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Critique littéraire

Dictionnaire de Don Juan

Que serait la vie sans séduction ? Aussi la figure de Don juan n'a-t-elle cessé d'inspirer écrivains, artistes et musiciens. Depuis El Burlador de Sevilla (L'Abuseur de Séville), publié en 1630 dans une collection de comédies attribuées à Tirso de Molina, quelque trois mille œuvres mettent en scène le séducteur par excellence. Jeune ou vieux, beau ou seulement intéressant de visage, marié ou non, père de nombreux enfants ou désespérément stérile, cynique ou hypocrite, gentilhomme ou moderne PDG, rebelle à l'amour ou sentimental - Don juan peut prendre tous les visages, y compris celui d'une femme. Ce Dictionnaire dresse le catalogue de toutes ces réincarnations. On y trouve bien entendu les Don Juan canoniques de Molière, Mozart, Byron, Pouchkine, Shaw, Kierkegaard, Max Frisch, Strauss ou Montherlant. Mais les auteurs moins connus ne sont pas négligés pour autant. Anna de Noailles s'est intéressée à Don Juan, tout comme Suarès ou Roger Vailland. Des articles de synthèse retracent la carrière de Don juan dans tel ou tel pays, la Bohême ou la Scandinavie, par exemple. Font également l'objet d'articles les compagnons de Don Juan, ses comparses, ses victimes : Anna, Elvire, Ottavio. Le mythe de Don Juan enfin est associé à certains thèmes : l'amour, l'argent, l'inconstance, la trahison, le destin, la mort, la paternité, la vieillesse. Plus de 100 collaborateurs ont ainsi rédigé 300 notices consacrées à des écrivains, des musiciens, des peintres, des personnages, des lieux, des thèmes. Les renvois permettent de suivre toutes les métamorphoses de Don juan. ROBERT KOPP

05/1999

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Littérature française

Tempête dans l'encrier

Dès huit heures du matin, je me précipitai vers la porte cochère de Gabriel Ruisseau. Elle me parut tellement plus petite que la veille. Je me rapprochai de l'entrée de l'artiste. A Saint-Germain des Près, nous étions vraiment à Paris. Attendre dans ce condensé de la culture franc?aise n'était pas vraiment une épreuve. J'admirai les couvertures des livres anciens, les manières noires ou les burins d'artistes contemporains, les courbes féminines de céramiques japonaises ou une divinité tibétaine de bronze terrassant un démon de son foudre. Un peu avant midi, mon manège sur les étroits trottoirs se fit remarquer. Un libraire sortit à ma rencontre. Te?te blanche, lorgnon sur le bout du nez, comme il se doit quand on est libraire dans le sixième, et costume de tweed, sans cravate, nous sommes sur la rive gauche. Serreti, mon libraire et agent du boulevard Saint Germain, venait de fermer après tant de décennies à promouvoir le livre contemporain... nous avions donc de quoi entretenir une conséquente conversation... Nous déplora?mes la désertion des bibliophiles, l'absence du renouvellement d'une génération de collectionneurs, nous nous lamentions sur la fin du marché des beaux livres dans la capitale et de la culture qui y était liée. Les jeunes se foutaient complètement de la qualité de la typographie, Garamond, Nicolas Cochin, de la rareté des papiers in quatro ou in octavo, des reliures signées et de la préciosité des dorures ou pire encore du texte mis en valeur dans ses ouvrages rares...

