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génocide arménien

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Photographie

Nos feux nous appartiennent

Nos feux nous appartiennent réunit différentes séries qui se font écho depuis 2006. Ce montage explore le thème du clan, et dans son prolongement, l'idée d'appartenance, par les récits qui le façonnent, les imaginaires lointains auxquels les légendes familiales nous renvoient.Que signifie alors sortir du clan — dans le même mouvement se réconcilier, afin d'approcher un troisième lieu ? Le clan, mot d'origine gaélique, évoque la famille. Il est également en relation avec la plante, et nous parle ainsi de rameau, de racine, de ramifications, fragments qui reviennent de manière obsessionnelle. Je viens d'une famille de jardiniers, paysagistes, pépiniéristes, horticulteurs, fleuristes. Depuis cinq générations, les hommes de ce clan organisent l'espace, cherchent à le maintenir, à le discipliner. Ils taillent les arbres, charrient les déchets, les brûlent, surveillent les feux, transportent les racines à l'arrière des remorques, ratissent les feuilles de cours pleines de graviers, plantent des haies vives, livrent des fleurs, habillent les enterrements, les baptêmes, les anniversaires, les mariages, participent à tous les rituels qui donnent forme à une vie. L'odeur de l'eau des fleurs est une chose qui saisit la famille. un parfum qui nous sidère. c'est un écho de fleurs fanées, de mousses vertes, de tiges coupées au sécateur, de sève entière qui se répand. Le feu, pivot de cette construction — élément catalyseur à forte charge symbolique, doit être entendu ici comme figure de ralliement. Les paysages d'Arménie sont de grands déserts calcinés de chaleur. des points de vue militaires dépeuplés de l'événement guerrier. des lieux de tirs et de guet. des endroits d'où l'on fait feu. il y a le visage de mon frère recouvert de suie. La main d'un vigneron blessée, carbonisée par le frottement de la matière sur sa peau, réceptacle du dehors; le déroulement d'un brasier de sa naissance à son extinction, les serres familiales envahies par une végétation luxuriante originaire de l'hémisphère sud, sèche, brûlée sur des hectares évoquant la fuite des boat people depuis le Vietnam. Quelque chose nous happe — une fulgurance jaillit sur nos visages, une ombre recouvre nos peaux. La chaleur nous retient au bord du cercle. Le feu nous enveloppe de son odeur âcre, forte, charnelle, définitive. Le brasier est un aimant, lumineux, brillant, aux facettes qui se tordent dans le brouillard autour. on se tient en silence, hypnotisés par la hauteur des flammes. au- delà des joies, des drames, du temps qui passe, des récits antiques, des mots qui s'arrachent eux-mêmes à la vie. tout se déroule dans l'immédiateté de l'élément. Nous savons qu'il n'est plus nécessaire d'appeler, de vouloir habiter l'absence de paroles, de crier dans l'obscurité. Nous imaginons la beauté de ce qui est indicible, l'étrangeté de l'innommable, les espaces ouverts de ce qui est impensable, les lointains tragiques de ce qui échappe, fuit, circulent à travers nous.

11/2016

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Histoire internationale

Aung San Suu Kyi. L’icône fracassée

Le terrible exode des Rohingyas "un génocide" selon l'ONU, vient de remettre la Birmanie, qui s'ouvre chaque année un peu plus aux Occidentaux, sous les feux d'une actualité cruelle. Plus de 500 000 personnes ont été déplacées de force de l'Etat du Myanmar vers le Bangladesh. Des massacres ont été perpétrés par l'armée birmane et des Bouddhistes contre des femmes et des enfants. Effarée et paralysée, l'opinion internationale assiste une fois de plus à un crime contre l'humanité alors que la Chine et l'Inde soutiennent ouvertement le gouvernement birman. La situation est d'autant plus trouble qu'Aung San Su Kyi est désormais à la tête de la Birmanie avec le titre de conseillère d'Etat, c'est-à-dire de chef de l'Etat. Aujourd'hui, les chancelleries, les gouvernements, les intellectuels, les ONG réclament que la Dame de Rangoun soit destituée de son prix Nobel de la Paix. L'Occident en avait fait une icône, elle est devenue un monstre. La fée s'est transformée en sorcière. Comment la Birmanie est-elle parvenue à engendrer cette apocalypse ? Pour comprendre l'exode des Rohingyas, Bruno Philip a rencontré Aung San Su Kyi. Il a fouillé la psychologie de cette femme longtemps persécutée par la junte militaire, assignée à résidence, éloignée de son mari britannique, le tibétologue Michael Aris, à l'enterrement duquel elle ne put même pas assister, et de ses enfants. Cette Antigone bouddhiste est tout d'abord la fille de son père, son grand amour méconnu. Elle avait 2 ans quand le général Aung San, architecte de l'Indépendance, fut assassiné par un rival. Or rien ne prédisposait cette jeune fille éduquée à Oxford et New York à se lancer dans la politique. Choisie par le peuple pour incarner la figure charismatique de l'opposante, elle connut de longues périodes de prison ou de résidence surveillée tout en faisant preuve d'un courage, d'une détermination mais aussi d'un humour qui forcent l'admiration. Aung San Suu Kyi veut venger son père. Le nationalisme birman coule dans ses veines. Elle aurait tout fait pour écarter les opposants à l'intérieur de son propre parti. Le caractère inflexible et autocratique de la " Lady " est l'une des clés pour comprendre le drame des Rohingyas. Ce récit est une enquête psychologique captivante. Il s'ouvre sur un chapitre écrit par Rémy Ourdan qui a couvert l'exode des Rohingyas du côté du Bangladesh, dans la région de Cox's Bazar. Choses vues sur le terrain, qualité de l'observation et de l'analyse font de ce livre une contribution essentielle à l'Histoire immédiate de la Birmanie.

11/2017

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Histoire internationale

La France dans la terreur rwandaise

Le 6 avril 1994, un avion Falcon 50 transportant deux chefs d'Etat africains, leurs collaborateurs et trois Français membres de l'équipage, est abattu par un missile SAM 16 au-dessus de l'aéroport de Kigali. L'ONU reconnaît que cet attentat est l'élément déclencheur des massacres atroces qui se vont se commettre dans tout le Rwanda. Or, depuis 20 ans, cet acte terroriste reste impuni. Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), censé juger tous les crimes commis en 1994, a décidé d'écarter l'attentat des procès. Pourquoi ? En 2002, Charles Onana révélait la responsabilité de l'actuel président rwandais Paul Kagame et d'un commando de la rébellion tutsi dans cet attentat. Kagame et l'Etat rwandais avaient attaqué le journaliste en diffamation avant de retirer leurs plaintes devant les preuves et les témoins présentés par l'auteur. Depuis, des membres éminents de la rébellion tutsi, proches de Kagame, ont exprimé publiquement leur volonté d'apporter des preuves de l'implication de Kagame dans l'attentat, à la justice française. Personne n'a souhaité les entendre. Pourquoi ? Certains d'entre eux ont été assassinés, à l'instar de Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda, ou Seth Sendashonga, ancien ministre de l'Intérieur. D'autres ont été victimes de tentative d'assassinat de la part du régime de Kigali, tel l'ancien chef d'état-major rwandais Kayumba Nyamwasa, réfugié en Afrique du Sud et aujourd'hui disposé à fournir des preuves à la justice française. Sera-t-il entendu ? Le procureur Carla del Ponte avait affirmé que si c'est Kagame et ses hommes qui ont abattu l'avion, il faudrait réviser toute l'histoire. L'auteur de cet ouvrage nous invite effectivement à examiner toutes les zones d'ombre du drame rwandais. Dans cette enquête qui repose sur 12 années de recherche, des témoignages clé et des documents de première main issus des archives du département d'Etat américain, du ministère français de la Défense, des archives confidentielles de l'ONU et de l'auditorat militaire belge, Charles Onana fournit de nombreuses réponses apporte des éléments d'information inédits sur : l'histoire secrète de la boîte noire du Falcon 50, le vrai rôle de François Mitterrand et de l'armée française au Rwanda, l'action très discrète mais efficace de la CIA, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, l'ambiguïté de la Belgique sur l'action de ses soldats et la mise en place, dès 1994, d'un plan d'invasion du Congo-Zaïre par les rebelles tutsi dirigés par Kagame et leurs soutiens occidentaux. Le livre qui ébranle nos certitudes sur le génocide rwandais et l'action de la France...

