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Sciences historiques

Adoption et fosterage

L' adoption est pratiquée, sous des formes et avec des finalités différentes, dans de très nombreuses sociétés, sinon dans toutes : elle constitue un révélateur des valeurs et des pratiques sociales liées à la parenté, à son idéologie et à son image. Elle n'a pris de l'importance dans les pays occidentaux, notamment en France, que depuis peu. Elle apparaît aujourd'hui comme une réponse à la stérilité du couple. C'est le couple qui adopte, et qui adopte une fille aussi bien qu'un garçon, pour la joie d'élever un enfant et de lui donner une famille. Pourtant, lorsqu'elle a été réintroduite dans le droit, après une éclipse de douze siècles, l'adoption fut conçue plutôt comme une solution humanitaire à l'abandon massif des enfants, caractéristique de cette période. Dès lors elle ne pouvait être pratiquée que dans l'intérêt de l'enfant, dont tous les liens avec sa famille d'origine se trouvaient coupés par l'abandon. D'autres sociétés ont pratiqué l'adoption dans des intentions très différentes : ainsi la Rome ancienne, où l'adoption est liée à une politique, de la succession et de la transmission ; des hommes y adoptent d'autres hommes, enfants et adultes. En Occident, l'Eglise a été à l'origine de la disparition de cette "parenté sociale" en reconnaissant seulement deux types de parenté: la parenté biologique et la parenté spirituelle liée au baptême. Diverses formes de parentés de substitution, notamment spirituelles, ont alors été instituées, dont certaines continuent à mettre en oeuvre le vocabulaire de l'adoption. L'Empire byzantin a connu, pour sa part, une évolution différente de celle de l'Occident médiéval. Pour désigner au contraire la "mise en nourriture" ou "en éducation" le terme fosterage, largement admis dans les disciplines historiques et anthropologiques depuis les travaux de Marcel Mauss et de Louis Gernet, a été retenu comme un vocable technique susceptible de rendre compte de pratiques qui transcendent les cultures. Dans la Rome ancienne, où l'adoption n'a pas une finalité spécifique d'éducation, un enfant nourricier, garçon ou fille, est un enfant, souvent de statut inférieur, que l'on n'adopte pas, mais auquel on fait donner une éducation dans sa maison ; ce type de relation est accessible à la femme comme à l'homme. Dans l'Europe occidentale, l'époque médiévale et moderne a connu dans certains pays la circulation des enfants à l'intérieur de leur propre famille. Mais elle a connu aussi — c'est une des caractéristiques du modèle anglais — des formes de circulation d'enfants et de jeunes gens (filles et garçons) dans des familles distinctes de la leur, où ils n'avaient pas vocation à s'intégrer. La thématique met l'accent sur toutes les formes de parentés électives ou de délégations de rôles qui, dans nos sociétés, relèvent de la responsabilité parentale. Sur ces deux thèmes vingt auteurs ont essayé de faire le point sur l'évolution de la société occidentale de l'Antiquité à nos jours ; une comparaison a été tentée avec des sociétés extra-européennes dans lesquelles l'adoption ou la circulation des enfants ont joué dans le passé, et parfois jouent encore, un rôle important : la Chine et le Japon anciens, l'Afrique de l'Ouest et la Malaisie actuelles.

01/1999

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Français CM1

Français CM Cléo. Aide-mémoire, Edition 2021

Pour accompagner le manuel d'entrainement ou le fichier d'entrainement "école inclusive" CLEO CM1, voici un aide-mémoire grand format pour l'élève dans l'appropriation des savoirs et la mémorisation des notions vues en français (Compréhension, Lexique, Etude de la langue, Orthographe) ! Après une période de découverte et de construction des notions en classe, l'élève est invité à utiliser cet aide-mémoire grand format "école inclusive", qui regroupe l'ensemble des notions étudiées en classe tout au long de l'année de CM1. Au fil des apprentissages, notamment via le manuel d'entrainement C. L. E. O. CM1 2019 ou le fichier d'entrainement "école inclusive" C. L. E. O. CM1 2021, l'élève peut faire le point sur les compétences à maitriser dans les quatre grandes familles : Compréhension : informations implicites, connecteurs temporels et temps verbaux, chronologie du récit, substituts du nom, intentions et sentiments des personnages... Lexique : ordre alphabétique, utilisation du dictionnaire, famille de mots, préfixes, polysémie... Etude de la langue : organisation de la phrase, classes et fonctions grammaticales, étude du système verbal... Orthographe : correspondances graphophonologiques, valeur positionnelle des lettres, consonnes muettes, genre et nombre dans le groupe nominal, accord sujet-verbe, terminaisons verbales... Cet aide-mémoire grand format (A4, 64 pages, une seule notion par page) est personnalisable : l'élève peut intégrer ses propres exemples en les y inscrivant lui-même, en vue de s'approprier les notions maitrisées. Une rubrique intitulée " A la maison ", propose également des pistes de révision pour chaque notion vue en classe, pour les parents qui souhaitent faire le point avec leur enfant. Les points forts de la collection C. L. E. O. Français : Conformément aux orientations définies par les programmes 2016, C. L. E. O. organise les apprentissages au moyen de séances courtes et fréquentes, favorisant l'appropriation des compétences sur le long terme. > Pour les élèves : Des activités d'entrainement pertinentes et motivantes, Des compétences entrainées sur la durée, afin de laisser le temps à tous les élèves de s'approprier les notionsà acquérir, Une meilleure visibilité des apprentissages dans lesquels ils s'engagent. > Pour l'enseignant : Des activités d'entrainement décrochées qui, grâce à leur format récurrent, permettent souplesse et autonomie dans l'organisation des apprentissages, Un travail de consolidation de la compréhension des textes, Des programmations annuelles qui ont été pensées pour avoir une réelle cohérence sur chaque cycle, Une très large gamme d'activités utilisables dans un grand nombre de situations : prises en charge par les enseignants spécialisés des RASED, mise en place de PPRE, MACLé, aide personnalisée, stages de remise à niveau, etc. Le dispositif complet C. L. E. O. CM1 comprend : L'aide-mémoire du manuel CM1 classique (un exemplaire inclus dans le fichier d'entrainement) ou vendu en pack de 6 ex. L'aide-mémoire CM grand format "école inclusive" (présenté ici) Le manuel d'entrainement + aide-mémoire ou le fichier d'entrainement "école inclusive" Le guide pédagogique commun manuel d'entrainement et fichier d'entrainement "école inclusive "CLEO CM1 (à venir) pour l'enseignant, indispensable pour s'approprier la démarche de C. L. E. O. , qui contient en outre des ressources pour l'enseignement de l'oral, ainsi que de nombreuses pistes pour organiser les activités quotidiennes d'écriture - Disponible en version papier ou en PDF gratuit pour les adoptants. Le cahier d'activités CM1. Le pack manuel numérique enseignant avec corrigés + guide pédagogique en version numérique en téléchargement gratuit pour les adoptants.

09/2021

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Musique, danse

British Rock. Tome 1, 1956-1964 : Le temps des pionniers

Le premier tome d'une monumentale histoire du rock britannique L'Angleterre n'a pas inventé le rock'n'roll et son premier héros n'a jamais approché la carrure d'un Elvis Presley. Rien ne laissait prévoir durant les années 1950 qu'un pays aussi éprouvé moralement puisse rivaliser musicalement avec les Etats-Unis et célébrer les turbulences d'une nouvelle génération. Egarés dans un monde d'austérité, les gamins anglais ont créé dans la liesse un terreau paradisiaque qui va révolutionner la musique sur tous les continents. Après le déclic instauré par Cliff Richard, les Shadows et les Tornados, l'ascension foudroyante des Beatles met fin à l'hégémonie américaine et révèle un élan national soutenu par des centaines d'orchestres aux prétentions innovantes. Une guerre effrénée s'engage. L'encouragement du ministère de l'Education permet de réorienter les jeunes en mal de résultats scolaires vers un cycle universitaire de quatre années consacrées aux arts. C'est ainsi, par exemple, que John Lennon obtient l'autorisation de faire répéter les Quarrymen dans la cantine de son établissement. D'autres (comme Eric Clapton, David Bowie, Pete Townshend, Nick Mason, Roger Waters, Jeff Beck, Eric Burdon, Rick Wright, Keith Richards, Ron Wood, Ray Davies et son frère) font cette même expérience d'un dilettantisme financé par l'Etat. Tandis que les initiateurs disparaissent tragiquement (Buddy Holly, Ritchie Valens, Eddie Cochran.) ou connaissent des destins mouvementés (Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Gene Vincent, Elvis Presley.), le rhythm'n'blues émigre en Angleterre telle une valeur stimulante. L'industrie du show-biz a trop longtemps méprisé le potentiel fantastique des artistes noirs issus du gospel, du blues et du doo-wop. Et ce sont ces disques exportés comme de vulgaires surplus qui vont susciter l'éclosion spontanée d'un style britannique aussi singulier que révolutionnaire : la Beat Music. Les groupes porteurs de cette révolution se nomment les Beatles, les Rolling Stones ou les Who. Le jeune public s'identifie aussitôt à ceux qui apparaissent comme les nouveaux héros d'une contre-culture. Les industriels anglais ne passent pas à côté du phénomène et vont follement amplifier la percée de ces groupes. Cette ascension débute en 1957 et est vite relayée par les médias britanniques. L'explosion du rock anglais (due aussi à des producteurs de génie (George Martin, Giorgio Gomelsky Shel Tamy, Andrew Oldham.) se mue en véritable invasion aux Etats-Unis et partout dans le monde. Christophe Delbrouck retrace avec brio cette fabuleuse aventure, à la fois culturelle, sociale et politique. Une aventure qui enthousiasmera et marquera profondément plusieurs générations. A NOTER Un second tome paraîtra courant 2013, consacré aux années 1965-1970, Psychedelia L'AUTEUR CHRISTOPHE DELBROUCK, musicien et compositeur, est notamment l'auteur de Frank Zappa / Chronique discographique (EditionsParallèles), Weather Report (Paréiasaure ; rééd. Le Mot et le Reste, 2007), Carlos Santana & la danse des solstices (Editions Larivière /Rock & Folk), la trilogie Frank Zappa & les mères de l'invention, Frank Zappa & la dînette de chrome et Frank Zappa et l'Amérique parfaite (Le Castor Astral, 2003, 2005 et 2006), The Who (Le CastorAstral, 2007), Live : une histoire du rock en public (Le Mot et Le Reste, 2009), Crosby, Stills, Nash & Young (Le Castor Astral, 2009) et Live, une histoire du rock en public (collectif, Le Mot et le Reste, 2011).

03/2013

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Communication - Médias

Le monde à la une. Une histoire de la presse par ses rubriques

Pour la première fois, une histoire de la presse par celle de ses rubriques. Une grande aventure, portée par les meilleur·es spécialistes, littéraires ou historien·ne·s, et qui nous fait parcourir près de deux siècles dans la presse française, tout en s'interrogeant sur la manière dont les supports informent leurs lectrices et lecteurs des événements du monde. " EDITO Depuis bientôt deux siècles, la presse française rubrique le monde. A celles et ceux que leurs vies ne jettent pas sur les grands chemins, elle a apporté et apporte encore, chaque jour, des récits et des images d'ailleurs. Elle l'a fait très différemment selon les époques. Les choses ne se passaient pas de la même façon avant le télégraphe électrique, avant le téléphone, avant le bélinographe, avant la radio, avant la télévision, avant Internet. Elle le fait très différemment, surtout, selon les rubriques. On ne raconte pas le monde de la même façon dans le roman-feuilleton, la chronique boursière, la correspondance, le reportage, la mode, le sport, la météo, l'horoscope. On ne le montre pas de la même façon à la Une, en gravures, en photographies, en caricatures, en bandes dessinées. Celles et ceux qui ont participé à ce livre sont toutes et tous, d'une façon ou d'une autre, des universitaires spécialistes de leurs rubriques et de la façon dont celles-ci ont donné à voir et à lire le monde. Nous leur avons demandé très précisément : 1°) De partir d'un exemple précisément situé : une date, un événement, un journal. 2°) Depuis ce point de vue, nous leur avons demandé de faire l'histoire de la rubrique elle-même, en remontant autant que possible dans le temps et en redescendant autant que possible jusqu'aujourd'hui. 3°) Nous leur avons demandé d'expliquer en quoi chacune de ces rubriques a permis à ses lectrices et à ses lecteurs de saisir - ou pas - la complexité du monde. 4°) Nous leur avons suggéré d'écrire leurs textes comme bon leur semblait, avec le style approprié, car ce livre veut être ce que les journaux sont depuis deux siècles : des espaces de liberté et d'invention. Nous les remercions d'avoir joué le jeu, en ces temps où les universitaires sont si occupés à des tâches parfois un peu tristes. Ils ont fait, à leur tour, la preuve que le savoir peut être joyeux. Nous vous présentons ce livre dans l'ordre chronologique des exemples choisis. Il n'est pas question de prétendre ici que la presse a toujours été une merveilleuse fenêtre ouverte sur le monde. Bien au contraire - et vous vous en rendrez vite compte - elle a souvent été le lieu de solidification des identités locales et nationales. Elle a parfois perpétué des stéréotypes dont nous aimerions nous défaire. Si elle s'est ouverte à la globalité, c'est en raison de mouvements généraux qui, pour une bonne part, la dépassaient. Mais, avec une grande diversité d'expression, dont ce livre veut rendre compte, elle a aussi fait autre chose, modelant en grande partie notre façon de voir, de comprendre et de ressentir le monde. En ces temps de profonds renouvellements du journalisme - sites Internet, commentaires, fake news - et cependant que la " mondialisation " fait l'objet de tant de débats, il est important de revenir, attentifs et amusés, sur une histoire qui nous concerne tous. Marie-Eve Thérenty et Sylvain Venayre "

09/2021

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Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

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Manga

Pack Boy's Love Partie 30 . Avec 5 Mangas Yaoi

Ce pack manga contient : It will be attacked if i walk (176 pages - Volume : One Shot) : Ayumi Hirakawa, élève modèle au lycée, ne comprend pas l'intérêt que lui porte son sempai Isezaki, qui vient d'une riche famille, et qui a le monde entier à ses pieds. Le fait qu'Ayumi semble être le seul à résister à son charme n'a pas l'air de plaire à Isezaki, qui décide de tout mettre en oeuvre pour le faire tomber amoureux de lui...La situation s'annonce dangereuse pour Ayumi ! Parce que c'est l'essentiel (162 pages - Volume : One Shot) : Ryûji, salarié sans la moindre once de délicatesse, et Tomoya, barman gay, sont amis depuis le collège. Ce dernier avait déjà dit à Ryûji qu'il n'était pas du tout son genre, et leur amitié semblait inébranlable. Pourtant une nuit bien arrosée, alors que Ryûji vient de voir sa demande en mariage rejetée, Tomoya le console en lui disant " je suis content que tu ne l'aies pas épousée ", avec ce sourire empli de tristesse dont il a le secret. Sans même savoir pourquoi, Ryûji éprouve tout à coup un irrépressible désir pour cette main qui lui caresse la tête... ! ? Loveism (176 pages - Volume : One Shot) : Depuis le lycée, Kento Amano est désespérément amoureux de son sempai, Ryôsuke Momo, qui accepte de coucher avec n'importe qui, mais qui refuse d'entamer une relation amoureuse sérieuse. Persuadé qu'il s'agit d'une façon de combler un manque d'amour, Amano décide de faire de son mieux pour le rendre heureux, mais Ryôsuke continue encore et toujours à repousser ses avances, jusqu'à ce qu'ils finissent par se perdre de vue.Quelques années plus tard, affamé et sans domicile, Amano retombe par hasard sur Ryôsuke, qui lui propose de l'héberger et de l'employer. Le jeune homme est fou de joie à l'idée d'habiter avec son sempai adoré, mais Ryôsuke le prévient : Amano ne sera qu'un "serviteur" pour lui ! Par ailleurs, Amano ne tardera pas à se rendre compte qu'il ne s'agit pas du seul obstacle dressé sur sa route...Comment je suis devenu majordome (175 pages - Volume : One Shot) : "A partir d'aujourd'hui, tu seras majordome ! "Kiyotsugu, chef du clan Dôma et otaku sur les bords, décide un jour de revisiter entièrement le look des membres de son clan, afin d'éviter qu'ils soient pris pour des yakuzas. Fujizuka, qui s'occupe de lui depuis son enfance, écope donc de la fonction de majordome, ainsi que de l'habit assorti. Mais, si Kiyotsugu semble beaucoup s'amuser à rhabiller les membres de son clan et à s'affubler lui-même de tous les accoutrements possibles et imaginables, il semblerait que ses actes cachent une motivation plus sérieuse...Fujizuka parviendra-t-il à comprendre les intentions de Kiyotsugu, alors que celui-ci multiplie les tentatives maladroites pour exprimer ses sentiments ? Kiss and Loving (192 pages - Volume : One Shot) : Ayumi Hirakawa, élève modèle au lycée, ne comprend pas l'intérêt que lui porte son sempai Isezaki, qui vient d'une riche famille, et qui a le monde entier à ses pieds. Le fait qu'Ayumi semble être le seul à résister à son charme n'a pas l'air de plaire à Isezaki, qui décide de tout mettre en oeuvre pour le faire tomber amoureux de lui...La situation s'annonce dangereuse pour Ayumi !

