hommes politiques

On leur a donné des sobriquets pas toujours bienvenus ni très habiles. Elles furent même affublées d’expressions hasardeuses, autant que vulgaires…

Les menstrues, mot que le patriarcat mondial — à l’exception, peut-être, du corps médical — se refuse à employer, sont au cœur d’une bande dessinée pour le coup à contre-courant.

Souvenez-vous : le nez de Cléopâtre, raccourci, la face du monde en aurait été changée. Et si les hommes connaissaient un cycle menstruel comme celui de l’appareil reproducteur féminin ? Utopie ? Dystopie ? Uchronie ? Ou plus simplement une tentative pour ouvrir les yeux des lecteurs, tout en donnant matière à rire aux lectrices ?

À travers des saynètes bouclées en deux ou trois planches, voici LA bande dessinée à mettre dans toutes les mains pour rendre l’humanité moins bête. Un féminisme bien senti, livré, et c’est regrettable, sans protège-slip pour homme. On aurait vraiment bien ri…

« Les hommes sont fous », voilà bien un constat qui flirte avec une certaine trivialité… Dans cette optique toujours attendrissante du grand-père écrivant à ses petits-enfants, pour leur demander des nouvelles, leur dire que chez lui tout va bien et que le chien a ramené des perdreaux de la chasse, le nouvel ouvrage de Louis Bériot fait figure d’extra-terrestre…

Autant vous le dire toute de go, nous n’avons pas aimé ce livre. Et quand je dis nous, je fais référence à une personne de mon entourage qui l’a lu, et qui fort de ses compétences dans le domaine de l’écologie a refermé le livre en disant : « Bon, la prochaine fois que t’as une merde comme ça à lire, pense à quelqu’un d’autre… »

D’un point de vue cosmique, il ne me viendrait pas à l’idée d’attaquer le contenu du livre. Simplement parce que je ne dispose pas des arguments nécessaires à la réfutation de tel ou tel autre propos. Nan. Ça, je sais pas faire. En revanche, décrypter la qualité d’un livre, c’est mon domaine. Autant que celle d’une copie d’élève de Première L qui me rendrait son devoir sur le texte argumentatif. Le sujet en serait par exemple : La Terre va mal, trouvez les arguments pour convaincre votre auditoire…

Comment ça, je schématise ? Ben non. Ce livre surfe sur la vague écolo-bobo content-pour-rien et aura largement mérité le missile qui le fera couler. J’en prends la responsabilité. Parce que le ton a quelque chose de catéchisant, et que le propos ne tolère pas vraiment un tel marasme, pardon, de tels miasmes, Les hommes sont fous… ne vaut pas grand-chose.

Pénible, dès les premières pages, pompeux dès les suivantes, et passablement naïf dans ses constats, voilà bien un bouquin que l’on peut s’épargner la peine de lire, sans que l’on en devienne un partisan pro-pollution et gaz à effet de serre. Bien au contraire. De fait, voilà typiquement le livre pollueur par essence qui incarne le gâchis d’arbres, tout ce qu’il va s’acharner à montrer comme mal.

Bref, à éviter.

L' devait filer la soie pourpre pour la robe de mariée de la princesse Qionghua. Malheureusement, il a rompu le ruban de perles qui l'ornait et, honteux, a choisi de s'enfuir. C'est ainsi que l'Homme-Requin rencontre Jing. Touché par la tristesse de son nouvel ami, Jing l'accueille chez lui. Les deux êtres vivent ensemble quelques temps sans ennui jusqu'à ce que Jing tombe amoureux. La mère de celle qu'il aime réclame dix mille perles au prétendant ! Accablé de ne posséder telle richesse, Jing sombre dans la déprime. L'Homme-Requin pourra-t-il l'aider à son tour ?

Cette histoire illustre à merveille les valeurs nobles : tandis que l'Homme-Requin est un modèle d'honnêteté et d'humilité, Jing est quant à lui plein d'humanité et de solidarité. Les deux êtres, très intègres, nous transportent vers leur monde, à mi-chemin du réel et de l'imaginaire, où l'on souhaiterait rester. Les illustrations reflètent parfaitement l'ambiance poétique de l'écriture : très imagées, subtiles et détaillées, elles se laissent observer longuement. Les matières, les traits, les cadres et les couleurs sont d'une grande finesse. Que ce soit sur une page simple ou en double page, ces images émeuvent à chaque fois. Quel bel album offert par les éditions Hongfei ! Toujours soigneux, les éditeurs complètent leur création avec une postface instructive et des explications pertinentes et intéressantes. À chaque page, Homme-Requin est un coup de cœur.

La course à la présidentielle est belle et bien lancée … Et les éditeurs n'oublient pas les électeurs de demain.

Le 29 mars prochain, les éditions publieront La politique, ça vous regarde ! Ce livre, qui a pour vocation de sensibiliser les jeunes ados à la politique, est co-écrit par deux grands noms : le politicien Michel Rocard et le journaliste Pierre Boncenne.

A travers sa propre expérience, Michel Rocard abordera des thématiques comme qu'est-ce que le RMI ? quel est le salaire d'un politicien ? comment passe-t-on des lois ?… Ce livre destiné aux jeunes lecteurs à partir de 13 ans réveillera peut-être l'âme de politicien qui sommeille en vous ...