11/2019

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BD tout public

Taches

L'HISTOIRE Après Rayures, paru en 2007 dans la même collection, voici le retour de Jean-François l'éléphant à rayures (sauf que maintenant il a des taches, d'où le titre) et Honoré le panda, dans ce second opus traitant des espèces animales en voie d'extinction qui mettent le boxon partout où elles passent. Accompagnés cette fois-ci de René le Phénix et Octavio (un clochard), nos deux héros se sont mis en colocation et sont entrés dans la police histoire de remettre de l'ordre dans la ville. Meurtre, marée noire, attaque de requins, trafic de drogues, corruption et malversations financières, c'est à toutes les vicissitudes de monde moderne qu'ils sauront trouver des réponses, bien personnelles, mais quand même efficaces selon le point de vue où l'on se place. Armé de son humour particulièrement absurde, irrévérencieux et désarmant, B-gnet flingue la morale et le bon goût comme l'inspecteur Harry dégomme les malfrats : pas propre, mais net et sans bavures. On reste sans voix face aux innombrables détails loufoques qui peuplent les cases et aux réponses imparablement débiles des protagonistes. B-gnet est décidément un OVNI dans le monde la bande dessinée d'humour, la preuve : ce sont les éditeurs qui refusent ses projets qui le disent ! Mais un jour ils comprendront qu'"ils" sont déjà parmi nous et que B-gnet n'est que leur porte-parole... L'AUTEUR B-gnet : [bénié] n. m. inv. du Lyonnais Bovagnet (Florian) qui signifie "bugne". Auteur d'histoires courtes en bande dessinée du début du millénaire. Histoire : On rencontrait jadis le B-gnet à l'école d'illustration / BD / infographie / dessin animé Emile Cohl ; après quoi il parut furtivement dans Fluide Glacial, puis dans Bodoï avec le personnage "Saint Bernard l'ermite ", Spirou. On peut également le découvrir régulièrement depuis sept ans dans le Psikopat où il a réalisé une série d'histoires courtes inspirées du Scarface de Brian de Palma (The world is yaourt paru ensuite chez Les Requins marteaux), les aventures de Jean-François et Honoré (parues sous le titre Rayures aux éditions 6 Pieds sous terre) puis Taches. B-gnet est Lyonnais et fait partie de l'ateliers KCS (avec les frères Jouvray et Salsedo, notamment).

07/2012

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Philosophie

De Marx et du marxisme

Du génie effervescent de Kostas Papaioannou, mort à cinquante-six ans, en 1981, les historiens qui feront un jour l'histoire intellectuelle des années soixante retiendront en priorité, avant les beaux travaux sur la philosophie et l'art grec, sur la peinture byzantine, sur Hegel, sur Baudelaire et la modernité, la grande série d'essais régulièrement publiés pendant dix ans dans Le Contrat social, la revue de Boris Souvarine, et qui ont fait de lui l'un des savants les plus avertis de Marx et du marxisme et l'un des philosophes de premier plan engagé dans la critique du phénomène totalitaire. C'est cette série qu'en cette année du centenaire de la mort de Marx on trouvera ici réunie, précédée d'une importante présentation de Raymond Aron, et classée dans un ordre qui lui donne toute son actualité. Un premier groupe concerne le Marx philosophe des célèbres écrits de jeunesse. Un second porte sur les classes et la lutte des classes, cœur de la sociologie de Marx, qui constitue, aux yeux de l'auteur, la part centrale de son oeuvre, l'histoire et la logique conduisent ensuite aux relations entre léninisme au pouvoir. Les articles sue la politique étrangère, qui tournent autour de la russophobie de Marx et de l'expansion planétaire du capitalisme, apportent une sorte de conclusion. Le Marx qui se dégage de ces études ne se laisse pas enfermer dans une formule ou un slogan - et c'est là leur vertu. Sous leur apparence scientifique, elles sont inspirées, comme le souligne Raymond Aron, par la conscience angoissée de notre époque et l'inlassable dénonciation de la transfiguration de Prométhée en dieu protecteur de la société du mensonge, " transfiguration dont Marx ne fut ni tout à fait innocent ni le seul responsable. " C'est cette tension qui donne aujourd'hui encore tout son à-propos à cette vie de travail : la confrontation savante et passionnelle au " noir gaillard de Trèves ", comme l'appelait Engels, de celui dont Octavio Paz, dans le poème qu'il lui a consacré, célébrait " la conversation de grand fleuve et le rire de réconciliation ".

