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Sociologie

Le temps fractionné. Multiactivité et création de soi

Notre rapport au temps s’est métamorphosé. Un temps de formation étiré, une espérance de vie allongée, de plus nombreuses périodes d’inactivités ont considérablement accru le temps « libre ». Et pourtant, la civilisation des loisirs, annoncée dans les années 60, n’est pas advenue. Le temps soustrait au travail, au lieu d’être reposant, paraît contaminé par les contraintes et les pressions. Accaparé par ses multiples activités, étourdi par sa propre frénésie, l’individu moderne semble aspiré par un nouveau temps, distendu, éclaté, fractionné. La multiactivité caractérise ce nouveau style de vie. Patrick Cingolani nous montre à quel point ce fait social transforme aujourd’hui l’individu. Il passe au crible trois figures contemporaines, virtuoses du temps – l’étudiant, le parent et le retraité – qui jonglent à leurs manières avec des temporalités enchevêtrées et plurielles. À côté de la dégradation des conditions de travail et de la précarité, il perçoit un usage des intermittences, des loisirs, de la culture qui s’affirme et qui montre que nous pouvons nous réapproprier le temps pour en faire un moyen d’affranchissement et de réalisation. Plus largement, cet essai plaide pour que le temps redevienne une question politique et sociale et pour que les sociétés puissent se concevoir et s’émanciper au-delà de l’emploi. Patrick Cingolani enseigne la sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre.

03/2012

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Philosophie

De la guerre civile

Entre horreur et activité normale de l'État, la guerre civile, opposée à la guerre classique, est une absence remarquable de la philosophie politique. Or les convergences entre ces deux catégories hâtivement séparées apparaissent en creux chez des auteurs éloignés comme Machiavel ou Cari Schmitt. ou encore dans les problèmes posés par la recherche des limites, notamment chez les penseurs de la guerre juste, souvent contraints d'amender leur théorie. Guerre civile et guerre extérieure ont pourtant en commun la transgression et la désignation de l'ennemi. La démarche non historique, qui compare la guerre de Trente Ans, la Commune et la guerre d'Espagne, révèle la dialectique entre guerre tolérable et guerre intolérable. Les enjeux se font sociaux et surtout politiques. La guerre civile, interne, partisane, rejoint la guérilla, tandis que les guerres étrangères ne sont pas exemptes de risques internes. Comment déterminer si la guerre du Péloponnèse, la guerre de Sécession ou la guerre d'Algérie sont des guerres internes ou externes ? La guerre civile, mal politique absolu, oblige la philosophie à revenir sur l'irrégularité totale ou partielle, et à considérer les intermittences d'un droit de la guerre parfois évanescent. L'articulation entre l'essence transgressive de la guerre et la loi que l'on se donne permet de comprendre le politique comme une conjuration répétée de la guerre intérieure.

11/2009

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Vivre en couple

Le couple plus fort que la douleur ! Construire une relation positive et saine malgré les douleurs chroniques

Plus de 100 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques à travers le monde, soit 1 adulte sur 5. Pour ces personnes, les risques sont grands : stigmatisation, isolement, culpabilité face aux responsabilités professionnelles et familiales, exclusion ou encore perte d'emploi... Une douleur est considérée comme "chronique" lorsqu'elle est permanente ou intermittente sur plus de trois mois. Il peut s'agir de douleurs lombaires, de migraines, d'arthrose, d'un zona, d'une fibromyalgie, d'endométriose, de maladies digestives, etc. La douleur peut alors prendre le dessus, épuiser physiquement, moralement, voire assécher la relation amoureuse... Voici un échantillon de ce que cet ouvrage vous propose afin de vous aider à créer une relation aimante et durable : L'importance de jouer dans la même équipe que votre partenaire ; des conseils pratiques pour parler de votre état de santé, pour augmenter la place de l'amour et du plaisir dans votre relation ; développer l'autocompassion et maîtriser votre bien-être affectif afin de manifester davantage de joie ; découvrir quelle est la relation entre votre cerveau et votre douleur, et comment elle affecte votre relation ; apprendre à pimenter votre vie sexuelle malgré la douleur. Vous méritez qu'on vous aime, et peu importe votre état et votre niveau de douleur, vous êtes capable d'avoir une relation satisfaisante et passionnée.

02/2024

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Théâtre

Dramaturgies de la guerre pour le jeune public. Vers une résilience espérée

Comment dire la guerre au jeune public ? C'est la question à laquelle répondent les auteurs de théâtre étudiés dam cet ouvrage qui ont fait le choix, au sein de leur écriture, d'une épure radicalisant le conflit. Face à la violence du rapport au réel, ils cherchent une juste distance et produisent une dramaturgie de l'intermittence. Lavant et l'après de l'action, le passé et le présent sont des moments de doute du personnage de l'enfant face à l'action de guerre imposée : celle de tuer ou de fuir. Il se tourne alors vers le jeu ou l'imaginaire du rêve. Avec le temps, le personnage de l'enfant-survivant réanime le conflit passé dans un écho constant. Il devient résilient, en parcourant des territoires d'apprentissage, dans lequel il emporte avec lui des objets symboles. Ces plus petits territoires intimes, débris d'un monde perdu, font tenir debout une fois retrouvés. Les souvenirs sont prégnants dans une dramaturgie du témoignage qui mobilise le monologue. Nous y retrouvons une tendance du théâtre contemporain à faire reposer la dimension documentaire sur l'introspection individuelle, où le personnage de l'enfant-témoin a toute sa place. Toutefois, l'écriture se creuse bien souvent d'une faille qui traduit l'impossibilité pour l'enfant de tout comprendre. Il bute sur les mots comme sur le réel et réinvente un langage. Ainsi, cet ouvrage interroge la possibilité d'une présence, inscrite dans le moment de l'adresse et dans la matérialité de la scène, entre surgissement et effacement des signes de la guerre, au sein d'un corpus dont l'étude se révèle d'une grande richesse.