03/2014

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Histoire internationale

LA NOUVELLE HISTOIRE D'ISRAEL. Essai sur une identité nationale

Le temps est venu d'écrire la nouvelle histoire d'Israël. Une histoire nouvelle, car, depuis que les archives couvrant les années de fondation de l'Etat ont été ouvertes, le débat historiographique fait rage, avec une violence inégalée en tout autre pays. Des cénacles universitaires aux grands quotidiens, historiens et témoins disputent de questions essentielles pour l'identité nationale et l'avenir du pays : dans quelles conditions le foyer national juif - le Yichouv - s'établit-il en Palestine au XIXe siècle et au XXe siècle dans une terre déjà habitée ? Quelle fut l'attitude des dirigeants du Yichouv face au génocide des Juifs d'Europe, puis à l'égard des survivants ? Quelle fut la nature exacte de la proclamation de l'Indépendance le 15 mai 1948 : visait-elle la création d'un Etat spécifiquement juif, ou les Arabes de Palestine y avaient-ils une place ? Israël pouvait-il être juif et démocratique, laïque et moderne tout en refusant la séparation de la religion et de l'Etat ? Ce débat historiographique marque le délitement du récit national sioniste qui tenait lieu jusqu'à hier d'identité consensuelle. Han Greilsammer en restitue l'ampleur, les origines comme la portée (Première partie : Nouvelle histoire : la rupture). Mais la querelle des historiens ne s'explique pas seulement par l'ouverture des archives : celle-ci n'a fait qu'activer celle-là. Bien que les archives pour les périodes suivantes demeurent inaccessibles, les chercheurs remettent également en cause le récit des événements, de 1948 à l'assassinat de Rabin. Car ils ont tous, comme citoyens, participé à des conflits - glorieux et unanimistes comme la guerre des Six-jours, contestés et traumatisants telles la guerre au Liban ou la répression de l'Intifada. Témoins, ils posent, à partir des événements dont ils sont les contemporains et les acteurs, des questions qui reflètent les affrontements à propos de la reconnaissance de l'Autre palestinien et de l'avenir du pays. Des questions et des débats qu'Ilan Greilsammer noue dans une histoire nouvelle (Seconde Partie : les temps forts de l'Etat d'Israël : 1948-1996). En sorte que le lecteur découvre le fil qui court entre colloques d'historiens et réactions du grand public : Israël, au regard de son histoire, doit-il, peut-il être un Etat sans identité juive, un Etat comme les autres ? On l'aura compris : cet ouvrage pionnier, sans équivalent dans aucune autre langue, reconduit la crise d'identité nationale à la spécificité d'Israël : comment écrire l'histoire d'un Etat où histoire et mémoire collective se confondent, où les témoins se font historiens, où les historiens sont à la fois des chercheurs soucieux de rigueur scientifique et des citoyens en quête de la paix ?

05/1998

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Sciences historiques

Histoire de la barbarie. Requiem pour l'Humanité

Jean Chaline tente de faire le bilan sociologique des exactions réalisées contre l'humanité depuis la préhistoire. Elles résultent des quatre moteurs des sociétés et ceux qui furent inventés exclusivement par les hommes, la cupidité et les croyances. Il dresse un bilan sans concession des pratiques barbares humaines qui ne s'expliquent que dans leur contexte historique. Il retrace les pratiques du cannibalisme, des sacrifices humains, des guerres et des génocides, mais également l'esclavage, les colonialismes, les violences du judaïsme dans l'Ancien Testament, comme dans l'Eglise chrétienne, ainsi que les dérives terroristes dans l'islam, expliquant les exactions islamiques actuelles de Daech, ainsi que celles liées aux religions extrême-orientales. Il analyse le statut difficile des femmes dans le monde patriarcal des religions, celui des veuves aux Indes ainsi que la signification du voile des femmes depuis sa création à Sumer. Mais, à l'opposé de ces abominations, il montre également que la reconnaissance des Droits de l'homme, l'abolition de la peine de mort et de la torture, la laïcité et la création de l'ONU représentent des avancées majeures de l'humanité, même si ces valeurs ne sont pas encore partagées par tous. S'y ajoutent les dévouements de tous ceux qui, connus ou inconnus, jour et nuit, se mettent au service des plus démunis de l'humanité. Enfin l'auteur évoque, à partir du passé, les grands défis du XXIe siècle qui risquent de produire de nouveaux requiem. Le défi démographique annonce deux milliards d'individus supplémentaires. Les défis pour la liberté avec celui du terrorisme religieux, ceux de la "cyber-civilisation Big Brother" et des inégalités vont entraîner des réactions. A ces défis s'ajoutera la menace transhumaniste nous promettant un homme de 1000 ans qui, dans son évolution post-humaniste, deviendrait un biomécanoïde robotisé. Tous ces défis se superposent, à l'échelle de la planète, à un réchauffement climatique et à l'épuisement rapide de nos ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, phénomènes qui risquent de modifier notre vie sur Terre, où l'espace pourrait également nous réserver quelques surprises. Aux grands défis, les grandes innovations ! Jean Chaline tire ici les conclusions de l'ensemble de ses recherches sur la saga de l'humanité dans ce qu'elle a de plus barbare qu'il faut connaître pour réagir et l'éradiquer, afin de laisser à nos enfants un monde plus vivable.

03/2018

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Histoire internationale

Le sacrifice humain chez les Aztèques

Nulle part le sacrifice humain officiel, organisé par l'Etat, n'a été plus répandu que dans l'ancien Mexique. Les Aztèques eux-mêmes se vantent d'avoir immolé en trois ou quatre jours quelque 80 400 guerriers pour l'inauguration de leur Grand Temple en 1487. Cette pratique, qui nous paraît barbare, mais que toute une tradition tente de minimiser ou de justifier reste particulièrement difficile à comprendre. On dit parfois que le XXe siècle a vu bien pis avec ses génocides, mais le fait de sacrifier des ennemis n'empêchait nullement les Aztèques d'exterminer en plus des cités entières. Il est vrai aussi que bien d'autres civilisations ont immolé des hommes aux dieux, mais elles ont en général fini par passer au sacrifice animal, ou même, comme le christianisme, au sacrifice non sanglant. Comment comprendre alors le cas des Aztèques ? Pourquoi ces mises à mort nombreuses, variées et raffinées ? Pourquoi cette implication de la société tout entière, les rois, les nobles et les prêtres, les sacrifiants - seigneurs, guerriers victorieux, riches marchands ou artisans -, et enfin l'ensemble des habitants, sans compter ceux d'autres cités parfois contraints, sous peine de mort, d'assister aux cérémonies Les victimes sont présentées à la population qui les adopte et reste en contact avec elles. Certaines incarnent l'une ou l'autre divinité et se promènent pendant des jours dans la ville. Lorsqu'on les immole et les mange, c'est la divinité même qui meurt et renaît à travers elles. Ceux qui les offrent, les sacrifiants, les accompagnent depuis la capture ou l'achat jusqu'à la mise à mort, lorsqu'ils les conduisent au pied du temple ou de la pierre de sacrifice. Connus et visibles du début jusqu'à la fin, ils organisent les banquets finaux durant lesquels on mange l'homme-dieu, ils en conservent des reliques et gagnent du prestige, des richesses et des chances de survie dans l'au-delà. L'ampleur de la cérémonie glorifie la cité et écrase les rivaux invités à y participer. Mais les mises à mort massives de prisonniers de guerre sont aussi des meurtres inspirés par la vengeance, des meurtres dont ceux qui y assistent fascinés sont en fait complices, ce qui doit accroître le sentiment d'appartenance au groupe et renforcer sa cohésion.

