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Critique littéraire

Chien de lisard

Loin de son poste de surveillance, Julien se plonge donc et s'égare dans Le Mémorial de Sainte-Hélène. Il ne voit plus les haches brandies par ses géants de frères, ne compte plus les troncs équarris, roulés sur des copeaux énormes, portés un à un dans la scierie, et poussés vers la machine qui les débite en planches. Et soudain, le vieux Sorel est là, gesticulant au milieu du hangar, cherchant son fils dans les hauteurs, le découvrant assis à califourchon sur une des poutres du toit. Il l'apostrophe, saute sur la passerelle, enchaîne des coups. Le premier fait tomber le livre dans le ruisseau. Le second frappe la tête. Le troisième atteint une épaule. C'est le point de départ du Rouge. C'est aussi le centre dérobé qui se déplace sous la pression du roman de moeurs. On le sait et on l'a dit sur tous les tons : pour raconter un fait divers, pour justifier aussi la triste affaire Berthet, Stendhal oppose un jeune homme pur et criminel à tous les monstres de besogne, de niaiserie, de veulerie, d'envie, de cupidité. Mais surtout, il grossit l'histoire du héros identifié à ses livres, lié à ses bibliothèques de fortune, soucieux de trouver dans tout ce qu'il lit de quoi agir, improviser, et apprendre à mourir. La "manie de lecture" de Julien, qui nous renvoie aux livres du Livre, est si vivace qu'elle réussit à soutenir, voire à déterminer toute son existence fictive. Et puis, il arrive aussi que certaines liaisons durent plus longtemps que toutes celles que la fiction a rendues dangereuses. Le personnage de Laclos a eu certainement la leçon qu'il préméditait. Il en savait certainement plus long que ses juges imaginaires et ses juges réels. Il a emporté, on ne sait où, les mystères de sa séduction. Stendhal, encore lui, ne reprend pas les hypothèses des critiques. Dans La vie de Henri Brulard, ce n'est pas Mme de Merteuil, mais plutôt son modèle, Mme de Montmaur, qui surgit, vingt-cinq après la publication du roman "libertin". Dans les quelques pages que Laclos n'aura pas écrites, on découvre un adolescent embarrassé, qui se morfond, qui n'a vu du monde des adultes que "ce que l'on peut voir par le cou d'une bouteille". Il est reçu chez les amis de ses parents, dans une maison grenobloise. Il se sent perdu devant les bibelots, les bergères défraîchies. Mais il a rencontré l'héroïne sévère qui époustouflait ses lecteurs aînés et qui, retirée en province, tient à offrir des douceurs à ses visiteurs. Stendhal se raconte comme le ferait un acteur : "Elle était vieille maintenant, riche et boiteuse. Cela, j'en suis certain ; quant au moral, elle s'opposait à ce que l'on ne me donnât qu'une moitié de noix confite quand j'allais chez elle au Chevallon, elle m'en faisait toujours donner une tout entière."

01/2017

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Romans, témoignages & Co

Les liaisons dangereuses. Le roman du film Netflix avec des bonus exclusifs

"  Tu serais prêt à quoi pour être célèbre  ? L'élite il y a deux cents ans, c'était avoir le sang bleu, l'aristocratie  ! Aujourd'hui, le pouvoir, c'est la fame. . . et quand tu y goûtes, tu es prêt à tout pour la garder, quitte à en crever.  " Célène doit quitter Paris pour Biarritz. Du haut de ses dix-sept ans, cette idéaliste est prête à braver les embûches de l'amour à distance pendant toute une année pour mieux retrouver Pierre, son fiancé, après avoir fini sa terminale. Dans son nouveau lycée, Célène est confrontée à un nouveau monde régi par une élite hiérarchisée. À sa tête : Tristan Badiola, un sportif de haut niveau, et Vanessa Merteuil, une comédienne ultra populaire. Immergée malgré elle dans le monde des réseaux sociaux, de la célébrité et des faux-semblants, Célène voit petit à petit ses idéaux et son sens de la morale vaciller. . . pour finalement découvrir qu'elle n'est que l'objet d'un cruel pari. . . Une adaptation du chef-d'oeuvre épistolaire de Choderlos de Laclos à l'ère des réseaux sociaux. Le roman du film Netflix avec des scènes exclusives enrichi d'un cahier photos en couleur, d'une préface de la comédienne-influenceuse Paola Locatelli et d'une postface de l'autrice-réalisatrice Rachel Suissa.