01/2020

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Littérature étrangère

LES BUDDENBROOK. Le déclin d'une famille

Les Buddenbrook, premier roman de Thomas Mann devenu l'un des grands classiques de la littérature allemande, retrace le déclin d'une grande famille de la Hanse, de Johann, le solide fondateur de la dynastie, à Hanno, le frêle musicien qui s'éteint quarante ans plus tard dans un pavillon de banlieue. Dans un style tout en demi-teintes, où chaque personnage occupe l'avant-scène par intermittence, l'auteur décrit un lent processus où le raffinement s'associe à la dégénérescence. Mais au-delà de l'anéantissement graduel de la bourgeoisie " fin de siècle ", c'est d'une insoluble dualité qu'il s'agit - dualité inhérente à la personnalité de l'écrivain et qui trouvera peut-être sa forme la plus symbolique dans la Mort à Venise - : matérialisme bourgeois contre sensibilité décadente de l'artiste. ce thème de l'esthète vulnérable et inapte à la vie pratique, traduisant l'affinité entre l'art et la mort, apparaîtra en filigrane dans toute l'œuvre de Thomas Mann. Issu d'une famille de négociants protestants de Lübeck, Thomas Mann, né en 1875, adhéra à la cause allemande lors de la Première Guerre mondiale. Plus tard, il s'opposa, comme son frère Heinrich, à la montée du nazisme, fut contraint à l'exil dès 1933 et déchu de la nationalité allemande en 1936. Il vécut alors successivement en France, en Suisse, en Californie. Il meurt à Zürich en 1955. Disciple de Nietzsche, Schopenhauer et Wagner, il laisse une œuvre qui compte parmi les plus importantes du XXe siècle, dont la Montagne magique, la Mort à Venise, Tonio Kröger, les Confessions du chevalier d'industrie Félix Krull.

09/1995

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Littérature française

Hallali

Baliveau était là, seul, aboyant notre ragot, en bordure du gué. Ils semblaient tous deux épuisés, face-à-face, assis, se regardant l'un l'autre. Baliveau, tendant et balançant son encolure par intermittence, aboyait son cochon faiblement, cherchant du regard ses compagnons. Un moment... une éternité! La Rosée et moi avons nourri notre mémoire de ce spectacle inouï. Mais l'action a vite repris le dessus. " Tiens bon, mon vieux ! Tiens bon! Au coûte à Baliveau, au coûte. Tiens bon!" J'avais la gorge nouée par la fatigue et l'émotion. J'aurai voulu dire tant de choses à Baliveau, mais la meute venait de rallier sous nos yeux... Et ce furent les grands abois. La Rosée a sonné L'hallali sur pied un peu trop vite. Le ragot n'avait pas dit son dernier mot, il a fait face une première fois et bousculé les chiens pour chercher un abri sous les épines noires. La meute ne lâchait rien. Nous avons descendu à cheval la pente qui nous menait à Baliveau. Il était resté sur place comme s'il voulait dire à ses collègues : " J'ai fait mon travail, faites le vôtre ! " Il était immobile, épuisé. Il avait dû se surpasser pour maintenir seul son sanglier, malgré son âge. Mais il avait payé le prix fort : il était entaillé au flanc en deux endroits. Les blessures étaient profondes et inquiétantes. - Que fait-on ? - Faut qu'vous alliez servir le ragot, qu'y ait pas l'temps d'en blesser d'autres. Allez-y m'sieur Diégo, moi j'm'occupe à Baliveau. Une histoire d'amour et de vénerie, romantique et passionnée, qui finit comme certains hallalis...

01/2010

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Beaux arts

Les couleurs de nos souvenirs

Que reste-t-il des couleurs de notre enfance ? Quels souvenirs gardons-nous d'un lapin bleu, d'une robe rouge, d'un vélo jaune ? Ont-ils vraiment revêtu ces couleurs ? Plus Lard, lesquelles associons-nous a nos années d'études, à nos premières amours, à notre vie d'adulte ? Comment la couleur s'inscrit-elle dans le champ de la mémoire ? Comment est-elle capable de la stimuler ? de la transformer ? Ou bien, au contraire, comment est-elle victime de ses caprices ou de ses intermittences ? Pour tenter de répondre à ces questions - et à beaucoup d'autres -, Michel Pastoureau nous propose un journal chromatique s'étendant sur plus d'un demi-siècle (1950-2010). Souvenirs personnels, notations prises sur le vil, propos débridés, digressions savantes ou remarques propres à l'historien : ce livre retrace l'histoire récente des couleurs en France et en Europe. De nombreux champs d'observation sont parcourus ou évoqués : le vocabulaire et les laits de langue. la mode et le vêtement, les objets et les pratiques de la vie quotidienne. les emblèmes et les drapeaux, le sport, la littérature. la peinture, les musées et l'histoire de l'art. Ce journal, tour à tour ludique, poétique et nostalgique, est à la fois celui de l'auteur et celui de nos contemporains. Nous vivons dans un monde de plus en plus coloré où la couleur reste un lieu de mémoire, une source de plaisirs et, plus encore, une invitation au rêve.

09/2010

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Critique littéraire

Mauriac-Claudel. Le désir et l'infini

Les 24, 25 et 26 octobre 2001, l'Association Internationale des amis de François Mauriac a organisé au palais du Luxembourg et à la Sorbonne un colloque sur Claudel et Mauriac dont ce livre réunit les Actes. Mauriac a, dès 1905, voué une grande admiration à l'oeuvre de Claudel, qu'il rencontra pour la première fois en 1911, après avoir publié son premier livre, Les Mains jointes. Par la suite, leur relation fut constante, malgré des désaccords politiques qui éclatèrent en 1937, lorsque Mauriac se rapprocha de la gauche, et des sensibilités religieuses différentes dans un commun christianisme. Mauriac appuya la candidature de Claudel à l'Académie française, et entretint avec lui une Correspondance qui, avec des intermittences, couvrit la période 1911-1954. " Il y a chez Claudel une religion du Père comme il y a chez Mauriac une religion du Fils ; la première est faite de l'envahissement de l'humain par le Divin ; la seconde de l'affleurement de l'humain à la surface du Divin ", écrit Jacques Julliard dans son Introduction. L'étude comparée des deux oeuvres permet de mieux comprendre cette double sensibilité, tout en mettant en valeur les lignes de force d'une poétique du christianisme autour de thèmes qui se retrouvent aussi bien dans le théâtre, la poésie ou les romans : le désir et l'infini, l'espérance et le renoncement, l'amour humain et l'amour divin, la recherche de la " vraie vie ", le salut et la grâce.

