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Houellebecq

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Economie

Et si on aimait la France

" Ainsi vous écrivez un livre sur la France ? - Oui. Ah... et sous quel angle ? Le déclin ? L'avenir ? L'universalité ? Le messianisme ? La cuisine ? Les filles ? " C'est vrai, il faut un angle... Alors, disons que je me pose moi aussi des questions de dettes et de créances. Une manière de dresser un bilan, actif passif, mais surtout de redonner au mot dette tout son sens, celui de faute, de culpabilité. Un livre pour dire : non, Français, vous n'êtes pas coupables, vous ne devez rien ; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n'est pas vous ; le racisme, ce n'est pas vous, contrairement à ce qu'on veut vous faire croire. Vous n'êtes pas coupables. Retrouvez ce sourire qui fit l'envie des voyageurs pendant des siècles, au " pays où Dieu est heureux " . B. M. Bernard Maris, écrivain, économiste, chroniqueur sur France Inter et pour Charlie Hebdo. On lui doit de nombreux ouvrages parmi lesquels L'antimanuel d'économie (2 volumes, Bréal, 2003, 2006), L'homme dans la guerre (Grasset, 2013) et Houellebecq économiste (Flammarion, 2014). Bernard Maris a été assassiné le 7 janvier 2015 lors de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo.

01/2016

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Critique

Regards sur le monde. Conflits éthiques et pensées romanesques dans la littérature française contemporaine

Quelle fonction l'éthique occupe-t-elle dans la littérature contemporaine ? C'est la question initiale de cet ouvrage, qui repose sur deux principes structurants : le conflit et la pensée. Il s'intéresse à la fois au roman et aux fragments ou autres formes gnomiques, idéales pour l'expression littéraire d'une pensée éthique. L'accès au monde imaginaire qu'est la littérature acquiert une pertinence plus grande à partir des interrogations éthiques qui transforment la matière et la manière romanesques. L'éthique romanesque relève alors moins du jugement que de l'évaluation et de l'exploration. Que ce soit par le roman qui pense ou les topoï romanesques dans la fiction (Milan Kundera), une esthétique de l'inusité ou une philosophie du constat (Michel Houellebecq), les variations romanesques et l'hybridité générique (Camille Laurens), on arrive à mieux saisir l'interaction entre la pensée du roman et la prose du moraliste. L'étude des formes gnomiques joue aussi rôle primordial : les grandes questions sur la place du soi dans le monde reçoivent un traitement sérieux, ironique ou dérisoire (Eric Chevillard), et le travail sur la forme fragmentaire permet de développer une éthique de la lecture (Pascal Quignard). Malgré les différences esthétiques notables de leur oeuvre, les cinq auteurs réunis ont en commun d'exposer la complexité des discours de l'éthique et leur pertinence dans la littérature.

04/2023

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Famille

Encore un enfant ? Une diatribe et un essai

Des enfants, Siffreine et Fabrice Hadjadj en ont eu neuf, avec une inconscience telle qu'elle parait friser le surnaturel. Aussi les accuse-t-on d'activer le "suicide de la planète" et de "ne pas penser aux générations futures", car y penser, bien entendu, c'est éviter de les faire naître. Jusqu'ici l'auteur répondait en aggravant son cas : "Dès le premier enfant, nous étions complètement dépassés... C'est pourquoi nous nous sommes dit que nous pouvions en avoir d'autres..." L'éditeur l'a enjoint d'étoffer son argumentation. Voilà pourquoi il s'explique, dans les deux sens du terme querelle et éclaircissement. Dans une première partie, il a une explication avec ses détracteurs, et s'abaisse jusqu'à considérer la démographie, son empreinte carbone familiale, la "pilule d'or" selon Soeur Sourire et le "suicide occidental" selon Michel Houellebecq... Dans une seconde partie, non plus diatribe, mais essai, il ose expliquer que le problème renvoie à une question beaucoup plus radicale : "Pourquoi donner la vie à un mortel ? " C'est un peu comme si, après la course, il se tirait une balle dans le pied. Comment en aurait-il été autrement ? Ses éclaircissements ne pouvaient que le reconduire au mystère de la vie, dans sa gratuité dramatique, oscillant entre l'aberration et la grâce.

03/2022

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Histoire régionale

L'ardèche en train. Histoire des lignes et récits de voyageurs connus ou méconnus

Dans ce livre, aussi insolite dans sa forme que savoureux dans son contenu, l'auteur Jean-Marc Gardés, nous propose un voyage en train... L'Ardèche a connu une aventure ferroviaire d'une grande richesse. Cet ouvrage s'emploie à retracer celle-ci, à redessiner la carte de son expansion et à donner une idée plus précise de son âge d'or. Il s'attache aussi à éclairer les diverses logiques qui ont présidé au développement de ce réseau ferré très particulier, en n'omettant pas de faire état, au moyen de documents d'archives, des débats intenses entourant plusieurs projets dont certains n'ont d'ailleurs jamais abouti. Vous découvrirez successivement : la vallée de l'Eyrieux et du Doux, le sud de l'Ardèche, les Cévennes, la vallée du Rhône, le haut Vivarais et le Pilat... Ainsi que de précieux témoignages sur ce que représentaient alors les voyages en train. Cette page d'histoire ne manque pas de faire se croiser, pour le plaisir de l'anecdote, quelques personnages célèbres d'hier : Louis Jouvet, l'arrière-grand-père de Carla Bruni Sarkozi, Albin Mazon, avec quelques personnalités d'aujourd'hui : Jean-Louis Trintignant, Michel Houellebecq, Léonardo Di Caprio... Nul doute que l'histoire du train en Ardèche mérite de garder une belle place dans nos mémoires.

