Signée aujourd'hui par la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale Roselyne Bachelot, le président d'UNICEF France Jacques Hintzy, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et le Syndicat de la Presse Magazine, la charte « Protection de l'enfant dans les médias » vient d'être signée.
Le 22/02/2012 à 16:27 par Clément Solym
Publié le :
22/02/2012 à 16:27
Cette charte élaborée par un groupe de travail comprenant des professionnels des médias écrits ou audiovisuels, les pouvoirs publics, des associations et professionnels consacrés à l'enfance, sous l'égide d'UNICEF France, entendait « fixer collectivement des principes éthiques, déontologiques et pédagogiques sur l'utilisation de l'image des enfants ».
Le précédent de Vogue
C'est suite à la publication en décembre 2010 de photos polémiques dans le magazine Vogue que le travail avait débuté, en premier lieu sous la houlette de Chantal Jouanno. Sur ces photos, des petites filles avaient été habillées et fardées comme des adultes, juchées sur des talons, entraînées à faire la moue comme des grandes... La réaction de très nombreux pédopsychiatres ne s'était pas fait attendre : ils avaient fait parvenir au ministère une pétition dénonçant « l'érotisation l'hypersexualisation des enfants dans la publicité ».
Cette charte rappelle avant tout les droits de l'enfant (respect de la vie privée, liberté d'expression et d'information) et que « dans toutes les décisions qui concernent les enfants (…) l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale ».
Elle énonce ensuite une série d'engagements qui concerneront les signataires de la charte. Ceux-ci devront prendre en compte cet intérêt supérieur de l'enfant et prendre garde au contenu concernant les enfants qu'ils pourraient publier. L'avis de l'enfant et l'accord des parents sont essentiels à la constitution de tout contenu incluant des enfants dans les médias.
Un article de la charte recommande d'éviter tout sensationnalisme dans la mise en scène de l'enfant, afin de permettre à celui-ci de s'épanouir. Les signataires déclarent notamment « ne pas diffuser, y compris dans les espaces publicitaires, d'images hypersexualisées d'enfants, filles comme garçons, notamment dans une mise en scène érotisée, ou portant des vêtements, accessoires ou maquillage à forte connotation érotique », et « ne pas présenter de manière complaisante les manifestations de l'hypersexualisation. »
Adultes infantilisés et enfant hypersexualisé
Sur le site The Society Pages, Lisa Wade note que parallèlement à la volonté de présenter des jeunes enfants comme des adultes, les adultes sont par ailleurs bien souvent représentés "infantilisés", et ce mélange des codes a de quoi déranger.
Le domaine du manga est particulièrement touché par ces problématiques : la question de personnages portant trop souvent des caractéristiques pouvant prêter à confusion (certains personnages paraissent trop jeunes dans des situations équivoques). Des pays comme les États-Unis, le Canada et le Japon ont déjà fait savoir qu'ils ne toléreraient aucun écart et feraient la chasse à tout sous-entendu pédopornographique dans les mangas diffusés ou édités sur leurs territoires.
En France, en novembre dernier, un dessinateur s'était vu censurer une planche qu'il avait postée sur son blog, pour des raisons similaires : les commentaires de ses lecteurs reflètent néanmoins que malgré la violence de la réponse policière (sa planche n'est plus accessible dans sa totalité sur son site), certaines allusions, même au second degré, même avec humour, ne conviennent pas à tous.
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