09/2015

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Thèmes photo

Oileán Arann. Une île faite main

Sur l'archipel irlandais d'Aran, surexposé aux éléments, les habitants ont construit des milliers de murets de pierre sèche pour délimiter des parcelles cultivables. Que révèlent ces paysages témoins d'une histoire ancestrale qui interroge notre relation complexe à la terre ? Ce livre est une sorte de guide de voyage porté par les regards d'une photographe et d'un philosophe. Si L'Homme d'Aran (1934) de Robert J. Flaherty a rendu mondialement célèbre la puissance d'évocation de ces paysages, Aran prête autant à l'étude scientifique et à la rêverie poétique qu'à la méditation philosophique : ses surfaces témoignent d'une domestication du monde, d'un man's land précaire, à jamais provisoire. L'archipel d'Aran, dans la baie de Galway en Irlande, est un bout du monde occidental surexposé aux éléments. L'érosion a restreint la formation naturelle d'un sol fertile sur ces îles calcaires : leurs habitants ont dû créer de minces parcelles cultivables, délimitées par des milliers de murets de pierre sèche assemblés par gravité. Par un harassant effort collectif, à la seule force de l'énergie musculaire, humaine et animale, et avec très peu d'outils. Ce plateau de maillage de pierres est bordé par de hautes falaises. Le pourtour est ponctué d'énigmatiques " forts " d'architecture préchrétienne. La photographe Beatrix von Conta a fait le voyage d'Aran en 2019. Elle y a poursuivi son travail au long cours sur des " paysages contradictoires ", scrutant la permanence des traces du passé, relevant les signes de résistance et de ruptures inscrits dans les surfaces matérielles. Attentive aux transformations des lieux dans la durée historique, la série se confronte à la mémoire diffuse et involontaire du travail humain, omniprésente, sur cette " île faite main ". Ce livre poursuit le " questionnement sans jugement " de la photographe dans un rapport complexe à une réalité où se mêlent herbe, pierre, air et eau. Le paysage est aussi pour elle une fiction que l'image photographique rend possible. Une réalité nouvelle, offerte par le cadrage et le point de vue. Ces pierres assemblées dans un apparent déséquilibre, auto-bloquées sans liant ni joints, sont autant des obstacles visuels que des voies de franchissement du pas et du regard. Qu'est-ce qui émeut tant dans ses photographies, et de quelle beauté s'agit-il ? Que révèlent ces paysages fabriqués de main d'homme, témoins d'une histoire ancestrale qui interroge notre relation complexe à la terre ? En parallèle du parcours visuel, le philosophe Olivier Gaudin interroge la lente formation du territoire d'Aran, de sa géologie à ses architectures et à ses paysages. La pierre calcaire sombre se retrouve dans toutes les constructions anciennes, sans exception - habitations, églises, tours de guet, phares. Les formes des paysages sont issues d'une très longue hybridation des activités humaines avec les processus spontanés appelés aujourd'hui " naturels ", mais que l'on associait tout aussi volontiers, par le passé, aux intentions de puissances autrement sauvages. Les éditions Créaphis poursuivent avec ce livre une réflexion sur les caractères des paysages et leurs potentialités de résistance face aux menaces qui les environnent. Ce livre est un " vrai faux " guide de voyage nécessaire autant aux futurs arpenteurs qu'à ceux déjà amoureux de l'île, grâce à ces regards d'auteurs à hauteur d'oeil et pas à pas.

11/2022

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Sciences historiques

Une histoire des sens

Parmi les historiens français d'aujourd'hui, Alain Corbin est l'un des rares qui soit reconnu internationalement comme un "maître", ayant réussi à créer autour de lui et à partir de son oeuvre mieux qu'une "spécialité" de plus (les sensibilités), une nouvelle manière de faire de l'histoire. Corbin est, par excellence, l'historien des sens, l'historien des émotions, l'historien des corps. Il réussit ce tour de force de nous faire comprendre le plus intime grâce à une lecture sans préjugé des documents d'époque. Et ce corps-là, c'est déjà le nôtre. Ce volume offre un échantillon remarquable des trois grandes manières qu'a l'auteur d'aborder ses terres familières. Le Miasme et la jonquille fut en son temps (1982) - et demeure - un manifeste pour une histoire du sensible. Il s'agissait de prouver tout à la fois que : faire l'histoire d'un sens (ici l'odorat, ou, pour être précis, de la "sensibilité olfactive") était un projet tout aussi noble que de faire l'histoire de Napoléon ou de la révolution industrielle ; cette histoire était possible, grâce à une lecture intelligente des documents à notre portée, depuis les règlements municipaux jusqu'aux poèmes romantiques. On retrouve cette méthode dans plusieurs des principaux livres qui ont suivi, comme Les Cloches de la terre (sur la sensibilité auditive de la "France profonde", déjà moderne mais encore rurale) ou Le Territoire du vide, où il reconstitue ce moment étonnant où l'homme moderne (anglais, d'abord) a inventé la mer comme loisir, autrement dit le "balnéaire", invention contemporaine de celle de la montagne. Le Village des "cannibales" (1990) est une de ces monographies villageoises qui nous plaisent tant (ici la petite commune de Hautefaye, dans le nord de la Dordogne), mais saisie dans un moment de paroxysme. Une journée de folie collective, au coeur de l'été 1870 où, sous l'effet de l'entrée en guerre et des premiers désastres, une foule réunie pour une foire traditionnelle se transforme en collège de bourreaux. Le supplicié (les détails sont atroces) est un jeune aristocrate, supposé républicain mais surtout, par cela même, "prussien". Cette étude - toujours d'actualité - est d'autant plus fascinante pour le lecteur que, par ailleurs, le même explorateur des émotions sait comme aucun autre reconstituer ici l'histoire de La Douceur de l'ombre (L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours, 2013), là de L'Harmonie des plaisirs, autrement dit des manières de jouir, du siècle des Lumières à l'avènement de la sexologie (2007). Autre exploration : celle du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) où Corbin s'est lancé sur les traces d'un inconnu. Un sabotier analphabète de la région natale de l'auteur, qui vécut 78 ans au XIXe siècle sans laisser aucune trace directe mais dont l'historien réussit à reconstituer l'univers, matériel aussi bien que mental, avec la même finesse que celle qu'on réservait jusque là aux "grands hommes". Un véritable tour de force et un ouvrage unique en son genre : plus de 300 pages sur "un homme sans qualité". Projet a priori infaisable et pourtant mené à bien. En complément, on a sélectionné un ensemble de courts textes qui permettent d'éclairer la démarche de l'auteur, les uns plus programmatiques ("Invitation à une histoire du silence"), les autres partant d'une étude de cas pour creuser l'intime ("Ecriture de soi sur ordonnance", ou l'histoire des pollutions nocturnes de M X, patient d'un professeur de faculté).

01/2016

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Relations parents, enfants, en

On peut se dire un mot ? Ou comment communiquer sereinement avec les parents

Après avoir abordé des sujets liés à la pratique de classe (la différenciation avec Comme un poisson dans ma classe et l'évaluation positive avec Y a de l'éval' sur la toise) et un sujet lié à la relation des professeur(e)s avec leurs élèves (la gestion des élèves à comportement difficile avec Tu me fais une place à côté de toi ? ), Vincent Paré aborde maintenant un sujet lié à la relation de l'enseignant(e) avec un autre acteur incontournable de l'école : les parents. C'est un sujet qui préoccupe les enseignant(e)s car s'ils ont à coeur d'établir de bonnes relations avec les parents, ils ont très souvent à gérer des situations délicates : parents en colère, irrespectueux, contestataires... mais aussi parent seul, divorcé, absent... Les situations où il devient difficile d'établir une relation sereine sont multiples et variées. Sans chercher à donner de leçons, ce roman pédagogique tend à éclairer les enseignant(e)s en passant par l'histoire de Caroline, maîtresse devenue directrice d'école, qui s'interroge sur ses expériences et, découvre des réponses au fur et à mesure du chemin qu'elle effectue à la fois, dans les montagnes de son enfance en Ariège et dans le temps en relisant des lettres du passé. N'imposant aucune marche à suivre, l'auteur donne, à travers la fiction, des sources d'inspiration pour développer ses aptitudes à adopter une communication positive et bienveillante à l'école. L'histoire se passe dans les Pyrénées ariégeoise où Caroline est partie se ressourcer. Elle raconte, à l'occasion de ses différents périples, ses expériences et réfléchit aux réponses à apporter pour mieux gérer ses relations aux autres. Elle effectue une sorte de chemin initiatique en 9 épisodes : - Episode 1 : Le vieux berger de l'òrri --> Identifier les rôles de chacun, parents et enseignant(e)s - Episode 2 : L'inconnue des étangs de pierre --> Questionner ses intentions avant de parler - Episode 3 : Le bavard de la cascade d'Ars --> Ecouter sans conseiller - Episode 4 : Le montreur d'Ours d'Ercé --> Identifier les émotions et sentiments derrière les paroles - Episode 5 : Le guide de Montségur --> Accompagner sans interpréter - Episode 6 : Les supporters de rugby --> Communiquer avec clarté et précision - Episode 7 : Le "mauditeur" du canyon --> Communiquer positivement - Episode 8 : La Crô-mignonne du Mas d'Azil --> Accueillir et inclure sans condition - Episode 9 : Les danseurs de Port Salau --> Se former collectivement à la communication positive En fin d'ouvrage, le "carnet des impertinences" fait la synthèse des notions de communication positive sous forme de schémas. Nouveau dans la collection : des fiches pratiques à télécharger pour mieux aider les enseignant(e)s à mettre en oeuvre les principes évoqués dans le roman L'auteur Vincent Paré, historien de formation, a été professeur en collèges et lycées, puis formateur d'enseignant(e)s. Depuis 2008, il est Inspecteur de l'Education nationale dans l'académie de Nantes et anime de nombreuses formations sur le bien-être à l'école, l'accomplissement personnel, professionnel et l'épanouissement de chacun(e). Du même auteur dans la collection Talents d'écoles : - Comme un poisson dans ma classe - Ou comment j'ai enfin réussi à différencier - Y a de l'éval sur la toise ! - Ou comment évaluer de façon positive - Tu me fais une place à côté de toi ? - Ou comment gérer les enfants à comportement difficile

10/2022

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Géopolitique

Mon cher Lula. Lettres à un président en détention

Au cours de sa détention, entre avril 2018 et octobre 2019, l'ancien président brésilien Lula a reçu près de 25 000 lettres de soutien de citoyens ordinaires. Avec une ferveur inouïe, ces " millions de Lula " solidaires témoignent de l'invention d'un Etat providence. Cette parole populaire exprime et incarne un rapport sensible à la politique. Dans cet ouvrage est présentée une sélection d'une quarantaine de lettres, accompagnées d'articles et d'analyses d'un collectif d'historiens brésiliens sous la direction de Maud Chirio, et d'environ 70 fac-similés de cette archive extraordinaire. Témoignages de solidarité, d'affection, de foi, de certitude de l'innocence de Lula dans l'affaire de corruption pour laquelle il a été condamné, ce récit choral est signé le plus souvent de personnes d'extraction très modeste qui n'écrivent jamais, travailleurs ruraux, ouvriers, femmes de ménage, retraités. Ces récits de vie chargés de solennité et d'émotion se situent dans une lignée qui dresse le portrait d'un demi-siècle d'histoire brésilienne. Les trajectoires de vie font écho à celle de Lula lui-même, par une migration, une ascension sociale, le fait d'avoir connu la faim, survécu à la misère, de s'être battu et d'avoir obtenu quelques victoires ; une façon de dire aussi ce que les combats et réalisations de l'ancien président ont changé à leur existence. La solidarité et l'aide (même matérielle : beaucoup de personnes envoient des vêtements, des livres, des couvertures, des objets religieux) apparaissent ainsi comme une rétribution de ce que l'ancien chef de l'Etat a, à leurs yeux, fait pour eux. (" Lula : Je suis, comme vous, fils de la pauvreté et nordestin. Conçu et élevé dans la souffrance "comme Dieu a conçu la patate", comme mon père avait l'habitude de dire. ") Malgré le très grand respect et la reconnaissance qui transparaissent dans les lettres, personne ou presque ne vouvoie le président. Qu'elle soit le fait de personnes d'origine extrêmement populaire, alphabétisées depuis peu, ou de professeurs, d'étudiants, de travailleurs sociaux, de militants du Parti des travailleurs ou de lointains sympathisants, cette parole témoigne d'une relation commune à Lula, faite de familiarité, d'intimité et d'affection (ainsi cette adolescente qui lui écrit pour lui dire qu'elle le trouve " trop beau "). Jusque dans les détails de la vie concrète, beaucoup parlent de nourriture, de ventre vide, ventre plein (" Je quittais cette maison, où on était habitué à prendre le petit déjeuner avec un aliment à base de tapioca ou de la patate douce, du couscous ou du manioc. "). Ce sont aussi les premiers emplois, l'aide à l'accession à la propriété (" et moi, ce péquenaud de l'intérieur, cet idiot du village, j'ai pu acheter un appartement ! "), le prêt social pour l'achat de sa " voiture du pauvre ", et la bourse qui a permis à un frère de poursuivre des études et bientôt d'obtenir un doctorat. Ces voix se font ainsi porteuses d'une histoire populaire du Brésil, des dernières décennies à aujourd'hui. En outre, cette proximité affective avec un homme d'Etat, largement étrangère à la sensibilité politique française, met au jour un autre rapport à la politique. Lula ne représente pas seulement les catégories populaires, aux yeux de ceux qui écrivent, par ses idées et ses discours, mais par son corps (son doigt mutilé par une machine-outil à 18 ans). Il incarne en plus de défendre.

03/2022

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Art contemporain

À mains nues. Parcours de la collection du MAC VAL

A mains nues Parcours de la collection du MAC VAL 192 pages 160 reproductions Format : 21 x 17 cm Broché, dos toilé pailleté, cahiers à la japonaise Textes : Marie Darrieussecq, Romina de Novellis, Alexia Fabre, Agnès Gayraud, Caroline Honorien, Philippe Liotard, Mélanie Meffrer Rondeau, Claire Moulène, Mathieu Potte-Bonneville, Fabienne Radi, Anne-Lou Vicente, Marion Zilio Graphisme : Lisa Sturacci Editions du MAC VAL ISBN : 978-2-900450-13-0 Parution : 8 avril 2022 15 euros Après "Le vent se lève" , exposition de la collection incarnant les relations que l'humanité entretient avec la Terre, le MAC VAL poursuit son exploration de l'humain en se recentrant sur le corps, son langage, son pouvoir et sa puissance de réinvention, avec cette nouvelle exposition "A mains nues" . Inédites ou plus anciennes, les oeuvres évoquent la réinvention de soi, le futur qu'il nous appartient de créer, à mains nues. En cette expérience partagée de la pandémie, d'empêchement de l'autre, de son contact, du violent constat de notre fragilité corporelle et de notre statut de corps vivant, nous avons eu envie de nous projeter dans le futur et de l'envisager avec désir, élan et espoir. Les oeuvres ici réunies racontent d'une part la corporéité et son langage, les fluides vitaux, les membres, dont les mains, qui incarnent la question de la réinvention de soi contre la réalité, la fatalité ou les déterminismes sociaux. La fiction, le récit, la mise en scène, le travestissement sont autant de stratégies mises en oeuvre par les artistes pour engager cette réinvention, douce, déterminée ou plus guerrière. Ont ainsi été composés des ensembles d'artistes particulièrement chers au musée et qui incarnent ces sujets : Annette Messager, Jena-Luc Blanc, Esther Ferrer, Gaëlle Choisne, Jean-Luc Verna, Nina Childress, Kapwani Kiwanga, Edi Dubien, Romina de Novellis, parmi d'autres... L'adresse à l'autre, à son regard comme à son corps, est au coeur des oeuvres, à travers la fabrication de sa propre image, portraits ou autoportraits qui résonnent ainsi avec les phénomènes historiques et contemporains de l'invention de soi, questionnant la distance au réel. Un réel souvent contredit, transformé par des artifices, maquillage, chorégraphie, tatouages, mises en scène... Il est avant tout question des langages des corps, de ce qu'ils peuvent dire, faire, enveloppe fragile, unique (? ), malléable, signifiante de l'âme qu'ils habillent et qui les habitent. Pour nous accompagner dans cet ouvrage, exclusivement illustré de photographies de ce nouvel accro- chage, nous avons invité des auteur. e. s et des artistes pour leur engagement, leur partage d'expériences positives, singulières et combatives, afin de l'ouvrir à des regards extérieurs, à d'autres voix. Exposition au MAC VAL à partir du 12 mars 2022. Avec les oeuvres de Boris Achour, Pierre Ardouvin, Bianca Argimón, Kader Attia, Elisabeth Ballet, Eric Baudart, Jean-Luc Blanc, Nina Childress, Gaëlle Choisne, Clément Cogitore, Mathilde Denize, Romina de Novellis, Angela Detanico ? /? Rafael Lain, Mario d'Souza, Edi Dubien, Mimosa Echard, Eléonore False, Sylvie Fanchon, Valérie Favre, Esther Ferrer, Nicolas Floc'h, Mark Geffriaud, Shilpa Gupta, Kapwani Kiwanga, Thierry Kuntzel, Emmanuel Lagarrigue, Ange Leccia, Natacha Lesueur, Annette Messager, Marlène Mocquet, Charlotte Moth, Frédéric Nauczyciel, Melik Ohanian, Bruno Perramant, Françoise Pétrovitch, Abraham Poincheval, Laure Prouvost, Judit Reigl, Jean-Luc Verna, Catherine Viollet, We Are The Painters...

04/2022

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CD K7 Littérature

Le Maître et Marguerite

Le Maître et Marguerite, « roman-univers » au même titre que Gargantua et Pantagruel, Don Quichotte, La Guerre et la Paix, ou encore La Montagne magique et quelques autres, est incontestablement le grand oeuvre de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940). Il l’appelle lui-même son « grand roman » . Son élaboration, son écriture ont occupé, plus ou moins secrètement, les douze dernières années de sa vie. L’étoffe dans laquelle est habilement « coupé » et façonné ce roman est un tissu serré de composantes autobiographiques et de savoirs, mais c’est un tissu dont on ne sent pas le poids. Ce « grand » roman n’est pas volumineux, comparé aux romans les plus célèbres d’un Tolstoï, d’un Dostoïevski ou d’un Victor Hugo. On vient aisément à bout de ses deux parties. Le lecteur non russe n’achoppe même pas sur le premier obstacle que constitue souvent pour lui la mémorisation des prénoms, patronymes et noms de famille, grâce à l’ingéniosité avec laquelle ils sont introduits. En Russie, actuellement, Le Maître et Marguerite est même considéré comme un « livre pour la jeunesse » : cet avatar inattendu de la grande popularité posthume dont il a toujours joui témoigne, en tout état de cause, de l’agrément et de la facilité que présente sa lecture. L’attrait le plus immédiat du roman tient à la richesse et aux rebondissements de son sujet. Le Maître et Marguerite se développe à partir d’une journée de printemps dans un quartier tranquille du Moscou soviétique des années 1920-1930. Sous le regard d’un énigmatique étranger, quantité d’événements « scandaleux », tragiques et comiques déferleront sur la population moscovite et sur quelques individus spécialement ciblés, des événements auxquels les victimes et les pouvoirs publics s’évertueront en vain à trouver des explications rationnelles, se refusant obstinément à leur attribuer une cause « magique ». Le lieu de la scène initiale a tôt fait de s’agrandir et les protagonistes de se multiplier : le cadre de l’action s’élargit à tout Moscou (centre et périphérie), à la Russie, à la Palestine et à tout l’au-delà. Un autre roman commence ici à s’imbriquer dans le roman « moscovite » ; il sera mené à son terme dans trois autres chapitres non consécutifs, ingénieusement intégrés dans le sujet contemporain. Il s’agit bien en effet d’un roman dans le roman, nourri de tout une documentation, biblique, apocryphe et légendaire, qui s’inscrit dans le genre fondé par Renan dans sa Vie de Jésus. Mais le héros en est Pilate plutôt que « Iéchoua » . L’écrivain génial qu’est le Maître, par manque de courage et d’audace, renonce à sauver son oeuvre menacée et préfère disparaître ; la téméraire Marguerite, prête à tout pour retrouver l’écrivain et son manuscrit, conclut une forme de pacte avec le fameux étranger, qui lui dit se nommer Woland, et se voit entraînée, de son plein gré, dans d’extraordinaires aventures. Si, malgré la complexité de son sujet, Le Maître et Marguerite n’est pas d’une lecture ardue, si l’on s’oriente sans effort aux croisements de sa double intrigue, cela s’explique, pensons-nous, par les talents de conteur et d’homme de théâtre que Boulgakov applique ici à sa prose romanesque. Mais comment ce roman pourrait-il être à ce point divertissant s’il ne l’avait pas été en premier lieu pour son auteur ? C’est d’abord pour se « divertir » lui-même d’une existence que des frustrations bien amères lui ont rendue insoutenable que Boulgakov entreprend, en 1928, son roman « sur le diable », d’abord sans intention, et bientôt sans espoir, de le voir jamais publier. Le Maître et Marguerite apparaît bien comme une quête à la fois passionnée et incertaine de Vérité et d’Absolu. La seule Vérité qui s’impose à l’écrivain, à laquelle il se voue avec une grande constance et un grand bonheur, c’est l’écriture. C’est, en définitive, un exploit d’écriture qui est illustré dans et par Le Maître et Marguerite, et qui s’y révèle superbement rédempteur.