05/2021

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Littérature étrangère

Par la fenêtre. Dix-huit chroniques (et une nouvelle)

Ce sont les romans qui disent le plus de vérité sur la vie : ce qu'elle est, comment nous la vivons, quel sens elle pourrait avoir, comment nous la goûtons et l'apprécions, comment elle tourne mal et comment nous la perdons. Les romans parlent à et émanent de, tout ce que nous sommes, esprit, coeur, oeil, sexe, peau ; conscient et subconscient... Ils rendent des personnages qui n'ont jamais existé aussi réels que nos amis et des écrivains morts aussi vivants qu'un présentateur de télévision... La meilleure fiction fournit rarement des réponses ; mais elle formule exceptionnellement bien les questions... Et c'est à travers dix-huit chroniques, plus une nouvelle, que Julian Barnes nous entraîne à la rencontre de romanciers lui ayant fait connaître "ce lien profondément intime qui s'établit quand la voix d'un écrivain entre dans la tête d'un lecteur". On connaît son amour pour la France et on ne s'étonnera donc pas que près de la moitié d'entre eux soient français ou francophiles comme lui, par exemple Kipling ou Ford Madox Ford. Voici Mérimée, Chamfort, Félix Fénéon, évidemment Flaubert, plus Michel Houellebecq, au fil des pages où l'érudition laisse souvent la place à énormément d'humour, à quoi n'échappent pas non plus Orwell, Updike ou Hemingway. Au final, un éblouissant et décapant florilège.

01/2015

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Critique littéraire

L'INDUSTRIE DES LETTRES. ETUDE SUR L'EDITION LITTERAIRE CONTEMPORAINE

L'édition française a beaucoup changé depuis le début des années Apostrophes. Dans les années 1970, "la galaxie Gutenberg", encore largement artisanale et familiale, est engagée dans une politique de qualité. Mais la distribution s'industrialise et l'influence des médias de masse s'accroît ; elle doit alors se tourner vers le grand public au moment où de puissants groupes industriels et financiers investissent dans le livre. Les séries d'avant-garde, les publications de prestige sont abandonnées au profit de fast books chroniqués partout avec ferveur. La littérature française elle-même, insensiblement, se fait plus informelle ; les auteurs pour beaucoup livrent des productions relevant du "degré zéro de l'écriture", présentées comme des oeuvres dignes du prix Nobel. Comment cette transformation s'est-elle passée ? Quels en sont les acteurs ? Quelles ont été les tactiques et stratégies des vieux labels de Saint-Germain-des-Prés pour s'imposer en librairie ? Dans cette chronique détaillée de la vie quotidienne du livre sous Bernard Pivot, de la disparition de Gaston Gallimard à la marketisation du produit Houellebecq, Olivier Bessard-Banquy raconte, à partir de sources inédites, trente ans d'édition qui sont aussi trente ans d'histoire littéraire immédiate. Délivrée de ses secrets, l'édition apparaît ici toujours aussi fascinante, d'autant plus qu'elle se trouve au carrefour du papier et de l'électronique.

09/2012

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Actualité médiatique France

Insoumission française

"Une civilisation meurt juste par lassitude, par dégoût d'elle-même", écrit Michel Houellebecq. Alors que l'effondrement civilisationnel nous guette, Sonia Mabrouk passe au scalpel idéologique les acteurs qui menacent notre équilibre sociétal et propose un nouveau Sacré autour duquel se retrouver : la France. Autrefois minoritaires, six groupes mettent en péril la société telle que nous la connaissons et l'avons construite, en étendant de manière tentaculaire leur influence à la fois politique, théorique ou théologique : les décoloniaux, les anti-sécuritaires pavloviens, les féministes primaires, les écologistes radicaux, les fous du genrisme et les islamo-compatibles Au-delà de leurs simples revendications qui occupent aujourd'hui de plus en plus l'espace public, Sonia Mabrouk s'inquiète de la façon dont la rapide jonction de ces groupes et la convergence de leurs intérêts amenuisent le débat démocratique et accélèrent à vitesse grand V la machine à fabriquer des tensions identitaires. Car l'Etat, autrefois fort et intransigeant, recule devant cette conscience victimaire et révolutionnaire grandissante au détriment de l'intelligence collective et du bon sens. Face à ce "renoncement civilisationnel", Sonia Mabrouk sonne la fin de l'insoumission et en appelle au peuple français : il temps de s'opposer à ces "déconstructeurs" en renouant avec l'Histoire et le goût de la fierté et en exaltant la part de sacré qui existe en chacun : l'âme de la France.

04/2021

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Littérature comparée

La carte et le territoire colonial. 15 études sur la poétique de l'espace (post)colonial

La conquête coloniale s'est accompagnée de l'établissement de cartes qui permettent de délimiter le territoire occupé. La cartographie du territoire colonial se fait par le tracé des frontières et diverses opérations de bornages et de cadastrage. "L'empire des cartes" (Christian Jacob) est d'autant plus coercitif qu'il s'agit de cartes de l'Empire, cartes de pouvoir qui symbolisent la puissance européenne. Même sans insérer de carte réelle, les textes littéraires produisent une cartographie de l'espace qui implique un ancrage territorial, la représentation d'une surface, réelle ou imaginaire, mais qui engage aussi un système métaphorique comme le suggère la notion de "mapping" en anglais. La métaphore cartographique s'est emparée de l'espace littéraire tant dans son versant fictionnel (Michel Houellebecq) que dans sa dimension théorique et critique. La réflexion relève d'une histoire spatiale du fait colonial dans la perspective de la "spatial history" anglo-saxonne et de la géographie sociale promue par Henri Lefebvre, mais telle qu'elle est perçue et représentée par la littérature. L'objet du volume est de privilégier une pensée géographique de la littérature, d'examiner comment la littérature articule une poétique et une politique à l'espace tel qu'il a été cartographié et produit par la colonisation et génère le plus souvent une réponse - topographique - du sujet écrivant. Il s'agit de montrer en quoi des textes littéraires coloniaux et postcoloniaux peuvent "faire carte" selon un cadastre mental élaboré par l'imaginaire.

