l’issue, que : « la réconciliation judéo-arabe est notre tâche la plus urgente, la plus nécessaire, historiquement et moralement ». Ce livre n’est ni pessimiste ni optimiste ; il tente de rendre compte de réalités. Les humains étant ce qu’ils sont, personne ne peut affirmer que nous soyons à la veille de sortir enfin de la barbarie et des ténèbres historiques. Nous devons en revanche les dénoncer. Paris, 2011.

05/2011

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Poésie

Douanes

Les douanes sont ces lieux qui n'en sont pas, dans les ports et les aéroports, où l'on contrôle la légalité de ce que l'on emporte avec soi au moment de passer la frontière. Ce sont des lieux où l'on vous demande d'où vous venez, qui vous êtes, ce que vous faites. Ou ce que vous venez faire ici. Solmaz Sharif semble écrire à partir de l'impossibilité de répondre à ces questions. Elle semble écrire à partir de la difficulté de ce passage des frontières, d'un territoire à un autre, de la mémoire au présent, d'une identité à l'exil. Dans "Mire" , son extraordinaire premier livre, Sharif se servait des termes du dictionnaire militaire américain pour évoquer la violence de l'état, la violation de l'intimité et les guerres impérialistes. Plus de dictionnaire ici, mais la difficulté d'un apprentissage solitaire, un "gribouillis" d'alphabet, des rayures sur des ardoises d'école, ou le décryptage phonétique du persan. Plus de "mire" précise, létale, face aux agents de sécurité, face au pays hostile, mais un "regard oblique" , louche, déformé qui guette l'arrivée d'une mère dans le miroir convexe des couloirs de l'aéroport. Seule face à ses origines perdues, irrattrapables, passagère en sursis dans la grande caravane de l'occident, Sharif interroge ses racines iraniennes, qui ne sont que des racines inconnues, des souvenirs inventés, un passé recomposé. Elle est "d'ailleurs" , que ce soit à Shiraz, la ville de ses parents, ou en Californie, où elle vit. Un ailleurs qu'elle a malgré elle "appris à être" . Solmaz Sharif revendique une poésie politique - ne dit-elle pas dans un poème que "toute nation déteste ses enfants" ? - et une position de femme considérée comme une barbare dans un pays de colons. Passer une frontière, est acquis pour les uns, impossible ou douloureux pour les autres, confinés derrière les barrières. "Visa" vient de "voir" nous dit-elle, et c'est ce regard qu'elle démultiplie tout au long de ces "douanes" : l'oeil noir des caméras de surveillance, le regard d'un amant sur son corps nu ou celui des policiers quand elle se déshabille, les souvenirs dans le rétroviseur, les prisonniers politiques à la télévision, tout ce que notre origine sociale ou ethnique nous autorise à voir, ou nous oblige à imaginer. A rebours de cette Amérique de synthèse droguée aux produits dévitalisés, à la richesse monétaire et au voyeurisme, Sharif retrace les rites anciens de ses ancêtres, et opère, à l'image des anciens tanneurs chassés en périphérie des villes à cause de la puanteur et qui décharnaient les peaux des bêtes pour produire du cuir, une forme de desquamation du poème, qui détache la chair émotionnelle de l'os de son identité. Comme ses ancêtres elle fabrique avec des mots des seaux de cuir qu'elle plonge dans le puits du passé pour en faire remonter un "reflet" de soi-même. Elle retourne chercher tout ce qu'elle avait soustrait d'elle faute de pouvoir "supporter de le regarder". L'exil peut-il prendre fin, lui qui vous touche jusque dans votre intimité, dans votre refus d'être touché, tant il vous habitue à "perdre même la perte" , tant tout retour est impossible quand on vient de "nulle part" ? Solmaz Sharif raconte le passage, le franchissement, une identité en quête de paysage, des cyprès, un chemin de pierres, un signe de la main.

10/2023

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Littérature sud-américaine

La Secrète

Principal " protagoniste " de ce roman, La Secrète est le nom d'un vaste domaine dans les montagnes d'Antioquia, au coeur des Andes et de la zone de production du célèbre café de Colombie. Il donne son titre à cette grande saga familiale contemporaine qui se structure polyphoniquement autour de trois voix, trois récits parallèles intelligemment interconnectés. Le premier est tenu par la soeur ainée, Pilar Angel, la gardienne du logis, de la terre, de l'héritage, celle qui refuse de vendre La Secrète et est prête à assumer les compromis les plus dangereux pour la garder en tant que patrimoine commun et mémoire familiale. Mariée avec Alberto depuis quarante ans, mère de trois enfants, héritière des bijoux et des meubles, Pilar passe la majeure partie de l'année à La Secrète et s'occupe de l'entretien de la vieille demeure familiale. Le deuxième récit est celui d'Antonio (Tono) Angel, jeune gay colombien qui habite New York. Il y est violoniste dans l'un des orchestres de la ville et vit une longue histoire d'amour avec son compagnon Jon, un artiste conceptuel afro-américain qui n'aime pas particulièrement aller en Colombie ni passer des vacances dans une région montagneuses où les guérilleros, les paramilitaires et les narcotrafiquants font souvent régner la terreur. Comme pour compenser ses absences ou pour se faire pardonner son infidélité à la famille, Antonio consacre son temps libre à des recherches généalogiques et historiques sur les origines de la ferme et de la famille Angel. C'est grâce à lui, et à son récit, que le roman devient une véritable saga familiale : il nous raconte un chapitre méconnu de l'épopée du café et de la diaspora juive en Amérique latine. Enfin, le troisième récit, le plus palpitant, le plus terrifiant, celui qui accroche le lecteur dès le début du roman, est celui d'Eva, la brebis galeuse. Cette jeune et belle femme moderne (ou postmoderne) qui a eu trois maris et s'adonne aussi occasionnellement aux plaisirs lesbiens, ne veut que rien ne l'attache à cette terre où elle a failli laisser la vie. La narration de la longue nuit tropicale où des hommes armés (paramilitaires, narcotrafiquants ?) essaient de la tuer est sans conteste l'un des moments forts de ce livre. La Secrète est d'une lecture très agréable et s'offre diversement à chaque lecteur : soit dans l'épopée des Juifs colombiens et dans l'aventure du développement de la production de café ; soit dans le récit de la vie d'un homosexuel dans un pays machiste et intransigeant ; soit dans la recherche d'un compromis entre tradition et changement au sein d'une famille dont l'unité est toujours fragile ; soit dans la quête d'une forme d'existence authentique de la part d'une femme colombienne qui ne veut pas ressembler à ses aînées. Les lecteurs de l'Oubli que nous serons (Gallimard, 2011) retrouveront ici toute la finesse et la sensibilité dont Abad fait preuve lorsqu'il conte la vie intime d'une famille ; ceux qui ne le connaissent pas encore vont découvrir un romancier capable de leur faire appréhender différemment l'histoire à la fois magique et violente de la Colombie contemporaine.

02/2016

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Littérature étrangère

Les liens du mariage

LE LIVRE : Années 50. Frances travaille dans une agence de publicité. Son plus gros client est l'entreprise De Beers, géant mondial de l'extraction du diamant. Ils lui demandent une campagne de publicité pour relancer la tradition de la bague de fiançailles et ainsi écouler un maximum de diamants. Frances invente alors, sur un coin de table, le slogan "Un diamant est éternel". Il fera le tour du monde pendant plus de 50 ans. Les ventes de diamants repartiront en flêche. Frances, femme indépendante, célibataire, consacrera toute sa carrière à faire de la bague en diamant le summum du romantisme... et du marketing. 1972. Evelyn, professeur à la retraite aurait pu couler des jours heureux dans sa superbe maison avec son mari Gerald, mais elle doit affronter le divorce de son fils. Une véritable épreuve. Evelyn ne comprend pas. Comment son fils peut-il briser un mariage, une famille ? Seule la mort a pu la séparer de son premier mari, son premier amour. Aujourd'hui encore, elle garde précieusement leur bague de fiançailles cmme un talisman. 1987. James, marié et père de quatre enfants, est ambulancier à Boston. Ses journées sont interminables. Il est épuisé, autant par les horaires que par les horreurs quotidiennes qu'il cotoie. Mais James ne veut pas s'arrêter. Il a besoin de l'argent pour offrir à sa femme la bague qu'il n'avait pas pu pas acheter lors de leur mariage. Le destin donnera un coup de pouce à James. 2003. Delphine tient avec son mari un magasin d'instruments de musique anciens au coeur de Montmartre, à Paris. Un matin, ils vendent un exceptionnel Stradivarius à P. J. , un violoniste américain surdoué. Delphine tombe amoureuse de ce jeune prodige. Elle quitte tout pour lui et part vivre à New-York, au moment où l'intervention en Irak tend les relations entre les Etats-Unis et la France. Pour lui prouver son amour, P. J. lui offre une bague ayant appartenu à sa mère. Delphine s'apercevra vite de l'infidélité de son fiancé. Elle reviendra à Paris et tentera de retrouver son mari. 2012. Kate a quitté New-York pour vivre à la campagne. Elle a abandonné son travail dans une association luttant pour les droits de l'homme, et notamment contre l'industrie du diamant qui vend du rêve en exploitant les hommes, les femmes et les enfants d'Afrique. Cet engagement l'a toujours éloignée du mariage, même si elle vit en couple. Pour elle, le mariage n'est qu'une industrie, un plan marketing ainsi qu'un instrument de domnation de la femme. Quand son cousin homosexuel, l'un de ses plus sûrs alliés depuis l'enfance, l'autre rebelle de la famille, lui annonce qu'il va se marier, elle n'en revient pas. A tel point qu'elle égare les bagues que les deux hommes ont choisi comme alliances... Cinq destins reliés par un diamant, cinq parcours qui illustrent l'évolution du couple et du mariage depuis les années 1950. Un roman ambitieux, maîtrisé et très accessible. L'AUTEUR : J. Courtney Sullivan a débuté comme journaliste au New York Times avant de se lancer dans l'écriture d'un roman. Les liens du mariage est son troisième livre, après les succès de Les débutantes et Maine.