06/2022

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Franc-maçonnerie

Figures historiques et légendaires de la franc-maçonnerie

Révéler les aspects curieux ou inattendus de la vie de certaines personnalités du monde maçonnique, plus ou moins connues, permet de les découvrir ou de les redécouvrir sous un visage différent, pour le plus grand plaisir du lecteur. Aristide Briand, Condorcet, Nicolas de Bonneville étaient-ils francs-maçons ? Si oui, quelle relation ont-ils eue avec l'Ordre ? Le premier était Chevalier du Travail : qu'est-ce que cela signifie ? Comment la pensée et les principes de Condorcet ont-ils autant contribué à l'élaboration de la devise républicaine " Liberté, Egalité, Fraternité ", si chère aujourd'hui à la franc-maçonnerie française ? Bonneville, figure de la Révolution, était-il membre des Illuminati, lui qui était convaincu de la mainmise des jésuites sur la franc-maçonnerie ? Par ailleurs, sait-on que Charles Webster Leadbeater était en même temps théosophe, évêque et 33e ? Choderlos de Laclos était-il un franc-maçon sulfureux ou un bon père de famille ? Sait-on que l'auteur des Liaisons dangereuses prônait l'égalité de l'homme et de la femme dans la démarche initiatique ? Tout Maître Maçon, quelle que soit son obédience, connaît le légendaire Hiram. Oui, mais de quel Hiram s'agit-il ? Ce sont là quelques questions, parmi bien d'autres, auxquelles l'auteur apporte des réponses sur des sujets surprenants allant bien au-delà de la simple anecdote.

02/2022

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Critique littéraire

Pour le plaisir. Essais

L'ivresse qui traverse les romans de Rabelais ; la fougue qui emporte les corps sculptés par le Bernin ; le " plaisir de tête " qui préside aux stratégies libertines des Liaisons dangereuses ; l'effervescence de la pensée et des sens à l'œuvre dans les fictions sadiennes ; le trouble suscité par la peinture érotique de tous les temps, telle que Bataille l'a scrutée : ce livre postule un lien intime entre les plaisirs de l'art et l'art du plaisir. Rabelais, Laclos, Sade, Bataille : on n'a cessé, en France, de vouloir les censurer, les discréditer, ou, pire encore, les rendre inoffensifs. Alors qu'ils représentent ce que l'esprit français a apporté au monde de plus singulier et de plus libre ; et qu'ils sont, aujourd'hui plus que jamais, le meilleur contrepoison au déferlement de bien-pensance que nous subissons. Ceux que j'évoque ici, pourtant, n'ont pas élaboré de morale hédoniste à proprement parler. Romanciers, artistes, c'est d'abord l'imagination qu'ils sollicitent, plus que la conscience ou la raison. D'où une réflexion, en contrepoint, sur l'art du roman, sa lucidité spécifique, son aptitude à dissoudre les préjugés. L'horizon indiqué, en tout cas, est celui d'un plaisir paradoxal : à la fois sans innocence et sans culpabilité. G. S.

05/1998

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Beaux arts

Fragonard amoureux. Galant et libertin

Selon l'un de ses premiers biographes, le peintre Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) "s'adonna au genre érotiques dans lequel il réussit parfaitement". Artiste éminent de la scène parisienne de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Fragonard aborda tous les genres avec bonheur, mais on a très vite considéré que la thématique amoureuse tenait une importance particulière dans son oeuvre. Sa production dans cette veine a souvent été réduite à la formidable énergie sensuelle de ses ouvres licencieuses des années 1765-1775. Dès le XIXe siècle, Jules Renouvier rapportait en effet cette formule caractéristique du peintre qui "disait dans un langage qu'on doit lui laisser sans périphrase parce qu'il est de lui "je peindrais avec mon cul"". Mais l'inspiration amoureuse qui parcourt Pieuvre protéiforme et généreuse du "divin Frago" apparaît infiniment plus riche et subtile. Alors que les Lumières accordent une place nouvelle aux sens et a la subjectivité et que le jeune genre romanesque en plein essor (entre Crébillon, Rousseau et Choderlos de Laclos) place l'amour au cour des fictions, Fragonard va décliner sur sa toile ou sous ses crayons les mille variations du sentiment à l'unisson de son époque. C'est son parcours que l'on va suivre entre les derniers feux de l'amour galant et le triomphe du libertinage jusqu'à l'essor d'un amour sincère et sensible, déjà "romantique".