03/2021

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Sciences historiques

La haine des clercs. L'anti-intellectualisme en France

La France, dit-on, serait la patrie des intellectuels. Ce lieu commun occulte la virulence des haines que s'attirent les clercs au "pays qui aime les idées". Faut-il considérer que les accès d'anti-intellectualisme que l'histoire a retenus ? l'affaire Dreyfus, le "procès de l'intelligence", la "querelle des mauvais maîtres" - ne seraient que des accidents de parcours propres à dramatiser le récit national ? Cet ouvrage montre au contraire que l'anti-intellectualisme manifeste, en France, une ardeur continue depuis le XIXe siècle. De Proudhon à Michel Houellebecq, des anarchistes aux catholiques intransigeants, des nationalistes maurrassiens aux maoïstes ou aux situationnistes, il entrelace des traditions à première vue contradictoires, dont les clivages manichéens - entre la gauche et la droite, l'art et la critique, la mondanité et la science, l'élitisme et le populisme - ne permettent pas d'appréhender la convergence au sein d'une culture partagée. Aux "rhéteurs", aux "gendelettres", au "prolétariat des bacheliers", aux "fonctionnaires de la pensée", aux "intellectuels fatigués", à "l'intelligentsia", on reproche de servir le pouvoir ou de subvertir le peuple, de s'engager ou de se taire, de parler pour les autres ou de disserter entre eux... Mais derrière le procès des intellectuels, le plus souvent instruit dans leurs rangs, c'est moins une "guerre à l'intelligence" qui est menée que des batailles de frontières autour de leur place en démocratie.

03/2019

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Critique littéraire

Les Mal Nommés. Duras, Leiris, Calet, Bove, Perec, Gary et quelques autres

On connaît moins : Poquelin, Arouet, Beyle, Labrunie, Dudevant, Kostrowitsky, Léger, Destouches, Grindel, Bobovnikoff, de Crayencour, Poirier, Donnadieu, Kacew, Joyaux, Thomas, etc. On se souvient mieux de : Molière, Voltaire, Stendhal, Nerval, Sand, Apollinaire, Saint-John Perse, Céline, Eluard, Bove, Yourcenar, Gracq, Duras, Gary, Sollers, Houellebecq, etc. Pour accompagner la rentrée littéraire Claude Burgelin ne boude pas son plaisir en nous livrant plusieurs hypothèses surprenantes : il décrypte la relation entre le nom propre de l’écrivain et l’oeuvre qu’il a engendrée. Il fait le constat suivant : certains auteurs se sentent « mal nommés ». Une façon classique de ruser avec ce malaise est de gommer ou d’embellir son nom par la grâce ou le coup de force d’un pseudonyme. Parfois en profitant de ce pied de nez à l’état civil pour tenter un lifting ou un changement de prénom. Parfois en jonglant avec les pseudonymes et les identités narratives façon Gary-Sinibaldi-Ajar, etc. Le pseudonyme crée des jeux de dédoublement infiniment interprétables : le faux nom introduit entre soi et ce double, entre fiction de soi et vérité de soi, mille postures possibles de masquage ou de démasquage. L’invention d’un pseudonyme devient ainsi l’instant premier de la création littéraire, quand l’auteur de fiction commence par transformer son nom en une fiction. Premier acte d’une création de soi-même comme auteur (et de la liquidation du nom de l’auteur de ses jours ?). Et façon de se donner un atout pour réussir son entrée sur la scène littéraire ?

10/2012

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Littérature française

A la piscine avec Norbert

A l'approche de la soixantaine, une femme doit faire des efforts pour atténuer les rides et bien choisir ses petites culottes, surtout quand elle n'a pas la silhouette d'Ursula Andress. Des efforts, l'héroïne de ce roman en fait encore, le soir, pour rompre sa solitude sur les sites de rencontre, livrée aux faux-semblants du virtuel. Avec Norbert (rencontré sur Meetic), elle baise, elle va à la piscine, elle parle de tout, de sexe, du salaire des patrons du CAC 40, des migrants, de #Me too, de sa future (toute petite) retraite. Elle lui parle de poésie, il répond T'as pas d'autres sujets en réserve ? Il cite la sélection de l'équipe de France, elle préfère Kafka, il la voudrait en robe, elle préfère les pantalons. A part ça, ils s'entendent bien. A la piscine avec Norbert est un texte cru, drôle et enjoué, une réponse féminine et féministe aux Houellebecq de tous bords. Née en 1960, Véronique Pittolo est poétesse et performeuse. Lauréate du prix de poésie de la SGDL en 2004, elle a notamment publié Gary Cooper ne lisait pas de livres (Al Dante, 2004), Hélène mode d'emploi (Al Dante, 2008), La Révolution dans la poche (Al Dante, 2009). Elle anime des ateliers d'écriture dans l'Education nationale, en école d'art, en maison d'arrêt, à l'hôpital. On sait pourquoi les renards sont roux (Le Temps des cerises, 2012) est le fruit d'un atelier réalisé avec des patients hospitalisés à l'Institut Gustave-Roussy.