01/2011

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Ecrits sur l'art

La folie du regard

Dans la première partie de cet essai, Laurent Jenny, à travers les images de l'art, s'intéresse aux turbulences du regard. La diversité de ces images révèle en effet que le regard est loin d'être une donnée naturelle, simple et commune. Chaque époque, chaque artiste et chaque medium redessinent une extension différente du visible, et remodèlent des usages dans le champ très vaste qui est celui du visible. Il y a loin des figures paléolithiques superposées émergeant pour quelques rares initiés d'une matrice minérale enveloppante et secrète - aux tableaux luxueux, surchargés de symboles savants et d'allusions aux pratiques sociales que constituent les peintures du Quattrocento. Tout comme les peintures éloquentes de l'âge classique s'opposent, par leur discours implicite, au type de contemplation muette appelé par les tableaux "silencieux" de l'âge moderne, de Manet à Morandi. Ce n'est d'ailleurs pas seulement la connivence du regard avec l'intelligible qui se transforme, mais aussi son appel aux autres sens, notamment le tactile, ainsi qu'en témoigne encore aujourd'hui une oeuvre comme celle de Giuseppe Penone, qui cherche passionnément à étendre la sensibilité optique à la surface entière de la peau. Les technologies de l'image ont aussi leur part dans cette constante redéfinition du voir. La photographie a ainsi délibérément réduit le point de vue au monoculaire et astreint le regard à un battement, non sans effets temporels. A l'inverse, les spectacles immersifs de l' "atelier des lumières" , veulent produire l'illusion que le champ du regard est à la fois mouvant, sans bords et infini jusque sous nos pieds. Cependant le pari que fait Laurent Jenny, qui est aussi celui de l'art, c'est que toutes ces images si diverses nous parlent et nous atteignent au-delà des significations qui ont été celles de leur temps et des intentions de leurs auteurs, au-delà même des circonscriptions de regard qui les régissaient. C'est précisément leur dimension énigmatique qui aiguise notre attention à elles et découvre dans notre propre regard des régions ignorées. Cela ne va pas sans déchirure de nos habitudes perceptives, ni retentissement émotionnel et éthique. Et ce sont ces chocs dont Laurent Jenny s'efforce de rendre compte dans la patience de l'écriture. La seconde partie de cet essai propose donc une déambulation libre et subjective à partir d'images énigmatiques et un approfondissement de leur étrangeté. Laurent Jenny s'y interroge ainsi sur le trouble que produit la facture porcelainée et cruelle des Judith de Cranach ou sur la dimension secrètement apocalyptique d'un tableau supposément aussi galant que "La fête à Rambouillet" de Fragonard. Il questionne l'anachronisme optique des oeuvres "qui ne sont pas de leurs temps" , comme les huiles italiennes de Valenciennes ou de Thomas Jones. Il se penche sur les horizons obstinément bouchés de Courbet, qui font refluer le regard vers la matérialité épaisse des surfaces. Il cherche à comprendre la puissance du monde graphique de Seurat dont les figures "absorbantes rayonnantes" semblent dotées d'une pesanteur nocturne et solitaire intimement liée au monde chromatique restreint du noir et blanc. Il relève les stratégies de Matisse pour domestiquer au-dedans l'espace effrayant du dehors. Dans Louons maintenant les grands hommes, il confronte la sécheresse des photographies de Walker Evans, illustrant la vie nue des petits blancs pauvres d'Alabama et la prose incandescente d'Agee comme deux traductions de la même expérience visible. Et enfin il retrace les tourments de Giacometti vivant une forme de "folie du regard" en essayant vainement de saisir le visage de son modèle japonais Yanaihara. En définitive, à travers ces réflexions et ce parcours dans les images de l'art, il s'agit pour Laurent Jenny de rouvrir le champ du regard à son extension variable, à ses connivences passagères et à son essentielle indétermination.

03/2023

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Europe

Dictionnaire amoureux de l'Ukraine

Un Dictionnaire amoureux qui nous immerge dans l'âme de l'Ukraine (histoire, littérature, poésie, musique, peinture, géographie, gastronomie...) par Tetiana Andrushchuk, violoniste ukrainienne qui fut professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev et Danièle Georget, auteure et rédactrice en chef adjointe à Paris Match. " Nous sommes un peuple de 42 millions d'habitants sur un territoire plus vaste que la France ou qui l'était, jusqu'à ce que la presqu'île de Crimée lui soit arrachée. Notre civilisation est plus ancienne que celle de la Russie, nos liens avec la France remontent au Moyen Age. L'Ukraine était un royaume avec Kiev pour capitale quand Moscou n'était qu'un bourg au milieu de nulle part. Pendant plus de trois siècles, nous sommes passés pour la province d'un empire qui nous avait pris jusqu'à notre nom. Mais lorsque les murailles de l'Union soviétique sont tombées, notre " terre qui n'est pas la nôtre " comme l'écrivait le poète, s'est réveillée. Enfin, elle allait pouvoir choisir son destin et cesser de suivre celui imposé par les autocrates de l'Est. Vingt-deux ans plus tard, Vladimir Poutine a cru pouvoir mettre un terme à cette " récréation ". Au nom d'un génocide, sorti de son imagination, contre les russophones, il a cru que ses soldats seraient accueillis avec le pain et le sel. Pour annexer l'Ukraine, il suffisait de cent cinquante mille hommes et d'un déluge de bombes. Ecrase-t-on une idée avec un marteau ? Je suis née à Kiev. Mon père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Il portait l'uniforme soviétique, comme près de sept millions de soldats ukrainiens. Près de la moitié ont été tués. Violoniste, professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev, j'ai reçu, à Moscou, les conseils du meilleur des hommes, un des rares violonistes dont les Français connaissaient le nom : David Oïstrak, né en Ukraine où il a étudié et commencé sa carrière. Et j'ai aimé de toute mon âme d'artiste la culture ukrainienne, de Chevtchenko, notre Hugo, à Silvestrov, comme j'ai aimé la culture russe, de Tchaïkovski à Tolstoï et Dostoïevski. Dans l'après-guerre, ma mère qui avait été chanteuse à l'opéra de Kiev, voulut me faire apprendre le français... " A quoi cela lui servira-t-il ? " lui demandait-on. Personne ne pouvait alors quitter l'Union soviétique. J'aimerais aujourd'hui raconter aux Français pourquoi notre identité n'est pas une invention de Maïdan, et pourquoi les Ukrainiens, tenaces, têtus, courageux, à l'image du boxeur Klitchko, montagne des rings qu'aucun coup ne parvenait à ébranler, font envers et contre tout, et depuis si longtemps, le choix de l'Europe et de la démocratie. Une nation est, comme un diamant, composée de milles facettes, si scintillantes que parfois elles nous aveuglent. Nous sommes le passé, le présent, les vivants et les morts, l'histoire et la géographie, la poésie, les oeufs peints de Pâques, les chemises brodées, le bortsch. Et la passion. La Russie, si prompte à renouer avec ses vieux démons, nous accuse du crime de fascisme : mais qui se trompe d'époque ? Aux femmes qui ont accouché sous les bombardements, à ceux qui se sont terrés dans leurs caves, à ceux qui ont passé leur rage en fabriquant des " cocktails ukrainiens ", à ceux qui tiraient les missiles stinger, à ceux qui distribuaient la nourriture dans les supermarchés, à ceux qui posaient les garrots, à ceux qui les fabriquaient, au sniper qui abattit le général Tchétchène, à tous ceux qui se sont battus, à ceux qui ont attendu. Et même à ceux qui doutent encore que l'Ukraine existe, je dédie ce livre. "

05/2022

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Histoire de la peinture

Traité de peinture. Tome 2, Lexique et diagramme

"Dans le Lexique, [les mots] s'agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d'un poil à l'autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu'elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu'il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n'y fit ; ceci sautait à cela. Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au mouvement des images et peut, modeste, s'attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant "cela ne se peut" , laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n'auraient pas déplu à Ovide". (Christian Bonnefoi) Second tome du Traité de peinture, ce Lexique des termes de la peinture est composé comme un roman lexical. Renouant avec la tradition des traités de la Renaissance, Bonnefoi prolonge l'action de la peinture et son savoir muet, sa technè, dans le médium du langage. Les rubriques classées par ordre alphabétique et appelées à s'enrichir virtuellement se développent dans des registres d'écriture variés passant de l'élaboration conceptuelle d'un terme à son inscription dans une histoire des techniques de la peinture ou à sa reprise poétique. Ainsi en est-il par exemple des notions de "détail" , "condensation" , "effacement" , "mode d'exposition" , "seuil" , "verso" ou encore du "collage" parmi une centaine d'autres termes du Lexique. Véritable "dispositif" , qui constitue avec le "Tableau" et le "Remake" l'un des trois modes techniques de la pratique de Bonnefoi, le "Collage" se développe dans une réflexion sur l'épaisseur du plan, la profondeur d'une réserve qui remonte à la surface picturale et la déborde, comme les souvenirs de la mémoire involontaire ou les "avant-corps" qui se détachent du "tableau" , tels les simulacres de Lucrèce. Comme l'écrit Bonnefoi, le collage n'est pas réductible à cette invention technique des cubistes, "il signifie que la surface comme entité, héritée du Quattrocento, n'est plus apte à accueillir les nouvelles formes, qu'il faut la dupliquer, voire la démultiplier, développer son expansion aussi bien dans ses marges que dans son épaisseur et sa matérialité" . Ce précepte vaut du même coup pour la langue où "le mot qui va prendre en relais la pointe la plus avancée de la peinture ne s'en détache pas pour autant entièrement ; il en conserve la coloration qui est sa façon à elle, la peinture, d'exister au-delà de son lieu, c'est-à-dire dans la langue" . La correspondance épistolaire (avec Jean Louis Schefer, Gilles Hanus, Pascal Bacquè, Norbert Hillaire, Michel Guérin ou Dina Germanos Besson) s'invite dès lors elle aussi dans l'élaboration des notions, qui convoquent pêle-mêle l'événement biographique, l'instance de la critique historique, la rêverie, la recommandation adressée au peintre, ou encore la description fine de ses opérations. Empruntées à la philosophie (l'accroissement du réel de Bergson), à la poésie (le calme bloc de Mallarmé), ou au roman (le Pays de l'Obscur de Proust) ou encore construites depuis l'expérience du peintre (comme ce que Bonnefoi nomme la division de la division), les notions du Lexique s'étoffent et densifient la constellation des relations qu'elles entretiennent entre eux au fil d'une lecture ouverte sur un labyrinthe des circulations possibles. Ce second volume du Traité comporte, en première partie, une introduction au Diagramme, qui est une mise en espace et une stratification de l'oeuvre de Bonnefoi.

11/2023

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Histoire de France

Intercenales/petites pièces à lire entre convives

Ces Petites pièces à lire entre convives illustrent, au sein de l'oeuvre latine si diverse d'Alberti (1404-1472) - d'abord plus connue pour ses dialogues de morale et ses traités techniques et théoriques -, la veine du serio ludere, cet art d'inspiration lucianesque qui a été si bien défini par Roberto Cardini dans Alberti o della nascita dell'umorismo moderno (1993). Ce dernier recueil ne fut jamais totalement achevé. Il resta, jusqu'à la mort de son auteur, in fieri, tel une sorte de laboratoire de l'invention, voire de l'expérimentation poétique, et par suite connut une fortune éditoriale des plus mouvementées. Eparpillées en divers manuscrits, les pièces qui le composent ne figureront pas dans la première édition des petites oeuvres latines publiées par Massimi autour de 1500 : il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que Girolamo Mancini publie en 1890 les deux premiers livres et le quatrième (le Defunctus et l'Anuli) et le XXe siècle pour que Cecil Grayson publie Uxoria. C'est seulement un hasard providentiel du dernier après-guerre (la découverte, dans les combles du couvent des dominicains de Pistoia, d'un manuscrit contenant les livres IV à X), qui permettra de se former pour la première fois une idée approchante de l'oeuvre intégrale. L'édition partielle des Intercenali inedite par Eugenio Garin (1964 et 1965) sera suivie à brève distance de l'édition des dix livres avec traduction anglaise de David Marsh (1987) et de deux éditions italiennes, de I. Gaghella (1998) et de F. Bacchelli-L. D'ascia (2003). Approfondissement de l'édition critique insérée dans le volume des Opere Latine publiées en 2010 (Roma, Istituto poligrafico) où elle est suivie de la traduction italienne de M. Letizia Bracciali Magnini, la présente édition, accompagnée en vis-à-vis par la traduction française de Claude Laurens qui conserve à ces textes toute leur vivacité et alacrité, est la première qui débrouille l'écheveau inextricable de la tradition, la seule qui soit fondée sur une hypothèse d'ensemble et sur la collation complète des témoins dont les rapports réciproques sont discutés dans l'Introduction générale consacrée tout entière à la prodigieuse génétique du texte (et qui, à cet égard fera date), ainsi que dans les introductions à chacune des pièces ; la seule aussi qui reproduise l'agencement (succession des livres et ordre des pièces à l'intérieur de chaque livre) du manuscrit P, lequel conserve, pour autant qu'on puisse le savoir, la rédaction "ultime" des Intercenales. Chaque texte a été pour la première fois subdivisé en paragraphes qui répondent à des scansions logiques, mais les portions de textes ainsi délimitées sont en général brèves, de façon à faciliter la triangulation parfois très complexe entre le texte et sa justification philologique et son commentaire qui occupent le deuxième tome. Dans le deuxième tome qu'il pourra ouvrir commodément à côté du premier, le lecteur trouvera, donné dans l'ordre des pièces, l'apparat critique, précédé pour la première fois, pour la vingtaine de textes transmis en rédactions multiples, par l'apparat rédactionnel. Suit, pour chacune d'elles, un vaste commentaire, mis en français, comme la grande Introduction, par Frank La Brasca, et fruit lui aussi de recherches de première main pour répondre aux objectifs suivants : la discussion sans complaisance des principales conjectures proposées par ses prédécesseurs et parfois aussi repoussées ; l'attention aiguë portée aux faits de langue, le latin d'Alberti mêlant, même si elles ont des poids différents, toutes les phases de la latinité ; le "démontage des textes" mettant à jour le travail de mosaïque théorisé ailleurs par l'auteur et permettant de mesurer le taux d'originalité de compositions nourries de culture antique ; mais aussi l'intertextualité interne, voire les autocitations - Alberti étant un de ces auteurs qui se sont constamment réécrits eux-mêmes ; enfin l'identification par un des meilleurs connaisseurs des genres et des styles qu'il expérimente dans une oeuvre placée, on le vérifiera avec délices, sous le signe de la varietas.

02/2018

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Sociologie urbaine

Récits de la ville malade. Essai de sociologie urbaine

Ces récits de la ville malade répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes, et décèlent les prémices d'un nouveau discours lié à la pandémie du Covid-19. Selon le vocabulaire international de sociologie des villes, le monde urbain contemporain s'enchante de ses Smart Cities, Green Cities, Inclusive Cities et autres Slow Cities mais qu'en est-il des Sick Cities ? Sont-elles restées dans l'angle mort de l'observation des chercheurs ? Les récits de la ville malade, rassemblés ici par le sociologue et historien Yankel Fijalkow, répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes. Ce livre propose trois " récits de ville " : les îlots insalubres au début du xxe siècle ; la critique du progrès dans les années 1970 ; la peur de la perte de l'authenticité dans les années 2000. Dans les textes politiques, les géographies littéraires ou les rapports d'expertise, la répétition de ces narrations s'inscrit dans une grammaire spécifique. Les îlots insalubres parisiens au début du xxe siècle, les campements, la Zone, les bidonvilles et les taudis contemporains sollicitent nos regards et nos jugements. Comme en 1950 puis en 1970, la pratique de la rénovation urbaine revient en 2000 suivant le mot d'ordre radical des politiques : démolir et reconstruire. Comme en 1930, les petites villes et les pays reviennent à l'agenda des acteurs de la ville : décideurs, élus, habitants. A chaque modernité nouvelle, les sociétés urbaines sont prises par la folie de démolir et retrouvent les accents d'une passion patrimoniale qui les conduisent à rechercher des espaces préservés et " authentiques ". Que dire de l'éternel recommencement, des discours des experts proposant de répondre à la " crise " ? Peut-on dresser la sociologie des récits de la ville malade obsédant l'histoire urbaine à la manière d'un ostinato ? Peut-on dessiner la géographie de ces lieux malheureux : marges, périphéries, centres et archipels ? Peut-on rapprocher les composants du Story Telling - du politologue William Roe Polk - sur la ville malade et la mise en scène du récit de la cité idéale ? Peut-on dépasser la rationalisation et la romantisation de l'urbain ? Yankel Fikalkow construit un discours dans le temps, un discours configuré et situé. Les représentations mettent en jeu l'imaginaire collectif de la ville, la manière dont se dessinent des intentionnalités capables de s'inscrire dans des projets comme l'a montré l'historien et géographe Marcel Roncayolo. Chaque situation de transformation urbaine apparaît comme une scène racontée par des acteurs sur des lieux et des processus spatiaux, persuadés de disposer d'un savoir légitime sur la ville. Car la formation du récit commun de la bonne ville est politique. Cette enquête interroge l'éternel scénario de la ville malade et pose un ensemble de questions face au présent de notre condition urbaine : est-il toujours porteur d'invention ? Les regards critiques sur la ville ne peuvent-ils que conduire les aménageurs à construire des Fake Cities ? Peuvent-ils les empêcher ? L'auteur, dans un chapitre ultime, propose une analyse à chaud de la pandémie du Covid-19, non pour décrire une situation clinique mais déceler les prémices d'un nouveau discours sur la ville malade. Ce chapitre développe les arguments suivants : l'oubli de l'hygiénisme et/ou sa réinterprétation partielle, imprécise et erronée ; la négligence à l'égard des sciences sociales et de la complexité des mondes sociaux urbains ; la quasi-incrimination de certains quartiers ; la méfiance renouvelée à l'égard des villes... La privation des usages publics de l'espace urbain au nom de mesures sanitaires est un problème majeur alors que l'un des maux qui frappent la ville contemporaine est le recul des espaces publics et leur transformation en espaces de marchandisation, de " mise en tourisme ", de " upgrade " au nom de l'attractivité, du confort, et, bientôt sans doute, au nom de critères environnementaux et sanitaires...

