Recherche

selections prix litteraire

Extraits

ActuaLitté

Humour

Le bouquin des méchancetés. Et autres traits d'esprit

La méchanceté est un art à la condition d'être drôle et inspirée. Préfacé par un maître du genre, Philippe Alexandre, cet ouvrage offre le florilège le plus complet et jubilatoire qui soit des traits d'esprit, saillies, épigrammes et autres "vacheries" qui ont jalonné l'histoire littéraire, mondaine et politique de l'Antiquité à nos jours. Certaines époques et certains milieux se sont particulièrement illustrés dans cet exercice vivifiant : les cercles littéraires des XVIe et XVIIe siècles, les salons et la cour de France au siècle des Lumières, le monde politique et la société mondaine de la IIIe République, l'Angleterre postvictorienne, la grande période hollywoodienne de l'entre-deux-guerres... Autant de moments où la liberté d'esprit et une lucidité aiguisée se sont exprimées sans crainte de démystifier et tourner en ridicule les figures installées du conformisme intellectuel et de l'académisme pontifiant. Parmi les experts en la matière, on trouve de grands hommes d'Etat. Clemenceau, l'un des plus féroces, disant à propos du président de la République, Félix Faure, qui venait de mourir En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui." Churchill, tout aussi impitoyable, au sujet de son successeur Clement Attlee Un taxi vide approche du 10 Downing Street, Clement Attlee en descend..." De célèbres dramaturges ou comédiens firent eux aussi profession de rosseries en tout genre. Ainsi Sacha Guitry, commentant en ces termes l'élection à l'Académie française de l'un de ses confrères : "Ses livres sont désormais d'un ennui immortel." Ou Tristan Bernard, disant d'une actrice en vogue "Pour se faire un nom, elle a dû souvent dire oui. Le répertoire rassemblé et présenté par François Xavier Testu fourmille de mots de la même veine, de formules souvent hilarantes et toujours assassines, qui constituent autant de trouvailles irrésistibles. On les lira avec la même délectation qui a animé les meilleurs esprits de leur temps.

11/2014

ActuaLitté

Critique littéraire

La Nouvelle Revue française. Les colloques du centenaire, Paris, Bourges, Caen

Les historiens considèrent les revues littéraires et artistiques comme un «fait éditorial total» et recommandent de les aborder avec la plus grande prudence interprétative, en prêtant une attention particulière à leur vie interne, à leurs formes et rythmes propres et à leurs positions dans le mouvement de la création et de la diffusion des styles, du savoir et des opinions. À leur égard, il convient de se méfier des catégorisations et des approches exclusivement quantitatives ; «il faut se laisser guider par l'objet, adapter la méthode à son inventivité et à sa plasticité.» Ces trente-neuf études consacrées à l'histoire de La Nouvelle Revue française depuis 1909 répondent à cette attente. Ce recueil offre ainsi de précieuses mises au point sur l'animation de la revue au fil du temps, sur le repli de La NRF chez Joë Bousquet durant l'été 1940, sur l'apport critique de Roger Caillois et d'Armand Petitjean, sur la place qu'y ont tenue Marcel Arland ou Maurice Blanchot... Y sont proposées des synthèses inédites sur La NRF et la poésie, le roman et le théâtre, ainsi que sur l'audience de La NRF à l'étranger, au travers des exemples italiens, allemands, anglais et argentins. La NRF y est également inscrite dans son environnement social, culturel et politique, au travers de ses relations avec l'École normale supérieure, le groupe de Pontigny, le catholicisme ou encore l'histoire européenne de l'entre-deux-guerres. Les liens avec les avant-gardes y tiennent une part importante, sans occulter toutefois le rapport constant de la revue à la tradition littéraire. Enfin, ces études cherchent à rendre compte du «tempérament» de La NRF, tant au travers de ses crises et querelles et de ses relations avec quelques auteurs majeurs (Prosut, Céline, Jouhandeau...) qu'à la mise en avant de certains traits de son «caractère» ou de son «style» : son ingénuité, son austérité, ses mythologies.

05/2013

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 2, Ecrits posthumes (1922-1940)

"Ce deuxième volume rassemble ce qui, rédigé par Georges Bataille entre 1922 et 1940, est resté inédit. II contient des articles achevés, des conférences, des fragments abandonnés, des notes, de simples esquisses ou programmes. Le volume s'ouvre sur le récit d'un Rêve. Sous le titre de L'Oil pinéal sont groupées les ébauches d'une "anthropologie mythologique" qui effectue l'articulation de l'expérience érotique et des différents niveaux de la pensée rationnelle. Au moment de la rupture avec André Breton, Georges Bataille dénoncera l'exploitation par les surréalistes à des fins purement littéraires d'oeuvres qui, comme celle de Sade, tiennent leur pouvoir de fascination d'avoir su excéder les limites de la littérature. Avec Le Paradoxe de l'utilité absolue se précisent les premiers développements de l'économie générale qui aboutira à La Part maudite. Le souci de l'utilité, du gain, l'avarice économique ne suffisent pas à contenir l'existence humaine. L'intérêt pour les structures politiques fasciste et communiste tient à leur tentative de surmonter ce rationalisme économique étroit en réintroduisant sous une autre forme la souveraineté des anciennes sociétés religieuses. Les essais d'Hétérologie (ou scatologie) proposent une classification des différents processus de rejet selon lesquels toute société sacralise un certain nombre d'individus, de choses ou d'actions. Ces diverses élaborations se développent alors sur un double plan : exotérique (et "scientifique") avec les exposés à la Société de Psychologie collective et au Collège de Sociologie, ésotérique avec le groupe Acéphale et le Manuel de l'Anti-chrétien. En 1939 la guerre apparaît à Georges Bataille comme la forme industrielle de sacrifice dans l'imminence de laquelle l'utilitarisme des sociétés modernes fait l'épreuve de ses échecs. Ainsi s'élaborent au cours de ces vingt années les trois discours dont le contrepoint composera l'oeuvre de Bataille : discours érotique et "littéraire" ; discours économique et "religieux" ; discours mystique et antireligieux." Denis Hollier.

