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Eulenspiegel

Extraits

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Littérature française

Les dits de Till. Mémorable Geste d’Eulenspiegel ou Miroir d’un Gueux

Entouré de la presse babillarde, en tailleur assis face au jovial et volubile Guacanagari, étourdissant moulin à paroles, nous simulions les polis, déguisant notre perplexité d’un sourire tolérant. D'un oeil je guettais l’arrivée des mets qu’on nous avait promis. Et ma langue câlina mes lèvres quand le cacique se fit apporter un oeuf, tout noir de nature (de quelle volaille ?), aussi gros que celui d’une autruche, qu’il posa dans une main et de ses jacasseries incompréhensibles nous tint en haleine en pointant d’un doigt divers endroits de la coquille. Soûlé par son verbiage brise-raison, je perdis le fil de ses pensées. Nous parlait-il de la terre ? (qu’entre cuir et chair l’amiral refusa de croire qu’il la pût savoir ronde !), de leur cosmogonie ? (que le père Pané, aussi dissimulé, qualifia de païenne !), ou de la façon sienne de cuire l’affriandant régal ? Nous le sûmes. Il se tut et cérémonieux tendit l’œuf à l’amiral qui le saisissant faillit le faire chuter. Croyant à politesse de rencontre, incommode et inquiet, Cristóbal Colón à son tour marqua sur la déroutante mappa mundi l’Espagne, le ciel, la mer obscure et un point entre Cipango et les Indes où nous avions jeté les ancres. Derechef ses gestes imprécis manquèrent de le faire choir. Pour l’aise de son hôte, le cacique le lui reprit des mains et, sur la terre battue dure comme roche, d’un coup juste plus fort que de le vouloir poser, le planta sur sa base : l’oeuf resta immobile en quille, exempt de quelconque fissure nonobstant l’audible craquement. Nous étions stupéfaits comme poule qui déterre un couteau. Traduisant la mine futée et les mains écartées d’évidence de Guacanagari, l’amiral inféra : "Il suffisait d’y penser !".

04/2013

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Littérature française

La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs

En 1867, à Bruxelles, chez l'éditeur qui avait publié Les Misérables un peu auparavant, parait un gros et luxueux ouvrage : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. Considérée comme le texte fondateur de la littérature belge, cette fresque est signée par Charles De Coster. Au moment où s'élaborent les mythes nationaux et où le Romantisme a mis en avant la figure du Peuple, De Coster est un des premiers à exprimer sur le mode littéraire le mythe d'une Flandre charnelle. Pour cela, il s'empare du personnage d'Ulenspiegel, farceur du répertoire folklorique traditionnel, et le jette au plus fort des guerres qui ensanglantèrent la région au XVIe siècle afin d'illustrer le thème qui lui est cher : la Liberté.

11/2017

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Littérature française (poches)

Légendes flamandes

Au regard de l'histoire littéraire, Charles De Coster est l'homme d'une seule oeuvre : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs, considérée comme le texte fondateur des lettres belges. Mais de toute la production de Charles De Coster, il faut assurément détacher les Légendes flamandes. Ces légendes nous content la création de la confrérie des courageuses femmes-archers d'Uccle, qui combattent l'ennemi pendant que leurs maris dorment (Les Frères de la Bonne Trogne), la fondation miraculeuse de l'église d'Haeckendover par trois pucelles (Blanche, Claire et Candide), la vengeance de la courageuse Magtelt contre le beau et cruel Halewyn, que le sang des vierges régénère (Sire Halewyn), le pacte avec le diable d'un forgeron ruiné et ses ruses pour déjouer ses émissaires (Smetse Smee). Ces quatre contes sont le laboratoire des techniques littéraires qui feront de l'Ulenspiegel une oeuvre unique.

11/2017

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BD tout public

Battaglia illustrateur

Dino Battaglia a été un des plus grands dessinateurs que ma génération ait connu. Je me rappelle de ses histoires au trait élégant, des illustrations pour Till Ulenspiegel le jongleur flamand, des Fleurets pour le petit frère des pauvres d'Assise, de CaIn le fratricide, des beaux contes de Maupassant, Hoffman, Lovecraft... Quelle maestria !

06/2009

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Théâtre

Théâtre. Tome 6

Pour le vingtième anniversaire de la mort de Ghelderode, ce tome VI de l'édition de son théâtre regroupe six oeuvres courtes. Le sommeil de la raison est une sotie qui montre l'Homme, le Pitre et Barnum dans une baraque foraine, aux prises avec des personnages qui symbolisent les sept péchés capitaux. Le singulier trépas de Messire Ulenspiegel est un petit acte assez vif, où Tyl Ulenspiegel, que l'on croyait mort, surgit dans la ville de Damme pour y mourir enfin "pour de bon" dans un dernier éclat d'espièglerie. Le perroquet de Charles Quint et La folie d'Hugo van der Goes sont deux pièces en un acte, dans le ton hispano-flamand de certaines grandes pièces de Ghelderode. On dirait des miniatures de ses chefs-d'oeuvre. La grande tentation de saint Antoine est une cantate burlesque où l'on entend le saint ermite qui inspira Hiëronymus Bosch, toute une hiérarchie de diables, un carillon, des animaux, un orage, des anges. Enfin, Noyade des songes est un ballet qui se déroule sous la mer, avec un poulpe pour récitant. Dans la bigarrure de ces oeuvres courtes, on retrouve, comme toujours chez Michel de Ghelderode, la transposition littéraire des formes drolatiques et inquiétantes des grands primitifs flamands.

10/1982

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Musique

Monsieur Croche, Antidilettante. Les chroniques journalistiques de Claude Debussy, critique musical

" Indépendant et incisif, parfois sarcastique, toujours provocant, Debussy a exercé le métier de critique avec une grande liberté. En exprimant des jugements sur les compositeurs de son temps et sur ceux du passé, il révèle quelles sont les oeuvres qui ont nourri sa propre sensibilité. Extrait : M. Richard Strauss, qui vient de diriger l'orchestre des Concerts Lamoureux, n'est pas du tout parent du Beau Danube Bleu : il est né à Munich, en 1864, où son père était musicien de la Chambre royale. C'est à peu près le seul musicien original de la jeune Allemagne ; il tient à la fois de Liszt par sa remarquable virtuosité dans l'art de jouer de l'orchestre, et de notre Berlioz par son souci d'étayer sa musique sur de la littérature. Les titres de ses poèmes symphoniques : Don Quichotte, Ainsi parlait Zarathoustra, Les équipées de Till Ulenspiegel, en témoignent".

11/2022

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