05/2014

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Histoire internationale

La décomposition des nations européennes. De l'union euro-Atlantique à l'Etat mondial, 2e édition revue et augmentée

" La deuxième moitié du XXe siècle aura été fondée sur un paradoxe. Des générations d'hommes politiques ont parlé de la " construction européenne " mais il semble s'agir d'un objectif qui, comme l'horizon, s'éloigne au fur et à mesure que l'on avance. En fait, avec les années qui passent, on assiste à la déconstruction, à la destruction des nations, sans que rien ne vienne les remplacer. Et l'on peut même se demander, hypothèse encore plus terrible, mais vraisemblable, si " faire l'Europe " ne consiste pas, en fait, à détruire les nations. L'historien allemand Rudolf von Thadden l'avait dit sans prendre de gants : " Pour faire l'Europe, il faut défaire un peu la France ". La construction européenne fut fondée, dès l'origine, sur l'idée d'une renonciation à l'exercice de la souveraineté, sous prétexte que certains pays européens, l'Allemagne, en particulier, avait cédé, entre 1914 et 1945, au vertige de la puissance. On avait libéré les nations mais pour, aussitôt, les démanteler à nouveau. Confondant la puissance et la souveraineté, on s'imaginait que l'équilibre des puissances passait désormais par l'abolition des souverainetés. Comme le montre Pierre Hillard, jeune et brillant connaisseur de l'Allemagne et des affaires européennes, on a, par cette politique de gribouille, permis à des forces fascistes et impériales de revenir sur le devant de la scène. Son nouvel ouvrage est l'occasion, pour lui, d'élargir le champ de son enquête : derrière le morcellement territorial des Etats, on ne retrouve pas seulement des organisations héritières du national-socialisme et des mouvements ethno-racistes, largement décrits dans son Enquête sur le plan allemand qui va bouleverser l'Europe : on recense, en fait, de multiples courants qui, de la droite à la gauche, militent pour la destruction des nations et, quelquefois consciemment, font le jeu de la mondialisation économique et politique, qui est, en fait, le produit du basculement des Etats-Unis d'Amérique dans l'impérialisme, comme l'avouent ouvertement les idéologues du gouvernement Bush. Pierre Hillard montre comment l'atlantisme, qui n'avait plus de raison d'être après la fin de la guerre froide, est devenu l'instrument de ce " mondialisme " que prônait, dès son élection à la présidence de la République, le père de l'Europe actuelle, Valéry Giscard d'Estaing. Chercheur scrupuleux, Pierre Hillard reconstitue un certain nombre de réseaux et identifie les fondations qui, en Europe et aux Etats-Unis, s'emploient à saper les principes mêmes de la souveraineté des Etats, au nom des droits des minorités et au service du capitalisme prédateur qui caractérise notre époque, toutes ces tendances faisant le jeu de l'hégémonie américaine. Une hégémonie que Zbigniew Brzezinski décrivait, en 1997, dans un cadre spenglerien : la vocation américaine est désormais de contrôler l'Eurasie, pour réaliser l'empire occidental. C'est la logique mortifère d'une Europe carolingienne à la fois impuissante diplomatiquement et ravagée par les désordres économiques qu'engendre l'ordre américain pour détruire la seule Europe possible, celle des souverainetés pleinement exercées par des Etats nationaux, coexistant dans la paix et la prospérité. L'auteur de ce livre s'affirme de plus en plus, en effet, comme un observateur très précieux de la politique internationale. La clarté et la précision de ses analyses sont le meilleur antidote aux tours de passe-passe idéologiques dont se servent les manipulateurs de la démocratie. "

06/2010

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Cinéma

Liz Taylor. La dernière star de l'âge d'or d'Hollywood

Dès l'annonce de sa disparition, le 23 mars 2011, les radios, médias et chaînes de télévision unanimes, rendirent hommage à Elisabeth Taylor, l'inoubliable actrice de Cléopâtre. Tous ont salué le départ de celle qui fut, sans conteste, l'une des dernières grandes stars d'Hollywood. Née le 27 mars 1932 à Hampstead, quartier cossu de Londres, elle immigra très jeune aux États-Unis où ses parents s'établirent. Là, poussée par sa mère Sara, on la voit très tôt fréquenter les plateaux de cinéma. Elle obtient rapidement un petit rôle dans La fidèle Lassie. Engagée par la Metro-Goldwyn-Mayer, elle s'illustre, dès l'âge de douze ans dans Le Grand National qui sera un succès. Elle se produira ensuite deux ou trois films par an dont Cynthia (1947), Les quatre filles du Dr March ; Guet-apens (1949), Le Père de la mariée (1950), Une place au soleil (1951), Ivanhoé (1952), La piste des éléphants (1954). Mais, c'est en 1956 que sa carrière de star se révèle vraiment avec Géant, film culte qui passe en revue tous les problèmes de la société américaine de l'époque : racisme, différence de sexe, de classes et de génération, course à la réussite, le rêve américain. Nommé neuf fois aux Oscars, il restera un des grands succès de la Warner. Elizabeth y tourne aux côtés de Rock Hudson et James Dean. S'ensuivront La chatte sur un toit brûlant, Soudain l'été dernier et en 1960, La Vénus au vison qui lui vaudra son premier Oscar de la meilleure actrice. Mais c'est Cléopâtre, film au budget pharaonique qui restera longtemps gravé dans tous les esprits. Elle y rencontre Richard Burton avec lequel elle vivra les moments les plus tumultueux de sa vie. Il la comblera des plus beaux bijoux du monde et restera pour Elisabeth celui qu'elle aura le plus aimé. Qui a peur de Virginia Woolf ? (1966) qui lui vaudra son second Oscar de meilleure actrice. Elle tourna dans plus de cinquante films et fit quelques apparitions remarquées au théâtre. Actrice la mieux payée du cinéma, elle convolera huit fois en mariage, avec seulement sept maris. Burton la réépousant en 1975 après un divorce prononcé en 1974. C'est avec M Wilding, son second mari, qu'elle aura ses deux fils: Michael Jr et Christopher. Avec M Todd, son troisième mari, une fille, Liza. Richard et elle adopteront la petite Maria qui complétera la famille. Sa vie de star, ses nombreuses aventures sentimentales... ne lui permettront pas d'être une maman très attentive et affectueuse. Actrice au grand coeur, elle ne refusa jamais d'aider les autres et participa à un nombre incalculable d'oeuvres caritatives pour lesquelles elle fit preuve, souvent, d'une grande générosité. Son engagement contre le sida rapporta plus de 50 millions de dollars à la recherche. La fin de sa vie fut cruellement affectée par la disparition de Michael Jackson, le dernier véritable ami qu'elle aima profondément et auprès duquel elle passa des moments qualifiés d'inoubliables. Elle s'est éteinte le 23 mars 2011 à Los Angeles. C'est dans la plus stricte intimité, entourée de ses quatre enfants, dix petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants qu'elle fut inhumée dans le cimetière de Forest Lawn, à Glendale près de Los Angeles, non loin de son ami Michael Jackson.

