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Décoration

La mer

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Récits de voyage

Le voyage en Bretagne. De Nantes à Brest, de Brest à Saint-Malo

Bretagne, « province de l’âme » : la Bretagne est sans doute la seule région française à pouvoir se prévaloir d’autant d’oeuvres de grands écrivains s’attachant à cerner son génie et la singularité de ses paysages ou de ses modes de vie. Ce parcours littéraire, premier en son genre consacré à toute une province française, égrène d’Armor en Argoat, au fil des rivages et jusqu’au plus profond de la Bretagne intérieure, les écrits qui lui sont consacrés et qui appartiennent à son histoire littéraire, depuis Jules César au premier siècle avant Jésus-Christ jusqu’aux auteurs de la fin du vingtième siècle aujourd’hui disparus. Au total, presque deux cents auteurs et deux cent soixante-dix textes, quelques mille deux cent pages. Au-delà de la situation des textes dans le temps et dans l’espace, le premier critère de choix a été le plaisir de la lecture et la qualité littéraire et narrative : textes d’humeur, mémoires, relation d’épisodes historiques, correspondances, notes de voyage, essais. Les grands classiques de la littérature de Bretagne sont évidemment là ; pour n’en citer que quelques-uns : Cambry, Chateaubriand, Renan, La Villemarqué, Le Braz, Segalen, parmi les Bretons, mais aussi Hugo, Michelet, Stendhal, Balzac, Flaubert, Gide ; plus proches, mais tous disparus : Loti, Colette, Max Jacob, Guilloux, Henri Queffélec, Gracq, Mac Orlan, Jean-Edern Hallier … des poètes aussi, des écrivains étrangers, de grands auteurs méconnus, de Tanguy Malmanche à Armand Robin ou Yves Elléouët… et parmi d’autres pépites : Vauban à Camaret, Alexandre Dumas à Roscoff, Sarah Bernhardt à la baie des Trépassés, Saint-Pol Roux en bimoteur au-dessus de la rade brestoise, Villiers de L’Isle-Adam au collège de Vannes, Marcel Proust à Beg-Meil, Joseph Conrad à L’Île Grande, Jean Cocteau à Pont-Aven, le philosophe Alain au Pouldu, Georges Simenon sur un chalutier de Concarneau, le général de Gaulle incognito dans sa DS noire, Le Corbusier à Lesconil, Albert Camus au cimetière de Saint-Brieuc, ou les plus ou moins courtes nouvelles d’Édouard Corbière, de Jeanne Nabert, d’Henri de Régnier et d’Émile Zola dont les formidables Coquillages de M. Chabre révèlent une facette ignorée.

05/2012

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Décoration

Voyage en Extrême-Orient

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Philosophie

Le mythe de l'Etat

Avril 1945. Ernst Cassirer achève peu avant de mourir Le mythe de l'Etat : un ouvrage réalisé à la demande de ses amis afin de tenter de comprendre les origines et les causes du nazisme. Sans jamais prétendre réduire le tragique de l'Histoire, mais sans renoncer non plus à toute explication, il invite la modernité à repenser son rapport au mythe. Les déformations qu'il fait subir à la pensée ne sont-elles pas la préfiguration, voire la caution, des violences politiques qui viennent ensanglanter les sociétés ? L'obscur besoin d'ordre qu'il véhicule et qui hante les fondements de la culture n'est-il pas responsable de la transformation de celle-ci en cauchemar, lorsqu'elle s'avise de ne plus lui résister mais de se confondre avec lui ? Le XXe siècle n'a-t-il pas basculé dans le tragique parce que subitement la culture s'est mise à célébrer le culte du héros, de la race et de l'Etat tout en versant dans un pessimisme dénigrant la Raison ? Ce livre peut être considéré, à bien des égards, comme le testament philosophique de l'un des plus grands penseurs de ce siècle, et en tout cas du plus digne héritier des Lumières. Livre savant attaché à reconstituer la mémoire de la Raison en refaisant l'histoire de toute la pensée politique, c'est aussi un livre de philosophe plaidant, à travers une critique du mythe, pour que la raison politique ne déroge pas à la plus haute de ses fonctions : réaffirmer la culture contre les tentations d'ériger l'idéologie, et donc la violence, en raison. Pour Cassirer, trois cultes particuliers ont propagé la déraison en politique : 1/ le culte du héros qui défend la nécessité de dirigeants politiques forts, voire d'hommes providentiels ; 2/ le culte de la race, véhiculé par Gobineau ; 3/ la conception hégélienne de l'Etat, dans laquelle l'institution étatique n'a pas à être limitée par les droits individuels, car elle est une réalité suprême, transcendante, divine, qui n'a sa finalité qu'en elle-même. Cassirer reproche à cette théorie de fournir une justification à la toute-puissance de l'Etat totalitaire.

02/2020

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Décoration

Le soleil

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Ecrits sur l'art

Pierre entourée de chutes

Peintre des zoos, membre de la Figuration narrative, meurtrier symbolique de Marcel Duchamp, président du Salon de la Jeune Peinture de 1965 à 1969, décorateur pour le théâtre, philosophe, poète, dramaturge ? : les catégories qui décrivent le travail de Gilles Aillaud sont aussi ce qui empêche d'y accéder. S'en affranchir suppose moins un effort qu'un suspens devant son oeuvre. Ses tableaux et ses écrits produisent eux-mêmes cet arrêt. Tandis que ses articles politiques des années soixante s'engagent dans la lutte des classes, les essais critiques et les poèmes qu'il publie après le reflux idéologique des années soixante-dix établissent une relation directe avec les choses. Alors que les premiers cherchent à opposer d'autres notions à celles de la culture bourgeoise, les seconds délaissent les concepts organisateurs. Cette évolution n'est pas un abandon du projet socialiste, mais un élargissement de sa portée, un approfondissement de ses conditions. Ouvrir les yeux, réfléchir au sens que prend l'histoire, se focaliser sur le soubassement relationnel qui préexiste au lien social, est à la fois ce qui anime Gilles Aillaud avant Mai 68 et ce sur quoi il se concentre particulièrement dans la suite de son oeuvre. Et c'est aujourd'hui, où les activités dominantes emportent tout dans le chaos, notre propre urgence. Sont réunis dans la première partie de cet ouvrage tous les articles politiques de Gilles Aillaud, ses essais philosophiques, ses écrits de catalogue, un choix de poèmes et de proses poétiques concernant l'art, ainsi que la transcription de quatre manuscrits inédits. N'y sont pas reprises ses contributions à L'Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux, ni ses pièces de théâtre, ni la plupart de ses poèmes. La seconde partie réunit d'abord les entretiens les plus importants dans lesquels Gilles Aillaud aborde son travail de peintre et de décorateur de théâtre, puis en annexe les principales réactions suscitées par le meurtre symbolique de Marcel Duchamp. En tant que président du Salon entre 1965 et 1969, Gilles Aillaud est l'auteur des éditoriaux des quatre premiers numéros du Bulletin de la Jeune Peinture. Comme les autres articles du journal, ils n'étaient pas signés, par rejet de l'individualisme.

