Ennemis jurés. Tome 1, Mon insupportable coloc

On vous aime. Si. Je vous promets. Ne croyez pas le contraire. Et ce n'est pas parce que l'on va tenter de vous traumatiser que l'on vous ment en disant ça. Du tout. C'est simplement parce que depuis une fresque racontant comment éduquer un enfant, nous avons compris que les traumatismes forment les esprits.

Maintenant, montez un peu le son de votre ordinateur. Pas trop fort non plus. Installez-vous confortablement. Vous allez partager une expérience rare. Un peu à la manière de ce qu'Alex DeLarge, alias Malcolm McDowell a pu vivre dans Orange Mécanique.

Mais souvenez-vous. On vous aime. Très fort. Mais on vous met au défi de tenir toute la vidéo sans accélérer...

Cette histoire a un peu la tonalité des romans ou de , se veut moins féroce que le précédent roman mais n'enthousiasme pas avec la même force au final et laisse le lecteur désappointé, pas vraiment convaincu, hésitant trop souvent entre agacement et émotion, ennui et divertissement.

Un roman inégal donc, parfois sensible, parfois mièvre où les personnages, pourtant tous attachants mais sans réelle profondeur, ne séduisent pas intensément et laissent le lecteur à distance.

Et pourtant, c'est une histoire contemporaine, dans l'air du temps, à la fois banale et proche, mais à laquelle il manque comme un brin d'authenticité, de naturel pour pouvoir y adhérer sans modération.

Dans un immeuble d'un quartier populaire de Toulouse, cohabitent trois jeunes gens. Claire, violoncelliste timorée et fragile, empreinte d'une douce bienveillance à l'égard de ses colocataires et voisins, indécise, pleine de doutes et de culpabilité. Juliette, employée dans un EPHAD, orpheline et assez désabusée et Kader, jeune ouvrier du bâtiment tunisien, amoureux  (sans retour) de Juliette.

" Le mélange est réussi, bancal mais chaleureux."

Une vie ensemble pour tenter d'échapper à une solitude et une précarité éprouvantes, retrouver une sorte de famille et s'épauler à tour de rôle, atténuer les souffrances intimes.

L'arrivée de Tisha, jeune femme farouche, meurtrie mais combattante et la rencontre avec Monsieur Bréhel, vieux voisin esseulé ("une tête de chien crevé") vont confronter cette jeunesse à une réalité difficile, parfois sordide, rude et violente, portée par le chagrin et la douleur, mais toujours contrebalancée par une grande tendresse, de la solidarité et de l'espoir,  de l'amour aussi.

Une jeunesse en construction qui prend son envol, croit encore à la liberté et à une société plus juste, plus humaine, moins individualiste et  plus soucieuse de l'autre, intergénérationnelle.

Un style assez vivant, des dialogues alertes, dans une ambiance bien actuelle (par exemple, citations de Fauve, Mansfield TYA mises en exergue des différentes parties qui découpent le roman), où les révoltes populaires des pays arabes, l'aspiration à un autre mode de vie (Kora au Népal, projet de structures d'accueil capables d'accueillir jeunes et vieux ensemble, éco-villages, le mouvement Colibris, initié par Pierre Rabhi…) imprègnent le récit, orientent sans doute le point de vue de l'auteur (mais sans insistance); semblent vouloir délivrer un message d'une autre société, plus humaine, plus tolérante et solidaire que financière et capitaliste. Intéressant forcément mais peut être abordé dans cette histoire d'une manière un peu factice, inaboutie et peu crédible qui laisse le lecteur perplexe et légèrement insatisfait.

Par contre, à l'instar de "Le vase où meurt cette verveine", son précédent roman,  Frédérique Martin excelle dans l'art de décrire la vieillesse,  l'ambiance des maisons de retraite ("odeurs de bave et de soupe industrielle"). C'est souvent cynique et cruel mais d'une justesse implacable.

Magical Janken Pon tome 1 de Philippe Cardona est un manfra édité par Kami dans sa collection Yoma. L'auteur de ce titre est le coauteur de l'inoubliable et hilarant Sentaï School. Avec Magical Janken Pon, Philippe Cardona reste dans l'univers des super héros de type manga mais cette fois-ci on n'est plus dans le burlesque et la parodie comme c'était le cas avec Sentaï School.