01/2005

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Littérature française

Un homme de plus

Le poète, essayiste, traducteur du grec (Yannis Ritsos, Constantin Cavafis...) et du tchèque (Vladimir Holan, Jaroslav Seifert), Dominique Grandmont (né le 25 janvier 1941), nous confie ici un livre considérable de pensées et d'Histoire(s), où par la mémoire du récit se réinvente l'autobiographie, le long de 12 chapitres et un épilogue, plus particulièrement tourné vers la Grèce, pays de prédilection de son auteur qu'il nous donne à découvrir comme son " enfance impossible à partager " (Chap. X), avec toutefois, en des sauts périlleux, des points de fuite (parfois par de simples retours à la ligne) en Russie et en France. Livre d'une vie ou de vie, la vie le fondant, fondant son écriture-même en rien formaliste, se pouvant être rapproché sur certains aspects, dans l'enchantement de la pensée et sa lucidité, du Voyage en Arménie de Mandelstam et Le Métier de vivre de Pavese. Traces subtiles mémorielles, des années 1950 à nos jours, de voyages, d'êtres rencontrés (Ritsos et Aragon pour les plus célèbres, mais aussi d'hommes et de femmes oubliés de l'Histoire : ouvriers, guides, gens de cafés, danseurs et musiciens, poètes...), au travers desquels ce que nous sommes se trouve interrogé " puisque c'est de l'imaginaire qui entre dans un réel dont il [le narrateur] ne ressortira plus " (Chap. I), puisque aussi écrire crée un fait : " Ce n'est pas moi, la première personne. C'est le moyen le plus sûr de relier les temps et les lieux sans mélanger les dates. " (Chap. I) Ou encore, écrit-il, nous aiguillant sur le sens du titre donné à cet ouvrage, Un homme de plus : " C'est parce que je n'y comprends rien que la vérité existe, et que j'arrive à exister en dehors de cet inexplicable qui nous constitue. Je ne puis croire qu'à l'impossible pour essayer de le comprendre, et c'est ce que j'ai sous les yeux. C'est à ce titre-là qu'écrire est un sacrement d'obscurité où l'écrivain n'est jamais qu'un homme de plus, même s'il est choisi par ceux qui lui demandent de porter la parole commune. " (Chap. XII) Ecriture éminemment poétique, comme en témoigne encore cet extrait, parmi bien d'autres, dans ce passage situé cette fois à Moscou : " De jour comme de nuit, les corbeaux viennent tournoyer autour de l'étoile rouge qui surmonte la tour Saint-Sauveur, à l'entrée du Kremlin. Ils jouent à se pourchasser ou à se laisser porter par les remous de l'air chaud, sous la neige protectrice qui ne cesse de tomber. Je les vois ralentir dans leur vrille ascendante, avant de s'imprimer dans la marge blanche de la nuit pour lancer des éclairs de connivence sauvage, comme des mouettes sur une mer obscure que le sel d'argent de la mémoire aurait inversée. " (Chap. X). Poésie et politique inconciliables, semble-t-il, car ce qu'il nomme ses " camarades " sont " ceux dont la politique ne rendrait jamais compte, ou qui n'avaient pas le temps d'attendre l'ascenseur, cette femme d'un soir dont les doigts tremblaient tellement que les billets de banque semblaient se multiplier dans ses mains, ou celui qui rit tout seul sur la place déserte comme un cheval qui hennit, ceux qui ne sont pas revenus parce que j'avais lu sur un mur en Grèce qu'en dehors de l'impérialisme et des monopoles, il y avait la solitude. " (Chap. VIII)

10/2019

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Judaïsme

Le sionisme en question

"De la nécessité de mener la bataille idéologique contre le sionisme" La guerre au Proche-Orient, c'est bien sûr un colonialisme qui détruit méthodiquement la société et le peuple palestiniens. C'est aussi un pays, Israël, devenu une tête de pont occidentale au Proche-Orient. Et c'est l'aventure militaire permanente avec son cortège de crimes, d'humiliations, de racisme et de violations du droit international. Mais parmi les nombreuses raisons qui permettent la poursuite de cette guerre, il y a l'adhésion massive des Israéliens et plus largement des communautés juives organisées à une forme de pensée et d'idéologie qui les rend totalement aveugles et insensibles à l'autre. Dans ce récit mythique, l'Israélien serait un homme nouveau, supérieur aux autres. Le mouvement de solidarité qui défend les droits du peuple palestinien ne peut qu'attendre (pour être plus efficace) de sa composante juive, et donc de l'UJFP, qu'elle mène le combat idéologique contre la manipulation de l'histoire, de la mémoire et des identités juives. L'UJFP doit combattre le complexe de Massada, la façon dont les Israéliens ont été persuadés que tout le monde hait les Juifs, que leur histoire n'est qu'une succession de persécutions, qu'ils ne peuvent vivre qu'entre eux, qu'Arafat était un nouvel Hitler et les Palestiniens des pogromistes. Elle doit interroger en permanence une éducation à la peur et au mépris de l'autre, une récupération éhontée de l'antisémitisme et du génocide nazi, une tendance permanente à renverser la réalité d'aujourd'hui pour transformer l'occupant en victime. Elle doit remettre en question l'histoire fabuleuse que les sionistes ont fabriquée : il n'y a eu ni exil des Juifs, ni retour. La diaspora n'est pas une parenthèse, c'est l'essence des différentes formes de judaïsmes. Et la Palestine a toujours été une terre où vivaient des peuples différents. Elle doit encourager le débat, la recherche et la confrontation des différentes formes d'identité ou de mémoire juive là où le sionisme affirme qu'il n'y a qu'une seule histoire et qu'une seule voie. La tentative de clore l'histoire juive est une des causes de la continuation de la guerre. Elle empêche des composantes de la société israélienne de prendre conscience que l'Etat israélien pratique une politique d'apartheid et de déni des principes universels d'égalité. Les travaux d'un grand nombre d'écrivains, historiens, cinéastes ou intellectuels israéliens remettant en cause l'histoire officielle et le dogme sioniste doivent être connus de tou(te)s. L'UJFP décide donc pour les années à venir d'impulser toutes les formes de débat, d'expression publique ou de confrontation pour expliquer inlassablement devant tous les publics que les défenseurs du sionisme n'ont aucun droit à parler au nom des Juifs et que la politique qu'ils défendent n'est pas seulement criminelle contre les Palestiniens. Elle est également suicidaire pour les Israéliens et plus largement pour les Juifs.