09/2015

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Critique

Pour en finir avec la passion. L'abus en littérature

A l'heure où les procès en "wokisme" se multiplient, une approche résolument féministe de la littérature. Au sein du patrimoine littéraire français comme dans les fictions contemporaines, il est un motif dont le traitement ne cesse de surprendre : celui de la passion. Confondue - parfois à dessein - avec l'amour, elle est le masque sous lequel se dissimulent toutes sortes d'abus : des manipulations constitutives de la séduction aux situations d'emprise, des dynamiques de harcèlement aux crimes dits "passionnels" . Cet ouvrage montre comment l'identification des actes des protagonistes d'oeuvres littéraires à l'expression d'une "passion" permet d'occulter la question du consentement, celle des rapports de domination et, plus largement, les violences physiques et psychologiques que subissent les femmes. Il souligne la dimension idéologique de l'approche esthétisante des oeuvres qui, sous couvert de s'opposer à la "cancel culture" , passe sous silence le bafouement de la dignité humaine mis en récit. De Don Juan à La Princesse de Clèves, des écrits de Choderlos de Laclos à ceux de Marguerite Duras et d'Annie Ernaux, les autrices de ce livre nous invitent à poser un regard lucide sur l'évolution des conceptions culturelles et littéraires dans la société française, ainsi qu'à interroger en profondeur les raisons pour lesquelles l'amour y demeure indissociable de la souffrance.

04/2023

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Littérature francophone

Le Mauvais Genre

" La nouvelle de sa mort est tombée ce matin, avec la neige. Ce fut comme un vent noir qui eût tout brûlé à l'intérieur. Sur le moment, le me suis demandé si je n'avais pas commis là une petite erreur. je ne connaissais même pas son prénom ; il ne sut jamais le mien ; la familiarité n'est pas mon genre. Dieu sait pourtant combien je le haïssais. Je ne suis pas désolée. je ne suis pas triste non plus. Je ne bondis pas de joie, mais je ne souffre pas. Je crois que je ne souffre pas. J'ai la bouche un peu sèche. Ce qu'il y a de plus agaçant chez nos amants lorsqu'ils se décident à mourir, c'est qu'ils vous rappellent que vous n'êtes pas immortelle. Le tact n'a jamais été le fort de M. de Valmont. " Mme de Merteuil n'est pas un monstre : Mme de Merteuil est une femme moderne dans un monde qui ne l'est pas. Au moment même où il ôtait la vie à Valmont, Choderlos de Laclos coupait la parole à Mme de Merteuil : c'était mal la connaître. Muselée depuis son plus jeune âge, Mme de Merteuil n'en peut plus de se taire. Le temps du silence, de la honte et des bonnes manières est révolu ; l'heure est au scandale, à l'indécence et à la vérité.

06/2023

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Critique littéraire

La revanche de Madame de Merteuil et autres chroniques

Une inconnue célèbre ou peut-être plus justement une célèbre inconnue. Telle fut Dominique Aury (1907-1998), telle elle reste. Célèbre elle le fut sous un nom d'emprunt des plus sulfureux, Pauline Réage, l'auteur du roman érotique le plus fameux du XXe siècle : Histoire d'0. Un secret bien gardé qu'elle n'accepta de dévoiler que vers la fin de sa vie. L'inconnue c'est "la petite dame du Comité", celui des Editions Gallimard. Grande lectrice elle ne le fut pas que de manuscrits, elle tint longtemps à la NRF, la chronique des romans, ces romans qui la passionnaient car ils racontent des histoires, des histoires d'humains, des histoires d'amour. Et puis il s'agissait de littérature, cette littérature qui fut l'une de ses raisons d'être et dont comme Jean Paulhan elle "attendait tout". On a rassemblé ici un certain de nombre de ces chroniques et quelques essais où elle nous montre l'actualité de nos grands auteurs classiques à commencer par Laclos et ses Liaisons dangereuses. Dominique Aury a passé sa vie à défendre les livres et les écrivains, et à les aimer. Elle nous prend par le bras et à témoin pour nous les faire aimer avec une simplicité et une intelligence peu communes dans cet exercice difficile : la critique littéraire. Elle nous fait partager sa curiosité brûlante, ses admirations jamais complaisantes mais toujours empreintes de tolérance. En filigrane transparaissent dans ces écrits une psychologie et une morale. Ce sont aussi celles de la femme qui écrivit Histoire d'O.