01/2021

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Essais

Les psychonautes

Qu'est-ce que l'inconscient ? A cette question, de nombreuses disciplines, de la psychanalyse aux neurosciences, ont tenté de proposer une réponse - toujours frustrante. Peut-être cet échec repose-t-il sur le fait que l'inconscient a trop longtemps été considéré comme une chose à observer de loin, plutôt que comme un paysage à arpenter, à parcourir, à explorer. S'entourant d'une pléiade d'artistes, de cinéastes et d'écrivains, de Christopher Nolan à Mikhaïl Boulgakov, de Anish Kapoor à Stanley Kubrick, de Michel Houellebecq à Liv Strömquist, balayant tout le spectre de la pensée contemporaine, Sinziana Ravini propose donc une invitation au voyage - une traversée de l'inconscient en compagnie de ceux qui ont choisi de ne pas chercher à le circonscrire, mais à en creuser les méandres et à en approfondir les chemins. En la suivant, on découvrira un monde nouveau, où les dimensions les plus narcissiques, les plus individuelles, de l'inconscient se confondent avec les plus générales, les plus collectives - un monde où la vie intime des individus se fait l'écho de celle de la réalité elle-même. Dans un va-et-vient méditatif, les frontières trop bien définies des savoirs de l'inconscient finissent par perdre leur pertinence, au profit d'une approche nouvelle et sensible, qui cherche moins à définir les règles de compréhension de notre vie psychique qu'à poser les questions susceptibles de nous aider à poursuivre le voyage - à devenir enfin, comme les artistes eux-mêmes, les psychonautes de notre présent.

02/2022

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Littérature française

Espace fumeur

Peut-on s'arrêter de fumer sans oublier le fumeur qu'on a été ? Dans ce livre à mi-chemin entre l'essai et le récit, Nathan Devers raconte sa vie à la lumière de la relation qu'il a entretenue, pendant plus de dix ans, avec le tabac. Il revient sur des expériences qu'ont sans doute partagées la plupart des fumeurs : la première cigarette, l'apparition de la dépendance, ses effets bénéfiques et néfastes, l'incapacité de faire quoi que ce soit sans "en allumer une" , les vaines tentatives de sevrage - et puis l'invention d'une méthode, résolument personnelle, pour en finir avec cette addiction. Parallèlement à cette confession, Nathan Devers développe une réflexion sur l'histoire de la cigarette et son imaginaire. Qu'est-ce qui distingue le fumeur mondain du fumeur invétéré ? Comment expliquer que les écrivains, si loquaces lorsqu'il s'agit de parler des drogues ou de l'alcool, aient accordé si peu de place à la cigarette ? Existe-t-il pour autant un espace fumeur de la littérature ? C'est un tel espace que l'auteur s'emploie à construire, en faisant dialoguer quelques fumeurs mythiques, de Michel Houellebecq à Pierre Louÿs en passant par Italo Svevo, Roland Barthes et un certain Maurice de Fleury... A l'heure où la cigarette fait l'objet d'une quasi-prohibition, ce livre n'est ni une apologie du tabac ni un traité hygiéniste, mais un hommage, teinté d'humour et de mélancolie, adressé à cette espèce en voie de disparition qu'incarnent les fumeurs.

05/2021

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Critique littéraire

Sienkiewicz dans le temps et dans l'espace

Le succès universel de Quo vadis ? a quelque peu figé l'image de son auteur, Henryk Sienkiewicz (1846-1916) et occulté la richesse et la diversité de son oeuvre. Les auteurs de Sienkiewicz, voyageur dans le temps et dans l'espace, armés des outils de la critique contemporaine, en nuancent et approfondissent la portée ; ils n'oublient pas l'aventure de l'homme Sienkiewicz qui, tout en étant de son temps et de son milieu, sut s'affranchir des contraintes. Avec beaucoup de liberté, ce nouvel homo viator infatigable, sillonna en effet Amérique, Europe, Afrique... Attentif au comportement de l'individu et à l'organisation de la société dans des pays "lointains", il observe, imagine, médite, raconte. Ses voyages d'un continent ou d'une époque à l'autre témoignent, dans la description des faits comme dans les emportements romanesques, d'une authentique empathie pour tout ce qui est humain. On découvre aussi que l'ironie, si présente dans les textes de Sienkiewicz, est plutôt une défense devant l'irrésistible et angoissant mouvement de l'Histoire. Le lecteur rencontrera ainsi le témoin d'une époque où le désenchantement du monde commence à se déployer et il pourra suivre les confrontations de Sienkiewicz avec ses contemporains, Zola notamment ; il sera également surpris par le parallèle esquissé entre l'écrivain polonais et le romancier Houellebecq... Voyages multiples dans le temps, l'espace, les civilisations. Le volume est accompagné de larges extraits des Lettres de voyage en Amérique traduits en français.

12/2018

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Littérature française

Mes amis

Premier roman d'Emmanuel Bove, alors encouragé par Colette et lauréat du Prix Figuière, "Mes amis" rend parfaitement le style de l'auteur. Une écriture "blanche" dénuée de volonté romanesque, au sens où l'on ne peut trouver le moindre cheminement narratif ou tout autre fil conducteur du même ordre, préfigure déjà certains auteurs du Nouveau Roman et même Michel Houellebecq. "Mes amis" est une série de portraits encadrée par deux descriptions narrant la morne vie de Victor Bâton, un simple quidam passant ses journées à ne rien faire. Il aimerait cependant trouver un grand ami, mais toutes ses tentatives en ce sens échouent lamentablement. Chaque "ami" approché est un personnage que l'on retrouvera dans les futures fictions de Bove, ainsi par exemple la femme trop vieille sans amour ou ce monsieur Lacaze, véritable voyeur social qui se nourrit du désespoir de ses contemporains. Mais au sein de cet univers caractérisé par le mal de vivre, l'inaptitude au bonheur et une angoisse diffuse, c'est le regard appliqué que Victor Bâton porte sur les choses, cet acuité du détail cruel ou cocasse d'une condition sans envergure qui font l'inconfortable lucidité du roman. Le monde est perçu dans sa petitesse, mais sans colère, sans révolte, plutôt avec une sorte d'humour détaché, comme si à travers les phrases courtes et les constructions verbales simples, celui-ci ne méritait déjà plus qu'on s'élève contre lui. A la lecture de "Mes amis", on comprend mieux l'impossibilité d'avoir des amis et de trouver une grandeur romanesque à la vie.

