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Sociologie du travail

Ma fibre syndicale. France Télécom: aux origines de la crise

Si, en 1987, les syndicats triomphent du projet de privatisation, grâce à une grève forte et unitaire, il en ira autrement lorsque le management aura imposé les règles du jeu qui instaurent la mise en concurrence des agents, l'embauche de contractuels, puis des restructurations incessantes qui déstabilisent les collectifs. Les syndicats ne pourront contrarier la transformation de l'entreprise en société anonyme en 1997, la mise en vente de parts de l'Etat avant que n'explose la bulle Internet, qui fera perdre à France Télécom plus de 90 % de leur valorisation boursière. Entre-temps, l'auteur souligne l'éclatement syndical amplifié par la mutation du salariat. Benoît Martin n'hésite pas à reconnaître que les syndicats ont perdu la bataille du service public et de la propriété publique. Le néolibéralisme et sa violence managériale se sont imposés dans les têtes et dans les corps. Il confie son expérience, les analyses qu'il en tire sur le rôle de la grève, sur les effets d'un certain sectarisme syndical contre les autres vus comme des concurrents, sur la descente aux enfers de France Télécom quant aux réductions d'emplois et aux conditions de travail. Il revisite ses propres déclarations et écrits, ses moments de solitude, les quelques victoires malgré tout arrachées grâce à une éphémère unité intersyndicale. Il se confronte à la question de la souffrance, " longtemps taboue à la CGT ", mais qui infuse si fortement dans l'entreprise, à travers les mobilités imposées, la pression hiérarchique, il se confronte à celle des suicides qui révèlent un management brutal dénoncé par de multiples alertes internes syndicales. Benoît Martin confie aussi ses sentiments de militant, d'homme engagé, d'homme de conviction dans le cadre d'une période bien particulière, au sein d'une entreprise qui jouera le rôle de laboratoire d'un management modernisateur, visant à déverser au sein d'une entreprise publique une rationalité économique libérale qui se révélera particulièrement prédatrice. Le titre que Benoît Martin a choisi, Ma fibre syndicale, reflète bien ce qu'est cet essai original : une réflexion analytique solide, argumentée et honnête d'un responsable syndical qui ne cherche pas à cacher ce que ressent l'homme de conviction derrière le militant.

02/2023

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Economie

Rapport sur le développement en Afrique 2010. Les ports, la logistique et le commerce en Afrique

Ce Rapport sur le développement en Afrique 2010 paraît à un moment où les pays de cette région déploient des efforts pour surmonter les problèmes liés à la logistique commerciale, en particulier au niveau des ports, qui constituent des points d'accès pour 80 pour cent des échanges mondiaux de marchandises. On constate un accroissement de la part de l'Afrique dans le commerce avec les marchés émergents tels que l'Asie, avec les marchés traditionnels d'Europe et d'Amérique du Nord, ainsi qu'entre les pays africains. Néanmoins, ces échanges restent fortement entravés par la faiblesse de la chaîne logistique, qui inclut les ports et les liaisons avec l'arrière-pays ou hinterland (réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux). Le présent rapport montre que, dans bien des cas, les ports africains pourraient dégager de substantiels gains de productivité s'ils amélioraient l'infrastructure des ports existants. II faut aussi créer un cadre de réglementation plus favorable en introduisant des partenariats public-privé qui apporteront le financement nécessaire pour relever la capacité et faire évoluer l'infrastructure portuaire. De surcroît, les carences de l'infrastructure " immatérielle " des ports, à savoir des institutions et de la réglementation, renchérissent le commerce et nuisent à l'efficience. Le rapport propose plusieurs mesures préventives : il s'agit notamment de soutenir les processus de privatisation qui correspondent aux objectifs du secteur public, de resserrer la coordination entre les différentes institutions concernées (autorités portuaires, douanes, ministères des Transports, organisations syndicales, etc.) et d'encourager les facteurs propices à l'efficience, tels que les stratégies et les dispositifs favorisant la concurrence, une meilleure coordination des divers intervenants dans les ports, la simplification des documents et le traitement par un guichet unique. Au bout de la chaîne logistique, l'infrastructure de l'arrière-pays, qui relie les ports aux marchés, tient une place critique dans les coûts globaux des échanges commerciaux. Dans tous les pays d'Afrique, mais surtout en Afrique subsaharienne, l'efficience portuaire pâtit d'une faible connectivité avec l'hinterland, en raison du mauvais état des routes, des chemins de fer et des autres modes de transport, ce qui nuit à la qualité du service. Le présent rapport a atteint son objectif : remédier au manque d'informations sur les ports et la logistique y afférente, ainsi que, grâce à ses constats, permettre aux instances décisionnaires de définir des stratégies et des politiques éclairées, dans le secteur public comme dans le secteur privé.