06/2012

ActuaLitté

Critique littéraire

Courrier d'exil. Saint-John Perse et ses amis américains, 1940-1970

Ce volume retrace la conquête de l'Amérique par Alexis Leger, Secrétaire général du Quai d'Orsay, qui débarqua à New York en exilé, le 14 juillet 1940, avec deux adresses destinées à lui ouvrir toutes les portes du pays. La première était celle de Katherine Garrison Chapin Biddle, poète, critique, et épouse de Francis Biddle, ministre de la justice des Etats-Unis. L'autre était celle d'Archibald MacLeish, poète, essayiste, dramaturge et conservateur en chef de la Bibliothèque du Congrès. Ces éminentes personnalités de l'intelligentsia américaine introduisirent le Français dans les plus hauts milieux du gouvernement et des lettres, à commencer par le président Roosevelt. Pendant plus de trente ans, le poète et ses amis mécènes échangeront des lettres où défilent de nombreuses personnalités littéraires et politiques, dont le général de Gaulle. Cette correspondance enfin restituée nous offre un aperçu privilégié sur Saint-John Perse dans son pays d'adoption : à la fois hôte et frère, conseiller et solliciteur. Les lettres, faites d'observations politiques, de remarques culturelles, d'élans lyriques et de tours ludiques, révèlent une intimité surprenante à côté des préoccupations les plus pratiques concernant les besoins financiers et la carrière littéraire du poète. Au carrefour des faits et des dits, du vécu et de l'écrit, les lettres de Saint-John Perse montrent aussi qu'elles sont des textes travaillés, manifestant des traits stylistiques souvent semblables au reste de son oeuvre. Elles sont parcourues d'images inattendues, d'expressions frappées en médaille et de mots clés qui appartiennent à ses poèmes. Elles forment un récit passionnant d'amours et de hasards, Lettres réunies, traduites et présentées par Carol Rigolot, professeur à Princeton University où elle dirige le Humanities Council, centre pluridisciplinaire des arts et des lettres. Son prochain livre, Forged Genealogies : Saint-John Perse's Conversations with Culture, paraîtra en 2001 aux Presses universitaires de la Caroline du Nord. Le présent volume est le quinzième de la " Série Saint-John Perse ".

05/2001

ActuaLitté

Sciences historiques

Entre la lumière et les ténèbres. Aspects du Moyen Age et le Renaissance dans la culture des XIXe et XXe siècles, actes du congrès de Montréal des 30 mai et du 1er juin 1995

Quand on interroge les discours de l'Histoire, de l'histoire littéraire et de la littérature des temps révolus, discours qui souvent s'interpénètrent et s'influencent, il n'est pas rare alors de surprendre le regard d'une époque en train de se mirer dans son passé, comme Narcisse à la fontaine. Ce recueil de onze articles, précédé d'une préface, explore quelques-uns des aspects de la présence du Moyen Age et de la Renaissance dans la culture, et plus particulièrement les beaux-arts que sont la littérature, la musique, l'architecture et les arts visuels des XIXe et XXe siècles. Ainsi, dans le roman animé par l'Histoire médiévale ou renaissante, que signifie le désir du médiéviste de signer des fictions, la présence de stéréotypes chez les personnages littéraires d'exclus de la société ou du pouvoir ainsi que l'inscription de diverses idéologies passées ? Et quel sens attacher à la transposition dans la culture contemporaine des monuments culturels passés provenant de la littérature, de l'architecture, des arts visuels ou de la musique sacrée et profane ? Ce qui ressort avec force dans ce dialogisme entre les textes et les siècles, c'est que dans les grands romans d'Histoire, lieux d'une riche intertextualité et interdiscursivité, le savoir historique, qu'il soit reproduit à l'aide de stéréotypes ou non, réhabilité, critiqué ou réécrit, n'est ni un but en soi, ni un pittoresque ornement esthétique, mais un matériau romanesque qui se moule à une infinité de propos et qui permet d'aller plus loin dans la connaissance de l'expérience humaine. En fin de compte, le Moyen Age comme la Renaissance s'imposent comme de puissantes métaphores de la condition humaine sous toutes ses formes, inexorablement fascinée autant par la lumière que les ténèbres de sa nature profonde, hier comme aujourd'hui. Ce volume d'Actes est suivi d'un index des noms cités.

12/1999

ActuaLitté

Critique littéraire

Primo Levi. Transferts culturels et identités juives

Sur le chemin de son retour en Italie, après sa sortie d'Auschwitz en 1945, Primo Levi accomplit un périple de neuf mois en Europe centrale. Il s'agit là d'une étape décisive dans sa découverte de ses racines juives. Levi se trouve en effet au centre d'une forte oscillation du peuple juif entre l'Est et l'Ouest, à l'articulation du XIXe et du XXe siècles et qui se poursuit dans la seconde moitié du XXe siècle. Si des contacts et des échanges littéraires inter-ashkénazes débouchent sur une grande évolution de la création littéraire (écriture romanesque, poésie, essais, carnets de voyage...), simultanément ces contacts engendrent chez les juifs notamment italiens et allemands des interrogations sur leur assimilation et la recherche d'un ressourcement spirituel dans la culture des frères de l'Est. Les transferts culturels dont Levi va être l'une des chevilles ouvrières ont lieu d'Ouest en Est comme dans le cas de la Haskala, les Lumières juives, mais aussi d'Est en Ouest dans celui de la reconnaissance de la littérature et plus largement de la culture du Yiddishland marquée par l'ouverture du shtetl à la modernité. Primo Levi découvre que le judaïsme ashkénaze fut lui- même divers selon les pays et les époques, et d'une richesse inépuisable notamment sue le plan de la littérature. Tout d'abord victime du génocide et rescapé confronté au long retour au pays natal, l'écrivain italien devient en effet peu à peu lecteur de ces ouvrages sortis de l'ombre comme le Chant du peuple juif de Katzenelson ; le témoin devient lui-même auditeur et passeur de témoignages. Levi valorise autant les témoignages directs sur h Shoah que les ouvrages, essais, fictions ou poèmes issus de h culture ashkénaze. Il confronte ainsi progressivement sa mémoire individuelle à une mémoire collective, via les auteurs, écrivains, poètes, chroniqueurs juifs.

