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Etiemble

Extraits

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Critique littéraire

Étiemble ou le Comparatisme militant

"Le comparatisme est en crise, constate Adrian Marino. Avec Etiemble, auquel tout cet essai rend hommage, il estime que le comparatisme peut et doit faire peau neuve."L'esprit d'Etiemble, son enseignement et ses écrits, toujours non conformistes, ouverts au monde, universalistes (lâchons le mot), le désignent comme un avant-coureur." Avec Etiemble, le comparatisme devient non seulement engagé, mais militant. Cette discipline, pleine de promesses, dont plusieurs déjà tenues, ne peut indéfiniment rester prisonnière des aléas de programmes anachroniques, timorés, poussiéreux. Comme pour Goethe la poésie, le comparatisme est aujourd'hui, plus que jamais, le "bien commun" de toutes les études littéraires parce qu'il répond par excellence aux besoins de notre époque. Il importe donc qu'il cesse d'être la propriété jalousement gardée de l'érudition universitaire. Il faut absolument qu'il propose, lui aussi, ses solutions à mainte et mainte des questions complexes, voire angoissantes, qui se posent et s'imposent par les temps qui courent." Bulletin Gallimard n° 314, avril 1982.

05/1982

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Poésie

Le roman inachevé. Préf. d'Etiembl

Ce poème s'appelle "Roman" : c'est qu'il est un roman, au sens ancien du mot, au sens des romans médiévaux ; et surtout parce que, malgré le caractère autobiographique, ce poème est plus que le récit - journal ou mémoires - de la vie de l'auteur, un roman qui en est tiré. Il faut le lire dans le contexte de l'oeuvre d'Aragon. Il s'agissait ici d'éviter les redites : on n'y trouvera pas le côté politique des Yeux et la Mémoire ou les heures de la Résistance de La Diane française ou du Musée Grévin. Le domaine privé, cette fois, l'emporte sur le domaine public. Même si nous traversons deux guerres, et le surréalisme, et bien des pays étrangers. Poème au sens des Yeux et la Mémoire, ce Roman inachevé ne pouvait être achevé justement en raison de ces redites que cela eût comporté pour l'auteur. Peut-être la nouveauté de ce livre tient-elle d'abord à la diversité des formes poétiques employées. Diversité des mètres employés qui viendra contredire une idée courante qu'on se fait de la poésie d'Aragon. Il semble que, plus que le pas donné à telle ou telle méthode d'écriture, Aragon ait voulu marquer que la poésie est d'abord langage, et que le langage, sous toutes ses formes, a droit de cité dans ce royaume sans frontières qu'on appelle la poésie. Plus que jamais, ici, l'amour tient la première place.

03/2014

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Philosophie

Le mythe de Rimbaud . Genèse du mythe 1869-1949

""Les bibliographies, d'ordinaire, ça ne se lit pas. Il m'a donc semblé piquant d'en écrire une, et de la vouloir amusante. J'ai fait en sorte qu'on pût la lire dans le bon sens, et même à rebours, à la façon d'un roman policier ; aussi, qu'on y pût jouer ainsi qu'au jeu de l'oie. Toutefois, je ne saurais trop en déconseiller l'usage à ceux qui, pour mieux servir Rimbaud, n'ont su ou n'ont voulu que desservir son culte". Qand j'écrivais ces lignes, en 1954, je me demandais si vraiment ça se lirait, une bibliographie. Ma foi, oui, puisque voici une réimpression revue et augmentée, cependant que le dernier tome du Mythe, L'Année du Centenaire, en forme lui aussi de bibliographie analytique et critique, est en cours de réimpression. On n'a donc trouvé jusqu'ici que deux moyens d'obtenir un public : le meilleur, se faire ennuyeux au possible (ce dont je voudrais bien n'être pas trop capable) ; le moins bon, être bien amusant, ce qui me paraît un peu plus méritoire, encore que moins sublime. [... ]" Etiemble.