05/2023

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Sciences politiques

R.D Congo : des compromissions au compromis - Résolution 2098

On a poursuivi des génocidaires Rwandais, Serbes, Allemands mais voilà qu'on obligera au Congo Démocratique, de négocier sans cesse, avec des brigands et criminels patentés dont la dernière génération sera mise en déroute en 2013 par les forces armées congolaises avec le soutien déterminant de la brigade spéciale des Nations Unies. Brigade qui n'était que la conséquence d'un jeu d'intérêts en défaveur de Kigali et Kampala, deux compères qui pour une fois, feront les frais de la continuité de cette politique de compromission du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Pris de court par la subite et efficace intervention de la Tanzanie et de l'Afrique du Sud, favorisée par le comportement exceptionnel du Président François Hollande dont le pays sera à la base de la résolution 2098, dite résolution "compromis" , alors que face à l'Angola et au Zimbabwe entre autres, Paul Kagame et Museveni avaient tenu tête, ceux-ci se rendront à l'évidence, de l'ascendant militaire des sud Africains et Tanzaniens, au point d'assister, dans une débâcle généralisée, au retour de leurs bras séculiers de la R. D Congo. Une remise en cause du leadership Rwandais sous la pression des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne qui doutaient de plus en plus d'un régime vieillissant et déclinant ayant accumulé d'énormes bourdes politiques. Ce tournant intervient après plus ou moins 15 ans de terreur dans l'Est du Congo où des femmes auront subi des viols chroniques avant qu'un compromis ne soit trouvé entre puissants de ce monde dit libre, convaincus de la volonté des Congolais, décidés à garder leur pays dans ses frontières Léopoldiennes. Mais il ne suffit pas de se réjouir de ce vent d'espérance, une nécessité s'impose, celle de comprendre, comment et pourquoi, ce pays aux potentialités minières et à la biodiversité exceptionnelle frisant même l'insolence, en soit arrivé là ? Trois facteurs importants l'expliquent : la compromission interne, liée aux crises politiques et celles des politiques congolais, englués dans une marre de tribalisme, celle sous-régionale avec l'avènement du régime Rwandais né sur les cendres d'un génocide et enfin international, incarnée par les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité. L'analyse des trois facteurs semble une exigence à cet instant où la RD Congo tend vers la consolidation de sa démocratie par l'organisation des élections en 2016, un regain d'espoir qui a tendance à se refroidir suite à la volonté des certains activistes politiques, de vouloir instaurer la culture du privilège de fonction, une véritable dictature participative qui si elle advenait, renverrait le pays dans le néant. Eviter un nouveau désastre historique et sociétal, passe par la compréhension des raisons qui ont conduit le pays à la perte de sa souveraineté intégrale. En s'éloignant de l'émotion qui n'est que l'expression d'un sentimentalisme éphémère, on en vient à faire une lecture des faits qui permet alors de mieux appréhender les raisons de ce désordre

04/2015

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Littérature française

ELERELT : L'improbable coalition. Tome 1

Tout à l'heure, Kallimon a voté à distance par l'intermédiaire de son implant civique. Encore une fois, en zilz soucieux de l'intérêt de l'Arkokrasie et des siens, il a voulu reconduire le vieux et vénérable Anzdakremm Pileraz au poste d'Arkokrate, la magistrature suprême et morale de l'Arkokrasie. Mais au cours de cette joute électorale, Anzdakremm risque grandement de ne pas être reconduit. En effet, de manière inédite, inattendue, un volontaire aussi déterminé qu'ambitieux, un candidat protestataire humain s'est présenté, réunissant sur son seul nom, Lomir Dirffel, la quasi-totalité des aspirations humaines, du moins comme le laisse présager les sondages. Si une telle prévision s'avérait juste, Dirffel serait le premier humain titulaire de ce mandat. En effet, suite à la submersion d'Etal-Kontei, deux mouvements populaires antagonistes sont apparus : l'un exigeait le retour, au besoin par la force, des habitants de cette région malheureuse dans le giron de l'Arkokrasie afin de leur permettre de bénéficier au plus vite des bienfaits de la civilisation d'Atelaino. L'autre, recommandait, après les traumatismes de la submersion catastrophique d'Etal-Kontei, de leur en épargner de nouveaux et donc de respecter leurs indépendances, cultures et traditions quand bien même ces us et coutumes pouvaient revêtir quelques atours barbares et primitifs. Si ces deux mouvements idéologiques réunissaient à leurs naissances des citoyens des deux races à parts presque égales, l'inexorable écoulement du temps et la décision brutale de mettre un terme à cette situation inadmissible, fauteuse de guerres, de génocides et autres troubles locaux, les positions se sont lentement radicalisées et malencontreusement ethnicisées. Les humains ont eu une tendance de plus en plus nette à rendre leurs compatriotes zilzo co-responsables collectivement de cette erreur monstrueuse, pourtant objectivement partagée. Lentement, les zilzo solidaires des humains se virent évincés, chassés de ces associations militantes et renvoyés, réduits à leur seule origine raciale, forcément déterminante, coupable collectivement de tous les maux de l'humanité. Au soir de cette journée électorale, Kallimon ne se fait guère d'illusion sur le résultat des scrutins. Assurément, la chambre des députés va changer d'orientation. Quant au mandat d'Arkokrate, soumis au suffrage universel direct, il semble très probable qu'il basculera lui aussi. Comme il advient souvent, le transit de quelques pourcentages autour de la fatidique barre médiane suffira à former une majorité solide et à transformer complètement une ligne politique, un événement susceptible de modifier de fond en comble la vie d'une société pourtant pluriséculaire. Kallimon émerge lentement de ses pensées inquiètes, déprimantes. A quoi bon anticiper un avenir qui s'annonce de toute façon imprévisible et de toute manière compromis ? Que peut-il faire pour en changer le cours ? Est-ce seulement possible ? C'est ce que je me propose de v

07/2015

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Sociologie

Le nazisme dans l'histoire des violences collectives. Violences et meurtres de masse

A l'origine de ce livre, il y a la volonté de ne plus considérer le nazisme et la Shoah comme un phénomène absolument singulier, unique en son genre et d'une insurmontable opacité. C'est pourquoi François Jacquet-Francillon, d'une part situe le nazisme dans la longue histoire des violences collectives (et meurtrières), et d'autre part entend saisir des points communs entre l'action des militants nazis et, par exemple, les meurtres commis par les catholiques parisiens lors du "massacre de la Saint-Barthélemy" (en 1572), les diverses tueries auxquelles participèrent les foules révolutionnaires de 1789 ou 1792, l'assassinat par les "gardes rouges" de la "révolution culturelle" chinoise, à la fin des années 1960, des éléments soi-disant "révisionnistes" de la société et du Parti communiste, ou encore les attentats suicides commis ces dernières années dans de nombreux pays par les groupes jihadistes se réclamant d'un islam traditionnel des plus rigoureux. Si ce livre s'efforce de montrer que la violence nazie a de nombreux antécédents, ceci, affirme l'auteur, ne conduit pas à en nier le caractère exceptionnel et paroxystique. Quelle est alors la différence entre le nazisme et les situations dispersées dans l'histoire et la géographie qui surviennent en écho ou comme des précurseurs non génocidaires du génocide nazi ? La différence tient à ce que le nazisme a fait de la violence, toujours pratiquée sur un mode de vengeance, un système d'Etat durable, là où il n'y avait que des explosions sporadiques et limitées (sans parler des conflits guerriers engagés par un Etat à l'égard d'un autre Etat). François Jacquet-Francillon affirme aussi que l'abord du cas nazi exige une investigation renouvelée de la violence. Et pour donner corps à ce principe, il s'intéresse non pas aux individus violents et à leur psychologie ou leur inspiration personnelle (idéologique, etc. , et... pathologique sans aucun doute) mais avant tout aux collectifs humains enclins à la violence et dans lesquels de tels individus se rassemblent. Ceci mène à un premier constat : ces groupes, ou groupements, au cours de leur vie normale, élaborent et diffusent des pratiques et des croyances spéciales que l'auteur qualifie d'agonistiques. Seules de telles pratiques et de telles croyances expliquent que des individus furieux, grâce à des circonstances favorables, transforment un désir de mort (répandu quand on admet que tout irait mieux si les Juifs n'existaient pas), en volonté de tuer (suivie par la création et la mise en oeuvre de moyens humains et matériels, notamment de dispositifs d'exécution - chambres à gaz au bout du compte). Cette volonté passe, souvent inchangée, des donneurs d'ordre aux exécutants. Il est à noter que l'auteur a utilisé un vocabulaire approprié. D'une part il a défini des "groupements agonistiques" d'autre part, il a caractérisé la mentalité originale de ces groupements en parlant d' "effervescence mentale" et de "désignation de l'ennemi" - ennemi auquel ces groupements (et eux seuls) confèrent un statut de personnes, instances, populations, etc. , à abattre. Si la notion des ennemis est ici centrale, elle ne réfère cependant pas à la théorie de Carl Schmitt, qui n'a pas accordé d'attention aux croyances circulant à l'intérieur de ces groupements, des "croyances agonistiques" - dont les récentes "théories du complot" , comme on dit aujourd'hui, pourraient n'être que le dernier avatar.