08/2018

ActuaLitté

Policiers

Alibis N° 52

L'automne est sous le signe du voyage. Jean Charbonneau, auteur du très remarqué « Tout homme rêve d'être un gangster », nous fait vivre le choc culturel d'un jeune québécois d'origine italienne « obligé » d'aller en Italie pour y porter les cendres de sa grand-mère : il y découvrira une famille aux méthodes et activités des plus douteuses… François Leblanc nous ramène au Québec avec « Et tout s'éteint » : un instantané de la vie banale de petites gens qui assistent à un crime peu ordinaire. Direction le Mexique avec « Pourquoi se battent les chiens », de Camille Bouchard, qui, une fois de plus, fouille les côtés les plus sombres de ce pays : violence, pauvreté, corruption et crime impuni. Un texte très puissant. Du côté des essais, en plus des conseils avisés de nos critiques spécialistes, un article plutôt original qui compare la réalité historique du « Cas Richard III » versus ses représentations littéraires. Enfin, une entrevue avec Maxime Houde, considéré comme l'auteur du Montréal des années quarante : dépaysement garanti, avec son détective Stan Coveleski. Un numéro sous le signe de l'international. Alibis, dont le premier numéro a été lancé en novembre 2001, est la première et la seule revue québécoise professionnelle entièrement consacrée à la littérature policière, au mystère, au noir et au thriller. La revue est trimestrielle et essentiellement axée sur des contenus québécois originaux pour ce qui est des fictions. Les articles y sont spécialisés, et variés : on y trouve autant des entrevues originales d'auteurs (québécois et étrangers), des articles sur les divers corps de métiers au sein de la police (profileurs, artistes judiciaires, enquêteurs spécialisés), des essais sur l'histoire du roman policier (au Québec et ailleurs), et des essais sur les liens étroits entre la fiction et la réalité. Ces articles sont représentatifs d'un genre littéraire populaire et moderne, qui ne cesse d'attirer de nouveaux lecteurs.

04/2015

ActuaLitté

Littérature française

La côte sauvage ; Journal ; Le feu à sa vie. Suivis de romans et textes inédits

Soixante après sa mort tragique à 26 ans, une des figures les plus emblématiques de la littérature des années 60 fait ici un retour en force, après avoir fasciné plusieurs générations de lecteurs depuis sa disparition. Soixante ans après sa fin tragique dans un accident de voiture, à l'âge de vingt-six ans, Jean-René Huguenin n'en finit pas susciter l'admiration de générations de lecteurs qui se sont passionnés pour son seul roman publié, La Côte sauvage, son Journal, tenu de 1955 à l'avant-veille de sa mort, salués par les plus grands, de Julien Gracq à François Mauriac, et auxquels s'est ajouté un recueil de chroniques et correspondances paru à titre posthume et portant un titre qui lui ressemblait : Le Feu à sa vie. Ce volume, riche de nombreux écrits inédits retrouvés dans ses archives, permet de regrouper la presque totalité de son oeuvre dont quatre romans jamais révélés au public, en particulier le dernier sur lequel il travailla jusqu'à sa disparition. Leur lecture montre toute l'étendue de son talent précoce, son éblouissante maîtrise et la force de son exigence littéraire. Huguenin, qui participa à la création de la revue Tel Quel avec Philippe Sollers, Jean-Edern Hallier et Renaud Matignon, écrivit aussi, à partir de 1954, plus d'une centaine d'articles pour des revues littéraires dont la plupart n'avaient jamais été recueillis en volume et qui sont ici rassemblés, certains restés eux-mêmes inédits. Si l'oeuvre de Jean-René Huguenin possède encore tant de puissance et a gardé une telle résonance, c'est, comme le souligne Michka Assayas dans sa préface, parce qu'elle n'a cessé de faire écho à " nos angoisses contemporaines " tout en exprimant une forme de romantisme tourné vers " l'espoir et la lumière ". Cet " extravagant bonheur, disait Huguenin, que nous devons à la fierté d'être mortels ". Son rayonnement n'est pas près de s'éteindre.

08/2022

ActuaLitté

Littérature française

Le stupide XIXe siècle

" Né dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle et mêlé, par la célébrité paternelle, à l'erreur triomphante de ses tendances politiques, scientifiques et littéraires, j'ai longuement participé à cette erreur, jusqu'environ ma vingtième année. Alors, sous diverses influences, notamment sous le choc des scandales retentissants du régime, puis de la grande affaire juive, et des réflexions qui s'ensuivirent, le voile pour moi se déchira. Je reconnus que les idées courantes de nos milieux étaient meurtrières, qu'elles devaient mener une nation à l'affaissement et à la mort, et que baptisées dans le charnier des guerres du premier Empire, elles mourraient sans doute dans un autre charnier pire. Les quelques exposés qui vont suivre sont ainsi plus une constatation qu'une démonstration. On en excusera la forme volontairement âpre, rude et sans ménagement. Ce qui a fait la force détestable de l'esprit révolutionnaire, et sa suprématie, depuis cent trente ans, c'est la faiblesse de l'esprit réactionnaire, rabougri, dévié et affadi en libéralisme. Les abrutis, souvent grandiloquents et quelquefois du plus beau talent oratoire et littéraire, allant jusqu'au génie verbal (cas de Victor Hugo par exemple), qui menaient l'assaut contre le bon sens et la vérité religieuse et politique, ne ménageaient, eux, rien ni personne. Ils se ruaient à l'insanité avec une sorte d'allégresse et de défi, entraînant derrière eux ces stagnants, qui ont peur des mots et de leur ombre, peur de leurs contradicteurs, peur d'eux-mêmes. Ils appelaient à la rescousse la foule anonyme et ignorante, cette plèbe intellectuelle qu'il ne faut pas confondre avec le peuple, et qui n'a été, au cours de l'histoire, que la lie irritée de la nation. Il n'est rien de plus sage, ni de plus raisonnable, que le peuple français dans ses familles, ses besoins, son labeur et ses remarques proverbiales. "

03/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Les noms des l'histoire. Essai de poétique du savoir