09/1954

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Littérature française

Retours du monde

"Je ne voyagerai plus guère : le temps m'est court, et je m'aperçois un peu tard que, si j'ai donné bien des jours aux tombes thébaines, quelques-uns aux grottes de Touen-Houang, je ferais mieux maintenant d'aller voir d'un peu près, tout près de moi, cet art roman de Normandie que je connais mal, cet art roman du Poitou dont je ne connais que les images. Il est grand temps pour moi de découvrir la France. Au moment où de toute part nous voyons monter la barbarie, je me hâte de porter ce témoignage en faveur d'un humanisme, que la gauche refuse bêtement, désormais, sous prétexte que la droite longtemps le mutila. Si pourtant vous renoncez à l 'humanisme, à quoi bon l'homme ? " Etiemble

04/1969

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Littérature française

Blason d'un corps

" "Tout homme de quarante ans, toute femme de trente, s'ils ont aimé ou vécu, voyez leur corps balafré de cicatrices : les plus douloureuses, les invisibles, se cachent à l'intérieur. Au lieu de tuer son partenaire, l'amant, par maladresse, la femme, par cruauté, presque toujours se bornent à le blesser. Je m'exerce à deviner quel endroit de mon corps si vulnérable fatalement par vous souffrira : quand, comment, pourquoi frapperez-vous ? je l'ignore ; mais je sais que vous frapperez. Ainsi soit-il ! A-t-il vécu, celui qui meurt indemne ?" Ainsi pense Jean, le héros du récit, au début de sa longue passion pour Mayotte. Il sera exaucé : onze ans plus tard elle frappera en effet, mais pour se revancher d'un coup qu'il lui porta parce qu'elle lui faisait par trop de bien. Echec ? ou réussite ? Pour plaire, je devrais suggérer que j'ai voulu écrire, comme tout le monde, un roman de l'échec. Je mentirais : il s'agit bien d'une réussite. Tout au plus, de l'échec d'une réussite. J'ai assez bien connu les héros de cette passion pour affirmer qu'elle rendit heureux, à un point qu'ils qualifiaient d'inadmissible, ce couple qui ne parlait de soi qu'en s'appelant "nous un". Journaliste aussi engagé dans l'histoire que dans la chair, Jean ne put éviter ni la bombe d'Hiroshima, ni le calvaire des personnes déplacées, ni les horreurs du fachisme chinois, ni la crise du Maghreb, ni toutes les plaies de l'Egypte. Pourtant, ce qui lui importait plus que tout, c'était ce qui dépendait de lui, de sa volonté d'être heureux contre toutes les raisons qui le destinaient au malheur. Heureux, oui , avec la plus méprisable des créatures, ou du moins la plus méprisée : une métisse de Caraïbe, de nègre et d'Indien, une de celles qu'on appelle aux Antilles une "échappée-couli". Quoique le héros "se défie du romanesque", il avoue un jour à son amie : "Si j'étais autre chose qu'un pauvre diable de petit grand reporter, comme j'aimerais illustrer mon pays par un vrai roman d'amour !" Au lecteur de décider si mon ami a réussi l'échec de sa réussite." Etiemble.

03/1961

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Critique littéraire

Parlez-vous franglais ? Fol en France, mad in France, la belle France, label France

Les Français passent pour cocardiers ; je ne les crois pas indignes de leur légende. Comment alors se fait-il qu'en moins de vingt ans (1945-1963) ils aient saboté avec entêtement et soient aujourd'hui sur le point de ruiner ce qui reste leur meilleur titre à la prétention qu'ils affichent : le français. Hier encore langue universelle de l'homme blanc cultivé, le français de nos concitoyens n'est plus qu'un sabir, honteux de son illustre passé. Pourquoi parlons-nous franglais ? Tout le monde est coupable : la presse et les Marie-Chantal, la radio et l'armée, le gouvernement et la publicité, la grande politique et tes intérêts les plus vils. Pouvons-nous guérir de cette épidémie ? Si le ridicule tuait encore, je dirais oui. Mais il faudra d'autres recours, d'autres secours. Faute de quoi, nos cocardiers auront belle mine : mine de coquardiers, l'oeil au beurre noir, tuméfiés, groggy, comme disent nos franglaisants, K.O. Alors, moi, je refuse de dire O.K. Etiemble

05/1991

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