02/2020

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BD tout public

Liaisons dangereuses - Préliminaires Tome 1 : L'espoir et la vanité

1755. Sébastien est un jeune et chétif garçon, sujet à de violentes crises d'épilepsie. Toute sa famille est préoccupée par son état de santé fragile, peu compatible avec son esprit aventureux. Alors que sa mère s'en inquiète auprès de la sublime Comtesse de Senanges, celle-ci décide de le prendre sous son aile. D'une grâce et d'une intelligence redoutable, elle devient pour le jeune garçon qui ne connaissait des femmes que ses servantes, ses soeurs et sa mère, l'incarnation même de la féminité. Elle lui apprend les codes de son monde, celui d'une aristocratie impitoyable, où jeux de masques, intrigues amoureuses et secrets d'alcôves font loi. Peu à peu, leur liaison évolue. Sébastien devient plus qu'un simple protégé... Maintes fois adapté au cinéma, Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos est un roman majeur du XVIIIe siècle et probablement l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature française. Mais comment le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil en sont arrivés à devenir les personnages manipulateurs que nous connaissons tous ? C'est ce qu'imagine cette bande dessinée qui, dans un respect total de la cohérence de l'oeuvre, raconte la jeunesse des deux protagonistes. Entre passions et faux-semblants, le scénario ciselé de Stéphane Betbéder nous replonge avec une force toute littéraire dans le monde cruel et feutré de la haute société libertine, auquel le dessin sensuel de Djief, en héritier d'Yslaire, vient apporter un supplément de beauté noire et de réalisme.

10/2017

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Critique littéraire

En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire

Dire toute la vérité et rien que la vérité. Vivre dans la transparence et la franchise. Ces préceptes, les chantres du vrai ont voulu les appliquer de force à ce que tout nous désigne comme une forme retorse du mensonge : la littérature. Quelle est la légitimité de cette posture ? N'est-on pas amené à la suspecter, à en reconnaître la fragilité et les impasses ? Car, examinant l'inlassable guerre qui a opposé les tenants de la sincérité (Rousseau, Leiris, Sartre) à leurs détracteurs (Molière, Laclos, Dostoïevski, Gary, Perec), on aperçoit se profiler une autre définition de ce qu'est la littérature. En toute mauvaise foi : ne serait-ce donc pas ainsi que les oeuvres se présentent à nous et se jouent de nous ? C'est-à-dire en s'inscrivant dans une structure qui n'est ni le mensonge ni la vérité, mais leur mélange incertain. Qui affirme en niant et qui dément en proclamant. Sommes-nous pourtant prêts à accepter que tout discours échappe à ce qu'il est tout en continuant de l'être, à admettre que la littérature ne produise qu'une vérité, parfois contradictoire, et non la vérité ? Percevoir la manière dont l'oeuvre pose la mauvaise foi, la suscite et la défie, c'est approcher ce qui constitue sa matière même, tant le moteur de ses intrigues que sa métaphysique implicite ou explicite. Mais c'est aussi repenser son rapport au lecteur, au réel et au savoir. Car il y a un paradoxe commun au menteur et au sincère que seule la mauvaise foi permet de décrire en s'arrachant à nos routines intellectuelles.

10/2015

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Littérature française

Un garçon sans séduction. Feuilles de calculs

Thomas Loiseau est ingénieur en automation, métier noble, mais peu "sexy". Sybille vient de le quitter pour un trader au train de vie nettement plus séduisant. Assailli de doutes quant aux raisons de cette rupture, Thomas échafaude un raisonnement économique susceptible d'évaluer son quotient de séduction. Pour commencer, il doit établir une liste de critères mettant en balance ses qualités et défauts sur la même échelle que celle utilisée par les agences de cotation. Une fois évaluées ses capacités de charme, et après avoir découvert que sa marge de manoeuvre sur le marché de la séduction est assez faible, il lui faut définir, selon les mêmes calculs, les qualités et défauts de "la fille faite pour lui". Passé cette étape, ne lui reste plus, en guise de stratégie amoureuse, qu'à trouver le "stratagème d'acquisition" le plus efficace... Pour s'apercevoir au final qu'aucun mode de calcul n'est jamais fiable, et que ce à quoi il aspire est bien au-delà du marché. Tournant en dérision l'emprise nébuleuse de l'économie sur nos vies, ce texte inventorie les critères de séduction imposés par la société de consommation. Hormis le commentaire social sur l'influence de la publicité dans notre imaginaire, et la dénonciation du mensonge sur lequel elle repose, ce récit offre une réflexion à la fois érudite et humoristique sur les dérives sémantiques du mot "séduction", sur le donjuanisme moderne, mais aussi sur la nature parfois inavouable de nos désirs. Entre la démonstration philosophique, le précis d'économie et le traité de séduction, ce récit, truffé de références à Laclos, Casanova ou Kant, est un livre ovni, pétri d'humour, à lire, bien sûr, au second degré.