Une histoire, au sens ordinaire, c'est une série d'événements qui arrivent à des sujets généralement désignés par des noms propres. Or la révolution de la science historique a voulu révoquer le primat des événements et des noms propres au profit des longues durées et de la vie des anonymes. C'est ainsi qu'elle a revendiqué en même temps son appartenance à l'âge de la science et à l'âge de la démocratie. Mais l'âge de la démocratie et de la science des grands nombres est aussi celui du trouble littéraire et révolutionnaire : de la multiplication des paroles, des récits séduisants et des mots excessifs. Des rois y perdent leur tête et la rationalité semble parfois s'y abîmer. Les historiens veulent garder leur tête et connaître les choses en les dépouillant de leurs noms trompeurs. Mais les choses de l'histoire ont cette propriété déroutante de s'évanouir quand on veut les rendre à leur simple réalité. La limite de la croyance scientiste en histoire, c'est l'évanouissement de l'histoire elle-même, le nihilisme révisionniste et la rumeur désenchantée de la fin de l'histoire. Il apparaît alors que l'histoire, pour devenir science sans se perdre elle-même, a besoin de quelques tours de littérature : une autre manière de raconter la mort des rois, un autre usage des temps du récit et l'invention de personnages d'un genre nouveau, les témoins muets. C'est seulement ainsi qu'elle peut articuler en un seul discours un triple contrat scientifique, narratif et politique. Dans ce livre, Jacques Rancière propose une poétique du savoir : étude de l'ensemble des procédures littéraires par lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie. La poétique du savoir s'intéresse aux règles selon lesquelles un savoir s'écrit et se lit comme discours spécifique. Elle cherche à définir le mode de vérité auquel il se voue.

10/1992

ActuaLitté

Histoire ancienne

Le cheval de guerre en Grèce ancienne

Ce livre souhaite être une contribution à l'histoire de la culture équestre du monde grec. En adoptant l'angle du cheval de guerre, il vise à étudier les à-côtés de l'équitation militaire et des actions des cavaliers sur les champs de bataille du monde grec. Grâce à l'Athénien Xénophon (v. 430-v. 355), qui a souvent évoqué dans la plupart de ses livres le monde équestre, mais aussi à d'autres sources disponibles (littéraires, épigraphiques et iconographiques), il est possible de s'intéresser aux spécificités de l'élevage équin, depuis les types de montures produites jusqu'à leur intégration dans les cavaleries. Les chevaux sont pour la plupart issus de régions où se trouve une tradition d'élevage bien marquée. Leur conformation en vue des actions de guerre (reconnaissance, harcèlement, charge) nécessite une sélection consciente des éleveurs, fondée sur un savoir-faire et une connaissance de la zootechnie. Le discours de Xénophon et d'autres auteurs sur les chevaux de bonne naissance renseigne aussi sur le degré de réflexion concernant les pratiques sélectives à l'époque classique. La description du cheval idéal dans le traité d'art équestre de l'auteur athénien illustre par ailleurs le haut degré de savoir hippologique. L'organisation de la remonte est particulièrement connue dans la cité d'Athènes. Les mécanismes institutionnels mis en oeuvre (par la contrainte et l'incitation) montrent que le choix et l'entretien des montures étaient exigeants et répondaient à la nécessité de disposer de chevaux prêts pour la guerre. Chaque cavalier devait donc prendre soin de son cheval, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le pansage et l'espace qui lui était consacré dans la maisonnée. L'histoire du cheval en Grèce est ainsi une autre manière de faire de l'histoire : elle révèle en effet tout un ensemble de pratiques, de techniques, de savoirs, mais aussi l'existence d'une forme de filière dans laquelle éleveurs, gardiens de troupeaux, palefreniers ou dresseurs apparaissent comme des acteurs essentiels à la production de montures performantes pour les cavaleries du monde grec.

12/2015

ActuaLitté

Science-fiction

Solaris : Science-fiction et fantastique N° 200

LES FICTIONS :  « Au bout du couloir », d'Éric Gauthier ; « Fata Morgana », d'Ariane Gélinas ; « Le Guerrier aveugle », d'Yves Meynard ; « Tous à Laval ! », de Hugues Morin ; « 200 », de Francine Pelletier ; « Le Masque et le Châle », de Daniel Sernine ; « Les Livres sacrés de Saint-Mateur », de Mario Tessier ; « L'Arracheur de langues », de Jean-Louis Trudel ; « Le Printemps de Krijka », d'Élisabeth Vonarburg. L'ARTICLE : « Reconstruisez la civilisation vous-même », de Mario Tessier. Comment célèbre-t-on un deux centième numéro ? En rendant hommage à l'ensemble de la production de la revue tout en n'oubliant pas de regarder vers l'avant. Nous avons demandé à plusieurs auteurs réguliers de Solaris de choisir parmi une large sélection d'illustrations ayant servi de couverture pour d'anciens numéros et de s'en inspirer pour écrire une histoire. Tous les genres de l'imaginaire y sont représentés pour offrir une belle variété aux lecteurs… et plus de pages : 240 pages au lieu des 160 que compte habituellement un numéro. Neuf nouvelles captivantes ! Tout d'abord, Éric Gauthier vous raconte ce qui se trouve « Au bout du couloir ». Sortirez-vous indemne de « Fata Morgana » d'Ariane Gélinas ? Suivons les traces du « Guerrier aveugle » en compagnie d'Yves Meynard. Quant à lui, Hugues Morin s'infiltre à l'intérieur du dôme dans « Tous à Laval ». Qu'est-ce qui se cache derrière ce mystérieux « 200 » de Francine Pelletier ? Daniel Sernine convie ensuite les lecteurs dans les ténèbres où reposent « Le Masque et le Châle ». Mario Tessier nous partage ses découvertes sur « Les Livres sacrés de Saint-Mateur ». Espérons que vous n'êtes pas la prochaine victime de « L'Arracheur de langues » de Jean-Louis Trudel. Enfin, « Le Printemps de Krijka » d'Élisabeth Vonarburg vous plonge dans un univers bien particulier… vonarburgien quoi ! Suite à ce volet fiction bien rempli, nous retrouvons Mario Tessier avec un nouveau Carnets du Futurible : « Reconstruisez la civilisation vous-même ». Fin du monde et littérature : un mariage bénéfique pour l'humanité ? Pour terminer le numéro, les critiques littéraires, dont le volet « Littéranautes », qui donnent une bonne idée de la production québécoise récente.

