Recherche

Dubillard

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

Europe N° 1065-1066, Janvier-Février 2018 : Roland Dubillard ; Arthur Adamov

Ecrivain, dramaturge et comédien, Roland Dubillard (1923-2011) a tout fait pour refuser les étiquettes, déjouer les attentes, en créant un ensemble d'oeuvres qui se ressemblent le moins possible, en expérimentant une multiplicité de genres : théâtre, poésie, nouvelle, fable, récit, méditation, pièce en vers, pièce pour enfants, chanson, cinéma... Comme sur l'île de Robinson, il n'existe pas de colline d'où l'on pourrait embrasser du regard tout Dubillard On l'a classé d'office parmi les inclassables, les dingues du nonsense, mais si la créativité verbale et l'humour semblent jaillir spontanément de sa plume, cet écrivain n'en fut pas moins un travailleur opiniâtre, chacun de ses livres exigeant un processus de maturation prolongé. La poésie fut la matrice de son oeuvre protéiforme et lorsqu'il récitait l'un de ses poèmes, il suffisait d'écouter le phrasé si particulier et les intonations subtiles de sa voix pour s'en rendre compte : chez lui, le comique le plus irrésistible et l'émotion la plus profonde sont intimement liés. De même, sa façon de jouer était en adéquation parfaite avec sa façon d'écrire - rêveuse, imprévisible, mais d'une précision toute musicale. Au-delà même de ses illustres Diablogues et de ses quatre pièces majeures - Naïves hirondelles, Le Jardin aux betteraves, La Maison d'os et "...Où boivent les vaches" - ce cahier d'Europe nous invite à explorer l'archipel Dubillard et son univers si riche et singulier. Arthur Adamov. De novembre 1950, où furent créées à quelques jours d'intervalle La Grande et la Petite Manoeuvre et L'Invasion, à sa mort en 1970, puis de sa disparition jusqu'à aujourd'hui, Arthur Adamov n'a toujours pas pris au théâtre la place qui lui revient ni vaincu cette "sotte petite conspiration du silence" qu'Artaud dénonçait en 1946, à la sortie de L'Aveu, premier texte de son ami Adamov. De quel vice secret faut-il que cette oeuvre soit frappée ? Quel malentendu a pu se développer au fil des années entre Adamov et l'époque ? Avec Beckett, et dans le sillage de Strindberg et d'Artaud il est pourtant l'un des principaux inventeurs d'une dramaturgie éminemment moderne, une dramaturgie de la littéralité dont l'énigme s'inscrit dans le corps même des personnages, dans la matière même du théâtre. Il est grand temps de repenser aujourd'hui l'oeuvre d'Adamov et de la réévaluer. Le réexamen de sa dramaturgie puissamment subjective, mais qui sait prendre en change - et objectiver - les destinées collectives, pourrait inciter à proclamer l'actualité de cet auteur et l'impérieuse nécessité de sa présence "ici et maintenant".

01/2018

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Olga ma vache. Les campements ; Confessions d'un fumeur de tabac français

Roland Dubillard, de son inimitable démarche d'humoriste lugubre, de funambule métaphysique, explore, dans ce livre, le domaine de la nouvelle. Olga ma vache est l'histoire de la violente passion qu'un ruminant inspire à son propriétaire. Cet étrange amour plonge cet homme dans les situations les plus invraisemblables qui sont vécues avec une intensité et une fantaisie désespérées. Un long monologue poétique, Les Campements, célèbre l'instable, les harmonies passagères, la destruction permanente, l'absurde. Enfin Confessions d'un fumeur de tabac français, journal de la dérision d'une désintoxication ratée, sert de prétexte à parler avec légèreté de l'écriture, de l'amour qui se consume, de l'inconsistance de la vie qui passe. Dans ces nouvelles, comme dans son oeuvre théâtrale, on entend la voix de Dubillard, une voix comique, au sens le plus fort.