04/2004

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Jeux

Stars. Tome 1, La grande route

Imaginé par FibreTigre, co-écrit par Jean Baptiste Lullien et joué dans l'émission " Game of Rôles " . Septembre 2018. Les grands projets de colonisation martienne de la NASA sont mal en point. La sonde Curiosity, en fin de vie, ne fonctionne plus que par intermittence et l'exploration de Mars, en dépit des plans de communications de la NASA, a cessé d'intéresser le public. D'autres sujets monopolisent l'attention de la nation et surtout les crédits de l'Etat : la crise économique, les tensions internationales avec la Chine, la guerre contre le terrorisme, le mur avec le Mexique et son financement... L'espace n'intéresse plus personne et l'idée d'envoyer quelqu'un sur Mars semble avoir été enterrée. Est-ce que cela vous touche ? Oui, car vous êtes membre de l'équipe qui devait partir. Vous avez reçu l'entraînement, préparé la mission pendant de long mois... Tant de sacrifices, pour finir ici, à surveiller une sonde qui ne fonctionne plus. Jusqu'à cette nuit ou James Myers, (responsable par intérim du site), vous réveille en vous adressant les mots fatidiques : "Je crois que vous devriez voir ça". Lorsque vous entrez dans le centre de commande du Space Flight Operation Facility de la NASA, les écrans géants affichent des paysages martiens illuminés par un beau soleil. Dans la salle, une trentaine d'ingénieurs qualifiés vous regardent arriver avec impatience, admiration et anxiété... L'atmosphère est électrique. James Myers explique alors ce qui est affiché à l'écran. "Voici des images du rover Curiosity sur Mars. Nous prenions des relevés géologiques comme d'habitude quand nous avons vu... ceci". L'image sur l'écran montre une ouverture parfaitement triangulaire, d'une trentaine de mètres de large, creusé à même la roche du Mont Sharp ...

06/2021

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Poches Littérature internation

Les normaux

Après de brillantes études à Harvard, Billy Schine, vingt-huit ans, domicilié à New York, préfère multiplier les missions d'intérim plutôt que de courir le risque de se tromper de voie en cherchant un vrai emploi, un plan de carrière qui finirait immanquablement par le limiter dans sa définition de lui-même. Tout irait à peu près pour le mieux s'il n'était poursuivi par Ragnar & Sons, une entreprise de recouvrement qui le presse de rembourser son prêt étudiant dans les plus brefs délais, et dont les menaces se font de jour en jour plus angoissantes. Aussi, quand il apprend que la société pharmaceutique Hargrove Anderson Medical recherche des volontaires sains pour se prêter à une étude sur un antipsychotique atypique, Billy y voit l'occasion rêvée d'échapper pour un temps aux contingences quotidiennes et à la fureur de ses créanciers. Il s'engage donc à passer deux semaines complètes au CRAH, Centre de Recherches Animales et Humaines, en compagnie d'une équipe de jeunes cobayes aussi "normaux" que lui : Do, son voisin de chambrée psychotique et obsédé par l'Evangile selon Saint Luc, Rodney, alcoolique notoire habitué des centres d'expérimentation, Lanningan, acteur de seconde zone avide de sensations fortes ou encore Gretchen, nymphomane par intermittence accro à la chaîne Météo. Au programme : repas équilibrés, comprimés à avaler et prises de sang à répétition, sans oublier les longues heures à absorber tout ce qui passe à la télévision et à observer avec inquiétude l'apparition des effets secondaires annoncés... Dialogues millimétrés, humour débridé et sens de la formule sans cesse renouvelé, David Gilbert livre un premier roman faussement nonchalant qui dresse l'inventaire de nos contrariétés quotidiennes et épingle avec une acuité quasi chirurgicale toutes les contradictions de notre modernité. Une expérience de lecture réjouissante qui agit comme un remède efficace contre la médiocrité.

09/2015

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Littérature française

Le métier de vivant

Ce grand roman d'amitié et d'amour se déroule des derniers soubresauts de la Grande Guerre au premier acte de la suivante, en passant par les vingt années de paix introuvable. Durant leur scolarité à Stanislas, deux cousins de la grande bourgeoisie, Max et Léo Brouillart et "Lothaire de", fils de famille aristocratique, constituent un trio soudé que la guerre de 14 va un temps séparer avant que la paix ne les réunisse. Pied-bot désinvolte et érotomane pratiquant, Lothaire échappe à la conscription tandis que Léo, pilote breveté et homme de devoir, accomplit le sien. Max, doublement protégé par la fortune de sa famille et l'adoration de sa mère, demeure longtemps embusqué à la Maison de la Presse où il officie aux côtés de Cocteau et de Giraudoux, avant de partir combattre en 1917 sur le front d'Orient. Léo perd une jambe au combat, Max un oeil, et les deux y gagnent une médaille. Démobilisé, Max accompagne avec son habituelle nonchalance la révolution surréaliste, en se faisant galeriste et marchand d'art. Il n'affrontera à nouveau la violence que lors de la nuit d'émeutes du 6 février 34, lorsque les ligues d'extrême-droite tentent de renverser la République. Ce trio des "copains d'abord" est bousculé par une histoire d'amour passionnelle et énigmatique qui attache Max, par intermittence mais pendant plus de vingt ans, jusqu'au dénouement à Londres durant le Blitz, à Dionée Bennett. Epouse d'un marchand de canons américain, cette jeune aventurière, devenue grand reporter, couvre tous les confits des années 20-30, de la guerre gréco-turque à celle du Maroc, d'Espagne et de Chine. Elle est son parfait sosie : sont-ils frère et soeur, incestueux à leur insu ? Et pourquoi semble-t-elle ne pas s'étonner de leur inexplicable et confondante ressemblance ?

09/2015

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Poésie

Le fauteuil jaune. Edition bilingue français-anglais

Ce volume vient compléter, avec un choix de poèmes plus récents - dont une grande part sont inédits en anglais -, le premier recueil de poèmes de Stephen Romer paru sous le titre Tribut aux éditions Le temps qu'il fait, en 2007. Il donne au lecteur français une nouvelle occasion de découvrir l'un des poètes anglais les plus "versatiles" et européens de sa génération, dont l'oeuvre se fonde sur un dialogue tour à tour émouvant ou ironique, avec les "phares" que sont pour lui Baudelaire, Nerval, Laforgue ou Valéry. La langue, la culture française a toujours été, il l'affirme dans son avant-propos, la source de son "parlando érotique" , l'aidant à faire face aux "intermittences du coeur" dans des poèmes où l'émotion est scrutée par l'intellect. Mais Stephen Romer n'a pas oublié non plus ses maîtres anglais. Et l'on peut penser à "La chanson d'amour de J. Alfred Prufrock" de T. S. Eliot pour cette forme d'humour subtil, très britannique, qu'il retourne le plus souvent contre lui-même et la figure du poète aux prises avec ses chimères, mais dont il sait aussi se servir pour lancer quelques flèches aux désordres de l'époque, dans des poèmes narquois qui sont autant d'actes de résistance à la langue de bois actuelle. Comme l'écrit l'essayiste Adam Philipps : "Romer est l'un de nos meilleurs poètes contemporains parce qu'à partir de cet héritage complexe, il a su se forger un idiome personnel parfaitement distinct".