07/1997

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Latin - Littérature

Lemaire, Panckoucke, Nisard : trois collections d'auteurs latins sous la Restauration et la monarchie de Juillet

Le présent ouvrage est consacré aux trois principales collections d'auteurs latins parues en France sous la Seconde Restauration et sous la monarchie de Juillet : la "Bibliotheca classica Latina", dirigée par le latiniste et doyen de la Sorbonne Nicolas-Eloi Lemaire ; la "Bibliothèque latine-française", parue chez l'entreprenant libraire Charles-Louis-Fleury Panckoucke (le fils du maître d'oeuvre de l'Encyclopédie méthodique) ; la "Collection des auteurs latins" dont le maître d'oeuvre est le critique littéraire et professeur Désiré Nisard, farouche défenseur du classicisme et pourfendeur du romantisme. Publiée entre 1818 et 1832, la "Bibliotheca classica Latina", massivement soutenue par des fonds publics, tente de ressusciter la pratique des éditions variorum ; la "Bibliothèque latine-française" ; qui comprend deux séries (1825-1838 puis 1842-1848), introduit une traduction française en face du texte latin dans d'élégants volumes in-octavo destinés à orner les bibliothèques bourgeoises ; la "Collection des auteurs latins" (1837-1850) adopte elle aussi une traduction française mais vise prioritairement le public moins fortuné des professeurs et de leurs étudiants, ce qui se reflète dans le format et la typographie économiques qui sont choisis. Jusqu'à présent aucune de ces trois collections n'avait donné lieu à une étude d'ensemble, ni même à un bref article, alors même que leur influence s'est exercée pendant des décennies en France, où elles ont longtemps formé une sorte de vulgate. L'examen comparatif des trois collections dans le choix des auteurs, dans l'établissement du texte, dans l'élaboration de la traduction et du commentaire permet de comprendre les particularités de chacune, qui naissaient parfois de la volonté de se démarquer des deux autres.

12/2021

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Policiers

Les deux premières enquêtes de William Monk. Un étranger dans le miroir ; Un deuil dangereux

Un étranger dans le miroir William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l'hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu'il s'empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l'exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d'un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d'abord qu'il n'était ni très sympathique ni très aimé, et qu'il avait laissé tomber sa famille, d'origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions. Il se rend compte aussi qu'il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer...   Un deuil dangereux Décembre 1856 à Londres. William Monk et son équipier, le sergent John Evan, enquêtent sur la mort d'Octavia Haslett, une des filles de Sir Basil Moidore qu'on a retrouvée poignardée dans sa chambre. Comme il s'agit d'une famille huppée, le chef Runcorn recommande à son inspecteur de mener ses investigations avec du doigté et une certaine retenue. La thèse officielle attribue ce crime à un cambrioleur qui aurait été surpris par la victime. Après avoir présenté ses condoléances aux membres de la famille, Monk commence à les interroger mais, visiblement, ses manières comme ses questions déplaisent. De son côté, Evan retrouve Chinese Paddy, marchand de poisson le jour et monte-en-l'air le soir. Durant la nuit tragique, il faisait le guet à proximité de la maison de Sir Basil, et affirme n'avoir vu personne en sortir. Monk doit s'y résoudre : le meurtrier était déjà dans la maison. Elle a ensuite maquillé le meurtre pour brouiller les pistes.

11/2014

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12 ans et +

Les 100 Tome 3 : Retour

Le tome 3 des 100 reprend là-même où 21e jour s'est arrêté. La situation plus que critique à bord de la Colonie a déclenché la procédure d'évacuation d'urgence. Les chanceux sont parvenus à trouver une place dans l'une des quelques capsules disponibles. Tous les autres ont dû rester derrière. A terre, c'est Clarke qui mène les membres survivants des 100 à la recherche du site d'atterrissage des capsules : elle sait d'avance que ses connaissances médicales seront d'un grand secours. Mais quid de ses parents ? Ils sont sans doute vivants quelque part sur Terre... Quand pourra-t-elle se permettre de partir à leur recherche ? Bellamy reste en retrait pour une fois. Il est déchiré entre la peur du châtiment pour le crime qu'il a commis et l'espoir de pouvoir profiter de cette nouvelle vie qui s'offre à Octavia et lui. Wells, lui, souhaite de tout coeur que son père fasse partie des survivants, mais est dévasté en découvrant que le Chancelier est resté à bord de la Colonie. Malgré le chagrin causé par la mort de sa mère, Glass est aux anges de pouvoir bénéficier de cette deuxième chance et de pouvoir enfin être auprès de Luke sans devoir se cacher. Le Vice-chancelier compte également au nombre des rescapés de l'atterrissage-catastrophe et il reprend fermement les rênes du pouvoir, si bien que la vie sur Terre commence vite à ressembler à la vie à l'Isolement. Il traite les 100 comme des criminels et emprisonne Bellamy pour tentative d'homicide envers le Chancelier. Clarke va découvrir que le Vice-chancelier a même l'intention de l'exécuter, et que Luke est pressenti pour être le bourreau. L'heure de vérité a sonné pour Clarke, Glass, Bellamy et Wells : à eux de se battre pour préserver cette liberté qu'ils ont découverte sur Terre, même si pour cela ils doivent perdre tout le reste.