05/2011

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Photographie

Sans allusion

L'odyssée américaine de Richard Avedon et James BaldwinL'ouvrage magistral de Baldwin et Avedon publié en 1964 enfin rééditéCette réédition soignée de l'ouvrage Nothing Personal signé Richard Avedon et James Baldwin explore les problématiques et les contradictions qui n'ont cessé d'être au coeur de l'histoire américaine, et se révèlent particulièrement d'actualité aujourd'hui, à l'ère de Donald Trump. Utilisant à la fois l'image et le texte, Avedon et Baldwin interrogent la formation de l'identité et les liens qui sous-tendent autant qu'ils ébranlent les rapports humains. Un livret complémentaire de 72 pages présente un essai inédit de Hilton Als, critique et lauréat du prix Pulitzer, ainsi que de nombreuses photos supprimées d'Avedon et jamais montrées auparavant, des lettres, des prototypes de maquettes et des documents d'époque. En 1963 et 1964, Richard Avedon, l'un des photographes de mode les plus célèbres au monde à l'époque, s'associe à James Baldwin, son ancien ami de lycée devenu un romancier reconnu, un essayiste et une plume importante dans le combat pour les droits civiques aux Etats-Unis, pour réaliser Nothing Personal, un livre sur les conditions de vie en Amérique. Les sujets photographiés par Avedon - des icônes de la lutte pour les droits civiques, des intellectuels, des politiciens, des chanteurs pop, les patients d'un asile psychiatrique et des Américains ordinaires - sont soigneusement juxtaposés, recadrés et rigoureusement ordonnés. Ainsi, le parti nazi américain est placé en regard du poète juif et homosexuel Allen Ginsberg et un général Eisenhower usé cède la place à un Malcom X en mouvement. Les patients diminués d'un asile psychiatrique en appellent à la chaleur humaine, et sont suivis par une mère enlaçant son enfant. L'essai polémique en 4 parties de Baldwin renvoie la critique d'une société déconnectée, injuste et clivante, prise dans une crise existentielle. Dans ce témoignage extrêmement personnel et pertinent, l'écrivain raconte sa propre expérience de harcèlement par un policier raciste dans les rues de New York, sa ville d'origine. Pourtant Baldwin, comme Avedon, clôt son oeuvre sur l'incontournable besoin d'amour, et son pouvoir. Mis en page par le légendaire directeur artistique Marvin Israel, Nothing Personal représente le triomphe du minimalisme. Le format "surdimensionné" du livre présenté dans son coffret blanc ainsi que le placement saisissant des images et du texte ont révolutionné la mise en page et la forme des livres de photos. Cette réédition soignée de l'original, épuisé depuis des décennies, a été produite en étroite collaboration avec la fondation Richard Avedon. Ancien collègue d'Avedon au New Yorker et spécialiste de l'oeuvre de Baldwin, Hilton Als raconte la fabrication de Nothing Personal et la relation personnelle et créative entre Avedon et Baldwin. Als témoigne aussi avec émotion de son amitié avec Avedon et de l'impact que ce livre a eu sur sa propre vie. A sa sortie en 1964, cette vision de l'Amérique selon Avedon et Baldwin a inévitablement divisé la critique, et les deux hommes ont essuyé les attaques les plus rudes, certainsles accusant de parler au nom de l'élite libérale, d'être des "moralistes de Hollywood" et de ne représenter en rien le sentiment "réel" des "vrais" Américains. Ceci vous rappelle quelque chose ?La sortie du livre coïncide avec l'exposition organisée à la Pace/MacGill Gallery de New York, première exploration exhaustive du travail d'Avedon pour Nothing Personal.

11/2017

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Romans historiques

Regarder

Ce 18 mars 1933, à Leipzig, Gerta Pohorylle vient d'être arrêtée sous prétexte que ses frères auraient distribué des tracts hostiles au régime. Tout en répondant avec dédain aux questions d'une brute national socialiste (" Nationalité ? polonaise " " Date de naissance ? le 1er août 1910 "), ellelaisse son esprit vagabonder, s'interrogeant sur les deux hommes qu'elle aime : un représentant des cotons américains à Stuttgart, où elle est née, et Georg Kuritzkes, étudiant en médecine et communiste. Dans la cellule où on la jette, son aplomb et son élégance détonnent. D'abord méfiantes, les autres détenues sont vite conquises par sa bonne humeur, et par le colis de vivres qu'elle partage volontiers. Relâchée, la jeune femme comprend qu'elle est en sursis partout en Allemagne, et décide de partir pour Paris. Dès l'ouverture du nouveau roman de Serge Mestre qui lui rend hommage, la personnalité de celle qui deviendra la photographe Gerda Taro est posée : toute sa courte vie, elle restera libre, audacieuse, généreuse et déterminée à disposer elle même de son sort. A Paris, elle ne tarde pas à tomber amoureuse d'un réfugié politique hongrois, rencontré parmi les émigrés arrivés en nombre. André Friedmann est photographe, et Gerta, lassée des petits boulots qu'elle accumule, apprend avec lui le métier, tout en prenant en main, avec sa générosité habituelle, sa carrière. Comme les contrats sont rares, elle lui invente une nouvelle identité de photographe américain, et un nouveau nom : Robert Capa. Elle-même se trouve un pseudonyme, Gerda Taro – " un vrai nom de photographe ", l'encourage son compagnon. La légende est née, dont le romancier s'empare avec l'ironique acuité et le sens de l'ellipse qui lui sont propres. Epousant le point de vue de Gerta/Gerda, il met en lumière la singularité, le talent et la modernité de celle dont l'histoire a surtout retenu le tandem qu'elle a formé avec Capa. En Espagne où ils sont envoyés par Vu après le putsch du 18 juillet 1936, les deux reporters travaillent côte à côte, et Gerda n'hésite pas à rembarrer sèchement Capa quand il s'approprie les photos qu'elle a prises. Jamais elle ne sera la femme d'un homme, elle le revendique haut et fort : malgré son lien avec Robert, elle n'a pas rompu avec Kuritzkes, mène sa trajectoire comme elle l'entend, mue par un courage et un appétit de vie exceptionnels, jusqu'à sa mort absurde, écrasée par un char républicain le 26 juillet 1937. Fascinante figure que celle de Gerda Taro, dont Pablo Neruda et Louis Aragon prononcèrent l'éloge funèbre au Père-Lachaise. Plusieurs ouvrages lui ont été consacrés : par Robert Capa lui-même qui, dans l'album Death in the Making (New York, 1938), retrace leurs douze derniers mois passés à couvrir la Guerre civile ; par François Maspero, qui publia L'Ombre d'une photographe en 2006 (Le Seuil) ; plus récemment, Après Gerda, du romancier Pierre-François Moreau (Editions du Sonneur, 2018) et La ragazza con la Leica, prix Strega 2018 de l'Italienne Helena Janeczek (Guanda, pas encore traduit en français). Regarder, portrait d'une féministe en avance sur son temps, est aussi une traversée tambour battant de la si brève et passionnante période pendant laquelle Gerda Taro sut inscrire son nom au firmament des photographes.

02/2019

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Ouvrages généraux

Porto Rico : une île des Caraïbes bien singulière…. Entre américanisation et hispanité