08/2021

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 6

L'entreprise des Cahiers a presque dix an quand s'ouvre en juin 1903 le grand registre "Jupiter". Il est largement consacré à une réflexion psychologique gravitant autour de thématiques précises : l'attention, l' imagination, la mémoire, la perception , la volonté. Avec toujour un point de vue critique, Valéry s'intéresse aux travaux de son temps, notamment ceux de Ribot, à la psychophysiologie, aux essais de psychologie "scientifique". Nul dogmatisme dans ces notes discontinues, parfois inachevées, appuyées sur une pratique méthodique de l'observation intérieure. La permanence intermittente de l'exercice est, comme dans les cahiers précédents, un fil conducteur, ainsi que la recherche d'un langage capable d'exprimer l'homme intelligible. Apparaissent maintenant des représentations de type "phénoménologique" affectant toutes les notions. Valéry s'attache particulièrement à l'attention volontaire. Après le "type réflexe", il définit le modèle de l'accommodation visuelle qui demeurera également dans les acquis. Quand, fin 1903, l'attention est le sujet mis au concours par l'Académie des Sciences morales pour l'attribution du prix Saintour de 1905, Valéry saisit l'occasion. Le cahier "Jupiter" s'écrit alors en constant dialogue, mis en évidence par des renvois précis, avec le chantier du "Mémoire sur l'attention", finalement resté inachevé. Jusqu'à présent inédit, ce texte est publié en annexe. Sa confrontation avec le cahier contemporain est très éclairante, particulièrement d'un point de vue génétique. Ce volume contient un cahier hors texte et l'index analytique des tomes IV, V et VI de cette édition intégrale.

01/1997

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Livres 3 ans et +

La clé des contes

On pourrait prendre la clé des contes comme l'on prend la clé des champs. Ce livre est une invitation au voyage. Car, si les contes ont les contours des paysages familiers, ils restent une terre inconnue. Parce qu'ils ont été transmis de génération en génération, portés par la parole vive, ils conservent en eux la trace de gestes et de mots ordonnés dans une trame où tout fait sens, invisible et pourtant présente, où chatoient d'obscures merveilles depuis longtemps perdues pour nous. Les contes disent à mots couverts quels secrets se cachent entre les feuilles du basilic, dans l'eau de. la claire fontaine et la courbure de l'arc-en-ciel. Bernadette Bricout nous invite à les redécouvrir. Que l'on opte pour une lecture buissonnière ou pour une exploration guidée, l'inventaire des lieux et des objets rencontrés en chemin ne laisse pas de surprendre : chevillettes et bobinettes. aiguilles., épingles, brins de persil, buissons d'orties. souliers perdus, gâteaux chantants, lavoirs pleurants. échelles de cheveux, chariots d'étoiles... Dans cette toile de mémoire se tissent les secrets de la vie, les intermittences du cœur. les chemins d'une initiation qui permettront peut-être de se trouver soi-même. S'y donne à lire en filigrane la longue histoire de l'univers. Ecoutons donc cette musique, venue du fond des âges, comme celle de ces coquillages où parfois l'on entend la mer. On trouvera en fin de livre de belles versions, orales ou littéraires, des contes évoqués, du Petit Chaperon rouge à Cendrillon, du Petit Poucet à Persinette.

10/2005

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Littérature française

Semelles de vent suivi de Adieu Néri

Semelles de vent conte la fugue d'un garçon de dix sept ans qui, en 1943, quitte le lycée, sa famille, et les contraintes de l'Occupation pour rejoindre Londres et la France Libre à travers l'Espagne. Jeté dans une des pires prisons de la péninsule, il découvre les inconvénients de l'aventure et, libéré par la Croix-Rouge, se voit embarqué non pour l'Angleterre, mais pour l'Afrique du Nord en pleine querelle Giraud-De Gaulle. Le livre est le récit sans fard, sarcastique et émouvant, des illusions perdues d'un adolescent de ce temps, et de sa navigation pittoresque, dangereuse et cocasse à bord d'un pétrolier de l'armada alliée en Italie et dans les Balkans jusqu'à son rapatriement sanitaire à la fin de la guerre. Trente ans plus tard, Adieu Néri naît de la correspondance intermittente du même auteur avec un ami Italien qu'il a connu au sanatorium international des étudiants à Leysin, en Suisse après la guerre. Le chemin parcouru est ici l'occasion de s'interroger. L'isolement, la misère, la folie, qui ont eu raison de Néri n'ont pu détruire la flamme qui l'animait. L'homme, qui gardait toutes les exigences du poète devant la vie, et qui en est mort, s'en est allé sans amertume. Le choc ressenti est tel que le narrateur en vient à retrouver l'élan d'autrefois pour l'évoquer et ranimer l'écho de leurs entretiens et de leur double parcours. Comme si la vie, qui est création, mais surtout courage, restait éternellement possible, en dépit de l'âge et des années si vite écoulées.

06/2002

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Histoire internationale

Oneg Shabbat. Journal du ghetto de Varsovie

Avec la publication d'une partie des archives d'Oneg Shabbath chez Fayard, il y a dix ans, la traduction de ce Journal complète l'édifice des voix d'outre-tombe venues du judaïsme de Varsovie. Quelques semaines après l'invasion allemande, pressentant avec beaucoup d'autres que des temps lourds de dangers encore imprécis s'ouvrent devant eux, Ringelblum met sur pied une équipe de collecte d'informations qui se réunit chaque samedi. D'où le nom du groupe, Oneg Shabbath (Onegh Shabbès en yiddish), "la joie du shabbat". La finalité de cette collecte va changer avec le temps : de preuves pour l'après-guerre, elle devient, quand se confirme l'extermination dans la première moitié de l'année 1942, une accumulation de preuves pour les générations à venir. Preuve du désastre sans précédent qui prétend éradiquer un  peuple décrété "en trop" sur la terre. Parallèlement Ringelblum tient son Journal, en yiddish, de façon intermittente, en langage parfois haché, voire sibyllin. Au fur et à mesure que passent les mois, la description de la misère effroyable et volontairement organisée par les Allemands prend le dessus. Comme s'impose aussi la description de la trahison d'une partie des classes dominantes juives, la bassesse de beaucoup, voire la trahison d'une poignée. Mais il met aussi en lumière la solidarité d'un grand nombre et la vivacité de la résistance culturelle à ce martyre. Reste que ce texte est un réquisitoire implacable, par des notations sèches, jamais emportées par une indignation de posture ou outrancière, de l'égoïsme de classe qui structure les sociétés juives. Comme les autres.