01/2023

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Régionalisme

Le Chevalier Bayard héros national suivi d'un Petit dictionnaire des personnages les plus importants de son époque (1476-1524)

Français de fraîche date, ce livre sur Bayard ne veut pas vous porter ombrage. Il retrace la vie d'un homme courageux aussi bien à la guerre qu'en temps de paix. Or, le courage n'a pas de frontières. Notre époque manque cruellement de chevaliers. Un peuple qui ne cultive pas la mémoire de ses héros perd peu à peu son identité. De ce fait il devient la proie des instincts les plus bas et... des envahisseurs. Ce livre écrit par un sophrologue, c'est-à-dire quelqu'un qui cherche à développer le phare de la conscience sans se couper de ses racines, s'adresse à ceux qui s'intéressent à l'histoire vraie et aux exploits des Chevaliers. On y suit pas à pas la progression de Pierre Terrail, issu d'une famille pauvre, jusqu'à ce qu'il devienne le célèbre Bayard, l'héroïque défenseur du pont du Garigliano et de Mézières. Des précisions importantes sont apportées sur la fin du Chevalier. L'histoire moderne démontre que Bayard n'est pas mort lors de la " Camisade " de Robecq, comme on le crut longtemps, mais à Rosavanda. Un chapitre est consacré à l'après-Bayard, pour que l'esprit de Bayard continue à vivre. Effectivement les leçons qu'il convient de tirer de sa vie sont riches en enseignements et constituent une source de profits pour tous, surtout à un siècle comme le nôtre qui a vu sévir d'innombrables massacres et des génocides. Un petit dictionnaire des personnages les plus importants de l'époque où vivait le Chevalier des Chevaliers aide le lecteur à s'y retrouver. Il y est question des trois rois que servit Bayard (Charles VIII, Louis XII et François 1er) mais aussi de personnages pittoresques tels que le barbu raccourcisseur de femmes, Henri VIII Roi d'Angleterre, les Borgia (le pape Alexandre et ses enfants César et Lucrèce), le pape guerrier Jules II et bien d'autres dont la cupide Louise de Savoie... À travers ce petit dictionnaire c'est tout une époque qui revit à nos yeux. Ce livre traite des prodiges de Bayard, bien sûr, mais aussi de ses contemporains, tant il est vrai qu'on ne peut pas séparer un homme de son environnement et de son époque. Il est un document nouveau en ce sens que bien des points restaient obscurs jusque-là dans la vie du Chevalier sans peur et sans reproche, en dépit des efforts de chercheurs comme Camille Monnet et Paul Ballaguy. Un seul exemple : Bayard était célibataire et pourtant il a eu une fille. Là était son secret. Le nom de la mère de sa fille c'est ce que tente de préciser ce livre, documents et astrologie chinoise à l'appui. Pour la première fois au monde un sophrologue soucieux du problème de l'Identité Nationale ose se faire historien...

07/1990

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Ethnologie

Résistance et utopie dans l'Amazonie péruvienne. Le sel de la montagne

Ce classique publié au Pérou en 1968, après 5 éditions et sa traduction en anglais, apparaît enfin en français. Cet ouvrage se lit aujourd'hui comme s'il avait été écrit hier, avec la fraîcheur d'une voix nouvelle. Non seulement ce livre a inauguré les études amazoniennes au Pérou et dans le reste de l'Amérique latine au moment de sa publication, mais il a aussi devancé de loin les livres d'Eric Wolf Europe and the People without History (1982) et de Johannes Fabian Lime and the Other (1983) en présentant l'extraordinaire histoire de la rébellion du peuple Campa Ashâninka contre l'oppression coloniale espagnole. Par leur mouvement de résistance, les Ashâninka ont pu fermer leur territoire aux colonisateurs durant un siècle et demi. Le portrait et l'histoire de leur leader Juan Santos Atahualpa sont ancrés à jamais et se sont transmis parmi les peuples indigènes au-delà des frontières amazoniennes, inspirant des mouvements d'autonomie et de résistance. Varese, anthropologue italo-péruvien profondément inspiré par Antonio Gramsci, a créé avec son travail l'Histoire Subalterne des années avant que Ranajit Guha lance son groupe d'étude dans le sud de l'Asie durant les années 1980. Cependant, contrairement à l'école des Etudes Subalternes, Varese ne voit pas la spiritualité amazonienne de la même façon que la majorité des intellectuels marxistes et socialistes - c'est-à-dire comme construction du colonialisme - et reconnaît dans celle-ci les ressorts profonds de sa résistance. Cette opposition exprimée en 1968 est notable et le reste aujourd'hui. Elle manifeste une grande originalité, une liberté de pensée et une sensibilité profonde face à la réalité vécue par les Ashâninka. Ce livre fut le premier en son genre, de façon que quand le gouvernement de gauche de Juan Velasco Alvarado prit le pouvoir en 1968 avec la détermination d'améliorer la situation des peuples indigènes du Pérou exploités et opprimés, il s'adressa à Varese pour qu'il aidât à la création d'une institution focalisant ses efforts sur les besoins les plus urgents des peuples indigènes amazoniens. Varese est respecté par les peuples amazoniens du Pérou comme le géniteur de la Loi des Communautés Natives de la Forêt qui a permis la délimitation légale des terres indigènes ainsi que l'organisation autonome des gouvernements communaux traditionnels dans leur lutte contre le vol et l'invasion des terres. Varese a aussi participé à la législation qui autorise l'éducation bilingue en espagnol et en langues indigènes pour les étudiants des communautés indigènes. Bien que ces lois aient été érodées par tous les gouvernements postérieurs, l'esprit et le mouvement social qui les inspirèrent n'ont pas disparu. Avec le contrecoup soutenu par la CIA qui renversa Juan Velasco Alvarado en 1975, Varese et ses collègues ayant travaillé pour le gouvernement Velasco eurent des difficultés à trouver du travail au Pérou. Varese fut invité par l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire de Mexico, à reprendre ses études parmi les peuples indigènes de Mésoamérique. Son implication sociale l'amena à être membre du Jury du IV tribunal des Peuples Bertrand Russell (Rotterdam, 1981) et à travailler comme consultant pour le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU dans le cas de la guerre génocide des peuples mayas du Guatemala. Après quinze ans passés au Mexique, Varese fut nommé Professeur titulaire à la chaire du Département des Etudes Indigènes de l'Université de Californie, Davis, où il a fondé le Centre d'Investigation Indigène des Amériques et où il poursuit son activité académique et activiste accompagnant les peuples indigènes des Amériques.