11/2022

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Actualité médiatique internati

Résister à tout prix. Conversations au coeur du conflit

L'Occident a longtemps peiné à mettre l'Ukraine sur ses cartes mentales. Obnubilés par notre relation à la Russie, nous avions tendance à l'enjamber pour regarder le monde avec les lunettes de Moscou, surtout à Paris et Berlin ! C'est donc avec stupéfaction que nous avons vu se dresser cette nation slave face à l'ouragan néo-totalitaire poutinien qui a fondu sur elle, et menace désormais ouvertement l'Europe. Le fait ukrainien est la divine surprise de ce moment historique. D'où vient cette résistance churchillienne des Ukrainiens ? Pourquoi ont-ils choisi la liberté de "l'homo dignus" tandis que la Russie poutinienne retombait dans le paradigme de l'Etat criminel et arbitraire ? Et de quel espoir ce trésor de résistance est-il porteur pour l'avenir de l'Europe et de la Russie ? Ces thèmes sont, avec l'analyse de l'ouragan russe et de la mobilisation tardive mais cruciale de l'Occident, le thème central de ce livre conversation entre Constantin Sigov, philosophe ukrainien et Laure Mandeville, grand reporter au Figaro et spécialiste de la Russie. Pendant six mois d'une discussion téléphonique entamée en pleine invasion, ils ont échangé pour percer le brouillard de la guerre. Pour comprendre comment se défendre ensemble, et jeter les bases d'une nouvelle Europe refusant l'apaisement cynique et finalement la soumission. "Constantin a répondu à mes questions depuis Kyiv, où il est resté dans son appartement ceint de sacs de sable avec son frère, son fils et sa vieille mère. J'ai mené ces entretiens depuis Paris, autre front au calme trompeur de la guerre hybride que mène Poutine sur plusieurs terrains : en Ukraine contre la nation ukrainienne, en Russie contre son propre peuple, et en Occident où se déploie une furieuse bataille de propagande pour convaincre les Européens de forcer l'Ukraine à accepter l'amputation de son territoire en échange d'une paix précaire". Laure Mandeville "N'ayant pas pardonné la transformation de l'empire soviétique en champ de ruines, Poutine veut voir les décombres de l'Union européenne. C'est une sorte de revanche à la Néron, qui met le feu à notre civilisation". Constantin Sigov

11/2022

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Beaux arts

Praying for my Haters. Lauren Huret, Edition bilingue français-anglais

Lauren Huret travaille sur un aspect particulièrement invisible d'Internet : l'effacement d'images qui, paradoxalement, laissent des traces. Pour gérer le flux d'images violentes, offensives et traumatisantes qui se déversent sans cesse sur les plateformes tels que Facebook ou Instagram, ceux-ci font appel à des entreprises de sous-traitance qui emploient des centaines de milliers de personnes dont la profession, content manager, consiste à trier et censurer ces contenus. Exposés à des dizaines de milliers d'images traumatisantes chaque jour, soumis à des conditions de travail effrayantes, les content managers - qui travaillent principalement à Manille, aux Philippines - n'ont accès à aucun support psychologique et sont tenus au silence par des rapports obscurs liés à la sous-traitance. Cette publication présente les recherches et entretiens de l'artiste, comme partie intégrante de sa pratique. Ces textes fournissent des informations de fond qui resituent les sujets abordés dans l'exposition dans un contexte philosophique, psychologique et critique des nouvelles technologies. Le philosophe Yves Citton élabore son concept d'images "radioactives" et imagine des solutions radicales et réellement démocratiques pour remédier au statu quo. La journaliste et experte des nouveaux médias, Sarah T. Roberts, donne une introduction historique au fonctionnement de cette industrie de l'ombre et en présente les causes et conséquences économiques globales, démontrant non seulement l'injustice et le déséquilibre de ce système, mais aussi les problématiques liées à la censure et à la liberté d'expression sur Internet. Dans ses recherches et études, Manos Tsakiris, professeur au département de psychologie du Warburg Institute à Londres, analyse l'impact de l'image photographique sur différents sujets et les conséquences quant à la perception de la réalité, le comportement individuel, empathique et politique. Ce livre d'artiste présente deux séries de photographies de Lauren Huret : une interprétation contemporaine de l'iconographie de Sainte - Lucie qui met en correspondance cette personnification de la vue et des yeux avec le travail visuel exténuant des content managers , ainsi qu'une série de collages numériques qui reflètent la densité d'informations, avec la superposition d'images, de GIFs et de prises de vues de l'architecture à Manille.

02/2019

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Philosophie

Le mystère Campanella

Dans la vie de Campanella (1568-1639), la réalité dépasse sans cesse la fiction. Il a été un authentique personnage de roman et l'historien n'a besoin d'ajouter aucun détail pour révéler un parcours fait d'indépendance ombrageuse, de suspicions récurrentes, d'aventures dramatiques, de prisons et de tortures, de retournements surprenants et de dénouements imprévus. Fils d'un Calabrais analphabète, il devint un philosophe de renom international et l'auteur d'une œuvre immense (et touffue), dont la plus grande partie fut rédigée, grâce à sa prodigieuse mémoire, au cours de trente années de prison. Il aurait dû être condamné à mort comme hérétique récidiviste. Mais, soumis à une torture de près de quarante heures, il feignit la folie et échappa à la peine capitale. De ses geôles il envoya avec un aplomb surprenant lettre sur lettre aux papes, à des cardinaux influents, aux souverains d'Espagne, aux archiducs autrichiens, et aussi à Galilée. Réputé pour sa science des étoiles, il devint après sa libération des prisons napolitaines l'astrologue confidentiel d'Urbain VIII, à qui un horoscope annonçait une mort prochaine. Mais le pape, contraint par la conjoncture religieuse de l'époque, ne put lui maintenir son appui et favorisa sa fuite. S'étant rendu en France, Campanella y fut durant les dernières années de sa vie un conseiller de Richelieu pour les affaires italiennes. Sa dernière intervention publique fut, à la demande d'Anne d'Autriche et de Richelieu, l'établissement de l'horoscope du dauphin qui venait de naître, le futur Louis XIV Un tel personnage, auteur à la fois de La Cité du soleil et d'une Apologie de Galilée, prophète millénariste et ennemi d'Aristote et de Machiavel, constitue une énigme, surtout si l'on tient compte de ses retournements - plus ou moins sincères - et des zones d'ombre qui subsistent à son sujet. Qui était-il vraiment ? Quel était le fond de sa pensée ? Quel dossier pour les historiens que cette grande figure de l'histoire culturelle italienne - et occidentale - encore peu connue hors des frontières de la Péninsule !