06/1993

ActuaLitté

Critique littéraire

Carnets en marge

"Ce journal pose un problème que je ne puis guère résoudre maintenant, écrit Roland Dubillard. J'arrive à proférer les idées les plus intelligentes (selon moi) et les plus sérieuses comme des plaisanteries irrésistiblement stupides." Il nous permet en tout cas de vivre dans la familiarité de l'étrange génie qui a écrit au théâtre Naïves hirondelles et La maison d'os. Pendant cinquante ans, dans ces Carnets en marge, Dubillard a noté ses réflexions, des poèmes, des contes, des projets, des choses vues. C'est un mélange tout à fait personnel d'extrême intelligence, d'imagination burlesque, d'humour et de sens de l'absurde. Qui d'autre que Roland Dubillard sait faire tenir en trois lignes à la fois un roman, une philosophie et une morale ? "Je ne vous reproche pas d'être fidèle à votre mari. Ne me reprochez pas d'être un ivrogne. Nous tenons tous les deux à notre passion que nous avons choisie dans un lot de passions sans valeur." A chaque coin de page, la pensée, le bien, le mal, l'amour, la mort, la vérité et son contraire s'entrechoquent, sont retournés comme des gants. Puis soudain perce une confession douloureuse, comme au moment de la mort tragique de l'actrice Nicole Ladmiral : "On t'a eue. On m'a employé à t'avoir." Et comment dire mieux le mystère de l'existence que par cette boutade qui mérite d'être longuement méditée : "Je suis entré dans le monde pour le rendre provisoire."

10/1998

ActuaLitté

Théâtre

Madame fait ce qu'elle dit

"Je suis un handicapé de naissance. Madame est une tentative pour élucider mon histoire personnelle dans un monde hostile, un essai pour exister encore après mon accident vasculaire cérébral", Roland Dubillard.

03/2008

ActuaLitté

Théâtre

Les diablogues. Et autres inventions à deux voix

Si Camille me voyait, Naïves hirondelles, La maison d'os, Le jardin aux betteraves, Les crabes, Où boivent les vaches, Le bain de vapeur - autant de pièces qui ne se ressemblent entre elles que le moins possible. Roland Dubillard n'aime pas se répéter. Elles ont toutefois en commun ce mélange d'humour, d'émotion, de surprise dans l'invention poétique et dramatique, qui fait de leur auteur un des plus représentatifs du théâtre d'aujourd'hui. On trouvera ici un ensemble facile à lire, de courtes scènes à deux, dont la seule prétention est de faire rire sans bêtise. Ecrites pour le théâtre, le cabaret ou la radio, Roland Dubillard leur a accordé le même soin qu'à ses oeuvres de plus d'ampleur. Le même sourire intérieur nous y attend, qui ne demande qu'à être partagé.

11/1998

ActuaLitté

Littérature française

Naïves hirondelles. Comédie en 3 actes, [Paris, Théâtre de poche, 16 octobre 1961

Naïves hirondelles décrit un monde absurde, à la logique imperturbable et détraquée (comme dans Les Diablogues). C'est une pièce ambitieuse, dont les grands thèmes sont l'impossibilité de communiquer, ou même de parler, la difficulté d'être, l'absence au monde. La pièce date de 1961, son titre désigne une ritournelle.L'histoire ne se laisse guère résumer : chez deux vieux garçons abouliques débarque une pauvre orpheline qui cherche du travail comme modiste. Une chapelière la protégera. La lutte avec les objets, les dialogues fantaisistes, une tarte au fromage qui n'en finit pas de cuire, un vase en porcelaine qui n'en finit pas d'être reconstitué à partir de débris (achetés parce que la vaissele cassée coûte moins cher que l'autre) sont quelques-uns des éléments qui font le comique de la pièce, et son charme mélancolique. On pense à Queneau, à Prévert, à la peinture de Magritte. Raymond Devos se souviendra de cet art exquis.

09/1962

Tous les articles

ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté