Elise Fontenaille-N'Diaye

Ulysse a 15 ans et veut mourir. C'était son grand père, avec lequel il était très lié, qui l'élevait jusque là. Mais le vieil homme décède brutalement, et Ulysse se voit contraint d'emménager chez son père, un homme avec lequel il n'a jamais eu de contact. Le jeune ado se sent incapable de se faire à cette vie, entre un père toujours absent et une belle-mère pour le moins antipathique. Le jour où cette dernière écrase son chat, Ulysse comprend que ce n'est plus possible. Il passe ses nuits sur le forum « Le soleil et la mort », en compagnie d'autres ados aux envies suicidaires. Ils sont quatre surtout, les fidèles du forum, chacun avec une histoire difficile voire sordide, à vouloir mettre fin à leur jour. Menés par le charismatique Vlad, le webmaster manipulateur, ils décident de passer enfin à l'acte, à Pâques, sur une petite île déserte.

Ulysse, le narrateur, emprunte le style concis et percutant cher à , et fait du Soleil et la mort (le titre vient de la citation de la Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face ») un roman dérangeant, inquiétant, mais jamais morbide. Le lecteur est bousculé, il a mal en même temps que ces jeunes qui ont oublié que l'espoir existait, que tout pouvait changer. Le suicide chez les adolescents n'est pas un sujet facile à traiter, mais Elise Fontenaille s'en sort à merveille et a écrit un récit très fort, poignant, et dans lequel c'est finalement la vie qui l'emporte. Une réussite, comme toujours.

« Je trouve cette France-là [NdR : celle de Sarkozy] monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l’écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants – ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d’être étranger à ça.

Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j’ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. »

Faut dire qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, la récente Goncourtisée, Marie N'Diaye, dans une interview donnée aux Inrocks.

Mais bilan des courses, elle a froissé les sensibles oreilles du député français et UMP Éric Raoult, qui n'a pas trouvé mieux pour fayotter auprès du président que d'écrire au ministre de la Culture, dévoilaient nos confrères de BibliObs.

Rama Yade, sors de ce corps !

Et que souhaite-t-il ce brave député de Seine-Saint-Denis ? Qu'on rappelle à l'ordre cette Rama Yade de la littérature, qui parle un peu trop fort et ne prend pas le temps de réfléchir à l'identité nationale avant de donner un avis qu'impunément elle donne alors qu'on lui demande. Quelle insolence !

Éric Raoult attire l'attention « sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. » Et attendu qu'elle en a été gratifiée, Marie, bien que domiciliée Berlin, il serait bon qu'elle n'emploie pas ce registre de langue.

Suite de la lettre adressée au ministre, toujours de la main du député UMP :

Et de remettre le couvert sur le devoir de réserve que les lauréats doivent respecter, lequel irait alors « dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité ». Et de demander au ministre de donner son point de vue, ce que l'impudent ne manquera probablement pas de faire... On croit tout de même rêver.

Devoir de réserve et de tourner sa langue dans sa bouche

Beigbeder qui gagne un Renaudot en crachant sa bile d'un procureur qui l'aurait maintenu à l'ombre quelques heures, lui aussi pourrait recevoir un blâme ?

D'ailleurs, s'il a fait un tour en prison, c'est bien pour avoir tapé de la coke sur un capot de voiture, non ? Et qui encore, va devoir se taire pour respecter la réserve des écrivains. Mais M. Raoult fait fausse route : l'identité française est en partie dans cette contestation ! Doit-on encourager des Yasmina Reza et faire que tous les romanciers ne nous pondent que des torchons du genre L'aube le soir ou la nuit, bien respectueux de la Sarkozycité ?

Dédicaces - Mercredi 6 novembre 2013 à 16h30 - A la librairie

L’équipe Millepages Jeunesse et les éditions Les Fourmis Rouges ont le plaisir de vous inviter à rencontrer en dédicace l’auteur-illustratrice , à l’occasion de la parution de son nouvel album jeunesse Dans l’ensemble !