09/2015

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Europe

Dictionnaire amoureux de l'Ukraine

Un Dictionnaire amoureux qui nous immerge dans l'âme de l'Ukraine (histoire, littérature, poésie, musique, peinture, géographie, gastronomie...) par Tetiana Andrushchuk, violoniste ukrainienne qui fut professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev et Danièle Georget, auteure et rédactrice en chef adjointe à Paris Match. " Nous sommes un peuple de 42 millions d'habitants sur un territoire plus vaste que la France ou qui l'était, jusqu'à ce que la presqu'île de Crimée lui soit arrachée. Notre civilisation est plus ancienne que celle de la Russie, nos liens avec la France remontent au Moyen Age. L'Ukraine était un royaume avec Kiev pour capitale quand Moscou n'était qu'un bourg au milieu de nulle part. Pendant plus de trois siècles, nous sommes passés pour la province d'un empire qui nous avait pris jusqu'à notre nom. Mais lorsque les murailles de l'Union soviétique sont tombées, notre " terre qui n'est pas la nôtre " comme l'écrivait le poète, s'est réveillée. Enfin, elle allait pouvoir choisir son destin et cesser de suivre celui imposé par les autocrates de l'Est. Vingt-deux ans plus tard, Vladimir Poutine a cru pouvoir mettre un terme à cette " récréation ". Au nom d'un génocide, sorti de son imagination, contre les russophones, il a cru que ses soldats seraient accueillis avec le pain et le sel. Pour annexer l'Ukraine, il suffisait de cent cinquante mille hommes et d'un déluge de bombes. Ecrase-t-on une idée avec un marteau ? Je suis née à Kiev. Mon père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Il portait l'uniforme soviétique, comme près de sept millions de soldats ukrainiens. Près de la moitié ont été tués. Violoniste, professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev, j'ai reçu, à Moscou, les conseils du meilleur des hommes, un des rares violonistes dont les Français connaissaient le nom : David Oïstrak, né en Ukraine où il a étudié et commencé sa carrière. Et j'ai aimé de toute mon âme d'artiste la culture ukrainienne, de Chevtchenko, notre Hugo, à Silvestrov, comme j'ai aimé la culture russe, de Tchaïkovski à Tolstoï et Dostoïevski. Dans l'après-guerre, ma mère qui avait été chanteuse à l'opéra de Kiev, voulut me faire apprendre le français... " A quoi cela lui servira-t-il ? " lui demandait-on. Personne ne pouvait alors quitter l'Union soviétique. J'aimerais aujourd'hui raconter aux Français pourquoi notre identité n'est pas une invention de Maïdan, et pourquoi les Ukrainiens, tenaces, têtus, courageux, à l'image du boxeur Klitchko, montagne des rings qu'aucun coup ne parvenait à ébranler, font envers et contre tout, et depuis si longtemps, le choix de l'Europe et de la démocratie. Une nation est, comme un diamant, composée de milles facettes, si scintillantes que parfois elles nous aveuglent. Nous sommes le passé, le présent, les vivants et les morts, l'histoire et la géographie, la poésie, les oeufs peints de Pâques, les chemises brodées, le bortsch. Et la passion. La Russie, si prompte à renouer avec ses vieux démons, nous accuse du crime de fascisme : mais qui se trompe d'époque ? Aux femmes qui ont accouché sous les bombardements, à ceux qui se sont terrés dans leurs caves, à ceux qui ont passé leur rage en fabriquant des " cocktails ukrainiens ", à ceux qui tiraient les missiles stinger, à ceux qui distribuaient la nourriture dans les supermarchés, à ceux qui posaient les garrots, à ceux qui les fabriquaient, au sniper qui abattit le général Tchétchène, à tous ceux qui se sont battus, à ceux qui ont attendu. Et même à ceux qui doutent encore que l'Ukraine existe, je dédie ce livre. "

05/2022

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Beaux arts

Pérégrinations. Paysages entre nature et histoire

Cet ouvrage a reçu 3 prix consécutifs : le Prix de l'Académie ds Beaux-Arts-Prix Bernier 2018, le Prix Vitale et Arnold Blokh 2018 et le Prix Pierre Daix 2018. Le paysage n'existe que dans l'oeil de celui qui le regarde. Il faut donc suivre les pas de l'homme en marche si l'on veut comprendre comment notre rapport au monde et à l'histoire se dessine : par la confrontation de l'individu et de la nature. Car le paysage, c'est la nature éprouvée : nature traversée, nature possédée, nature sublimée, nature terrifiante, nature qui échappe à qui tente de la conquérir. L'artiste qui s'adonne au genre du paysage nous offre bien plus qu'une simple représentation de morceaux de nature. Il se fait archéologue, scrutant comme dans un livre le sol où affleure la mémoire de l'histoire humaine, sous forme de traces. Ecrire l'histoire du paysage à l'époque contemporaine c'est aussi faire le constat d'une relève : celle qui voit, à partir du début du XIXe siècle, la peinture de paysage se substituer progressivement à la peinture d'histoire afin de porter le grand récit de l'humanité dans ses tentatives de connaître et de façonner le monde. Un genre s'épuise, un autre s'épanouit afin d'explorer d'autres formes de représentation, et d'interrogations. Lorsque le sculpteur français David d'Angers, contemplant La Mer de Glace dans l'atelier de Caspar David Friedrich, à Dresde, dit que le peintre est l'inventeur d'un genre nouveau, "la tragédie du paysage" , c'est cela qu'il désigne. Cette manière, qui va traverser toute la période contemporaine, de faire du paysage le lieu de l'enfouissement et de l'émergence de l'histoire. Parce que l'histoire devient un présent qui saute à la gorge - révolutions, guerres, massacres, génocides -, les artistes se tournent de façon privilégiée vers le paysage comme une forme capable d'accueillir l'innommable en son sein et d'exprimer ce qui aveugle, terrifie, ou fascine. Peintres, dessinateurs, photographes, de Goya à Sophie Ristelhueber, d'Otto Dix à Zoran Music et Anselm Kiefer, vont s'affronter au paysage comme à ce lieu où peut se manifester l'inquiétude de l'homme face à l'histoire. Mais aussi son désir, ses croyances, et sa liberté. Ce sont les étapes de cette aventure de l'homme au monde que nous suivons dans cet ouvrage : paysages de ruines, paysages en guerre, paysages où l'on foule une histoire oscillant entre affleurement et invisibilité, paysages qui nous confrontent à l'indifférence du monde, sont quelques-uns des thèmes qui racontent les pérégrinations inquiètes de l'homme contemporain marchant dans le monde à la recherche de sa propre trace. C'est enfin une méditation personnelle sur la nécessité qu'éprouvent tant d'artistes, aujourd'hui, d'avoir recours au paysage pour affronter ce que le XX° siècle nous a légué de plus terrible : l'anéantissement sans traces. Le paysage s'impose comme l'une des formes majeures, pudique et émouvante, de l'histoire contemporaine.

11/2017

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Littérature française

De l'impossibilité de devenir français. Nos nouvelles mythologies nationales

« La France est un grand pays, ma fille ; elle a réhabilité le capitaine Dreyfus ». Ainsi parlait mon père, Juif d’Istanbul amoureux de la France parce qu’elle était pour lui le pays des droits de l’homme, et aussi celui de la liberté et de l’égalité. Ce qui ne l’empêchait pas de continuer en me citant quelques vers de Shakespeare… Ainsi dus-je, dès ma prime enfance, apprendre le français, avec une préceptrice arménienne, ce qui me valut longtemps de parler la langue du pays rêvé avec un accent arménien. Je pris ensuite, comme il se devait, le chemin d’une école congréganiste pour m’initier aux finesses de la culture qui avait produit Molière et Zola (et aux bonnes manières). Longtemps, la France a incarné des valeurs qui faisaient rêver des populations entières hors, et parfois très loin, de ses frontières. La Révolution, la République et ses principes, les lettres, la culture françaises avaient investi les imaginaires au point que pour beaucoup la France était devenue le symbole même de l’Occident « civilisé ». Ce pays qui avait émancipé ses Juifs avant toutes les autres nations européennes était l’espérance en marche. Ainsi les Juifs français n’eurent-ils pas de mal à conjuguer harmonieusement les valeurs de la République avec celles des Prophètes bibliques, créant ce « franco-judaïsme » qui permit à des générations entières de s’intégrer à ce qu’ils tenaient réellement pour leur patrie. Plus tard, à leur tour, les immigrés juifs d’Europe orientale diront cela en une formule pleine de saveur : « heureux comme Dieu en France ». Que s’est-il donc passé pour que la France ait cessé d’être ce pays rêvé et peine à intégrer ses immigrés ? Le patriotisme français lui-même s’est délité avec la fin du rêve, un délitement touchant autant les Français « d’origine » que les autres. Les guerres coloniales, une décolonisation non digérée, les ruptures, telle Vichy, du contrat passé par la République avec ses minorités, la non-adaptation aux nouvelles conjonctures économiques, le rabougrissement des élites, le vieillissement du pays ont progressivement terni son image. En fait, ceux qui l’habitent, nationaux ou « étrangers », ont cessé de croire en lui et dans son énergie créatrice. Comme le reste de l’Europe, et plus peut-être que d’autres pays européens, la France semble frappée d’une sénescence aggravée. Elle n’insuffle plus d’énergie. Les récents débats sur l’identité nationale ont montré que les vieilles recettes barrésiennes et maurrassiennes elles-mêmes ne parviennent pas à donner un peu de substance au type de Français imaginé par la xénophobie ambiante. Une xénophobie qui, à défaut de vrai projet de société, s’érige en pure rhétorique politique. Cette xénophobie a connu ses beaux jours d’abord à la fin du XIXe siècle, puis dans l’entre-deux-guerres, principalement sous sa forme antisémite. Aujourd’hui, c’est l’islam qu’elle prend pour cible. Alors que chacun sait qu’elle a mené à l’une des plus immenses catastrophes du XXe siècle, elle resurgit cette fois pour viser une population arrivée massivement pendant les Trente Glorieuses, et s’attaque sans vergogne à ses descendants, nés sur le sol français, et français de nationalité. Au lieu de nourrir le terreau d’où devrait naître le Français de demain, la xénophobie l’assèche, l’appauvrit, l’asphyxie. Elle pousse les Français « de fraîche date » à se replier dans leur « communauté », en un mouvement exactement parallèle à celui du nationalisme qui enferme lui aussi dans un entre-soi fatal les Français « de bonne souche », créant ainsi plusieurs catégories de citoyens, et les hiérarchisant, « aristocratie » légitime d’un côté, vassaux suspects de l’autre. Dans cet environnement d’Ancien Régime restauré, et de surcroît agressif, les valeurs de la République s’étiolent évidemment. Et beaucoup de ceux qui s’en réclament encore les convertissent en idéaux d’un fanatisme cherchant à mieux humilier ceux qu’on considère comme des Français de second rang. Républicanisme et laïcisme en sont les dérives les plus patentes. Et pourtant, être français aujourd’hui pourrait être bien autre chose : redevenir un citoyen du monde, aimant la planète et tous ceux qui la peuplent, œuvrant pour la « résurrection » d’une France internationale, cultivant plusieurs identités, traversant les frontières, tout en restant un vrai patriote, fier de sa culture, de son pays et de son ouverture. On n’est pas français parce qu’on est né dans ce pays. Et même lorsqu’on y est né, on le devient, en le réinventant sans cesse, en le recréant non dans l’isolement et le rejet, mais dans un flux incessant, dans le paradoxe et les contradictions, dans la reconnaissance et la promotion d’une pluralité ethnique, culturelle, religieuse, sexuelle, de genre, qui est sans doute la clé d’un vrai progrès et d’un rayonnement authentique. Être français, c’est vouloir une France combattive, renonçant à son pessimisme, ouvrant largement ses fenêtres, avec l’avenir en vue, non cette France repliée sur elle-même qui, à force de remâcher ses vieilles rengaines, dégage une inquiétante odeur de renfermé.