1952 est une date clé dans l'histoire de Porto Rico puisqu'elle correspond à l'accession de cette île des Caraïbes au statut d'Etat Libre Associé aux Etats-Unis. Ce qui veut dire que Porto Rico est un état autonome mais pas souverain. Et, il ne fait pas de doute que cette situation politique n'est pas sans conséquence sur l'évolution sociale et culturelle de ce pays. Les communications présentées dans cet ouvrage partent du fait littéraire ou linguistique pour apprécier la relation à la langue espagnole. Les deux termes choisis pour mener à bien cette étude sur Porto Rico : " Américanisation " et " Hispanité " sont révélateurs de son propos. On attribue généralement à la forme verbale " américaniser " formée à partir de l'adjectif " américain " une connotation quelque peu péjorative ou pour le moins peu laudative. Même si, il faut le reconnaître les Etats-Unis (puisque c'est de cela dont on parle) ont exercé et exerce encore une grande influence dans de nombreux domaines sur le monde. " S'américaniser " veut dire perdre de son identité propre et céder aux sirènes de la modernité. Le substantif " Hispanité " quant à lui, renvoie à la Péninsule Ibérique mais aussi à un concept moins limité à la simple géographie. La forme raccourcie, harmonieuse et quelque peu sonore d'hispanité (par rapport à l'adjectif " hispanique ") lui confère une certaine forme de positivité. Et, dans le cas de Porto Rico tout ce qui renvoie à l'Amérique du Nord est perçu avec circonspection. Alors que les racines hispaniques ont été valorisées par le temps et par les circonstances historiques. De fait, l'histoire de cette île des Grandes Caraïbes a suivi un parcours quelque peu chaotique souvent mis en parallèle avec celui d'une autre île proche : Cuba. Les deux territoires ont été découverts et conquis par les Espagnols et le processus de colonisation y a duré plus longtemps que dans les autres pays de l'Amérique Hispanique. Il faudra attendre l'aube du XXe siècle pour qu'une fugace Indépendance s'y profile. La guerre Hispano-Américaine va en décider autrement et pour Porto Rico l'horizon de liberté va se réduire encore. Certes, l'île en soi est le symbole de l'ouverture vers l'autre, vers l'ailleurs, vers le nouveau. Mais elle peut aussi (et l'histoire le prouve) être assiégée et pour Porto Rico, outre les deux phénomènes : colonial et néocolonial -Espagne-Etats-Unis- cités, il convient de prendre en compte, entre autre, les incursions de l'Angleterre au XIXe siècle. 1952 est une date clé dans l'histoire de Porto Rico puisqu'elle correspond à l'accession de cette petite " nation " (et le terme est employé à dessein) au statut d'Etat Libre Associé aux Etats-Unis ce qui est encore le cas aujourd'hui. Ce qui veut dire que Porto Rico est un état autonome mais pas souverain. Et, il ne fait pas de doute que cette situation politique n'est pas sans conséquence sur l'évolution sociale, culturelle et linguistique de ce pays. C'est ce qui fait l'objet de l'analyse menée à travers les communications proposées pour composer cet ouvrage. Ce sont des articles rédigés par des universitaires métropolitains et portoricains. (Ils peuvent travailler dans des universités nord-américaines ou bien vivre à Porto Rico). Pour la plupart, ces communications partent du fait littéraire pour expliquer ou juger, par la fiction ou la démystification, la proximité envahissante du puissant voisin. Elles montrent également l'évolution de l'écriture portoricaine et aussi de la langue : comme la littérature anglophone pratiquée par certains auteurs ou l'usage du spanglish. Cet ouvrage collectif est une approche non exhaustive mais souvent pertinente de l'intérêt profond que les Portoricains manifestent envers leur île.

04/2022

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Essais biographiques

Mon Pollock de père

Grand peintre américain, mais aussi professeur de calligraphie et de typographie, Charles Pollock, frère aîné de Jackson Pollock, n'aura laissé que peu de traces de l'existence de son oeuvre avant de mourir à Paris. Sa fille, Francesca, et son épouse Sylvia, mettront alors vingt années à rassembler, archiver, à enfin de faire connaître son travail et sa vie voilés par le silence et la discrétion. Pour quoi et pour qui s'être effacé ? Quels sens donner aux toiles de Charles Pollock et à son silence ? Aiguillonnée par ces questionnements, Francesca Pollock entreprend de (re)nouer un dialogue avec le père qu'elle a perdu à l'âge de 21 ans. La parole, qui fut si rare entre eux, est alors délivrée au moyen d'une écriture à plusieurs voix, celle de l'auteure, celle de Charles Pollock qui affleure des correspondances, de ses écrits et entretiens, mais aussi celle des oeuvres du peintre et de ses contemplateurs qui "parlent" bien plus que tout autre chose. Par le récit, ce n'est pas tant l'histoire de son père que Francesca Pollock désire comprendre et raconter, que sa propre histoire, sa propre vie si liées à celle de Charles Pollock dont elle n'a connu que la vieillesse et très vite sa mort physique. Mais bien plus encore, c'est l'absence de parole et de transmission, formes de morts symboliques qui enveloppent son père tout au long de son vivant : "Ce que j'ai mieux connu de lui, c'est son silence" . Dès lors, que faire, que comprendre, que dire des oeuvres du peintre, lorsque la figure du père ne dit mot ? Francesca Pollock entend extraire son père de ce chaos informe et enténébré dans lequel il s'est plongé, lui et son oeuvre. Cette entreprise passe par un long ouvrage, véritable forage et coups de sonde dans le passé pour excaver l'oeuvre ensevelie et rencontrer ainsi son père. Le lecteur suit, parfois avec anxiété, la gestation douloureuse de l'auteure pour "mettre son père au monde" , et enfin faire oeuvre de vérité, de liberté. Pour la psychanalyste qu'est l'auteure, la tâche n'en est pas moins ardue : il s'agit de déconstruire le mythe bâti autour de l'art et de la personne de Jackson Pollock, mythe qui l'élevait en tant que peintre unique, idée qu'il embrassait et encourageait, excluant ainsi, inconsciemment, l'art de son frère Charles. La délivrance surgit alors au détour de rencontres artistiques - celles surtout du critique d'art et poète Maurice Benhamou - qui, par des regards, des mots neufs, font renaître l'oeuvre de l'artiste et délestent l'auteure : "La pensée qui me submerge, c'est que le regard de Maurice a libéré ton oeuvre, et, ce faisant, il m'a libérée moi" . Tout au long de la narration, le lecteur assiste à une subtile correspondance entre le fond et la forme : des bribes d'histoires balbutiés qui se confondent avec les souvenirs épars de l'auteure jusqu'à la nette chronologie qui trace la vie du peintre et correspond à l'accomplissement des recherches, au sens retrouvé. Avec finesse, Francesca Pollock manie les outils de l'historienne : archives, correspondances, entretiens tirés de la presse ou radiophoniques, extraits de conférences de son père, s'enchevêtrent au coeur du récit, entre souvenirs, anecdotes, pensées de l'auteure, références livresques ou encore critiques des oeuvres du peintre. Ecriture dense donc, mais transparente, franche et d'une grande tendresse qui tire Charles Pollock de la tombe du silence pour s'ériger en tombeau artistique. Illustré de photographies familiales et de reproductions des oeuvres du peintre, l'ouvrage donne à voir, de manière touchante, la force et la cohérence de l'art singulier de Charles Pollock, de la figuration à l'abstraction, où formes et couleurs se cherchent et se correspondent.

04/2022

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Littérature étrangère

Swamplandia

"Quand on n'est qu'au commencement de la fin, on peut très bien se croire déjà au milieu. Quand j'étais petite, je ne voyais pas ces nuances. C'est seulement après la déchéance de Swamplandia que le temps s'est mis à avoir comme un début, un milieu et une fin. En bref, je peux résumer toute l'histoire d'un seul mot : chute". Swamplandia a longtemps été le parc d'attractions le plus célèbre de toute la Floride, et sa star, Hilola Bigtree, dompteuse d'alligators de classe internationale, cuisinière exécrable et mère de trois enfants, n'y était pas pour rien. Mais à sa mort, l'entreprise sombre dans le chaos. Seule sa fille Ava, treize ans, semble en mesure de sauver les Bigtree du naufrage et de la menace du Monde de l'Obscur, leur redoutable concurrent... Sélectionné par le New York Times comme l'un des cinq meilleurs romans américains de l'année 2011, Swamplandia plonge le lecteur dans l'univers luxuriant et magique de Karen Russell, dont l'écriture inventive n'est pas la moindre des qualités. La presse "Richesse de la langue, exubérance des personnages... Une merveille ! Des écrivains de la trempe de Miss Russell, il s'en trouve un sur un million. ". . The New York Times "Une histoire excentrique, merveilleusement extravagante. Un auteur brillant, doté d'une étonnante imagination". The Times "Un vrai tour de force". Elle U. S. "D'une originalité stupéfiante". The Boston Globe "Magnifique, sombre et drôle". Rolling Stone "Chant d'amour au paradis et à l'innocence perdue, ce premier roman d'une incroyable richesse est une révélation". Library Journal "Karen Russell s'impose déjà comme une voix singulière et forte de la jeune littérature américaine". Livres Hebdo "Vaste succès public et critique aux Etats-Unis, Swamplandia est un puzzle surprenant aux multiples facettes... L'apparition d'une nouvelle voix dans le concert de la littérature américaine, une voix envoûtante où la sensibilité s'épice de vénéneux... La voix d'une auteure à suivre. Magnétique". Page "Un vrai grand huit d'émotions subtiles. Epatant". Elle (Belgique) "Une merveille de fantaisie, d'immersion dans l'enfance, de divagation poétique". Les Inrockuptibles "D'une grâce infinie". Be "Un roman délirant et fantaisiste, joli capharnaüm insensé voyant Mark Twain lorgner vers John Kennedy Toole. Une féérie azimutée très recommandable". Le Figaro Magazine "Un roman palpitant, brûlé jusqu'à l'os par le malheur et la lumière de la Floride". Biba "Un miracle de fantaisie, d'immersion dans l'enfance et de délire poétique". Les Inrockuptibles "La sensation US du moment (finaliste du prix Pulitzer). A lire fissa en attendant la future adaptation par HBO". Technikart "Une belle surprise". L'Optimum "Un imaginaire luxuriant à la Lewis Carroll, une sensibilité et une profondeur rares et un style ultra-inventif... Si ce roman foisonne d'idées et de suspense, Karen Russell éblouit aussi par son écriture imagée. Une petite merveille, un joyau. On adore ! " Le Parisien "Fantaisiste et poétique, une sublime dérive adolescente". Grazia "Bienvenue dans le monde décati de Swamplandia. Bienvenue dans la prose luxuriante de Karen Russell ! " Libération "Un premier roman qui a enchanté l'Amérique... Une fulgurante "failure story" , le récit vertigineux d'un mauvais rêve américain... Une conteuse sans doute un peu sorcière". Les Echos "Roman initiatique rude et sincère, conte exotique et réaliste, Swamplandia est un monde à lui tout seul". Elle "Amusant et mélancolique (effrayant à l'occasion), Swamplandia touche le lecteur grâce à la singularité de son univers et la poésie de sa langue particulièrement inventive". Lire "Le lecteur est projeté dans ce parc d'attractions comme dans une sorte de galerie des mystères et parfois des horreurs. Amateurs de réalisme s'abstenir. Mais les amoureux de Lewis Carroll sont priés d'aller voir. Ceux de Stephen King aussi... Comme Flannery O'Connor et Carson McCullers, Karen Russell a élagué, concentré, pour que son lecteur ne soit jamais détourné de la folle histoire des Bigtree. Et c'est une réussite". Le Monde des livres "Baroque et aussi foisonnant qu'une mangrove". 20 Minutes "Ce premier roman est une pépite. A croquer".