Racisme primaire de la part du député Éric Raoult ? En mettant dans le même panier Thuram, Noah et Marie N'Diaye, il évoque en effet « trois antisarkozystes notoires… certes, mais leur point commun c’est, bien sur, qu’ils sont tous les trois noirs », analyse avec justesse (et avec nous) Thomas Legrand. « Éric Raoult fait donc une sorte d’analyse et de comparatif de la pensée des célébrités noires sur le Sarkozysme. En plein débat sur l’identité nationale, ça plaide plutôt pour l’instauration d’un devoir de cervelle pour les députés de la République. »

Pour la Maison des écrivains et de la littérature, « le devoir de réserve » qu'invoquait originellement le député UMP n'a rien de censé, car « même au sens purement moral de l’expression, révèle dans quel mépris une partie non négligeable de la classe politique actuelle tient tout ce qui, en France, écrivains, philosophes, enseignants, chercheurs, touche à la pensée ».

Bon, si la MEL retarde un peu, parce que depuis, devoir de réserve est devenu « principe de modération », le fonds du problème reste le même à l'égard des intellectuels, puisque « la servilité serait la seule condition qui peut les rendre tolérables, même s’ils exercent leur art en toute indépendance, comme c’est le cas de Marie N’Diaye ». (pas tout à fait cependant)

N'Diaye dans la lignée de Voltaire

Ainsi la Maison souhaite apporter et témoigner un soutien énergique (plus que celui de l'éditeur) à l'égard de la romancière, tout en précisant que le mauvais service rendu à la France par les écrivains serait justement de ne pas exprimer publiquement « leurs inquiétudes, leurs préoccupations, leurs désaccords ». Et de préciser que la désapprobation du gouvernement de son pays représente « la liberté démocratique la plus élémentaire ». Et d'évoquer Voltaire, Chateaubriand, Hugo, Gide ou Sartre, qui en furent de dignes exemples. C'est peut-être placer un peu haut Marie N'Diaye, mais enfin, on comprend l'idée.

« Il est inquiétant qu’un député, un élu de la République, puisse en arriver à l’oublier simplement parce que tels ou tels propos lui déplaisent », précise la MEL. Et de conclure qu'il vaudrait mieux répondre plutôt que de vouloir museler : « Cela exigerait de s’aventurer sur le terrain des mots, du débat et de l’analyse, qu’elle maîtrise au plus haut point : serait-ce cela qui fait peur ? »

est auteure-illustratrice. Elle travaille régulièrement avec Cécile Roumiguière, Annie Agopian, Franck Prévot,  Seymourina Cruse, Régis Lejonc… Ses images donnent une vision très particulière de l'histoire que raconte le texte. Elles dévoilent tous les à-côtés, les détails auxquels on ne pense jamais. Ses images racontent des histoires et peuvent être aussi purement décoratives !

Carole Chaix regarde loin pour voir à travers les choses. C'est parce que, comme elle le dit, elle vient du volume.

© Carole Chaix / Val de Lire

Elle aime montrer et partager son travail, nous en dévoiler les mécaniques.

L'exposition OBJET (S) est une « carte blanche à Carole Chaix : Originaux, affiches, grands formats, carnets, créations inédites, reconstitution de l'atelier de l'artiste, esquisses, projets à venir, affiche détournée… Une installation originale créée pour l'occasion à découvrir absolument ! »

Elle a lieu du 2 au 27 mars 2016 à l'église St-Étienne à Beaugency dans le cadre du 31e Salon du Livre Jeunesse de Beaugency et Saint-Laurent-Nouan.

C'est une exposition à ne pas manquer si vous aimez l'artiste !

lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h

les samedis et dimanches de 10h à 12h30 et de 14h à 18h.

Vernissage dessiné le mercredi 9 mars à 18h30 sur le lieu de l'exposition.

Renseignements association Val de Lire 02 38 44 75 66