10/2023

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Critique

Cartographie et littérature

La nécessité de nous orienter dans l'espace pour y projeter nos déplacements a donné aux cartes une importance cruciale pour notre existence. Cette impulsion cartographique est ici interrogée par le biais d'aller et retours entre géographie, cartographie et littérature. "Où suis-je ? Où vais-je ? Comment y vais-je ? " La nécessité de nous orienter dans l'espace pour y projeter nos déplacements physiques ou virtuels a donné aux cartes une importance cruciale pour notre existence et notre survie. A mi-chemin entre le dessin d'art et l'objet technique, la carte est un artefact intellectuel dont l'efficacité tient à sa capacité à modéliser l'espace et à le rendre intelligible. Cartographier, c'est produire à la fois un espace et une connaissance sur cet espace par le biais de représentations spatiales, visuelles et graphiques. Or la modélisation n'est pas l'apanage des seuls géographes, elle est aussi au coeur de la littérature qui est toujours libre de configurer des espaces, de créer des mondes et de générer ainsi de la connaissance. Qu'elle confronte le savoir occidental de l'espace à celui d'autres cultures (Chatwin, Aira) ou qu'elle réfléchisse l'acte cartographique lui-même (Humboldt, Zischler, Houellebecq, Moretti, Borges, Carroll), le savoir qu'elle produit excède la représentation sensible et affective du lieu parce qu'il est aussi réflexif et critique. Laurence Dahan-Gaida est professeure de littérature comparée à l'université de Franche-Comté. Elle est rédactrice en chef de la revue en ligne "Epistémocritique" et directrice de la collection du même nom.

03/2024

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Pléiades

Romans et nouvelles

A rebours offre à Huysmans une place à part dans le paysage littéraire. En 1884, ce fut une déflagration. Barbey réutilisa la formule par laquelle il avait salué Les Fleurs du Mal : après un tel livre, l'auteur n'a plus qu'à choisir "entre la bouche d'un pistolet et les pieds de la croix" . Mais cette formule ne rend pas compte de l'extraordinaire nouveauté du roman. Avec le personnage de Des Esseintes, Huysmans saisit l'essence de la fin-de-siècle : l'heure est à la névrose. S'il est bien le roman d'une génération, salué par Mallarmé, et inspirateur notamment du Portrait de Dorian Gray, A rebours opère une percée vers le XXe siècle. Cet arbre ne devrait pourtant pas cacher la forêt romanesque de Huysmans. Roman naturaliste, Marthe, histoire d'une fille (1876) - qui fut interdit en France - lui permet de se lier avec Zola, à qui est dédié Les Soeurs Vatard en 1879. Sac au dos (1877 et 1880) est une courte et burlesque épopée de la guerre de 1870. En ménage (1881) décrit l'itinéraire d'André Jayant, romancier raté, célibataire en proie à des "crises juponnières" : l'un des meilleurs romans de Huysmans, selon le héros de Soumission de Michel Houellebecq, qui s'y connaît. Puis vient le Folantin d'A vau-l'eau (1882). Il est Huysmans, l'homme moderne, M. Tout-Iemonde, personne. Il a renoncé à tout, sauf à se nourrir ; c'est "l'Ulysse des gargotes" , disait Maupassant. A vau-l'eau est un très grand petit livre. Mais Huysmans suffoque dans le "cul de sac" naturaliste.

10/2019

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Littérature française

Journal d'un iconoclaste Tome 1 : Le syndrome de l'étalon sauvage. (2000-2005)

"J'ai rencontré Pierre Lance il y a environ 50 ans et je suis devenu très vite son secrétaire et son ami pour tout le reste de ma vie. Je ne vous dirai rien de l'homme, car je passerai pour flatteur. Mais je peux vous parler de son oeuvre, aussi originale que monumentale, que je connais jusqu'à la moindre ligne. Elle compte à ce jour plus de 20 000 pages publiées en livres ou en articles et quelques milliers de lecteurs fidèles en France et en francophonie. La notoriété de Pierre Lance est bien loin de ce qu'elle devrait être. Son caractère intransigeant et farouchement indépendant y est sans doute pour quelque chose. C'est ce qu'il nomme lui-même le " syndrome de l'étalon sauvage ", qui n'accepte aucune bride sur le cou. Mais cette absolue liberté de pensée est le socle inébranlable de ses écrits et la source même de leur qualité, aussi bien littéraire que sociologique. Précurseur en de multiples domaines, je crois pouvoir dire qu'il fut écologiste avant Hulot, iconoclaste avant Houellebecq et contempteur avant Finkielkraut. Je le tiens surtout pour l'un des plus formidables lanceurs d'alertes du monde moderne, et les lecteurs de ce volume auront tôt fait de s'en rendre compte. Et ils comprendront très vite que si ce grand écrivain français avait été mieux entendu, le monde dans lequel nous vivons serait sans aucun doute plus beau et plus sain. J'espère en tout cas qu'ils rejoindront nombreux la cohorte de ses compagnons d'idées et voudront participer activement avec lui au sauvetage d'une humanité menacée d'autodestruction !" (Jean Vigouroux).