03/2008

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Critique littéraire

Commentaire sur l'Enéide de Virgile. Livre IV

Vers la fin du IVe s. , un professeur nommé Servius, sur la vie duquel on ne sait rien de solide même s'il est mis en scène dans les Saturnales de Macrobe, commentait les oeuvres de Virgile. Le livre IV de l'Enéide, qui est le plus court de cette épopée, fait l'objet d'un de ses commentaires les plus longs. C'est qu'il s'agit de Didon et d'Enée ; d'amour, de mariage et de séparation ; de la vie et de la mort, de religion et de philosophie ; des destinées de Rome aussi. Non pas que Servius affiche les préoccupations d'un profond philosophe : il fut longtemps considéré comme un "antiquaire" , comprenons un amateur de détails d'érudition ancienne transmis à des fins seulement documentaires et scolaires ; et de ce point de vue on trouve chez lui, en effet, quantité de renseignements (religion, mythes, civilisation, histoire, littérature, linguistique, realia) qui sans lui seraient demeurés inconnus, et dont les spécialistes modernes ont fait leur miel ; c'est une bibliothèque fragmentaire caractéristique des centres d'intérêt de l'Antiquité tardive. Cependant, les exposés serviens laissent affleurer, sous un réel éclectisme, un système de références cohérent, organisé autour des valeurs et des opinions traditionnelles qui, dans le domaine de la morale, subsistent uniformément partagées (la castitas féminine, par exemple) dans le monde christianisé de l'Antiquité tardive ; par ailleurs, le même système servien porte au premier plan la vieille religion romaine comme un signe de résistance des intellectuels païens. S'agissant des deux personnages principaux, le commentaire, souvent conduit à propos d'Enée à la nuance et parfois à la contradiction, entend sauver sa pietas envers les dieux et envers Didon, ce qui n'est pas toujours facile, et semble, à l'égard de cette dernière, osciller entre la pitié et la condamnation. La présente édition établit le texte latin du commentaire de Servius sur le chant IV de l'Enéide, ainsi que le texte parallèle plus développé dit du "Servius Danielis" , en proposant un certain nombre d'émendations argumentées ; elle offre la première traduction française de ce commentaire, avec des notes suffisamment nombreuses et développées pour éclairer tous les aspects de ce texte à la fois riche et par endroits difficile.

02/2019

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Histoire antique

Les Pélasges. Prédécesseurs des Grecs et ancêtres des Albanais

Un livre inédit et condensé qui regroupe des études et recherches pluridisciplinaires effectuées dans un cadre universitaire et une thèse soumise à la Sorbonne/Paris IV par Mathieu Aref chercheur, historien, ethnolinguiste, poète et philosophe français d'origine albanaise né en 1938 au Caire en Egypte. Grâce à un long travail cinquantenaire d'études et de recherches pluridisciplinaires, il a pu remettre en cause les prémices de l'Histoire de la civilisation des Hellènes (phénico-assyro-égyptiens) lesquels ont soumis le pays des Pélasges, leurs prédécesseurs et non leurs ancêtres, et ont usurpé, tronqué, modifié, arrangé et manipulé leur civilisation. Les découvertes réalisées par Mathieu Aref vont à l'encontre du "communément admis". En effet il démontre, preuves, arguments et références à l'appui, que ni Zeus, ni les Mycéniens, ni les poèmes épiques, ni la cosmogonie ne font partie du patrimoine culturel, cultuel et ethnolinguistique des Hellènes mais appartiennent à la Civilisation qui les a précédés c'est-à-dire celle des Pélasges. Il démontre également que la Guerre de Troie (1193-1183 ? ! ) n'est pas celle qu'on croit mais la parodie (récits arrangés et manipulés) d'une guerre ou d'escarmouches (Age du Bronze : Troie VI/VII a) transformée en une Guerre réelle correspondant à l'invasion de l'Asie Mineure occidentale par les envahisseurs hellènes vers le VIIIe s avant notre ère (Troie VIII). Enfin il existe une réalité qui est passée sous silence ou n'a pas été perçue : "quatre siècles Obscurs" (1200-800 avant notre ère) sont demeurés muets où nous ne retrouvons point la moindre preuve de l'existence des Hellènes dans ce "No man's land" où l'on ne sait absolument rien de cette période de l'Histoire ! Les Hellènes se sont évertués à embrouiller l'Histoire en essayant d'éliminer toutes les traces de leurs prédécesseurs les Pélasges. Mais le crime n'a pas été parfait car le peu d'indices échappés à la censure et aux manipulations des conquérants hellènes suffisent pour étayer la thèse avec preuves, arguments et références à l'appui, que nous expose ici Mathieu Aref.

02/2022

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Autres

Les mots et les torts. Dialogue avec Javier Bassas

En dialoguant avec le jeune philosophe espagnol - et traducteur de ses ouvrages - Javier Bassas, Jacques Rancière explicite et illustre une idée qui est au coeur de tout son travail : les mots ne sont pas, comme on le dit souvent, les ombres auxquelles s'oppose la réalité solide des choses. Les mots sont eux-mêmes des réalités dont l'action construit ou subvertit un ordre du monde. En politique, le combat des opprimés a constamment emprunté aux maîtres leurs mots et détourné le sens de ces mots pour briser le consensus, c'est-à-dire le rapport établi entre les choses et les mots qui compose le paysage sensible de la domination. Cette puissance des mots qui défait un ordre établi en subvertissant le paysage normal du visible, Jacques Rancière la montre encore à l'oeuvre dans les mouvements démocratiques récents depuis la révolution de jasmin tunisienne jusqu'aux mouvements d'occupation des places. Rendre compte de cette puissance des mots dans les combats de l'émancipation implique toute une conception de l'écriture. En répondant aux questions acérées de son interlocuteur, Jacques Rancière revient, pour l'expliciter, sur une autre thèse qui soutient tout son travail : l'écriture n'est pas l'illustration de la pensée Elle est un travail de la pensée qui défait le tissu consensuel des rapports entre le perceptible et le pensable. L'écriture a été pour lui le moyen de faire sauter les barrières qui excluent ou hiérarchisent : séparation des compétences disciplinaires et, plus radicalement encore, séparation entre ceux qui pensent et ceux qui sont tout au plus des objets de pensée. Dans l'écriture philosophique comme dans les processus d'émancipation politiques, il s'agit de construire des plans d'égalité en détruisant les barrières qui enferment les humains, leur expérience et leur pensée dans des mondes séparés. C'est ainsi tout un discours de la méthode égalitaire que Jacques Rancière développe dans ce dialogue et que Javier Bassas l'amène à préciser en confrontant ses analyses à d'autres entreprises théoriques : marxisme althussérien, phénoménologie ou déconstruction derridienne.