01/2012

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Histoire de France

Les derniers libertins

Ceci n'est pas un livre d'histoire, et pourtant tout y est avéré. C'est le roman vrai des derniers feux de la monarchie, la chronique d'une civilisation au raffinement inégalé, et que 1789 emportera à jamais. Le roman vrai de sept destins, chacun emblématique et unique à la fois. Des aristocrates de haut lignage, dotés des vertus dont tout noble doit s'enorgueillir : fierté, courage, raffinement, culture, esprit, art de plaire. Ils se connaissent, sont cousins ou rivaux, libertins dans une société où l'on veut aimer à sa guise, puisque le mariage y est de convenance. Maîtresses officielles ou secrètes, liaisons épistolaires et enflammées, dépit, faveur, puis disgrâce... Jamais l'art de conquérir ne fut porté à cette incandescence. Chacun d'eux, en même temps, veut se forger un destin. Prétendant aux plus hautes fonctions au service du Roi, ils devront composer avec la cour où les alliances se font et se défont au gré d'intrigues savantes et souvent cruelles. On croisera Talleyrand, Laclos, Marie-Antoinette dans la légèreté de ses vingt ans, les chroniques savoureuses du prince de Ligne ou de la comtesse de Boigne, les billets, les poèmes que cette élite lettrée et cosmopolite s'échange à chaque heure du jour. Ils sont aussi les enfants des Lumières, et accueillent avec d'autant plus d'intérêt les idées nouvelles qu'ils croient possible de les concilier avec leurs propres privilèges. Mais la Révolution balayera cet espoir. Certains prendront les armes, d'autres le chemin de l'exil ; ce sera la ruine, la guillotine pour deux d'entre eux. Pour tous, la fin d'un monde. Avec une plume enjouée et complice qui rappelle les meilleurs mémorialistes, Benedetta Craveri a composé ici un magnifique hommage à cette génération perdue qui incarna, plus qu'aucune autre, une certaine douceur de vivre.

10/2016

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Littérature française

Contes et nouvelles

LA COLLECTION : VINGT CHEF-D'OEUVRE DE LA LITTERATURE LIBERTINE ET EROTIQUE : Ces textes célèbrent tous, et avec quelle vivacité, l'amour, le plaisir et les sens. Ils prônent un authentique savoir-vivre libertin. Objets de scandale à leur époque, ils ont circulé sous le manteau, et certains ont même valu à leur auteur les cachots de la Bastille. Mais loin de se limiter à cette dimension licencieuse, ces oeuvres littéraires, dont les audaces sont transfigurées par un style et un esprit étincelants, sont porteuses d'une formidable volonté d'émancipation. La morale, les dogmes, les interdits sont battus en brèche par des auteurs qui, à quelques années de la Révolution française, prêchent l'impatience et la révolte. Diderot, Sade, Casanova, Rétif de la Bretonne, Mirabeau, Laclos, parmi d'autres auteurs moins connus, mais tout aussi importants pour la compréhension de l'histoire des moeurs et des idées, représentent une génération insolente et turbulente dont les écrits n'ont rien perdu de leur force et de leur éclat pour le lecteur d'aujourd'hui. "Enfer", mais aussi envers de notre littérature : ces titres invitent les lecteurs à découvrir, pour leur plus grand plaisir, un pan caché de l'histoire littéraire française qu'ils n'ont jamais étudié à l'école. Chacune de ces oeuvres rares, préfacée et annotée par l'un des meilleurs spécialistes de l'auteur, est présentée dans une édition luxueuse comportant un cahier de documents et de gravures d'époque. UNE COLLECTION SOUS LA DIRECTION ARTISTIQUE DE NATHALIE RYKIEL La direction artistique de cette collection a été confiée à Nathalie Rykiel, figure éminente de l'élégance parisienne et de la féminité. La créatrice a prêté son talent et son imagination pour faire de chacun de ces ouvrages un objet raffiné.

