entreprises famille Turgot

Christian Kert s'était pourtant recroquevillé en une plate excuse, expliquant que sa proposition n'avait été annoncée que pour « simplement rouvrir le débat ». On apprenait même que cet amendement destiné à faire passer le prix du livre avant solde de 2 ans à 6 mois ne serait « pas défendu » et tout le monde s'en trouvait réjoui...

Eh bien non. Non ? Non. Selon nos confrères du Monde, Jean Dionis du Séjour, qui avait accompagné Christian Kert dans cette entreprise, a décidé qu'il n'en irait pas ainsi et que l'amendement serait maintenu en séance, alors même qu'en commission il s'était vu rejeté, après le tollé que les syndicats et la ministre de la Culture avaient déchaîné.

En effet, le délai de 6 mois avant solde a été rallongé à 1 an, camouflant ainsi à peine l'imposture. La motivation est noble autant que pure : « réduire le nombre extrêmement élevé de livres invendus qui sont détruits chaque année en France ». Mais Térésa Crémisi, PDG de Flammarion en a conclu que c'était là le discours d'un « évadé de Charenton ».

Reste que l'aubaine est grande pour Xavier Garambois, DG d'Amazon France : « Nos clients trouvent que les livres sont chers », rapporte-t-il. Et pour lui, cette remise en question réalisée par les députés Kert (Bouches-du-Rhône) et Dionis du Séjour (Lot-et-Garonne) est « très positive ». « Cela stimulerait le marché du livre, qui est moins dynamique en France qu'en Grande-Bretagne et où les nouveautés sont moins chères », conclut-il...

À demain, donc.

Tout helléniste qui se respecte illustra cette citation de Churchill, « de la sueur, du sang et des larmes », en traduisant cette phrase attribuée à tort et à l’historien grec Xenophon (430 à 354 av. J.-C.), contemporain de Platon : « Ουκ έλαβον πόλιν, αλλά γαρ ελπίς εφή κακά. » Car, phonétiquement, elle se prononce : « Ouk elabon polin, alla gar elpis ephè kaka… »

Hilarité dans les rangs. Consternation aussi.

Dans la collection Pataquès de Delcourt, Karibou poursuit son entreprise de déstabilisation scientifique. Après la Salade César et Waterlose avec Josselin Duparcmeur, le duo s’empare de la mythologie avec Troie Zero. 

Le tout, option humour Fabcaro : une vignette unique, déclinée en saynètes sans le moindre mouvement. Ou comment Beckett aurait pu être drôle. Mais pas que. Heureusement. Le pitch est connu : Ménélas, dans la mélasse, depuis que bonne poire, il a vu filer Hélène — alors que c’est plutôt Pénélope qui tisse d’ordinaire.

Or, le vil Alexandre Pâris a conquis le cœur de la belle grâce à sa recette du kebab. Conclusion, branle-bas de combat chez les Achéens : direction Troie, pour sauver l’honneur. Rien de moins évident, considérant l’équipe de bras cassés qui l’accompagnent — ou comme le dirait Ulysse : « Vaudrait mieux pas être trop à cheval sur l’horaire… »

Troie zéro, irrévérencieux, burlesque, délicieux. Un moment de bonheur Et toute ressemblance avec un score de match de coupe du Monde de 1998 serait totalement fortuite : c’est pour le plaisir du calembour, aucun Brésilien n’a été humilié durant l’aventure.

Cette année encore, la chaine Gulli s'associe à la littérature jeunesse pour remettre le .
Ce qui change par rapport à la précédente édition, ? Cette année, Gulli fait fi des jeunes lecteurs et de leurs parents comme jury pour mettre à leur place un « un jury de personnalités présidé par l'écrivain et réalisatrice Michèle Reiser »

Effectivement, sacré jury avec des personnalités très en pointe dans la littérature jeunesse et qui ont tous la particularité d'être parent, de grands lecteurs et donc de savoir « distinguer un roman de qualité et un auteur de talent. »

Le jury, autour de Michèle Reiser, est donc composé de :

Michèle Bernier : comédienne, auteur, metteur en scène
Caroline Cochaux : directrice générale des programmes et antennes du Pôle TV de Lagardère Active
Emma de Caunes : actrice et animatrice de télévision
Natacha Polony : journaliste, à la radio et la télévision, spécialiste de l'éducation et de l'enfance
Élisabeth Quin : critique de cinéma, écrivain, journaliste, animatrice à la radio et la télévision
Pierre Rochefort : acteur et chanteur
Marcel Ruffo : pédopsychiatre, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'enfance.
Lilian Thuram : champion du monde de football, fondateur de la fondation Lilian Thuram contre le racisme

Ha, tiens, arrêtons-nous quelques secondes sur Natacha Polony, mais oui, souvenez-vous, le 02 décembre 2010, elle signait dans son blog un papier modestement appelé « « Les jeunes lisent » ou le prototype de l'escroquerie intellectuelle ».