05/2019

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Sciences politiques

Une seule voie : l'insoumission

Dix-huit mois d'écriture. Plus de quatre cents pages. Une somme. Un ouvrage à la fois intime - j'y dévoile mon parcours et les menaces de mort dont je fais l'objet depuis trente ans - et universel puisqu'il met en lumière l'état de notre monde et les périls qui le menacent. Pêle-mêle, parce que tout se rejoint, dans ce récit hors norme je raconte l'Algérie, la guerre civile, Charlie Hebdo, le FN, Al-Qaïda, l'Afghanistan, le Proche-Orient, le monde arabe, la gauche laxiste, Eric Zemmour, Tariq Ramadan, la droite débile, Charb, le blasphème. Mais aussi Alain Finkielkraut, les intellectuels, Georges Bensoussan, la laïcité, le microcosme, Emmanuel Macron, Michel Houellebecq, les diffamateurs, Daech, les Frères musulmans, le racisme, les dictateurs, les autocrates, les hypocrites, mes détracteurs, les extrémistes, l'antisémitisme, les attentats manqués, nos ennemis... Et encore les rumeurs, le conspirationnisme, les alliés, les amis, les déceptions, les lâchetés et bien d'autres choses. Homme de conviction, Mohamed Sifaoui n'a jamais triché ni caché ses idées. Résultat : les positions de ce journaliste spécialisé dans le terrorisme islamiste, de cet enquêteur courageux et débateur informé, lui valent nombre d'adversaires et de menaces. De son parcours en Algérie dans les années noires du GIA à ses combats en France pour la laïcité et contre l'islam radical, de ses batailles contre les "idiots utiles" de l'islamisme (certains intellectuels et politiques) à ses prises de position contre l'extrême droite, les tenants du "grand remplacement" et les autres, il ne cache rien. Voici le livre sans concession d'un véritable insoumis, un texte majeur qui remet les pendules de la démocratie à l'heure de nos valeurs.

08/2017

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Littérature française

La Tour ou un chien à Chinatown

Les Olympiades. C'est là, autour de la dalle de béton de cet ensemble d'immeubles du Chinatown parisien que s'est installée la famille Truong, des boat people qui ont fui le Vietnam après la chute de Saigon. Victor Truong chérit l'imparfait du subjonctif et les poésies de Vic-to-Lou-Go (Victor Hugo). Alice, sa femme, est fan de Justin Bieber mais déteste Mitterrand, ce maudit " communiste " élu président l'année où est née leur fille Anne-Maï, laquelle, après une enfance passée à rêver d'être blonde comme une vraie Française, se retrouve célibataire à 40 ans, au désespoir de ses parents. Cette tour de Babel de bric et de broc, où bruisse le murmure de mille langues, est une cour des miracles aux personnages hauts en couleurs. Voilà Ileana, la pianiste roumaine, désormais nounou exilée ; Virgile, le sans-papier sénégalais, lecteur de Proust et virtuose des fausses histoires, qui squatte le parking et gagne sa vie comme arnaqueur. On y croise aussi Clément, le sarthois obsédé du Grand Remplacement, persuadé d'être la réincarnation du chien de Michel Houellebecq, son idole. Tous ces destins se croisent, dans une fresque picaresque, faite d'amours, de deuils, de séparations et d'exils. La Vie mode d'emploi de Perec est paru en 1978, quand les Olympiades sortaient de terre. Comment Perec raconterait-il le Paris d'aujourd'hui ? Ce premier roman de Doan Bui tente d'y répondre, en se livrant lui aussi à une topographie minutieuse d'un lieu et de ses habitants. L'auteure y décrit la France d'aujourd'hui, de la coupe du Monde 98 aux attentats de 2015 dans un roman choral d'une drôlerie grinçante.

01/2022

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Littérature étrangère

Les outrages

Le Houellebecq danois débarque en France ! Propulsé dans une Europe en crise face à l'islamisation, la montée de l'extrême droite ainsi que la recrudescence de réfugiés, Nielsen imagine une société danoise qui aurait trouvé sa solution : exporter tous ses étrangers sur un terrain racheté au Mozambique. Dans ce contexte intense, une galerie de personnages en crise se déploie. Il y a Stig, issu de la scène rock radicale, devenu un grand galeriste d'art contemporain toujours plus provoc. Son épouse, chercheuse en intelligence artificielle, mutée dans un labo en pleine campagne, les forçant à quitter Copenhague. Leur fille Emma, très fragile, qui a décidé contre leur accord de partir seule au Mozambique pour défendre la cause des immigrés. Et Christian, l'artiste star de Stig, très porté sur la gente féminine et en crise d'inspiration, jusqu'à ce qu'il croise la très jeune Mia, qui va restimuler sa créativité. Alors que Stig, propulsé avec horreur dans une communauté huppée de milliardaires ayant fuit la ville pour renouer avec la nature, trouve un plan diabolique pour que le monde de l'art ne l'oublie pas, sa fille découvre l'amour parmi les opprimés mais aussi les limites de son champ d'action, et Christian se retrouve pris au piège par Mia qui s'avère loin d'être stable mentalement... Dans un monde où le cynisme est roi, chacun va tenter de sauver sa peau, mais à quel prix ? Lecture explosive où humour très noir, plume ciselée, provoc et sexe gouvernent, Les Outrages est avant tout follement intelligent et cruellement lucide. Un roman choc qui ose nous bousculer pour mieux nous montrer les dérives de l'être humain.

01/2019

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Musique, danse

Avis non autorisés...