05/2011

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Philosophie

Je t’aime à la philo. Quand les philosophes parlent d’amour et de sexe

Qu’est-ce que tomber amoureux ? Sommes-nous biologiquement programmés pour l’amour ? Pourquoi l’amour fait-il souffrir ? Qu’est-ce qu’un coup de foudre ? Peut-on promettre l’amour éternel ? D’où vient la morale sexuelle occidentale ? A quoi sert le mariage ? Le mariage d’amour est-il la première cause de divorce ? La libération sexuelle nous a-t-elle réconciliés avec notre corps ? Le mot amour a-t-il le même sens pour l’homme et pour la femme ? Pour répondre à ces questions dont certaines intriguent l’Homme depuis la nuit des temps, et dont la plupart nous agitent quotidiennement, Olivia Gazalé apporte un éclairage original et croise la philosophie, l’histoire, la sociologie, la psychanalyse, la biologie et la littérature. Dans ces pages, elle convoque Platon aussi bien que Nietzsche et Kierkegaard, Lévi-Strauss que Foucault et Bataille, Homère que Cervantès et Molière, Rousseau que Laclos, Stendhal, Chateaubriand, Proust, Moravia ou Kundera, sans oublier Freud et Jung… Et nombre d’auteurs contemporains, de Michel Houellebecq à Sophie Fontanel en passant par Yves Simon ! C’est que cet ouvrage est placé sous le signe de l’éclectisme et de l’ouverture : des exemples concrets tirés de la littérature, toujours beaucoup de questionnements, jamais de dogmatisme. Chaque discipline y apporte un éclairage, mais aucune ne fournit de réponses définitives. Olivia Gazalé nous guide pas à pas dans ce labyrinthe amoureux, confronte les théories et tente elle-même de répondre à chaque question, en empruntant à chaque auteur ce qu’il a apporté de plus décisif sur le sujet, tout en proposant un cheminement personnel. Au fil des chapitres, le lecteur tire un enseignement pratique de cette confrontation avec le point de vue des grands penseurs : il revisite sa propre expérience et parvient à mieux comprendre le sens de ses échecs comme de ses bonheurs amoureux. La meilleure preuve que la philosophie est indispensable !

03/2012

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Dictionnaire français

Le dico de l'argot fin de siècle

" Il était deux du. Moi, j'étais pas mal à l'ouest. Une go zonait. je l'ai calculée chimique. Elle m'a tapé un clopo. Comme j'étais pas plan cellotte, j'ai continué à vaguer. Et là, j'ai vu une bande de breakers cainfs qui mouillaient les cartons. Alors j'ai tapé la mate... Mais y a des nosks qui se sont raboulés. Ça upait la stomb entre les raclos. "Gage dédale!", je me suis dit. Et j'ai tracé avant que ça renifle le kisdé. " " La grande originalité de ce Dictionnaire de l'argot fin de siècle - objet étonnant - c'est qu'il expose la langue qui se parle véritablement aujourd'hui, partout, dans le registre le plus quotidien. Contrairement aux auteurs de lexiques ordinaires, Pierre Merle n'est pas un compilateur, mais un enquêteur de terrain. Il a sillonné, le calepin de notes sous le manteau, les milieux les plus divers où l'on parle une langue pas comme les autres. Il a fréquenté le monde toujours créatif de la prostitution, celui des coursiers, des taxis, des boulangers, des turfistes et des journalistes, sans oublier les musiciens de jazz ou de rap, et bien sûr les zones insolentes de la drogue et l'humour acide des banlieues où l'on " nique-ta-mère " comme un seul joyeux garçon. Ce livre ahurissant fait le point sur l'argot caché de maintenant - il donne à entendre, par des exemples choisis, des éclats de vie qui nous transpercent. " C. Duneton