02/2021

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Monographies

Molinier Rose Saumon

Souvent considéré comme marginal, enfermé dans les placards esthétiques de l'histoire des arts, Pierre Molinier est pourtant une figure importante reconnue en France et à l'étranger. Originaire d'Agen et ayant vécu toute sa vie à Bordeaux, le Frac Nouvelle-Aquitaine MECA lui consacre une exposition d'envergure afin de déployer toutes les facettes d'une oeuvre dense et complexe, rassemblant aussi bien des oeuvres picturales que photographiques. Cet enjeu monographique intègre les sources d'inspirations et mouvements auxquels participe l'artiste : le surréalisme, le fétichisme ou encore le tantrisme, comme ceux qu'il devance - le queer ; des archives et témoignages inédits ; des affiliations contemporaines (Cindy Sherman, Luciano Castelli, Bruno Pelassy, Betony Vernon...) et d'autres plus historiques (Clovis Trouille, Claude Cahun ou Hans Bellmer...). Cette exposition programmée du 31 mars au 17 sept 2023 coïncide avec l'anniversaire des 40 ans des Frac et la création du Frac Aquitaine qui, dès sa création en 1982, inaugure sa collection en acquérant pour ses premiers numéros d'inventaire une vingtaine d'oeuvres de Pierre Molinier. Pour accompagner cette exposition d'envergure, un ouvrage sera consacré à Pierre Molinier, figure à la fois marginale et tutélaire. Ce livre rassemblera des contributions de Marie Canet qui présentera l'exposition sous la forme d'un avant-propos et de Claire Jacquet qui prendra la forme d'un essai sur la postérité de l'artiste dans le champ de l'art contemporain d'hier à aujourd'hui. L'autrice et co-commissaire de l'exposition Emmanuelle Debur reviendra sur l'histoire fascinante de l'artiste qui, quarante ans après sa mort, questionne toujours. La philosophe, autrice, critique d'art, Géraldine Gourbe nous proposera une relecture de l'oeuvre de Molinier en la rapprochant des figures de Fantômas et d'Irma Vep, avant de la relier à certaines oeuvres de la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MECA à travers la question du portrait, si cardinale dans les oeuvres du maître de l'exhibitionnisme, et de son évolution au fil du temps. Le livre comportera un cahier reprenant l'intégralité des titres de la bibliothèque de Molinier.

06/2023

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Critique littéraire

Valeurs et autres écrits historiques, politiques et critiques, 1923-1948. Volume 2

" L'idée de succès me donne à rire... On me lira en 1969 ou en l'an 2000. " André Suarès (1868-1948) ne croyait pas si bien dire : cette prophétie des années 1930 est en train de se réaliser, comme se sont réalisées d'autres de ses prophéties. Dès 1932, il avait alerté ses compatriotes sur le danger du nazisme, s'était engagé contre la barbarie montante, prévoyant la guerre, la défaite, le génocide. Persécuté par la Gestapo et la Milice, il s'était caché dans le Midi, pour mourir quelques années après la Libération dans une indifférence quasi totale. Il laissait derrière lui près d'une centaine d'ouvrages publiés, d'innombrables articles donnés à quelque deux cents périodiques et des milliers de pages manuscrites dont certaines sont révélées ici pour la première fois, comme Valeurs II et Le Paraclet. Seuls avaient émergé Le Voyage du Condottière et Vues sur l'Europe. La plupart des autres livres - dont Malraux, Unamuno ou Stefan Zweig étaient pourtant de fervents admirateurs - étaient tombés dans l'oubli. La présente édition offre un choix représentatif de l'immense œuvre de Suarès. On pourra ainsi suivre l'auteur de ses premières réflexions sur le pouvoir politique (à propos de Napoléon) jusqu'à ses dernières dénonciations de la dictature (qu'elle soit rouge ou brune), de son combat pour Dreyfus à celui contre Hitler, de ses essais sur Baudelaire et Wagner jusqu'à ses portraits de Cézanne et de Mallarmé. Polémiste, essayiste, critique littéraire et musical, philosophe politique et moraliste, Suarès a été, avant tout, un visionnaire en quête d'avenir. Il est devenu un auteur pour notre temps. ROBERT KOPP. Cette édition comporte deux volumes, le premier contient les rubriques et les titres suivants : Le Mythe napoléonien, Alphonse Daudet (inédit), Autour de l'affaire Dreyfus, Voici l'homme, Sur la vie, Venezia, Baudelaire, Tolstoï vivant, Idées et Visions, Péguy, Cervantès, Shakespeare, Dostoïevski, Debussy, Ravel, Xénies. Le deuxième : Puissances de Pascal, Présences, Autour du livre, Vues sur la musique et les musiciens, Variables, Bourdelle, Vues sur Paris, Portraits sans modèles, Valeurs, Valeurs II (inédit), Le Paraclet (inédit). Les textes ont été établis, préfacés et annotés par Robert Parienté, auteur d'une biographie sur André Suarès qui fait autorité.

02/2002

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Penser l'écologie

Vers une vie simple

L'utopie est-elle à portée de main ? Un traité de simplicité volontaire, un livre fort, publié il y a plus d'un siècle, d'une actualité et d'une générosité saisissantes ! Publié en 1887, ce livre est un réquisitoire contre l'idéal qui prédomine alors en Angleterre : s'enrichir en fournissant le moins d'efforts possible. Toute une population rêve en effet de parvenir à l'état de consommateur passif qui vit aux crochets des autres. A l'économie politique bourgeoise qui détruit la fraternité, Carpenter oppose un tout autre idéal : que chacun se dépouille du superflu et se retrousse les manches pour répondre à ses besoins, tout en partageant et en s'entraidant avec ses prochains. S'appuyant à la manière d'un Henry David Thoreau sur sa propre expérience de retour à la terre, sur sa sensibilité à la nature et sur les principes de la simplicité volontaire qu'il expose ici, l'écrivain-maraîcher plaide pour un socialisme anti-industriel. Soit une production à petite échelle fondée sur le travail des paysans et des artisans, qui maîtrisent leurs moyens de subsistance. Non seulement une telle société décentralisée serait plus juste et égalitaire, mais elle permettrait aussi une plus grande liberté et un épanouissement des individus. Car l'Homme n'est pas fait pour s'enfermer dans des villes fumantes, mais pour vivre au grand air et travailler avec ses mains. Voici l'une des leçons de ce magnifique traité de philosophie pratique. PRESSE : " Le livre d'Edward Carpenter n'en est pas moins précieux pour, à la fois, illustrer et enrichir les travaux les plus pertinents aujourd'hui. " Polony " La démonstration remarquable d'[Edward Carpenter], aux accents anarchistes, contribue aux questionnements de nos sociétés modernes, à l'ère post-capitaliste. " A voir a lire " Nourri par le transcendantalisme américain, le philosophe socialiste et libertaire défend un rapport parcimonieux et autosuffisant de l'homme à l'environnement, qu'il a lui-même concrétisé. " Le Nouveau Magazine Littéraire " La force d'Edward Carpenter est justement d'intégrer cette simplicité volontaire dans une pensée éminemment politique et sociale. " Usbek & Rica