03/2017

ActuaLitté

Policiers

Embrouilles à Panama

La porte de l'incinérateur se souleva et une vague d'air brûlant enveloppa Malko. El Guapo se pencha sur lui, le visage luisant de sueur et lança d'une voix amusée : - ; Adios, gringo. Le cerveau de Malko se vida. On allait tout simplement le jeter vivant dans l'incinérateur Herbert Lawn eut un gros rire truculent et prit sur la table basse en bambou un mince dossier jaune qu'il ouvrit. - Il s'agit d'une mission assez déplaisante, annonçat- il. - Qu'entendez-vous par déplaisant ? Herbert Lawn leva sur Malko un regard d'où toute gaieté avait disparu. - Une action à terminer avec un extrême préjudice pour l'intéressé. Autrement dit, une liquidation physique... - Qui est l'intéressé ? demanda-t-il, le visage caressé par la brise du ventilateur. - Avez-vous entendu parler du général Emiliano Coiba ? - Vaguement, dit Malko. C'est l'homme fort du pays, non ? - Exact, le président n'est qu'une potiche. - C'est de lui qu'il s'agit ? - Absolument. - Pourquoi ? Une lueur d'humour froid pétilla dans les gros yeux marron de l'Américain. - Demandez-moi plutôt pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt... En 1972, on avait déjà proposé cette solution. Le général Coiba est impliqué dans le trafic de drogue jusqu'au cou, du transport de la cocaïne au lavage de l'argent ; il nous trahit à l'occasion au profit des Cubains en leur vendant des renseignements militaires et de la technologie, il contrôle des réseaux de prostitution et de trafic de passeports, il est actif également dans les ventes d'armes à destination du M19 colombien et des sandinistes, et il a, bien entendu, truqué les dernières élections. - Je crois que ce général a été reçu il n'y a pas si longtemps au Pentagone avec tous les honneurs dus à son rang, remarqua-t-il. Il me semble aussi qu'il était assez lié à la Company... Que s'est-il passé ? Herbert Lawn prit dans son dossier une photo qu'il tendit à Malko. - Ceci. La photo en noir et blanc représentait le cadavre d'un homme entièrement nu, allongé sur une table avec un écriteau portant le numéro 85100. La tête manquait. Il reposa le document. - Qui est-ce ? - La première véritable erreur du général Coiba, laissa tomber l'Américain. - C'est-à-dire ? - Cet homme s'appelait Julio Chavarria. Un politicien panaméen soutenu par une poignée de sénateurs démocrates de chez nous. En plus, informateur pour la Company et la DEA.

11/2020

ActuaLitté

Critique littéraire

Proust Latino

Marcel Proust a été l'intime de plusieurs figures latino-américaines installées à Paris au début du xxe siècle. Se pourrait-il que ces amitiés aient influencé l'auteur de la Recherche et que cette ouverture à un monde lointain, exotique, ait façonné son imaginaire ? A cette question audacieuse, l'universitaire Rubén Gallo répond par un livre savoureux en forme d'enquête culturelle et littéraire. A travers les portraits des Latino-Américains les plus proches de Proust, son amant, le Vénézuélien Reynaldo Hahn ; le fantasque secrétaire argentin du comte de Montesquiou, modèle de Charlus, Gabriel de Yturri ; le poète cubain José Maria de Heredia et le sulfureux critique littéraire mexicain Ramón Fernández, Gallo s'attache à établir la présence forte de l'Amérique latine dans la vie de Proust et dans la construction de son oeuvre. Loin du dandy parisien, on y découvre un Proust plus spontané, plus tropical. En tentant de démêler les liens de ces deux mondes, leurs apports réciproques, Rubén Gallo livre aussi un beau texte sur l'altérité en art, et une réflexion puissante sur le rapport ambigu de la France, à l'époque phare culturel incontestable, à ses étrangers, si brillants soient-ils.

10/2019

ActuaLitté

Histoire de France

Marguerite de Navarre. Au seuil de la Réforme

Soeur du roi François Ier, reine elle-même par son mariage avec le roi de Navarre, Marguerite d'Angoulême est célèbre pour son oeuvre littéraire, notamment Le Miroir de l'âme pécheresse ou L'Heptaméron. Elle devrait l'être aussi pour sa quête spirituelle, son soutien aux précurseurs de la Réforme, et sa défense des droits de la femme. Inquiétée, voire menacée pour son audace théologique et littéraire, proche des idées réformatrices et amie de Calvin mais attachée à l'Eglise catholique, Marguerite de Navarre a ouvert la voie, dès le XVIe siècle, à la revendication pour la liberté de conscience et les prémices de l'autonomie féminine. Femme d'exception, diplomate pour le roi, hérétique à ses heures, auteur à scandale pour son époque, protectrice des humanistes réformateurs, l'influence de Marguerite de Navarre perdurera avec sa fille, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et son petit-fils, Henri, futur Henri IV, roi de France et de Navarre. Cette biographie d'un style alerte se lit comme un roman et permet de découvrir les intrigues des grands personnages de cour et de rencontrer les " hérétiques " menacés du bûcher que Marguerite de Navarre a tenté de sauver.

10/2019

ActuaLitté

Droit

Les questions sur le passé sont des questions du présent. Aperçus de l'internement administratif

La CIE a étudié l'histoire des internements administratifs et s'est intéressée, dans ce cadre, à des thèmes aussi divers que la pauvreté, la santé, le travail, l'ordre, la sexualité, la famille et la formation. Interdépendants, ces thèmes étaient liés à l'époque et le sont toujours. Par l'intermédiaire de citations, d'exemples tirés des sources, d'entretiens, réels et fictifs, ce tome aborde la question de l'internement administratif et de son traitement historique. Tout en donnant accès aux missions ainsi qu'au travail de recherche de la CIE, il nous présente la thématique sous un aspect littéraire : les chercheuses et les chercheurs de la CIE nous montrent comment ils ont abordé les thèmes évoqués dans leur travail ; les membres de la commission nous expliquent en quoi il est utile de faire la lumière sur le passé ; et enfin, des auteur-e-s de l'Institut littéraire suisse de Bienne nous livrent les textes qu'ils ont écrits spécialement pour la CIE. Cet ouvrage existe aussi en allemand : Fragen zu gestern sind Fragen von heute. Einblicke in die administrative Versorgung.