10/1996

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Critique littéraire

Histoire de la poésie française. Tome 4, La poésie du XVIIIe siècle

Un siècle sans poésie ? Voire. Disons qu'elle se déplace, qu'elle s'affirme plus volontiers dans la prose : Diderot, Marivaux, Montesquieu, Laclos, Jean-Jacques, Chamfort, Saint-Pierre, Restif, Sade, Buffon, Lacépède, Volney, Cazotte, Mercier le Prophète, Cousin de Grainville. Des esprits curieux (Fabre d'Olivet, Court de Gébelin, Plis) poussent très loin l'étude des correspondances. Qui lit encore l'oeuvre versifiée du roi Voltaire ? Apprécié, lu, discuté en son temps, poète par éclats avec des formules déjà hugoliennes, lassant, futile ou accordé à l'histoire, qui aurait cru que ce serait le prosateur qu'on retiendrait ? N'existe-t-il plus de poètes en vers ? Les strophes de Jean-Baptiste Rousseau annoncent Valéry. Louis Racine a de rares envolées. Voltaire croit que Saint-Lambert passera à la postérité. La Motte fait la distinction entre poésie et vers. Voici Je discret Fontenelle et le joyeux Piron fils, Sainte-Aulaire, Sénécé. Ils ne valent pas un inconnu, Claude Cherrier, avant-goût de Jacques Prévert. Et puis Gentil-Bernard, Marmontel, Rulhière parfois vigoureux, Voisenon frétillant, Bernis acceptable en partie, le bon Pompignan, le charmant Gresset, Dorat et Moncrif, le maçon Sedaine, cent autres. De l'esprit en petite monnaie, des épigrammes, de la crème fouettée. Quelques joyeux compères : Vade, Collé, Panard. Des poètes bizarres. Des épopées ridicules. Autour de Florian, un flot de fabulistes. On ne rejette pas d'emblée la poésie didactique. Delille, Roucher, Rosset, Watelet et leurs comparses font un effort pour poétiser arts, sciences, industrie, nature. Ils sombrent, parfois étonnent. La poésie mnémotechnique invente de curieux enseignements. Célèbres à d'autres titres, Jean-Jacques, Diderot, Helvétius, d'Alembert écrivent au besoin en vers. Et aussi les économistes comme Turgot, Condorcet et Dupont de Nemours qui transcrit en vers le chant des oiseaux. Et Marivaux, Beaumarchais, Chamfort, Rivarol, rimeurs occasionnels sont parfois significatifs des tendances. Hors des frontières, il se passe déjà quelque chose : en Belgique, en Suisse, au Québec, en Amérique. Les princes d'Europe, les grands étrangers s'expriment en vers français. On rencontre la poésie féminine, le théâtre en vers, la survivance occitane, les provinces. Le romanesque annonce le romantisme. Gessner, Thompson, Gray influencent les Français. Voici Colardeau le sentimental, Feutry le sombre, Malfilâtre l'exquis, Gilbert l'infortuné, La Harpe élégiaque. Des poètes venus des îles : Léonard l'idyllique, Bertin le sensuel, Parny père du poème en prose. Legouvé, Millevoye, Arnault, Cubières, Chênedollé, Thomas peuvent étonner le lecteur : on pense à Lamartine, Hugo, Musset. André Chénier plus parnassien que romantique reste mal connu. Et aussi son frère Marie-Joseph. On les rencontre longuement. Mauvais, l'Organt du jeune Saint-Just ? Cette épopée étrange, mal faite, licencieuse, avec des airs de complainte rabelaisienne, exprime cependant le sentiment d'une jeunesse exigeante comme le fera Rimbaud. La Révolution : les poètes sont mal préparés pour répondre à l'événement. La chanson populaire, anonyme souvent, prend le relais. Les hymnes, les pamphlets, les chants contre l'esclavage des noirs par exemple rythment l'histoire. "Il nous faut un barde !" s'écrie Bonaparte. Chateaubriand et Mme de Staël sont ailleurs. L'académisme pompier fleurit : folies didactiques, héroïques et théâtrales ampoulées, ridicules. Mais déjà quelques-uns osent un oeil vers les poètes des nations voisines. Dès la chute de l'Empire, des enfants, des adolescents sont présents au monde. Ils se nomment Lamartine, Hugo, Vigny, Sainte-Beuve, Musset. Le phénix va brûler pour renaître de ses cendres. La plus belle période va naître. Tout recommence.