Pol Lux est un collégien comme les autres qui vit dans une belle ville du sud de la France. Comme les autres... en fait, non, pas vraiment. Il est très sensible aux lumières intenses (comme celle du soleil) ou au changement de lumière. Il est donc obligé de ne pas trop s'exposer au soleil et de porter des lunettes. Bien évidemment, il est souvent la cible des railleries de ses camarades, en particulier de Cooba, le beau gosse du collège. (On notera au passage le jeu sur le nom du personage principal. Lux signifie la lumière en latin, et Pollux est le frère jumeaux de Castor. Ils représentent les jeunes en âge de se battre. Dans l'Iliade d'Homère, Pollux est surnommé le boxeur. Par contre peu de chance qu'il y ait un rapport avec le Pollux du Manège enchanté)

Pol aurait pu passer sa vie ainsi tranquillement à l'abri du soleil et de ses camarades mais voilà qu'une nouvelle élève arrive dans sa classe. Caroline Tortue ou carotte est une petite rouquine pleine de pêche et qui n'a pas pour habitude de se laisser marcher sur les pieds. Rejeté elle aussi par les élèves populaires de la classe, elle se prend d'amitié pour Pol. Bousculant le train de vie de ce dernier, elle l'oblige à se débarrasser de son apathie de « crabe dépressif ». Un jour, elle le pousse à découvrir une pièce secrète dans sa propre maison. Dans cette pièce Pol fera la lumière sur ses origines mais se trouvera aussi confronté à un avenir pour le moins inattendu : celui de super héros.

Finesse, densité, originalité et humour

Encore une fois, il va nous falloir saluer le talent de cet auteur français. On a pu le découvrir aux côtés de Florence Torta avec un titre que tous les otaku français se doivent de posséder, Sentaï School. Ici, il développe une histoire plus sérieuse mais sans se départir de son humour et toujours avec quelques clins d'oeil à d'autres séries. L'allusion la plus évidente est celle faite à Wingman de Masakazu Katsura. En effet, non seulement le charac-design est proche mais le côté gaffeurs et empoté des personnages principaux de ces deux titres renforce cette ressemblance. Pour autant Magical Janken Pon n'est pas une parodie ou un plagiat de Wingman. Cela fait partie du génie de Philippe Cardona, se rapprocher d'un titre connu et créer à partir de cette simple allusion un univers complètement différent, original drôle et bien structuré.

On se laisse vite happer par l'histoire et sans s'en rendre compte on dévore les pages. Le suspens est habillement distillé, et les éléments de l'intrigue générale sont amenés finement. Scènes de combats et moments de bravoure alternent avec justesse avec des moments où l'humour est roi. La psychologie des personnages est, elle aussi, bien traitée. L'auteur s'amuse à nous présenter des personnages d'une certaine manière et les fait évoluer dès ce tome vers autre chose. On a l'impression d'être en face de personnages presque réels et on sent qu'ils pourraient nous surprendre à chaque page. Et le grand point positif c'est que ce premier tome est dense et pour une fois on n'a pas l'impression que la fin est arrivée trop vite, même si évidemment quand on aime ce n'est jamais assez.

De la maîtrise à tous les niveaux

Au niveau des dessins, là encore c'est une belle réussite. Le trait est bien maîtrisé, les arrières-plans et décors sont bien fournis et fourmillent de détails, le charac-design est particulièrement bien travaillé et les scènes de combats sont claires, efficaces et originales.

Magical Janken Pon pourrait bien se placer en référence dans le petit monde du manfra où l'on pouvait déjà trouver un autre titre de Philippe Cardona, Sentaï School. À vrai dire ces titres sont des bons points de départ pour découvrir ce que les auteurs français peuvent faire quand ils s'inspirent des manga. Et puis pourquoi se cantonner au monde des manfra ? Magical Janken Pon est un excellent titre qui ravira aisément les amateurs de manga et pourrait convertir ceux qui ne connaissent pas encore ce type de bande dessinée.

Magical Janken Pon tome 1 de Philippe Cardona est édité par Kami dans sa collection Yoma. Vous pourrez vous procurer ces 160 pages de bonheur pour 7,95 €. Le tome 2 de Magical Janken Pon devrait sortir le 27 mai.

Le webtoon français qui rassemble déjà plus de 6 millions de vues fait finalement son entrée en librairie. Colossale, c’est l’histoire de Jade jeune aristocrate française qui a bien du mal à se plier aux obligations que son statut lui impose.