01/2012

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Faits de société

Nègre, qui es-tu ?

Le Grand Cataclysme nègrechronoholocauste Nègre, Qui Es-Tu ? , porte une attention particulière sur la cause de la Race Noire, étant toujours d'actualité au point de vue racial dans le monde actuel. Il examine les défis du changement de sa mission en tant que père et mère de l'humanité sur terre, et se penche sur les étapes de son abaissement, son asservissement, ses conditions et statuts de vie avant et après la révision de son statut, et le mandat qui lui a été réservé pour son développement dans le monde après l'esclavage ; ses réalisations et la contribution apportées au monde au fil du temps, en tant que patrimoine. Son texte traite de l'historicité humaine ; de la vérité historique des livres de la Bible, du créationnisme et plus largement de la perception humaine du monde invisible. Il est considéré comme un ouvrage de vulgarisation de l'histoire biblique au travers de l'histoire de la religion, et de la métaphysique. Hier nous étions terrifiés de nombreux actes effrayants de l'humanité ; et pas très loin, était le danger. Mais c'est ici notre monde, où règne la loi de nos péchés, ne méritant pas d'être humain, avec un coeur aimable. Hier, quand nous sommes arrivés ici, quelque chose s'est brisé en nous, quand ils nous ont sortis de notre adorable berceau, aux murmures de l'isolement d'un vaste océan, abritant une coquille décorée avec une haine concrète, qui nous entourait ; oui, nous avions peur de nombreux actes effrayants de l'humanité. Et la nuit jeta sa draperie ici et là ; le vent mythique alertant l'horreur, murmurant sa musique. Ainsi, hier, nous nous sommes réveillés de l'autre côté de l'océan isolé de terreur, la mort étant sous les vagues bleues empoisonnées, une tombe bien faite dans son abîme. "Je suis blanc, je peux te tuer et rien ne m'arrivera" et nous avions peur de nombreux actes effrayants de l'humanité. "Cependant, nous ne serons jamais vaincus par le racisme, nous nous écriâmes ; l'amour est ce que nous ressentons, des sentiments intenses d'amour". "Mais alors, l'âme répondit, soyez avertis, parce que l'amour peut être pire que la haine, et en soi, c'est une mauvaise volonté". Nègre, Qui Es-Tu ? , révèle sa narration philosophiquement ; et sa révélation religieuse commence avec l'Egypte ancienne et s'étend jusqu'à l'avènement de la Bible ; enfin, il inscrit une chronologie de la Bible, et où elle tire ses sources. Il est qualifié comme une histoire émouvante d'un homme qui veut un monde sans malice et sans haine, et fait quelque chose à ce sujet. Il explore comment au cours des siècles de l'esclavage, les Noirs ont subi des massacres, des génocides et d'autres formes de souffrance dans le monde entier ; et se noyant toujours dans un environnement hostile racial historique dans plusieurs parties du monde, depuis l'abolition de l'esclavage. Le mot "Race" est utilisé ici pour justifier la déportation de la race noire qualifiée d'inférieure pour la domination de la race blanche. Ce mot a été utilisé pour la première fois en Europe au Xe et au XIe siècle pour distinguer diverses communautés aristocratiques. Il est aussi inscrit dans la constitution des Etats-Unis depuis 1865. Il dévoile aussi quelques inventions cachées des Noirs, sans lesquelles le monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Aujourd'hui encore en général, l'auteur déplore que le berceau de l'humanité – l'Afrique – soit davantage balisé jusqu'aujourd'hui par le reste des pays.