Dans cet article où tout n'est pas à jeter (quoi que…), la journaliste était persuadée que 1) les jeunes ne lisent pas tant que ça parce que bon, la bande-dessinée, ça ne compte pas… (doit-on lui parler, entre autres, des 1,5 million d'exemplaires vendus de la série Enquête au collège de Jean-Phillipe Arrou-Vignod  ou de Tara Duncan de Sophie Audouin-Mamikonian qui a dépassé le million depuis bien longtemps ? cela ne doit-être que des adultes qui les lisent, il n'y a pas d'autres explications…) et 2) Natacha Polony conçoit que, bon d'accord parfois les ados lisent, mais « Passée l'adolescence, ces jeunes ne lisent plus, ou restent à jamais figés dans la distraction régressive de l'« heroïc fantasy ». Mais les livres qui leur parlent de l'Homme, de la société, du réel, ils ne les ouvriront jamais. »

Pas faux ! D'ailleurs L'École des Loisirs et les éditions Thierry Magnier ont fermé leurs portes depuis longtemps ! Bref…

Revenons au Prix Gulli qui depuis trois années médiatise chaque année la littérature jeunesse, c'est bien et nous en sommes ravis. 
Maintenant, nous attendons impatiemment une émission quotidienne dont le sujet serait uniquement la littérature jeunesse et ado sous toutes ses formes… (Responsables de médias, télé comme radio, l'auteur de ces quelques lignes attend vos propositions)

Quels sont les romans qui auront la chance, le 3 juin 2014 de remporter ce prix ?  

14-14 - Silène EDGAR et Paul BEORN – Castelmore

Adrien vit en 2014. Hadrien, lui, en 1914. Au fil de leur correspondance, se crée un véritable lien
d'amitié nourri des mêmes préoccupations : la famille, l'école, les filles... Ils réalisent alors à quelques
kilomètres seulement de distance, que c'est un siècle entier qui les séparent. Tout ça tient de la
magie. Et la première guerre mondiale qui approche… Hadrien serait-il en danger ?

Ce cahier est pour toi - Valérie DAYRE - La Joie de Lire

La famille de Granninoushka, la grand-mère de Gaspard, pense qu'elle perd la tête. Placée contre son
gré dans une maison de retraite, elle tient un carnet de bord qu'elle destine à son petit-fils, la seule
personne en qui elle ait encore confiance. Elle y raconte son quotidien et ses rencontres avec un petit
garçon, dans une maison au fond du parc que personne ne voit, à part elle… Mais y a-t-il vraiment une
maison au fond du parc ?

Chat Noir : Tome 1, le secret de la Tour Montfrayeur-Yann DARKO–Gallimard Jeunesse

Il s'appelle Chat Noir, sa tête est mise à prix et il oscille, dans le coeur des habitants des Deux-
Brumes, entre le bandit au grand coeur et le cruel meurtrier. Sasha, lui, s'en moque car Il ne pense
qu'à une chose : conquérir le coeur de la belle aristocrate Phélina. Et si devenir Vicomte en
récompense de la capture de Chat Noir était LA solution ? Cette funeste décision va entrainer le
jeune homme et son ami Cagouille bien au-delà de ce qu'ils pouvaient imaginer, et des apparences,
dangereusement trompeuses….

Courir avec des ailes de géant - Hélène MONTARDE – Rageot

Tous les jours ou presque depuis ses 8 ans, à Sydney où sa famille s'est installée, Glenn court avec
son père. Une passion qu'ils partagent et qui entretient entre eux une précieuse complicité. Mais
quand son père meurt brutalement dans un accident d'avion, tout est bouleversé. Glenn rentre en
France avec sa mère et ses frères et la seule chose qui arrive encore à le relier à ce père disparu,
c'est de continuer à courir, pour lui.

La Malédiction de la Pierre de Lune : Tome 1 - Catherine CUENCA – Gulf Stream Editeur

Avril 1478, Florence. Carla, 15 ans, vit chez son oncle Savino Ricci, maître tailleur. Passionnée de
peinture, elle doit pourtant exercer son art en cachette car son avenir, tout tracé, est celui d'une
épouse soumise et dévouée. L'achat d'une Pierre de Lune ensorcelée va changer son destin.

Tous de très bons livres et même si parfois certains frôlent le fantastique – fantasy, nous espérons qu'ils plairont tous à Natacha !

Bien entendu, nous serons au rendez-vous pour suivre la remise de prix…

Léon n’est pas bien grand depuis son mètre soixante-six. Contrairement à sa tendre épouse, Solange, qui appartiendrait plutôt à la catégorie nageuse est-allemande… Mais l’amour est aveugle, et les tourtereaux roucoulent vers des lendemains qui chantent, au grand dam de la famille de Solange. Elle file d’une riche famille devient chirurgien dentiste, Léon s’orientera vers l’oto-rhyno-laryntologie. Peu après leur épousailles, Mère Nature pourvoyant aux besoins de ses enfants, eut tôt fait de récompenser avec grâce les efforts du jeune couple dans leur tentative de repeupler le pays. D’autant que madame se montre gourmande à ce sujet. Ainsi né Baptiste, héritier premier-né de la fratrie.