Si l'association de la culture et du politique a produit le meilleur comme le pire en magnifiant ou manipulant patrimoine et création au gré des régimes, elle reste indispensable. La réduire à son rôle dans le développement économique, à la fierté d'appartenance ou au rayonnement international nierait sa spécificité alors qu'elle appelle à jouer un rôle constructif dans le monde qui se met en place. Mais à l'heure de la mondialisation, quelle place tient la culture dans le politique et le politique dans la culture ?

La notation est actuellement pleinement revenue à la mode alors qu’il y a de cela encore peu, ce n’était qu’un instrument engendrant terreur et mal-être utilisé sur les élèves par les méchants professeurs. Ce temps est révolu.

Tous les membres du gouvernement feront l’objet de notes adjugées à partir de l’étude de différents indicateurs. Ce sera donc aussi le cas pour le ministre de la culture, actuellement Christine Albanel. Seize critères ont été retenus pour évaluer l’impact de son action. On peut notamment retrouver : « l'évolution de la fréquentation des musées », la « part de marché des films français en France », « la part des transactions mondiales du marché de l'art réalisées en France »...

Chose étrange, pour ne pas dire choquante… le livre est absent de ces critères. Les chiffres de l’édition seront pris en compte dans l’étude de « l'exportation des biens culturels » et dans celui du chiffre d'affaires des différentes industries culturelles. Ces indicateurs ne sont toutefois pas récents.

Le vide sur une politique ciblée en faveur de la promotion du livre. Parallèlement à cela, le président de la République souhaite faire une place au livre dans la publicité télévisuelle. L’interdiction qui plane sur cet usage date de trente-cinq ans. Il serait peut-être bon d’en revoir les fondements.

Pour certains analystes, sortir le livre de la télévision, c’est dans le même temps l’évincer de la modernité et cesser d’en faire un objet recherché par le jeune public. Le problème d’une révision de la loi actuelle, c’est que seuls les grands groupes pourraient se payer le luxe de faire la promotion de quelques best-sellers.

En ces temps de révolution de la télévision publique, il serait peut-être de bon goût d’insérer dans ses programmes une véritable émission littéraire à destination du jeune public, ce qui aurait un impact plus important que quelques publicités noyées dans la masse.

Cela viendrait appuyer les efforts de Christine Albanel pour recentrer l’édition 2008 de Lire en fête sur l’édition de jeunesse, créneau hautement sensible, puisqu’il travaille à l’édification d’un lectorat pour les années à venir sur tous les autres secteurs de l’édition.

Un geste en faveur de la promotion de la lecture et de son support, le livre, est actuellement nécessaire pour garantir la survie de notre culture et de sa richesse éditoriale. N’y aurait-il pas là une place pour ajouter un nouveau critère d’évaluation afin que la politique mise en place soit pleinement une politique de civilisation ?

Parce que 2017 est une année électorale en France, parce qu’en 2015, au 1er tour des élections régionales, les deux-tiers des 18-24 ne sont pas allés voter et parce qu’il n’est jamais trop tôt (ni jamais trop tard) pour enseigner  aux jeunes les principes de la citoyenneté et les impliquer dans la construction d’une nouvelle société, l’ouvrage documentaire de illustré par est une opportunité à saisir.

Intéressant, accessible et dynamique, d’une conception artistique attrayante, colorée et moderne, il se consulte avec plaisir et curiosité. A la fois instructif, éveilleur de conscience (mais sans ennui), résolument vivant, surtout pas moraliste, il s’efforce (dès 13 ans) de répondre aux interrogations de la jeunesse, ancre la politique au cœur de leurs préoccupations quotidiennes et des thèmes forts qui font l’actualité aujourd’hui.

Parfaitement adapté aux programmes d’enseignement d’éducation morale et civique, il offre un support ouvert et interactif, propre aux débats. Réellement stimulant, il est un guide, une sorte de vade-mecum énergisant, conçu pour expliquer sans didactisme.

Efficace et très concret, l’ouvrage définit les mots qui font la politique en s’emparant d’exemples du quotidien, en proposant des témoignages ciblés de proximité mais sans jamais non plus se départir des événements historiques qui ont façonné la société contemporaine française.

Sous forme de grandes questions (peut-on faire confiance aux politiques ? A quoi ça sert de voter ? La politique, c’est quoi ? Etc.), à travers des portraits, de nombreuses infographies, photographies illustrations, des chiffres-clés, l’ouvrage rappelle notamment les principes de la démocratie, la nécessité de voter, précise l’organisation de la politique en France, les institutions européennes, l’indépendance de la justice, etc.

Il interroge également sur les régimes autoritaires dans le monde, étudie la mondialisation et ses conséquences (positives et négatives) et insiste sur le rôle que chacun peut jouer, comme citoyen,  pour bâtir une société plus égalitaire et solidaire, respectueuse des enjeux climatiques.

L’art de vivre ensemble passe par chacun d’entre nous. Ce livre le démontre et propose, en toute fin, de relever quelques défis, de confronter le lecteur à des choix d’action. Sans entrer en politique, il est possible d’agir, de grandir et de penser collectif plutôt qu’à soi. Ce livre est un recueil de suggestions enthousiasmantes. Foncez !

Et pour approfondir, une petite bibliographie est ajoutée en fin d’ouvrage. Enfin les citations de philosophes, d’écrivains, d’intellectuels, égrenées au fil des chapitres, sont autant de pistes à suivre pour susciter une conscience politique, donner envie de participer à la construction de la société de demain et de devenir un vrai citoyen du monde.

« La politique n’est pas autre chose que l’ensemble des raisons d’obéir et des raisons de se révolter »(Fernando Savater)