01/2011

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Droit

L'ordre public matrimonial

La privatisation du droit de la famille, et en particulier de la relation matrimoniale, est devenue une réalité et, depuis peu, le mouvement s'accélère à un rythme qui n'était pas prévisible. Est-ce à dire que l'ordre public est évincé de la relation matrimoniale ? La thèse répond franchement par la négative. La démonstration ne s'appuie pas sur le concept, quelque peu énigmatique, mais choisit une approche fonctionnelle de l'ordre public. Cette mise en perspective autorise le constat de la présence au sein de la relation matrimoniale d'un ordre public renouvelé. Éviction de la contrainte étatique et valorisation de la personne constituent la grille d'analyse de ce renouvellement. La protection de chacun des membres du couple marié se révèle être désormais la fonction privilégiée de l'ordre public matrimonial érigé en gardien de l'égalité conjugale, impératif interne et international. L'étude du droit comparé contribue à le démontrer. Le mariage, même s'il est concurrencé par d'autres modes de vie à deux, même si la contractualisation y est accueillie, reste le cadre de protection des droits de la personne mariée. C'est, qu'outre l'union des personnes, il crée une union patrimoniale dont chacun des époux peut se prévaloir. L'engagement matrimonial, témoin de la résistance à l'indifférenciation avec d'autres formes de couples, assure la cohésion du groupe. La liberté individuelle, l'entrée des volontés privées dans le droit des personnes, la percée des droits fondamentaux, sont autant d'indicateurs de l'inadaptation des sanctions radicales de l'ordre public classique. Le respect des valeurs défendues par l'ordre public renouvelé dans le mariage passe par l'affirmation d'un ordre public judiciaire. Chargé de réguler les relations entre époux, le juge dispose d'un large éventail de modes d'action qui privilégie le préventif et sacrifie le directif. Cette défense du mariage, qui doit garder la préférence du législateur parce qu'il est un lieu d'épanouissement de l'individu, n'occulte pas les tentatives, venues de toutes parts, de désacralisation qui le menacent. A l'heure de la déjudiciarisation du changement de régime matrimonial, d'un avenir qui annonce la possibilité d'un divorce sans juge, et, peut-être, un mariage entre personnes du même sexe, seule une pensée originale, qui ne s'embarrasse pas des idées reçues, pouvait valoriser ce " pilier " de notre organisation sociale

04/2008

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Sociologie

Revue du MAUSS N° 61 : En commun ! Eloge des institutions partagées

Chacun connaît cette scène originaire qui ouvre la secondeA partie du célèbre Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques RousseauA : "A Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de direA : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblablesA : Gardez-vous d'écouter cet imposteurA ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. A " Dénonçant le "A Ceci est à moiA " du premier planteur de pieux, Rousseau dessinait, en creux, la société telle qu'elle devrait êtreA : "A Ceci est à nous. A " Il nous rappelait ainsi, à travers cette fable, combien l'histoire humaine est contingente et ouverte à d'autres possibles. Parmi ces possibles s'affirme aujourd'hui un nouveau paradigme au sein duquel cherchent à se penser une démocratisation de la société et un dépassement des désordres et des hiérarchies imposés par le capitalismeA : le paradigme des "A communsA ". Les communs désignent une forme immémoriale de conception de la propriété, largement répandue, notamment jusqu'à la fin du Moyen Age, lorsque, dans les campagnes, l'organisation coutumière des usages de la nature -A pâturages, étangs, forêtsA - primait sur la notion de propriété. L'histoire rejoignant la fable, ces modes d'accès aux ressources déclinèrent à mesure que s'imposèrent les fameuses "A enclosuresA " décrites par Marx, ces "A décrets d'expropriation du peupleA " au moyen desquels "A les propriétaires fonciers se font eux-mêmes cadeau des biens communauxA ". Face à l'hégémonie du régime propriétariste, radicalisée par les nouvelles enclosures promues par les politiques de privatisation et de marchandisation néo-libérales, l'originalité du paradigme du commun est de dépasser les dichotomies classiques opposant propriété privée et propriété publique, régulation marchande ou étatique, ainsi que les formes de domination qui résultent de l'appropriation des ressources naturelles et des moyens de production. Comme le montrent de multiples expériences contemporaines, et notamment les travaux du prix Nobel d'économie, Elinor Orstrom, partout dans le monde, des communautés sont capables d'organiser durablement des "A règles d'usageA " afin de garantir à la fois la survie des habitants et la préservation d'un réservoir de ressources pour les générations suivantes. C'est ce paradigme alternatif et ces expériences foisonnantes que ce numéro propose d'interroger, tant pour en souligner la richesse que les conflits qu'ils suscitent. En effet, très polysémiques, le ou les "A communsA " constituent l'un de ces concepts essentiellement contestés dont le milieu militant s'est saisi comme d'une bannière pour des initiatives diverses et, parfois, divergentes, et dont les chercheurs tentent de délimiter les contours dans les domaines économique, juridique, politique, anthropologique et philosophique. Qu'il s'agisse des communs numériques, environnementaux, urbains mais aussi des communs politiques ou de la redéfinition de la notion même d'entreprise, l'espace de débat et de controverses qu'ouvre ce numéro se veut résolument pluraliste, comme les formes, plurielles, de propriété qu'appelle une démocratie radicale.

05/2023