11/2021

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Méditation et spiritualité

Le royaume de l'enfance. Un regard spirituel sur l'âge tendre

Ce texte explique pourquoi les traditions spirituelles se réfèrent si souvent à l'enfance. Florine Soulié nous montre comment retrouver l'esprit d'enfance en nous qui est notre part divine. De nombreux enseignements spirituels font référence à l'enfance comme les Evangiles par exemple : " Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. " (Marc 10 : 14). Pourquoi ? Pourquoi l'enfance est-elle un guide, une ressource, un idéal pour tant et tant de sagesses ? Inspirée des sagesses de l'Inde et de l'Advaita-vedanta en particulier, mais aussi des écrits bibliques et judaïques, du Tao, de témoignages de grands sages, Florine Soulié propose de nous plonger dans le monde de l'enfance et de l'explorer sous les angles du temps, de l'espace, du jeu et de la joie. La découverte présentée dans cet essai est que la voie de l'enfance est une voie d'éveil à sa vraie nature. " L'esprit saint " est paradoxalement synonyme d'un retour à cet esprit d'enfance, qui brille parfois encore à travers le brouillard quasi permanent des pensées à propos de " moi ", de " mon " histoire, de " mon " futur. Les occasions de ces éclaircies s'appellent étonnement, émerveillement, jeu passionné, etc. et apparaissent sous la forme d'une expérience en dehors du mental, d'une simplification, d'une paix joyeuse, d'un bref oubli de notre condition adulte limitée. On trouvera aussi dans le livre des propositions d'expériences pour raviver en nous ce goût de l'enfance qui ne nous a en réalité jamais quitté. Ces pratiques thématiques ne sont ni plus ni moins que des invitations à faire l'expérience concrète de l'esprit d'enfance, au plus près de notre vécu intime. Nous pourrons alors retrouver notre Soi le plus profond, éternel, présent dans notre tendre enfance, mais encore disponible à celui qui est prêt à jouer de nouveau, comme un enfant insouciant, au Jeu de la Vie. Etes-vous prêts, comme l'écrivait la philosophe Anne Dufourmontelle, à " prendre le risque de l'enfance " ?

10/2023

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Revues

Revue du crieur N° 19

Cette année de meetings qui s'ouvre nous rappelle qu'en France, l'élection présidentielle demeure pensée comme la rencontre entre un homme (providentiel) et un pays (imaginaire). C'est cet imaginaire national, aussi verrouillé que vieilli, que la Revue du Crieur se propose de défaire et de libérer de ses pesanteurs historiques et de ses crispations idéologiques. Notre dossier d'ouverture passe ainsi au crible le rapt conservateur des principes républicains, qui nous empêche de penser la République comme garante d'une liberté émancipatrice ; revient sur le refoulement de la question coloniale et la persistance de l'impérialisme hexagonal ; décrypte le fantasme de la grandeur nationale et le mythe de la " puissance " ; lève le voile, enfin, sur la grande illusion du progrès et de l'innovation, au coeur des politiques économiques de la France depuis les Trente Glorieuses. Ce dix-neuvième numéro continue le travail d'enquête sur les idées que mène la revue depuis sa création, en proposant de retracer soixante-dix ans de réception de l'oeuvre de Simone de Beauvoir depuis la publication en 1949 du Deuxième Sexe - avec une question centrale : que reste-t-il de l'héritage de cette philosophe majeure du XXe siècle ? ; mais aussi de dresser le portrait de Bernard Rougier, universitaire reconnu et respecté, spécialiste de l'islamisme au Proche-Orient, devenu l'" éminence grise " de la politique française de lutte contre le " séparatisme " ; et encore de décrire les critiques qui visent le symbole de l'excellence de la recherche française, le CNRS. Au sommaire également, un reportage en photos qui nous plonge dans les arcanes autoritaires du pouvoir tchétchène et les méthodes de son chef, Ramzan Kadyrov, lequel règne sur cette fédération du Caucase du Nord depuis près de quinze ans en s'appuyant sur l'islam et le sport ; ainsi qu'une déambulation dans un univers familier aux geeks de toute la planète : celui des e-girls, ces jeunes femmes qui mêlent jeux vidéo, réminiscences de Lolita, univers du manga et amour des chatons afin de se faire un nom sur les réseaux sociaux et ainsi monnayer leur popularité.

10/2021

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Théâtre - Pièces

Chaque âge à ses plaisirs. Marivaudage en trois actes

Pièce de théâtre sans doute écrite à la fin des années 1940 ou au début des années 1950, oeuvre de jeunesse donc, elle ne peut manquer de surprendre déjà ceux qui connaissent Gilbert Durand en tant que philosophe et anthropologue. Sans doute, il est vrai, une autre oeuvre théâtrale, L'oeuf de Pâques, aura déjà pu attirer leur attention sur cet aspect méconnu de son activité intellectuelle et littéraire. Mais elle est peut-être plus surprenante encore, dans la mesure où l'on y retrouve bien des thèmes qui seront développés plus tard dans ses livres qui ont fondé les études sur l'imaginaire et les mythes. Dans cette pièce de théâtre qui se veut légère, six personnages sont réunis autour des plaisirs liés à chaque âge de la vie et surtout autour de celui de l'amour qui les transcende tous, comme un septième personnage, très allégorique. Or, le principal souci de la plupart des personnages dans la recherche de l'amour est avant tout celui de la séduction, qui s'achève là où l'amour commence. Ce sont plusieurs des schèmes de la séduction et autant de codes sur lesquels elle repose qui sont ici décrits. Il y a plus encore toutefois. C'est aussi le fondement sur lequel Gilbert Durand construira sa théorie qui est déjà esquissé ici, en l'occurrence l'hypothèse que le projet imaginaire, la création d'images que toute activité humaine, directement ou indirectement, suscite, n'est jamais que la compensation apportée à l'angoisse de l'homme devant la mort. On le voit, cette pièce de théâtre, au travers, ou au-delà, du marivaudage dans lequel elle s'est placée, livrait déjà en creux bien des aspects de ce que sera la réflexion de l'anthropologue et ouvrait bien des pistes pour une recherche qui n'attendait plus qu'il lui fournisse des méthodes. Et, en attendant qu'elle puisse trouver une adaptation sur la scène théâtrale ou lyrique, sa lecture ne peut que constituer une merveilleuse introduction, ludique tout autant que didactique, aux études sur l'imaginaire.