08/2012

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Essais biographiques

Georgia O'Keeffe, une icône américaine

Avant propos : Cet ouvrage est né de la curiosité et de l'admiration pour une artiste découverte sur ses terres natales, dans le Middle West américain, et d'un constat : une lacune bibliographique en français. Doit-on l'imputer à l'absence durable et flagrante de l'artiste sur les cimaises des musées français, alors qu'elle est une icône outre-Atlantique, au même degré que Frida Kahlo et présente dans de nombreux foyers américains sous forme de reproductions ? Ce livre n'a pas l'ambition de combler un vide bibliographique, mais celle d'éveiller la curiosité d'un public français à l'égard d'une oeuvre et d'une vie exceptionnelles. O'Keeffe pourrait être l'héroïne d'un roman d'aventures ou d'un western. Elle est celle de notre livre. Sa liberté est à tout crin. Son sens de l'aventure, doublé d'une ambition intacte et d'une intelligence de la situation (et d'un soupçon d'opportunisme ? ) en font une réussite américaine exemplaire mais non conformiste. La vie de Georgia, la plus américaine des Américaines est un drôle de mélange entre modernité d'un langage visuel et d'un mode de vie, et retour à une Amérique primordiale. Pour celle qui, avant Warhol, fut l'une des premières à comprendre le rôle de l'image dans la promotion d'une oeuvre, l'art et la vie sont indissociables. En résulte une légende dorée et une oeuvre unique qui a traversé le siècle sans se démoder ni se dévaloriser, littéralement. En témoignent les prix qui ne cessent d'augmenter. Celle qui se qualifiait de " diablement indépendante " et que l'on associe trop systématiquement à une peintre de fleurs, a trouvé sa voie dans l'Amérique, dont sa peinture fut aussi la voix. Nous voulions que cette voix résonne en français, en donnant un aperçu de cette vie longue d'un siècle passée entre le plus moderne des hôtels new-yorkais et les canyons de l'Ouest, entre la ferme familiale du Wisconsin et un ranch aux confins du désert, entre la solitude de l'atelier immaculé et les cimaises des plus grands musées américains. Ce fut une vie à créer, patiemment et impatiemment, inépuisablement au gré des mouvements géographiques, avec une exigence infaillible et une curiosité sans cesse renouvelée. Plus qu'aucun de ses collègues masculins, affranchie des étiquettes régionaliste ou moderniste, elle a donné avec sa peinture une identité plastique à ce Nouveau Monde, à travers sa flore, sa géologie, son histoire. Elle est l'un des phares de l'histoire de l'art du XXe siècle. O'Keeffe défie toutes les conventions, morales et esthétiques, sillonne le continent, se choisit soigneusement son entourage et ne vit que pour sa peinture. L'atelier, où de très rares proches sont conviés, est son ultime havre. Avec une discipline de fer, elle s'est tenue fidèlement à l'image qu'elle a, à l'aide des plus grands photographes de son temps, forgée d'elle. Elle n'a laissé au hasard aucune de ses expositions ni le destin d'aucune de ses oeuvres. Figure austère et sophistiquée, fantasque et résiliente à l'image de cette terre américaine dont elle est l'émanation pour ne pas dire la quintessence, elle est devenue une icône, figure admirée au-delà du monde de l'art, par celui de la mode par exemple et par les féministes qui tissent avec elle une généalogie. Déroutant parfois les critiques, cette oeuvre protéiforme, qui court des fleurs monumentales en gros plan aux vues verticales de New York, des levers de soleil sur la plaine texane à l'aquarelle aux ossements tapissant le désert de l'Ouest, du ciel le plus éclatant à une rivière réduite à une virgule balayant un paysage de neige, est d'une poésie inouïe, moins grandiloquente toutefois que celle d'un Walt Whitman ou d'un Terrence Malick qui s'inscrivent dans la même lignée. Nous ne saurions qu'inviter notre lecteur à regarder ses oeuvres, sur les cimaises d'un musée ou reproduites sur les pages d'un livre, car comme le disait notre héroïne, " The meaning of a word - to me - is not as exact as the meaning of a color. Colors and shapes make a more definite statement than words " . Qu'on se le tienne humblement pour dit...

09/2021

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Histoire de la peinture

Quand les Impressionnistes s'exposaient

En 1874, un groupe de peintres dissidents expose ses oeuvres en marge des circuits officiels. Un critique invente par dérision le mot "? impressionnisme ? ". Cet événement est considéré, à juste titre, comme l'une des étapes initiatrices de l'art moderne. Avec ces expositions, l'écosystème de l'art contemporain se met alors en place ? : recherche du scandale, intervention monopolistique d'un marchand, union opportuniste des plasticiens et des écrivains d'avant-garde. Cinquante-huit artistes ont participé aux huit expositions qui ont eu lieu entre 1874 et 1886. Parmi les plus connus des impressionnistes, seul Pissarro est présent à la totalité des expositions. Monet n'apparaît qu'à cinq, Renoir et Sisley à la moitié seulement. Manet, Whistler, Van Gogh ou Lautrec, dont les noms sont souvent associés à ce mouvement, n'ont jamais exposé avec les impressionnistes, contrairement à Forain, Seurat, Gauguin ou au symboliste Redon. L'accent est systématiquement mis sur la rupture picturale que constituent ces expositions. Pourtant, ces expositions présentent un large échantillon de techniques et de supports ? : estampes, sculptures, projets de céramiques, éventails, dessins... Dans tous ces domaines, les impressionnistes expérimentent et se montrent novateurs. Quelques décennies avant le triomphe de l'Art nouveau, ils gomment les frontières entre beaux-arts et arts décoratifs. Degas sculpteur ouvre la voie à l'hyperréalisme. Les impressionnistes remettent aussi en question l'organisation du marché de l'art, cherchant à se promouvoir et à vendre directement leurs oeuvres. Ils lancent des campagnes de communication agressives, dont les méthodes "? de Barnum ? " étaient jusqu'alors réservées aux spectacles populaires ? : mâts publicitaires, drapeaux, affiches voyantes... Dans les salles d'exposition, tout est soigneusement organisé, du tissu qui couvre les murs, aux encadrements, sans oublier les banquettes et l'éclairage. Durand-Ruel, qui s'imposera comme le marchand des impressionnistes, développe, lui aussi, et non sans mal, une stratégie commerciale inédite. Pariant sur l'avenir, il tente de se réserver l'exclusivité de la production de ces artistes. Il part à la conquête d'un marché nord-américain ouvert à de nouvelles formes d'art. Lorsque Durand-Ruel meurt, en 1922, l'impressionnisme est mondialement consacré. Ces expositions se déroulent alors que la grande déflation frappe le marché de l'art. Les acheteurs devenant rares, les peintres officiels cherchent à éliminer toute concurrence. Ils bénéficient de l'appui d'une presse en pleine expansion. Tous les arguments sont bons pour discréditer les impressionnistes ? : escrocs, aliénés mentaux, secte... Les rebelles bénéficient du soutien de quelques plumes ? : Zola, Huysmans, Laforgue, Mallarmé, Fénéon... Mais ces voix n'ont alors que peu ou pas de prestige. Lorsque Zola connaît enfin le succès, il publie L'Ouvre, qui est ressenti par les impressionnistes à la manière d'une trahison. Plus que les attaques de la presse, ce sont l'opportunisme de certains membres et les rivalités internes qui minent le groupe. Le scandale a contribué à faire connaître les impressionnistes. De jeunes artistes de formation académique s'approprient leurs recettes. Profitant de cette évolution, Renoir, puis Sisley et Monet rejoignent le très officiel Salon. Au fil des expositions, deux tendances s'opposent chez les insurgés ? : volonté de cohérence esthétique d'une part, ouverture à de nouvelles formes d'expression, d'autre part. Caillebotte, qui cherche à muséifier l'impressionnisme, incarne la première tendance. Degas et Pissarro, au contraire, invitent de jeunes artistes dont les expressions et les aspirations sont parfois différentes de celles des impressionnistes. Hétérogène, mais riche d'avenir, l'ultime exposition de 1886 ouvre la voie aux formes nouvelles d'expression (néo-impressionnisme, symbolisme) qui, jusqu'au début du vingtième siècle, se succéderont avec une extrême rapidité. Cet ouvrage s'appuie sur une documentation de première importance et met en avant propos et témoignages de "? premières mains ? " qui révèlent pour la première fois la stratégie des artistes. Les échos avec notre époque contemporaine sont multiples et pour le moins surprenants... Aucune étude de ce type sur l'impressionnisme n'avait été réalisé, et ce livre constitue un apport de grande importance pour l'histoire de l'art et de sa médiation à l'aube du modernisme.