05/2020

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Littérature Allemande

La lumière des jardins. Edition bilingue français-allemand

Utz Rachowski a écrit deux nouvelles sur des journées déterminantes de l'histoire allemande et européenne : l'une, intitulée " Les voix de l'été ", sur le 13 août 1961, premier jour de la fermeture des frontières occidentales de la RDA et de la construction du Mur à Berlin ; l'autre, intitulée " Le dernier jour de l'enfance ", sur le 21 août 1968, premier jour de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. Dans les deux cas, ces journées d'été ont été traumatisantes pour la RDA, mais aussi pour l'Europe et l'utopie socialiste : l'une, en entravant la liberté de mouvement des citoyens de RDA, l'autre, en réprimant le printemps de Prague, mettaient fin pour beaucoup aux espoirs d'un socialisme à visage humain en Allemagne et en Europe de l'Est. Ces journées représentent les premières blessures de l'histoire dans la jeune existence de l'auteur. Né en 1954 à Reichenbach dans le Vogtland, région de RDA limitrophe de la Tchécoslovaquie, Utz Rachowski a sept ans en 1961, 14 ans en 1968. Dans ces deux nouvelles, largement autobiographiques, l'histoire s'invite à l'improviste au beau milieu des vacances d'été et des fêtes d'anniversaire, fige le temps, à jamais divisé désormais entre un avant et un après. Les chars qui traversent sa ville pour se diriger vers la frontière tchécoslovaque labourent de leurs chenilles la route bordant le lotissement où il grandit, à une centaine de mètres de la maison de sa grandmère. L'oeil de l'enfant enregistre ces ruptures avec une précision sismographique. L'onde de choc de cet ébranlement traversera son oeuvre jusqu'au bout. 8 – Préface Préface – 9 Mais ce ne sont pas les seules blessures dans la jeunesse de l'auteur, et les suivantes trouveront également le chemin de ses écrits. Adolescent rétif à l'embrigadement, il est interrogé dès l'âge de 16 ans par la Stasi et renvoyé peu après de la FDJ et du lycée. Motif : une supposée menace de " contamination idéologique " de ses camarades de classe. Quelques années plus tard, en 1978, après avoir rattrapé son bac par d'autres voies, il sera également renvoyé de l'université, pour manque d'" esprit partisan ". Arrêté en 1979, il est condamné en 1980 à 27 mois de prison pour rédaction et diffusion de poèmes. Au total, il effectuera un an et deux mois de prison avant d'être libéré sous la pression d'écrivains dissidents déjà exilés à Berlin-Ouest, parmi lesquels Reiner Kunze, Jürgen Fuchs et le chanteur Wolf Biermann, et d'amnesty international : racheté par la RFA, il est expulsé du pays et interdit de séjour en RDA, et ne pourra pas retourner dans sa ville et son pays avant décembre 1989. Exilé à Berlin-Ouest, il y sera rejoint un peu plus tard par sa femme, elle aussi emprisonnée quelques semaines en 1979, et leur première fille, née pendant qu'il était en prison. La sélection de poèmes que nous présentons ici donne une idée de la centralité de cette blessure. Utz Rachowski fait partie de ces écrivains marqués dans leur biographie et leur oeuvre par un événement singulier, guerre, déportation, génocide, chute d'un mur ou d'une dictature, révolutions ou décolonisations plus ou moins pacifiques. Dans son cas, il s'agit des blessures infligées par le système répressif du socialisme " réellement existant ", le Mur, les chars, la prison, l'exil. Face à cela, Utz Rachowski a déployé une écriture largement autobiographique, qui enregistre avec une précision et une sensibilité aiguës l'impact des événements et tente par l'écriture de sauver ce qui peut l'être. Auteur de RDA au regard tourné tant vers l'Ouest que vers l'Est de l'Europe, il s'inscrit aussi dans la catégorie des auteurs blessés dont les oeuvres maintiennent résolument vivante la petite flamme de l'humanité, tel cet enfant qui, dans une de ses nouvelles, cherche à tout prix, à l'approche des brouillards de l'automne et de l'hiver, à préserver la " lumière des jardins ". Ces ombres et cette lumière se retrouvent dans la plupart de ses textes : écrits de témoignage ou de documentation, essais, récits de fiction, poèmes. C'est le cas des textes que nous publions ici, qui cherchent à donner un aperçu représentatif de sa production : les deux nouvelles sur les étés 1961 et 1968, un récit sur les expériences de la prison et de l'exil, une sélection de courtes nouvelles sur l'enfance écrites dans les années 1990, une quinzaine de poèmes choisis au fil de cinq décennies d'écriture, enfin des extraits de son dernier recueil, consacré à l'affection entre un écrivain et un animal de compagnie, le chien Suki.

03/2021

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Revues

XXI N° 59, été 2022 : Himalaya, la révolution des sommets

Sujet de couverture - Nims Purja, la révolution himalayenne / François Carrel Nims Dai, de son vrai nom Nirmal Purja, est depuis 2019 le détenteur du record de vitesse de l'ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres de la planète, qu'il a effectué en six mois et six jours. En 2020, avec les mêmes méthodes logistiques lourdes et toujours avec un groupe d'alpinistes exclusivement Népalais, il s'est adjugé un autre mythe convoité : la première ascension hivernale du K2 au Pakistan, dernier 8000 jamais gravi en hiver. "14 Peaks : nothing is impossible" , le documentaire sur Nims Dai diffusé mondialement par Netflix en décembre dernier a fait sensation et la version française de son best-seller Beyond Possible parait ce printemps en France. Derrière les performances physiques, logistiques et médiatiques de cet ancien Gurkha de l'armée britannique se dévoile un tournant dans l'histoire de l'himalayisme. D'abord, c'est une sorte de décolonisation que ce Népalais réalise, en se réappropriant la mythologie de ces très hautes montagnes. Les Occidentaux y ont tenu le premier rôle depuis un siècle, tandis que les Népalais étaient cantonné au rang de simples porteurs d'altitude, malgré leur rôle essentiel. Aujourd'hui les Népalais, derrière Nims Dai, retrouvent leur fierté en revendiquant le leadership. Au delà de la sphère sportive, c'est bien de business dont il s'agit : les Népalais assurent désormais eux-même une part de plus en plus importante du très lucratif marché des expéditions commerciales sur l'Everest. Nims Dai, qui a lui même créé son agence anglo-népalaise haut de gamme, entend régner sur le marché, et vise en parallèle celui des 7 Summits, les points culminants des sept continents. Ces acteurs Népalais, Sherpas pour la plupart, reprennent et amplifient cependant les travers de la course à la très haute altitude inventée par les Occidentaux : suréquipement et surfréquentation des voies classiques des sommets les plus connus, dont Everest, généralisation de l'usage de l'hélicoptère pour les approches, utilisation de plus en plus massive et précoce de l'oxygène supplémentaire, médiatisation et marketing débridés. Ce reportage sera à la fois le portrait d'un athlète et d'une personnalité exceptionnelle, le récit d'un tournant dans la longue histoire de l'himalayisme, dont Nims Daï est la figure emblématique, et la description de ses dérives qui mènent chaque année toujours plus de touristes d'altitude fortunés au sommet de l'Everest, malgré la perte de toute dimension de performance sportive de cette ascension et prix de drames humains, certains déjà survenus, et de ceux à venir, redoutés. Dans ce contexte, gravir les plus hauts sommets du monde a-t-il encore un sens ? Le silence des mots / Gaël Faye, Michaël Stzanke Victimes de viol pendant le génocide des Tutsis en 1994, en pleine opération Turquoise dirigée par la France, ces Rwandaises se sont confiées à l'écrivain Gaël Faye, qui vit aujourd'hui à Kigali. Le business des otages sahéliens / Anthony Fouchard Ils seraient entre 300 et 400 otages aux mains des groupes djihadistes qui tentent de contrôler l'immense espace sahélien. Des otages dont on ne parle jamais, car ce sont des hommes ordinaires, maliens, burkinabés ou nigériens dont les groupes islamistes négocient la libération contre quelques milliers d'euros. Cette criminalité est devenue l'un des principaux moyens de financement des djihadistes. A Madagascar, la vérité reste sur sa faim / Emre Sari Tout le monde semble d'accord : la famine dans le Sud de l'île est due au réchauffement climatique. Cela arrange bien le Président qui se trouve déresponsabilisé et invite les médias français tous frais payés pour lui tresser des louanges. Mais en fait, les raisons sont multiples : l'insécurité, les bandits qui pillent les ressources, et surtout, des décennies d'incurie gouvernementale. Alors, pourquoi l'ONU et les ONG s'en tiennent-elles à la version officielle ? Contre-enquête sur une famine. Poids-lourds anti-mafia / Angelo Mastrandrea En Italie, quand les entreprises appartenant à la mafia leur sont confisquées par la justice, elles font souvent faillite. Sauf à Catane, en Sicile, où une poignée de salariés ont réussi à racheter leur société de transport et à la faire revivre, malgré des tonnes d'embûches. BD - L'île, le millionnaire et les écolos / Bruno Lus et Vincent Sorel Depuis qu'il a racheté l'île de Berder, dans le golfe du Morbihan, un millionnaire fait la loi. Michel Giboire, patron de l'immobilier, entend la transformer en complexe hôtelier. Des retraités bretons l'ont fait plier. Vécu- Charly et le Prince / Haydée Sabéran Charly travaillait pour une conciergerie de luxe au service d'un membre de la famille royale saoudienne à Paris. Comme le génie de la lampe, il exauçait tous les voeux du prince. Il a mis en route une Xbox le matin de Noël pour 500 euros de pourboire. Déniché un tigre, un faucon, une table de gynécologue, de la cocaïne. Réalisé des films pornos en streaming. Mais jusqu'où accepter un caprice ? Quand il s'est agi de trouver une prostituée mineure, il a dit stop. Grand entretien Le cinéaste Marco Bellochio par l'écrivain Olivier Guez.

07/2022