03/2023

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Décoration

La route

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Littérature française

Raymond Mauriac, frère de l'autre

"L'autre", c'est François Mauriac. Le "frère" : Raymond, l'aîné de la fratrie, celui qui sera désigné pour reprendre en main, le moment venu, les affaires familiales. "Frère de l'autre", c'est l'histoire d'un sacrifice, sinon d'une disparition. Tandis que Jean rejoindra les Ordres, que Pierre sera un brillant médecin et que François deviendra le grand écrivain que l'on sait, couronné par le prix Nobel en 1952, à Raymond revient le rôle de gratte-papier. Dans les biographies consacrées à François Mauriac, Raymond est à peine évoqué. Il faut le chercher sur les photographies de famille, toujours sur le côté, ou derrière, ou tout simplement absent. Et lorsqu'il se décide - à 54 ans ! - à faire éditer son tout premier roman, on l'incite vivement à trouver un pseudonyme : il n'y a pas de place pour un second Mauriac écrivain. Le nom, le sien pourtant, est déjà pris, la question ne se pose même pas. Alors, Raymond choisit Housilane, reprenant celui d'une des métairies landaises de la famille. Individu, qui recevra le prix du Premier roman, paraît en 1934. Amour de l'amour lui succédera deux ans plus tard. Puis plus rien. Silence. Housilane, Raymond disparaissent à tout jamais parmi les limbes de l'oubli. Jusqu'à ce que Patrick Rödel retrouve sa trace au hasard de recherches. S'appuyant sur des documents inédits, notamment conservés à la bibliothèque Mériadeck à Bordeaux, l'écrivain et philosophe imagine alors l'élaboration de ce qui aurait pu être le journal intime de Raymond Mauriac, ce "frère de l'autre". Plutôt que d'expliquer l'évincement subreptice du clan, le dessaisissement de l'identité, l'effacement pur et simple de l'être créateur, il dit la solitude, l'amertume, le rejet d'un homme, au sein de la famille, en un temps où les rôles étaient assignés à la naissance. Il rend ainsi sa vérité à ce doux "rêveur, toujours absent, toujours ailleurs", comme le décrivait si bien François Mauriac : ce frère qui "n'aimait que les livres et les idées".

03/2018

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Décoration

L'exotisme

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Religion

Bordeaux. Ville d'accueil, de culture, de charité et de liberté

Il était une fois... une ville ouverte du beau nom de Burdigala, fierté de l'Empire Romain, par ses poètes et par son vin. Les barbares l'incendièrent et les fiers Gascons bâtirent trois séries de remparts pour arrêter les envahisseurs. Il était une fois... une ville close que la belle et douce Aliénor, d'Aquitaine par son (re) mariage avec Henri Il Plantagenêt offrit pour trois siècles aux rois d'Angleterre. Le Prince Noir dans son château de l'Ombrière y donna les plus grandes fêtes d'Europe.II était une fois... une ville reconquise par les rois de France qui voulurent lui imposer taxes et soldatesque. De violentes et successives révoltes, en dépit de féroces répressions, imposèrent respect au pouvoir absolu. Il était une fois... une ville de culture qui accueillit aussi bien les ordres mendiants, les grandes congrégations que la Fronde et les idées nouvelles de la Réforme dans ses collèges et universités. Élie Vinet et Michel de Montaigne offrirent à l'Europe les écrits de tolérance et de charité. Il était une fois... un intendant qui rêva de transformer Bordeaux en Versailles. Il fit abattre les murailles, ouvrir des portes, bâtir des hôtels particuliers, ériger la bourse des marchands et le grand Théâtre. Il était une fois... une ville de liberté, bouillonnante d'idées nouvelles avec son parlement, son philosophe Montesquieu, ses députés girondins, qui inventèrent la République et préparèrent avec le concours de son archevêque les droits de l'Homme et du Citoyen. II était une fois... une ville portuaire, première de France, qui lança ses trois-mâts et ses grands paquebots sur les océans et les mers du monde entier alors que sur sa rivière Il était une fois... une ville accueil, qui, par trois fois capitale de la France, servit de refuge aux gouvernements en exil tout en ouvrant ses portes aux peuples opprimés ou affamés d'Espagne, d'Italie et d'Afrique du Nord. Il est une ville... inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco qui se souvient, à travers ce Grand Journal de Bordeaux, de ses âmes charitables, de ses maîtres à penser, de ses partisans de la liberté, de son poète-académicien François Mauriac, porte-parole de la paix et de la fraternité.

11/2012

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Beaux arts

Le public et la politique des arts au siècle des Lumières. Célébration du 250e anniversaire du premier salon de Diderot

Avec l'invention du Public, le rôle de la critique et des médias, la culture encyclopédiste, la réévaluation des valeurs du passé et la politique réformatrice qui facilite l'émergence d'un nouvel art urbain face à l'art de cour, ce sont autant de questions apparues en Europe au XVIIIe siècle que l'histoire stylistique des oeuvres et des artistes, traditionnelle, ne traite guère. Du moins, les études qui se consacrent à la production artistique du siècle des Lumières, dans le champ des sciences humaines, ne touchent que trop peu le public d'aujourd'hui, largement sous-informé de l'extrême diversité des arts au XVIIe siècle et des mécanismes qui les réunit dans l'idée même de progrès. Agissant parmi le public, comme amateur très averti et donneur de leçons imaginatives et morales, Denis Diderot, critique d'art, témoigne pour ce public autant qu'il l'incite à réagir. La diffusion restreinte, par une correspondance manuscrite qu'étaient ses Salons, n'oblitère en rien – au moins au plan symbolique – ce rôle de témoin et d'incitateur du philosophe qui peut être comparé à celui des meilleurs chroniqueurs, vulgarisateurs ou théoriciens de l'esthétique de son temps. La célébration du 250e anniversaire du premier Salon de Diderot (1759-2009) est l'occasion d'illustrer cette valeur patrimoniale de l'histoire de l'art revisitée. Traitant de sujets totalement inédits, ou trop peu connus, les trente et un textes de ce volume abordent toutes les formes d'art (peinture, gravure, sculpture, architecture, urbanisme, jardin), les carrières d'artistes, l'esthétique, l'évolution du goût et les institutions artistiques. L'évocation de Paris ou de la province française, trouve des prolongements en Italie ou en Angleterre qui illustrent certains aspects politiques de la commande ou de la création. Ceux-ci sont regroupés en quatre grands thèmes: I – Autour de 1759: micro-chronologie politico-artistique (1744-1765), II – Formation et stratégies de carrière des artistes, III – L'imaginaire "à l'antique" et le "progrès des arts", IV – La réception des oeuvres, des projets et des polémiques artistiques.