04/2021

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Photographes

August Sander, un photographe d'Allemagne

L'ouvrage est un essai d'histoire sur le photographe allemand August Sander (1876-1964) à travers son oeuvre et à travers sa vie. Essai d'histoire de l'art, d'histoire technique et aussi d'histoire sociale. Daniel Challe entreprend le " portrait dans le portrait " de cet artiste à l'envergure universelle, auteur des Hommes du XXe siècle. L'ouvrage est un essai d'histoire sur le photographe allemand August Sander (1876-1964) à travers son oeuvre et à travers sa vie. Essai d'histoire de l'art, d'histoire technique et aussi d'histoire sociale. C'est bien d'un artiste de son temps et dans son temps, un artiste d'Allemagne mais à l'envergure universelle dont Daniel Challe entreprend le " portrait dans le portrait " : il regarde les Hommes du XXe siècle à travers le regard du photographe. Ce corpus d'images peut être sans cesse réinterprété, réinterrogé, analysé et remonté. August Sander, artiste exceptionnel et à la trajectoire exceptionnelle, a construit une grande oeuvre malheureusement tronquée par la disparition de milliers de négatifs en 1944. Reconnu de son temps, comme lors de cette exposition très importante de 1927 à la Kunstverein de Cologne, il affirme alors, comme la ligne de conduite de toute son entreprise, ce qui sera sa formule la plus célèbre : " Voir, observer, penser. " Il y a dans le " système Sander " une intention encyclopédique à travers une typologie et une topographie (il reste ancré dans sa région de Cologne qu'il arpente avec méthode), une grande leçon de modestie, d'objectivité (que Daniel Challe décrit à travers l'évolution d'une sensibilité artistique conduisant l'artiste des premières approches pictorialistes à la Nouvelle Objectivité), une conduite jamais coupée de son époque et des influences artistiques et politiques. Musiciens, écrivains, architectes et acteurs posent pour le photographe qui commence à travailler au grand projet artistique de sa vie. Ce regard " objectiviste " sur la réalité sociale de son époque - à partir d'un inventaire à teneur sociologique des types humains, des différentes classes et catégories socioprofessionnelles - est réuni dans son livre de 1929 Antlitz der Zeit (Visages d'une époque) très bien accueilli à sa sortie. De la même façon et avec la même rigueur technique August Sander observe le paysage qui l'environne dans l'Allemagne de son temps. Sa recherche porte sur les liens existant ou pouvant exister entre les humains et l'environnement de différentes régions de son pays. L'arrivée des nazis marque un très violent et douloureux tournant dans la vie et l'oeuvre du photographe et de sa famille : l'un de ses fils est emprisonné et meurt en 1944 ; la même année une grande partie de ses négatifs est détruite dans un incendie. Malgré cette brisure irréparable il continue son travail qui atteint une nouvelle reconnaissance internationale en Allemagne et aux Etats-Unis. Daniel Challe analyse cette trajectoire avec sous tous ses aspects y compris les moins connus et présente avec la même clarté les contextes d'émergence des portraits, des paysages et des études botaniques en rendant ainsi justice à l'esprit de la démarche du photographe. Il met ainsi en valeur l'universalité du langage photographique. L'auteur convoque toutes sortes de sources et d'éléments comme des extraits des conférences radiophoniques sur la photographie que Sander a donné régulièrement dans les années 1930 mais aussi des auteurs, des historiens, des spécialistes de l'Allemagne contemporaine de Sander et des penseurs de la photographie (comme Simone Veil, Chris Harman, Philippe Artières, Olivier Lugon ou encore John Berger et Roland Barthes). Daniel Challe engage aussi sa propre réflexion sur son temps, soucieux de monter en quoi la " cosmogonie " Sander a laissé une empreinte durable non seulement dans l'histoire de l'art photographique mais aussi dans les pratiques artistiques contemporaines. Cet art documentaire, à mettre en relation avec celui des photographes français (comme Eugène Atget) ou américains (comme Walker Evans), continue d'exercer une influence considérable sur les jeunes générations de photographes. L'approche de Daniel Challe est originale en ce sens qu'il est lui-même photographe et que sa réflexion personnelle est motivée par un retour sensible sur sa propre pratique, sans pour autant développer la moindre référence à son propre travail ni à son métier d'enseignant. Il dit lui-même, en justifiant son désir d'écriture : Le livre de Sander est donc non seulement un document d'histoire, mais aussi une utopie. Utopie d'une autre Europe : celle dont nous sommes nombreux à rêver mais que nous ne voyons pas advenir. [... ] Un photographe, un pays, c'est un beau programme pour écrire l'histoire, pour raconter ce qui me touche dans cette oeuvre photographique plus que dans aucune autre. J'ai essayé de me tenir modestement à ce fil.

07/2022

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Beaux arts

Picasso

A la fois biographique et réflexive, cette monographie cherche à répondre à un certain nombre de questions que soulèvent le tempérament artistique et l'oeuvre exceptionnelle de Picasso surgis à une époque non moins exceptionnelle. Picasso y est considéré en fonction de sa situation en son temps, au sens le plus large du mot, bien au-delà des amitiés et des rivalités strictement artistiques du milieu parisien et français. Lui-même par nombre de ses prises de position n'a-t-il pas affirmé qu'il refusait de s'enfermer dans l'atelier et se réservait le droit d'intervenir dans les affaires du monde - d'y réagir et de leur répondre ? C'est donc d'un Picasso résolument moderne parce que constamment et consciemment confronté à la modernité du monde qu'il s'agira de montrer : comment il laisse cette modernité pénétrer dans ses travaux - matériaux, images, techniques, inventions - et comment, en réaction contre elle, il donne forme picturale ou sculpturale à des archétypes - à des passions, à des pulsions- dont, à ses yeux en tout cas, la permanence atteste de l'intemporalité. Mouvement d'acceptation mouvement de refus : cette confrontation sans trêve est, peut-être, l'explication la plus satisfaisante que l'on puisse avancer de la volonté de changement qui l'a animé au point de laisser l'oeuvre la plus polymorphe et la plus diverse de toute l'histoire de l'art. La réflexion se développe ainsi en quatre mouvements. Le premier, qui s'achève peu avant que la Première Guerre Mondiale révèle la face terrible de la modernité scientifique et industrielle, est celui de l'ouverture à toutes les modernités. La traversée rapide des styles artistiques issus de la Renaissance - de ce qui a été l'art et son histoire jusqu'alors- conduit au moment critique par excellence : le primitivisme, qui peut être pensé comme la négation résolue du moderne, et le cubisme, qui apparaît à l'inverse comme son acceptation et la façon la plus radicale d'en tirer les conséquences plastiques. Le deuxième, dont la conjonction du cubisme et d'un dessin quasi ingresque à Avignon au début de l'été 14 marque le commencement et qui dure jusqu'au début des années 30, se caractérise à l'évidence par la simultanéité de pratiques et de styles si distincts qu'on peut les penser incompatibles, le post-cubisme qui ne disparaît pas, le "néo-classicisme" et l'invention d'une autre peinture encore. Cette période pourrait être dite celle de l'artiste "maître du monde" , puisque capable de donner à chaque sujet et à chaque sentiment sa forme visuelle la plus juste - maîtrise qui est aussi celle d'une "vedette" à la prospérité visible, soupçonnable d'embourgeoisement ; celle, en somme, d'un Picasso assuré de ses moyens et de sa logique, de sa position et de sa gloire. La troisième se place sous le signe des monstres, quand la maîtrise maintenue pendant une quinzaine d'années éclate sous la pression d'évènements publics et privés qui sont tous de l'ordre du désordre et du drame. Il n'y aura pas d'ordre, il n'aura que des tragédies. Il n'y a donc plus lieu de maintenir l'équilibre complémentaire entre plusieurs styles, mais de se précipiter dans l'expérimentation, du côté des terreurs et des crimes avec pour principaux compagnons les surréalistes et surtout André Breton. A moins que l'on ne veuille reconnaître dans l'oeuvre picassienne des années 30 et 40 quelque chose comme l'équivalent de l'analyse freudienne - celle du "malaise dans la civilisation" qui tourne à la catastrophe. Ces vérités montrées, que reste-t-il à faire ? D'une part à pousser à ses extrémités les plus affolantes l'expérience de la violence - ce qui a donné la "dernière période" de l'oeuvre selon les terminologies habituelles, longtemps la moins admise et la plus redoutée. Et d'autre part à démontrer par la reprise et la mise à nu de leurs toiles que les grands prédécesseurs de Picasso avaient donné de l'humanité des représentations qu'il suffit de durcir pour y reconnaître les scènes d'Eros et de Thanatos, les Femmes d'Alger et le Massacre des Innocents, le Déjeuner sur l'herbe et L'enlèvement des Sabines. Dans un monde occidental qui se glorifie de ses nouveautés et de sa prospérité, le vieux Picasso rappelle inlassablement - et non sans une cruauté désabusée- que l'histoire est vouée à finir par des désastres - y compris l'histoire de l'art du reste.

10/2008

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Poésie

Toute la vie. Poèmes 1957-2016

L'ouvrage que nous présentons est de nature anthologique : aucun des nombreux recueils de Fernando Grignola n'ayant été traduit en français, il a paru plus fécond de le faire connaître au public de ce pays par l'intermédiaire d'un choix tiré de ses principaux livres, en proposant une édition bilingue, ou plutôt trilingue, les poèmes d'après 1983 n'étant plus écrits en italien, mais dans le dialecte d'Agno. C'est Christian Viredaz (voir son curriculum dans le dossier) qui en a assuré la traduction. Grignola e l'umanità in versi, " Grignola et l'humanité en vers " : ainsi le critique Renato Martinoni, professeur à l'université de Saint-Gall, intitulait-il un article d'hommage au poète paru dans le Corriere del Ticino le 17 novembre 2008. " L'humanité en vers " : il s'agit moins d'une ambition ou d'une intention de l'oeuvre que du constat reconnaissant qu'établit sa lecture, et auquel voudrait aussi faire songer, au-delà de la " récapitulation biographique ", le titre choisi pour cette anthologie, Toute la vie. Nombre de critiques et de poètes (notamment Renato Martinoni, Flavio Medici, auteur de la préface de ce volume, Ottavio Lurati, Franco Brevini, Pino Bernasconi, Franco Loi) ont reconnu chez Fernando Grignola un observateur ardent, un interprète, un portraitiste de la réalité aussi bien rurale qu'ouvrière d'une région qui résume en elle-même, dans l'histoire de ses transformations, celle du monde moderne chassant celui qui l'a précédé tout en éprouvant pour lui la plus profonde nostalgie. L'articulation décisive de cette oeuvre tient à la coprésence de ce qui est " d'antan " (une idée souvent reprise chez Grignola) dans le pays nourricier (La mamm granda da tücc, " notre grand-mère à tous " est le titre d'un des recueils) et des réalités contemporaines : d'un côté, un pays riche de parfums et d'harmonies, où se retrouver, se rassurer, le pays des racines (le mot revient fréquemment, en écho aussi bien à l'un des premiers emplois de l'auteur, tourneur de racines de bruyère dans une fabrique de pipes...), lié au rythme lent et précis des saisons, des activités humaines, d'une civilisation faite de valeurs et de chaleur humaines ; de l'autre, les cadences et les objets de la société contemporaine, qui ne sont pas sans conséquence, quelle que soit la fascination générale qu'ils exercent : l'irrespect de cette tradition naturelle, les faux mythes, les malheurs de la vie quotidienne (solitude, drogues, aliénation), la " maladie de vivre " que fait naître un monde de guerres et d'injustices éloignant l'homme de ses propres richesses. Mais cette sorte de " grand écart ", ou plutôt de " tension entre le monde des racines et l'univers de la standardisation " (Franco Brevini), a chance de susciter en chacun le besoin de plus en plus secret mais de plus en plus impérieux d'une intimité où retrouver les grandes questions de l'existence - la poésie ayant peut-être pour tâche et pour grandeur de rappeler ce besoin et de lui donner voix. Elle sait à la fois décrire et écouter toutes les réalités possibles, et, en évitant la séduction facile des sentiments prévisibles ou des pensées marquées au coin de l'idéologie, fût-elle écologie, de mettre en lumière la substance des choses et des actes et de se concentrer sur le particulier comme " le signe ", pour reprendre les mots du poète, " d'une réalité plus complexe et universelle " ; à cette fin, à mesure que l'oeuvre se poursuit, Grignola éprouve le besoin d'aller vers " une raréfaction incisive des vers et des mots " proche de l'épigramme, cependant que s'y déploie de loin en loin, entre nostalgie et espoir, indignation parfois devant les signes de la violence, de la ruine, de la dissolution, le sentiment d'un dépassement possible, d'une transcendance à laquelle aspire sa propre foi. - Mais entre nostalgie et espoir, dit Grignola récapitulant son rapport à cette oeuvre-vie, " je choisis ce dernier, même si je suis conscient de mon âge et de ses infirmités, qui me pèsent. Il ne sert à rien de déterrer le passé. C'est à chacun de nous de regarder vers l'avant, de semer et de cultiver le bien. [... ] Je demande seulement un peu de sérénité ; ma foi est sûre, je m'arrête tous les jours dans une église pour prier, en allumant un cierge pour Erica [son épouse décédée]. J'y trouve du réconfort, dans le silence et les grandes déchirures qu'ouvre la foi, où s'apaisent mes angoisses et mes larmes. " Dernier mot, peut-être, d'une oeuvre faite de tendresse pour l'impossible, de colère et de compassion, qui a choisi l'étrange et puissante humilité du dialecte (" poésie capable de se charger de l'histoire de celui qui la parle ou l'écrit ", dit l'auteur) pour ne pas s'éloigner de la réalité qu'elle évoque tout en convoquant " un monde lointain " : " Le dialecte, à mon sens, est comme r'imbiügh, la sève qui à la fin de l'hiver accélère puissamment la résurrection de la plante, et qui vous fait retrouver, dans les moments les plus imprévus, à travers des mots et des expressions qu'on croyait oubliés, des images, des événements, de visages, des voix, des odeurs et des parfums lointains, presque imperceptibles, comme d'une langue retrouvée dans sa pureté. "

01/2023

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Thèmes photo

Planches contact #13. Festival de photographie de Deauville, Edition 2022

Un festival sans entraves. Vous souvenez-vous de cette photo de Henri Cartier-Bresson réalisée en mai 1968 ? Elle montre un homme d'âge mûr, élégant, en costume sombre, chapeau vissé sur la tête, observant un graffiti de la révolte étudiante : "Jouissez sans entraves". Ce pourrait être le mot d'ordre de Planches Contact. Cette photo qui confronte deux univers opposés, qui interpelle, qui s'ancre dans la ville fait écho à l'esprit du festival et aux conditions privilégiées et assez rares de production et de présentation, permises par le support sans faille de la Ville de Deauville. Un contexte essentiel pour les artistes dans le climat actuel où, contre vents et marées, le festival de Deauville demeure une sorte d'îlot protégé où l'on peut regarder autour et produire en toute liberté. La préparation de Planches Contact est un long fleuve intranquille, un bouillonnement, une boucle ininterrompue d'une édition à l'autre, depuis l'élaboration du programme, la succession des résidences, la production "en direct" avec les artistes, la conception de la scénographie et la construction des installations, jusqu'au partage avec le public. Comme chaque année, un critère important de sélection est la variété des regards et la multiplicité des langages photographiques et des sujets traités. Démarches documentaires, récits imaginaires, poétiques, en images fixes ou animées, approches décalées, tous ont leur place. Les artistes ont pour seule consigne de profiter du territoire et de cette aide à la cre?ation, c'est-à-dire de prendre le temps de l'explorer en suivant leurs centres d'intérêt ; puis de laisser leur créativité s'exprimer librement en développant leur projet selon leurs propres codes. Se libérer des entraves, c'est aussi briser les frontières. Briser les frontières entre les cultures avec une programmation internationale allant de l'Italien Stefano De Luigi au Sénégalais Omar Victor Diop en passant par la Franco-Marocaine Carolle Benitah. Briser les frontières entre les générations avec des figures incontournables comme Bettina Rheims ou Raymond Depardon, et des photographes émergents sélectionnés dans le cadre du Tremplin Jeunes Talents. Briser les frontières entre les disciplines. A côté de la photographie, la vidéo, mais aussi l'architecture, le dessin, la musique et l'édition ont leur place au festival. La présence de l'actrice Jessica Lange, invitée d'honneur, crée également une passerelle avec le cinéma américain, cher à Deauville. Briser les frontières entre le visible et l'invisible, puisque, depuis son invention, la photographie a permis de tout montrer - les pays lointains, les terres inconnues, les tribus les plus reculées. Alors, pourquoi ne pas essayer de montrer l'invisible ou de changer de point de vue comme le propose Francesco Jodice avec son film 44 things seen by an alien anthropologist in Normandy ou encore de bouleverser le rapport à l'espace comme le fait Georges Rousse ? Briser aussi les codes avec les images inattendues de Raymond Depardon du littoral français en couleurs, d'une invitée d'honneur, Jessica Lange, plus connue comme actrice que comme photographe, les photos amateurs de la collection The Anonymous Project et avec les scénographies innovantes conçues avec Jean-Charles Remicourt-Marie. A la plage, sur la verrière de la piscine olympique, dans toute la ville, aux Franciscaines ou au Point de Vue, cette exhortation à jouir sans entraves s'adresse aussi aux visiteurs. Dans un monde bombardé d'images, prenons le temps de vraiment voir en abandonnant préjugés et habitudes. Restons ouverts à toutes les surprises et au surgissement de l'insolite. Regardons la réalité autrement, grâce aux artistes. Engageons-nous à leurs côtés avec la fondation photo4food pour un impact social concret. Laissons-nous happer par des photographies et des films qui racontent des histoires, où la Normandie est protagoniste ou décor, qui renversent une "vision formatée", ouvrent une fenêtre sur d'autres mondes et proposent un arrêt sur image sur nos sociétés. Planches Contact fête ses treize ans. Le festival investit désormais toute la ville. Le musée des Franciscaines, qui accueille depuis son ouverture grand nombre des expositions, devient, pendant les journées inaugurales, la Maison du festival avec de réelles occasions d'échanges et de rencontres avec les artistes exposés, grâce aussi à Planète Initial, qui cette année sera aux Franciscaines. Le réseau des amis du festival s'élargit. De nouveaux partenaires rejoignent le cercle de ceux de la première heure. Planches Contact grandit, forte de son passé, avec la turbulence et la curiosité de son jeune âge, et l'attraction de cet horizon immense, qui s'ouvre au-delà de la plage, comme une exhortation à garder les yeux et le coeur ouverts. Un grand merci aux photographes et aux artistes qui ont relevé le défi d'une résidence - avec ses risques et périls - et à ceux qui ont accepté de venir partager à Deauville leurs mondes et leurs expériences. A tous, merci de nous faire prendre le large. Laura Serani.

