Pierre Bordage contes

Un journaliste, critique littéraire, est visité depuis quelques nuits par une sorte d'apparition. Pas un réel revenant, plutôt... un personnage, sorti des livres d'Homère Saint-Illiède, auteur renommé. Car voilà, les liens entre le monde des hommes et celui des livres est plus ténu qu'on ne le croit : les héros vivent leur propre vie dans le Monde des Imaginés, et parfois, parviennent à trouver le courage de visiter le monde des hommes.

De fait, ils ne sont alors visibles que par leur auteur, aussi leur présence nous échappe-t-elle, mais Fortuné n'a jamais écrit que des critiques littéraires sur les livres d'Homère et pourtant, le Corbeau vit à ses côtés, en quête de gloire... et d'un visage.

Bon, autant être honnête, ce titre est sublime. Rarement nous aurons eu autant de plaisir à la lecture d'une BD, aussi bien tournée que subtile, évoluant dans un univers vraiment riche. Le dessin aurait mérité un traitement plus réaliste peut-être, ou du moins, les pointilleux relèveront-ils des pains çà et là, des petites choses vraiment pas méchantes, mais qui faussent quelques cases...

Reste que le scénario est excellent : riche en rebondissements, haletant et vraiment bien pensé, il va vous entraîner dans un monde légèrement teinté de romantisme et d'horreur... Car l'auteur, Homère Sainte-Illiède, qui est-il réellement ? D'autant que depuis quelques jours, un assassin fait rage : le Videur de têtes, qui ne s'en prend qu'au cerveau de ses victimes.

Dupuis ne s'est pas trompé avec ce tome, qui est accompagné de son synopsis et de quelques dessins inédits, vendu pour 15 €.

Aujourd'hui, c'est le non-anniversaire d'… Bon, le véritable anniversaire sera en fait le 26 novembre, et l'on fêtera ses 150 ans !

Pour fêter cet anniversaire, le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Seine Saint-Denis, une semaine plus tard, démarrera du 2 au 7 décembre six jours de festivités sous le signe de la petite héroïne de Lewis Carroll.

Il fallait un thème et forcément quand on pense à Alice, on pense au rêve et à la réalité, à l'imaginaire ou au réalisme, alors ce sera « Pour de vrai, ou pour de faux ».

« Alice, assise auprès de sa sœur sur le gazon, commençait à s'ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois, elle avait jeté les yeux sur le livre que lisait sa sœur ; mais quoi ! pas d'images, pas de dialogues ! « La belle avance, » pensait Alice, « qu'un livre sans images, sans causeries ! »

Pendant cinq jours, comme chaque année, la littérature jeunesse va être à la fête. Contrairement au revenu net de l'édition en général qui a baissé de 1,3% en 2014, le chiffre d'affaires de la littérature jeunesse a augmenté de 4,3%. En chiffre, cela donne 357 millions d'euros et 87 millions d'exemplaires vendus. Elle est deuxième sur le podium après la littérature générale.

Comme le rappelle le Centre du Livre et de la Presse Jeunesse, ce succès s'explique « notamment par l'adaptation de fictions jeunesse à l'écran et la vente de licences. »

L'an dernier, lors de la 30e édition c'est plus de 162 100 visiteurs qui ont arpenté les grandes allées du salon.

Cette année, donc, Alice sera de la fête dans une exposition qui lui sera consacrée dans une fantastique installation avec les illustrations originales de Lewis Caroll, mais également beaucoup des différentes versions que l'on a pu voir ces dernières années dans la production littérature jeunesse.

Une grande scène littéraire accueillera de beaux événements comme une rencontre événement avec Véronica Roth, l'auteur de la série Divergente, mais également une autre rencontre à ne pas louper, celle d'un maitre de la littérature jeunesse, Michaël Morpurgo.

Une scène graphique, dédiée à l'image, montrera comment faire rimer texte et images. Sur cette même scène aura lieu une vente aux enchères de différentes œuvres d'illustrateurs et plasticiens. Elle sera animée par la Galerie Jeanne Robillard.

Une autre scène sera, quant à elle, vocale. On y parlera livres audios et comment une évolution est-elle possible, mais également de contes, de pièces de théâtre et de poésies.

Une quatrième scène transmedia fera la part belle aux nouvelles formes de création grâce à différentes performances qui s'inspirent de la littérature jeunesse.

Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'auteurs seront invités. Comme chaque année, les jeunes lecteurs feront parfois des kilomètres de files d'attente afin de rencontrer leurs auteurs préférés, mais ce n'est qu'une fois dans l'année…

Merveilleux non-anniversaire Alice !

C’est très difficile de présenter un recueil de plus de deux douzaines de nouvelles tellement différentes les unes des autre mais représentant toujours un tel plaisir de lecture.

Les sujets sont graves ou plus légers mais toujours magnifiquement écrits. En peu de mots, sait raconter une histoire immense qu’il reste à tout un chacun de continuer à se raconter presque sans effort d’imagination tant l’ambiance est aussi complètement construite.

Selon la quatrième de couverture, tous ces textes on été écrits juste après la guerre civile qui a ensanglanté le Mozambique pendant de longues années juste avant la fin du XXème siècle.

Encore un conflit qui aura laissé de profondes blessures d’où Mia COUTO reste capable de faire resurgir une lueur d’espoir malgré la tristesse toujours perceptible de toutes ces disparitions irréversibles. La saudade. Toujours ? L’espoir. Quand même.

La saudade quand l’enfant meurt sous les coups du soldat. Quand l’homme disparaît dans le noir au pied de l’arbre sacré. Quand la vieille s’effondre dans le fossé en revenant de boire des bières au cimetière avec son mari défunt.

L’espoir quand le palmier réconforte de son feuillage l’enfant mort. Quand de la pipe jetée par le vieil homme renaît l’arbre sacré. Quand la vieille, perdue, sent que son mari va venir la chercher.

C’est une explosion de poésie ("la fenêtre : n’est-ce pas par là où la maison rêve d’être monde",…) servie par des mots-valises, des néologismes tous plus savoureux les uns que les autres ("œil pour œil, dent prudent") qui rendent cette lecture incomparable.

Mais qui renvoie tout aussitôt à la qualité de la traduction (Elisabeth Monteiro Rodriguez) tant il est étonnant de constater avec quelle fluidité on entre dans une nouvelle langue, elle-même construite à partir d’une langue déjà détournée. On en vient à regretter, comme cela est parfois le cas, de ne pas bénéficier, en vis-à-vis, du texte original en portugais pour tenter d’apprécier plus encore le travail de traduction, certainement de conversion, d’interprétation et d’imagination nécessaire pour restituer et l’esprit et le sens.

Et Mia COUTO ne se prive pas d’asséner, au passage, quelques maximes ravageuses qui éclairent bien des situations par d’étranges lueurs (l’aveugle "qui ne voit pas est toujours à la bonne place : seul qui peut choisir se trompe, finalement") et donne une immense profondeur à un propos pourtant d’apparence légère.

C’est là une des forces pures de ce recueil que de nous transporter dans des considérations d’une profondeur remarquable en se basant sur une fable. J’ai souvent perçu Mia COUTO comme un griot (un griot blanc) qui sait transmettre les anciennes sagesses sous couvert de contes pour enfants.

Le contexte dans lequel ces textes ont été écrits leur donne encore plus de force et de vigueur.

Surtout ne laissez pas passer une telle aubaine.