11/2017

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Littérature française

Poils de cairote

De novembre 2000 à juin 2003, j'ai vécu au Caire. Cinq fois par semaine, chaque petit matin et sans jamais faillir pendant plus de cinq cents jours, j'ai donné des nouvelles à quatre-vingt-dix-huit amis. Je me levais tôt. J'écrivais à la main. Je tapais sur mon écran. J'envoyais. Sans me retourner, sans me lire ni me relire. Le reste du jour, je me tenais sur le qui-vive, guettant la chose vue, vécue ou entendue, qui serait le "poil de cairote" du lendemain. Je ne savais rien de l'Égypte et je m'y trouvais soudain pour travailler. Je me doutais simplement que c'était un ailleurs fort. De moi, je savais que j'étais une machine occidentale assez finement réglée et que j'enchaînais sur quatre années passées à San Francisco. On ne pouvait guère rêver changement plus radical, ni surtout changement plus radicalement inscrit dans l'Histoire en train de se faire. Mon attention ne s'est pas portée sur les grands mouvements historiques, pas davantage sur le passé de l'Égypte, encore moins sur les mystères fumeux qui enrobent la recherche archéologique lorsqu'elle prétend racoler le grand public. Tout cela m'a intéressé, mais ce n'est pas ce dont le voulais entretenir mes amis. Je souhaitais, plus banalement, leur donner un regard quotidien sur Le Caire, dire ce que je voyais avec mes yeux malhabiles et partisans d'occidental, et le faire avec une régularité de métronome qui garantissait une certaine présence des intermittences du cœur, des sautes d'humeur, des semaines creuses et des jours pleins.

01/2004

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Critique Poésie

Ce qui est unique chez Baudelaire

"Baudelaire s'est trouvé vivre au carrefour de la Grande Ville, qui était le carrefour de Paris, qui était le carrefour de l'Europe, qui était le carrefour du XIXe siècle, qui était le carrefour d'aujourd'hui. Ce n'est qu'à travers lui que nous en prenons conscience. On se demande pourquoi. C'est à cause du formidable écart entre son intelligence et ce qui l'entourait. Une intelligence d'un nouveau genre, fondée sur les nerfs. Mis à nu, les nerfs étaient le nouveau sensorium, le dernier fond - labile - sur lequel s'appuyer. En même temps que le regard. Le regard de Baudelaire n'a pas subi les outrages du temps. Il n'a pas été terni, rien ne l'obscurcit. Pour ceux qui le suivent, comme une lueur intermittente, se révèlent des barrières de corail, des tunnels sans fin, des réseaux de ruelles. Ils constituent le paysage de ses années, qui continue de s'étendre jusqu'à aujourd'hui - et au-delà". Roberto Calasso Cet essai résulte des décennies de fréquentation de l'oeuvre de Baudelaire par le grand lettré qu'est Roberto Calasso. Au travers d'une lecture intime du texte, mais aussi de la connaissance des multiples récits, correspondances de l'auteur, Roberto Calasso a atteint une expertise peu égalée de l'oeuvre de Baudelaire. Pour célébrer le bicentenaire de la naissance du poète, à l'invitation du musée d'Orsay et des Belles Lettres, il s'est replongé dans ses lectures, pour en extraire des leçons sur ce qui fait la radicale irréductibilité de l'oeuvre de Baudelaire, de sa sensibilité et de sa conception du monde.

10/2021

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Pléiades

Oeuvres romanesques

Ce volume contient l'ensemble de l'oeuvre romanesque de Marguerite Yourcenar, plus une chronologie. Dans un avant-propos, l'auteur explique la composition de l'ouvrage : "On trouvera dans ce volume ceux de mes ouvrages qui rentrent plus ou moins dans la catégorie du roman, de la nouvelle ou du conte, catégorie devenue si vaste de nos jours qu'elle échappe de plus en plus aux définitions. C'est ce qui a permis de placer ici Feux, considéré comme une série de récits entremêlés de pensées, encore que l'appellation de poèmes en prose eût également convenu. L'ordre dans lequel les textes sont ici présentés n'est qu'à demi chronologique. Dans le présent volume, on a choisi de placer en tête trois ouvrages d'avant 1939, représentatifs, avec des nuances variées, des deux premières manières de l'écrivain, d'une part Alexis et Le Coup de grâce, très proche de la sobriété du récit classique, et de l'autre Denier du rêve, marqué par un intense expressionnisme, que le remaniement subi par ce dernier roman vers 1957 n'a pas diminué. Viennent ensuite les ouvres dont la composition m'aura occupée, de façon d'ailleurs intermittente, durant une bonne partie de ma vie, Mémoires d'Hadrien, L'Oeuvre au noir et les trois nouvelles de Comme l'eau qui coule. Les deux recueils, Feux - bien que ses récits, tous des années 1935-1937, soient d'une inspiration très proche de celle de Denier de rêve - et Nouvelles orientales, fait d'une série de contes de dates très diverses, ont été placés à la fin du livre".

11/1982

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Littérature française (poches)

Géographies de la mémoire

On peut se raconter en prenant appui sur les grandes étapes d'une vie, l'enfance, l'adolescence, les années de formation, la maturité, l'âge qui vient. Le parti pris par Philippe Le Guillou dans Géographies de la mémoire est différent : on retrouve certes ces phases capitales d'une existence dont le cheminement affectif et intellectuel se place sous le signe des mots et des livres, mais c'est un parcours à travers les territoires et les lieux d'une vie qui sous-tend ce récit autobiographique. Plutôt que de centrer le regard sur lui, l'auteur l'ouvre aux espaces aimés et inspirateurs : la Bretagne, les bords de Loire, l'Irlande, Rome, Paris. Géographies de la mémoire modifie la perspective autobiographique : il s'agit de se dire à travers les paysages et les villes, dans la pudeur et les intermittences de la mémoire, il s'agit aussi de faire revivre quelques présences essentielles, figures familiales, anonymes capitaux, écrivains admirés, témoins des sutures décisives d'une existence. Passent ainsi les veilleurs ancestraux des confins du Finistère, quelques intercesseurs lus puis rencontrés - Mohrt, Gracq, Déon, Fernandez, Grainville - , des religieux et des artistes ; défilent surtout les paysages qui, depuis L'inventaire du vitrail, ne cessent d'inspirer l'écrivain : la rivière du Faou, les grèves de l'Aulne, quelques sanctuaires élus, les berges de la Loire, les quais de la Seine et du Tibre, les tourbières d'Irlande et les proues basaltiques, Paris et son royaume intérieur. Géographies de la mémoire est un livre de souvenirs et de confessions, mais dans lequel la première place revient aux lieux et à ceux qui les habitent.