Or, par un beau matin, où Léon s’en allait gagner le cabinet médical d’ornytho, non pardon, d’oto-rhino-laryngologie il se rend compte en enfilant sa veste d’une mauvaise plaisanterie. Les manches dépassent sur ses poignets, il nage dans ses chaussures, jusqu’au pantalon qui lui donne des airs bouffants. N’osant soupçonner sa femme, il feint l’indifférence, mais les faits, irrévocables, l’accablent, justement : il a rétréci. De 39 centimètres, précisément.

Drame affreux ! Facétie de Dame Nature ! Ironie tragique d’un destin mesquin ! Comment éduquer un enfant pour un père qui perd (hou hou…) de sa stature ? L’amour de Solange, faisant fi des racontars et des mauvaises langues donnera-t-il la force à Léon de surmonter ce handicap ? Bien sûr, car l’amour soulève des montagnes, c’est connu. Qui plus est, le géniteur, dans son malheur, dispose toujours de l’organe reproducteur, qui soudain acquiert des dimensions étonnantes ! Et le couple de roucouler de nouveau.
Et à force de roucouler, on en finit bien par procréer. Voilà donc qu’un second bambin surgit. Ô merveille dans la maisonnée qu’un enfantement ! Et pour l’occasion, Léon ne se sentant plus de joie… perd de nouveau 39 centimètres. Le médecin Doublevou, consulté pour l’occasion en reste comme deux ronds de flan : la médecine assiste, impuissante, au rétrécissement dudit mari. Singulière et étrange Mère Nature. Surtout que le premier minot a grandi et menace désormais l’autorité paternelle, bafouée et conspuée, tendant traquenard sur pièges, humiliant et insultant cet homme incapable de garder sa place. Alors que son organe, lui…

Et c’est justement cet organe fautif qui, dans un accomplissement du devoir conjugal, ensemence de nouveau Solange. Le mal est fait, et la dame se retrouve sur le point d’accoucher de jumeaux. Doublevou qui a fait le rapprochement entre les naissances et la réduction de Léon tente de prévenir, mais en vain. Les jumeaux viennent au monde – sacré mastodonte, puisqu’aucun des enfants ne pèsera moins de 4,5 kg – tandis que leur père, décidément inconstant se réduit, se réduit, jusqu’à ne mesurer que 10 cm. Refaites le calcul, mais je crois qu’on tombe juste.

Question existentielle, donc : est-ce que seule la taille compte ? Eh bien… non. Ce petit livre, dans la veine des déformations et des précédents ouvrages de Pascal. Et l’on ne s’y trompera pas : ce conte quasi philosophique, mais le caractère pesant des ouvrages de Voltaire amuse, distrait et se lit comme qui rigole. Surtout qu’on ne manque pas de sourire au fil des pages, lorsque le mari réduit comme peau de chagrin s’adapte à son nouvel environnement : meubles, couloirs, nourriture, ce gigantisme qui s’exacerbe autour de lui transforme sa vie en une lutte quotidienne.

Si l’œil avisé se penchera sur la place de l’homme, et du mari, finalement remplacé par un autre prétendant qui engrossera la Solange et dont l’avenir nous dirait s’il est pareillement frappé par la malédiction, le dilettante feuillètera cette aventure rocambolesque avec bienveillance. Le style fluide, malgré une ou deux pages que j’ai sautées (ben oui, mais j’ai le droit…), la légèreté du propos alliée au cocasse des situations… Mon petit mari virevolte entre humour et drame familial, en évitant toujours les écueils. On se prend d’affection pour les malheurs du Minuscule, qui regardera sa chatte Fanfreluche comme un prédateur avide et là, partira à l’escalade des formes généreuses de sa femme, pour aboutir dans sa « petite » culotte taille 44… SI la cruauté des enfants exaspèrera, le courage de Léon la balance, sans en sortir indemne cependant.

Reclus dans son propre appartement, à la merci de ces monstres colossaux qui ne manqueront pas de (tenter de) le faire disparaître, parcourant les immensités du salon en voiture électrique ou en biplan à essence, tous deux miniatures, Léon va endurer les plus injustes de situations, essuyer les volées de bois vert les plus frustrantes, pour comprendre que l’on ne s’accroche pas sans dépérir à ce que l’on fut auparavant. Peut-être est-ce là un défaut à noter d’ailleurs : on se lasse, malgré le rythme du récit, de temps à autre. Les turpitudes de Léon manquent du regard de sa famille, trop concentré que le narrateur est à nous peindre les outrages subis. M’enfin…. On trouvera plus à redire sur la fin elle-même du livre, un peu facile, un peu trop rapide : quelque chose ne va pas trop.

Conte philosophique sur l’existence et l’appartenance, réflexion portant sur le rôle du père… On pourrait tourner autour du pot pour décrire l’autoflagellation perpétuelle de ce Microbe perdu au pays des géants ou les vagues d’humiliations prodiguées par une femme anciennement aimante, devenue castratrice. Faut-il lire entre les lignes pour que le mythe à la peau dure de l’enfant roi jaillisse ? Inexorablement, Mon petit mari bouscule, sans faire tomber. A rapprocher pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de le lire Le Divin enfant. L’histoire d’un fœtus qui ne veut plus sortir et croît à l’intérieur même de sa mère.