03/2015

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Policiers

Une certaine justice

Dans le cercle feutré des hommes (et des femmes) de loi qui opèrent dans les Chambers de Londres (grands complexes de cabinets d'avocats), Venetia Aldridge, une avocate de talent au caractère bien trempé, fait acquitter un certain Garry Ashe accusé, sans doute à raison, d'être le meurtrier de sa tante. Mais quelle n'est pas sa stupéfaction lorsque, quelques jours plus tard, sa propre fille, Octavia, lui annonce son intention d'épouser... Garry Ashe ! C'est le début, pour Venetia, d'une succession d'angoisses qui iront en empirant jusqu'au jour où on la retrouve assassinée avec une perruque de juge sur la tête et baignant dans un sang qui n'est pas le sien... Beaucoup, parmi son entourage, ne peuvent que se réjouir de sa disparition : son collègue Drysdale Laud, qu'elle menaçait de supplanter à la direction des Chambers ; harold Naughton, le secrétaire, dont elle ne souhaitait pas voir prolonger les services au-delà de l'âge (très proche) de la retraite ; Simon Costello, un jeune confrère ambitieux dont elle avait promis qu'elle révélerait une tractation louche survenue quatre ans plus tôt ; son amant, le député Mark Rawlstone, qui souhaitait mettre un terme à leur liaison afin de mener une vie plus conforme à une réussite politique ; Garry Ashe, enfin, dont elle souhaitait empêcher le mariage avec sa fille. Autant de suspects que devra prendre en compte le commandant Dalgliesh, secondé par la fidèle Kate qui fait désormais équipe avec Piers, un très beau jeune homme, plus désinvolte et plus cynique qu'elle. Très vite, l'arme du crime est retrouvée - un coupe-papier ayant appartenu à Venetia - et le sang identifié comme celui qu'un autre avocat, Desmond d'Ulrick, avait mis de côté dans son réfrigérateur en vue d'une petite opération... Outre une intrigue magistralement construite, P. D. James nous offre, dans ce quinzième roman, une analyse approfondie des mécanismes de la justice - de ses limites, de ses ambivalences - sans se départir de la précision et du sens psychologique auxquels elle nous a habitués.

05/1998

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Critique

Un an de lecture. Voyage autour des livres

Ces impressions de voyage d'un vagabond sans boussole au pays des livres sont l'occasion d'évoquer de nombreux souvenirs qui ont jalonné ma vie de lecteur. Je parle de mes auteurs préférés, de mon goût pour la lecture et de la manière dont j'ai formé ma bibliothèque. Celle-ci totalise plus de sept mille livres et comme l'univers, elle est en expansion permanente. Lorsque les livres dénichent un terreau propice, ils prolifèrent tel un organisme vivant et vous n'y pouvez rien. Chaque jour, les livres sont de plus en plus serrés sur les rayonnages, ils s'introduisent chez vous à votre insu, peuplent le moindre recoin, s'empilent comme des acrobates jusqu'à des hauteurs vertigineuses, colonisent tous les espaces et bientôt vous devez lutter pour ne pas être submergé par ce flux de bouquins, de brochures, d'atlas, d'encyclopédies, de grimoires, d'elzévirs et autre in-octavo. Pour ranger ces ouvrages, il faut de nombreuses étagères, celles-ci sont réparties dans toutes les pièces de la maison y compris le sous-sol où se trouve la "réserve" . Cette énorme quantité de livres a intrigué ma petite-fille Apolline alors âgée de cinq ans qui m'a demandé un jour : "Papi, pourquoi tu as trop de livres ? " . Cette question qui est à la fois une interrogation et une affirmation m'a conduit à réfléchir sur l'origine de mon appétence pour la chose livresque. Pour tenter de trouver une réponse, j'ai décidé, pendant un an, de noter mes impressions de lecture. Ce périple sans itinéraire m'a permis de découvrir 81 titres. Le livre n'est pas un objet, il a le pouvoir magique de transformer notre quotidien, c'est une machine à voyager dans le temps et l'espace, c'est un antidote contre l'ennui, l'ignorance et les préjugés. J'espère qu'en lisant ce livre mes petits-enfants ressentiront l'envie de se constituer une bibliothèque et surtout, d'ouvrir les livres.