12/2022

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Economie

L'Occupation du monde. Tome 2, Généalogie de la morale économique

Dans le prolongement de l'Occupation du monde paru en 2018, Généalogie de la morale économique expose quelques-unes des voies par lesquelles s'est constitué l'imaginaire économique qui gouverne les sociétés occidentales et entrave l'appréciation de la catastrophe environnementale produite par l'expansion du capitalisme industriel et financier. Cet imaginaire forme une idéologie d'autant plus oppressante qu'elle se présente comme pure expression d'une nature humaine. Sous couvert de neutralité, elle constitue une morale inflexible qui enjoint à chacun de prendre une part active dans le cycle des opérations économiques. La démarche généalogique permet de restituer les dynamiques culturelles et sociales à travers lesquelles s'est formé, dans la longue durée, cette figure très particulière de l'humanité qui en vient à détruire méthodiquement les conditions de possibilité de sa survie. Il y a plus de 130 ans, Friedrich Nietzsche vitupérait la morale bourgeoise et ses hypocrisies, issues d'un christianisme déclaré "ennemi de la vie" . A l'âge de l'opulence, il n'y a plus guère de motif de faire porter la critique sur les conséquences délétères des "idéaux ascétiques" . La question qui se pose est plutôt de comprendre ce que signifient les idéaux économiques et le cheminement souterrain qui a fait procéder les seconds des premiers. Nous avons à déchiffrer, pour parler comme Walter Benjamin, l'affinité qui a permis au capitalisme de proliférer comme un parasite sur le christianisme Le livre se compose d'une douzaine d'études, distribuées en deux parties. Dans un premier temps, il sera surtout question d'explorer les mythologies chrétiennes liées au travail, en premier lieu celle qui sont issues du livre de la Genèse. En observant l'apparition d'une iconographie médiévale d'Eve filant la laine après l'expulsion, ou l'interprétation du verset (Gn 2, 15) qui indique qu'Adam a été placé au jardin d'Eden "pour le cultiver et le garder" , on verra comment s'est formée l'idée que l'être humain, homme ou femme, est naturellement destiné à accomplir un travail productif, histoire dans laquelle saint Augustin et Luther marquent des inflexions notables, mais qui débute avec la rédaction de la Genèse au VIIe siècle avant notre ère. L'obsession d'un usage efficace du temps, qui est au coeur de "l'esprit du capitalisme" décrit par Max Weber, dérive d'une très ancienne structuration monastique de la temporalité, occupée à la prière et au travail manuel, qui a été puissamment relayée à l'échelle de la société entière par la pastorale du Moyen Age central. Le bon usage de ce temps, par la vertu de l' "industrie" , fait apparaître l'histoire plus complexe d'une dimension qualitative du travail qui s'appauvrit brusquement au XVIIIe siècle, quand l'industrie s'applique, non plus à l'invention et l'habilité humaine, mais à l'action des machines. Le second volet du livre est consacré à l'examen d'une série de notions et d'institutions fondamentales pour les pratiques et l'analyse économique contemporaines, dont l'histoire remonte souvent au Moyen Age central. La mise en évidence de leur profondeur historique permet de mieux faire sentir les sous-entendus qu'elles véhiculent. On s'intéressera en particulier à l'histoire du concept de valeur, néologisme du XIe siècle, thématisé pour la première fois par Albert le Grand. L'ensemble du réseau notionnel qui lui est lié dans l'analyse scolastique du juste prix (utilité, rareté, besoin) permet de rectifier le préjugé habituel d'une émergence de la pensée économique à l'époque des Lumières. A titre de confirmation, on verra que l'imaginaire du "choix rationnel" est une reformulation de la théologie chrétienne du libre-arbitre. Les notions de "capital" et de "risque" qui émergent dans le commerce méditerranéen du XIIe siècle, sous la plume de notaires pisans, sont également liées à une notion de responsabilité individuelle. L'histoire de l'institution monétaire conduit elle aussi à identifier une origine médiévale, associée à l'émergence d'une conception de la souveraineté territoriale au XIVe siècle. Une relecture des débats sur l'usure permettra de comprendre que, loin de représenter un archaïsme dépassé, l'interdit permet d'exprimer l'existence d'une sphère de moralité supérieure, faite de rapports fondés sur la bienveillance et la gratitude, sans laquelle la sphère inférieure de l'échange utile et intéressé serait tout simplement invivable. Sur la base d'une critique historique de la conceptualité et de l'imaginaire économique, il sera possible formuler, en conclusion, quelques propositions en faveur d'une morale écologique, qui subordonne la recherche de l'efficacité économique à la préservation des milieux de vie et de la justice sociale. Ce travail d'histoire intellectuelle de longue durée, englobant l'ensemble du second millénaire chrétien (avec une excursion ponctuelle dans l'histoire biblique et patristique), mené selon les canons de la recherche érudite, assume une orientation explicite vers la formulation d'une philosophie politique écologique adaptée aux conditions de la crise actuelle.

11/2020

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Science-fiction

1985

Après le « Meilleur des Mondes », imaginé par Aldous Huxley… Après « 1984 » de George Orwell, Mathias Ollivier produit une œuvre dans la lignée de ses pairs. Dans ce roman, la mérule sert de métaphore et de fil rouge, pour désigner tout ce qui nous envahit et nous bouffe. L’impact que ce type de roman a sur la science-fiction amène à qualifier de dystopie tout texte d’anticipation sociale décrivant un avenir sombre… Plutôt que de présenter un monde parfait, « 1985 » propose le pire qui soit. Sans doute est-ce pour que l’on veuille le rendre meilleur ? C’est l’une des intentions de l’auteur dont le style ne laisse pas indifférent. « 1985 » décrit une société étouffée par la course effrénée à la consommation illusoire. L’action se déroule dans un univers décadent, à une époque comparable à celle de la « chute de l’Empire Romain » ; sous la pression d’un système dictatorial contemporain qui offre toutes les apparences de la démocratie, mais dans lequel les citoyens sont contraints à n’avoir plus qu’un seul amour : celui de leur servitude. Avec ce titre « clin d’œil », Mathias Ollivier, renvoi à la société son image. Il balance sa vision d’un monde en bout de course, qui se dévore lui-même. Un monde absurde, peuplé d’usagers dématérialisés, manipulés, par les détenteurs du pouvoir économique et politique. « 1985 » perturbe un peu et interpelle beaucoup ; en ces temps de crise économico-financière et révolutions technologiques, qui ébranlent les systèmes à l'échelle planétaire. Un certain nombre de faits désormais avérés amènent, en effet, à se demander comment l’on pourrait échapper aux projets du « nouvel ordre mondial » et préserver certaines valeurs. L'argument littéraire développé dans ce roman iconoclaste est proche de notre réalité sociale tout en dénonçant les dérives d’un futur proche ; ce qui lui ajoute une dimension tangible. Demain, c’était hier… Le héros, Marcus, jeune informaticien de haut vol, devient un despérado solitaire, luttant à sa manière contre le rouleau compresseur qu'est le « Centre Capitolain », lieu de pouvoir irradiant tout l’Empire de son attraction mortifère. Le « Centre », quintessence d'un capitalisme devenu « boîte de Pandore pubocratique » que personne n'ose refermer et ne peut encore moins contrôler. Marcus traîne son mal-être, entre Paris et Bruxellanum, dans le « pire des mondes », en réminiscence au récit de Suétone. Le « Centre » haut lieu de la « Pubocratie » offre sécurité, loisirs et plaisirs pour annihiler la conscience des citoyens, les gavant de « fake’s news » et de pubs qui leur font oublier qu’ils sont manipulés. L’agonie des hommes s'opère dans la servitude, l'estime de soi en déliquescence et dans la renonciation aux idéaux humanistes. La mérule, opiniâtre entité dont l'invisibilité met en lumière la désespérance du monde, ronge lentement jusqu'aux joutes amoureuses des citoyens, patiemment mais surement. Marcus, tel un gladiateur anonyme lutte contre les fantasmes qui le vampirisent. Il essaie d'oublier Vera. Il ambitionnait d’appartenir au « Centre » qui offre à ceux qui le rejoignent sans se poser de questions, une existence de choix, pour autant qu’ils abandonnent leurs ultimes principes et acceptent d’être pucés. Peu à peu il en devient dissident. Vera, une étrange "Poster girl" sur le retour, réservée aux plaisirs des patriciens VIP du « Centre », débarque dans la vie de Marcus et lui fait découvrir les tourments d'un amour explosif et destructeur, construit sur des pratiques BDSM poussées à l'extrême. Vera ne peut éprouver de plaisir autrement que dans la douleur, la torture tant physique qu'intellectuelle, déviance outrancière d'une relation exempte d'amour-propre et d'estime de soi... Sans doute a-t-elle quelques fautes à expier ? C’est que l’on va découvrir, entre autres mystères. « 1985 » à pour toile de fond une intrigue glauque bâtie des murs rongés d'une société aveugle, muette et sourde… Dès les premières pages, ce roman intrigue puis dérange ballotant le lecteur entre fascination et horreur. L’auteur traite de sujets graves touchant au bonheur avec une espèce d’humour cynique, au travers d’un langage cru parfois, mais non vulgaire. Certes, le vocabulaire de ce texte met mal à l'aise en pointant du doigt un certain degré de putréfaction dans la société actuelle. On ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la chute de l'Empire Romain et ses empereurs plus fous furieux les uns que les autres, entraînant dans leur folie une civilisation en bout de course. Un vent de luxure glacial et de peur souffle sur ce roman ; celui d'une dictature qui n'a aucun égard pour les libertés fondamentales de l'être humain... Il fut un temps où la dystopie éreintait le communisme triomphant, maintenant, elle fustige un capitalisme qui a depuis longtemps jeté aux orties ce qu'il pouvait avoir de meilleur. 1985 est certainement un de ces romans qui fait bouger les lignes. Un espoir rédemption point néanmoins à travers l’incroyable destinée de héros ordinaires qui prônent la « Révolution du bonheur », un bonheur sans contrepartie que tout être humain est en droit d'exiger… Ultime désir porté par des hommes de bonne volonté qui un jour oseront dire : "NON".

09/2018

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Français CP

Français CP Méthode de lecture 1, 2, 3, Lune ! Mon carnet d'apprenti lecteur, Edition 2021

Mon carnet d'apprenti lecteur 1. 2. 3 Lune ! Un carnet pour prolonger le travail de compréhension effectué à l'oral, et mettre en mémoire (en images ou en production d'écrit) les histoires entendues. 17 textes authentiques et diversifiés à écouter : Album, conte, poème, documentaire, dessin animé, oeuvre picturale, texte informatif Un travail sur les stratégies de compréhension mené principalement à l'oral, en groupe de besoins. Tous les conseils pour mettre en place un enseignement explicite et la différenciation dans le Guide pédagogique. Le + pour les familles : Un QR code (r) pour réécouter le texte à la maison Travailler sur les textes entendus pour éviter la surcharge cognitive " Nous faisons le choix de travailler sur des textes entendus pour éviter la surcharge cognitive. Notre méthode consiste à enseigner à l'élève les stratégies de compréhension qu'il doit mettre en oeuvre pour comprendre l'histoire entendue : se faire une représentation mentale de l'histoire pour être capable de restituer le récit, faire des inférences, restituer l'implicite, nommer les intentions des personnages, verbaliser les causalités, etc. Ainsi, dans le Guide pédagogique, nous proposons un travail sur des questions inférentielles plutôt qu'extractives. Nous invitons également à développer la culture littéraire des élèves pour faire des liens avec d'autres textes et à leur apprendre à interpréter les histoires d'un point de vue personnel et singulier. " Les auteurs -- 1. 2. 3 Lune ! Une Méthode de lecture en ateliers testée avec succès depuis 10 ans en REP/REP+ Une nouvelle méthode de lecture conforme aux recommandations du Guide orange Pour enseigner la lecture et l'écriture au CP Une véritable proposition de différenciation dans tous les supports Un enseignement explicite et ritualisé Une innovation totale pour lier décodage et compréhension Des outils modernes pour accompagner la mise en oeuvre Une méthode complète : code, lecture compréhension, geste d'écriture, copie, dictée, production d'écrit, étude de la langue Un dispositif innovant pour permettre à toutes les familles de s'impliquer dans l'apprentissage de la lecture. -- 1. 2. 3 Lune ! Une méthode innovante créée par Jean-Claude SEGUY Jean-Claude Séguy directeur de la collection 1. 2. 3 Lune ! a passé 25 ans en éducation prioritaire en tant qu'enseignant et directeur d'école. Il est ensuite devenu conseiller pédagogique et IEN du premier degré à Vaulx en Velin dans le Rhône. Toutes ces années jalonnées de constats, d'analyses et d'expérimentations, l'ont amenées à concevoir la méthode de lecture 1. 2. 3 Lune ! , testée pendant 10 ans en éducation prioritaire et qui répond à la grande hétérogénéité des élève, aux grandes difficultés rencontrées par ces élèves souvent allophones, aux problèmes de comportement des élèves n'ayant pas acquis un statut d'élève. " L'entrée dans l'apprentissage de la lecture se fait par le graphème, conformément aux préconisations des programmes de 2018, en appui sur les composantes orales de la langue. Pour une bonne compréhension de la segmentation des mots dans les phrases et une bonne acquisition des correspondances phonème-graphèmes, l'élève doit pouvoir entendre ce qu'il voit. C'est pourquoi, toutes les activités que nous proposons dans le manuel de code veillent à mettre systématiquement en scène les liens phonographiques grâce à des audios. Ces audios sont accessibles, en classe, sur le manuel numérique de l'enseignant et les tablettes des élèves, mais aussi à la maison, sur un smartphone via des QR codes(r). Tout élève est capable de progresser à condition qu'on lui donne les ressources dont il a besoin, au moment où il en a besoin. " En savoir plus sur Jean-Claude SEGUY, directeur de collection -- => A lire sur notre site : > 1. 2. 3 Lune ! On vous explique tous les outils de la méthode de lecture CP > Jean-Claude Séguy, directeur de la méthode de lecture 1, 2, 3 Lune ! : Un parcours au service de l'apprentissage de la lecture > 1. 2. 3 Lune ! Comment gérer des ateliers sur le code dans votre classe ? > Pourquoi étudier 2 graphèmes par semaine ? > Comment travailler la fluence avec 1. 2. 3 Lune ! > Les stratégies de compréhension dans 1. 2. 3 Lune ! > Comment associer les familles à l'apprentissage de la lecture avec la méthode de lecture 1, 2, 3 Lune ? > Un dispositif inédit pour travailler toutes les compétences de la lecture > Quand les oreilles entrent en jeu dans l'apprentissage de la lecture > Apprentissage de la lecture : la première semaine est fondamentale => J'y vais -- Les engagements des éditions Bordas : Vos collègues sont nos auteurs Nos manuels sont pensés et conçus par des professeurs qui enseignent au quotidien dans des environnements variés. Avec leur éditeur, ils créent des outils qui permettent à leurs collègues de travailler sereinement et efficacement et aux élèves d'avancer dans leur scolarité avec confiance. Votre offre numérique Le manuel numérique enseignant est OFFERT et téléchargeable sur clé USB gratuitement aux adoptants du papier Nous sommes éco-responsables Bordas est un éditeur éco-responsable qui s'engage pour la préservation de l'environnement et utilise du papier issu de forêts gérées de manière responsable et d'autres sources contrôlées. >> En savoir plus sur notre démarche éco-responsable Nous imprimons en France Nous sommes très attentifs à réduire les émissions de CO2 liées au transport. Quand l'impression en France n'est pas possible, nous imprimons en Italie. Notre expertise au service de l'éducation Notre engagement : mettre la rigueur et l'expertise de nos auteurs et de nos éditeurs au service de l'éducation pour favoriser la réussite de tous.