07/2019

ActuaLitté

Littérature française (poches)

B17-G. Suivi de Smith

"La narration pulvérisée. Un éblouissement, un de ces éblouissements auxquels vise l'art quand il cherche à nous aveugler pour nous rendre enfin la vue". Bertrand Leclair, La Quinzaine littéraire, oct. 2001. "Le livre qu'on persiste à estimer le plus remarquable parmi ceux qu'on a pu lire sous le nom de Bergounioux, et qui incite à lire d'un autre oeil ce qui le précède". Bertrand Leclair, La Quinzaine Littéraire, mai 2004. "B-17 G, le très beau et étrange récit". Patrick Kéchichian. Le Monde des livres, déc. 2001. "De ce minuscule laps de temps qui sépare le choc de la disparition, l'instant même de la photographie, Pierre Bergounioux fait un grand texte sur l'histoire et sa longue durée.". Tiphaine Samoyault, Les Inrockuptibles, oct. 2001. "Avant B-17 G, Pierre Bergounioux était un écrivain suprêmement émouvant et sensible. Avec B-17 G, il est grand." Jean-Paul Michel. En compagnie de Pierre Bergounioux. Théodore Balmoral, 2004 Introuvable, ce petit livre que certains s'autorisent à qualifier de "livre culte", B-17 G, renaît dans une nouvelle édition, suivi de Smith, postface de Pierre Michon.

10/2016

ActuaLitté

Critique littéraire

Les littératures suisses entre faits et fiction

L'écriture littéraire du XXe au XXIe siècle a permis de mettre en lumière une affinité entre fictionnalité et factualité. Si les mutations de cette polarité occupent actuellement la critique et permettent des avancées substantielles dans l'analyse de la production littéraire des dernières décennies, celles du domaine de la littérature suisse ont été peu explorées jusqu'à présent. Les auteurs de ce volume s'attachent à montrer la relation entre fictionnel et factuel dans les littératures suisses, leurs frontières, mais aussi leur pas de deux, entre jeu et séduction, compromis et hybridation, en étudiant les différentes stratégies qu'ont inventées les écrivains suisses pour mettre en lumière la problématique de leur réalité. Des figures tutélaires de la littérature suisse (Friedrich Dürrenmatt, Max Frisch) en passant par des auteurs de romans policiers (Joël Dicker, Joseph Incardona, Sébastien Meier), de récits autobiographiques (Urs Widmer, Yves Laplace et Benoît Damon) ou de textes sur l'altérité (Gertrud Leutenegger, Anna Felder, Ilma Rakusa, Fabiano Alborghetti, Lukas Bärfuss, ...) ou encore de subversion communicative (Catherine Safonoff, Matthias Zschokke) : la palette des écrivains étudiés ici est à la mesure de la richesse des littératures suisses contemporaines.

11/2019

ActuaLitté

Littérature française

L'or et la poussière

"Vous m'avez rendue poussière", écrit madame du Deffand à Horace Walpole. Cette vieille femme aveugle est amoureuse d'un étrange dilettante anglais, de vingt ans son cadet. Il lui répond par l'ironie, puis par l'agacement, enfin par la colère. C'est alors que la passion s'installe entre ces deux êtres excessifs que tout sépare et tout mutuellement fascine. L'amitié, cet or que les alchimistes des sentiments tentent de créer, est-elle possible entre eux ? Plutôt l'amour qu'ils ne cessent de soupçonner et de nier. Horace Walpole, esthète, antiquaire, visionnaire, auteur du premier roman noir, Le Château d'Otrante, est peut-être aussi le premier romantique. Marie de Vichy-Champrond, marquise du Deffand, nostalgique du XVIIe siècle, protagoniste de la vie littéraire de salons, est peut-être la dernière Française classique. De cette rencontre exceptionnelle, une femme décide de garder la mémoire : Mary Berry, jeune amie des vieux jours de Walpole, témoin littéraire de cette "amitié contrariée". A partir de documents authentiques, l'auteur reconstitue une double biographie, à travers laquelle l'on peut lire la naissance de la sensibilité romantique.

01/1986

ActuaLitté

Critique littéraire

LES MYSTERES DE PARIS, EUGENE SUE ET SES LECTEURS. Tome 1 et 2

Succès sans précédent dans l'histoire littéraire, Les Mystères de Paris, publiés en feuilletons dans le Journal des Débats de juin 1842 à octobre 1843, ont passionné d'innombrables lecteurs dans le monde entier. Le roman, véritable synthèse du romantisme social, par son contenu polémique et revendicatif, a su cristalliser les aspirations diffuses des classes populaires et bourgeoises de la Monarchie de Juillet et ainsi semer chez ses lecteurs les germes de ce qui allait bientôt devenir " l'esprit de 1848 ". La bibliothèque Historique de la Ville de Paris conserve une importante collection de lettres adressées à Eugène Sue par ses lecteurs pendant la publication. Durant plus de cinq ans, Jean-Pierre Galvan a minutieusement établi et annoté le texte de ces documents dont la plus grande partie était, jusqu'à ce jour, restée inédite. Augmenté des réponses retrouvées d'Eugène Sue, l'ouvrage comporte également un dictionnaire biographique des correspondants incluant une courte analyse de chaque lettre. La publication intégrale de cette correspondance constitue pour les chercheurs et les curieux une documentation unique tant pour l'histoire littéraire du XIXesiècle que pour la connaissance d'une époque.