Fan de musculation, elle est loin des rêves de princesses et de mariages que sa mère échafaude pour elle.

Pour autant, c’est bien sur ses épaules musclées que repose l’avenir de son nom, c’est pourquoi elle doit tout faire pour ne pas ternir son image et que son secret soit bien gardé. De rallyes mondains en activités réservées aux jeunes femmes de son rang, la vie de Jade n’est pas de tout repos.

Romance féministe, drôle et engagée qui associe sans mal musculation et aristocratie, le récit vient remettre en cause les apparences, les stéréotypes de genre et les codes de la société le tout avec un texte pêchu et plein d’humour.

Le premier tome réunit une dizaine d’épisodes avec en prime un programme de musculation pour débutant et une interview des autrices. Avec un trait fluide, dynamique et très expressif pour Diane Truc au dessin et Rutile au scénario d’une rare fraîcheur, le duo est en passe de séduire plus d’un lecteur !

Ancienne judokate, Kokoro trouve son premier emploi chez un éditeur de mangas. La voilà membre de la rédaction du magazine de prépublication "Vibes". Un milieu intense où on est sans cesse débordé, où il faut se plier aux exigences des mangakas et ne jamais perdre de vue sa passion première.

La série Réimp'! (5 tomes parus) nous plonge au cœur du monde de l'édition du manga au Japon. C'est l'occasion d'en apprendre beaucoup sur ce qui se passe en coulisse, mais Réimp' est aussi une série riche en émotions, pleine de rebondissements et de personnages attachants. Chaque volume est complété par une interview de professionnels français du manga.

Une magnifique série pour vibrer et tout savoir sur l'édition de mangas.

Tout juste lauréat du Prix Fauve patrimoine du festival d’Angoulême, Hisashi Sakaguchi renaît avec une nouvelle édition de son Ikkyu, parue en France pour la première fois en 1996.

Élève du grand maître Osamu Tezuka, papa d’Astro boy, Sakaguchi meurt en 1995 alors qu’il venait de finaliser la couverture du dernier Ikkyu. 

Ikkyu reprend l’histoire d’un célèbre moine japonais du XVe siècle. Les 4 tomes, selon l’édition Revival, retracent la vie entière de ce personnage anticonformiste.

Le premier album, sorti ce 15 février, narre l’enfance du héros, fils illégitime d'un empereur, et de son chemin vers le bouddhisme zen.

Houlàlà, celui-ci je l'ai aimé très très fort ! Premier volet d'un diptyque fantastique, dans tous les sens du terme !

Ce titre porte le label Comics mais si vous pensez être hermétique au genre ne vous y trompez pas, Urban l'a édité en grand format, le démocratisant à tous types de lecteurs, avec un dessin souvent incroyable, un récit extrêmement original et addictif, et des cumuls d'idées ingénieuses pour exploiter de la façon la plus complète ce que ce format de lecture permet ! C'est en fait juste génial !

Et, cerise sur le gâteau, ce beau livre de plus de 180 pages est à seulement (ça aussi c'est fantastique) 15 € !!!

Et toi, tu la vois comment la fin du monde ?

Cette série est un gros coup de coeur : que de la bonne humeur, du mignon et du positif. De l'inclusivité qui fait chaud au cœur et de la gentillesse universelle.

On suit une mère au foyer japonaise qui se rend compte que son fils lycéen est gay... Elle s'amuse de tous les petits indices qu'il laisse par accident, essaie de lui montrer que son coming out serait accepté, et espère qu'il arrivera à conclure avec son crush...

L'auteur est lui-même gay et il explique dans la postface qu'il dessine le cadre idéal dans lequel il aurait voulu évoluer quand il était ado ! Suite au succès de la série, il a lui-même fait son coming out à sa mère.