03/2021

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Littérature étrangère

Histoire de la colonne infâme

L'oeuvre d'essayiste de Manzoni est un peu moins connue, mais sa Storia della colonna infame (Histoire de la colonne infâme), qui fait l'objet de ce projet de nouvelle traduction, est cependant elle aussi couramment (quoique moins systématiquement) étudiée à l'école, à l'instar de L'affaire Calas de Voltaire, texte avec lequel celui-ci a quelque parenté. La "colonne infâme" du titre désigne un monument qui fut édifié, par la volonté des juges, pour commémorer le procès (mené à grand renfort de terrifiants supplices), la condamnation et l'exécution, en 1630 à Milan, de plusieurs hommes accusés d'avoir propagé délibérément la peste par des "onctions pestifères" , c'est-à-dire en barbouillant les murs d'un certain quartier d'une substance empoisonnée, supposément mortifère. Cet atroce fait divers avait déjà inspiré à Pietro Verri, un représentant milanais de la philosophie des Lumières versant italien, un texte mémorable, Observations sur la torture, paru en 1769 (retraduit en français en 1992 et publié par les Editions Viviane Hamy), où l'auteur dresse un réquisitoire inflexible contre cette pratique intolérable. En 1764, un autre philosophe, Cesare Beccaria , avait publié Dei delitti e delle pene (dont il existe, sous le titre Des délits et des peines, plusieurs éditions françaises récentes), un magnifique petit essai, très en avance sur son temps, contre la torture et la peine de mort. C'est dans ce contexte intellectuel que se situe l'Histoire de la colonne infâme. Mais, tandis que Verri et Beccaria publient leurs essais à une époque où la torture est encore en vigueur dans nombre de pays et régions d'Europe, et notamment à Milan , quand le texte de Manzoni paraît, en 1840, elle a été abolie - du moins officiellement - à peu près partout. L'intention de Manzoni n'est donc pas tout à fait la même que celle qui animait ses devanciers, lesquels visaient avant tout à démontrer le caractère exécrable et inutile de la torture et à la voir disparaître des codes de procédure. Pour Manzoni, cependant, il s'agit d'abord, sans doute, de consolider dans les esprits l'usage récent de ne plus mettre à la question les prévenus. On sait combien les progrès de ce genre sont fragiles et peuvent être abandonnés au détour de l'histoire ; quant à la torture, notamment, il serait naïf ou de mauvaise foi de prétendre qu'elle n'appartient qu'au passé lointain et aux civilisations archaïques. Sous des formes diverses, qui disent rarement leur nom, la torture demeure une réalité contemporaine, y compris dans nos démocraties avancées. On peut, d'autre part, supposer que Manzoni entend oeuvrer à son tour à l'amélioration, toujours possible, de la justice humaine : même sous une législation imparfaite, sinon coupable, les juges gardent la faculté de juger honnêtement. Mais, plus encore, il s'agit pour Manzoni de soulever une question générale, à la fois philosophique et politique : celle de la liberté de choix des individus, mise en regard de ce qu'on pourrait appeler, dans un anachronisme calculé, les conditionnements socio-historiques. Pour Verri, tous les juristes et criminalistes du passé sont coupables d'avoir toléré, cautionné et même encouragé la torture. Dès lors, les juges qui condamnèrent les supposés propagateurs de peste commirent, certes, une affreuse erreur judiciaire, mais dont la responsabilité incombe à la science juridique dans son ensemble, au système pénal en tant que tel - et même à l'état général de la connaissance et de la culture propres à leur temps. La faute des juges en tant qu'individus se dissout ou en tout cas s'estompe dans la mauvaiseté des lois et dans la cruauté à quoi conduirait invinciblement l'ignorance. La faute des juges n'est pas tant personnelle que collective, et indissociable d'une époque dont Verri - et avec lui tous les philosophes des Lumières italiennes - appelle le dépassement. Verri, en d'autres termes, travaille à éclairer son temps, pour le réformer dans le sens de la raison et de ce qu'on appellerait aujourd'hui les droits de l'homme . C'est sur cette question de la responsabilité des juges que Manzoni croise le fer avec son illustre prédécesseur. Dans l'Histoire de la colonne infâme, il s'attache à montrer que, même en des temps d'ignorance et dans un système pénal qui prévoit qu'on puisse infliger à un accusé - y compris en amont de la certitude de sa culpabilité - des sévices atroces, les juges conservaient la possibilité, la liberté morale de ne pas le faire. Aussi, reprenant en main les textes des juristes que Verri cite pour les accabler, Manzoni s'efforce-t-il de montrer que tous, bien que n'étant pas opposés par principe à la torture, recommandaient cependant de n'en user qu'avec discernement et modération, et jamais pour obtenir des aveux. Manzoni entend ainsi rendre justice aux criminalistes du passé, que Verri blâme selon lui injustement, au prix d'incompréhensions voire de distorsions des textes qu'il produit pour preuves de sa thèse. Mais il veut surtout convaincre que les juges qui, en 1630, firent torturer et exécuter ces malheureux, puis firent construire un monument en leur éternel déshonneur, disposaient, dans les traités juridiques de référence de leur époque, d'éléments qui leur auraient permis, qui auraient dû leur permettre de juger dignement. Selon Manzoni, si la torture était régulièrement en vigueur dans les affaires criminelles, et couramment pratiquée dès la phase d'instruction du procès, cela n'imposait pourtant pas à des esprits éclairés et probes d'y recourir. Les juges sont donc comptables à titre personnel de leur jugement, qui s'apparente à un crime. Manzoni défend ainsi l'idée que, de tout temps, jusque dans le pire des systèmes politico-juridiques, les individus conservent une part d'autonomie, la faculté de s'affranchir des préjugés de leur époque, et de se comporter selon ce qui est juste et bon. Ce qui est en jeu, implicitement, c'est donc aussi la question, ancienne et débattue depuis des siècles dans la théologie chrétienne, du libre arbitre. Mais tout autant, si l'on veut, avant l'heure, sa version plus moderne, celle du déterminisme - social, historique, politique, culturel. Sommes-nous libres de nos actions, de nos décisions, de nos pensées ? Ou sommes-nous si profondément (et inconsciemment) modelés par notre temps, par notre culture, par nos institutions, que nos "choix" ne sont, au vrai, que les conséquences inéluctables de ces divers conditionnements ? Pour l'écrivain italien, récuser l'idée que, malgré les aberrations de leur temps, malgré les vices de la forma mentis du monde auquel ils appartenaient, les juges de 1630 auraient pu juger justement reviendrait à admettre, ni plus ni moins, l'impossibilité générale et affreuse d'espérer que des hommes qui commettent un crime abominable puissent jamais agir différemment ; cela obligerait, en somme, à reconnaître que les pires scélérats ne peuvent aucunement, par principe, être tenus pour responsables de leurs forfaits : "Si, dans un ensemble de faits atroces commis par l'homme contre l'homme, nous croyons voir un effet des temps et des circonstances, nous éprouvons, en même temps que de l'horreur et de la compassion, un découragement, une sorte de désespérance. Il nous semble voir la nature humaine poussée invinciblement au mal par des facteurs indépendants de sa volonté, et comme enchaînée dans un rêve pervers et fébrile, dont elle n'a nul moyen de se déprendre, dont elle ne peut pas même se rendre compte". La question demeure d'une parfaite actualité. Il n'est que de songer aux polémiques qui ont entouré telles tentatives d'explication d'attentats terroristes récents en France. En réponse aux sociologues qui tentaient de comprendre ces actes dans un tableau causal complexe, des personnages politiques de premier plan objectèrent qu'expliquer, c'était déjà justifier. Plus que jamais, il nous semble au contraire requis, pour inconfortable que cela puisse être, d'enquêter inlassablement sur les raisons de la violence. L'Histoire de la colonne infâme nous est une invitation à ne pas refermer trop vite le questionnement sur les racines du mal.

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Littérature Italienne

Histoire de la colonne infâme

L'oeuvre d'essayiste de Manzoni est un peu moins connue, mais sa Storia della colonna infame (Histoire de la colonne infâme), qui fait l'objet de ce projet de nouvelle traduction, est cependant elle aussi couramment (quoique moins systématiquement) étudiée à l'école, à l'instar de L'affaire Calas de Voltaire, texte avec lequel celui-ci a quelque parenté. La "colonne infâme" du titre désigne un monument qui fut édifié, par la volonté des juges, pour commémorer le procès (mené à grand renfort de terrifiants supplices), la condamnation et l'exécution, en 1630 à Milan, de plusieurs hommes accusés d'avoir propagé délibérément la peste par des "onctions pestifères" , c'est-à-dire en barbouillant les murs d'un certain quartier d'une substance empoisonnée, supposément mortifère. Cet atroce fait divers avait déjà inspiré à Pietro Verri, un représentant milanais de la philosophie des Lumières versant italien, un texte mémorable, Observations sur la torture, paru en 1769 (retraduit en français en 1992 et publié par les Editions Viviane Hamy), où l'auteur dresse un réquisitoire inflexible contre cette pratique intolérable. En 1764, un autre philosophe, Cesare Beccaria , avait publié Dei delitti e delle pene (dont il existe, sous le titre Des délits et des peines, plusieurs éditions françaises récentes), un magnifique petit essai, très en avance sur son temps, contre la torture et la peine de mort. C'est dans ce contexte intellectuel que se situe l'Histoire de la colonne infâme. Mais, tandis que Verri et Beccaria publient leurs essais à une époque où la torture est encore en vigueur dans nombre de pays et régions d'Europe, et notamment à Milan , quand le texte de Manzoni paraît, en 1840, elle a été abolie - du moins officiellement - à peu près partout. L'intention de Manzoni n'est donc pas tout à fait la même que celle qui animait ses devanciers, lesquels visaient avant tout à démontrer le caractère exécrable et inutile de la torture et à la voir disparaître des codes de procédure. Pour Manzoni, cependant, il s'agit d'abord, sans doute, de consolider dans les esprits l'usage récent de ne plus mettre à la question les prévenus. On sait combien les progrès de ce genre sont fragiles et peuvent être abandonnés au détour de l'histoire ; quant à la torture, notamment, il serait naïf ou de mauvaise foi de prétendre qu'elle n'appartient qu'au passé lointain et aux civilisations archaïques. Sous des formes diverses, qui disent rarement leur nom, la torture demeure une réalité contemporaine, y compris dans nos démocraties avancées. On peut, d'autre part, supposer que Manzoni entend oeuvrer à son tour à l'amélioration, toujours possible, de la justice humaine : même sous une législation imparfaite, sinon coupable, les juges gardent la faculté de juger honnêtement. Mais, plus encore, il s'agit pour Manzoni de soulever une question générale, à la fois philosophique et politique : celle de la liberté de choix des individus, mise en regard de ce qu'on pourrait appeler, dans un anachronisme calculé, les conditionnements socio-historiques. Pour Verri, tous les juristes et criminalistes du passé sont coupables d'avoir toléré, cautionné et même encouragé la torture. Dès lors, les juges qui condamnèrent les supposés propagateurs de peste commirent, certes, une affreuse erreur judiciaire, mais dont la responsabilité incombe à la science juridique dans son ensemble, au système pénal en tant que tel - et même à l'état général de la connaissance et de la culture propres à leur temps. La faute des juges en tant qu'individus se dissout ou en tout cas s'estompe dans la mauvaiseté des lois et dans la cruauté à quoi conduirait invinciblement l'ignorance. La faute des juges n'est pas tant personnelle que collective, et indissociable d'une époque dont Verri - et avec lui tous les philosophes des Lumières italiennes - appelle le dépassement. Verri, en d'autres termes, travaille à éclairer son temps, pour le réformer dans le sens de la raison et de ce qu'on appellerait aujourd'hui les droits de l'homme . C'est sur cette question de la responsabilité des juges que Manzoni croise le fer avec son illustre prédécesseur. Dans l'Histoire de la colonne infâme, il s'attache à montrer que, même en des temps d'ignorance et dans un système pénal qui prévoit qu'on puisse infliger à un accusé - y compris en amont de la certitude de sa culpabilité - des sévices atroces, les juges conservaient la possibilité, la liberté morale de ne pas le faire. Aussi, reprenant en main les textes des juristes que Verri cite pour les accabler, Manzoni s'efforce-t-il de montrer que tous, bien que n'étant pas opposés par principe à la torture, recommandaient cependant de n'en user qu'avec discernement et modération, et jamais pour obtenir des aveux. Manzoni entend ainsi rendre justice aux criminalistes du passé, que Verri blâme selon lui injustement, au prix d'incompréhensions voire de distorsions des textes qu'il produit pour preuves de sa thèse. Mais il veut surtout convaincre que les juges qui, en 1630, firent torturer et exécuter ces malheureux, puis firent construire un monument en leur éternel déshonneur, disposaient, dans les traités juridiques de référence de leur époque, d'éléments qui leur auraient permis, qui auraient dû leur permettre de juger dignement. Selon Manzoni, si la torture était régulièrement en vigueur dans les affaires criminelles, et couramment pratiquée dès la phase d'instruction du procès, cela n'imposait pourtant pas à des esprits éclairés et probes d'y recourir. Les juges sont donc comptables à titre personnel de leur jugement, qui s'apparente à un crime. Manzoni défend ainsi l'idée que, de tout temps, jusque dans le pire des systèmes politico-juridiques, les individus conservent une part d'autonomie, la faculté de s'affranchir des préjugés de leur époque, et de se comporter selon ce qui est juste et bon. Ce qui est en jeu, implicitement, c'est donc aussi la question, ancienne et débattue depuis des siècles dans la théologie chrétienne, du libre arbitre. Mais tout autant, si l'on veut, avant l'heure, sa version plus moderne, celle du déterminisme - social, historique, politique, culturel. Sommes-nous libres de nos actions, de nos décisions, de nos pensées ? Ou sommes-nous si profondément (et inconsciemment) modelés par notre temps, par notre culture, par nos institutions, que nos "choix" ne sont, au vrai, que les conséquences inéluctables de ces divers conditionnements ? Pour l'écrivain italien, récuser l'idée que, malgré les aberrations de leur temps, malgré les vices de la forma mentis du monde auquel ils appartenaient, les juges de 1630 auraient pu juger justement reviendrait à admettre, ni plus ni moins, l'impossibilité générale et affreuse d'espérer que des hommes qui commettent un crime abominable puissent jamais agir différemment ; cela obligerait, en somme, à reconnaître que les pires scélérats ne peuvent aucunement, par principe, être tenus pour responsables de leurs forfaits : "Si, dans un ensemble de faits atroces commis par l'homme contre l'homme, nous croyons voir un effet des temps et des circonstances, nous éprouvons, en même temps que de l'horreur et de la compassion, un découragement, une sorte de désespérance. Il nous semble voir la nature humaine poussée invinciblement au mal par des facteurs indépendants de sa volonté, et comme enchaînée dans un rêve pervers et fébrile, dont elle n'a nul moyen de se déprendre, dont elle ne peut pas même se rendre compte". La question demeure d'une parfaite actualité. Il n'est que de songer aux polémiques qui ont entouré telles tentatives d'explication d'attentats terroristes récents en France. En réponse aux sociologues qui tentaient de comprendre ces actes dans un tableau causal complexe, des personnages politiques de premier plan objectèrent qu'expliquer, c'était déjà justifier. Plus que jamais, il nous semble au contraire requis, pour inconfortable que cela puisse être, d'enquêter inlassablement sur les raisons de la violence. L'Histoire de la colonne infâme nous est une invitation à ne pas refermer trop vite le questionnement sur les racines du mal.

03/2024

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Autres philosophes

Une pensée en exil. La philosophie de Rachel Bespaloff

Ceux qui l'ont rencontrée (Léon Chestov, Benjamin Fondane, Jean Wahl, Gabriel Marcel, Gaston Fessard, Jean-Paul Sartre...) l'ont considérée comme une femme d'une intelligence extraordinaire et d'une pénétration exceptionnelle ; pourtant, Rachel Bespaloff (1895-1949) est une philosophe encore presque inconnue. La rareté des textes qu'elle a publiés de son vivant, son existence trop précocement interrompue, la difficulté qu'il y a à la ranger dans une école particulière de pensée, n'ont pas contribué à sa notoriété. Ce n'est que récemment, et de façon confidentielle, qu'on a assisté au phénomène discret de la redécouverte - ou de la découverte pure et simple - d'une personnalité qui compte au nombre des plus représentatives de la culture européenne de l'entre-deux guerres. Rachel Bespaloff naît le 14 mai 1895 à Nova Zagora, en Bulgarie, et meurt le 6 avril 1949 à Mount Holyoke, une petite ville du Massachussets. Enfant d'une famille cultivée d'origine juive de l'Ukraine (le père, Daniel Pasmanik, était un membre éminent des cercles sionistes, et sa mère, Deborah Perlmutter, avait un doctorat en philosophie), elle vie ses deux premières années d'enfance à Kiev, puis passe son adolescence à Genève, où elle obtient un diplôme de piano et montre un talent hors du commun, au point qu'en 1919 on lui offre une chaire prestigieuse d'enseignement de la musique et de l'eurythmique à l'Opéra de Paris. En 1925, elle décide d'abandonner une carrière musicale qui semblait très prometteuse pour se consacrer entièrement à une sorte de " réveil philosophique " provoqué par la rencontre de la pensée existentialiste du philosophe ukrainien Léon Chestov. Dès lors, Rachel Bespaloff devient l'interlocutrice et la confidente privilégiée de nombreux penseurs d'orientation libérale, comme Benjamin Fondane, Daniel Halévy, Gabriel Marcel, Jacques Schiffrin, Boris de Schloezer ou Jean Wahl, qui louent chez elle des qualités de penseur raffiné et subtil. En 1930, la philosophe ukrainienne doit quitter Paris pour déménager à la Villa Madonna à Saint-Raphaël, où elle commencera bientôt à se sentir coupée de la ferveur intellectuelle de Paris et à souffrir de la solitude. Elle écrit pendant cette période une étude aussi lumineuse que serrée sur Etre et Temps, qui est l'une des premières discussions philosophiques - sinon la première - du livre de Heidegger publiée en français. Suivent d'autres essais sur Marcel, Malraux, Green, Kierkegaard, Nietzsche, Chestov, qui seront repris plus tard dans le volume Cheminements et Carrefours, publié en 1938. Pour échapper aux lois raciales, Rachel Bespaloff doit émigrer en juillet 1942 avec son mari, sa fille et sa mère, d'abord à New York, puis à Mount Holyoke, où elle travaille comme chargée de cours de Littérature française. Elle achève la même année la rédaction de ses Notes sur l'Iliade qui aboutiront à son second et dernier livre, intitulé précisément De l'Iiliade : des réflexions pénétrantes sur les raisons fondamentales de la guerre et sur l'ambivalence des objectifs et des valeurs qui caractérisent les héros homériques (la même année exactement, Simone Weil, relisant le poème d'Homère, écrira elle aussi L'Iliade, poème de la force ; une coïncidence d'intérêts et de recherches unit de façon aussi extraordinaire que remarquable les deux philosophes). Peu avant sa rencontre programmée et volontaire avec la mort, Bespaloff écrit quelques articles sur Van Gogh, Camus, ainsi qu'un essai développé, mais malheureusement inachevé, sur Montaigne, qu'elle intitule L'instant et la liberté. Même si elle connaît en apparence une période de grande créativité et de succès indéniable, auprès notamment de collègues et d'étudiantes qui ont pour elle la plus grande estime, elle vit ses années de séjour aux Etats-Unis comme un exil devenu progressivement insupportable. L'inconfort, la solitude l'emportent : sans laisser de trace ni autoriser d'explication " rationnelle ", elle décide brusquement de mettre fin à ses jours en ouvrant le gaz de sa cuisine. Elle a 54 ans. A la lumière des principaux événements qui ont marqué la biographie de Bespaloff, l'élément le plus significatif à prendre en compte pour étudier l'oeuvre est sans aucun doute l'exil : c'est lui qui résume le mieux en une réalité qui est aussi un rapport à l'existence l'expérience que Bespaloff a connue. Celle-ci doit en effet faire l'épreuve à maintes reprises de la condition d'exilé. Mais il y a plus important encore que les données objectives, qui montrent un exode incessant : la perception subjective de son état par la philosophe. C'est bien comme la sienne propre, c'est-à-dire plus profondément encore ne l'imposent des circonstances dramatiques, qu'elle vit la condition de l'exilé, de l'apatride, du réfugié, de celui qui est sans cesse, quoi qu'il fasse, en voyage, toujours en quête d'une terre qui lui reste interdite, lointaine et inaccessible. On trouve ici, dans toute son évidence, une correspondance impressionnante entre les trois ordres de réalité que sont les principaux épisodes de sa vie, l'histoire et le destin du peuple juif dont elle revendique l'appartenance, et les modalités spécifiques de sa recherche. Loin de toute adhésion à l'existentialisme, dont elle critique sévèrement, au contraire, la tendance à cristalliser en des stéréotypes doctrinaux l'indispensable référence à l'existence, mais aussi sans réduction possible à toute autre position philosophique, la dimension qui reflète le mieux la personnalité théorique originale de Bespaloff est celle de l'exode, de la recherche inlassable d'un point d'ancrage, qui n'est jamais définitivement atteint. La particularité de sa réflexion tient en effet au dialogue serré qu'elle mène avec les " sommets " de la pensée contemporaine, et à ses réticences à se reconnaître inconditionnellement dans une orientation spéculative déterminée. Son débat, direct et indirect, avec des penseurs comme Wahl, Marcel, Heidegger, Weil, Montaigne, Augustin, Chestov, Kierkegaard, Nietzsche - pour ne citer que les plus importants - dessine un itinéraire intellectuel qui prend la forme programmatique d'une confrontation acharnée et presque éperdue. Le seul " point fixe " auquel elle parvient dans sa " pérégrination " philosophique incessante, c'est celui de la " pensée tragique " que font percevoir les vers de l'Iliade : avec les textes bibliques, ils représentent pour elle le point le plus élevé de l'expression poétique. La voix des Tragiques, celle des prophètes qui s'élèvent de la Bible, dans l'analyse qu'elles font des faits et des causes qui mettent brutalement l'homme en face de l'événement de la guerre et de l'origine du mal, l'enjoignent d'adopter une attitude de profonde humilité devant le réel et l'existence, puisqu'il est totalement impossible de supprimer les aspects conflictuels qui caractérisent le monde. Une attitude de grande compréhension et de communion difficile (entre espoir et désespoir) avec la réalité sensible, qu'il faut comprendre et accepter dans son ambivalence constitutive. Reste donc décisif, si l'on sait l'écouter, l'avertissement qui se renouvelle à chaque fois qu'on s'abandonne à la lecture d'Homère et des Prophètes : c'est une réalité profonde et tragique qui sous-tend la vie humaine, dans ses contradictions, ses luttes, ses principes de destruction sans solution possible. Seule la musique, d'après Bespaloff (et là aussi, c'est bien une " pensée-biographie " qu'on voit à l'oeuvre), permet de retrouver les moments de vérité profonde et de n'y pas succomber ; c'est à travers elle qu'elle cherche des affinités et des relations entre les différents penseurs. La musique représente l'une des modalités principales, sinon exclusives, de relation avec la transcendance. C'est spécifiquement dans le désaccord harmonique, dont le rythme musical est l'expression, que Bespaloff identifie le témoignage d'une transcendance à la fois nécessaire et paradoxalement inatteignable. Dans le mouvement musical, se réalise avant tout un équilibre capable d'adoucir la fuite désespérante du temps dans une sorte d'unité extatique : l'instant parfait, ce présent authentique soustrait à la dispersion, et comme tenu dans la même main que le passé et le futur. La vérité ne peut donc être révélée que dans la dimension musicale de l'instant - à condition de préciser que celle-ci ne coïncide nullement avec un état d'âme idyllique : il lui faut au contraire, pour exister, reconnaître tragiquement l'échec existentiel auquel l'homme est condamné depuis toujours. Dans l'instant, l'homme transcende les émotions mêmes dont il est personnellement traversé pour s'élever à la question radicale et tragique du sens de l'existence. Le livre de Laura Sanò propose la première vision d'ensemble d'une grande protagoniste du débat philosophique au xxe siècle, et tâche précisément d'en faire percevoir la dimension. A l'auteur, écrit Remo Bodei dans sa préface, " on doit reconnaître le grand mérite d'avoir mené sa recherche en reliant organiquement deux plans distincts. D'un côté, l'analyse rigoureuse des textes auxquels Rachel Bespaloff a confié sa pensée, arrachée ainsi à l'oubli presque complet où était tombée depuis plus d'un demi-siècle sa "pensée nomade". De l'autre, la reconstruction très documentée du contexte historique dans lequel prend place la recherche de la philosophe ukrainienne. " L'intention de Laura Sanò a donc été de scruter les noyaux théoriques de la réflexion de Bespaloff, pour faire apparaître la remarquable singularité de son positionnement intellectuel, et pour mieux comprendre par ailleurs de quelle manière se rencontrent en lui les avancées les plus significatives de la recherche philosophique contemporaine. En ressort le portrait d'une personnalité philosophique d'une finesse et d'une vigueur exceptionnelles, attentive à toutes les nouveautés théoriques, et prête à chaque instant à tout remettre en discussion, à commencer par elle-même ; le portrait d'une femme raffinée et complexe, qui a su mettre au centre de sa vie une authentique recherche de la vérité, inconditionnellement.