06/1998

ActuaLitté

Critique littéraire

Fronts criminels. Une histoire du polar américain de 1919 à nos jours

Deux forces expliquent le polar américain : d'un côté, une poussée littéraire populaire et démocratique, qui s'affirme dans les magazines pulp et les paperbacks du XXe siècle ; de l'autre, une réaction hostile qui entrave la démocratie et criminalise la revendication émancipatrice. Si le polar incarne la démocratisation de et par la culture, l'accès des masses à l'expression, l'élargissement de leur représentation littéraire et l'affirmation de leur parole égalitaire, il raconte en même temps la résistance sociale à ce mouvement, dans un monde où les hommes ne se révèlent pas les uns aux autres comme frères mais comme ennemis - où, comme l'écrit David Goodis, "il n'y a que deux sortes de gens : ceux qui prennent des coups et ceux qui donnent les coups". De là, la vigueur paradoxale d'un genre qui a su, mieux qu'aucun autre, capter et exprimer les énergies contradictoires du monde contemporain. Telle est l'idée directrice de cet ouvrage qui retrace l'histoire du polar américain non seulement comme une succession de textes et d'auteurs, mais surtout comme une aventure culturelle et politique aux prises avec le monde réel.

01/2018

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

QU'EST-CE QUE THERESE ? C'est les marronniers en fleurs

" Ce n'est pas la liberté sexuelle de Thérèse qui nous attire le plus dans ce livre minutieux et élégant... L'important est ailleurs. Il est d'abord dans le style et, dirions-nous, dans le soin que José Pierre met à décrire les milles douleurs-plaisirs de l'amour. Une écriture maniaque - proche parfois de Julien Gracq, tout aussi dominée, tout aussi soucieuse de ne rien abandonner de sa musicalité - sert un sujet qui, sous ses complaisances, est la description d'un envoûtement de plus en plus impérieux. " (Alain Bosquet, Le Figaro littéraire). " Il n'est pas difficile de tomber amoureux de votre héroïne. Si vous trouviez une actrice capable de jouer Thérèse comme c'est écrit et donnant la même impression de beauté, de santé et d'humour ; cette fille-là serait notre plus grande actrice française pour un certain nombre d'années. " (François Truffaut). " Sans parler de l'habileté et de l'agrément de certaines scènes où la langue sûre et raffinée de José Pierre fait merveille, on trouve un grand intérêt à démêler l'écheveau d'une psychologie habituellement inexprimée, ou réprimée " (Claude Ernoult, La Quinzaine littéraire.)

03/1998

ActuaLitté

Critique littéraire

Roger Peyrefitte, le sulfureux

Plus de 60 ans après ses débuts fracassants sur la scène littéraire, Roger Peyrefitte reste considéré comme un auteur sulfureux. Il est grand temps, dix ans après sa disparition, de porter un jugement plus serein sur un homme et une oeuvre qui ont profondément marqué leur époque. Intime de Montherlant, il a fréquenté Cocteau, Morand, Jouhandeau, Mauriac, et a été un acteur de premier plan d'un demi-siècle de vie littéraire. Styliste étincelant doublé d'un observateur privilégié des milieux les plus divers, il a dépeint la société de son temps dans une fresque inoubliable. Ecrivain engagé, il a été de tous les combats pour la libération des moeurs, contribuant à faire souffler sur la France d'après-guerre un grand vent de liberté. Figure du Tout-Paris, enviée pour ses succès mondains et ses amitiés dans le show-business, de Thierry le Luron et Yves Mourousi à Amanda Lear et Sylvie Vartan, il a longtemps incarné, aux yeux du grand public, l'image bien française du grand écrivain. Nul doute que Roger Peyrefitte, qui fut tout cela et bien d'autres choses encore, intéressera les esprits libres et les amoureux de la langue française.

06/2011

ActuaLitté

Critique littéraire

Le Bateau ivre. Une fabrique du désordre

Le Bateau ivre, le plus célèbre poème de Rimbaud, est exploré comme un vaste projet de désorganisation et de réorganisation portant sur un très large échantillon de propriétés des objets (couleurs et sensorialité, espace et temps, forme, volume, mouvement, vie...). Cette "fabrique du désordre" est reliée à la fois à un modèle de pensée enfantine et à l'utilisation de procédés quasi-systématiques de transformation. L'originalité est l'apport de la psychologie cognitive et de la psychologie de l'enfant à l'analyse d'une stratégie d'écriture. Une seconde partie situe le poème dans son contexte littéraire et politique. D'une part, comme enjeu d'une compétition littéraire intense - une vraie "course de bateaux" ! - à un moment où le jeune poète doit faire ses preuves dans le milieu parisien. Un bilan critique des "sources" remet notamment Hugo au premier plan. D'autre part, comme mise en correspondance entre le bouleversement poétique et un modèle général de révolution sociale, activé par la Commune de Paris. Après un arrêt sur l'énigme des derniers quatrains, une synthèse ouvre sur les répercussions du poème dans la suite de l'oeuvre.

01/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

Saisons de papier

Depuis longtemps - depuis toujours ? - je m’efforce d’être, à la fois, éditeur et critique littéraire. A ce titre, j’ai publié, en une trentaine d’années, et aussi bien dans des magazines réputés (Le Nouvel Observateur, Le Point) que dans d’innombrables revues aux tirages confidentiels, une grande quantité d’études, d’articles, de commentaires qui, si on les considère rétrospectivement, composent un paysage assez fidèle de la vie intellectuelle française entre les seventies et aujourd’hui. C’est, pour l’essentiel, une partie de ces textes que j’ai rassemblés dans ces Saisons de papier. J’y ai ajouté (pour un tiers environ) des études inédites et des entretiens très personnels avec des écrivains - de J L Borges à V Jankélévitch, Claude Lévi-Strauss ou Michel Tournier - qui, au fil d’une vie, m’ont intrigué, déçu ou séduit. L’ensemble propose un panorama idéologique et affectif d’où n’est pas absente une certaine nostalgie, à l’heure des écrans triomphants, de l’agonie de la presse de qualité - et, hélas, d’une critique littéraire désormais réduite à peau de chagrin. J-P E.