11/2017

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Contes et nouvelles

Une vie d'éclairs

Une vie d'éclairs : le titre ne ment pas. Un éclair, c'est à la fois de l'électricité et de la lumière. C'est une énergie intermittente, qui illumine violemment un lieu et un moment, puis s'interrompt, et reparaît plus loin, pour un nouvel accès de clarté. Le narrateur unique de ce livre est un curieux personnage. Un voyageur mystérieux qui ne semble connu de personne, qui cache sa vie, qui donne de faux noms, qui n'a aucune mission à accomplir, qui repart à peine arrivé, qui mène vingt vies différentes en une seule année, et qui cherche sans se lasser quelque chose qui se dérobe au regard. Quelque chose mais quoi ? L'amour ? La vérité ? La paix ? Le bonheur ? Tout cela, sans doute, et autre chose encore... Une vie d'éclairs est un livre de récits au galop qui traversent les cahots de la vie, à la recherche de l'équilibre et d'un bonheur toujours fuyants. Il offre au passage des tableaux saisissants, des rencontres de pur enchantement, mais aussi des drames, des chagrins, des morts. L'impression générale qui en ressort est contrastée. Parfois amère, parfois douloureuse ; mais le sentiment qui prédomine est celui d'une constante liberté. Ces vingt-quatre nouvelles qui se succèdent à un rythme rapide constituent un ensemble organisé. Chaque récit rebondit sur le suivant, pour créer un effet d'urgence. Peu à peu, l'unité de l'ensemble se dessine : un univers traversé par une onde de vitesse et de péril diffus, avec çà et là des moments de grâce, comme des haltes entre deux voyages, comme des pauses entre deux combats.

02/2022

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Révolution française

Jean-François Marmontel 1723-1799. Le feu follet des Lumières

Célèbre en son temps, Jean-François Marmontel fut un témoin priviligié de son siècle. Né en 1723, il décède la dernière heure du dernier jour du XVIIIe siècle. Tour à tour séminariste, précepteur, dramaturge, journaliste et romancier, s'essayant à tous les genres d'écriture, il passe auprès de ses collègues de l'Académie française pour un bon spécialiste de la littérature. Encyclopédiste le jour, libertin le soir, polémiste à Paris, diariste en province, joyeux drille dans les salons et déférant à la cour, il cultive à l'envi cet art de l'apparence et de l'esquive. "Touche à tout" en littérature, nomade dans ses résidences, donjuanesque dans ses conquêtes, il ne tient pas en place et ne se fixe nulle part jusqu'à son mariage à cinquante-quatre ans. Ce "feu follet" brille par intermittence, éclairant d'un mot, d'une remarque ou d'une pépite le ronronnement d'une conversation. Ses "Mémoires" constituent la pièce maîtresse de son Åuvre, une pièce à charge et à décharge sur les hommes, les idées et les mÅurs de son temps. Si en bon dramaturge, il se donne le beau rôle, il joue également les utilités auprès des célébrités qu'il met en scène. Chacun d'entre nous est un témoin de son temps, mais rares sont ceux qui en explorent tous les recoins, rares sont ceux que le hasard ou la nécessité met en situation d'observateur privilégié de ses contemporains. Avec lui, on côtoie des célébrités littéraires tels Voltaire, d'Alembert, Diderot, des politiques influents tels Choiseul, Turgot ou Necker... de grandes dames enfin comme madame de Tencin, madame Geoffrin et madame de Pompadour. Cette première biographie de Marmontel parcoure un siècle brillant que concluent les événements sanglants de la Révolution. Avec elle, nous entrons par la coulisse dans une époque moins manichéenne qu'il n'y paraît. De concert avec Marmontel, nous taquinons la muse, les muses plutôt, car, dans ce récit enlevé, la Littérature copine allégrement avec celle de l'Histoire.

09/2021

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Actualité et médias

Retour sur les guerres et leurs confinements

Ce livre est né de la comparaison de la pandémie avec une "guerre". Loin d'être une comparaison point par point, il se propose de faire entendre deux voix : deux individus face à l'Histoire — et qui la font aussi, dans et à partir de leur minuscule histoire et celle de ceux qui les entourent. La réalisation que l'Histoire, loin d'être la prérogative d'un récit officiel, est constituée par toutes ces interrogations muettes, ces incompréhensions et ces intermittences de la voix humaine — à peine audible mais inépuisable, comme le suggérait William Faulkner dans son discours de réception du Prix Nobel. Quels points communs ? Quelles différences ? Certains d'entre nous ont connu les deux époques, et opèrent des ponts entre le maintenant et l'avant, l'ici et l'ailleurs. Comme dans les années quarante, les masques cristallisent l'angoisse, ils deviennent le signe de l'anormalité, de l'invasion possible, de la mort. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la hantise des gaz asphyxiants rendait la peur de l'ennemi tangible et affectait l'existence quotidienne. Pour nous, l'air que nous respirons est aussi devenu dangereux ; respirer risque de devenir un acte mortel et cesser de dispenser la vie. Et nous devons porter des masques. La vie est en guerre contre elle-même. La peur omniprésente, les rues qui se vident, le silence qui envahit la ville, les files d'attente dans les magasins. Et les séparations. L'impossibilité de rejoindre ceux que l'on aime. Les proches, parents ou amis. Les cartes avec l'avancée de l'ennemi, les compteurs journaliers avec le nombre de nouvelles infections, et les nouveaux décès. Une inexorable progression qui crée peur et panique, et impuissance. Du déjà connu et vu.