04/2011

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Littérature étrangère

Lettres

Ce tome (1880-1910) recouvre les trente dernières année de la vie de Tolstoï, années de déchirement et de luttes spirituelles qui eurent de profondes répercussions sur son art. Les lettres de cette période peuvent se partager en trois catégories. La correspondance avec la famille est très copieuse, car Tolstoï, supportant mal l'agitation de Moscou où le couple s'est installé pour l'éducation des enfants, fuit le plus souvent qu'il peut à Iasnaïa Poliana, le domaine familial, d'où il exhorte sa progéniture à mener une vie selon son cour. Il trouve ses fils bien dissipés et ses filles ridiculement désireuses de se marier. Avec Sofia, les relations sont de plus en plus difficiles ; Tolstoï, avec une pathétique obstination, tente par lettres interposées d'analyser la situation et d'y porter remède. Il y a les lettres aux confrères écrivains et aux amis de longue date, comme le poète Fet ou le philosophe Strakhov, avec qui Tolstoï s'entretient de littérature, de philosophie ou de morale. Et les amis nouveaux, en particulier Vladimir Tchertkov, aristocrate converti au tolstoïsme, devenu l'intransigeant disciple et le confident du maître, torturé par son impuissance à mettre en accord sa vie et ses convictions. Tolstoï, à mesure que son autorité morale s'accroît, est de plus en plus sollicité. De toutes parts, les lettres affluent, signées aussi bien de Gandhi ou Bernard Shaw que de centaines d'inconnus de toute condition sociale ; et Tolstoï répond inlassablement pour expliquer sa pensée, donner son sentiment sur les grands événements du monde, apporter son soutien aux causes qui éveillent sa sympathie : aide aux victimes de la famine et aux victimes de pogromes, défense des Doukhobor, dissidents religieux du sud de la Russie et objecteurs de conscience. A quatre-vingt-deux ans, Tolstoï prend la décision qu'il avait retardée si longtemps : il s'enfuit de chez lui. Surpris en route par la maladie, il meurt le 7 novembre 1910 dans la maison du chef de gare d'Astapovo. Sa dernière lettre à ses enfants est datée du 1er novembre.

12/1986

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Histoire et Philosophiesophie

L'ouverture au probable. Eléments de logique inductive

Ne nous y trompons pas : la modestie technique de ce livre et la simplicité de son style ne doivent pas inciter à sous-estimer l'ampleur des questions philosophiques abordées ici, souvent avec humour. C'était d'ailleurs le pari à relever : présenter un texte vivant et accessible au plus grand nombre, mais susceptible de stimuler aussi bien le philosophe inquiet du hasard que le scientifique désireux de prendre le temps de réfléchir, peut-être autrement, à des concepts fondamentaux ou familiers dans sa pratique. Même le joueur invétéré devrait y trouver, sinon son compte, du moins quelques défis ! Au fil des chapitres le lecteur croisera des mises au point sur les concepts élémentaires de la logique inductive, un exposé des enjeux associés au probable et une initiation à la théorie de la décision. Il découvrira quelques grandes figures du domaine et disposera d'un aperçu sur les divers points de vue qui s'y affrontent. En fin de chapitre, des exercices d'applications lui permettront de se faire la main sur les notions examinées. A l'issue du périple, il sera à même d'évaluer l'ampleur du fameux problème philosophique de l'induction, ainsi que la portée de diverses tentatives censées le résoudre ou du moins le dissoudre. Aucune maîtrise préalable en logique formelle ou en mathématiques - hormis les quatre opérations ! - n'est requise pour prendre le risque de la lecture. Les certitudes se font rares dans un monde où nous sommes, toujours davantage, soumis au probable, aussi bien dans le registre du savoir que dans celui de l'action. Paradoxalement, le fait que l'incertain est maître de la nature comme de la société constitue l'une de celles qui organise nos existences. Si vivre c'est se résoudre à faire face au risque, il faudra sans doute se raccrocher à la survivante de l'infernale boîte de Pandore, l'espérance. La logique inductive fait en quelque sorte ce choix moins assurée que sa consœur déductive, elle fait cependant fructifier tout un nouveau style de rigueur venu maîtriser la probabilité au fil des quatre derniers siècles.

06/2004

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Philosophie

La plus belle histoire de la philosophie

C’est une longue épopée, engagée depuis l’Antiquité, qui se poursuit encore aujourd’hui, une aventure pleine de passions, de révoltes, de revirements et de coups de génie. Telle est l’histoire de la philosophie, vue et racontée par Luc Ferry : une conquête obstinée, menée au fil des siècles par une poignée d’explorateurs qui, soudain, trouvent une nouvelle clef pour donner un sens à la condition humaine et bouleversent fondamentalement notre manière de penser. Pourquoi et quand s’est-on mis à philosopher ? Comment les grands concepts se sont-ils succédé au fil des siècles ? Comment et pourquoi Platon, Descartes, Montesquieu, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche, Freud, Heidegger, et quelques autres – les grands défricheurs de la pensée ne sont pas si nombreux – ont-ils eu soudain l’intuition qui a tout changé ? Dans un dialogue limpide et sans jargon avec Claude Capelier, Luc Ferry déroule le fil chronologique depuis les origines antiques jusqu’à nos jours et décrit les six grandes étapes décisives qui nous ont ouvert un nouvel univers. On le verra, l’histoire de la philosophie, comme celle de l’art, n’aime pas la ligne droite, elle connaît des zigzags, des revirements, parfois des errances, et les grandes idées d’autrefois n’ont pas forcément perdu leur pertinence. Pourtant, Luc Ferry le raconte ici, elle semble quand même avancer dans un certain sens – oserait-on même parler d’un certain progrès ? Plus on explore, plus on défriche et plus on s’approche de l’intime, de l’essence de l’homme. Et c’est la grande originalité de ce livre que de nous faire apparaître la philosophie comme une quête essentielle, à la fois millénaire et furieusement actuelle. Où en est-on à l’heure de la globalisation, des espaces virtuels et des intégrismes recyclés d’un autre âge ? Comment répondre à notre désarroi face à un monde qui, une fois encore, nous glisse entre les doigts ? Par l’amour, suggère le philosophe, ce concept à la fois si banal et si complexe, susceptible de nous offrir une meilleure compréhension de notre temps, et peut-être de nous-mêmes.

01/2014

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Humour

Chroniques de La Montagne 1962-1971

" Je n'ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j'accumule, et plus tard, ce sera trop tard. " Pour répondre à cette urgence, Alexandre Vialatte (1901-1971) a créé un genre littéraire qu'il a poussé à la perfection : la chronique. Depuis sa vingt et unième année et jusqu'à sa mort, il en a composé par centaines, pour La Revue rhénane, Le Crapouillot, L'Intransigeant, Le Moniteur, L'Epoque, La Nouvelle Revue française, La Revue hebdomadaire, Marie-Claire, Le Journal de l'Est, Le Petit Dauphinois et, pendant les dix-huit dernières années de sa vie, pour le grand quotidien auvergnat La Montagne. Ce quotidien lui offre toutes les semaines une demi-colonne ou une colonne entière et lui laisse une totale liberté de parler de ce qu'il veut, à l'exception de la politique. Ainsi, tous les dimanches soir, Vialatte porte sa copie à la gare de Lyon, la dépose au wagon postal du train de vingt-trois heures quinze. En dix-huit ans, ce n'est que deux ou trois fois qu'il a manqué son rendez-vous. Et de quoi parle-t-il semaine après semaine ? De tout, de rien. Tantôt il aborde un roman, tantôt une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes, parfois il parle d'une rencontre, évoque un film, se gausse d'une vérité première, approfondit un lieu commun, commente un proverbe. La chronique est l'œuvre d'un promeneur, d'un flâneur, d'un curieux d'un philosophe. " Nous sommes allés cherchant des hommes, comme Diogène, pour leur demander des maximes ou des fenêtres sur l'horizon. " C'est un genre essentiellement poétique, qui peut attraper n'importe quel sujet au vol. Même le plus éphémère se trouvera, par la grâce du style, chargé de sens. " Une chronique, il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d'un mur, dans les pierres de l'emploi du temps. " Vialatte, à sa manière, nous restitue le temps perdu. Il appartient à la famille des Saint-Simon et des Proust.