03/2016

ActuaLitté

Critique littéraire

Notre langue française

Conçue, à l'origine, pour être écrite avant d'être parlée, la langue française a toujours obéi à une double vocation, politique et esthétique. Politique par sa volonté d'égalité vers le haut, esthétique par sa dimension foncièrement littéraire. Des Serments de Strasbourg à l'ordonnance de Villers-Cotterêts, du bouillonnement de la Pléiade à la rigueur de Malherbe, ce riche essai traverse, pour s'en émerveiller, l'histoire de notre langue - possessif pluriel en forme de prière laïque. Car l'auteur s'inquiète. Il craint que la standardisation, l'obsession de l'égalité par le bas, la technicité triomphante, la novlangue, le déracinement, ne portent au français un coup fatal. Indifférent aux sempiternels procès en passéisme, il soutient que la progressive rupture du lien qui unit notre langue à ses origines politique et littéraire va, dans un proche avenir, ruiner sa vigueur, son identité, son esprit. Qu'en abandonnant la quête d'exigence et de beauté qui a fait sa force, nous la privons de son pouvoir émancipateur. Et que, si nous continuons à la saccager, nous détruirons avec elle non seulement notre idéal républicain et notre culture, mais notre civilisation elle-même.

03/2018

ActuaLitté

Histoire de France

L'indicible guerre. Pierre Mac Orlan

23 août 1914, Pierre Dumarchey, dit Mac Orlan, reçoit son ordre de mobilisation. Sa jeune carrière littéraire est brutalement interrompue. Il rejoint le 269e régiment d'infanterie. Le front. Les combats se succèdent, en Lorraine, en Artois, à Verdun et enfin dans la Somme où il est blessé. Réformé en décembre 1917, il termine la guerre, comme correspondant aux armées. Mais la réalité de ces années d'horreurs, de souffrances et d'éloignement le marque de manière indélébile. En témoigne la correspondance simple et émouvante entretenue avec sa jeune épouse Marguerite. Elle constitue le premier fil rouge de ce récit et restitue la guerre vécue par Mac Orlan, son histoire intime, son sentiment intérieur qui fonda son style littéraire, qualifié de " fantastique social" . Après guerre, Mac Orlan regroupe dans un album une centaine de photographies. Agencées, collées, parfois légendées, elles disent la valeur affective que l'écrivain leur accordait, son expérience personnelle et touchante de la Grande Guerre. Avec d'autres documents pour beaucoup inédits et tous conservés au musée départemental de la Seine-et-Marne, à Saint -Cyr-sur-Morin, cet album, nouvellement restauré, donne sa forme à cet ouvrage biographique et lyrique : L'indicible guerre.

08/2014

ActuaLitté

Critique littéraire

Lire l'épistolaire

Lettres dans un roman, roman par lettres : la littérature doit beaucoup à la forme épistolaire. Les grands épistoliers antiques, Cicéron, Sénèque, Pline le jeune, ont apporté les premières pierres à l'édifice épistolaire s'est construit au cours des siècles. Au Moyen Age, les lettres échangées entre Abélard et Héloïse, sont le premier exemple de lettres réelles élevées au rang d'oeuvre littéraire. Au XVIIème siècle, la lettre acquiert son statut d'acte de communication dont les règles héritent à la fois de la rhétorique et des exigences de la civilité forgée par une élite. Au siècle des Lumières, " inventeur de la liberté ", la lettre signe la forme la plus achevée de la libre expression de pensée. Incontournable forme esthétique qui module les sentiments et parle au présent, la lettre accède désormais à un rôle fondamental dans l'écriture romanesque. Parallèlement, elle représente pour un écrivain l'espace littéraire où s'élabore l'unité de l'homme et de l'artiste au quotidien. Lire l'épistolaire, c'est tenter de comprendre comment on passe de l'écriture d'une lettre réelle, avec ses règles et ses lois, à une écriture de fiction.

09/1998

ActuaLitté

Littérature française

De la lettre au livre

La tentative mallarméenne du Livre ne peut se comprendre que par l'analyse des multiples tentations qui la travaillent. À la tentation de la religion et du mystère qui font du Livre un Absolu littéraire s'ajoutent celles des arts: du théâtre, de la danse, de la peinture, de la musique et, tout spécialement, de l'opéra wagnérien qui se voulait aussi une oeuvre d'art totale. Le Livre utopique - toujours projeté mais jamais réalisé - s'annonce alors comme le moment de la " confrontation " de tous les arts et comme le lieu de la " conversation " de l'art avec la philosophie, la religion, la critique d'art et même l'ensemble des activités sociales, économiques, politiques des hommes. C'est pourquoi le présent ouvrage propose un parcours qui va d'Hérodiade au Coup de dés en passant par des extraits de la correspondance, des réponses à des enquêtes et surtout des textes en prose poétique tirés des Divagations. Dans ce parcours où Mallarmé " veut, que tout, au monde, existe pour aboutir à un livre ", on voit se superposer et se confondre progressivement tous les sens que le poète confère aux " Lettres ": alphabétique, typographique, épistolaire, humaniste ou rhétorique, littéraire enfin.

01/2010

ActuaLitté

Critique

Dans les pas de Renfer. Cippe à la Suze

Dans la tradition des poètes marcheurs, dont la pensée reste toujours arrimée au concret de la nature, ce collectif d'auteurs se promène, s'étonne et laisse l'imagination vagabonder. Après le succès du cippe hors série dédié à Robert Walser (comme ceux déjà consacrés à Corinna Bille ou à Cingria), où divers auteurs ont mis leurs pas dans ceux du grand vagabond, la collection Le cippe continue de remonter la Suze et part sur les traces de Werner Renfer, dont les oeuvres complètes sont en cours de publication. Tous les textes sont des inédits spécialement écrits pour l'occasion par des écrivains confirmés comme par de jeunes plumes prometteuses. De manière littéraire, par le truchement d'une trentaine de textes, les auteurs font bien davantage que de croiser leurs voix. Ce livre constitue un vrai échange, transversal et actif, en instaurant un dialogue émouvant avec un vallon méconnu, dont les forêts et les métairies avaient enchanté notre poète jurassien. Hommage littéraire, artistique et poétique à un lieu, un paysage, comme à un pionnier des lettres romandes, dont la vie intense s'est brusquement arrêtée à 37 ans.

03/2023