Prison de Molène, un hélicoptère militaire décolle. À son bord, Seth, un criminel  extrêmement dangereux, solidement ligoté dans une coquille, surveillé par le policier Luther et son équipe. Cette mission, ordonnée par le gouvernement français, a pour objectif de l'évacuer de l'île pénitentiaire où sévit une violente tempête. Quand le tableau de bord explose et que le pilote perd le contrôle des commandes, le monde pénitentiaire perd celui de Seth…

Dans la mythologie égyptienne, le dieu Seth est le grain empoisonné qui enraye l'harmonie du monde. Il est jaloux, colérique et manipulateur. Il est le dieu du Chaos. Dans , le personnage est de la même (et pire) espèce : caractériel, haineux, assoiffé de sang et de mort. Ambitieux et maléfique, il n'a qu'un but : la destruction du monde. Luther, le seul policier qui avait réussi à le mettre sous les verrous, se remet à le pourchasser malgré les multiples travestissements derrière lesquels se cache ce redoutable caméléon. Les choses se compliquent quand un autre assassin se met à tuer en son nom. Pour Seth qui enrage contre cette usurpation. Mais aussi pour la police qui ne sait plus qui poursuivre… Voilà, en quelques mots, pour le Tome 1.

Le Tome 2, Le don des larmes, qui vient à peine de paraître, reprend le récit haletant de la poursuite de l'insaisissable Seth qui, cette fois, prend les traits humains d'un père qui ne renonce pourtant pas à faire sauter le monde … Mais de qui ce monstre peut-il bien être le père…

La première scène happe le lecteur: un avion explose pour ne laisser qu'un seul véritable survivant. Ce survivant, c'est nous. Alors, attention, sachez que la lecture de ce roman n'est pas anodine ! Le livre n'est plus entre vos mains, mais il est toujours dans votre tête… Nous nous sommes surpris à nous poser les mêmes questions que les personnages du roman quant à la mystérieuse personnalité de Seth, sans jamais pour autant réussir à le cerner… Le pari de Hervé Jubert est relevé : attraper le lecteur dans les filets d'un monde imaginaire, mouvementé et fascinant. Déconseillé à celles et ceux qui veulent garder les pieds sur terre.

Quand découvre qu'il est un Médicus, comme l'était son père, c'est le début d'une incroyable aventure. Initié par l'énergique Mrs Whiters, il apprend qu'il peut voyager à l'intérieur de n'importe quel corps vivant pour le soigner, et explorer les cinq incroyables univers dont nous sommes composés. Hélas, il n'a que peu de temps pour s'exercer à l'Intrusion Corporelle : le chef des Pathologus, les doubles maléfiques des Médicus, vient de s'échapper d'une prison sibérienne. Ce redoutable Prince Noir réunit ses troupes pour semer le mal et régner sur le Monde. Oscar va devoir affronter ces terribles magiciens, alors qu'il est à peine initié.

On pense forcément à Il était une fois la Vie ou au film l'Aventure Intérieure, tant la découverte de l'intérieur du corps humain est drôle et intéressante, mais à Harry Potter aussi, pour le côté jeune sorcier un peu perdu, qui doit combattre le Prince Noir.

Les aventures sont menées tambour battant, même si j'avoue une préférence pour tout ce qui se passe dans le mystérieux manoir de Cumides Circle, plutôt que dans le corps humain. Le jeune Oscar est très sympathique : c'est une tête brûlée, réfractaire à l'autorité, et qui se débat avec ses angoisses. Les personnages secondaires sont attachants (mention spéciale pour la sœur complètement à l'ouest) et les trouvailles savoureuses : j'adore Zizou, l'arbre donneur de coups de tête ou les fourmis qui veulent jouer au base-ball !

La révélation des Médicus est le premier tome d'une série de cinq.

Jun se fait juger dès qu'elle sort pour ses vêtements et son maquillage osés, mais en fait elle n'a aucune expérience romantique. Dès qu'elle voit un garçon, elle se met à fantasmer, à le voir lui sauter dessus et lui faire vivre mille délices...

Mais dans la réalité, elle fixe le vide sans rien dire. Un jour, elle se rend compte que le beau mec qu'elle a croisé à la supérette est son voisin ! Pourra-t-elle dépasser les fantasmes qui l'assaillent et lui parler ?

Une lecture plaisante qui glisse toute seule! Un manga pour rire autant de pour se laisser emporter par les fantasmes de l'héroïne...

Ce premier tome, c'est quasiment une page de Jun se ridiculisant pour une page de fantasmes, un équilibre très appréciable.

Après la série Netflix, c’est grâce au manga que je replonge dans Tokyo Ghoul, de Sui Ishida.

On sort de l’esprit manichéen qui domine parfois dans le fantastique, et l’on plonge dans les aventures de Ken Kaneki, transformé malgré lui ...