04/2024

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Religion

Une brève histoire du christianisme

1/ Une belle histoire : Il s'appelait Jésus, ce qui, en hébreu, signifie "Dieu sauve". Un nom couramment choisi par les gens de son peuple dont l'histoire était riche, trop riche peut-être, de guerres saintes et de luttes religieuses, d'actes de bravoure et de crimes sordides, tous accomplis au nom d'un Dieu dont personne n'osait plus prononcer le nom de crainte de le souiller, et encore moins désirer voir sa face de peur de mourir. 2/ Babel, la séduisante : Babel. En hébreu, la porte de Dieu, l'accès au divin. Le rêve de tout croyant pour lequel il est prêt à entamer la quête la plus approfondie et le pèlerinage le plus éprouvant, à consacrer l'ardeur de sa foi et les ressources de son intelligence, à sacrifier les bonheurs promis par l'existence sur Terre... et, parfois aussi, la vie de ses congénères. 3/ Nicéphore, ora pro nobis : Un peu plus de dix siècles les séparent, mais ils portent le même prénom, à la fière racine grecque : Nicéphore, autrement dit le victorieux. L'un était patriarche de Constantinople, au début du XIe siècle ; l'autre a mené sa carrière d'inventeur en Bourgogne. Depuis sa chaire d'évêque, le premier a déclaré : "Si l'on supprime l'image, ce n'est pas le Christ mais l'univers entier qui disparaît" ; le second, nommé Niépce, est le pionnier de l'art photographique. Fidèles à leur prénom, les deux hommes ont mené le même combat, remporté la même victoire, celle de l'image, l'un sur le champ de l'idéologie, l'autre sur celui de la technique. 4/ Schismes, réformes et vieilles querelles Si le mot dogma signifie opinion et celui de dokéô paraître, penser ou croire, le terme de dogme a reçu dans l'histoire des idées une définition significativement plus réduite, celle d'une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable, intangible, au point de pouvoir être imposée par une autorité religieuse ou philosophique, politique ou scientifique. 5/ Au-delà du bout du monde : Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, alors qu'il tente de rejoindre le Japon et les Indes par une voie maritime occidentale, Christophe Colomb aperçoit, enfin, une côte. Lorsqu'il comprend que ses trois caravelles n'ont pas abordé l'Asie mais un monde inconnu des navigateurs, il se prend à rêver : aurait-il retrouvé le paradis terrestre dont les ancêtres de l'humanité, Adam et Eve, avaient été chassés ? 6/ Requiem pour Darwin : Charles Darwin a été considéré par beaucoup de chrétiens comme leur ennemi public n° 1, de son vivant comme après sa mort. Pourtant, le champ, plein d'ornières, de tranchées, de chausse-trapes, qui est celui des relations entre les sciences et le christianisme lui doit beaucoup et, pour le moins, un requiem. 7/ In God we trust : "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." La leçon de Jésus est simple : le règne spirituel que le prophète de Palestine annonce ne prend pas la place des règnes temporels ; il les surpasse, les surplombe. Les apôtres donc invitent les chrétiens à obéir aux autorités politiques, à payer l'impôt. Que devient toutefois cet enseignement lorsque le revers des pièces est frappé du symbole de la croix ou, mieux encore, lorsqu'en 692 Justinien fait frapper sa monnaie d'un buste du Christ ? 8/ Dieu se met au vert : Le 26 décembre 1966, Lynn White, historien médiéviste de l'université de Californie, est invité à parler devant une assemblée de l'American Association for the Advancement of Science ; il choisit le titre suivant : The Historical Roots of Our Ecologic Crisis - Les racines historiques de notre crise écologique. White n'y va pas par quatre chemins : il accuse purement et simplement le christianisme occidental, l'arrogance humaine qu'il encourage, la prééminence qu'il confère à l'esprit scientifique sur celui des arts, la place accordée à l'idée de progrès, bref ce qui est communément appelé l'anthropocentrisme chrétien, d'être le principal responsable de la dégradation avancée de l'environnement terrestre, de la crise écologique qui touche notre planète. 9/ Demain, l'Apocalypse : Quel goût une histoire du christianisme, aussi brève et inachevée soit-elle, laissera-telle dans la bouche et les entrailles de son lecteur ? Difficile de la conclure d'un happy end : tour à tour amères et douces, trop nombreuses restent ses pages qui paraissent faire écho à celles écrites par Jean et qui constituent le dernier des livres de la Bible, celui qui porte le nom d'Apocalypse. N'en demeure pas moins le témoignage des croyants qui, chacun à leur mesure, ont vécu une belle histoire, celle d'une intrusion et d'une expérience de la transcendance. Malgré les faux départs, les errements, les impasses, sans ignorer les audaces récompensées, les succès, l'histoire du christianisme apparaît alors comme une suite de commencements à laquelle il convient, pour l'heure, de ne pas apposer le mot de fin et de donner pour seul nom celui de révélation. D'apocalypse.