Parce que son coeur n'est pas en silex, Françoise Hardy met le feu quand elle passe au crible notre société contemporaine. Dans un livre composé de messages personnels, elle évoque sans concession la vieillesse, sa vieillesse, la décrépitude des corps... Elle qui a été l'icône androgyne et longiligne des sixties. Il faut avoir un courage d'écrivain pour se confronter ainsi à son propre corps. Dans une époque qui se refuse à vieillir, elle convoque la belle figure voltairienne d'Emmanuel Berl, avec qui elle s'est souvent entretenue pour raconter sa souffrance, la maladie, le parcours du combattant auprès des médecins et parfois de charlatans en tout genre. Michel Leiris a écrit L'Age d'homme et comparé la littérature à la tauromachie. Ici Françoise Hardy nous livre l'âge d'une femme et encorne tout ce qui la révulse aujourd'hui : les mensonges, religieux ou politiques, les idéologies, le sectarisme et le spectaculaire. Elle y avoue aussi son admiration pour certains hommes publics comme Michel Rocard, Nicolas Hulot, Alain Juppé, Hubert Védrine, ou parle de ses rencontres avec ces hommes qui semblent échapper aux partis politiques, déquille ceux qui l'agacent comme Cécile Duflot ou François Hollande. Mais ce livre est aussi une déclaration d'amour à la littérature, aux écrivains qu'elles aiment comme Stefan Zweig, Scott Fitzgerald, Modiano, drôlerie d'un dîner avec le récent prix Nobel de littérature qui ne parvient pas à déboucher une bouteille de vin ou Michel Houellebecq, admirateur de ses chansons. Bien évidemment sa passion pour l'astrologie et la spiritualité imprègne ce livre où se mêlent souvenirs personnels avec chanteurs, couturiers, idoles des sixties et digressions sur l'économie et la politique. Apparaît ici toute la sensibilité à fleur de peau d'une artiste qui préfère la solitude, la beauté, à la foire aux vanités.

03/2015

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Actualité médiatique internati

La dictature des ressentis

"Notre civilisation reposait sur la raison, l'écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d'abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l'émotion, l'image, la vitesse, l'extrait et la culture du témoignage ("moi je'). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C'est ce que j'ai appelé la "dictature des ressentis' - pour ne pas dire la dictature du ressentiment -, sur laquelle prospère l'idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. A mesure que grandit le subjectivisme, grandit le sectarisme. Un sectarisme qui n'est plus idéologique mais compassionnel et sentimental. Il n'y a plus de vérité universelle et "ma' vérité ne saurait être remise en cause au risque de me "blesser'. Celui qui crie le plus fort, celui qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d'être entendu. C'est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société. Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ? Sommes-nous sur la pente inexorable du déclin, comme le pensent les deux Michel, Onfray et Houellebecq, ou bien à la croisée des chemins ? Depuis plusieurs années, dans mon journal, je décrypte les ressorts de cette Déconstruction qui affecte notre société. Parce que la critique est aisée mais l'art difficile, j'essaie aussi de rendre hommage, à travers une série d'exercices d'admiration, à des figures du passé et du présent qui m'ont marquée, et dans lesquelles je puise pour mieux comprendre ce qui nous arrive. Ce livre est un recueil de ces chroniques publiées dans Le Figaro. "

10/2023

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Critique littéraire

Petite physique du roman. (Des années 1930 à aujourd'hui)

Ce livre cherche à faire entendre une énergétique du roman. Car la forme romanesque doit se lire comme une négociation des forces qui mobilisent l'écriture, dans une transaction incessante où l'écrivain suit le mouvement qui le porte selon un vouloir-dire qui est autant celui de l'auteur que celui du livre. Cette dialectique sans résolution de la force et de la forme interdit de produire une typologie du roman. Elle ouvre plutôt à un plaisir du commentaire que l'on suivra sur une vingtaine de romans écrits en France entre 1930 et aujourd'hui. Ce sont ces tensions irréductibles que je désigne sous le terme de physique du roman. Pour chaque commentaire, c'est donc la tension plus ou moins grande du fil narratif que je voudrais faire éprouver, en restant attentif à ce qui donne à ce fil son tranchant et son allant. Envisager ainsi la création romanesque, c'est rappeler qu'on n'écrit et qu'on ne lit que poussés par une impulsion dont les ressorts demeurent largement obscurs, et que la poursuite du récit a pour mission d'éclairer. Restituer au roman ses dynamiques plurielles, c'est affirmer un principe critique, plutôt qu'une véritable méthode. Le parcours que j'ai voulu dessiner témoigne aussi, contre une certaine doxa, que l'art du roman reste bien vivant et qu'il faut justement le mettre dans une perspective assez longue. C'est une série de solutions romanesques inédites et originales que j'ai voulu rassembler, depuis le trop méconnu Jim Click de Fleuret jusqu'à des tentatives très récentes, en ouvrant le spectre au roman d'aventure ou au roman policier. Organisé de façon chronologique, de Guilloux et Bataille à Houellebecq, Mauvignier ou Kerangal, en passant par Camus, Simon, Duras, Perec, Manchette, Modiano, Quignard et NDiaye, ce livre dessine un continuum qui réintègre le Nouveau Roman dans le mouvement d'une réinvention permanente, où je vois le gage de la vitalité de l'art romanesque.