05/2023

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Fantasy

Recueils de nouvelles saisonnières Tome 3 : Cueille l'automne

Le vent se lève. D'abord inaudible, il forcit et me balaie le visage, me projetant huit ou neuf feuilles mortes éparses. Quelques clochettes pendues parmi les branches sont bousculées par ses caresses amères, et susurrent leur chatoiement métallique aux Palarbres qui conversent à voix basse. Je me tiens à l'orée du bois, sur les rives de la Clepsydrale qui le bordent. La lune se mire déjà dans ses eaux calmes, si noires qu'on dirait les flots d'encre du Mélanflot. La nuit n'est pas si avancée, et le soleil hésite à disparaître vraiment, à laisser sa place. Drakôn lui a demandé de rester encore un peu, pour magnifier la scène et offrir aux Soeurcières de la Troisième Voie l'intensité dramatique qui leur sied si bien. La lumière est d'or, et les tons sont rouges. Les feuillages brasillants rivalisent de couleurs, veulent afficher du mieux qu'ils le peuvent leur déclaration d'amour à l'automne. C'est bien pour cela que nous sommes toustes ici en cette fin d'après-midi. Pour les célébrations de la Moisson des Mots, comme chaque année dans notre douce Vallée. Aujourd'hui, je tremble de fierté dans tout mon coeur draconique. Les Soeurcières approchent, une à une, menées par maon collègue LAncoLibre, qui tient entre ses bras le produit de la Moisson. Notre assemblée doit communier ensemble autour de ces nouveaux mots. Parmi les silhouettes qui me rejoignent, enveloppées de brumes qui floutent leurs contours et dont elles s'arrachent à chaque pas, dans des volutes enfumées, se trouvent quatre autrices que je connais, et une nouvelle venue. Enfin, pas vraiment. LAncoLibre s'immobilise à mon niveau, me confie son fardeau. J'accueille les Soeurcières. Elles ont la tête baissée, comme l'exige notre rituel. Nous rejoignons une table de pierre emmoussée, au-dessus de laquelle se tendent les premières branches d'ors et de grenats des Palarbres enluminés d'automne. Notre cercle s'étend tout autour de la boîte que j'ai posée sur la pierre. Alors que je prends place en son coeur, la Vallée des Mots m'accompagne de sa grâce, et un rayon de lune s'attache à ma personne draconique, faisant miroiter mes écailles de mille réfractions opalines. J'admire un temps ces cinquante nuances de parme qui me nimbent d'un halo mystique, puis je prends la parole pour performer l'ouverture de la cérémonie. - Nous voici réuni·e·s pour accueillir de nouveaux mots, et glorifier la créativité de la mousse, des champignons et des sporules, des vrilles de cucurbitacées et des feuilles rousses. Ami·e·s, qu'apportez-vous à notre congrégation ?? Qui s'avancera dans la lumière de Drakôn ?? Je me retire, cédant la place à une première ombre, féliforme au demeurant. Lorsqu'elle entre dans la lumière de lune, qui a cessé de me suivre, un flash se produit, et elle paraît dans toute sa vérité. - Je me présente à vous, je suis Qat2kx. Je n'ai du chat que l'apparence, les iris verts et le miaulement déterminé même si faussement plaintif. Je vous emmène... Jodai Tokushu Kanazukai. Elle se tourne vers la table, se penche sur le coffret-aux-mots, qui frémit alors qu'elle s'apprête à l'ouvrir prudemment. Une sombre clarté en jaillit, aux couleurs de l'âme humaine torturée, qui nous parle d'une école, lointaine, perdue dans le bassin lémanique. Le ciel de l'automne se couvre d'images ? : des fuites d'eau, un chat, une directrice manipulatrice qui se délecte continuellement de mets psychiques savoureux, des conversations un rien absurdes... et Salomon, dont j'identifie aisément la pensée machinique. - Merci, Qat2kx, pour ces ... hum ... saveurs incongrues, j'argue. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Ah, voilà. Avant même que la lumière de Drakôn ne se saisisse de son ombre, je la reconnais : elle arbore sur sa longue cape brune des motifs de feuilles dorées. Nous avons beaucoup travaillé ensemble récemment. J'apprécie beaucoup Ema, qui vient me rendre visite de temps en temps, quand elle n'a rien à faire à Vilaltierre. - Mais qui êtes-vous ?? Elle marque un temps d'arrêt théâtral, puis se place dans le cercle de lumière que sa consoeur a laissé vide. La lune la révèle toute sourire. - Je me présente à vous à mon tour, je suis Lordesfeuilles. Après ma Deuxième Quête, je me suis donné l'objectif d'une quête troisième. Et voici ma contribution ? : La Préférée. Le coffret-aux-mots crache son texte sans se faire prier, et les images envahissent de nouveau le ciel qui s'assombrit de minute en minute. La première chose que nous découvrons est un carosse. Noir. Des citrouilles énormes. Une bibliothèque pleine de secrets. Un lit à baldaquin. Nous lisons dans ces scènes disparates une sorte d'inquiétude rampante, nous y devinons une situation de sorcellerie ? ; pas de celle que nous pratiquons actuellement, marquée par de bonnes intentions et un rêve commun. - Merci, Lordesfeuilles, pour cette tempête et ces vents d'espoirs. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Une ombre leste louvoie parmi nous, et son manteau est de nuit constellée d'écailles rouge passion. Il y a autant du loup que du dragon dans sa démarche, qui me rappelle mon lointain cousin Manidriss. Je ne me suis pas trompé. - Je me présente à vous, je suis Cécilia Perrot Gilbert. Je laisse Aurélie & Yanis se débrouiller seul·e·s un moment, le temps de vous présenter Le Rituel de la Voix. Elle enclenche le mécanisme. Effets son et lumière dans le ciel de la Vallée. Nous voyons une forteresse, des dragons (coucou Mani ? ! ), une guerre qui menace, des animaux parqués comme des marchandises. Puis la nuit éclate et se répand. Nous croyons à la fin du film, mais une tête de louvetelle s'étale devant nos yeux, tout en finesse, tout en sourire, parmi les étoiles. - Merci, Cécilia, pour la vibrante défense de celles et ceux qui ne peuvent dire, merci de porter leur parole. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Des particules sablonneuses, comme autant de grains rêveurs, s'agrègent en une forme difficile à définir. Mais je ne suis pas dupe. Je sais qui elle est ? : comment la confondre avec qui que ce soit ?? C'est ma première stagiaire, avec qui nous avons partagé l'encre et les mots de la préface du précédent recueil. Et je ne partage pas l'encre avec n'importe qui ? ! La voilà grandie, maintenant. Autrice parmi nous. - Je me présente à vous, je suis The Dreaminoux. Je dois encore soutenir un rapport de stage, Ed ?? (Elle rit, et son rire a la saveur des embruns.) Trêve de bavardages, voici Depuis les Nuits de Sable. Le coffret-aux-mots s'est enhardi, et les images viennent alors qu'elle ne s'est même pas encore tournée vers lui. Des diapositives. Une fille en regarde une autre dans les yeux. Un bel échange de sourires d'amour. Diapo suivante. La fille est seule et contemple le souvenir enfumé de sa compagne envolée dans les sables du temps. Diapo suivante. Elle rêve. Il y a quelqu'un d'autre avec elle. Que font-iels ?? Diapo suivante. Un temple aux boiseries rouges, qui me rappelle l'ambassade d'Akage. Des reflets dans l'eau. Une prise de conscience. Diapo suivante. Des illusions perdues. La grandeur. La révolte. Des phonèmes volètent dans le ciel, comme la persistance d'un murmure. /amaja ? / - Merci, Dreamy, pour ton combat dans l'arène. Tes pensées sont magnifiques et laisseront leur empreinte dans un sable qui ne s'envolera plus. Porte haut le flambeau ? ! Qui poursuivra la ronde des mots ?? Je reconnais l'odeur de sa prose puissante alors que la dernière ombre s'avance. J'en suis persuadé. Il y a ce petit quelque chose, ces détails ? : une cape qui évoque une forêt printanière, hiatus certain et assumé de sa part. Comme une parcelle de Farasie qui hésiterait encore à hiverner. La lumière de la lune me donne raison. - Je me présente à vous, je suis Emeline Di Sopra. Il y a ici quelque chose qui me pousse à y revenir. Serait-ce la forêt ?? Ces anciens Palarbres, qui me rappellent mon Ariège, ou les Ardennes ?? Je souhaite vous offrir ce soir une Pure Merveille. Ce n'est pas une blague ? ! Elle fait un petit pas de côté, touche le boîtier, qui s'entrouvre pour laisser passer une flopée d'invectives. Puis s'estampe la mer. Déchaînée. Une falaise. Un port bruissant d'émeutes. Des luttes et des femmes qui se soulèvent contre un pouvoir oppressant. On y gueule, on y raconte la Croisée des Chemins et la Sorcière. On y assiste à l'émergence de tout un courant revendicatif. La brume est collante, un peu comme celle qui enveloppe les Palarbres ce soir. Puis le ciel s'embrase ? : une autre révolte, pleine de rage et d'espoirs. - Merci, Line. Puissent tes mots toucher les coeurs endormis afin qu'ils combattent ensemble et rythment de plus beaux avenirs. Il ne reste plus que LAncoLibre. Iel n'est pas silhouette, mais dessin bleu et flou, enfantin, comme une envolée de pieds et de cheveux dans une grande pièce parquetée et jonchée de jouets en bois. Iel entre dans la lumière de Drakôn. Les yeux d'(Hydr@cène) ; s'attachent sur les jeux de la lune sur ses écailles, plus fines que les miennes, qui se moirent de vermeil et de turquoise. - Je vais conclure le rituel, si tu me le permets, Ed. J'acquiesce gravement. C'est ainsi que tout doit se terminer ce soir. - Je me présente à vous, je suis LAncoLibre. Je me joindrai à vos voix avec Comme l'arôme de framboise perdu dans un café noir. La Vallée prête volontiers sa magie à l'instant et répond à LAnco. La mystique boîte s'ouvre pour ne plus jamais se refermer et disparaît de la table de pierre. Les cieux frémissent, sont balayés de tremblements. Une soeur et un frère. La Sagrada Familia. L'avenue Diagonale. Barcelone la belle. Des tanks, de la fumée, du bruit. Des fusils. Du métal. Des espoirs brisés, re-brisés, cassés. Un élan. Des promesses. Du café qui n'est jamais bu. De douces lanternes. Du thé et des framboises. Et Edran et Malek qui naissent sous nos yeux. Axone Zéro qui s'esquisse déjà dans les volutes d'un café oublié. - Merci, LAnco. Concluons toustes ensemble, voulez-vous ?? Suite de la préface sur https : //lezarddesmots. fr/cueille-automne/