10/1990

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Critique littéraire

Revue de littérature comparée N° 355, 3/2015

Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" . Fortune littéraire d'un thème folklorique de Lucien à Proust, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 257-268. On examine ici la fortune littéraire d'un thème folklorique tel que le tintement des oreilles censé être un mouvement fatidique, d'où l'on pouvait tirer des pronostics sur l'avenir des individus. Il faut remarquer que ce motif est toujours employé chez les Grecs, Lucien, Aristhénète et dans la Recherche avec la même fonction. Au coeur d'une affaire amoureuse une femme en tant que médiatrice "révèle" à l'amant tourmenté par la jalousie que sa bien-aimée lui est toujours fidèle, qu'elle a sans cesse parlé de lui, donc les oreilles ont dû lui tinter. Il est intéressant de voir cet argument tiré de la superstition des tintements des oreilles, c'est-à-dire de l'otomancie, chez M. Proust, qui l'emploie toujours pour apaiser les troubles d'un amant abusé. C'est encore une fois le canevas déjà écrit par ses anciens prédécesseurs. Caroline BELOT GONDAUD, La Figure du couple machiavélique. A propos des "couples scélérats" de Shakespeare, Laclos, Barbey d'Aurevilly, Zola, Henry James, James M. Cain, Boileau-Narcejac, Ian McEwan et Ron Rash, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 269-280. La figure du couple machiavélique est présente dans des oeuvres aussi diverses que Macbeth, Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady et dans bon nombre de romans policiers. La façon dont la figure est mise en scène, mise en récit, crée une véritable dramaturgie du mal. Le couple machiavélique apparaît bien comme une figure de l'amour et du mal : dans sa version shakespearienne, elle est une réécriture du scénario biblique de la Chute et, dans sa version laclosienne, le marqueur d'une profonde dégradation de l'idéal courtois de l'amour. Mario ZANUCCHI, La Crise du symbolisme. La réception de Baudelaire et Verlaine dans la poésie de Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 281-298. Le but de cet article est d'étudier la réception de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine dans l'oeuvre d'un poète du cercle de Stefan George, qui jusqu'à maintenant a été ignoré par l'historiographie littéraire allemande : Walter Wenghöfer. L'étude de reception est étayée et précisée par l'analyse intertextuelle et intermédiale de poèmes exemplaires. De cette manière, la contribution reconstruit la crise de la poétique symboliste dans la poésie allemande de la "fin du siècle" . En outre, il montre comment Wenghöfer - à travers la dépotentialisation esthétique des figures d'autorité symbolistes - anticipe la critique que l'expressionnisme allemand adresse au symbolisme. Christine QUEFFELLEC, "La vie imite rarement l'Art" : Gemma Bovery, entre Flaubert et Wilde, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, roman graphique de Posy Simmonds se veut une parodie du roman de Flaubert, Madame Bovary, transposé à la fin du XXe siècle. Le narrateur, séduit par Emma Bovary dont il partage les aspirations romantiques, imagine que le destin de ses voisins, Charlie et Gemma Bovery, va se calquer sur celui des personnages flaubertiens et que la vie va imiter l'art, comme le souhaitait Oscar Wilde. Il s'apercevra qu'il s'est trompé. Ce roman invite à une réflexion sur la lecture et sur les rapports entre la littérature et la vie. L'adaptation cinématographique d'Anne Fontaine infléchit quelque peu le sens de l'oeuvre en conférant au film une unité de ton et de style que l'écrivaine avait voulu briser et en se rapprochant du roman français. Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" : the literary fortune of a folkloric theme, from Lucien to Proust, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 257-268. We examine the survival of a folklore theme centered around the observation of buzzing in one's ears. Ringing was considered as a fateful movement and was comprised among the observations for divinatory ends. The relationship between the buzzing in one's ears and the belief that one subsequently became the object of other people's speech appears in Lucian of Samosata (second century A. D.) and in his later revival given by sixth century's epistolographer Aristaenetus. In this respect, a striking parallel is provided in modern French literature by Proust's Recherche. In every case a woman acting as mediator "reveals" someone that his beloved is always true to him and she was endless speaking of him. Consequently, something should have buzzed in his ears. It is interesting to remark, that such an argument drawn from superstition about buzzing in one's ears, that is, otomancy, still recurs in M. Proust with respect to abused lover's troubles. It is clearly the same plot, as his Greek antecedents have already used. Caroline BELOT GONDAUD, The Figure of the Machiavellian Couple, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 269-280. The figure of the machiavellian couple appears in Macbeth and Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady as well as in various detective novels. The way it is told and staged creates a dramaturgy of evil. The Machiavellian couple can be interpreted as a mere figure of love and evil which rewrites, in its Shakespearean version, the biblical narrative of the Fall while the couple of Laclos signals the deep deterioration of the ideal of love in a courtly meaning. Mario ZANUCCHI, The crisis of Symbolism. The reception of Baudelaire and Verlaine in the poetry of Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 281-298. The aim of this article is to study the reception of Charles Baudelaire and Paul Verlaine in the work of a poet from Stefan George's circle, who has been ignored by the German literary historiography until now : Walter Wenghöfer. The reception study is supported and clarified by the intertextual and intermedial analysis of exemplary poems. In this way, the contribution reconstructs the crisis of symbolist poetics in the German poetry of the < fin du siècle >. Furthermore it shows how through the aesthetic depotentialization of symbolist authorities Wenghofer anticipates expressionist criticism of the symbolist poetics. Christine QUEFFELLEC, "Life rarely imitates Art" : Gemma Bovery between Flaubert and Wilde, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, Posy Simonds's graphic novel, is a parody of Flaubert's Madame Bovary, transposed into the end of the 20th century. The narrator, seduced by Emma Bovary, whose romantic aspirations he shares, imagines that his neighbours, Charlie and Gemma Bovery, will experience the same fate as Flaubert's characters and that life will imitate art, in accordance with Oscar Wilde's hopes. He will realize that he was wrong. This novel induces us to reflect on reading and the relationship between literature and life. The film adaptation by Anne Fontaine distorts somewhat the book's meaning, giving a unity of style and tone that the English writer had wanted to break down in order to draw closer to Flaubert's novel.

12/2015