06/2021

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Sociologie

Nos apocalypses. Ce qui nous lie quand le mal nous frappe

Il a beaucoup été dit combien les catastrophes mettent à jour les inégalités et les maux de nos sociétés. Cependant, envisager le soudain déferlement du mal comme le reflet de profonds dysfonctionnements a des racines anciennes. Et c'est la signification même du mot apocalypse : une révélation. L'une des plus fameuses illustrations de ce dévoilement du monde corrompu est le livre de l'Apocalypse de Jean où l'un des quatre cavaliers de la fin des temps figure la peste et la mort. Mais l'épidémie meurtrière accompagnée de guerre annonce une ère où triompheront vérité et justice. Ce motif ambigu de destruction et de création apparaît dans les textes fondateurs religieux et dans les oeuvres littéraires qui interrogent leur impact. De la Bible à Odipe Roi, des Evangiles au Talmud, de l'Islam au Bouddhisme tibétain, mais aussi dans le Décameron ou Faust, chez Ben Johnson, Pouchkine, Zweig, Camus, Saramago, Butler, on lit les ravages des fléaux, le désarroi des hommes devant un Dieu qui s'absente, la quête de réponse face à des maux qui nous dépassent, la tentation de la haine et les persécutions, mais aussi l'urgence de l'espoir. Si la solution humaine pour donner sens à ces ruptures dans nos vies est d'en faire le récit, relire les textes sacrés qui racontent la catastrophe nous y aide précisément. Ils lient les existences singulières au collectif, les individus aux mythes, le passé au futur, et peut-être même à ce que certains appellent l'éternité. Emerge alors une vision des écrits religieux non pas comme des normes ou des prescriptions mais comme des miroirs tendus, presque comme des romans. A leur suite, des livres qui sont devenus des pierres angulaires de notre littérature racontent comment la proximité entre ce qui tue et ce qui sauve nous constitue, nourrissant instinct de survie et besoin d'espérance. Le double regard qu'elle pose sur la religion et sur l'histoire littéraire donne naissance à cet essai lumineux sur une notion à la fois atemporelle et terriblement actuelle. De la Bible à Octavia Butler, Clémence Boulouque transmet ici des réponses salutaires à des enjeux existentiels.