12/2023

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Biographies

Charles de Foucauld, homme de science

Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu'une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l'occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature sulpicienne. Leur représentant le plus encombrant reste René Bazin, qui a publié en 1921 Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, monument de componctueuse et fate médiocrité dont Louis Massignon devait écrire dans une lettre du 16 septembre 1959 à Jean-François SixA : " Foucauld coule dans le gouffre de la bondieuserie S. A Sulpice. [... ] Il y a des jours où je regrette de n'avoir pas été réquisitionner pour sa "Vie" Louis Bertrand au lieu du mélibéen René Bazin. [... ] Il nous aurait épargné les bonbons de candi bénit de la rue de Sèvres. A " Le grand arabisant se faisait quelques illusions sur Louis Bertrand, si l'on en juge par un lamentable Saint Augustin publié en 1913. Quant à Jean-François Six, sirupeux et prolixe biographe de Foucauld, s'il a complaisamment rapporté la mise en garde de Massignon dans son Aventure de l'amour de Dieu (1993), il n'a pas su l'entendre. Le flot sulpicien ne s'est jamais tari jusqu'à aujourd'hui, charriant année après année des ouvrages qui ont épaissi plutôt qu'éclairci l'énigme d'une âme qu'on devine hantée par la mélancolie, la haine de soi, l'intransigeance et une sombre démesure. Quelques procureurs leur ont fait face, beaucoup moins nombreux mais pas plus respectueux des faits. On pouvait espérer que les choses changeraient une fois la béatification acquise, puisqu'il n'était dès lors plus besoin ni de défendre ni d'attaquer une cause désormais entendue, mais il n'en a rien été. La célébration du centenaire de sa mort a même transformé la cohorte des thuriféraires en une légion où le mélibéen a voisiné avec le savonarolesque. Plus récemment, les procureurs, jusque-là relativement discrets, ont vu leur zèle avivé par la vogue actuelle de déboulonnage de statues et la perspective de la canonisation prochaine de l'ermite de Tamanrasset. A en croire certains d'entre eux, Foucauld aurait été le " défenseur d'une guerre totale contre l'Allemagne lors de la Grande Guerre " ; pour d'autres, il aurait eu une " implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebellesA " et aurait été " l'auxiliaire incomparable " de Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens jusqu'en 1910. Il y a aussi ceux selon lesquels il aurait avancé des " idées en faveur d'une désorganisation des structures sociopolitiques touarèguesA ". Foucauld " défenseur de la guerre totale " ? Plaisante formule. Totale, la guerre l'était, et Foucauld ne pouvait qu'en prendre acte. Il est un fait qu'il envoyait des lettres exaltées à ses amis engagés sur le front, mais son exaltation restait épistolaire, car l'essentiel de son temps était consacré à la mise au net de ses travaux linguistiques. Ses journées de travail duraient souvent plus de onze heures, et le résultat en est une oeuvre dont il est difficile d'affirmer comme le font certains qu'elle est " indissociable de la conquête coloniale ". Car, dans les faits, elle s'en dissocie parfaitement. Ses lettres à ses amis sur le front, tout comme ses relations avec les officiers sahariens, font partie de l'époque et elles sont banales une fois remises dans leur contexte. En revanche, ses travaux linguistiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les deux tomes de ses Poésies touarègues et les quatre tomes de son Dictionnaire touareg-français, sont encore une référence pour tous les spécialistes, y compris touaregs. C'est pour une bonne part à cette oeuvre qu'est consacrée le présent ouvrage. Quant à l'implication " directe " dans les opérations militaires, c'est une pure invention. Et les lettres à Laperrine ne justifient pas le qualificatif d'" auxiliaire incomparable " que Foucauld s'est vu décerner après leur parution. Surtout si l'on songe qu'elles datent d'un temps où Laperrine, revenu en France, n'avait plus aucune responsabilité au Sahara. L'ermite avait l'habitude d'informer ses amis officiers de la situation du Sahara, mais il n'était guère en cela qu'une sorte de gazetier dont les " renseignementsA ", qui mettaient plusieurs semaines à arriver à leurs destinataires, n'étaient ni exploitables ni d'un grand intérêt opérationnel. De plus, affirmer comme nous l'avons lu récemment que " ses renseignements fournis à l'armée coloniale ont influencé la stratégie de conquête du "pays touareg"A " est un anachronisme. Lorsque Foucauld atteint le pays touareg en février 1904, le chef et futur amenûkal Mûsa ag Amastan vient de signer un traité avec les militaires. En d'autres termes, la " conquête " était déjà chose faite avant même son arrivée sur place. Les seuls auxquels il est difficile de donner totalement tort sont ceux pour qui il aurait songé à désorganiser les structures sociopolitiques touarègues. Sauf à remarquer cependant, comme Paul Pandolfi le fait observer dans sa contribution, que les officiers qui seuls auraient été en mesure de procéder à cette réorganisation était d'un avis contraire, qui seul a prévalu. D'une manière générale, il n'avait guère d'influence sur ses amis militaires. Ainsi, le plan d'organisation de l'annexe du Tidikelt qu'il avait échafaudé est resté lettre morte, comme le remarque là encore Paul Pandolfi. De même, lorsque le sous-lieutenant Constant voulut donner suite aux propositions de Foucauld pour le réaménagement du fort Motylinski, il fut désavoué par son supérieur, le capitaine de La Roche, pour qui tout cela n'était qu'" hérésie tactique ". De même encore, la correspondance du lieutenant-colonel Meynier laisse deviner son scepticisme à propos de renseignements d'ailleurs très vagues transmis par Foucauld en août 1914. De toute façon, ni Foucauld ni ses supérieurs religieux n'avaient alors un quelconque pouvoir décisionnaire. Il ne pouvait que s'ouvrir de ses idées à ces intermédiaires, ces acteurs de terrain qu'étaient les officiers qui intervenaient alors dans l'Ahaggar. Mais, même dans les quelques cas où ces derniers relayèrent ses demandes, les autorités supérieures, tant à Alger qu'à Paris, y opposèrent une fin de non-recevoir. Voilà de quoi relativiser le rôle et l'influence politique de Foucauld. Voir en lui une sorte de maître à penser de la politique saharienne de la France et le lointain inspirateur de cette éphémère Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France créa en 1957 est manquer du sens des proportions. Pour ce qui est des idées coloniales, il les a assurément partagées. Mais ses avis tranchaient sur la bonne conscience alors de mise. C'est ainsi que, dans une lettre de 1912, il conseillait à Mûsa ag Amastan de faire apprendre le français aux siens, pour qu'ils " puissent, au bout d'un certain temps, jouir des mêmes droits que les Français, avoir les mêmes privilèges qu'eux, être représentés comme eux à la Chambre des députés, et être gouvernés en tout comme euxA ". Il ne concevait certes pas l'avenir des Touareg ailleurs que dans un ensemble français, mais au moins leur y assignait-il, à terme, celui de citoyens à part entière. En février 1956 encore, un président du Conseil s'est fait conspuer par les ultras d'Alger pour beaucoup moins que ça. Il écrivait aussi en cette même année 1912 : " Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, notre Père commun, et de la fraternité écrite sur tous nos murs, nous traitons ces peuples [colonisés] non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur avons donnée se retournera contre nous et ils nous jetteront à la mer à la première difficulté européenne. A " Sans doute ne voit-il là dans les colonisés que des enfants, mais étaient-ils nombreux, en 1912, ceux qui considéraient que, même dans les colonies, la "fraternité écrite sur tous nos murs" ne devait pas rester un vain motA ? Que Foucauld ait été un homme de son temps, nul ne songe à le nier. Il est toujours utile de détailler ce trait du personnage, et les contributeurs du présent ouvrage, notamment Jean-Louis Marçot et Jacob Oliel, ne s'en sont pas faute. Mais en faire un " ultraA " de la colonisation est absurde. Foucauld avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d'historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus complexe et plus humaine que l'icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l'hagiographie. De portées et d'inspirations très diverses, tous ces travaux s'accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l'admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu'ils puissent susciter aujourd'hui, cet homme dont l'oeuvre linguistique est utilisée aujourd'hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères. Parmi tous ces travaux, une place particulière doit être faite à ceux du regretté Antoine Chatelard. C'est pourquoi, avec l'aimable autorisation de la revue qui l'avait d'abord publié, nous avons choisi de republier ici (sous sa forme d'alors) un texte datant de 1995 et qu'on doit tenir pour fondateur puisque c'est le premier texte où le travail linguistique de Foucauld ait fait l'objet d'une étude proprement scientifique. Mentionnons également, du même Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld (2000) ouvrage où, d'une part, il s'efforçait de reconstituer les circonstances de la mort de Charles de Foucauld et où, d'autre part, il jetait une intéressante lumière sur la façon dont la légende de " Foucauld martyrA " avait pu se construire. Mentionnons aussi par ailleurs le livre sobre et remarquablement documenté de Pierre Sourisseau (Charles de Foucauld. Biographie, Paris, Salvator, 2016), dont on regrette seulement que les travaux linguistiques de Foucauld et ses interrelations avec les Touaregs n'y ont peut-être pas tout à fait la place qu'elles mériteraient. L'article d'Antoine Chatelard est suivi ici de deux textes où Dominique Casajus a tenté de le prolonger sur un ou deux points, tandis que, de son côté, Aurélia Dussere s'est attachée au travail de Foucauld comme explorateur du Maroc et que Marc Franconie propose un commentaire de quelques-uns des croquis qu'il a dressés au cours de son voyage d'exploration ainsi qu'un aperçu de son travail de météorologue. Le volume s'achève par deux contributions, dues à Emmanuel Alcaraz et à Dominique Casajus, qui entendent donner un aperçu de l'image, souvent infondée, que certains milieux se font aujourd'hui de Charles de Foucauld. L'étude historique du " casA " Foucauld doit se poursuivre, et le dossier présenté ici veut être une contribution à ce cette tâche. Et, en historiens que nous essayons d'être, notre rôle n'est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d'en édifier. Et l'image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n'est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.

10/2022

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Critique littéraire

Études germaniques - N°4/2014. Hommage à Friederike Mayröcker Pour son 90e anniversaire

Inge ARTEEL Biographie einer Biographielosen Based on my experiences writing a monographical biography of Friederike Mayröcker I explore some dilemma's and paradoxes of biographical writing, both in the texts of Mayröcker herself and in the writing about her texts. In her prose texts as well as in paratexts Mayröcker cites and parodies conventions of (auto)biographical literature ; referential truth is both suggested and thwarted. When writing a biographical portrait, these ambivalences should be taken into account. En me fondant sur mon expérience d'écrire une biographie monographique de Friederike Mayröcker, j'examinerai quelques dilemmes et paradoxes de l'écriture biographique dans les textes de Mayröcker même et dans les écrits qui traitent de ses textes. Dans ses textes en prose ainsi que dans les paratextes, Mayröcker cite et parodie des conventions de la littérature (auto)biographique ; la vérité référentielle est en même temps suggérée et troublée/contrariée. Lors de l'écriture d'un portrait biographique, ces ambivalences doivent être prises en compte. Klaus KASTBERGER Geheimnisse des Archivs Friederike Mayröcker und ihre Wohnung The Essay deals with photographs of Friederike Mayröcker's apartment in Vienna, where the author is immersed in slips of paper, manuscripts, newspaper cuttings, brochures, folders and books. The spatiality of the room is held to be an important condition for the specific appearance and an appropriate understanding of Mayröcker's literature. The guest, who is invited to the cramped room, can be seen as a deputy of the reader. Both of them have to step onto areas, which show narrow contacts between the body of the author and the hoarded materials. In that way, Friederike Mayröcker is a challenge for literary criticism as well as for modern archival theory. Le présent article traite de photographies de l'appartement viennois de Friederike Mayröcker dans lequel l'auteure est immergée dans des morceaux de papier, des manuscrits, des coupures de journaux, des brochures, des prospectus et des livres. La spatialité de la pièce apparaît comme une condition importante pour appréhender cet aspect spécifique et comme un moyen approprié pour comprendre la littérature mayröckerienne. L'hôte qui est invité dans la pièce exiguë peut être considéré comme un représentant du lecteur. Tous deux doivent avancer dans des espaces qui révèlent d'étroits contacts entre le corps de l'auteure et la masse de matériaux. A cet égard, Friederike Mayröcker constitue un défi pour la critique littéraire aussi bien que pour la théorie moderne d'archivage. Aurélie LE NEE Friederike Mayröcker et le surréalisme selon André Breton Friederike Mayröcker's work has often been defined as "surreal", even if the signification of the adjective remains vague. This paper tries to clarify this concept by referring to Breton's Theorization of Surrealism in the two manifestoes, and to highlight Friederike Mayröcker's relation to this movement. The confrontation of Breton's manifestoes with extracts from Mayröcker's Magische Blätter and Gesammelte Gedichte leads to an analysis of keywords of Surrealism such as madness, dream, psychic automatism, association of ideas, magic, surreality, and reveals not only similarities, but also important differences in Breton's and Friederike Mayröcker's conception and practice of their art. Friederike Mayröckers Werk wird oft als "surreal" bezeichnet, wobei die Bedeutung des Adjektivs vage bleibt. Der vorliegende Artikel versucht, den Begriff zu präzisieren, indem er sich auf Bretons Theoretisierung des Surrealismus in den beiden Manifesten bezieht, und Friederike Mayröckers Verhältnis zu dieser Strömung hervorzuheben. Die Gegenüberstellung der Manifeste Bretons mit Auszügen aus den Magischen Blättern und Gesammelten Gedichten Mayröckers führt zu einer Analyse von Kernbegriffen des Surrealismus wie Wahnsinn, Traum, automatischem Schreiben, Ideenassoziation, Magie, Surrealität, und bringt mehrere Ähnlichkeiten, aber auch wichtige Unterschiede zwischen Bretons und Friederike Mayröckers Kunstauffassung und -praxis ans Licht. Michael HAMMERSCHMID Stilleben. Reflexionen zur Ding-, Schreib- und Sprachwahrnehmung bei Friederike Mayröcker und mit Francis Ponge My essay focuses on the thing (Ding) as an entity (or thing itself) which crosses Friederike Mayröcker's work and is questioned deeply in "Stilleben" (1991) where Friederike Mayröcker refers to art and art history as well as to the status of language, writing, the book and the perception and creation of these entities. As a referring point the research of Francis Ponge in the field of things and their "visualization" in language helped a lot to open a space by comparing the poetics of these two great poets. The formulation of six thesis to Friederike Mayröcker's "Stilleben" tries to outline six views that interact with each other, so that the question of how we see things and their relation to language and what literature can thereby show us could be traced out more clearly. 1) The thing of "Stilleben" is the book, 2) The thing "book" is dissolved, 3) The image of "Stilleben" is the thing, 4) The thing must be created, 5) The "I" is a subject-object, 6) The thing is not the thing, but the poetic. Mon article se concentre sur la chose (Ding), comprise comme une entité (ou chose en soi) qui traverse l'oeuvre de Friederike Mayröcker et est interrogée de manière approfondie dans Stilleben (1991), ouvrage dans lequel Friederike Mayröcker se refère à l'art et à l'histoire de l'art aussi bien qu'au statut du langage, rattachant le livre, la perception et la création à ces entités. Prises comme point de référence, les recherches de Francis Ponge dans le domaine des choses et de leur "visualisation" dans le langage ont contribué à une comparaison entre les poétiques de ces deux grands auteurs. La formulation de six thèses sur Stilleben de Friederike Mayröcker tente d'esquisser six postulats qui interagissent les uns les autres de telle sorte que l'on peut cerner de manière plus précise la question de savoir comment nous percevons les choses et leur relation au langage et ce que la littérature peut nous montrer dans ce cas. 1) La chose de Stilleben est le livre, 2) La chose "livre" est dissoute, 3) L'image de Stilleben est la chose, 4) La chose doit être créée, 5) Le "je" est un sujet-objet, 6) La chose n'est pas la chose, mais la poétique. Françoise LARTILLOT Lire le poststructuralisme en poète. Résistance tropologique de Friederike Mayröcker dans les étu-des (2013) In études, Mayröcker's art establishes itself once again in a remarkable way with the specific use of French verbal and cultural fragments which enhance Mayröcker's tropological style. It reminds certainly of post-structuralist figurality (which is itself a result of the renewed interpretation of Symbolism), but it is combined with a sensitive and sensuous fabric : with this hybridization, Mayröcker fits into this tradition in an original way, and she resists the scourges of the contemporary era. In études behauptet sich Mayröckers Kunst durch den Einsatz von französischen Sprach- und Kulturfragmenten erneut auf beeindruckende Weise. Der darin aufscheinende tropologische Schreibduktus erinnert zwar an die poststrukturalistische Figuralität (als Ergebnis einer erneuten Deutung des Symbolismus), ist bei Mayröcker jedoch sinnlich und sensibel unterwandert : durch diese Anverwandlung reiht sich Mayröcker eigenwillig in diese Tradition ein und leistet Widerstand gegen die Plagen der kontemporären Zeit. Valérie BAUMANN "Tous frères (de) Grimm" , Jacques et Jean. Place du nom dans l'écriture de Friederike Mayröcker This paper proposes a close reading of a passage from Friederike Mayröcker's text entitled vom Umhalsen der Sperlingswand, oder 1 Schumannwahnsinn. This analysis will explain how the proper noun lost its raison d'être in Mayröcker's writing (particularly in this very text of poetic prose). The issue of "the monolingualism of the other" (Derrida) is confronted with a perception of things which discerns meaning as "point of flight of jouissance" (Barthes/Nancy). Diese Lektüre untersucht in der Weise vom close reading einen Auszug aus Friederike Mayröckers vom Umhalsen der Sperlingswand, oder 1 Schumannwahnsinn. Der Kommentar verdeutlicht, wie der Name (Eigenname) im Verfall liegt, was den Schreibgestus des "Schumannwahnsinns" anbelangt. Die nachvollziehbare Herausforderung vom "Monolinguismus des Anderen" (Derrida) bildet allerdings die Spannung zum Wahrhaben des Sinnes als "Fluchtpunktes der sinnlichen Lusterfahrung" (Barthes/Nancy). Andrei CORBEA-HOISIE Paul Celan Student an der Sorbonne The paper represents the first biographical synthesis dedicated to the university studies of the young Paul Celan, registered at Sorbonne immediately after his arrival in Paris in the summer of 1945, that is more than half of year after he had left Romania. The path towards obtaining the degree in "humanities" and his intentions to elaborate a PhD-thesis are placed in the larger context of his efforts to integrate himself in the French society on the one hand and in the context of his efforts to establish himself as a German-speaking poet, on the other. We exploit here a number of unpublished documentary materials from the French archive, as well as a number of interviews, again unpublished, that we took between 1998 and 2000 with a number of persons close at that time to Paul Celan. Cette étude est une première synthèse biographique consacrée aux études universitaires du jeune Paul Celan, qui s'est fait inscrire à la Sorbonne dès son arrivée à Paris pendant l'été 1948, plus de six mois après avoir quitté la Roumanie. Le trajet sur lequel il s'inscrivit pour l'obtention d'une maîtrise ès "Lettres" et son projet de thèse de doctorat sont placés dans le contexte plus large de son désir de s'intégrer à la société française mais aussi de s'affirmer en tant que poète de langue allemande. Cette étude exploite toute une série de documents inédits des archives françaises ainsi que des interviews, elles aussi inédites, que l'auteur a réalisées entre 1998 et 2000 auprès de personnalités qui faisaient partie à cette époque du cercle des proches de Paul Celan. Laurent DEDRYVERE Les guerres du Schleswig-Holstein, lieu de mémoire nationaliste dans l'Allemagne wilhelminienne The present paper deals with German nationalist "lieux de mémoire" (sites of memory) related to the Schleswig-Holstein wars (1848-1851 and 1864) in the German Empire. Eight historical novels, published between 1881 and 1914, were used as primary sources for this article. These books played an important part in the popula-rization of the historical arguments justifying the an-nexation of both duchies by Prussia. Most novels were written either while Köller was Oberpräsident of the Prussian province of Schleswig-Holstein, or a little later, and they can only be understood in the light of the Germanization policy which was carried out in this province. In the case of Northern Schleswig, nationalist intellectuals were confronted with two difficulties. Firstly, even the champions of the German cause in Northern Schleswig spoke a Danish dialect as their mother tongue. Secondly, individual members of one and the same family sometimes declared their support for different national camps. So neither the mother tongue and the national-political opinions, nor the "lineage" and the national-political opinions could be automatically equated. Most authors payed attention to the national peculiarities of Northern Schleswig in their work, whilst at the same time supporting the Germanization policy. The detour via the German history allowed a legitimation of the Köllerian politics. Some radical völkisch novelists apparently promoted a German-Danish reconciliation. But this was not aimed at the "real" Danish speakers. An imagined union of all Germanic peoples was at stake, not the political rights of an ethnic minority. Der vorliegende Artikel untersucht die deutschen nationalistischen Erinnerungsorte der beiden schleswig-holsteinischen Kriege (1848-1851 und 1864) im Deutschen Kaiserreich. Als Quelle dienen acht historische Romane, die zwischen 1881 und 1914 veröffentlicht wurden. Eine wesentliche Funktion dieser Werke bestand darin, historische Argumente für einen Verzicht Dänemarks auf die Herzogtümer und für ihre Abtretung an Preußen in populärer Form anzuführen. Die meisten Romane wurden während Köllers Oberpräsidentschaft in Schleswig-Holstein oder kurz danach verfasst und sind nur vor dem Hintergrund der Germanisierungspolitik in Nordschleswig zu verstehen. Die nationalistischen Intellektuellen waren im Falle Nordschleswigs mit zwei Schwierigkeiten konfrontiert. Erstens hatten selbst die Vorkämpfer der deutschen Sache in Nordschleswig einen dänischen Dialekt als Muttersprache. Zweitens bekannten sich manchmal Mitglieder ein und derselben Familie zu unterschiedlichen nationalen Lagern. Es gab also weder zwischen Muttersprache und national-politischer Gesinnung noch zwischen "Abstammung" und national-politischer Gesinnung eine systematische Korrelation. Die meisten Verfasser beachten in ihren Werken die nationalen Besonderheiten Schleswigs, sprechen sich aber gleichzeitig für die Germanisierungspolitik aus. Der Umweg über die jüngste deutsche Geschichte dient also der Legitimierung der Köllerschen Politik. Manche radikal völkischen Schriftsteller treten für eine deutsch-dänische Versöhnung ein. In keinem Fall sind aber die wirklichen Dänischsprachigen gemeint. Es geht um ein erträumtes Bündnis aller Germanen, nicht um die politischen Rechte einer ethnischen Minderheit.

09/2015