10/2000

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Critique littéraire

Europe N° 1034-1035, juin-juillet 2015 : Pierre Klossowski

Ecrivain, peintre et traducteur, Pierre Klossowski est né à Paris en 1905 dans une famille d'artistes. Frère aîné de Balthus, il a fréquenté dès ses jeunes années Rainer Maria Rilke et André Gide, puis Georges Bataille auprès duquel il participa au Collège de sociologie et à la revue Acéphale. Dans les années trente, sa rencontre avec les écrits de Sade marqua une étape déterminante dans son cheminement placé à la fois sous le signe de la discrétion et de l'excès. Pierre Klossowski apparaît comme l'une des figures capitales de la culture française du XXe siècle. Celui qui affirmait n'être «ni un écrivain, ni un penseur, ni un philosophe - ni quoi que ce soit dans aucun mode d'expression», aura tout de même laissé derrière lui une oeuvre considérable : des textes littéraires comme Les Lois de l'hospitalité, Le Bain de Diane et Le Baphomet, des études sur Sade et sur Nietzsche, mais aussi quelques scénarios, de nombreuses traductions du latin et de l'allemand (Virgile, Nietzsche, Kafka, Wittgenstein...), ainsi qu'une abondante production de dessins de grand format. Autour du concept de «simulacre», son oeuvre traite autant de la mythologie que de la théologie antique, de l'érotisme ou de l'économie générale. De Gilles Deleuze à Michel Foucault, de Giorgio Agamben à Jean-François Lyotard, plusieurs penseurs contemporains se sont intéressés de près à ses travaux. Les études réunies dans ce numéro d'Europe, ainsi que les nombreux inédits qui ont été recueillis, témoignent de l'extraordinaire diversité de l'oeuvre de cette figure atypique dont Georges Perros disait : «Cet homme semble venir de très loin. Pas seulement d'Europe centrale, pas seulement de la Rome impériale, pas seulement de Tübingen. Sous ce drôle de crâne, au front plus haut que nature, se battent, s'étreignent, se haïssent, font l'amour et la mort, comme nuages dans un ciel en difficulté, une multitude de cibles des héros de la mythologie aussi bien que ceux de Kafka, de Nietzsche, d'Hofmannsthal, de Rilke, tous véritables habitants de l'aujourd'hui des siècles et des siècles. Nous ne sommes pour cet homme hanté, cet homme d'extase, que contemporains de hasard.»

06/2015

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Philosophie

Diogène le chien

Diogène le Cynique (-413 - -327 avant J. C), plus connu sous le sobriquet de Diogène le Chien fut le contemporain de Socrate, Platon, Aristote, Épicure et le disciple d'Antisthène qui le rouait de coups de bâton. Il mourut à Corinthe qui lui consacra une colonne surmontée d'un chien, tandis que ses concitoyens lui élevaient une statue. Il fut, selon Aristote, le fondateur de la secte cynique [du grec kunismov " qui concerne le chien "]. Cette école était ainsi appelée parce que ses adeptes avaient du chien la vigilance hargneuse et que d'autre part ils se réunissaient au lieu-dit " le chien agile ". C'est Diogène qui, dit-on, vivait nu dans un tonneau, se masturbait sur la place publique, apostrophait les grands. Il aurait répondu au dieu vivant, Alexandre lui-même, qui se proposait d'exaucer tous ses vœux le très fameux et très impertinent " Ôte-toi de mon soleil ". À Platon qui venait de définir l'homme comme un animal à deux pattes sans plumes, il aurait présenté un poulet plumé ponctué d'un vigoureux " Voici l'homme selon Platon ! ". Il parcourait inlassablement les rues d'Athènes, morigénant, insultant, rageant, se proclamant " citoyen du monde ". Il écrivit quelques pièces aujourd'hui perdues. Mais ce n'est pas certain. Sa vie est un tissu d'anecdotes scandaleuses, excentriques, provocatrices, rapportées par quelques doxographes, notamment par Diogène Laërce. Paul Hervieu s'inscrit dans cette tradition. Son Diogène le chien est un joyau de concision et de style. Il restitue une Athènes étonnement vivante, celle du IVe siècle des philosophes, avec luxe détails et érudition. Dès les premières pages le lecteur est plongé dans la vie quotidienne de la ville, pénètre avec minutie ses rites et coutumes. Il suit pas à pas les agissements de ce " Socrate en délire " que fut Diogène selon la formule de Platon, se réjouit de ses bons mots, participe à ses intuitions, se scandalise de ses audaces, exulte de ses provocations ; et admire avec envie cette liberté sans faille qui est sans le moindre doute la caractéristique majeure de ce philosophe en acte que fut Diogène.

11/2006

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Philosophie

Recherches philosophiques

Œuvre maîtresse de la seconde manière wittgensteinienne, les Recherches philosophiques ont été à maintes reprises remises sur le métier par leur auteur. Elles ne constituent pas un texte achevé, mais un work in progress : la version imprimée de la première partie est en fait une troisième version de l'ouvrage (elle fut rédigée pendant l'année universitaire 1945-1946 et il semble bien que Wittgenstein la retravaillait encore à la veille de sa mort), et la seconde partie provient d'un manuscrit issu de la réélaboration et de la réorganisation de matériaux contenus dans différents textes écrits entre 1945 et 1949. Publiées en 1953 après la mort de Wittgenstein par deux de ses exécuteurs littéraires (G. E. M. Anscombe et R. Rhées) et saluées dès leur parution par des comptes rendus substantiels et élogieux, signés de noms célèbres (N. Malcolm, P. F. Strawson, J. N. Findlay et P. K. Feyerabend), dont l'un présente Wittgenstein comme " le premier philosophe de l'époque ", les Recherches se sont très vite imposées non seulement comme un texte de référence en philosophie du langage, mais aussi comme un classique de la philosophie contemporaine. Elles ont eu une influence considérable sur divers courants dominants de la philosophie de la fin du XXe siècle (principalement outre-Manche et outre-Atlantique, mais aussi en Allemagne à travers K. O. Apel), et elles sont à la source de bien des débats actuels qui débordent très largement le cadre de la philosophie académique. A vrai dire, elles occupent une position singulière dans le champ contemporain qui tient notamment à leur remise en question des sublimités métaphysiques et des réductionnismes en tout genre et à leur refus catégorique de toute théorie de la signification et de toute quête d'une terre ferme de l'origine - refus qui les tient à l'écart, d'une part des ambitions de la tradition analytique, et d'autre part des présupposés de la tradition continentale, et qui les conduit sur la voie d'une analytique de la quotidienneté dont on n'a certainement pas fini de mesurer la fécondité.

01/2005