10/2012

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Littérature française

A défaut d'Amérique

Dans un cimetière parisien, on enterre une vieille dame. De loin, une femme observe la scène : Suzan a débarqué de Floride le matin même. A présent qu’Adèle n’est plus, l’Américaine se demande si elle a eu raison de détester cette femme qui a séduit son père, Stanley, alors jeune soldat, pendant les folles journées de la Libération de Paris, en 1945. Pourquoi elle a été irritée, voire jalouse, de l’exorbitante aptitude au bonheur qu’ont manifestée ces platoniques tourtereaux octogénaires qu’elle a tardivement réunis à Palm Beach pour tenter de consoler son père de son veuvage. Peut-être parce que la vieillissante “Jewish American Princess” qu’est à présent Suzan n’a jamais été douée pour la vie, n’a jamais su aimer - seulement obéir ? Que, brillante avocate, elle a perdu foi en son métier, se shoote au jogging pour oublier ses frustrations, et que, divorcée, ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfants, elle n’a rien à transmettre ? Adèle, au moins, c’était la vie, excessive, débordante. Une spectaculaire survivante - aux pogroms en Pologne, à l’exil en France, à deux guerres mondiales, à l’exode - même les camps l’avaient épargnée. Mais est-ce que cela donne tous les droits et surtout celui de la rendre elle, Suzan, encore plus malheureuse ? Près de la tombe, une femme se tient un peu à l’écart du groupe : Fleur a aimé son arrière-grand-mère, Adèle, au moins autant qu’elle a fini par détester Sabine, sa mère dépressive, et toutes les autres femmes de sa lignée. Elle s’est fabriqué une famille à elle, résolument “inédite”, avec ses trois amours : son mari Julio venu d’Argentine et leurs deux fils. Adèle a toujours fasciné Fleur, avec son vouloir-vivre impérieux et presque tyrannique, son adaptabilité, depuis l’enfance, aux situations les plus tragiques, sa séduction dévorante (dont toutes les photos attestent) restée intacte, malgré les épreuves inhumaines de ces années passées à Paris - dans le quartier de Beaubourg où les réfugiés juifs avaient refondé leur communauté meurtrie et précaire -, avec sa capacité têtue, épuisante, à réaliser de petits miracles, à sauver des vies autour d’elle, à commencer par celle de l’amour de sa vie, son mari, Louis, auquel, jusqu’à la fin, elle est restée fidèle. Cette personnalité rayonnante - ou écrasante, c’est selon - qui n’a cessé d’éblouir son vieux père, l’Américaine n’en a eu, à Palm Beach, qu’un bref aperçu, et de surcroît dans sa “version senior”. Si, comme Fleur (qui va bientôt s’y employer afin de prendre, à travers Adèle, la mesure de la seule hérédité qu’elle accepte de se reconnaître), elle se plongeait dans l’histoire individuelle d’Adèle et dans la grande Histoire que celle-ci a, plus que traversée, incarnée, elle en saurait davantage sur “la française”, sa “rivale”, et sur la communauté de souffrance et d’amour dont elle est issue et d’où elle a tiré sa force exceptionnelle. Elle saurait comment Etele est devenue Adèle. Mais, comprend-elle alors, elle a peut-être, elle aussi, “son” Adèle en la personne de Sophia, sa tante, la sœur de sa mère, mondialement célèbre pour avoir été la première femme blanche à militer contre l’Apartheid en Afrique du Sud où elle a fait le choix de s’installer, plus de cinquante ans auparavant. C’est donc par le truchement indirect de “la française” honnie que Suzan va, à la veille des attentats du 11 Septembre, rejoindre à Cape Town, cette autre vieille dame afin de renouer avec la vérité de son histoire de fille trop peu curieuse, et découvrir enfin en quoi sa propre mère, Lisa, a, forte de renoncements assumés, embrassé une autre forme d’héroïsme, plus modeste, auquel il convient sans doute de donner le nom d’amour. Par delà sa capacité à nouer ensemble, sur trois générations et sur trois continents, les fils de l’histoire individuelle et collective, le roman de Carole Zalberg se signale par sa capacité à détourner, subtilement, le “roman de la filiation” de sa mécanique obligée, à en proposer une lecture ouverte. En confrontant l’exil subi (Adèle) ou choisi (Sophia), à l’errance, “sans étiquette”, d’une Américaine presque ordinaire (Suzan) ou au périlleux voyage dans l’interprétation du passé (Fleur), sans jamais instaurer, entre ses personnages, de suspecte hiérarchie, Carole Zalberg nourrit son roman d’une décision d’écriture qui en féconde admirablement l’ambition et la sensibilité. A nouveau crédités de l’humanité profonde qu’ils ont un jour eux aussi incarnée, les fantômes y gratifient l’existence de ceux qui prennent leur suite sur la scène du monde d’un legs d’amour et de souffrance, qui, sans consoler quiconque de vivre ou de mourir, façonne l’authentique présence que les vivants sont tenus de s’accorder à eux-mêmes, faisant de la découverte de l’autre la condition d’une authentique connaissance de soi.

02/2012

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Littérature étrangère

Sur les jantes

" Je suis Berl Pickett, le Dr Berl Pickett. Mais je signe chèques et documents "I. B. Pickett", et il faut sans doute que je m'en explique. Ma mère, une femme énergique s'il en fut, ardente patriote et chrétienne évangélique, choisit mes prénoms en l'honneur du compositeur de God Bless America. C'est ainsi que je m'appelle en réalité Irving Berlin Pickett, et que je suis parfaitement conscient du caractère ridicule de mon nom. Mon père aurait préféré "Lefty Frizzell Pickett", et c'eût été encore pire. En tout état de cause, mon nom, comme ma vie même, a quelque chose d'une reprise, d'un emprunt, difficile à contester. " Sur les jantes est sans doute le roman le plus tendre, le plus subtil de Thomas McGuane depuis longtemps. Berl Pickett est médecin à Livingston, petite ville du Montana. Il y mène une vie plutôt calme jusqu'au jour où, pensant venir en aide à l'une de ses amies, il s'efforce de camoufler sa tentative de suicide. C'est le début d'une série de péripéties complexes puisque, lorsque cette dernière succombe à ses blessures, il devient le principal suspect, se voit interdit d'exercer et encourt le risque d'être poursuivi pour non assistance à personne en danger. Disposant désormais de beaucoup de temps libre, Berl reprend son activité antérieure : peintre en bâtiments. Entre les missions qui lui sont confiées, il a tout loisir pour se replonger sur son passé et se remémorer les événements qui ont marqué son passage à l'âge adulte : comment, à l'âge de 14 ans, sa tante l'a initié à la vie amoureuse en se chargeant de lui apprendre les choses de la vie ; le comportement de sa mère, profondément conditionné par ses croyances : " Sa religion avait entouré ma mère d'une impénétrable réalité, et la guerre avait eu le même effet sur mon père. J'éprouvais le sentiment qu'au fond j'avais toujours été seul depuis ma naissance. " ; le médecin qui, très tôt, a repéré le potentiel en lui et grâce auquel il a trouvé sa voie professionnelle ; les aventures qu'il a eues avec quelques femmes : Jocelyn, une pilote aux activités suspectes dont il s'est pris de passion, et une collègue, Jinx Mayhall, beauté tranquille qui le déconcerte par les questions insidieuses et sans motif qu'elle lui pose incessamment : " Elle soupirait sans arrêt et paraissait troublée. Finalement, elle tendit la main et prit la mienne. J'aurais du mal à décrire ce que je ressentis : le souffle coupé, je fixai droit devant moi les collines désertes couvertes d'armoise. Elle me lâcha la main et reposa la sienne sur le volant. Je lui demandai à quoi elle pensait et elle répondit : "Au car de ramassage scolaire". " ou encore : " C'était dommage, parce que j'étais un homme de nature affectueuse qui tombait facilement amoureux, et j'aurais pu connaître des expériences enrichissantes si je ne m'étais pas constamment méfié aux moments les plus agréables. " Face aux manœuvres vengeresses du directeur administratif de la clinique où il travaille, l'accusation qui pèse sur lui de non assistance à personne en danger, les activités louches et inquiétantes de l'aviatrice, et surtout les conséquences d'une affaire où il a poussé au suicide le mari assassin d'une de ses patientes, Berl, poursuivi par la calomnie et abandonné par presque tous ses collègues et amis, s'efforce de prendre de la distance vis-à-vis des différentes épreuves de son existence. Entre comédie et tragédie, McGuane ancre son récit dans une région qu'il connaît bien pour l'avoir lui-même traversée, ce qui lui permet de mettre l'accent sur les décalages au sein d'une société disparate et moderne où l'on réalise que son héros est coupé du monde, qu'en voulant prendre un avion le 11 septembre 2001 ce n'est que lorsqu'il arrive à l'aéroport qu'on lui dira que les vols sont suspendus. Si la satire des égoïsmes est partout présente, le rire le dispute à l'émotion, comme toujours chez McGuane, exprimée en demi-teintes, mais néanmoins palpable.