09/2022

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Poésie

Toute la vie. Poèmes 1957-2016

L'ouvrage que nous présentons est de nature anthologique : aucun des nombreux recueils de Fernando Grignola n'ayant été traduit en français, il a paru plus fécond de le faire connaître au public de ce pays par l'intermédiaire d'un choix tiré de ses principaux livres, en proposant une édition bilingue, ou plutôt trilingue, les poèmes d'après 1983 n'étant plus écrits en italien, mais dans le dialecte d'Agno. C'est Christian Viredaz (voir son curriculum dans le dossier) qui en a assuré la traduction. Grignola e l'umanità in versi, " Grignola et l'humanité en vers " : ainsi le critique Renato Martinoni, professeur à l'université de Saint-Gall, intitulait-il un article d'hommage au poète paru dans le Corriere del Ticino le 17 novembre 2008. " L'humanité en vers " : il s'agit moins d'une ambition ou d'une intention de l'oeuvre que du constat reconnaissant qu'établit sa lecture, et auquel voudrait aussi faire songer, au-delà de la " récapitulation biographique ", le titre choisi pour cette anthologie, Toute la vie. Nombre de critiques et de poètes (notamment Renato Martinoni, Flavio Medici, auteur de la préface de ce volume, Ottavio Lurati, Franco Brevini, Pino Bernasconi, Franco Loi) ont reconnu chez Fernando Grignola un observateur ardent, un interprète, un portraitiste de la réalité aussi bien rurale qu'ouvrière d'une région qui résume en elle-même, dans l'histoire de ses transformations, celle du monde moderne chassant celui qui l'a précédé tout en éprouvant pour lui la plus profonde nostalgie. L'articulation décisive de cette oeuvre tient à la coprésence de ce qui est " d'antan " (une idée souvent reprise chez Grignola) dans le pays nourricier (La mamm granda da tücc, " notre grand-mère à tous " est le titre d'un des recueils) et des réalités contemporaines : d'un côté, un pays riche de parfums et d'harmonies, où se retrouver, se rassurer, le pays des racines (le mot revient fréquemment, en écho aussi bien à l'un des premiers emplois de l'auteur, tourneur de racines de bruyère dans une fabrique de pipes...), lié au rythme lent et précis des saisons, des activités humaines, d'une civilisation faite de valeurs et de chaleur humaines ; de l'autre, les cadences et les objets de la société contemporaine, qui ne sont pas sans conséquence, quelle que soit la fascination générale qu'ils exercent : l'irrespect de cette tradition naturelle, les faux mythes, les malheurs de la vie quotidienne (solitude, drogues, aliénation), la " maladie de vivre " que fait naître un monde de guerres et d'injustices éloignant l'homme de ses propres richesses. Mais cette sorte de " grand écart ", ou plutôt de " tension entre le monde des racines et l'univers de la standardisation " (Franco Brevini), a chance de susciter en chacun le besoin de plus en plus secret mais de plus en plus impérieux d'une intimité où retrouver les grandes questions de l'existence - la poésie ayant peut-être pour tâche et pour grandeur de rappeler ce besoin et de lui donner voix. Elle sait à la fois décrire et écouter toutes les réalités possibles, et, en évitant la séduction facile des sentiments prévisibles ou des pensées marquées au coin de l'idéologie, fût-elle écologie, de mettre en lumière la substance des choses et des actes et de se concentrer sur le particulier comme " le signe ", pour reprendre les mots du poète, " d'une réalité plus complexe et universelle " ; à cette fin, à mesure que l'oeuvre se poursuit, Grignola éprouve le besoin d'aller vers " une raréfaction incisive des vers et des mots " proche de l'épigramme, cependant que s'y déploie de loin en loin, entre nostalgie et espoir, indignation parfois devant les signes de la violence, de la ruine, de la dissolution, le sentiment d'un dépassement possible, d'une transcendance à laquelle aspire sa propre foi. - Mais entre nostalgie et espoir, dit Grignola récapitulant son rapport à cette oeuvre-vie, " je choisis ce dernier, même si je suis conscient de mon âge et de ses infirmités, qui me pèsent. Il ne sert à rien de déterrer le passé. C'est à chacun de nous de regarder vers l'avant, de semer et de cultiver le bien. [... ] Je demande seulement un peu de sérénité ; ma foi est sûre, je m'arrête tous les jours dans une église pour prier, en allumant un cierge pour Erica [son épouse décédée]. J'y trouve du réconfort, dans le silence et les grandes déchirures qu'ouvre la foi, où s'apaisent mes angoisses et mes larmes. " Dernier mot, peut-être, d'une oeuvre faite de tendresse pour l'impossible, de colère et de compassion, qui a choisi l'étrange et puissante humilité du dialecte (" poésie capable de se charger de l'histoire de celui qui la parle ou l'écrit ", dit l'auteur) pour ne pas s'éloigner de la réalité qu'elle évoque tout en convoquant " un monde lointain " : " Le dialecte, à mon sens, est comme r'imbiügh, la sève qui à la fin de l'hiver accélère puissamment la résurrection de la plante, et qui vous fait retrouver, dans les moments les plus imprévus, à travers des mots et des expressions qu'on croyait oubliés, des images, des événements, de visages, des voix, des odeurs et des parfums lointains, presque imperceptibles, comme d'une langue retrouvée dans sa pureté. "

01/2023