11/2019

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Philosophie

Je t’aime à la philo. Quand les philosophes parlent d’amour et de sexe

Qu’est-ce que tomber amoureux ? Sommes-nous biologiquement programmés pour l’amour ? Pourquoi l’amour fait-il souffrir ? Qu’est-ce qu’un coup de foudre ? Peut-on promettre l’amour éternel ? D’où vient la morale sexuelle occidentale ? A quoi sert le mariage ? Le mariage d’amour est-il la première cause de divorce ? La libération sexuelle nous a-t-elle réconciliés avec notre corps ? Le mot amour a-t-il le même sens pour l’homme et pour la femme ? Pour répondre à ces questions dont certaines intriguent l’Homme depuis la nuit des temps, et dont la plupart nous agitent quotidiennement, Olivia Gazalé apporte un éclairage original et croise la philosophie, l’histoire, la sociologie, la psychanalyse, la biologie et la littérature. Dans ces pages, elle convoque Platon aussi bien que Nietzsche et Kierkegaard, Lévi-Strauss que Foucault et Bataille, Homère que Cervantès et Molière, Rousseau que Laclos, Stendhal, Chateaubriand, Proust, Moravia ou Kundera, sans oublier Freud et Jung… Et nombre d’auteurs contemporains, de Michel Houellebecq à Sophie Fontanel en passant par Yves Simon ! C’est que cet ouvrage est placé sous le signe de l’éclectisme et de l’ouverture : des exemples concrets tirés de la littérature, toujours beaucoup de questionnements, jamais de dogmatisme. Chaque discipline y apporte un éclairage, mais aucune ne fournit de réponses définitives. Olivia Gazalé nous guide pas à pas dans ce labyrinthe amoureux, confronte les théories et tente elle-même de répondre à chaque question, en empruntant à chaque auteur ce qu’il a apporté de plus décisif sur le sujet, tout en proposant un cheminement personnel. Au fil des chapitres, le lecteur tire un enseignement pratique de cette confrontation avec le point de vue des grands penseurs : il revisite sa propre expérience et parvient à mieux comprendre le sens de ses échecs comme de ses bonheurs amoureux. La meilleure preuve que la philosophie est indispensable !

03/2012

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Philosophie

Penser l'Islam

Depuis son "Traité d'athéologie", nul n'ignore que Michel Onfray n'est pas l'ami des religions - qu'il considère, en homme des Lumières, comme des maladies propices à la haine, au fanatisme, à la négation des corps. Evidemment, l'Islam ne fait pas exception à cette critique radicale - au contraire. Il a donc accepté, dans ce livre, de répondre aux questions d'Asma Kouar, jeune journaliste algérienne - qui ne le ménage pas. Or, Michel Onfray a lu le Coran. Et il l'a lu de très près. De telle sorte qu'il ne craint pas d'y percevoir - comme dans les autres monothéismes - de fréquentes apologies de la violence et de la guerre. Citant de nombreuses sourates, confrontant les interprétations, il place les musulmans devant la réalité d'un texte qui, à côtés de ces élans sublimes, fait également la part belle à la cruauté, à la haine des femmes, à l'esprit de conquête. Puisque le retour du religieux, en occident, a pris désormais le visage de l'Islam, c'est à celui-ci, à son texte sacré, et aux conséquences de ce texte sacré - voire à ce que d'aucuns tiendraient pour de "l'islamophobie" - qu'il consacre ici sa réflexion. Ce dialogue est suivi par un texte intitulé "Puissance et décadence" - et sous-titré : "essai d'éthologie planétaire". Dans ce texte, porté par un souffle puissant qui n'est pas sans évoquer celui des grandes philosophies de l'histoire à la Toynbee ou Spengler, Michel Onfray médite sur l'Europe et son destin. Car, née chrétienne, l'Europe, selon lui, est entrée dans une phase de décadence irrésistible au profit de la seule force vitale et véritablement guerrière : l'islam. Avec une argumentation très semblable à celle de Michel Houellebecq dans Soumission, Michel Onfray analyse froidement le renoncement européen à ses propres valeurs. Et émet l'hypothèse (promise à de nombreuses polémiques) de son agonie au profit de ceux qui, à l'opposé, sont prêts à mourir pour leur foi.

03/2017

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Actualité politique France

Adieu la liberté. Essai sur la société disciplinaire

La crise de la Covid-19 a révélé un nouveau totalitarisme " soft " soucieux du " safe ", comme le démontre cet essai particulièrement incisif. Mathieu Slama y analyse les faits, les mots qui ont fait croître l'acceptation de la servitude chez un peuple pourtant réputé rebelle depuis la Révolution. Comment un peuple réputé rebelle a-t-il pu consentir à ce qu'on lui retire, une à une, ses libertés ? Avec cet essai incisif, Mathieu Slama analyse l'intégralité de la séquence du confinement depuis le 16 mars 2020, les faits et les mots qui ont contribué à faire croître, dans les esprits, l'acceptation de la servitude. Réactualisant la pensée de La Boétie, Slama voit dans la crise de la Covid, le révélateur de l'apparition d'un nouveau totalitarisme " soft " soucieux du " safe ", c'est-à-dire de notre sécurité. En cause, Emmanuel Macron, responsable du dévoiement de l'art de gouverner en une technique de management, cherchant non pas le bien commun, mais le bien-être de chaque citoyen - au prix de toutes ses libertés. Ainsi le politique s'est-il effacé devant le médecin, ouvrant la voie au gouvernement de ce que Walter Benjamin appelait la " vie nue ". Dans une société où les citoyens ont été rendus à leurs seules existences biologiques, contrôlables, quantifiables par le " bio-pouvoir ", théorisé par Michel Foucault. Ainsi l'Etat et sa bureaucratie sont-ils responsables de l'infantilisation d'un peuple, soudain sommé de dire ce qu'il fait, avec qui et à quelle heure dans l'" absurdistan " français. Pour l'auteur, l'éclipse de démocratie qu'aura engendré la Covid-19 n'est pas un commencement mais au contraire l'aboutissement d'un mouvement déjà ancien qui a préparé à l'abdication volontaire en chaque citoyen de la première des libertés : celle de penser et de dire ce qu'il pense. La conception limitatrice de la liberté n'est pas née de la crise sanitaire. Mais elle a été préparée par des renoncements successifs avec un point de bascule en 2002, quand Michel Houellebecq est accusé d'avoir " blasphémé l'Islam ". Encadré par le double puritanisme, du protestantisme américain, ressuscité avec l'idéologie woke, et du puritanisme islamiste, le citoyen est ainsi prêt à accepter, comme l'écrivait en 1977, de façon prophétique, Gilles Deleuze, " ce néofascisme, qui est une entente mondiale pour la sécurité, avec l'organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de micro-fascistes, chargés d'étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma ".

01/2022