01/2012

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Littérature étrangère

Vivre, penser, regarder

Dans “Vivre”, la partie la plus directement personnelle du livre, Siri Hustvedt s’interroge sur son enfance, sur les formes que le désir ou l’imaginaire peuvent revêtir pendant cette période de formation. Célébrant la relation de complicité entretenue avec une mère qui lui a enseigné l’importance de l’autonomie et de la liberté, elle retrace sa quête, encore juvénile, et déjà problématique d’une tentative de définition d’elle-même en dépit de son “étrange tête” sujette à des migraines chroniques qui l’accompagneront tout au long de sa vie. S’attardant sur la notion de contexte familial en ce qu’il a pu donner naissance à tel ou tel personnages de fiction, évoquant son rapport au sommeil et/ou à l’insomnie, ou l’impact, sur son existence, de son ascendance norvégienne, elle aborde la question des fonctionnements et dysfonctionnements de la mémoire affective et le rôle joué par la figure paternelle, dont tout lecteur de La Femme qui tremble (Actes Sud, 2010) sait le rôle qu’il a notamment joué dans l’écriture du roman Elégie pour un Américain (Actes Sud, 2008, Babel n°1006). La deuxième partie de l’ouvrage, “Penser”, moins “anecdotique”, moins “narrative”, propose quant à elle une ambitieuse réflexion sur les liens qui existent entre fiction et mensonge, autobiographie et oeuvre d’imagination. Siri Hustvedt s’y interroge sur la “machinerie” de l’écriture comme sur celle de la lecture, sur la notion de vérité et sur l’amnésie en ses tours et détours. S’attachant à rendre compte de son expérience d’acquisition des instruments d’analyse permettant de mieux saisir les fonctionnements cérébraux, mentaux qui président aussi bien à la maladie (dans le pire des cas) qu’à la création artistique (dans le meilleur), l’essayiste, loin de prôner les vertus du seul jargon ésotérique (dont, tout en le maîtrisant, elle récuse l’utilisation abusive et parfois stérile), s’en affranchit pour rendre compte, avec autant de clarté et de “pédagogie ”que possible (et sans toutefois sombrer dans l’écueil d’une hâtive vulgarisation) de ses propres avancées dans le domaine de la psychanalyse ou des neurosciences, tout en mettant à contribution sa longue pratique d’écrivain et de lectrice des grands textes littéraires qu’elle a intimement fréquentés, aussi bien que des ouvrages les plus exigeants dans le domaine de la philosophie (Kant, Kierkegaard, Ricoeur, Merleau-Ponty, Sartre), de la psychiatrie (Freud, Winnicott, William James, Lacan) ou de la neurobiologie (Jaak Panksepp, Antonio Damasio). Cette partie dont un des chapitres a pour titre “L’Analyste et la fiction”, se clôt sur “L’Aire de jeu de Freud”, conférence prononcée par Siri Hustvedt à Vienne lors des rencontres annuelles Sigmund Freud, en juin 2011. La troisième partie, “Regarder” est consacrée à l’univers des arts plastiques (peinture et photographie en particulier) que Siri Hustvedt n’a jamais cessé de fréquenter à titre personnel aussi bien qu’en tant que critique d’art. On y retrouvera quelques-unes des figures tutélaires qui habitent le panthéon visuel de l’écrivain (de Goya à Morandi, en passant par Louise Bourgeois, Gerhard Richter, Annette Messager, Duccio di Buoninsegna, Richard Allen Morris, entre autres). De même que dans Les Mystères du rectangle (Actes Sud , 2006), l’écrivain propose ici une informelle leçon de regard, lequel, s’il peut naturellement convoquer des savoirs (historiques, sémiotiques), doit aussi être capable de s’en émanciper au profit du libre exercice du jugement reposant sur la réappropriation par tout individu confronté à l’oeuvre d’art, de la fonction et de l’activité purement “humaines” sur laquelle repose une expérience qui requiert, de la part de celui qui regarde, la participation du corps et d’une sensibilité subjective au moins aussi cruciales, sinon plus, que le fait de détenir une culture académique. Au terme de la lecture de cette somme architecturée de réflexions, de lectures, d’expérience que Siri Hustvedt cherche à transmettre en toute rigueur mais avec le souci d’apprivoiser, pour elle-même comme pour autrui, la complexité des tenants et aboutissants de l’expérience humaine en tant qu’entité problématique et toujours en devenir, le lecteur aura fait la connaissance d’un écrivain qui a consacré une considérable partie de son existence à explorer sans désemparer les arcanes de l’être au monde qui nous est donné en partage sous ses formes multiples et chez qui la “vocation” d’écrire est inséparable d’une aspiration à la connaissance de soi et de l’autre rendue possible par une fréquentation assidue de la recherche à l’oeuvre, de tous temps, dans les divers domaines de la pensée.

01/2013

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Thèmes photo

Planches contact #13. Festival de photographie de Deauville, Edition 2022

Un festival sans entraves. Vous souvenez-vous de cette photo de Henri Cartier-Bresson réalisée en mai 1968 ? Elle montre un homme d'âge mûr, élégant, en costume sombre, chapeau vissé sur la tête, observant un graffiti de la révolte étudiante : "Jouissez sans entraves". Ce pourrait être le mot d'ordre de Planches Contact. Cette photo qui confronte deux univers opposés, qui interpelle, qui s'ancre dans la ville fait écho à l'esprit du festival et aux conditions privilégiées et assez rares de production et de présentation, permises par le support sans faille de la Ville de Deauville. Un contexte essentiel pour les artistes dans le climat actuel où, contre vents et marées, le festival de Deauville demeure une sorte d'îlot protégé où l'on peut regarder autour et produire en toute liberté. La préparation de Planches Contact est un long fleuve intranquille, un bouillonnement, une boucle ininterrompue d'une édition à l'autre, depuis l'élaboration du programme, la succession des résidences, la production "en direct" avec les artistes, la conception de la scénographie et la construction des installations, jusqu'au partage avec le public. Comme chaque année, un critère important de sélection est la variété des regards et la multiplicité des langages photographiques et des sujets traités. Démarches documentaires, récits imaginaires, poétiques, en images fixes ou animées, approches décalées, tous ont leur place. Les artistes ont pour seule consigne de profiter du territoire et de cette aide à la cre?ation, c'est-à-dire de prendre le temps de l'explorer en suivant leurs centres d'intérêt ; puis de laisser leur créativité s'exprimer librement en développant leur projet selon leurs propres codes. Se libérer des entraves, c'est aussi briser les frontières. Briser les frontières entre les cultures avec une programmation internationale allant de l'Italien Stefano De Luigi au Sénégalais Omar Victor Diop en passant par la Franco-Marocaine Carolle Benitah. Briser les frontières entre les générations avec des figures incontournables comme Bettina Rheims ou Raymond Depardon, et des photographes émergents sélectionnés dans le cadre du Tremplin Jeunes Talents. Briser les frontières entre les disciplines. A côté de la photographie, la vidéo, mais aussi l'architecture, le dessin, la musique et l'édition ont leur place au festival. La présence de l'actrice Jessica Lange, invitée d'honneur, crée également une passerelle avec le cinéma américain, cher à Deauville. Briser les frontières entre le visible et l'invisible, puisque, depuis son invention, la photographie a permis de tout montrer - les pays lointains, les terres inconnues, les tribus les plus reculées. Alors, pourquoi ne pas essayer de montrer l'invisible ou de changer de point de vue comme le propose Francesco Jodice avec son film 44 things seen by an alien anthropologist in Normandy ou encore de bouleverser le rapport à l'espace comme le fait Georges Rousse ? Briser aussi les codes avec les images inattendues de Raymond Depardon du littoral français en couleurs, d'une invitée d'honneur, Jessica Lange, plus connue comme actrice que comme photographe, les photos amateurs de la collection The Anonymous Project et avec les scénographies innovantes conçues avec Jean-Charles Remicourt-Marie. A la plage, sur la verrière de la piscine olympique, dans toute la ville, aux Franciscaines ou au Point de Vue, cette exhortation à jouir sans entraves s'adresse aussi aux visiteurs. Dans un monde bombardé d'images, prenons le temps de vraiment voir en abandonnant préjugés et habitudes. Restons ouverts à toutes les surprises et au surgissement de l'insolite. Regardons la réalité autrement, grâce aux artistes. Engageons-nous à leurs côtés avec la fondation photo4food pour un impact social concret. Laissons-nous happer par des photographies et des films qui racontent des histoires, où la Normandie est protagoniste ou décor, qui renversent une "vision formatée", ouvrent une fenêtre sur d'autres mondes et proposent un arrêt sur image sur nos sociétés. Planches Contact fête ses treize ans. Le festival investit désormais toute la ville. Le musée des Franciscaines, qui accueille depuis son ouverture grand nombre des expositions, devient, pendant les journées inaugurales, la Maison du festival avec de réelles occasions d'échanges et de rencontres avec les artistes exposés, grâce aussi à Planète Initial, qui cette année sera aux Franciscaines. Le réseau des amis du festival s'élargit. De nouveaux partenaires rejoignent le cercle de ceux de la première heure. Planches Contact grandit, forte de son passé, avec la turbulence et la curiosité de son jeune âge, et l'attraction de cet horizon immense, qui s'ouvre au-delà de la plage, comme une exhortation à garder les yeux et le coeur ouverts. Un grand merci aux photographes et aux artistes qui ont relevé le défi d'une résidence - avec ses risques et périls - et à ceux qui ont accepté de venir partager à Deauville leurs mondes et leurs expériences. A tous, merci de nous faire prendre le large. Laura Serani.

12/2022