12/2020

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Pascal

Pascal

Pascal a été profondément lié à la vie savante et spirituelle de son siècle et particulièrement à Port-Royal. Cet ouvrage nous entraine à sa suite, dans ses aventures intellectuelles et les intermittences de son coeur. Un nouveau visage de l'immense savant, philosophe et mystique français. On sait Pascal contempteur de la misère de l'homme : il a par-là conquis l'éternité. Mais sait-on à quel point il fut engagé dans son siècle ? L'aventure de l'esprit et du coeur que fut la vie de Pascal est liée aux rencontres qu'il a faites et aux lieux qu'il a fréquentés. Intervenant dans les polémiques scientifiques et spirituels de son siècle, Pascal a conscience d'écrire pour un temps particulièrement troublé. L'art de persuader sera son arme, l'espérance sa motivation. En suivant l'écrivain pas à pas, de sa naissance à Clermont à sa mort à Paris, on perçoit les lignes de force d'une vie prématurément écourtée, mais passionnée d'un bout à l'autre de ses trente-neuf années par la recherche de la vérité : dans la science mathématique et physique comme dans la science du coeur, qu'il sait capable de misère comme de grandeur. C'est un autre visage de Pascal qui pourra nous apparaître : un penseur de la joie et de la grandeur de l'âme humaine ; un honnête homme soucieux de vulgarisation ; un plein vivant, se rendant peu à peu compte que la vie véritable n'est pas celle du monde. Apparait avec lui un moment troublé mais bouillonnant du XVIIe siècle : avant l'absolutisme de Louis XIV, mais en pleine découverte du sujet moderne. Plus qu'un auteur, c'est un homme qu'on découvre.

01/2023

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Littérature française

Le festival n'aura pas lieu

Lucien Fabas est envoyé en reportage en 1952 sur le tournage de Mogambo, au Kenya, où il côtoie John Ford, Clark Gable, Ava Gardner et Grace Kelly. Il y rencontre la soeur d'Ava Gardner, Bappie, avec laquelle s'ébauche une liaison qui durera toute leur vie... On retrouve Fabas à partir de 1954, secrétaire général du Festival de Cannes. Il tente d'amadouer les terribles chroniqueuses hollywoodiennes qui boycottent le Festival, puis assiste à Madrid à une rixe entre les toreros vedettes Ordonez et Dominguin pour les beaux yeux d'Ava Gardner. Nouvel épisode romanesque : l'édition 1968 du Festival, troublée et finalement annulée en raison de la révolte des jeunes cinéastes menés par Truffaut et Godard. Passent Louis Malle, Lelouch, Polanski, Welles, Fritz Lang, la Begum... Fabas tente de sauver l'entreprise, en vain, et finit par aller se reposer dans sa propriété en Suisse, où de Gaulle, cousin de Madame Fabas, vient se ressourcer avant de regagner Paris et d'affronter la crise de 1968. La relation intermittente et compliquée avec Bappie se poursuit, tandis que Fabas chasse avec constance les films et les stars dont il doit alimenter le festival ressuscité. En 1972 vient le temps des honneurs, puis celui du retrait. Le roman s'achève à Londres, où vit Bappie, sur l'amorce d'un nouveau départ dans la vie. Un roman à la fois mythologique et mélancolique sur le Festival de Cannes, par l'homme qui en fut le Délégué Général durant 24 ans et le Président durant 12 ans. Gilles Jacob a savamment tissé des morceaux de bravoure purement romanesques et des épisodes inspirés par la vie de son prédécesseur Robert Fabre Le Bret, auquel il prête certains de ses propres sentiments nostalgiques.

04/2015

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Cinéma

Passages à vide. Ellipses, éclipses, exils du cinéma

Que le cinéma reste irréductiblement affaire de plans et non d'images, malgré la pente générale du tout-à-l'image contemporain, semble une cause entendue même des plus rétifs à la logique toujours paradoxale de cet art, bien à part, du présent. Mais que cette affaire se noue également entre les plans, dans leurs interstices et leurs intermittences, autant que dans l'expérience faussement rassurante de leur enregistrement, et comme à contre-image, pour y souffler des puissances insoupçonnées d'absence ou simplement y faire scintiller un peu de temps à l'état pur, voilà qui méritait sans doute, au-delà des seules questions de montage, d'aller y voir de plus près, jusque dans les détails de prime abord les plus insignifiants des films. Ces derniers ne sont jamais indifférents, surtout quand, par-delà les genres et les époques, ils ont comme auteurs des voyageurs de l'intervalle aussi attentifs aux choses que, mettons, Murnau ou Vigo, Ford ou Walsh, Hitchcock, Lang ou Tourneur, pour revenir aux Anciens, Antonioni ou Godard, Wenders ou Douglas, Snow ou Mekas, pour s'en tenir aux Modernes, et qu'on les parcourt à l'aide de boussoles aussi diverses et sensibles que les pensées de Benjamin, Agee ou Daney. Et peut-être s'apercevra-t-on alors que s'il n'y a littéralement rien à voir dans chacun des moments, pris séparément, d'ellipse du récit, d'éclipse de la représentation et d'exil du sujet où paraît vaciller le sens des films, tous ces passages à vide dessinent ensemble, en filigrane des ouvres, l'articulation première qui fait inlassablement tourner la roue des plans. Ils sont, à leur manière, l'Orient du cinéma.

03/2002

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Histoire internationale

L'Afrique, enjeu de l'histoire. Afrocentrisme, Eurocentrisme, Sémitocentrisme

L'Afrique, enjeu de l'histoire: Afrocentrisme, Eurocentrisme, Sémitocentrisme et les deux ouvrages précédents Tarana ou l'Amérique précolombienne: un continent africain et Bakari II 1312, Christophe Colomb 1492 à la rencontre de l'Amérique appartiennent à une même trilogie. Ils prennent en compte les acquis exposés dans La révolution ramakushi ou l'archéologie linguistique et culturelle de la préhistoire spirituelle et intellectuelle de l'humanité sur la planétarisation récurrente de la terre opérée par la navigation transocéanique et la mondialisation à partir des XIIIe-XVe siècles, d'une histoire partagée de l'humanité. Il s'agit de travaux qui portent, en particulier, sur le passé des civilisations et des navigations nilo-transatlantiques. Celles-ci ont commencé à prendre forme dès la préhistoire, sous l'action des navigateurs et migrants natifs africains, qui ont emprunté les corridors balisés par les vents et courants du Nord et du Sud équatorial, menant des côtes africaines aux terres de l'Outre-Atlantique et du Pacifique américain. Ces civilisations maritimes se révèlent aujourd'hui, des deux côtés de l'océan, à travers des réseaux portuaires, des zones de débarquement, des aires de peuplement, des métropoles spirituelles et politiques, des espaces de pouvoir royal et impérial parfaitement identifiés, grâce à une archéologie linguistique et culturelle, systématiquement mise à jour pour la première fois. C'est grâce à ces données et à la problématique qu'elles justifient que s'organisent ici la lecture critique et le débat continué sur l'appropriation de l'Histoire que réouvrent un certain nombre de publications dont: Black Athena: The Afroasiatic Roots of Classical Civilization de Martin Bemal ; Black Athena Revisited, édité par Rogers Mac Lean et Mary Lefkowits et publié en 1996, par Chapel Hill, à Londres ; Afrocentrism: Mythical Pasts and Imagined Homes de Stephen Howe, publié à Londres en 1990; Afrocentrismes: L'histoire des Africains entre Egypte et Amérique édité par J. P. Chrétien, E-X Fauvelle-Aymar et H Perrot. Cette controverse qui peut paraître obsolète est un phénomène dormant, qui se réveille par intermittence. Les données inédites qui sont avancées dans ce livre et la trilogie à laquelle il appartient, visent à élargir les perspectives.

05/2010

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Poches Littérature internation

L'abbaye de Northanger

Alors que vers la fin du XVIIe siècle le roman noir semait ses naïves terreurs dans les foyers anglais, Jane Austen, née en 1775 et qui écrit depuis l'âge de douze ans, ne s'intéresse ni à l'histoire ni à la politique ni aux fantômes. Elle n'a de goût que pour la vie - la vie telle qu'un œil acéré peut en surprendre les manèges dans un salon, voire une salle de bal où les jeunes gens dansent, tandis que leurs parents évaluent rentes et dots. Comme on le voit dans ce roman - le troisième, écrit entre sa vingtième et sa vingt-troisième année, après Le Cour et la Raison et Orgueil et préjugé - où une jeune provinciale de bonne famille est envoyée à Bath prendre les eaux, pour faire son apprentissage du monde et des intermittences du cœur. Dans ce chef-d'œuvre, qu'elle a remanié en 1815, Jane Austen, sans doute l'un des esprits les plus implacablement satiriques de toute la littérature, traite sa protagoniste non comme une créature de chair et d'os, à l'instar de tous les romanciers, mais bel et bien comme une héroïne de roman égarée au milieu de conjonctures qui, par rapport aux habitudes du genre, la rabaissent aux yeux du lecteur. Et c'est avec une allégresse féroce que Jane Austen nous la montre se comportant, à la moindre occasion, en référence à son livre de chevet, Les Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe, publiés en 1794, juste avant qu'elle ne commence elle-même L'Abbaye de Northanger. Ainsi parodiait-elle le roman gothique et ses candides lecteurs, promis aux mêmes déboires que Don Quichotte intoxiqué par les ouvrages à la gloire de la chevalerie. Et ainsi, du même coup, annonçait-elle et énonçait-elle l'idée qui serait plus tard au cour de la modernité, et selon laquelle la vie finit toujours par imiter l'art.

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Poches Littérature internation

Catherine Morland

" Alors que vers la fin du XVIIIe siècle le roman noir semait ses naïves terreurs dans les foyers anglais, Jane Austen, née en 1775 et qui écrit depuis l'âge de douze ans, ne s'intéresse ni à l'histoire, ni à la politique, ni aux fantômes. Elle n'a de goût que pour la vie - la vie telle qu'un œil acéré peut en surprendre les manèges dans un salon, voire une salle de bal où les jeunes gens dansent tandis que leurs parents évaluent rentes et dots. Comme on le voit dans ce roman - le troisième, écrit entre sa vingtième et sa vingt-troisième année, après Raisons et sentiments et Orgueil et préjugés - où une jeune provinciale de bonne famille est envoyée à Bath, prendre les eaux, pour faire son apprentissage du monde et des intermittences du cœur. Dans ce chef-d'œuvre, qu'elle a remanié en 1815, deux ans avant sa mort, Jane Austen, sans doute l'un des esprits les plus implacablement satiriques de toute la littérature, traite sa protagoniste non comme une créature de chair et d'os, à l'instar de tous les romanciers, mais bel et bien comme une héroïne de roman égarée au milieu de conjonctures qui, par rapport aux habitudes du genre, la rabaissent, à chaque instant, aux yeux du lecteur. Et c'est avec une allégresse féroce que Jane Austen nous la montre se comportant, à la moindre occasion, en référence à son livre de chevet, Les mystères d'Udolphe, de Mrs Radcliffe, publié en 1794, juste avant qu'elle-même ne commence cette Catherine Morland (Northanger Abbey). Ainsi parodiait-elle le roman gothique et ses candides lecteurs, promis aux mêmes déboires que Don Quichotte intoxiqué par les ouvrages à la gloire de la chevalerie. Et ainsi du même coup, annonçait-elle et énonçait-elle l'idée qui serait plus tard au cœur de la modernité, et selon laquelle la vie finit toujours par imiter l'art ". Hector Bianciotti.

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Beaux arts

Les arts de l'Asie centrale

A l'origine de ce livre, une conquête parmi tant d'autres : Alexandre le Grand occupait il y a 2300 ans la Bactriane, province occidentale de l'Asie centrale. Deux siècles plus tard, un envoyé chinois faisait le chemin inverse, vers l'Occident. La réalité humaine de ces régions, carrefour des routes de la Soie, fit éclore un commerce d'une richesse inouïe : ressources minérales (or, lapis-lazuli, turquoise), animales (chevaux ou moutons), vivrières, mais aussi la soie, le coton ou le thé... Marchands porteurs de denrées mais, aussi et surtout, d'idées et de spiritualités. Ce livre part à la redécouverte d'un monde aux dimensions d'un continent, de l'Iran à la Chine, entre les déserts et les steppes au nord et la barrière des Himalayas, au sud. Fébrilement et brièvement exploré au tournant du siècle, avant 1914, ce domaine était depuis lors ouvert par intermittences. L'éclatement de l'Union soviétique a fait sauter les verrous de sa partie la plus secrète : ce livre recrée l'unité d'un ensemble toujours divisé, mais désormais mieux connu. Ces civilisations charnières entre Orient et Occident sont en effet partagées entre des pays aux frontières souvent artificielles : anciennes républiques soviétiques, Afghanistan, Tibet, Mongolie ou Xinjiang chinois. Les cultures se sont succédé ou côtoyées dans ce creuset au rythme de trois grandes étapes. Antiquité où, sur fond d'affrontements et de symbiose, émergent des empires méconnus : parthe, kushan, sassanide, turco-sogdien. L'essor du bouddhisme, qui partira vers la Chine, la Corée, le Japon, marque une période de transition. Proclamé religion officielle du Tibet en 779, sous sa forme lamaïque, il est aussi adopté par la Mongolie. Enfin, la conquête arabe conduisit l'islam au cœur de l'Asie, et diffusa en retour techniques et motifs et couleurs vers Bagdad et Le Caire : ce fut l'apogée de l'Asie centrale, symbolisé par les noms magiques de Samarcande et Boukhara.

11/1999